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| La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] | |
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Meinhard d'Andorf
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29ans à sa mort Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Lun 2 Mai 2016 - 23:56 | |
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A côté de sa vieille jument, sur laquelle trônait le petit Miracle, Meinhard marchait, l’air un tantinet maussade malgré le temps magnifique. Le soleil baignait le ciel de l’avant-midi, alors que ses rayons réchauffaient doucement l’air ambiant. Le chevalier avait laissé derrière lui les brumes et les charniers d’Oësgard, pour une mission plus importante. Il était accompagné de son ami, et frère d’armes, Walther Hohenburg. Tous deux n’avaient pas pu faire changer d’avis le grand Marquis de Serramire, quant à la création de leur fameux ordre de chevaliers de la Dame. Pourtant, l’espoir les faisait s’accrocher à leur entreprise, comme des tiques sur la peau. Avides de foi, ils avaient trouvé une oreille ailleurs ; le Grand-Prêtre d’Oësgard. Face à la barbarie qui avait sévi sur la baronnie dont il était le représentant religieux, cet homme avait été intéressé par les propositions de Meinhard et de son frère d’Arétria.
Le Grand-Prêtre leur avait dit qu’il en parlerait à la Gardienne de Néera en personne, qui prévoyait de réunir un conclave dans peu de temps. L’idée même de proposer la création de cet ordre à la voix de Néera sur la terre des Hommes… Meinhard était tombé des nues. Grâce au soutien du clergé, leur ordre pourrait-il naître ? Une telle idée aurait dû enchanter le grand colosse. Néanmoins, s’il n’était pas d’humeur aujourd’hui, c’était bien parce qu’il était parti vers le sud, en Serramire. Il savait, par Walther, que c’était dans la grande cité du Marquisat qu’allait se tenir le fameux banquet de la victoire, ainsi que les joutes des chevaliers. Et dans son for intérieur, une petite voix hurlait à Meinhard de rester en Oësgard, par crainte de voir un Olysséan, ou n’importe quelle personne relatée à la famille Pyk. Il avait furieusement envie d’écouter cet écho en lui.
Pourquoi aller vers le Sud, alors ? Tout simplement pour aller trouver la Gardienne lui-même. Il en avait parlé avec son confrère arétan. Le Grand-Prêtre tardait à partir. D’aucun disait qu’il était malade, et se guérissait. Et Meinhard avait décidé d’aller à la rencontre de la fameuse Jena Kastelord. Walther l’accompagnait, et le chemin n’en avait été que plus doux. Il était bon de pouvoir parler avec lui, sans que cela n’ait attrait à la guerre, au massacre, ou à ces noires créatures qui leur avaient saigné tant d’hommes. Au cours de ce voyage, leurs liens s’étaient affirmés. Unis par le fer, rejoints par la foi, leur chemin les amenait tous deux vers l’imposante Serramire, la ville.
Le malaise de Meinhard grandissait à mesure qu’ils se rapprochaient des remparts de la capitale. Derrière ces murailles de pierres, des centaines de nobles et de chevaliers attendaient, se promenaient, ou buvaient un coup. Des centaines pouvaient le reconnaître, et ce bien qu’il se soit arrangé pour effacer de la carte la moindre armoirie, et jeté son bouclier dans une rivière. Il n’était pas non plus de ceux que l’on oubliait facilement. C’était un géant, dans une armure qui ne sortait vraisemblablement pas de n’importe quelle forge. Il priait Néera que les yeux se posant sur sa silhouette ne soient pas tant inquisiteurs, et que les esprits de leurs propriétaires aient autre chose en tête en le voyant passer. En passant les portes de la ville, il avait retenu sa respiration. Il espérait que Walther n’observe pas son mal-être. Aussi, il sourit.
« Voilà une cité bien plus respectable qu’Amblère la Morte, n’est-ce pas Walther ? »
Meinhard caressa doucement le museau d’Ambre, qui commençait à fatiguer du voyage. Le chevalier avait compris qu’elle était bien trop vieille, et qu’il ne pourrait plus la monter. Il ne voulait pas s’en séparer, du moins. Et puis, cela empêchait Miracle d’avoir à marcher. Le petit garçonnet blond regardait avec des yeux émerveillés les bâtiments urbains. Il venait sans nul doute de la campagne, aussi émerveillé qu’il fût. Le village dans lequel ils l’avaient trouvé n’était pas très fourni en maison. Moins encore, lorsqu’ils s’étaient rendus compte qu’une partie avait été la proie des flammes, dans le chaos qui avait suivi la fuite des paysans.
Se promenant dans les ruelles, les passants regardaient les deux chevaliers marcher côte à côte, tenant leurs chevaux par la bride. Pour Meinhard, c’était dur. La tension montait à chaque regard. Et ils étaient nombreux. Finalement, l’Olysséan se résolut à un autre stratagème.
« Dites-moi… Vous seriez partant pour aller boire un peu de bière dans une taverne ? Ce voyage m’a donné grande soif ! »
Sans attendre la réponse de Walther, il se dirigea vers un établissement, juste à côté. Il attacha Ambre à un piquet prévu à cet effet, devant une auge. Son regard passait d’un badaud à l’autre, observant leur réaction face à lui. Heureusement, aucun ne semblait noble. Ou chevalier. Aussi, il attendit que Walther se rapproche, et fit descendre Miracle de sa vieille jument. Laissant à peine le temps au sir arétan de sangler son canasson à un piquet, Meinhard pénétra dans la taverne, avec un sentiment de soulagement. Le gouge était loin d’être un repaire pour les gens de qualité, au premier coup d’œil. Il y avait de nombreux roturiers, des poivrots… Et dans le fond, quelques hommes d’armes, en effet. Soulagé, Meinhard voulut se retourner pour parler de nouveau à Walther. Lorsque soudain…
« Sir Meinhard ? Sir Meinhard ?! Vous, ici ?! »
Le colosse olysséan se tourna vers l’homme qui avait parlé. C’était un pauvret au pif plus rouge que la vinasse de son godet, et au regard pétillant. Il ne le reconnut pas vraiment…
« Molliard ! Vous m’reconnaissez ? J’étais avec vous à Nebelheim, et avec le sir Walther aussi ! Waouw ! Vous êtes revenus d’Oësgard ? Comment se porte le Foudreguerre ? Le Colosse d’Olysséa ? Chevalier de la Damedieu ! Haha ! »
L’homme beuglait fort. Et son haleine avinée insupportait Meinhard. Ce dernier lui fit une tape sur l’épaule, et le poussa vers sa chaise.
« Calme, l’ami. Assieds-toi, et montre un peu de respect. »
« Du respect ? »
Une troisième voix s’éleva. Meinhard regarda la table du fond. Les hommes d’armes s’étaient retournés. Le chevalier olysséan jura entre ses dents. Les quatre avaient un écusson cousu sur leur tabard. Une cigogne… Son sang se glaça. L’effroi s’empara de lui.
« Le respect, dû au Foudreguerre ? Au tristement célèbre Meinhard d’Andorf ? Le fameux parjure ? L’infâme félon ? »
Meinhard fut paralysé de stupeur. Le type chauve qui venait de parler, en revanche, avait souri.
« Ouaip. Je t’ai reconnu, mon grand. »
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 3 Mai 2016 - 18:01 | |
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L'infructueuse entrevue avec le grand capitaine de la coalition ne les avaient point arrêter. Il eut fallu bien plus pour ne serait-ce qu'érafler leur détermination. L'ordre du calice était né du sang de ses fils, par la grâce de la sainte mère. Il revoyait flotter l'étendard au calice doré en haut des portes d'Amblère, contemplées par les milliers d'âmes qui avaient combattu à leur côté. N'y avait-il pas de plus belle image que celle-ci ? Des plus obscures, certes, il y en avait pléthore, mais c'était celle-ci qui lui resterait gravé à tout jamais dans sa mémoire.
L'ancienne compagnie de repris de justice n'était plus, l'ordre comptait à présent dans ses rangs une dizaine de frères jurés, voués corps et âmes à Néera. D'autres arriveraient, cela ne faisait aucun doute. Et pour s'en assurer, une entrevue était d'ores-et-déjà prévue avec le grand-prêtre d'Oesgard. Si Néera le voulait, lui et Meinhard s'installeraient sur ces terres ravagées et s'évertueraient du mieux possible afin de ramener la parole de la damedieu. Pour cela, il ne leur restait plus qu'à se rendre dans la grande cité de Serramire, là où tous les hommes et femmes du royaume semblaient converger.
Accompagné de son ami et frère d'arme, ainsi que de l'enfant recueilli dans un village dévasté, ils ne firent que quelques haltes afin de se restaurer et ne tardèrent pas à apercevoir la dite capitale du marquisat. En proie à des visions cauchemardesques qui venaient le persécuter dans ses nuits, il n'en montra jamais rien à son partenaire, préférant généralement montrer sa relative bonne humeur au gré des discussions qui n'en finissaient jamais. Au fil du temps, au fil des événements qu'ils avaient tous deux traversés, Meinhard était devenu un ami de confiance. Ne sachant même plus s'il en avait eu un jour, il aurait pu laisser sa vie entre ses mains s'il l'avait fallu.
Mais Walther commençait à connaître le géant et savait qu'une chose venait le troubler. Ne sachant pas encore ce qui le persécutait ainsi, il préféra garder ses mots. Après tout, le passé appartenait au passé et tous les hommes de l'ordre avaient leur secret. Lorsque son ami décida de tromper son inquiétude en évoquant la cité qui leur faisait face, Walther ne put qu'acquiescer et répondre à son tour.
-Il est vrai que cette cité me paraît bien plus hospitalière. Il me tarde déjà de pouvoir y trouver un bon repas et surtout....un bon lit, répondit-il en affichant un large sourire.
Sourire ! Cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas fait. Faute à tous ces épisodes qu'il venait de traverser. Faute à tous ces morts qu'il avait du enterrer où brûler depuis son départ d'Arétria. Il n'y avait eu alors que ténèbres et désolations sur son chemin. Mais Meinhard lui avait apporté une petite lueur d'espoir. Mieux, il lui avait redonné la foi. Conscient de ce nouvel état de fait, il admirait son ami si charismatique. Pour cette raison, il l'aurait encore suivi dans toutes les batailles. Ce n'est pourtant pas dans une bataille que le géant lui demanda de l'accompagner, mais bien dans une taverne avec la perspective d'une bonne bière rafraîchissante.
-Si la bière n'a point le goût d'urine comme celle que nous avions au campement, je serai votre homme, Meinhard !
Ainsi fait, les deux chevaliers et le petit Miracle mirent pieds à terre, continuant le chemin dans l'une des ruelles sinueuses qui s'enfonçait toujours un peu plus dans le cœur de la cité. Ils finirent par laisser leur dévolu sur une taverne sans aucune particularité. En entrant, il put sentir l'odeur de la bière qui les attendait. Impatient de pouvoir tremper ses lèvres dans une chope, il prit la direction du comptoir et de son tavernier pour y commander le précieux nectar. Mais l'un des grouillots qui était attablé avec ses compaings se remit sur ses cannes et vint à la rencontre du géant d'Olyssea. Sans y prêter attention, il continua sa commande, mais une autre voix l'interpella. Pire, elle suscita en lui une vive inquiétude. Inquiétude d'ailleurs confirmée lorsqu'il entendit de douloureuses accusations à l'égard de son compagnon. « Parjure », « félon », quel homme assez stupide où intrépide aurait pu affubler la montagne d'Olyssea de tels qualificatifs. Walther laissa le tavernier en plan, mettant la main sur le pommeau de son épée et faisant maintenant face à l'accusateur au crâne dégarni.
-Retirez ces accusations calomnieuses sur le champ !
Mettant le petit Miracle à l'écart, Walther se tint prêt à intervenir si les hommes d'en face venaient à vouloir croiser le fer.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 10 Mai 2016 - 13:53 | |
| La réaction de Walther fut cinglante. Main sur la garde de son arme, faisant face aux hommes des Pyk, il était prêt à garantir l’honneur de son ami, l’épée au clair s’il le fallait. Derrière le mur de sa honte, Meinhard ressentait une profonde fierté, et un grand respect pour son compagnon d’armes. Hélas, cela ne suffisait à calmer sa honte et ses regrets. Il se sentait même davantage coupable, ayant toujours caché la triste vérité à l’homme auquel il faisait le plus confiance, en ce bas monde. Pour se protéger lui, certes, mais également pour protéger Walther. On ne pouvait juger quelqu’un ignorant sa faute. Et au fond de lui, Meinhard avait toujours su et redouté qu’un tel moment se produirait. Quel dommage que cela soit pendant son voyage final vers la rédemption, qu’il décidât de se dérouler.
Le crâne chauve regarda l’Arétan de haut en bas.
« Qui êtes-vous ? Je ne reconnais pas vos armoiries ! Êtes-vous complice des crimes du Foudreguerre ? »
Voyant que la discussion s’envenimait, Meinhard soupira. Il devait faire quelque chose. Avec une main presque tremblotante, il posa à son tour ses doigts sur la main de Walther, celle qui s’apprêtait à agripper son arme. Il le regarda un instant, hésitant à croiser son regard. Enfin, lorsque leurs deux yeux se jaugèrent, il lâcha :
« Il… Ce n’est pas de la calomnie, mon ami. Il dit vrai. Avant que tu ne me connaisses, j’ai eu à faire un choix gordien. Un terrible choix. »
Le rasé fit signe à ses hommes de se lever, ce qu’ils firent tous sans peine, abandonnant leurs choppes et leur saucisson sec.
« Meinhard d’Andorf est coupable d’avoir tué le sir Roland Pyk, fils du seigneur Symphorien Pyk d’Erdlheim. Celui-là même à qui il avait juré de protéger son fils, durant la Guerre de l’Atral… sale parjure ! »
Le colosse olysséan grimaça en regardant l’accusateur.
« Roland Pyk était comme un frère ! Mais lorsque les démons s’emparèrent de son cœur, et qu’il commença à violer de pauvres enfants et à égorger des vieillards, je n’ai pu laisser cela continuer. Par respect pour la Damedieu et pour chaque vie qu’il allait encore voler ! »
« Assez ! Je n’ai que faire des mensonges d’un tel félon. Tu n’es même plus chevalier, mon grand. »
C’est lorsque ce serviteur des Pyk dit à nouveau ‘mon grand’, que Meinhard se souvint de qui il s’agissait. Il l’imagine avec de longs cheveux, et sans sa barbe de trois jours. En le voyant avec de généreuses boucles blondes, il eut un choc ; c’était le chevalier Gonthier, frère de son mentor, Grégoire d’Arnhel. Il se souvenait de lui, comme un homme froid mais juste. Et qui flairait tellement de la buccale que l’on racontait qu’il s’en était servi en combat pour tuer un brigand. De tous les soudards envoyés par les Pyk pour ratisser les endroits où il pouvait se terrer, Gonthier était la dernière personne que Meinhard aurait souhaité trouver. Lui, et son frère Grégoire. Il ne pourrait supporter de voir son parrain et professeur le regarder.
Meinhard regarda Walther.
« Je suis profondément désolé de t’avoir aussi injustement caché la vérité… J’avais peur que cela ne ruine notre entreprise, et ne nous porte préjudice… »
Les quatre sbires des Pyk se mirent en ligne, face au colosse.
« Je ne verserai plus le sang d’un homme d’Erdlheim. La dernière fois que je l’ai fait, j’ai perdu un ami et mon honneur. Je t’en prie, Walther. Ne fais pas d’erreur… »
Gonthier secoua la tête.
« De toute façon, l’heure n’est pas à la bataille. Nous devons l’emmener face au seigneur Symphorien. Le juger pour ses crimes. »
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 10 Mai 2016 - 15:43 | |
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Se pouvait-il vraiment qu'une telle chose arrive ? Qu'un événement si lointain ressurgisse ainsi et reprenne de plein fouet son ami ? Meinhard le pria de rester calme et ne pas agir face à ces accusateurs, mais comment rester insensible ? N'aurait-il lui même pas voulu que l'on vienne à son aide dans une situation similaire ? Walther ne reconnut plus le géant d'Olyssea, il ne reconnut plus ce prêcheur qui avait sut redonner de l'espoir à des centaines d'hommes. Face à ses individus, Meinhard était devenu une toute autre personne, presque résignée, presque effacée. De toute évidence, son passé lui était revenu violemment et même s'il s'était déjà imaginé des choses semblables à son égard, il n'en restait pas moins son ami.
Surtout lorsqu'il entendit les explications sortir de la bouche de l'Olyssean. Tuer un monstre n'était pas un crime. Si tel était le cas, alors tous les hommes de ce triste monde l'étaient aussi. Comment oser demander une injustice pour ça ? Sur des terres qui n'étaient pas les leurs. Si Meinhard lui avait demandé de ne rien faire, Walther s'était mis à bouillir, se tenant prêt à fondre sur ces hommes pour mettre un terme à tout ceci. Néera le regardait peut-être, cherchant à savoir s'il allait franchir le pas et tuer des « innocents ». Se rabaisserait-il à leur niveau ? La damedieu cherchait sûrement à le tester, en leur imposant une telle mission. Nebelheim et Amblère n'avaient pas été assez, il leur fallait bien plus pour les mettre à l'épreuve. Foutue connerie !
-Nous sommes tous coupables d'avoir déjà tué un homme ici. Si vous jugez cet homme pour ses crimes, jugez-moi pour avoir tué mes frères d'Oesgard, jugez-vous vous même pour tous les hommes que vous avez tué dans votre vie.
Devant l'incrédulité de leurs opposants, Walther desserra un peu la pression autour de son épée.
-Que votre seigneur Symphorien réclame justice est une chose, mais vous n'êtes pas sur ses terres ici, alors nous sommes dans une impasse voyez-vous, car je doute très fortement que le seigneur de cette cité souhaitera juger un crime vieux de quelques années. J'ai néanmoins une proposition à vous faire, reprit-il sans jamais quitter des yeux les quatre hommes armés. Un duel judiciaire entre l'un de vous et moi. Si vous obtenez gain de cause, Meinhard devra vous suivre pour être jugé dans vos contrées, mais si je gagne, vous le relaisserez partir sans plus jamais l'importuner.
Il sentit un regard pesant sur son épaule. Meinhard n'accepterait jamais une telle chose, cela il en était sûr. Pourtant, le compromis lui parut bien équitable. Ces hommes sauraient qu'en l'affrontant et en ayant une chance de le tuer, ils priveraient Meinhard de ce que lui-même avait commis en tuant ce Roland Pyk. Etait-il l'heure d'aller jusqu'au sacrifice ultime pour sauver l'honneur de son ami ? Aucune voix divine n'arriva jusqu'à lui pour le lui confirmer, la chose dont il était sûr était qu'il faisait le bon choix. Ne restait plus qu'à ces hommes de faire leur choix : Réclamer une justice qu'ils n'obtiendraient jamais sans perdre la vie, où l'affronter lui dans en duel, pour tenter de punir le colosse qui aurait sans doute souhaité être une souri.
-Ne cherchez pas à m'en dissuader, Meinhard, j'ai fait mon choix.
Son ton était sec et glacial. Walther était devenu un nouvel homme avec tous ces événements. Plus sûr de lui, la foi guidait ses paroles.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 10 Mai 2016 - 18:12 | |
| Les répliques de Walther étaient plus ardentes que le feu du réchaud. Fières, mordantes, agressives. Le corbeau montrait qu’il avait des serres, et un bec acéré. Ce n’était pas tant les mots qui grondaient de colère, mais plutôt la façon dont l’Arétan les utilisait. Son expression était glaciale, son timbre de voix âpre et solennel. Il voulait à tout prix protéger son ami. Meinhard, en l’entendant ainsi parler, fut à la fois étonné et ragaillardi par ce qu’il disait. Il n’était pas seul. Un ami se tenait à ses côtés, face à la Justice des Hommes, sous le Regard des Dieux. Il en oubliait presque ses détracteurs, la menace pourtant bien réelle. L’attitude protectrice de Walther éclipsait tout. La chaleur de l’amitié avait vaincu le froid du jugement, le froid de la culpabilité. Meinhard était fier de pouvoir compter un tel homme parmi ses plus proches alliés.
Néanmoins, l’idée d’un duel judiciaire ne lui plaisait guère. La peur de perdre encore une vie aussi importante, de voir un ami mourir à nouveau, et ce à cause de lui… Non, il ne voulait pas de cela. Ses inquiétudes transperçaient légèrement son ton de voix, alors qu’il essayait de raisonner son frère d’armes.
« Walther, non… Je ne souhaite pas que l’on répande encore une fois le sang en mon nom ! »
Mais le chevalier semblait avoir pris sa décision. Sourd à la détresse que son ami portait à son égard, l’Arétan tenait fermement ses positions. Sa détermination força le respect de Meinhard, et renforça également son anxiété. Car maintenant qu’il avait proposé un tel rendement de la justice, les hommes des Pyk allaient-ils l’accepter ? Il vit Gonthier se gratter le menton, pesant le pour et le contre. Après un haussement d’épaules, il sourit.
« Les crimes de Meinhard d’Andorf sont extrêmement graves, et je préférerais qu’il nous suive sans faire d’histoire. Cependant, si vous souhaitez que les dieux eux-mêmes décident quel sort devra-t-être réservé au parjure, hé bien… Je me sens en pleine forme. Je serai votre adversaire, moi, Gonthier d’Arnhel, puîné d’Isembert le Faucon Bleu. Et vous, qui êtes-vous, chevalier ? »
Meinhard se mordit la lèvre. Il n’aimait pas la tournure que prenait la situation. Mais il respectait le choix de son ami Walther. Qui sait, peut-être Néera elle-même avait-elle placé cet homme sur sa route, afin de le sauver de la vengeance des Hommes ? S’il survivait, alors il avait pris le bon chemin depuis le début. Dans le cas contraire, il se serait trompé. Et seule Tyra pourrait décider dans quelle dernière demeure il pourrait passer l’Eternité. Avec un long soupir, Meinhard finit par hocher la tête.
« Walther… Je suis encore désolé pour tout ce qu’il se passe. J’aurais dû te parler de cela depuis si longtemps, mais je n’ai jamais osé le faire, craignant que tu ne souhaites plus avoir affaire à un homme ayant trahi son seigneur, aussi diabolique fut-il. J’implore ton pardon, mon ami. Et puisse… puisse Néera guider ton bras sur la voie de la victoire. »
Gonthier mit une main sur son pommeau.
« Mon frère s’est souvent demandé pourquoi tu avais fait une chose pareille. Il te savait très pieux, et très attaché à ton serment. Dis-moi au moins, pourquoi tu l’as tué ? Et sans mentir ! »
Meinhard ne répondit pas. Il ne fit que le regarder intensément.
« Je te l’ai déjà dit. Mais tu n’y vois que mensonge. »
Le tavernier osa s’aventurer près des chevaliers, tous aussi tendus qu’une corde à linge.
« Hum… Messeigneurs… Serait-ce possible de régler vos différends hors de ma piaule ? J’gagne pas lourd, et j’voudrais pas qu’une chaise casse ou qu’un client s’fasse étriper… Vous comprenez, messires ? »
Gonthier acquiesça.
« Nous ferons ça dehors, maraud, tu n’as pas à t’inquiéter. Le survivant paie l’ardoise du cadavre. Qu’en dites-vous, messire ? »
Il s’adressait à Walther, tout en se dirigeant vers la sortie, accompagné de ses trois autres hommes. Meinhard regarda son compagnon.
« Miracle restera derrière moi. Courage, mon ami. Néera te guide. »
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 10 Mai 2016 - 18:58 | |
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Ainsi soit-il, aujourd'hui était un bon jour pour se battre au nom de la Dame. Un bon jour pour rendre justice et laver son ami de ses fantômes. Si Néera existait bel et bien, elle insufflerait en lui suffisamment de courage et de force pour lutter contre cet homme et faire couler son sang. Dans le cas contraire, il n'aurait jamais aucun regret. Ces dernières ennéades avaient été riches en enseignements. Il avait perdu son père et son frère, connu des hommes braves, morts contre des démons. Il avait chevauché aux côtés d'un colosse, trouvé la rédemption et la foi dans la période la plus noire et troublée qu'ait connu les Hommes. Ce n'était pas cet homme qui pourrait l'arrêter, non, pas maintenant. Il leur restait trop de choses à accomplir pour que tout se termine ainsi.
A la demande de ce Gonthier d'Arnhel, ils prirent la direction de la ruelle. Les badauds, curieux, formèrent un cercle autour d'eux. Petit à petit, une bonne dizaine d'hommes, de femmes et d'enfants, finirent par les encercler. Meinhard et le petit Miracle restèrent dans son dos, tandis qu'en face, sire Gonthier s'armait déjà de son bouclier et de son épée, sans doute certain de sa victoire et pressé d'en finir. Ses pièces d'armures étant restées au près de la compagnie, il n'avait sur lui que son gambison fortement usé et sa cotte d'arme déchirée en quelques endroits. Contrairement à lui, le sire d'Arnhel s'était emmitouflé sous quelques couches de plates, sûrement bien entretenues vue leurs si bels aspects.
Avant de démarrer le duel, Walther se retourna vers l'Olyssean, se sentant probablement coupable de le laisser se battre. Pour mettre un terme à ces doutes, il lui posa une main sur l'épaule.
-Rappelle-toi de notre discussion, Meinhard, chuchota-t-il dans sa direction. Je suis le capitaine de cet ordre. Si tu ne comprends pas mon choix, sache que mon devoir est envers vous et notre Dame, nuls autres.
Avant de se retourner, il esquissa un bref sourire qui réussi tant bien que mal à camoufler ses peurs.
-Nous avons combattu des âmes sans vies, nous avons combattu des puysards assoiffés de sang. Je ne crains rien et je pars sans peur, puisse notre mère veiller sur toi et nos hommes. Et si je meurs, dis à ma famille que je les aime.
Ainsi fait, le chevalier d'Arétria et capitaine de l'ordre du Calice se retourna pour faire face à son adversaire, dégainant sa lame qui avait déjà fait tant couler de sang. Devant lui, sire Gonthier avait enfilé son heaume, lui laissant ainsi aucune chance de l'atteindre au visage. Qui plus est, il ne verrait aucun de ses regards, ni ne verrait sa fatigue où ses intentions. En outre, il se battrait à l'aveugle et avec des protections quasi inexistantes. Il n'y avait pas de plus belle journée pour mourir ! Mais avant, Walther mit un genou à terre et courba l'échine un bref instant.
-Puissiez-vous guider mes pas, mon bouclier et mon épée. Puissiez-vous me donner la force de combattre cet homme, de lui donner une bonne mort où de mourir avec honneur. Puissiez-vous protéger mon ami et mes hommes. Donnez moi le courage sainte Mère et je serai votre fils toute ma vie.
Walther se leva d'un bond et fit de nouveau face à son adversaire.
-Je suis Walther Hohenburg, chevalier d'Arétria et capitaine de l'ordre du Calice, fils de la Damedieu.
Aussitôt, il fondit en premier sur le Sire Gonthier qui commençait à s'impatienter. Les premiers coups se mirent à pleuvoir, chacun esquivant l'autre, s'analysant et cherchant à trouver une faille. Si ce Gonthier était fort mieux équipé que lui, il arriva un moment où ses coups devinrent tout de même moins précis et rapides. De son côté, il resta agile et prudent, mais ne tarda pas à récolter quelques coups bien placés sur ses avants-bras et ses jambes. Les deux chevaliers se mirent à tournoyer comme des vautours guettant leur buffet. L'arétan devina dès lors que le sire d'Arnhel devait suer à grosse gouttes sous son heaume. De plus, son bouclier commençait à devenir de plus en plus encombrant. Les armoiries, martelées depuis cinq bonnes minutes, n'étaient même plus lisibles. Ni l'un, ni l'autre, ne s'étaient attendu à ce que le combat prenne autant de temps, à tel point leur niveau était quasiment identique. Après ce constat, Walther réalisa que le véritable combat allait pouvoir s'engager, celui de l'esprit sur le corps, celui de l'intellect sur la force. Pendant un court moment, il chercha quelque réconfort dans les yeux de son ami, mais n'y vit que de l'inquiétude. C'est à ce moment-là qu'il reçut le gantelet en fer de son adversaire en pleine mâchoire et que les pavés alentours se prirent une giclée de son sang.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mar 10 Mai 2016 - 19:51 | |
| Là, dehors, la tension était à son comble. Le combat allait commencer, et Gonthier d’Arnhel avait revêtu son heaume, portant son bouclier haut et fier. Ses armoiries, d’argent au chevron et à trois roses de gueule, hantaient Meinhard de souvenirs lointains, ceux de son enfance et de son apprentissage. De l’époque où il s’entraînait avec sire Grégoire, et les autres pupilles. Lui, le gueux recueilli. Le sauveur des écuries. L’homme pieux. Le Foudreguerre. Il avait été un nombre incalculable de choses, avant de devenir le Parjure. Pourtant, sur l’instant même, il n’était plus rien de tout cela. Les temps avaient changé, et même si son passé venait de ressurgir comme un loup bondissant de l’orée du bois, il était à présent Frère Meinhard. Frère des compagnons de l’Ordre du Calice. La main armée garantissant la Vie par la volonté de la Damedieu. Et Walther était son capitaine.
Il le lui rappela, d’ailleurs. Juste avant de partir au combat. Fierté et solennité animaient maintenant le cœur de Meinhard. Il était encore inquiet, mais bien moins qu’avant, car il savait que Néera les aiderait. Il en était persuadé, à présent. Tous les signes qu’il avait vu ne pouvaient le tromper. Cette vision, qu’il avait eue. La Dame s’était montrée à lui. Et sur le chemin tortueux de la Vie, ce duel n’était qu’un obstacle de plus. Un obstacle pour renforcer le Destin. Un obstacle pour se prouver une fois pour toute que l’Ordre et ses hommes étaient protégés par une instance plus haute, et plus puissante.
Et c’est ainsi que le combat débuta. Les duellistes se jaugèrent, frappant et esquivant chaque coup l’un de l’autre. Ils étaient tous deux d’habiles guerriers, et leurs épées s’entrechoquaient avec violence, et le bouclier de Gonthier était rossé de coups fracassants. Meinhard connaissait bien le Puîné d’Arnhel. Il l’avait vu maintes fois affronter son propre frère, en tournoi ou en entraînement. Grégoire l’avait toujours surclassé, mais Gonthier était un excellent bretteur. Walther lui donnait du fil à retordre, et cela semblait réciproque. Dans le public s’étant amassé en foule autour du combat, certains hommes décidèrent d’appeler la garde, jugeant que cette information d’affrontement non autorisé pouvait leur rapporter une petite piastre pour leurs consommations alcoolisées. A force égale, et avec un léger avantage venant de Walther, plus léger que son opposant, le duel traînait en longueur…
Gonthier, après un mouvement brusque, avant laissé une grosse gouttelette de sueur s’échapper de son heaume. Il soufflait comme un buffle, le son amplifié par le métal de son casque. La bestiole s’épuisait, et ses coups diminuaient de fréquence, et d’intensité. Sûrement distrait, Walther leva son regard vers Meinhard, qui le fixait avec des yeux inquiets. Pourquoi le regardait-il ? Il vit le gant de fer de Gonthier s’abattre contre sa joue, et faire voler une gerbe de sang de la bouche du chevalier d’Arétria. Instinctivement, Meinhard fit un pas en avant, les poings serrés. L’un des séides de Gonthier agrippa le bras du colosse.
« Pas un pas de plus, le Parjure ! Ou il t’en coûtera ! »
Se ravisant, l’Olysséan fit un pas en arrière, ne souhaitant pas attiser la colère des hommes d’Erdlheim. Pourtant, la menace ne venait pas de lui. Le petit Miracle, les joues rouges de voir son protecteur ainsi harassé, donna un coup de pied dans la jambe du soudard, qui lâcha un juron. Meinhard le regarda en plissant les sourcils.
« Miracle ! »
Le sbire, quant à lui, jeta un regard coléreux au gamin.
« Sale petit merdeux ! »
Sans réfléchir, il répondit en poussant l’enfant de son pied botté. Le souffle coupé, Miracle fut projeté en arrière, dans un hoquet de stupeur. Il chuta un mètre plus loin, dans la foule de badauds ainsi réunis. Meinhard, fou de rage, attrapa le cou du reître, et commença à l’étrangler, alors que ses pieds étaient soulevés de terre à une dizaine de centimètres du sol. Les yeux du Foudreguerre étaient exorbités, et sa bouche figée dans un rictus vengeur. Les autres hommes se précipitèrent sur Meinhard…
« RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »
Le colosse ressentit une vive douleur dans le dos. Une brûlure. Une blessure. Son homoplate, et l’intérieur de son corps, étaient en feu. Sa souffrance l’affaiblit, et il relâcha sa victime, qui commençait réellement à étouffer. Ployant le genou, les yeux rivés sur les pavés, la respiration de Meinhard était difficile. Ses bras tremblaient. Quelque chose était enfoncé dans son dos. Il entendit Gonthier crier un juron, mais ne vit rien. Il sentit seulement un couteau posé contre sa gorge, et entendit les gens s’éloigner, alors que l’un des soudards des Pyk commençait à les faire dégager à grands coups de pied.
« Bouge plus, le drôle ! Ou ton corps devra se débrouiller sans ta tête ! »
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mer 11 Mai 2016 - 13:43 | |
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Le combat n'en finissait plus, aucun des deux chevaliers ne semblaient vouloir céder du terrain. Pourtant, l'un comme l'autre suaient à grosse goutte et saignaient en quelques endroits. D'un coup, sire Gonthier vint lui porter un coup d'estoc et chargea comme un taureau. Etait-ce ce qu'il pensait être un coup de grâce ? Walther l'esquiva au dernier moment, frappant inlassablement le bouclier du buffle qui explosa en plusieurs morceaux après l'impact. Satisfait de ce coup, l'arétan retrouva l'espoir de finir ce combat par une victoire, car de toute évidence, Gonthier venait de jouer l'une de ses dernières cartes. Mais un crie le stoppa net dans son ardeur. Un hurlement venant de son dos et à l'étonnante familiarité. En se retournant fébrilement, par peur que le sire Gonthier en profite pour l'attaquer, il vit son ami Meinhard à genou, une épée enfoncée dans son dos. Stupeur ! Panique ! Un mur invisible le percuta de plein fouet, le rendant à la fois totalement effrayé et dans une colère plus noire que jamais. Sans attendre, il prit à parti l'énergumène qui avait osé bafoué la loi du duel et le menaça de son épée.
-Qu'as-tu fait pourriture ? Gueula-t-il, tout en assistant impuissant à la chute du colosse.
Il ressentit en lui la haine qui l'avait animé dans les rues d'Amblère. Malgré la fatigue du duel, ses mains se crispèrent, ses dents se mirent à grincer. Il n'était plus lui même. En proie à une soudaine envie de vengeance, il s'avança vers l'assassin de Meinhard d'un pas décidé. Désarmé, l'homme chercha à trouver la sécurité derrière les badauds les encerclant, mais aucun refuge sur cette terre ne pouvait plus exister. Pourtant, ses autres compaings vinrent à son aide afin de le dissuader toute hostilité.
-Poussez-vous mécréants ! Assassins ! Cet homme a interrompu le duel en poignardant sire Meinhard.
-Du calme l'asticot, ton ami serait mort de toute façon, tout comme toi, lança une voix derrière lui qui appartenait vraisemblablement au chevalier olyssean.
En quête de vengeance, Walther se retourna de nouveau vers son adversaire qui avait enlevé son heaume. Son visage était fatigué et dégoulinant de sueur. L'homme affichait un léger sourire de satisfaction en regardant son ami agenouillé, en pleine agonie. Quelques badauds se mirent à les alerter de l'arrivée prochaine de la garde. Cela ne l'empêcha pourtant pas de reprendre son élan et de courir vers le sire Gonthier, l'épée prête à s'enfoncer dans la chaire. Son adversaire, sans bouclier, n'eut même pas le temps d'esquiver et se fit transpercer de part en part comme si son épée était rentrée dans du beurre. Sa bouche proche de son oreille, Walther prononça les dernières paroles que ce pauvre homme entendrait dans sa vie.
-Meurs, connard...
Le visage stupéfait de sire Gonthier révéla assurément qu'il ne s'était pas attendu à un tel coup. Lui qui pensait le maîtriser depuis le début, voilà qu'il venait de rendre son dernier souffle après avoir baissé sa garde. Les hommes, restés en arrière, ne vinrent même pas sur lui pour venger leur seigneur. A l'entente de la garde qui se rapprochait, ils détalèrent comme des lapins, préférant sûrement éviter d'être prit dans le lot. Seul resta Walther, qui une fois terminée, courra vers son ami pour lui prêter assistance. L'Olyssean était mal en point, la lame de l'assassin lui était rentrée bien profondément.
-Meinhard, reste avec moi ! Néera le veut ! Cria-t-il alors que les larmes commençaient à monter. J'ai tué cet homme, la justice a été rendu, ton nom est lavé...
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mer 11 Mai 2016 - 17:08 | |
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Meinhard nageait dans un océan de douleur. Il entendait des gens crier autour de lui. Il reconnut la voix de Walther, le bruit d’un combat, la fuite des badauds… Même les pieds des sbires des Pyk disparurent de son champ de vision, qui commençait à se brouiller peu à peu. A l’intérieur de son gambison, un liquide chaud se répandait, tranchant par endroit le froid qui s’emparait de son corps. Dans un ultime effort, le chevalier amena sa main vers son dos, et arrêta tout de suite son mouvement, que son omoplate ne pouvait supporter. Il serrait les dents si fort qu’elles se mettaient à grincer quand sa mâchoire inférieure bougeait. Ses grondements sourds se murent en à mi-chemin entre la lassitude et la suffocation. Puis, enfin, alors que sir Walther se dirigeait vers lui à grands pas, il s’autorisa à doucement glisser sur le côté, ses bras ne supportant plus son poids.
L’Arétan avait les larmes aux yeux, et sa voix tremblait alors qu’il suppliait Meinhard de rester éveillé. L’Olysséan, lui, ressentait toujours la douleur, mais autre chose commençait à prendre le pas sur elle. Une profonde fatigue. Une lente résignation qui s’échappait de ses veines, et qui coulait en dehors par la voie de sa blessure. Les pavés ne tardèrent pas à être trempés d’un liquide vermeil, alors que Meinhard se vidait de son sang. Walther priait son ami de ne pas l’abandonner, invoquait Néera, parlait de Justice et de son Honneur, lavé par sa main.
Hélas, pouvait-on réellement laver le meurtre par un autre meurtre ? Néera autorisait-elle de laver une faute par l’accomplissement d’une autre ? La Damedieu, en ce jour, avait décidé que deux vies devraient être prises. En regardant le cadavre stupéfait de Gonthier, Meinhard réfléchissait à toute vitesse, alors que son dernier moment de lucidité semblait approcher. Il avait toujours cru que Néera le soutenait, que de son bras elle, le protégeait de tout danger, pour qu’en retour, en fidèle serviteur, il propage son idéal à travers le monde entier… Il avait dédié sa vie, à la Vie. Et il s’était consacré à l’idéal du Choix. Pourtant, à l’heure actuelle, il se retrouvait sur le point de perdre la vie… et n’en avait pas eu le choix.
Meinhard tentait de se concentrer sur son ami.
« Néera a fait son choix… »
Chaque parole lui arrachait une nouvelle douleur. Il souffrait le martyr, mais au moins était-il éveillé pour ses dernières paroles, alors que son esprit s’embrumait de plus en plus.
« Je… Agh… Prendre la Vie… Ne lave de rien… Je le vois maintenant. La justice divine n’a pas… parlé, aujourd’hui. C’est celle des Hommes… Nghhh… Elle a frappé. Elle m’a fauché… et Gonthier également. »
Il entendait Miracle sangloter dans son dos. Il l’entendait murmurer son nom, à mi-voix, tremblotante et apeurée. Allait-il réellement mourir ? A cette pensée, Meinhard fut soudainement saisi d’effroi. Il se mit à paniquer intérieurement, et écarquilla les yeux, le froid s’intensifiant. Était-il seul ? Mourrait-il comme un gueux ? Qui de Cornard ou Meinhard, était-il en ce moment ? Puis une pensée l’adoucit. Il vit à nouveau le visage de Walther. Sa tristesse et sa détresse. Quelqu’un, au moins, le pleurerait lorsqu’il serait parti. Et sa peur diminua, à mesure que les rassurants dogmes de la Damedieu lui revenaient en tête, comme les dernières paroles que lui susurrait son esprit à l’agonie. Non, c’était la Damedieu elle-même, qui lui parlait ! Oui ! C’était elle ! Il pouvait l’entendre !
« Miracle… Walther… Je l’entends ! Néera ! Elle est… »
Qu’était-elle ? Vivante ? Belle ? Majestueuse ? Magnifique ? Nul ne pourrait le savoir.
Meinhard venait d’emporter son secret dans la tombe.
Alors que son corps s’affaissait, et que son visage semblait respirer la béatitude, face vers le ciel, avec un grand sourire et des yeux écarquillés, son expression mortuaire pouvait en choquer plus d’un. Il paraissait tellement heureux. Il pénétrait le Royaume de Tyra. Et dans les brumes de ce monde souterrain, il emportait avec lui, ses effets les plus précieux. Sa Foi intacte. Et ses souvenirs mémorables.
La garde arriva à l’endroit déserté de la populace. Seuls un cadavre, un homme armé, et un petit garçon se tenaient là. Un homme mort, un homme triste, et un enfant effondré. Les soldats se positionnèrent en cercle, lances au clair. Leur chef s’avança, étudiant la scène.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est ainsi que le duel a fini ? »
L’un des hommes regarda un peu plus attentivement l’immense cadavre du géant. Soudain, quelque pensée le frappa avec la force d’un météore, et il lâcha :
« Mais… Mais c’est le Foudreguerre ! Le Colosse d’Oësgard ! Je l’ai vu à Nebelheim ! »
Tous les autres regardèrent le cadavre. Tous réunis, ils étudiaient de leurs regards stupéfaits la dépouille de l’homme le plus pieux du Nord. Walther, lui, semblait inconsolable. A mi-chemin entre rage et désespoir, qu’allait-il bien faire, maintenant que son grand compagnon avait rejoint le Pays des Braves ?
Dernière édition par Meinhard d'Andorf le Mar 12 Juil 2016 - 0:24, édité 1 fois |
| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] Mer 11 Mai 2016 - 18:05 | |
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La justice des Hommes était tombée. Mais quelle justice ? Celle du fer, celle du sang. Le duel était terminé et deux cadavres étaient allongés sur les pavés de la ruelle. Le sang les recouvrait à présent et entourait leurs corps. Gonthier d'Arnhel gisait-là, à quelques pas de lui. Mort par sa main, son œuvre. Cet homme, qui le matin même ne faisait pas partie de son existence, voilà qu'il avait enfoncé sa lame dans sa chaire et mit un terme à sa vie. Tout ça pour quoi ? Pour que son ami se fasse poignarder dans le dos et le laisse de nouveau dans la solitude la plus complète. Walther se tenait là, tout près de ce qui avait autrefois été le colosse d'Oesgard, aimé et respecté de tous ceux qui avaient participé aux batailles d'Amblère et de Nebelheim à ses côtés. De son côté, il n'était plus rien, totalement perdu et loin de réaliser ce qu'il venait de commettre.
La sentence ne tarda pas lorsque les gardes de la cité arrivèrent et constatèrent les dégâts. Statique, incapable de réagir où de dire quoique ce soit, il avait regardé les yeux de Meinhard se fermer, il l'avait vu s'éteindre petit à petit. Cela n'était pas possible, cela ne se pouvait. Comment en était-il arrivé là, eux qui le matin-même conversaient et plaisantaient sur leurs montures. Il n'y avait pas de justice, pas celle-là ! Pas celle qu'il avait crut rendre pour sauver l'honneur de son ami. Néera ne l'avait point aider à faire le bon choix, alors Tyra l'avait puni en le privant de la seule personne qui lui avait redonné la foi.
Walther n'entendit rien de ce que les gardes dirent par la suite. Le chevalier arétan s'écroula à genoux sur le sol, constatant alors que son gambison était déchiqueté sur son flanc droit. Un filet de sang commença à s'en échapper fébrilement jusqu'à recouvrir intégralement ses mains qu'il avait mit là pour arrêter l'hémorragie. Pourtant, la blessure ne lui fit aucunement mal. Si bien même elle lui avait été douloureuse, il l'aurait accepté de plein gré. Ce n'était qu'une petite estafilade, rien de plus. Comment aurait-il put geindre tandis que Meinhard était allongé à ses pieds, le corps maintenant inerte ?
L'un des gardes le bouscula violemment en le prenant par l'épaule.
-Allez mon gars, tu vas nous suivre maintenant !
Il ne répondit pas, son regard étant toujours perdu sur celui de Meinhard. Sans même qu'il n'ait pu s'en rendre compte, ses yeux humides se mirent à relâcher toute la peine qu'il ressentit en cet instant. Il n'y eut alors aucun adieu. Les gardes se mirent à deux pour le tirer en arrière et le ramener avec eux. Il dut laisser le corps de Meinhard sur ces pavés froids et sales, devant les regards curieux où désintéressés des badauds. Impuissant, il dut laisser son corps au grand bonheur des voleurs où autres mécréants souhaitant s'accaparer ses armes et habits. Il n'y avait guère de justice dans cette fin. Il n'y avait que celle des Hommes.
-Cet homme est le sire Meinhard d'Andorf... ne laissez pas son corps à la merci des pilleurs, je vous en supplie.
-On l'sait mon gars, on en fait pas deux des comme lui, répondit une voix sur son côté. Le colosse d'Oesgärd aura l'droit à un sacré enterrement lorsque tous les zigotos du coin apprendront sa mort, c'moi qui te l'dit. Toi en revanche, t'es bon pour l'trou tant qu'on saura pas s'qui c'est passé.
Incapable d'y répondre, il ne savait pas lui même ce qui s'était passé. La seule chose sûre et certaine, c'était qu'il était à présent dans une merde noire.
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| Sujet: Re: La Justice des Hommes [Walther Hohenbrg] | |
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