Rivalité et apprentissage de la vie ( Estiam)

Nerdhanel recevait l’hospitalité d’un clan. Ces receveurs étaient très pacifiques et accepter une noss solitaire à séjourner dans leur campement semi nomade. La Renarde reçut la nourriture, l’eau et un endroit pour dormir. Ce clan accordait beaucoup de l’importance à l’être, la violence était utilisée en cas de réelle nécessité. Ils cherchaient l’harmonie. Un elfe en pleine nature était souvent recueilli, certains, étaient adopté par le clan.

Cependant, la Renarde, par obligation, devait rendre cette hospitalité. De ce fait, elle partit en chasse pour nourrir ses hôtes en guise de remerciement. Aujourd’hui, elle partit loin dans la forêt, armée de son arc et un cimeterre accroché à l’arrière de son dos. Son instinct de chasseuse pista une bête, les traces étaient imposantes et semblait montrer un animal assez volumineux. Il pourrait être un bon festin pour le plan et une bonne source de nourriture.

Elle encocha sa flèche en poursuivant sa proie, avec lenteur et concentration. Peu à peu ses sens étaient aux aguets, guettant l’animale dans cette forêt touffue et qui brisa la longévité de la vue. La chasse était ardue, la jeune demoiselle n’avait qu’une faible vision et l’animal pourrait se cacher et la surprendre. LA nature était subtile, la jeune fille n’avait pas encore toute l’expérience de la chasse et la capacité d’être une parfaite archère.

Renarde tenta d’appliquer la consigne de sa mère, maitresse des chasseur…elle devait sentir son instinct, en contrepartie de sa surdité symphonique, ses yeux se fermaient un moment. Ses oreilles percevaient des bruissements du vent, le bruit des oiseaux pour ensuite un son lointain d’un animal. Le son de l’animal semblait ressembler à un Cerf. Je m’approchais lentement de la bête, tapis dans l’ombre.

8e ennéade de Fävrius
8e année du Onzième cycle

Lothod Mereth a passé son point culminant et les Wen’Döril sont pris d’une joie communicative. À la fois difficile pour toi de t’intégrer à ce clan qui n’est pas le tien et de t’écarter de ces elfes si accueillants en temps de fête. L’éveil de l’Ëala est après tout un événement connu comme étant l’une des grandes beauté de l’Anaëh, à chaque renouveau doivent se faire l’hôte de, à défaut d’être nombreux, réguliers spectateurs. La manière dont tu es traité te laisse cependant imaginer les efforts que doivent déployer les membres de la Noss pour se permettre d’ainsi festoyer en compagnie d’éventuels convives et en tant qu’elfe originaire d’un autre clan, dont les chasseurs sont bien qu’étant efficaces, assez peu nombreux, tu te sens coupable d’ainsi prendre sans rien donner en retour.

Tu as pris une part de leur culture, tu as pris une part de leur attention, pris une part de leur repas et de leur boisson. Grâce à eux tu as eu la chance de faire face à une créature d’exception. Tu ne pouvais pas ainsi partir comme un voleur. Tu t’es écarté des festivités, non pas parce que tu avais décidé de déjà les quitter, mais pour apporter ta pierre à l’édifice. Pour leur rendre une fraction de ce qu’ils t’ont offert, tu es parti en chasse.

Un fantôme volant à travers la canopée, un éclair blanc jonglant de branche en branche, il est presque amusant de te voir fendre la forêt vêtu de tes habits des cités. Amusant, mais pourtant si peu surprenant. La longue robe à une manche, bien que n’ayant en rien l’apparence d’une tenue adéquate à un Ornedhel laisse pourtant adéquatement voir la moitié de ton torse portant les marques de ton appartenance à la forêt, tandis que la coupe du tissu sous la taille laisse totale liberté à tes jambes pour s’équilibrer dans l’acrobatie arboricole. Le coton léger flotte dans ton sillage, détonnant de son éclat devant les sombres bruns, verts et jaunes de l’Anaëh… mais chasser en étant vu de ta proie ne t’es pas tant un problème, si ce n’est même un avantage.

Tu pistes depuis quelques temps maintenant, les oreilles mouvantes, à l’affut du moindre son, tes yeux perçant les feuillages à la recherche de traces et ton esprit plongeant dans la Symphonie, priant que peut-être, les arbres acceptent de te livrer un indice, mais prenant par la même occasion le risque que leurs murmures te perdent. Tu avances, bredouille depuis de longues heures maintenant, incapable de croiser le chemin d’une proie assez imposante pour être partagée entre les Wen’Döril, dont l’arbre commence à être d’ailleurs dangereusement éloigné. Si seulement tu pouvais trouver…

… Un autre chasseur. Et sur une piste. Ce n’est pas ce que tu avais espéré, mais l’occasion est inouïe. Tu n’as pas peur d’un peu de rivalité, la chasse n’en est d’ailleurs que plus excitante. Maintenant suffit de se faire oublier, et d’attendre le bon moment pour frapper. Difficile de passer inaperçu dans ta tenue blanche, mais te tenir décemment éloigné et constamment en mouvement pourrait faire illusion. Les pans de ta robe virevoltant derrière toi, si tu adoptais des schémas de déplacement inhabituels auraient vite fait de te faire passer pour un quelconque oiseau ou félin faisant son chemin ; surtout quand le chasseur est déjà trop concentré sur les traces de son gibier pour y porter particulièrement attention. Tu te rapproches, l’air de rien, sans encore mettre de terme à tes mouvements chaotiques, étudie de plus près l’attitude de ton rival ; ou de ta rivale devrais-tu dire. L’avancée se ralentit, l’arc se bande, le regard se fixe, et tu sais maintenant où trouver la proie. À toi maintenant de t’en emparer.

Tes éternelles compagnes, Fée Ardente et Ondine rejoignent le champ de bataille, la première refermant la distance avec la prédatrice, et la seconde avec la proie. Et tu attends, tu attends le moment où la flèche se prépare à partir pour frapper. Le trait de flammes cogne le sol au pieds de la chasseuse, brisant sa concentration et son équilibre, tandis que le trait de glace vient se planter dans les chairs de l’animal, envoyant le cerf à terre. Tu plonges depuis les branchages, t’interposant finalement physiquement, en vainqueur, entre ta proie et ta rivale, ignorant la seconde pour un temps pour poser doucement ta main contre le flanc de la bête mourante.

- Puisse-ton âme trouver un paisible lagon au sein des eaux tumultueuses de l’océan de Tari. Merci mère, du sacrifice de ton enfant nourrissant tes enfants.

Le cerf ferme l’œil, arrête de lutter, et abrégeant ses souffrances, l’Ondine souffle un nouveau trait de glace, droit au travers de son cœur. Tu te relèves finalement, pour faire face à la jeune elfe sauvage que tu as devancé.

- On est jamais vraiment seul dans cette forêt. Il faut toujours s’attendre à tout.

D’un mouvement, tu congédies les fées, à la faveur d’un Golem de Pierre, qui s’empresse d’empoigner ta prise et de te suivre en direction de l’arbre des Wen’Döril. Tu prends le temps cependant de te retourner vers la jeune elfe aussi bredouille que tu l’étais avant de la croiser, te permettant de lui adresser un sourire complice.

- Je crois que je t’en dois quand même bien un morceau. Tu as de quoi le découper ?

Bredouille ! L’elfe lui vola sa proie et osait tuer son animal qu’elle était en train de chasser. La jeune femme n’avait qu’un arc et une flèche, le noss avait toute sa magie. Clairement, le jeu était inégal et ça déplaisait à la petite elfe de voir ce faire surpasser par un manieur de magie. A ses yeux, l’elfe plus âgé que Renarde était un tricheur et un opportuniste. Il ne pouvait pas chasser autre chose. Non, il voulait voler sa bête. Renarde fit la moue à Estiam.

« M’oui…Mais, un peu de respect ! pour une jeune chasseuse ! » exclama la petite Renarde, frustrée de ne pas avoir son repas « Enfin, ce n’était pas du jeu d’utiliser la magie. Le combat était bien inégal ! »

Mais l’elfe avait raison, la chasse était remplie de surprise et faut surveiller la moindre parcelle de danger. De plus, Renarde s’avoua chanceuse de ne pas se faire tuer par cet inconnu, un autre, pourrait la mettre hors d’état de nuire à cause de cette stupide chasse. Elle ne comprenait pas le comportement des siens et le désir de tuer ses rivaux. Elle trouvait tellement stupide, au contraire, c’était parfois au contraire de sa vision qu’elle avait à sa Déesse Kyria. Renarde pouvait s’avouer chanceuse, sa vie pouvait être en danger. Son expérience était encore au stade de débutante parmi les grands chasseurs qui peuplaient Anaeh. Parfois, la nature était clémente, d’autre, étaient tués pour leurs faiblesses.

« Mais, je suis d’accord…j’aurais dû m’attendre à ça. » avoua-t-elle, la vérité était dure à digérer.

L’elfe partait avec sa proie avec son Golem. Renarde soufflait d’exaspération…Un nouvel effort l’attendait, elle détestait de gaspiller son énergie. C’était clair que la renarde préférait flanner et regarder les animaux ou jouer avec sa Renarde. C’était si bien de se détendre dans ce vaste jeu qui composait la nature. L’elfe était à part, très flâneuse comme curieuse. Elle était un objet volant inconnue des bataillons en train de vadrouiller en plein nature et s’amuser, parfois, inconsciente du véritable danger. La vie de Renarde se composait sur trois points : Manger, Dormir, remplir sa curiosité. Ni plus ni moins.

Bref, la réalité était là, la petite chasseuse devra traquer une nouvelle fois. Par chance, cet inconnu était tout de même généreux, la petite capricieuse n’avait pas besoin de chasser de nouveau, donc, économisez ses forces. Quelle Flemmarde !

« Je chasse surtout pour le clan qui m’ont fait une tente, en guise de remerciement, je voulais offrir l’animal. Je ne supportais pas l’idée de ne pas rendre l’appareil. A mon regard de jeune elfe, tout elfe se doit de s’aider mutuellement. » se gratte la joue « peut-être, que je me trompe. Pour ma part, j’aimerais tant flâner sur un arbre et dormir. C’est tellement bien de dormir et de regarder les oiseau. C'est bien aussi de manger des fruits sur un arbre. Vous ne trouvez pas?»

Renarde s’approcha de la carcasse que le Golem déposa au sol pour qu’elle puisse prendre sa part du morceau. La petite demoiselle n’allait pas se priver à prendre une grosse part ! Pardis ! C’était sa proie ! Enfin, en ce moment, sa concentration se portait sur l’art à désossé la bête. Tout était un art ! Il ne fallait pas gâcher son repas pour elle et le clan ! Renarde réfléchissait à un moyen de désossé l’animal. Avec sa main d’experte, elle découpa soigneusement la cuisse de l’animal, puis, coupa les cartilages qui lie la cuisse et la carcasse de l’animal. Tout était précis, tout était parfaitement calculer. Renarde pratiquait la même scène que sa mère lui avait apprise. Pour ne pas détruire la viande, elle découpa entre deux muscles pour garder un ensemble intact. La nourriture et elle n’avait aucun secret ! Pour dire, la nourriture était son pécher mignon.

« Je pense avoir pris ce qui est nécessaire. Avez-vous un clan à nourrir ? »

Tout de même, Renarde pouvait apprécier la gentillesse de l’elfe à son égard. Au départ, la capricieuse ne prenait pas en compte du cadeau de l’elfe qui portait à son égard. Non, en faites, elle était trop concentrée sur la nourriture. Tout de même, cet étranger était brave et généreux. Son comportement un peu égoïste mit mal à l’aise la petite Renarde. Ses joues se mirent à devenir rouge témoignant sa gêne.

« Merci de partager votre proie. JE n’oublierais pas votre geste. En retour, j’aimerais vous offrir ma gratitude lorsque le moment viendra. » promettra la jeune elfe à son rival.

La jeune chasseresse était agacée et tu peux parfaitement la comprendre, elle venait de perdre sa proie, et même après que tu lui aies offert d’y prendre une part, l’égo n’en restait pas moins entièrement touché. Mais il valait mieux l’égo que la vie. Les citadins ont cette faussée perception des Noss en tant qu’un seul et unique corps soudé leur faisant opposition, quand en vérité vous êtes une myriades de petites peuplades divisées en clans et tribus. Certaines aux pratiques plus extrêmes que d’autres, certaines régulièrement en conflit direct avec les elfes de pierre, allant jusqu’à faire des morts parmi ceux osant se ravitailler sur leurs territoires, alors que la majorité vivaient dans la plus grande indifférence face à ceux qui ont choisi de s’enfermer derrière des murs.

C’est vrai, certaines Noss font la guerre aux Taledhels, beaucoup d’autres trouvent leurs voies illégitimes, mais qu’ils ne se pensent pas être la cible première de tous les enfants de l’Anaëh, puisqu’au sein des clans eux-mêmes existent des conflits. Chaque tribu vit pour elle-même et pour ses alliances. Chaque peuplade protège les siens à sa manière, et il arrive que la manière soit mortelle. Chacun d’entre vous le sait, les plus jeunes l’apprennent dès leurs premiers pas, et c’est bien pour cela que malgré la blessure à l’égo, et malgré l’affrontement inégal, la jeune chasseresse ne peut qu’être grâce de ta faveur. Un autre n’aurait pas hésité à la blesser… si ce n’est à la tuer.

- Nous chassons pour les mêmes raisons. Les Wen’Döril m’ont acueilli, nourri et offert de participer à l’une de leurs plus belles cérémonies. Je le leur dois bien.

Les discours de la petite Ornedhelle te forcent à laisser échapper un court éclat de rire. Elle a encore l’âge de l’innocence, du manque d’expérience et de l’utopisme qu’il entraîne. Quel beau monde habiteriez-vous si chaque elfe tendait la main à l’autre sans rien attendre en retour ? Si vous aviez le luxe de pouvoir passer vos heures à flâner, fruits en mains et rayons de soleils aux yeux… Ce serait un beau monde oui, mais un monde quelque peu ennuyeux. Force de le constater après presque un cycle de vie, c’est l’omniprésence du danger, les challenges de la vie, et l’attrait de l’inconnu qui poussent un Sylvain à vivre. D’une paix complète et trop longue naît l’ennui, et chez les elfes, de l’ennui naît la mort. C’est une bien noire vérité. Combien d’entre vous seraient morts de lassitude si l’Anaëh n’en avait pas pris quelques-uns ? Tu n’exposeras cependant pas ton analyse à ta sœur, qui finira un jour elle-même par la comprendre de toute façon, te contentant simplement de lui répondre, d’un ton amusé.

- On ne voit pas assez loin depuis les branches d’un arbre. J’aime me déplacer, voyager, découvrir. On rêve de chose encore plus belle quand nos horizons sont plus grands. Et puis tu jettes un œil vers le morceau qu’elle vient de découper j’aime beaucoup les fruits, mais je préfère la viande… et j’ai bien l’impression que tu aimes beaucoup ça toi aussi. Tu ris à nouveau Heureusement que j’étais là. Sinon je me demande bien comment tu aurais fait pour transporter un cerf entier. Abattre une proie est une chose, la conserver en est une autre.

Tu continues d’avancer, commence même à presser le pas, sachant que le temps joue contre toi. Plus les heures ayant marqué la fin de la Lothod Mereth s’égrènent et moins les comparses d’Ëninrìl seront enclins à tolérer ta présence. Tu ne pourras pas profiter de sa présence bien longtemps, alors autant être sûr de pouvoir marquer son souvenir dès maintenant.

- Mon nom est Estiam. Peut-être t’évoquera-t-il plus de souvenirs que mon visage s’il on vient à nouveau à se croiser. Le monde est grand, bien des siècles pourraient déjà être passés d’ici là.

De par cette rencontre, elle découvrit l’identité de sib rival : Estiam. Son prénom était simple à retenir, efficace à prononcer. Un jour, elle pourra le recroisait, le retrouver en parcourant chaque terre d’Anaeh. Le retrouver…il fallait surement parcourir divers Clan pour trouver ce fameux personnage. Renarde savait, un jour, elle voudra le revoir juste par plaisir d’apprendre. Les Anciens avaient toujours quelque chose à donner aux plus jeunes, garantissant la survie de la nouvelle génération. Un elfe de cet âge avait toujours un petit secret, il suffit juste de tendre l’oreille et l’écouter pour assimiler tous ses secrets. Le secret de Renarde était là ! Ecouter ces frères pour en tirer avantage et ne pas foncer tête baisser…Les elfes de cités avaient parfois l’arrogance de tout connaitre, mais, ils sont cloitrés dans leurs concepts qu’ils appellent « Civilisation elfique »

« Nerdhanel, je m’appelle Nerdhanel sinon Renarde en raison que ma compagnonne de chasse est une Renarde elle aussi. »

Elle marcha avec aisance dans cette épaisse forêt, transportant son morceau de viande. En réfléchissant, elle ne c’était pas demander comment elle pourrait transporter toute la carcasse. Alors, la jeune elfe réfléchissait à une réponse convenable. Sa peur était de froisser l’elfe, au contraire, elle décida de répondre convenablement

« J’aurais pris le plus gros que je pourrais, le reste, je donnerais à la nature elle-même. Je sais que les autres « gens » prendront leurs parts. Ce qui est beau dans la nature, rien n’est gaspiller. »

Ils marchèrent ensemble, La Renarde était toujours aux aguets en cas de réelle nécessité. Elle savait que son expérience était minime par rapport à son rival, mais, il suffit d’une Flèche pour tuer. Elle demeurait en constante méfiance pour se protéger et sauver la vie à cet Ancien. Au plus profond de son être, son instinct primaire la mettait en alerte d’un éventuel danger. Quelques choses étaient oppressants tels qu’une épée de Damoclès sur la tête des deux elfes. Par-dessus, son épaule, elle regardait, sentant qu’un regard était posé sur les deux elfes. Elle ne ressentait pas la symphonie, mais, elle avait l’instinct primal d’un animal dont ces sens étaient aiguisés.

Son corps se raidit un moment, sa peau se mit à frissonner et sauta sur l’elfe pour le faire chuter. Par un sifflement, une flèche s’incrusta sur le tronc de l’arbre. Les deux elfes étaient cachés par les feuillages…Un parfait camouflage. Son animale était en train de se cacher dans les buisson, prête à agir.

Allongée sur lui, elle sentit son cœur battre contre le torse musclé de l’elfe. Instinctivement, elle mit la main sur la bouche de l’elfe pour qu’il puisse émettre aucun son. Sa main était légèrement tremblante comme toute personne dont sa vie était menacée. Elle profita de ce camouflage offert par Anaeh pour reprendre son calme, regardait son partenaire et trouver un moyen de s’en sortir…

Observation, analyse, interprétation et résolution. pensa la petite Renarde

Son regard avait changé, la douceur de l’elfe laissait place à une petite chasseuse en train d’affronter la rusticité de ce monde. A quelque mètre d’elle, elle voyait son arc….Sortir sa tête des feuillages étaient le meilleur moyen de se faire tuer comme une vulgaire proie. Elle sentait qu’ils rodaient quelques parts. C’était un jeu du chasseur et la proie. C’était décidé, ses adversaires croyaient qu’elle était la proie, elle sera la chasseuse.

Il fallait trouver un moyen…Comment ? Tout était une question de ruse. Son regard se posa sur Estiam

« Vous n’avez rien ? » légèrement inquiète pour cet homme..

Renarde. Alors les elfes de sa Noss prenaient pour compagnon de vie un animal avec qui ils partageraient un nom. Encore un autre des innombrables rituels perpétrés ici au cœur de l’Anaëh.

- Enchanté, Renarde.

Tu lui souris, attendant de pied ferme la réponse à ta question, voyant comme elle semblait se démener pour trouver justification. Elle aurait pu abattre plus qu’elle n’est capable de prendre, succomber à la folie des grandeurs, que tu ne lui aurais pas voulu. Elle est encore jeune, manque d’expérience. À un âge où l’on veut tant se prouver à soi-même ce dont on est capable, on oublie souvent les conséquences de nos actes… et puis qui aurais-tu été pour faire une telle remarque quand approchant le cycle de vie, l’envie d’avancée t’exhorte à pousser ta magie plus loin que tu ne le devrais ? Comme elle le disait, rien n’est réellement perdu dans l’Anaëh, ce qui ne t’empêcherait tout de même pas de la sermonner.

- La nature sait reprendre ce qu’on lui laisse, tu as raison, mais il ne faut pas que cela devienne une excuse pour lui retirer plus que dont nous avons besoin. Par respect pour notre mère, nous nous devons d’honorer toute vie prise à l’un de ses enfants. Tu souris tendrement, car en réalité les mots sont durs Pense à la harde à laquelle nous avons dérobé une âme. Serait-ce juste pour eux si tu avais mis à mort un membre de leur famille pour ne pas en consommer chaque gramme de chair ? L’Anaëh ne laisserait même pas ses ennemis mourir en vain, mais il t’appartient en tant que chasseur, de donner toute sa valeur à […]

Le poids, même léger, de la jeune elfe s’abattant sur toi te surprends assez pour te déséquilibrer, brisant complètement ta concentration, et réduisant avec elle ton golem à néant. Le son distinctif d’une flèche se fichant dans l’écorce te fait rapidement comprendre qu’elle vient de te sauver la vie. Tu poses une main dans son dos, la serrant légèrement contre toi, à la fois pour l’aider à trouver le calme et la remercier, avant de lentement dégager sa main de sur tes lèvres, puis sa personne de sur la tienne. Tu murmures, comme si cela faisait une différence, ta jeune sœur serait sûrement rassurée par l’illusion de pouvoir encore échapper à la menace, même si tes mots disaient le contraire.

- Grâce à toi, non, je n’ai rien. Mais même s’ils ne nous voient pas de leurs yeux, ils savent où nous sommes. Rester cachés ici ne sert à rien. Tu offres un regard rassurant de détermination à la Renarde Ne t’inquiète pas, fais-moi confiance.

Tu te relèves, quittant la fausse protection des buissons, creusant la distance avec la cache que seules des jambes aussi fortes que les tiennes permettraient. Les flèches ne tardent pas à fuser à nouveau, mais tes mouvements erratiques, rapides et imprévisibles font de toi une cible difficile, même alors que tu restes volontairement dans la zone de tir. Peu de flèches. Les chasseurs sont peu nombreux. Les traits arrivent avec force. Les chasseurs sont proches. Tu utilises l’élan bâti à travers tes mouvements pour lever entre eux et vous une barrière toute d’écailles de glace et de cristal, que les prochains chocs confirmeront imperméables aux flèches, et depuis ta forteresse improvisée, tu parles, d’une voix résonante malgré son apparente légèreté.

- Vous n’avez aucune raison de vous en prendre à nous. C’est pour vous que cette proie a été mise à mort. Hier encore, vous, les enfants de Döril, m’accueilliez. C’est pourquoi je tenais à vous rendre une part de ce que je vous ai pris durant les festivités.

La Lothod Mereth est terminée, et les Wen’Döril chassent à nouveau farouchement les intrus osant pénétrer leur territoire. Ce n’est pas parce que tu ne les as quittés qu’hier que tu serais le bienvenu demain et si Ëninrìl serait heureux de te revoir, tous ne partagent pas sa sympathie à ton égard. Au moins connaissent-ils ta voix, et la savent pleine de sincérité. Lorsque tu abaisses ta défense, tu sais qu’ils ne sont pas prêts de riposter.

- Viens Renarde. Cette fois encore la compagnie que nous offre la forêt n’est pas de mauvais augure.

"Les Terres de Kÿria je protégerai, car elles sont la Prime Oeuvre, la Première Fille de la Mère"

La Lothod Mereth avait laissé place à la monotonie du quotidien, la méfiance avait succédé à l'allégresse. La bénédiction de Döril renouvelée, les chasseurs des Wen'Döril s'étaient remis en traque, arborant fièrement leurs deux traits blancs sur chaque joue. Ils étaient cinq à être partis ensemble pour chasser ce que la Mère avait placé sur leur chemin aujourd'hui. Kirin Aethan avait pris la tête du petit groupe. L'elfe aux cheveux d'ébène et au teint halé évoluait dans la forêt avec la grâce et la souplesse qu'on lui prêtait. Autour de l'Arbre Mère il était chez lui, l'Anaëh était sa maison. L'arc bandé, une flèche encoché il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule et compta ses quatre feredír. Aucun bruit, juste le son étouffé des pas dans l'humus et la Symphonie harmonieuse.

Ils obliquèrent sur la gauche, de manière à rester sur les territoires de l'Arbre Sacré. Pendant quelques minutes ils ne croisèrent que des lapins qu'il laissèrent gambader gaiement. Soudain, un bruit sur la gauche. Lointain, un gros animal, sans doute un cerf ou un daim. En un clin d'oeil ils s'élancèrent. Cinq ombres dans la forêt, cinq animaux dans l'immensité de la Première Oeuvre. La bête s'éloigne, mais pas assez vite. Kirin saute sur les branches basses, s'aggripe au plus hautes. Il est le plus expérimenté et se sait suivi par les plus jeunes. Au bout de quelques minutes, il entends deux autres bruits, des pas. Des elfes, discrets mais pas assez. Il porte un doigt à ses lèvres et intime le silence. Doucement il se perche sur un chêne et observe le Citadin et l'Ornedhel discuter autour de la carcasse. Il reconnait le mâle pour l'avoir aperçu lors de la fête. Mais qu'importe, il a violé, souillé les terres de Döril. La petite elfe est inconnue.

La flèche part et vient se ficher à deux pas du Taledhel. Kirin n'a rien raté, c'est un tir de sommation. Sa façon de signifier que si leur habilité dans la nature ne les sauve pas, rien de le fera. Ses compagnons ont bien compris, ils décochent des traits qui viennent se ficher dans le mur du Taledhel. Fichtre, un mage. Ils aperçoivent son golem qui disparait et revient à l'état de pierre. Blasphème. Une voix résonne depuis le mur.

"–Vous n’avez aucune raison de vous en prendre à nous. C’est pour vous que cette proie a été mise à mort. Hier encore, vous, les enfants de Döril, m’accueilliez. C’est pourquoi je tenais à vous rendre une part de ce que je vous ai pris durant les festivités."

C'est peut-être vrai, peut-être une excuse trouvée pour l'instant. Kirin Aethan n'en a cure. Ils savent chasser, et sans doute mieux que le Citadin. Leur ego n'accepterait pas un cadeau de sa part. En réponse, il fait siffler un trait mortel par dessus le mur. D'un geste il envoie les feredir sur les deux elfes. Discrètement ceux-ci descendent de leur promontoire et viennent se cacher, prêt à bondir sur les deux intrus. Une dernière chance :

"– Par Kÿria, un pas de plus et Hwestalindë portera ma flèche dans votre coeur. "

Méprise… ce n’est là que pure méprise. Tu avais promis à la renarde une rencontre de bon augure, et voilà que le destin fait de toi un menteur. Qui l’eut cru ? Qui aurait pensé que ta bonne conscience puisse ainsi jouer contre toi ? Quel elfe aurait réalisé quelle injure tu ferais en tentant de rendre à la Noss qui t’a accueilli une part de ce qu’elle t’a donné ? N’importe quel véritable Ornedhel d’Eteniril l’aurait probablement su. N’importe quel elfe de ces forêts aurait probablement su gérer mieux que tu ne l’as fait l’égo des enfants de Döril. Tu n’es qu’un demi-sang après tout, et tu ne sais véritablement des coutumes des Noss que celles de la tienne. Les autres tu ne les aura jamais que croisées, ou pire, tu n’en auras qu’entendu parler, ou lu les légendes.

Chez ceux des villes l’échange de faveurs est une coutume banalisée, et il est rare que celui se souvenant du bien que lui a fait l’autre ne cherche pas à lui rendre la pareille. Chez les enfants les plus proches de la Mère, donner prenait une dimension particulière. Kÿria donne sans attendre en retour, et à son image, ses enfants font de même. Combien de fois ton propre clan a-t-il fait don de ses arts aux tribus que vous croisiez ? Combien de fois as-tu toi-même fait présent de choses pour lesquelles tu n’aurais jamais demandé à être remboursé ? Tu ne peux pas te défendre être étranger à ces mœurs, car tu les as pratiquées. Tu aurais seulement dû réfléchir et interroger plus adroitement tes souvenirs si ton but était de leur faire plaisir.

- Loin de moi l’idée de vous porter offense d’une quelconque façon.

En vérité, tu as déjà rendu. Tu as amusé leurs enfants, accepté d’écouter leurs histoires et conté les tiennes. Ce temps de partage est le seul présent qu’ils recherchent. Il suffit parfois d’apprécier ce que l’on vous offre à sa juste valeur pour faire de votre donateur un homme heureux… mais il est trop tard maintenant pour faire marche arrière. Lentement, lentement, et aux yeux de tous, tu ramènes contre ton cœur tes mains et t’abaisse dans une plate révérence. Tu poses genou au sol et porte ton regard vers la terre en soumission. Ta paume droite elle seule reste mouvante, dansant précautionneusement, de manière à ne pas attirer sur toi ta propre mort.

De ta paume en naît une seconde, d’argile sculptée, puis une troisième puis une infinité, se passant la carcasse de main en main, après quoi, le travail accompli elles mourraient. L’animal semble glisser jusque quelques mètres devant toi, où soulevé par cinq doigts plus grands que les autres il est placé en offrande. Ton visage se relève vers les branchages, et la main tendue vers l’avant, parfait reflet de celle tenant la bête, tu reprends la parole.

- Je vous sais capable de vous-même sustenter vos frères. Je me sais n’être d’aucune utilité à votre famille, mais est-ce là suffisante raison pour refuser un présent sincère ? Est-ce raisonnable que de rendre ainsi futile une vie déjà offerte à Tari ? Si vous ne l’acceptez pas comme don de ma personne, alors acceptez-le comme un don de la forêt. Que cette chair ne soit pas perdue pour ceux à qui elle est destinée. Tu prends une respiration avant de déclarer sans le moindre reproche dans la voix. Justifiez ce sacrifice et le cycle se refermera. Rendez sa mise à mort injuste et nous tous auront trahi Carpaceleva.

Qu’ils refusent et en réalité tu saurais quoi faire pour conserver la chair jusqu’à ce qu’il te soit donné de la manger, ou alors pourrais-tu en faire entièrement cadeau aux hôtes de la Renarde… mais alors tu aurais trahi ton vœu premier.

Renarde ne comprenait pas directement ce qu’il se passait. Tout se passait très vite, elle était beaucoup plus déboussolée. Rapidement, elle comprit que l’elfe et ce clan se connaissaient mais ces derniers n’avaient pas envie d’être gentil envers cet elfe. La capricieuse Renarde se permit de ne prendre aucune mesure hâtive. Sa mère avait toujours préconisé à observer, interprétait et agir de manière efficace. Moins d’effort, plus d’efficacité.

En arrière des elfes, elle avait bandé son arc et une flèche. Elle était prête à faire mouche sur un de ses chasseurs. La petite demoiselle n’était pas prête à se laisser faire, car, sa survie passait avant tout. Si les chasseurs voulaient la tuer, sa compassion laisserait place à une chasseuse redoutable, hélas…impitoyable.

Cependant, le courage d’Estiam, son dévouement d’être irréprochable séduit la Capricieuse. Elle le trouvait beau, remplie de bonté et un cœur sincère. Il risquait sa vie pour la défendre et ne cherchait aucun conflit. Sa puissance pouvait les terrasser, mais, il était pacifique.

Je vais usée le même pacifisme que vous.

Elle jeta la flèche sur le côté, annulant tout coté agressif de sa part. Renarde voulait juste chasser, manger et dormir. Pourquoi faire un énième conflit et créer de nouvelle tristesse…Ce monde n’était que violence…Ces frères ne se soutenaient pas et ça la désole…Elle restait en arrière, levant ses mains vers le ciel.

Elle aurait envie dire quelque chose…Mais, le silence était la meilleure des vertus…Surtout en cette instant.

Ps: Je ne savais pas quoi répondre...j'ai préféré faire court. Désolé encore pour cette réponse courte T.T

"Du temps où tous étaient de bois, tous des enfants de la Mère, les Anedhels vivaient en paix. Vint le temps où, fiers de leurs demeures construites avec le Sang de l'Anaëh, ceux de Pierre se séparèrent de leurs racines..."

Se cacher derrière mille mots est inutile et preuve de faiblesse. Les cinq feredír n'entendent pas le semi-Citadin discourir. Son langage de palabre leur est inconnu. La Nature est cruelle, la Nature est impitoyable. Ils sont la Nature, des bêtes prêtes à déchiqueter leur proie. Et le mage en face d'eux n'en est que la pâle copie. Qu'il se cache derrière ses sortilèges et ses belles paroles mais la vérité est ainsi.

La tirade de l'elfe n'attira pas une ride sur le visage de Kirin. Il le laissait parler, plus pour se laisser le temps d'élaborer un plan que par politesse. Un seul argument fit mouche et capta son attention. Ce Citadin invoquait volontiers le Maître des Bêtes pour justifier son acte. Carpacelva était le protecteur de la Création et peu de Noss auraient été aussi téméraires jusqu'à parler en son Nom. Sur un point cependant le Taledhel avait raison. La mort de cet animal ne pouvait être vaine.

Sans prendre la peine de répondre, le feredír sauta lestement de sa branche, rangea sa flèche dans le carquois et remis l'arc sur son dos. D'un coup d'oeil il vit ses quatre chasseurs dans les fourrés, prêt à abattre les intrus si ils tentaient quelque chose à son égard. Kirin se pencha sur la carcasse du cerf. Il ferma les yeux sans vie de l'animal et prononça sur son cadavre les paroles que chaque enfant apprenait par coeur :

"– Te cuil renían, it fae Tari renían. Sîdh, Kÿriae levan. "

L'hommage rendu, il se tourna vers Estiam. Son expression toujours aussi dure n'admettait pas de remise en cause.

"– Ton audace est tout à ton honneur, Elfe. Nous acceptons le présent d'Anaëh. Cependant, Sang-mêlé, si tes pieds t'amènent de nouveau ici, Carpacelva pourrait bien nous faire cadeau de ta vie. "

Le chasseur toisa la petite elfe qui se prenait déjà pour une Ornedhel adulte. A peine sortie de l'enfance son témérité – ou son inconscience – dépassait celle des plus grand. Elle avait encore tellement à apprendre avant d'affronter la réalité de l'Anaëh. Sa naïveté de se croire déjà grande et supérieure la perdrait.

"– Petite, ne t'approche plus de ces gens des Cités, va plutôt rejoindre tes parents. ils t'inculqueront les vraies valeurs de nos Noss que tu sembles ignorer. "

Sans demander son reste le feredír siffla ses compagnons et repartit de sa démarche féline vers les fourrés. La carcasse de l'animal sur leur dos, les quatre chasseurs repartirent vers l'Arbre Mère. Kirin ne quitta les deux elfes des yeux, il voulait s'assurer qu'ils ne tenteraient rien avant de s'en aller.

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