L'Appel d'Arcam

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MessageSujet: L'Appel d'Arcam   L'Appel d'Arcam I_icon_minitimeMer 20 Juil 2016 - 14:55

1ère énnéade, Karfias, an 9, cycle 11 - Faubourgs de Thaar




DANSE XVII - L'APPEL D'ARCAM.
Un va-nu-pieds vaillamment vaincu
En vadrouille le va-t-en-guerre
Une âme cabriole
Le corps en traviole
Incapable face à la bestiole
Un viol


Des passants s’arrêtèrent et joignirent les autres en clappant des mains. Liv dansait à rythme soutenu. Chaque fois qu’il ralentissait la cadence, c’était pour repartir de plus belle. Il semblait infatigable. Ses pas battaient la terre avec une vigueur assurée. Les grelots attachés à sa culotte accentuaient la cadence folle de ses mouvements. Outre par ses talents exceptionnels de danseur, Liv se démarquait des autres miséreux qui recouraient à l’art du divertissement pour survivre ; il était grand et svelte et la façon dont il évoluait avec précision et force lui conférait une grâce étrangement féminine. Cette beauté détonnait néanmoins avec son hygiène apparente. Il était crasseux des pieds à la tête, bourré de vermines. Ses longs cheveux étaient emmêlés au possible. Il n’était également pas du tout gêné par le fait que ses bas rapiécés tombaient souvent bien en dessous de ses fesses. Avec tout ça, il puait. Comme tout le monde dans les faubourgs de Thaar. Ses yeux étaient fermés ; une habitude qu’il avait depuis tout petit lorsqu’il dansait.


Les clappements des passants résonnaient comme un bruit distant. Depuis le Voile et la venue d’Arcam en Ithri’Vaan, chaque fois qu’il dansait, un Chant l’accompagnait. Un Chant que Liv était impossible de décrire. Un Chant qu’il ne pouvait lui même pas reproduire. Ce jour-là, il y avait quelque chose de différent. Le jeune danseur l’avait remarqué dès qu’il avait commencé les plus simples de ses voltes. Ses pas étaient plus déliés et il débordait d’une énergie inaccoutumée. Il se sentait consumé par son propre spectacle. Le Chant retentissait de plus en plus fort. Il réalisa bien vite que les applaudissements avaient cessé. Sans s’arrêter de tourner, il ouvrit un œil et la scène qui s’offrit à lui lui arracha l’air des poumons. Les hommes et femmes de son audience s’embrassaient avec passion. Des corps, étrangers les uns aux autres, certains complètement dénudés, s’enchevêtraient à même le sol. Une passion lubrique se répandant autour de Liv. Il se figea sur place et ouvrit les deux yeux pour être certain de ce qu’il voyait. Une atmosphère libidineuse avait saturé la ruelle. Les misérables y forniquaient sans vergogne. Rien ne semblait être plus importer que la chair et les plaisirs qui en découlent. Liv fit quelque pars en arrière et manqua de trébucher sur un couple en pleine action. « Désolé » dit-il avant de se rendre compte que ses excuses n’étaient nullement justifiées. « Mais arrêtez-ça, voyons ! Relevez-vous ! » Liv se mit mal à l’aise. Loin d’être prude, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi la scène le révoltait tant. Il essaya même de séparer trois femmes aux corps entremêlés lorsqu’il cru reconnaître une de ses amies parmi elles ; la réponse fut brutale, il ne vit pas le poing venir. Ils avaient tous perdu la raison.


Puis, le Chant éclata, assourdissant. Il fit irruption comme quelqu’un venant à forcer l’entrée de l’esprit du jeune homme. Tonitruant. Douloureux. Liv fut immédiatement plongé dans une catalepsie totale. Arcam avait fait son choix. IL faisait maintenant sa place. Liv avait été frappé par la grâce divine et l’appel du Barde était immuable. Lorsque le jeune homme tenta de prendre la fuite, Arcam l’en empêcha et le contraignit à danser encore et encore. Le danseur perdait contrôle. Il devenait un simple pantin. Un clown, car Arcam semblait se jouer de lui et jouer avec lui ; jusqu’à ce qu’il perdit finalement connaissance. Les quelques secondes avant qu’il ne s’évanouisse, la douleur se fit de plus en plus exaltante, comme une petite mort. Les pas du danseur étaient des plus exquis. Liv comprit qu’Arcam ne faisait pas que jouer avec lui, IL cherchait à le soumettre, à le faire plier, à le rendre malléable et à le réduire à un simple vecteur de sa puissance. Il comprit aussi que la meilleure résistance serait de lâcher prise. Et avec la soumission viendrait la clarté. C’était sans appel : il fallait jouer le jeu d’Arcam.


Quelques jours plus tard… Liv porta son regard vers les étoiles et tressaillit. C’est la nuit qu’on voit vraiment. C’est la nuit que la légèreté de notre existence brasille dans les étoiles. Il tressaillit de nouveau. Quitter les faubourgs de Thaar n’avait rien d’anodin pour un orphelin comme lui. Pendant quinze années, ces venelles avaient été les siennes. Il en connaissait les moindres recoins. Beaucoup naissaient et mourraient dans ces rues sans qu’aucune mi-temps ne leur soit accordée dans leur misère. Il y avait pourtant bien mille raisons de vouloir y échapper. Mais il y a quelque chose de rassurant à vivre dans sa propre merde ; une question d’odeur familière. Ma mouscaille vaut mieux que la tienne. Liv ne se sentait pas prêt à quitter ces relents de dèche au goût âcre et à la mordicante touffeur. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il avait décidé de partir au beau milieu de la nuit. Il savait que son départ lui aurait pris du temps. Non pas qu’il eût dû le préparer outre mesure ; il n’avait rien à emporter. Il avait laissé son auget de bois à côté de Lug. Liv ne connaissait pas très bien Lug mais il pensait que c’était un chouette type digne de son auget. Il n’avait pas voulu le réveiller alors il l’avait laissée à côté de lui. Il lui avait aussi volé son flûtiau parce que Lug avait beau être sympathique, il en jouait très mal. Et puis, Lug l’avait volé à Sanzine qui, elle-même, l’avait volé à Sahr. Et Liv aimait bien Sahr. À Lug, il avait aussi volé une bout de métal circulaire. Il ne comprit pas pourquoi il l'avait emporté; une pulsion venue d'ailleurs, comme tant d'autres auxquelles il sera sujet. Il s’apprêtait donc à quitter les faubourgs avec ça et le flûtiau de Sahr en poche. Et cela lui prenait du temps.


L’indécision était compréhensible ; Liv n’avait jamais décidé de quitter Thaar. Ce dessein lui avait été imposé et chaque fois qu’il avait essayé de le remettre en cause, il avait été sujet à d’effroyables migraines. Là, alors qu’il tardait à partir, il sentait déjà son cou se raidir et la douleur grimper le long de son échine. Mais, finalement, les clochettes de son pantalon tintinnabulèrent subitement lorsqu’il fit un bond hors des faubourgs. Un vrai bond de danseur. Immobile, il s’attendait à quelque chose mais rien ne se passa. Dans la nuit, il ne pouvait s’empêcher de murmurer un galimatias double. Il se rendit brusquement compte que rien ne le préparait à son voyage forcé. Il réalisa à quel point il était incapable d’appréhender le monde en dehors des faubourgs de Thaar. Son immobilité trahissait à présent un doute profond. Où devait-il aller ? Quelle direction prendre ? Comment allait-il gagner Naelis ? Sujet à une angoisse soudaine, Liv sentit son âme en proie à un mouvement violent.


Il fut sur le point de faire un pas en arrière lorsque quelque chose lui effleura les jambes. Il sursauta. La chose repassa une nouvelle fois entre ses jambes, en grondant cette fois. Un chien errant. Il y en avait plein les faubourgs. Ces saletés, bien que de nature froussarde, attaquaient parfois les enfants en bas-âge ; jamais des adultes. Liv donna de grands coups de pieds dans le vide afin de le tenir à l’écart mais le corniaud le faucha sans ménagement. Liv tomba en avant, tête la première, sonné, et, avant qu’il ne put se débattre, une douleur cuisante au mollet lui arracha un crie qui érailla la nuit quasi silencieuse. Puis, il se sentit glisser au sol, traîné par l’animal. Il perdit connaissance après avoir compris.


Naelis fut finalement atteint en une dizaine de jours. Liv avait deviné qu’Arcam avait quelque chose à voir avec la survenue du chien errant. Le cabot devait le guider le long de la côte et jusqu’au nord de l’Ithri’Vaan. Mais plutôt que d’un guide, il faisait office de véritable cerbère qui rôdait toujours derrière lui et lui chiquait les talons dès qu’il marchait dans la mauvaise direction ou avançait trop lentement. L’Avatar d’Arcam était gardé. Une nuit, résolu à prendre la fuite, il prit ses jambes à son cou mais l’animal le rattrapa sans mal et une nouvelle migraine l’assaillit. Les maux de tête, il commençait à s’y habituer mais le clébard le forçait à toujours être sur ses gardes. L’animal lui ramenait des cochonneries à manger une fois par jour qu’il trouvait, Liv ne savait où. Le danseur arriva à Naelis à bout de force et le chien sur ses talons, littéralement. Ce fut aux abords de la ville qu’il comprit pourquoi Arcam lui avait commandé de se rendre à la ville du nord de l’Ithri’Vaan ; des passants parlèrent du temple d’Arcam construit dans le cœur historique de la cité des suites du Voile. Les intentions du Barde se dessinèrent.




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Finnegan Sidhe
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MessageSujet: Re: L'Appel d'Arcam   L'Appel d'Arcam I_icon_minitimeDim 24 Juil 2016 - 13:18


- Monsieur de Nils Klemens? Il y a un page qui demande à vous voir…
- Un page? Je ne reçois pas les pages à ma table! Ricana l’homme méchamment. Demandez-lui ce qu’il veut et chassez-le!
- Mais monsieur, fit le serviteur, mal à l’aise, c’est qu’il est muet…

Benedicte avala de travers. Combien de gaillard muet pouvait-il y avoir à ses trousses? Statistiquement ce ne pouvait être qu’elle. Pourtant, elle avait dit qu’elle préfèrerait mourir plutôt que d’être associée à lui

- Ce page, il est fluet et très pâle? Pas d’ici?
- Oui monsieur, probablement pas, monsieur…
- Humm! Oui… Ce n’est pas vraiment un page… Messieurs, excusez-moi...

Benedicte quitta la table de jeu à laquelle il était occupé. Il revient sur ses pas, vida sa coupe pour se donner du courage, la reposa sur la table, réfléchit une seconde et s’en versa une autre qu’il emporta avec lui. Oui… Il lui faudrait au moins ça….

Benedicte donnait le change. Il se montrait, dilapidait une fortune, se faisait présent. Personne à Solaria ne douterait qu’il était établit à Thaar. Ça avait été amusant d’y entrainer Sickert et Rhys… Mais Sickert s’était lassé et Rhys avait dû vaquer à ses affaires avec les sans couleurs. Finn? Ce n’était pas le genre de Finn… Enfin, si… Mais Finn était Finn…

- On m’a volé…

- Pour vrai? Répondit Benedicte d’un air ahurit. T’avais quelque chose à voler?

L’humeur de Finn se détériora d’un cran. Benedicte haussa les mains au niveau de ses épaules en signe de reddition.

- D’accord, c’est vrai que tu réserves plein de surprise. Qu’est-ce qu’on t’a volé?

Finn hésita. Chercha ses mots. Un synonyme. Une désignation. Parce qu’elle n’allait quand même pas avouer à Benedicte de Nils Klemens, lieutenant de la compagnie de mercenaire de DuSaule, qu’on lui avait volé sa couronne.

- Tu ne me diras pas de quoi il s’agit? Mais c’est assez important pour que tu viennes me demander mon aide…
- Je veux pas de ton aide! S’insurgea la jeune femme. Elle était désespérée.
- Ah non? Merveilleux! Je croyais que tu venais me déranger pour ça! Alors tu t’es décidée à venir trinquer avec moi! C’est fantastique! S’anima le lieutenant en lui passant un bras autour du cou pour l’entrainer dans le bauge. Allez, viens, entre ma mignonne! Tu tombes bien, je n’avais encore choisi aucune fille pour s’assoir sur mes genoux!

Finn se déroba et fit demi-tour en tapant des talons. Trois pas plus loin, elle se retourna pour l’agonir d’invective.

- Comment ai-je pu croire que tu pourrais être utile à quelque chose!

- Dit-moi ce qu’on t’a volé. Ton frère n’est pas là, t’es seule au monde et t’as besoin de mon aide.

Acculée, Finn dû se résoudre à collaborer.

- On m’a volé une couronne…

- Une couronne?

Elle entendait l’interrogation dans son ton mais elle choisit délibérément de ne pas y faire attention.

- Chez Rhys… Et il y a eu une livraison de légume du marcher, une grande commande pour le souper de ce soir, il y avait plusieurs gamins qui ne viennent pas habituellement et il y en a manifestement un qui était un voleur… Il a piqué mon paquetage.

- Ah je vois… Donc on ne t’as pas volé une couronne spécifiquement, seulement par inadvertance…
- C’est ça…
- Est-ce qu’on est vraiment en train d’avoir une conversation sur le vol d’une couronne? Demanda Benedicte en examinant le fond de sa coupe.
- Benedicte, ça n’a qu’une valeur symbolique, c’est de l’acier polit du septentrion provenant des Mont de fers, ce n’est pas un joyau…
- Mais ça a une valeur symbolique suffisante pour que tu viennes me chercher jusqu’ici…

Les Wandres… Sickert était un pirate mais Finn était une terrestre et elle venait des Wandres. Il n’y a pas de royauté dans les Wandres, seulement des clans… Mais Finnegan ne portait pas un nom de clan, Sidhe… Il ne se rappelait plus de la signification de ce mot, mais ce n’était pas un nom de clan. Il avait cherché à le savoir lorsqu’ils s’étaient engagés dans la compagnie. Il n’avait pas pu la relier à un clan, seulement à une sorcière d’eau du nom de Daoine Ingrid. Cette femme qui avait commandé son meurtre à son propre frère… Et il était question d’une couronne symbolique… Voilà qui était très intéressant.

- Pourquoi t’as pas demandé à Rhys de t’aider?
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