Soir de défaite [Libre-Beuveries et festivités]

Jindanor pouvait enfin se laisser amplement aller à ces festivités, et lorsque je vous dis qu'il se laisse amplement aller, c'est dans l'alcool et la bonne humeur !
Aux côtés de ses anciens camarades de la Garde de Laval, et par dessus-tout aux côtés d'Anthoine ! Ha l'alcool coulait à flot et c'était là peu dire, les quelques compagnons buvaient et chantaient là depuis quelques heures déjà, le ciel s'était déjà couvert de cette lueur orangée, couleur qui se reflêtait dans l'ambre de leurs pichets.

Tous assis à la même table en plein centre de l'une des nombreuses tavernes de notre belle Serramire, le rire aux lèvres - et pour certains le renard  - les chants de l'auberge noyait l'humeur de Jindanor qui se voulait quelque peu morne et biaisée.. Il n'était pas triste d'avoir perdu ce tour, bien au contraire, il en était presque fier. Ce qu'il avait, ce qu'il ressentait ce n'était rien d'autre que l'appréhension, la peur. Une impression de mourir qui lui prenait le coeur. Il n'avait pas pu revoir Cécilie depuis...Cette discussion avec même sa mère, et quelle discussion.. Qu'est-ce qui lui avait pris de réagir ainsi ? D'être ainsi franc ?

-Mais à quoi bon s'en faire ! Tant qu'on a de la bière ! Chantait Anthoine avec ses camarades, entraînant Jindanor dans un chant qu'il connaissait déjà bien, le faisant rire malgré lui, les litres d'alcool qu'il avait vidé l'aidant bien évidemment ! Et pourquoi s'en faire , regardez la Gertrude ! C'est toute une attitude !

-Positive à l'aurore, cette femme vaut bien, du monde,  tout son or ! Jindanor avait repris en coeur avec ses compagnons, riant entre les échos et secouant sa choppe avec vigueur et riant séant. Il noyait son chagrin et toute l'amertume qu'il avait dans l'amertume de l'houblonneuse ! Et quoi qu't'en dises ! Elle saurait t'verser ta tise !

La belle Gertrude sait t'servir !
Et parfois t’enorgueillir !
De cette vigoureuse,
Et flattante pinée !
Qu'on a pour cette gueuse !
Allons chantons ! Allez !
Et continuons d'vider notre boisson !!!

-Attendez ! Attendez ! Jindanor ! Chante nous l'Gars sans couardise ! S'mit à d'mander Germain, les quatre autres gaillards avec Anthoine dans l'lot s'tournèrent alors vers l'Ours en ricanant, commençant à frapper de leurs choppes sur le bois martyrisé de cette table, l'entraînant rythme étant lentement repris par quelques autres clients puis, finalement par le reste de l'auberge, scandant l'nom du Géant qui.. De ce fait, ne pu riposter.

-Vous m'le paierez un jour ! Dit-il avec un léger hocquet, le rire prenant le dessus avant de se redresser sur ses deux pattes, manquant d'envoyer sa chaise s'écraser sur le parquet de la taverne. Anthoine, trouve-toi un Luth ! Dit-il en ricanant, avant que celui-ci n'cherche le barde du coin, et l'invite à les rejoindre à leurs tables en lui tendant une boisson fraîchement versée dans une choppe. Celui-ci les rejoignis en riant d'autant s'emparant de la dîte avant d'hésiter à tendre le Luth à l'homme quelque peu éméché..

Lorsqu'Anthoine fut armé de celle-ci Jindanor vint faire claquer sa main contre le bois, dans un rythme continu repris par deux des gaillards autour de sa table, Anthoine commençant à gratter les cordes du Luth, un rythme enjoué et vivant, que Jindanor s'empressa de couvrir de sa voix grave et portante !

Cette histoire, mesdames et messieurs,
M'est arrivée un beau matin ,
Un beau matin, oui ma promise,
Venant quérir votre main !
Un beau matin, et sans hantises !!
Où je marchais comme un vaurien,
Un vas-nud-pied, un sans chemise!
Un renégats, un bon a rien !

Un pauvre gars, oui, mais sans couardises !
Bien fier de lui, sombre crétin !

J'rencontrais dame Onguenille,
vêtu de bien vilaine façon,
Un beau paria, un sans famille !
Qui n'avait jamais eu maison !
Un toit moi j'en ai jamais eu !
Et n'en veut point quelle déraison !
Si j'aurais su j'aurais bossé,
et s'rait pas là à m'gratter l'fion !

Un pauvre gars oui, mais sans couardises !
Très fier de lui, il a raison !

Marchant encore d'un pas joyeux,
je tombais là sur un notable,
Bien beau bien gras,le teint huileux,
Il m'dit : "Vient donc t'asseoir à ma table !"
Moi j'voulais rien, juste aller loin,
Bien au devant vers chez ma belle !
Mais tu feras quoi sans un frusquin !
Mais fallait pas , les traîne-semelle !

Un bon gars oui, mais sans couardises !
Bien fier de lui, et bien réel !

Passant cette fois, près d'une guinguette,
L'idée m'emprunt de boire un coups !
Je rentrais donc chez la Thoinette,
Avec l'envie d'un bon vin doux !
Mais quelle ne fut points ma surprise,
Quant enfin presque à genoux,
Je vis ma belle, oui ma promise,
avec un autre pendu à son cou !

Un beau gars oui, ben là c'est sûr !
Pas fier de lui, mais prêts à tout !

La morale, mesdames et messieurs,
je vais vous la conter séant,
Un bon gars oui, même meilleur,
n'a pas sa place sans argent,
Et puis qu'importe, qu'à cela n'tienne !
Puisqu'il m'faut aller de l'avant !
J'ai toujours ma flutte et mes peines,
alors j'vais écrire des chansons !

Un pauvre gars oui, mais sans couardises !
Plein de ressources et d'ambitions !

HRP:

Ils se mirent à chanter en cœur, dans des "La lalala" entraînant, suivant le Luth qui était repassé aux mains du Barde qui s'enorgueillait de mieux le manier qu'Anthoine, qui lui était passé à la sifflote, fiérot et riard suite à cette belle chanson !

Jindanor lui, se tenait encore debout alors que les gars ricanaient, les autres saluant cette chansonnette d'un mouvement de pinte. Jindanor finit par s'asseoir lourdement sur son banc avant d'être pris par le cou par Anthoine qui vint le secouer en riant bien heureux.

A quoi bon s'en faire, j'suis qu'un pauvre gars oui, mais sans couardises ! Plein de ressources et d'ambitions !