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Sujet: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Lun 12 Sep 2016 - 22:12
La journée avait été plutôt bonne.
Pour commencer, Venn avait mis la patte sur un contrat plutôt juteux qui l’emmenait loin de Thaar pour quelques jours. D’une pierre, deux coups pour Rhys : il n’avait pas à le supporter pour un temps, et il renflouait les caisses des Sans-Couleurs, qui en avaient bien besoin. Ensuite, Ellandra semblait être tout à fait remise de sa blessure. Il avait passé la matinée à s’entraîner avec, et à part la rouille de ne pas avoir touché une lame en trois ennéades, la jeune femme avait regagné toute sa mobilité et rien perdu de son talent. Pour finir, il venait de passer deux petites heures à La Rose et le Lys en exquise compagnie. Nymaël l’y avait accompagné, mais Rhys avait perdu son flamboyant comparse de vue dès que Liah s’était approchée. Il n’avait aucune idée d’où il se trouvait désormais, et, à vrai dire, pas grand chose à en faire. Les cheveux encore humides, encore un peu gris du parfum sucré de la demoiselle, Il quittait l’établissement d’un pas nonchalant.
La journée avait été incontestablement bonne.
Et la soirée s’annonçait du même calibre.
Le plan était simple : rentrer se changer, dévorer quelque chose puis direction le port. Plusieurs navires de Leurs Seigneuries arrivaient en fin de journée, et avec eux une marée de marins fraîchement débarqués, désireux de boisson et de divertissement, et surtout tout juste payés. De la proie de qualité, plumable à volonté, à la mémoire courte et aux humeurs gérables à coup de tournées générales. Un pur régal.
Distrait qu’il était à déjà s’imaginer les poches pleines, il ne remarqua la frêle jeune femme que lorsqu’elle fut sur lui. Elle était petite, vêtue d'une robe sombre. Son visage aux traits quelconques était encadré de cheveux sombres également. Elle n'était pas désagréable à regarder, mais tout chez elle dénotait une envie intense de ne pas se faire remarquer. Et elle avait presque l'air désolée d'être là. “Monsieur Nymaël?”
Rhys ne sut immédiatement quoi répondre. Difficile de les confondre, pourtant : au delà des maniérismes tout à fait flamboyants de son ami, de sa longue chevelure dorée ou de ses iris plus dorés encore, de leur différence notable de taille ou de qu’en savait-i, *une* caractéristique en particulier rendait la confusion tout à fait impossible : Rhys n’avait pas les oreilles pointues. Même pas un petit peu.
“... Je ne sais si je dois être flatté ou non, mais… Non, pas de chance.” Il chassa son expression qu’il devinait déconcertée avec un sourire, comme à son habitude. “En revanche il travaille pour moi. Je peux peut-être vous être utile, mademoiselle…?”
La mine de son interlocutrice se fit très gênée. Elle lui sourit néanmoins. “Zarra, j-je me nomme Zarra. Pourriez-vous… me mener à lui? - Malheureusement il semblerait que je l’aie égaré, et je ne crois pas qu’il soit encore à l’intérieur. Vous m’en voyez navré.”
La jeune femme passa de gênée à très visiblement embêtée. “Il est bien à votre service, vous dites?” Cela fit rire le mercenaire. “Je ne pense pas qu’il le dirait en ces termes, mais oui, tout à fait.” - Cela devrait suffire”, dit-elle, se parlant plus à elle-même qu'à lui. “Seriez-vous disposé à me suivre? Ma maîtresse souhaite vous rencontrer."
Au tour de Rhys d’afficher une mine embêtée. “C’est à dire que… il se fait tard, et j’ai déjà prévu quelque chose pour la soirée… - De vous à moi, je préfèrerai vraiment que vous me suiviez....C'est que ..... l'on me laisserait pas revenir seule." La pauvre avait l’air misérable.
Rhys la considéra quelques instants. Elle avait nettement l’air plus embêtée qu’il ne la suive pas que lui de voir ses plans contrariés. Peut-être que l’entrevue ne durerait pas si longtemps. Peut-être qu’il aurait même le temps de passer par chez lui avant de se rendre au port, malgré tout. La nuit serait longue, après tout. Oh, eh puis pourquoi pas ? Mais avant… “Oserais-je m’enquérir de qui vous envoie? - La G-grise Sirène, messire. - Oh.
La Grise Sirène. Shynrae Irvin Sin'Do'Rah, marchande de renom, principalement versée dans les huiles. On lui prêtait, supposément, d’autres sources de revenus, notamment dans le secteur du “divertissement”. Connue pour son goût pour le faste, son caractère difficile, et une certaine cruauté. Notamment envers son personnel servant.
"Eh bien il vaudrait mieux que je vous suive, alors. Nous ne voudrions pas que quelque chose vous arrive."
Le visage de la jeune femme s’illumina. “Merci ! Merci… monsieur…? - Dora’an. Mais appelez-moi Rhys, je vous en prie." Il fit une pause, tous sourirs lui aussi. “Où allons-nous? - Laissez-vous guider."
Elle l’attrapa par le bras, ravie, et l’emmena en direction du port. Rhys y passerait peut-être la soirée, malgré tout.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Mar 13 Sep 2016 - 11:34
Le Chant des Sirènes
& Rhys
[2ème ennéade de Karfias, An 9.]
Pour son plus grand malheur immortelle, Shynrae devait bien l'admettre, elle commençait à s'ennuyer ferme. Les quelques ennéades passées en son domaine de Magsque - où l'attendaient mille et une besognes - avaient donné du grain à moudre à son esprit impatient, l'avaient détourné de ses attentes qu'il lui fallait pour le moment contenir. Mais depuis son retour à Thaar, elle trouvait le temps fort long. Certes, la Sirène avait encore à faire, nombre de choses à préparer en vue d'un probable et – elle l'espérait – imminent départ pour le Puy d'Elda. C'était sans compter sur l'absence de nouvelles du tant attendu Haut-Prêtre d'Uriz, carence qui lui sapait tout esprit d'initiative. Pour parfaire son état de déveine, sa blessure à la cuisse ne se distinguait guère d'une flagrante évolution … La souffrance qu'elle lui infligeait se faisait toujours présente, voir même d'une rare intensité pour injurie presque cicatrisée. Shynrae devait encore supporter l'appoint d'une canne pour se déplacer, et maugréait à tout va quant à son désespoir. Autant qu'un fort désagréable souvenir – en l’occurrence la venue en son territoire d'un être abject - , le traumatisme lui houspillait d'autres observations, notamment son incapacité actuelle à chevaucher. Jusque là la Doeben s'était confondues en moult efforts, désormais amoindris par un amer sentiment de lassitude. Si personne n'avait été assez efficient pour la délivrer sa guibolle de sa geôle de tourments, de moins conventionnelles méthodes seraient alors à envisager. Hors de question que la sombre ne retrouve le Prima dans cet état de désolation.
L'idée lui avait effleuré la conscience depuis quelques jours déjà, alors que la Grise avait surprit une conversation désuète entre deux de ses esclaves, au sujet d'un talentueux ménestrel ayant officié au cours d'une réception d'un Prince Marchand. Si le dénommé Nymaël se révélait être un artiste – et ce dans plusieurs domaines – apparemment de qualité, c'était surtout pour autres de ses prouesses qu'il avait capté l'attention et l'intérêt de la maussade Dame Irvin. On lui attribuait de formidables dons concernant l'Art, non plus ces talents matériels propres au communs, mais bien la manipulation d’énergie en son sens le plus ésotérique. D'aucuns disaient que le mage avait accompli nombre de miracles, dont l'exploit d'avoir fait repousser un membre à un manchot. C'est alors par une vêprée ordinaire que Shynrae se mit en tête de rencontrer le guérisseur, envoyant ainsi Zarra à travers Thaar trouver ce prophète inespéré. Chose qu'elle ne fit point … tout à fait. Ses informations la menèrent aux portes d'une estimable maison de plaisirs, la Rose et au Lys, établissement tenu par une consœur appréciée de sa maîtresse, dont elle préféra tenir le perron plutôt que d'importuner le personnel. L'homme que la jeune femme dérangea se révéla ne point être la juste cible, mais sa filiation à l'enchanteur lui intima de le mener au manoir Irvin. Cela serait moindre mal de ramener à la grisonne un moyen d'atteindre son dessein que de revenir bredouille.
Ils serpentèrent ensemble dans quelques ruelles, au gré des lanternes faisant la part belle à tout un réseau d'ombres inquiétantes, s'approchant du faubourg portuaire et de ses relents caractéristiques. Mais plutôt que de se diriger vers les docks malfamés en cette fin de crépuscule, elle les fit bifurquer sur les venelles encore animées du débarcadère de plaisance. Les hauts étages de la demeure se détachaient des logis plus modestes attenants. Sur la massive porte de chêne, lourdement posée à la suite d'une menue volée de marches, était sculpté le blason de la lignée des corsaires Oliyens. « Nous y voilà. » Souffla t-elle avec autant de satisfaction que de fierté, alors que le guet armuré les autorisait à entrer. Le hall était comme d'ordinaire, beaucoup trop sombre et angoissant, les boiseries plus ténébreuses encore ainsi plongées dans quelques halos épars. « Ma Maîtresse vous attend dans son office, à l'étage. Je vais vous y mener. » Sans vraiment lui laisser le temps d'apprécier la pièce, la servante entama une ascension pressée de l'escalier, dont elle quitta le sillage au premier palier pour s'enfoncer dans un corridor obscur. A la seconde porte, Zarra asséna quelques timides coups d'un ouvragé heurtoir, avant de tirer l'anneau vers elle. Un grincement leur dévoila un petit salon éclairé de chandelles anthracites, assombri par d'imposantes et débordantes bibliothèques courant le long de presque tous les murs. Près d'une ouverture condamnée par un grand rideau pourpre, trônait un majestueux secrétaire laqué, entouré de deux gros fauteuils au revêtement tout aussi carmin que la tenture. L'un d'eux était occupé par une créature plus terrifiante encore que les lieux, dont seuls les traits ciselés ainsi que les oreilles en pointe trahissaient les origines. Elle toisa les arrivants de ses bien pâles prunelles, reposant avec une froide délicatesse le verre de vin qu'elle sirotait. « Bien. » Intima t-elle à son hôte en l'invitant d'un geste élancé d'une main effilée à prendre place dans l'assise vacante. Un fauve, allongé à ses pieds sous le bureau, grogna. « Héméra, allons. Tu ne voudrais pas effrayer notre invité, n'est ce pas ? » Sourit-elle en dévoilant une rangée de crocs aigus alors que l'homme s'installait face à l'horreur de sa personne. La crispation qui lui serra les dents au moment où elle réalisa – à la lueur d'une flamme proche - qu'il ne s'agissait point du flamboyant trouvère se révéla trop subtile pour qu'il n'en discerne quelque chose. Obliquant du chef avec une infinie lenteur vers la duègne restée sur le seuil, Shynrae soupira. « Zarra. Buse que tu es Zarra … Ne cesseras-tu donc de me faire démonstration de ton idiotie ? Cela en deviendrait navrant … Si je ne te savais point en effet, si stupide. Bêtise de ma part que de t'avoir envoyé toi, et non une autre quérir ce Nymaël que je n'ai sous les yeux. » La pauvresse tenta à plusieurs reprises de répliquer sans parvenir à interrompre tout à fait l'apathique drow. « Gardes tes prétextes pour plus tard, je méditerai quant à des représailles à la hauteur de ma constante déception … Sors. »
Son regard nacré de posa sur l'inconnu, avec autant de mépris de voir là un humain que de déconvenue, néanmoins avec une pointe notable de surprise. « Aurait-elle aggravé son erreur en amenant en mon foyer quelque âme dont je ne puisse trouver d'utilité ? Maintenant que vous êtes là... Je vous accorderai une faveur, celle de vous laisser vous exprimer quant à votre identité. Je suppose que vous avez connaissance de ma requête originelle, et qu'il soit plausible que vous soyez un moyen d'y parvenir ? »
Rhys
Humain
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Lun 19 Sep 2016 - 20:24
Dire que le manoir Irvin rendait les demeures attenantes modestes était un euphémisme. S’élevant sur plusieurs étages, gardée en permanence, scellée de lourds battants de bois brut, la bâtisse se démarquait très nettement du reste du quartier. Rhys y avait déjà pénétré, ayant travaillé avec Dame Irvin par le passé, mais sa première visite s’était arrêtée au vestibule. Il n’aurait jamais pensé revenir un jour, et encore moins à la place de Nymaël.
La jeune Zarra lui fit passer la porte, et la première chose qui frappa le jeune homme, plus que la décoration très… drow, plus que le manque de lumière, c’était le manque de fouille. Personne ne l’avait arrêté pour l’inspecter, personne ne lui avait demandé de laisser ses armes à l’entrée. Non pas qu’il ait dans l’idée de menacer la propriétaire des lieux, encore moins chez elle, mais il aurait cru la drow plus stricte. Certes, il était heureux de s’économiser un quart d’heure, temps qu’il lui aurait fallu pour enlever, puis remettre la myriade de lames courtes qu’il cachait un peu partout sur lui, mais il espérait que tant de légèreté dans les mesures de sécurité était une exception. Il n’eût pas vraiment le temps de s’imprégner de l’ambiance angoissante qui régnait dans le lieu, Zarra l’emmenant immédiatement à l’étage. Cette fois, au moins, il n’aurait pas à attendre une heure debout dans l’entrée. La pièce dans laquelle ils trouvèrent Dame Irvin aurait plue à Eylin : des bibliothèques aux chandelles noires, en passant par la panthère qui se prélassait au pied du massif bureau. Rhys, lui, n’avait d’yeux que pour la drow. Certes, il l’avait déjà vue, il lui avait même déjà parlé. Mais déjà la première fois, il avait eu du mal à la quitter du regard. Elle semblait exercer sur lui une fascination qu’il ne s’expliquait pas. Oh, certes, elle était d’une beauté rare, mais il avait connu de belles femmes auparavant. Dame Irvin, elle, était terrifiante. Et il faudrait à Rhys toute sa concentration pour ne pas lui laisser remarquer.
Il s’assit sur le siège qu’elle lui avait désigné, et se déganta en silence alors que la marchande réprimandait sa servante. La pauvre Zarra, qui n’avait même pas eu l’occasion de se défendre, les laissa bientôt, et avec l’attention de la drow vint le malaise. Il se sentait… dénudé par le regard de nacre de son interlocutrice. Et pas le bon genre de dénudement, loin de là. Il sentait également qu’elle le méprisait, les drows méprisant plus ou moins tout le monde à des degrés variants d’intensité, et force était de constater qu’elle ne faisait pas grand chose pour lui montrer le contraire. Ce qu’il pouvait, d’une certaine façon, respecter. Il lutta contre le sentiment croissant de vulnérabilité de la seule façon qu’il connaissait : par l’artifice. Se composant une attitude nonchalante, il se laissa aller contre le dossier, les jambes croisés, les mains croisées sur le ventre, un sourir détaché aux lèvres. Il fut dans un premier temps surpris qu’elle n’ait strictement aucun souvenir de lui, et peut-être un peu vexé, aussi. S’il était une chose dont il aimait se targuer, c’était de faire impression. Mais leur première rencontre datait déjà de plus d’un an, et Dame Irvin n’était pas le genre à se remémorer quelqu’un avec qui elle n’avait que brièvement travaillé, supposait-il. Ainsi il se présenta pour ce qu'il espérait être la seconde fois, et non la deuxième. “Rhys Dora’an, Capitaine des Sans-Couleur. Votre servante m’a dit chercher un de mes hommes, Nymaël, et avait l’air embarrassée à l’idée de revenir sans personne. Je n’ai peut-être pas la rime aussi facile que mon compagnon, mais j’ai pensé que je ferais l’affaire pour relayer le message, et sais qu’il me fait confiance quant aux décisions qui le concernent.” Cette dernière partie n’était pas tout à fait correcte, au contraire, Nymaël détestait que Rhys s’engage pour lui, mais cela, la drow n’avait pas besoin de le savoir.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Jeu 29 Sep 2016 - 14:54
La maîtresse des lieux resta interdite devant l'insolente indolence du mortel. Tout, autant le ton de ses paroles voulues désuètes que sa flegmatique attitude en cet environnement pourtant hostile, tout lui crachait à la figure combien l'homme n'avait cure de l'incertaine issue de cet entretien fortuit. Ceci accentuant plus encore le dédain dont elle ne pouvait le priver. Les mains croisées, les phalanges appuyées contres leur jumelle symétrique se mouvant en un ballet ondulant, – l'empêchant ainsi de se jeter sur le premier objet à sa portée pour extérioriser sa grogne – elle écoutait les intolérables explications du chef de guilde. « Ainsi vous me proposez d'être mon messager.... Capitaine Dora'an. » Souffla Shynrae en attrapant sa coupe dont le liquide cramoisi s'échappa en gouttes éparses, tachant au passage ses propres atours ainsi que la chemise blanchâtre du mercenaire. « C'est que .. d'ordinaire, je m'arrange pour œuvrer avec le moins d'intermédiaires possibles, voyez-vous. Avant que l'on ne vous amène à moi en ma propre maison, je ne pensais avoir besoin d'un énième moyen de parvenir à mes fins avec notre désiré Nymäel.... Pour autant, s'il me semble aussi fugace que la fumée, je constate qu'il soit contraint à une certaine allégeance, dirigée vers votre personne. » Elle s'envoya le contenu d'un geste sec du poignet, presque sans la couper dans son intervention. « Cela peut effectivement m'être utile. »
Se redressant de toute sa stature, la Sirène entreprit de faire le tour de l'écritoire, se dirigeant vers l'une des rangées d'antiques ouvrages dont elle épousseta les reliures de cuir colorées. Tourner le dos à cet interlocuteur ne semblait point la déranger, c'est que, il avait agacé sa curiosité en faisant référence à sa corporation dont le nom ne lui paraissait point si étranger. « Mmh... Sans-Couleur, … Oui... » Marmonnait-elle pour son propre compte en caressant les lettrines rugueuses, - comme si l'homme ne se trouvait plus dans la pièce et qu'elle y était seule - avant d’émettre un jappement satisfait en retirant un livre de son étreinte. Elle l'ouvrit directement pour dévoiler non pas un contenu classique – et donc des pages – mais un système de coffret dévoilant un petit carnet, qu'elle consulta avec empressement. « Ah ! Voilà donc.... » S'exclama la Doeben en reportant sa néfaste attention sur Rhys, toujours attablé devant le bureau. « Je me disais bien que ma mémoire ne me jouait point de tours! Tout comme votre suffisance me rappelais bien une ancienne rencontre. Ainsi donc, nous avons déjà œuvré ensemble, du moins, vous avez déjà , bien que sans conviction, servi ma cause. C'est vous qui par le passé avez accepté une mission de brigandage sur la Côte Brûlée ? Investir la cité de Méthylène, dans le but d'affaiblir son bourgmestre Alyon de Sancerre … Oui, j'avais fais appel aux Sans-Couleur afin que l'on ne puisse m'attribuer la responsabilité de ces incursions, je dois dire que je me suis délectée de la réussite de vos interventions.
Oui, je me souviens de vous, Monsieur Dora'an, vous qui vouliez refuser mon offre, ne désirant être mêlé à, je cite," les caprices d'une vieille privilégiée fantasque qui ne connait pas la signification de non ", avant que vos propres hommes ne parviennent à vous convaincre d'accepter, à contre-coeur je n'en doute point, ce contrat. Et vous voilà désormais dépositaire d'un moyen d’annihiler l'immense courroux que j'ai ressenti à votre égard.... »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Lun 17 Oct 2016 - 20:17, édité 1 fois
Rhys
Humain
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Mar 11 Oct 2016 - 20:37
La nonchalance de façade de Rhys avait fait mouche : derrière son massif écritoire, la drow essayait à tout prix de contenir son courroux. Il avait conscience que son attitude n’était pas très urbaine, mais il préférait de loin que son interlocutrice le méprise pour son manque de sérieux plutôt que de perdre le peu d’ascendant qu’il avait sur la situation. Car pour l’instant c’était encore lui qui avait la main mise sur l’échange : c’est Shynrae qui avait besoin de lui, ou plutôt de Nym, et non l’inverse. Et au vu des efforts qu’elle déployait à l’intimider, elle en était consciente. Rhys devait donc maintenir sa garde à chaque instant tout en affectant de ne pas le faire, au contraire.
Voilà pourquoi il laissait généralement Nymaël s’occuper des négociations.
D’autant que la drow était douée. Commencer par réduire son statut à celui de simple messager, puis lui faire comprendre qu’il n’était qu’un mal nécessaire à sa transaction… Dame Irvin méritait sa réputation de négociatrice de talent. Il lui fallait une réponse à la hauteur, de faire comprendre à la marchande qu’il était sa seule option, et non un ‘énième intermédiaire’. « Nymaël a effectivement un don certain lorsqu’il s’agit de disparaître. Encore plus lorsqu’il ne veut pas qu’on le trouve. Il faut dire que le bougre connaît la ville et ses moindres recoins comme sa poche… Heureusement, moi aussi. » Ce sur quoi il colla un sourire parfaitement entendu. Ce qu’il pouvait détester ce genre de subtilités, encore plus lorsqu’il était sous pression… Il suivit Shynrae du regard alors qu’elle se dirigeait vers sa bibliothèque et lui tournait le dos, notant au passage qu’elle boitait ostensiblement, et soudain un poids quitta ses épaules. Cela ne dura pas longtemps, mais cela fit du bien. Vraiment, ce qu’il aurait donné pour aller plumer des marins plutôt que de négocier, et avec Dame Irvin de surcroît… Quel sale début de soirée.
Et ça n’allait pas en s’arrangeant. Dans ce que Rhys supposa être un carnet de comptes, la drow avait retrouvé leur première collaboration. Il aurait préféré ne jamais avoir à y repenser ; il n’était pas fier de ce que lui et Olvar avaient fait. Nééra sait s’il avait tout fait pour éviter d’avoir à remplir ce contrat, allant jusqu’à insulter la commanditaire, comme elle s’emblait si bien s’en rappeler. Dos au mur, néanmoins, il avait fait ce qui était nécessaire. Et il l’avait fait en prenant soin de ne porter préjudice qu’au bourgmestre de Méthylène, jamais à ses habitants directement… Il tenta tant bien que mal de chasser ces souvenirs de son esprit, mais son sourire était tombé… Enfin, pas pour longtemps. Elle venait de lui laisser une ouverture, et si Rhys n’était pas un négociant, il était duelliste : il n’allait pas se priver de l’exploiter. « Un courroux si… intense, lança-t-il avec un sourire carnassier, que vous ne vous souveniez même pas de qui j’étais lorsque j’ai passé cette porte. Ah vraiment, quelle colère sans limites ; je suis certain que vous n’avez vécu depuis que pour vous venger de cet odieux affront que je vous ai causé, ma Dame. » Son expression redevint sérieuse. « Et si nous cessions les passes d’armes, Dame Irvin ? » Il se leva à son tour, se mettant à la hauteur de son interlocutrice. « Le fait est que présentement, Nymaël est probablement la seule option qu’il vous reste pour ce qui est de soigner votre jambe, je me trompe ? Non, votre boitement n’est pas des plus discrets. Certainement, pour en arriver à requérir les services d’un elfe, c’est que vous avez épuisé toutes les autres ressources qui étaient à votre disposition. » Il fit un pas en avant, baissant la voix d’un ton. « Et, là, tout de suite, je suis la seule personne qui puisse faire la liaison entre vous et lui. Or je n’ai aucune dette envers vous, encore moins morale. J’ai accompli les termes du contrat d’une façon que vous avez jugée, d’après vos propres mots, délectable ; quant à vous, vous m’avez payé la somme due. Notre transaction s’est terminée là, et je ne me souviens pas vous avoir entendue vous plaindre, alors, de mon ton ou de mes mots. » Un autre pas en avant. Il avait conscience de jouer avec les limites, mais il avait perdu toute patience pour les préliminaires lorsqu’elle avait mentionné Méthylène. « La vérité, c’est que vous n’avez guère d’autre choix que de passer par moi. Alors dîtes-moi, Dame Irvin : que puis-je pour vous ? »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Ven 14 Oct 2016 - 10:40
En d'autres circonstances elle l'aurait très probablement refroidi de ses propres mains. Nul besoin de préciser que l'insipide disparition d'un énième insignifiant mortel n'heurtait qu'à peine sa bonne conscience. Le sourire mutin du mercenaire lui hérissait le poil autant que ses répliques séditieuses , parsemées de gouailles. S'il se sentait impressionné par la sombre il n'en exprimait absolument rien, et lui tenait tête avec un certain panache que d'autres auraient qualifié de stupidité téméraire. Son volcan intérieur bouillonnait de façon alarmante, alors que le Chef des Sans-Couleur démontait point par point sa précédente mis en garde. Si l'elfe le laissait s'exprimer sans l'interrompre – autant à cause d'une curiosité malsaine qu'une forme de retenue – elle ne pouvait s'empêcher de ponctuer chacune de ses nouvelles charges d'une grimace aussitôt réprimée. Son laïus terminé, une ultime interrogation lâchée à la face du monde tandis qu'il osait l'affronter frontalement, la Doeben laissa le silence revenir puis prendre ses quartiers. Seul le vent dehors emplissait leur ouïe de son sifflement déformé.
Ils se faisaient face. Leurs nez se touchant presque – du fait de leur taille relativement similaire – leurs souffles se mêlant dans une joute qu'ils ne considéraient point. L'haleine de l'homme semblait sucrée et cela scella la fureur de la Drow, tant le souvenir inopportun de feu son époux s’immisça dans l'oppressante pièce. Domptant chaque muscle, chaque terminaison nerveuse pour ne pas agir, Shynrae quitta la douloureuse proximité qu'elle partageait avec son partenaire pour s'approcher du pupitre et s'installer dans son fauteuil. Le transperçant toujours d'un regard glacial. Ce n'est qu'une fois dégagée de ce corps à corps imprévu, retrouvant le contact du gobelet, qu'elle laissa échapper son hystérie. La Grise n'avait mesuré sa poigne, et agrippa avec violence le contenant qui se brisa en une myriade de débris scintillants. Les éclats cristallin se mêlèrent à la chair de sa paume raidie, tout comme le vin éclaboussa les giclées de sang qui bariolaient le comptoir. Elle n'en ressenti absolument aucune douleur, rien que l’exaltation toujours plus vivace de son ivresse. Portant sa main ensanglantée à ses lèvres tremblotantes, la Sirène commença à goulûment lécher son propre membre blessé pour finir par suçoter sa sève avec délectation. Cela n'avait rien de mauvais, pour peu cela lui aurait plu, mais il fallait bien donner du vrai à sa réputation et ce manège était un mal nécessaire. « Monsieur Dora'an. » Reprit-elle, les crocs garances de son propre pêché. « Vous imaginez bien qu'avec l'étendue de mon existence, mes occupations et la foultitude de rencontres qu'il m'est donné de faire, je ne puis me rappeler de vous avec autant de précision. Je ne suis d'ailleurs guère physionomiste, mais oui, vous m'avez causé grand mal. Vous semblez en ricaner mais vous ne devriez prendre ma colère avec autant de légèreté. Contrairement à vous autres, petit homme, j'ai de quoi prendre mon temps en matière de représailles. » Jusqu'alors plutôt directive, détachée, sa voix se teinta d'un miel doucereux. « Je dois cependant avouer que vous dites vrai. Je ne vous le cacherai point ; j'ai besoin de vous ainsi et surtout des services de Nymaël. Vous êtes fin observateur mon cher, il s'agit en effet des tourments de ma béquille. Si les méthodes traditionnelles se sont montrées fort acceptables, elles ne peuvent offrir guère plus de résultats. Des grands périples m'attendent bientôt, et je ne puis claudiquer ainsi. J'ai ouïe dire des accomplissements de votre compagnon mage, et je dois dire que je serais prête à mettre le prix afin qu'il essaie là où l'Art peut … révéler tout son pouvoir. Oui, laissons de côté notre précédent partenariat et concentrons-nous sur l'avenir. Je pense vous demander là quelque chose plus en adéquation avec vos principes, sur lequel nous n'aurons point à batailler. Je veux faire de vous un allié, Capitaine Dora'an. Et vous, avez besoins d'alliés de mon acabit. » Peu pouvaient se targuer d'avoir affaire à la Shynrae complaisante. Si les menaces n'avaient été probantes jusque là, elles ne seraient guère une solution pour arriver à ses fins. Lui-même devait avoir conscience du traitement de faveur que la grisonne s'obligeait à fournir. « Zarra ? » Appela la Maîtresse, derrière la porte. « Apportes une autre bouteille ainsi que deux coupes. Prestement. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Lun 17 Oct 2016 - 20:16, édité 1 fois
Rhys
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Dim 16 Oct 2016 - 18:32
Oh, la lueur de meurtre dans les yeux de Dame Irvin… Pendant ce qui lui sembla être une éternité de silence et d’immobilité, Rhys se demanda s’il allait quitter le manoir en vie. Il était armé, certes, mais il y avait des gardes dans tout le manoir et une énorme panthère dans la pièce même ; et quelque chose lui disait que son décès prématuré ne pèserait guère sur la conscience de la Grise. Il lui fallut toute sa volonté pour rester planté là, les yeux dans ceux de la drow, l’air sûr de lui, alors que tous ses instincts lui hurlaient de prendre ses jambes à son cou. Il se raidit, néanmoins, prêt à se défendre. Il était inimaginable que la drow laisse passer tant d’insolence sans représailles.
Et pourtant.
Sans un mot, la marchande retourna s’asseoir. Pas de mise à mort par biais de panthère, pas d’appel des gardes, pas même une gifle bien sentie. Toujours face à la bibliothèque, Rhys se sentit se relâcher d’un seul coup pour la deuxième fois de la soirée. Il ferma les yeux un bref instant, soupirant presque de soulagement, avant de se retourner juste à temps pour voir le gobelet de verre exploser dans la main de la drow. Difficile expérience que de perdre une bataille. Le courroux de la Grise était compréhensible, et il était bien content de ne pas en être la victime. Elle n’eut pas l’air d’en souffrir plus que ça, néanmoins, et sembla même prendre plaisir à lécher ses entailles. Vraiment, elle était terrifiante.
Il l’écouta tenter de sauver la face tant bien que mal sans l’interrompre, hésitant à lui répéter qu’il ne devait pas lui avoir causé grand tort si moins d’un an après - ce qui était bien peu dans sa vie d’immortelle - elle ne se souvenait pas de lui… Mais il s’agissait tout de même de rentrer entier, il l’avait déjà suffisamment provoquée. La pique le fit sourire, néanmoins. « D’autres ont déjà essayé, ma Dame. » lui répondit-il avec un sourire entendu. Puis le ton de la Grise changea radicalement. Ils étaient peu à pouvoir se targuer d’avoir fait taire la Grise Sirène, et moins encore à avoir vu son côté conciliant. Rhys venait de faire les deux en l’espace de dix minutes. Il était tout à fait conscient des efforts qu’elle déployait, elle devait être réellement désespérée pour faire preuve d’autant de retenue… Même si quelque part, il ne s’agissait que d’un juste retour des choses : cette fois, c’est elle qui n’avait pas le choix que de ravaler sa fierté et de faire ce qu’elle ne voulait pas. Ils en seraient presque quittes. Presque.
Suffisamment pour lui faire déposer les armes à son tour.
« Oh, et de quoi panser la main de Dame Irvin, Zarra, s’il te plaît. » lança-t-il juste après l’ordre de la drow. « Nous ne voudrions pas que cela s’infecte. » Il s’installa à nouveau dans le fauteuil que son interlocutrice lui avait désigné plus tôt. « Je comprends tout à fait. Vous me voyez navré que rien n’ait été plus efficace… Et je suis certain que Nymaël se fera un plaisir de vous rabibocher. Il pourra même s’occuper de votre main », glissa-t-il avec un sourire presque mesquin. « Après tout, une personne de plus pour relater ses accomplissements, comme vous dites, ça ne se refuse pas. » Il marqua une pause. « Surtout quelqu’un de votre influence. » Une autre pause. « Vous parlez d’alliance, Dame Irvin. Oserais-je m’enquérir ce que gagnerait la Grise Sirène, Princesse Ointe des Oliveraies, Ondine de Mydh, Guenaude Sanglante, à faire d’un petit groupe comme les Sans-Couleur un allié ? Non pas que je n’apprécie pas l’opportunité ni que je sois réticent à l’idée, mais de prime abord il semble que nous sommes les bénéficiaires majoritaires dans cet échange, or vous êtes une négociante hors-pair, pas le genre à négocier à perte... Comprenez qu’il ne s’agit pas de méfiance, je pense que nous sommes au-delà de cela désormais, mais il me semble qu’un peu de transparence est de mise. »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Lun 17 Oct 2016 - 20:14
Si l'intention était bienveillante et non particulièrement taquine – comme jusqu'alors – cela ne l'empêcha guère de grimacer. C'est que la sombre n'appréciait peu qu'on se permettre de donner des ordres sous son propre toit. Encore une fois, le simple - et contraint - silence qui suivit à l'objection de l'homme révélait toute la grâce dont elle était capable. Ses piques glissaient sur elle comme des billes sur une surface trop lustrée, du moins, semblaient. « C'est que, j'en viens même à me demander si ces blessures, pourtant dues à la charge d'une créature similaire à celle qui nous honore de sa compagnie présentement, ne seraient pas d'origine magique ? Au vu du mal qu'elles ont à se dissiper... Enfin ! Je suppose que ce sont des choses dont seul Nymäel pourra statuer. » Répliqua la Grise sans se laisser atteindre par les ultimes brimades faciales du chef mercenaire. « Peut-être arriverons-nous à de déjà probants résultats, en ce qui concerne ma main. » Si le sang ne coulait plus vraiment c'est qu'elle continuait à en absorber le flot en se pourléchant les babines. Plus pour éviter de saloper la pièce que vraiment se repaître de sa substance. La Doeben reprit le duel oculaire qui les opposait désormais.
« Ce que je gagne à faire de vous et votre essaim des alliés … Voilà qui est une bonne question. Vous vous doutez bien, Rhys, que si je n'avais pas plus d'ambition que cela pour notre entente, vous ne seriez là à vous railler de ma personne par vos imprudentes manières et votre prétendue gloriole comme vous le faites depuis que vous avez pénétré ces lieux ? » Son ton était plus sec, un brin menaçant bien que plutôt directif. « Et puisque vous exigez une clarté tout à fait légitime. Je vais vous confesser quelque chose, Capitaine. Si aujourd'hui c'est bien moi, mes titres, mon influence ce que vous voulez, qui requiert vos services, ce de façon impérieuse, je veux bien le reconnaître. Il se peut que bientôt les vents s'agitent et que vous vous tourniez sous mon égide. Auspice dont vous aurez grand besoin, si j'en crois ce que l'on a consenti à me révéler il y a peu. Les sombres lorgnent à nouveau sur l'Estrevent de leurs pupilles grenats, je donnerai peu cher de la peau de ceux qui ne partagent leur lignage. C'est là que je vous deviens utile, n'est ce pas ? » On s'agitait derrière la porte, qui s'ouvrit avec fracas laissant Zarra apporter à sa maîtresse le contenu de leur commande. « Voudriez-vous m'aider ? » Lança Shynrae en attrapant les bandes de tissu aux mailles épaisses.
Rhys
Humain
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Mar 1 Nov 2016 - 23:22
La grimace de la Grise ne fut pas particulièrement discrète, et ce n’est qu’alors que Rhys réalisa la pleine teneur de son geste. S’il l’avait fait sans la moindre malice, il n’en restait pas moins qu’il avait donné un ordre à une servante de Dame Irvin sous son propre toit. « … Ce n’était pas très avisé. Mes excuses. ». Il n’aurait pas voulu que la drow prenne cela pour une autre marque de défi, ce n’était pas l’intention, pour une fois.
Il se contenta d’acquiescer à la mention de la nature potentiellement magique de sa blessure. Effectivement, si les méthodes ‘traditionnelles’ ne s’étaient pas montrées concluantes, c’était probablement pour ça. Mais comme elle l’avait dit, Nymaël serait plus en mesure de savoir vraiment de quoi il s’agissait. Rhys n’avait pas vraiment grand-chose à ajouter.
Puis le ton de son interlocutrice passa du doucereux au sec, et le champ lexical à la limite du méprisant, à nouveau. Décidément, il ne savait plus sur quel pied danser… Mais soit. Il l’écouta avec attention. Ainsi les drows voulaient reprendre l’Estrevent, une demi-décennie à peine après en avoir été boutés. Rhys n’était pas encore à Thaar, à l’époque, mais il en avait forcément beaucoup entendu parler. Et cette fois ils revenaient avec des idées de purge, à en croire Dame Irvin. Effectivement, la situation risquait de devenir tendue. Il imaginait bien que cela prendrait encore un certain temps, d’autant que les noirelfes n’étaient pas du genre pressé, mais il eût effectivement été recommandable d’avoir des alliés de poids quand ils passeraient à l’action. Rhys se doutait également que les Princes-Marchands ne laisseraient pas agir les Sombres à leur guise, malgré la présence de certains d’entre eux au conseil. Ce qui l’amenait à se demander pourquoi Shynrae, en tant que drow, le protégerait lui, un pauvre humain. Ce serait se mettre ses propres congénères sur le dos, pour des bénéfices bien minimes… Tout cela sentait l’embrouille. Pour l’instant, néanmoins, il convenait de jouer le jeu et de voir ou tout ceci l’emmenait. Dans le pire des cas, il aurait des soucis avec une drow de plus parmi les milliers qui s’abattraient sur l’Estrevent. Le jeu en valait la chandelle, et il avait toujours été joueur. Et puisqu’elle avait été franche avec lui, il le serait avec elle.
« Bien sûr », fit-il en se levant prestement à la requête de la Sombre. Il fit le tour de l’écritoire et posa son séant sur un tabouret qui trainait dans le coin de la pièce, avant de saisir les bandelettes qu’elle lui tendait. « Excusez-moi », murmura-t-il alors qu’il lui saisissait la main pour s’en occuper. « Ballard ferait cela mieux que moi, c’est lui qui s’occupe des premiers-soins, normalement. » ajouta-t-il avec un sourire. Rhys savait néanmoins ce qu’il faisait, il l’avait fait maintes fois sur lui-même et d’autres. Ses gestes étaient précis et délicats. « Donc », reprit-il pendant qu’il bandait la main de Dame Irvin, « les drows reviennent en Estrevent. Mettons. Je ne pense pas qu’ils ne rencontreront aucune résistance, pour commencer. Et même s’ils parviennent jusqu’à Thaar, nous les verrons venir de bien assez loin pour être loin de la ville à temps. Mais mettons qu’aux fins du présent argument, ils parviennent jusqu’ici avec les intentions que vous leur attribuez avant que la moindre évacuation n’eût été entreprise. Pourquoi une drow telle que vous-même protégerait-elle un groupe d’humains, d’elfes et de sang-mêlés ? Surtout pour si peu qu’une simple séance de soins… Pardonnez mon manque de détours, ma Dame, mais la rhétorique me lasse très vite, et puisque j’exige de la transparence, je me permets d’en user moi-même. Et ce n’est pas que je me méfie de vous en soit. Mais une négociante hors-pair telle que vous a sûrement des motifs ultérieurs. J’essaye juste de savoir ce dans quoi je nous engage, moi et... mon essaim. »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Jeu 10 Nov 2016 - 10:41
Alors qu'il s'attelait à lui bander la paume alors encroûtée de mixture séchée, l'homme s'ouvrit à son tour à une abrupte franchise. Comme nombre de mortels, le maestro mercenaire ne prenait guère au sérieux l'obscure menace qui planait sur le pays d'Estrevent, l'assombrissait de son épais dais flottant comme une ombre latente. Si celle-ci lui avait été distinctement formulée par l'instigateur même de cet imminent soulèvement, Shynrae n'avait jamais vraiment douté qu'un beau jour le Puy ne vienne réclamer cette glissante et agitée possession. C'est d'ailleurs ce qui rendait les projets d'Ust’Chath plus inquiétants encore, que ceux-ci aient été fomentés depuis Elda même. « Vous n'avez point connu l'hégémonie sombre, n'est ce pas, Capitaine ? » Initia la Grise pour toute réplique, cherchant des yeux la réponse dans le regard – tout proche – du mâle. « J'irai jusqu'à dire … Que vous n'êtes pas d'ici. Thaar vous gâte de son berceau adoptif, pour peu, vous passeriez pour un natif Vaanis au regard de vos semblables, qui sait … Mais en aucun cas vous ne me bernez. J'ai passé plus de deux-cents ans auprès d'humains, aux côtés d'humains devrais-je dire, donc quelques six fois votre âge? Et je suis à même de tout à fait discerner un compatriote d'un Péninsulaire. » Son hâle n'avait rien d'héréditaire, comme il était commun ici. Même ses manières, ses mœurs effleurées ainsi que la pointe de son accent trahissaient ses origines. Cela expliquait le déni de ces propos, lui qui faisait partie de cette vague d'arrivants débarquant en un nouveau monde, délivré par les salvateurs Princes Marchands. Elle soupira. « Comme vous le savez, l'Ithri'Vaan a été pendant plus d'un cycle sous l'égide des Drows. Qui après avoir renversé l'Empire Nisétien, se sont appropriés la gouvernance du territoire. Vous imaginez bien qu'une terre aussi riche et fertile ne peut qu'attiser les convoitises, et les plus ...virulentes. Cette dominance ne s'est évidement pas déroulée dans la bonhomie, et cette autorité n'a pris fin qu'à l’effondrement du IV Ost sur lui-même, les despotes se disputant entre-eux terres et pouvoir, alors que les membres du Conseil de Thaar s'accaparaient la place vacante. » Aussitôt avait-il terminé le pansage que la noirelfe leur resservait à boire. « Merci, Rhys. Et tenez. »
« Vous-êtes alors arrivé après ces événements, quand la région s'est progressivement ouverte vers l'extérieur sous les impulsions mercantiles des Princes. Si je vous raconte cela, c'est que je peux vous assurer que vous n'avez envie de connaître une bis répétita de cette époque, croyez-moi. Comme vous le soulignez, ce ne sont là que des présages, des intentions. Et puisque vous ne semblez guère atteint par celles-ci, permettez-moi d'argumenter pis encore en vous avouant que celles-ci m'ont été faites par un général Daedhel dont les desseins visent à unifier tout ce qui est de sombre engeance, contrairement à la conquête passée. » L'Ondine reprit son souffle avant de reprendre, sans s'éloigner de son interlocuteur. « Ce que je requiers de vous et vos acolytes ne s'inscrit guère en une simple séance de soin, pour reprendre vos dires. Vous protéger revient à me secourir moi-même, je me répète certainement mais, j'ai besoin de vous. Vous l'avez remarqué, de façon assez pressante pour en venir à quémander l'aide d'un sylvain. Si les blessures de ma canne sont flagrantes, il en est d'autres qui m'importent plus encore. J'ai vu clair en vous, Capitaine. » Ricana la Doeben. « Mais mon acuité défaille, inexorablement. Je ne saurais tolérer devenir complètement aveugle, et les dons de Nymaël pourraient, qui sait, se révéler tout aussi propices sur ce sujet-ci. Quand pensez-vous pouvoir me l’emmener, histoire que nous commencions ? »
Rhys
Humain
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Sam 19 Nov 2016 - 1:49
Rhys fit de son mieux pour ne rien laisser transparaître de sa surprise, mais ses mains s’arrêtèrent sans qu’il ne s’en aperçoive. Il s’était pourtant efforcé à gommer de sa personne toute trace d’origine péninsulaire… Efforts que Shynrae avait balayés, probablement dès leur premier échange. Il ne savait pas lequel l’emportait sur l’autre entre sa déception de vois son travail sur lui-même ainsi annihilé et l’admiration croissante qu’il ressentait pour la Sombre. Il hésita un instant à lui rétorquer que pour une marchande de renom, ses capacités en calcul semblaient limitées, mais cela aurait d’une part été de fort mauvaise foi, et aurait d’autre part sonné comme une tentative désespérée de garder la face. D’autant que le ton de la conversation avait changé et qu’il ne s’agissait plus, à présent, de déterminer qui des deux en avait le plus volumineux. Le jeune homme afficha donc la moue approbatrice de celui qui reconnait s’être fait avoir en beauté. « Pas même une heure et vous percez à jour ce que d’autres qui me connaissent depuis des années ne soupçonnent même pas. Je dois reconnaître, dame Irvin, que vous n’avez pas usurpé votre réputation. » Il reprit le pansage de la main de la noirelfe. « Je suis en effet arrivé peu après le départ de vos semblables, alors que la ville était pleine… d’opportunités. »
Ce qui suivit, néanmoins, l’agaça. Il avait vécu à Thaar, il connaissait l’histoire des Sombres en Ithri’Vaan. Et Shynrae savait qu’il savait, puisqu’elle avait ouvert avec « Comme vous le savez »… Pourquoi, alors, se donner la peine de lui expliquer tout de même ? Il se contenta de terminer de s’occuper de la blessure, sans répondre, mais en prenant soin d’afficher un sourire un tantinet narquois. Il avait tendance à ne pas très bien réagir à la condescendance, et détestait par-dessus tout qu’on le prenne pour un con, mais il ferait un effort, cette fois.
Et son effort fut immédiatement récompensé. Dans une manœuvre que Rhys espérait être tout à fait délibérée, Shynrae lui avoua qu’elle tenait ces informations directement de l’état-major du Puy. Une source crédible, à la réputation intouchable et aux racines profondes dans la vie de Thaar, venait de lui avouer avoir des liens suffisamment proches avec un Général drow pour être au fait des plans militaires eldéens. Ce qui la rendait directement complice. Un mot de tout ceci à n’importe quel Prince Marchand non Sombre aurait sans aucun doute des conséquences terribles sur elle, et ouvrirait sans aucun doute des portes jusque-là inaccessibles à Rhys. D’autant que pour ce qui était des preuves, il était armé et à quelques pouces à peine, la forcer à dater et signer des aveux serait un jeu d’enfant, malgré la présence du gros matou dans la pièce. Certes il se ferait une ennemie de la Sombre, et il lui fallait encore s’extraire de son manoir, mais il n’aurait pas à la craindre bien longtemps et il y avait une fenêtre juste derrière eux. L’occasion était tentante… mais aussi trop facile. Elle venait de lui prouver, quelques minutes plus tôt à peine et pour la deuxième fois de la soirée, être une négociante hors-pair. Or elle ne serait pas parvenue là où elle était en faisant des erreurs aussi monumentales. Par conséquent, de deux choses l’une : soit elle était ivre, soit elle le prenait réellement pour un con. Dans tous les cas, le mieux était d’attendre. Un tel atout était d’une valeur inestimable, et le serait encore plus s’il était capable de tracer et dater la rencontre entre sa nouvelle cliente et le général Daedhel qu’elle venait de mentionner. Ce qui prendrait un certain temps, si c’était faisable. Pour l’instant, donc, il était plus judicieux de faire mine d’être intéressé, impressionné peut-être, et de la laisser croire que la portée de ce qu’elle venait de lui avouer lui échappait totalement. Ce qui n’était pas difficile, caché derrière un verre de vin.
Il ne fit pas l’affront à Shynrae de scruter ses yeux lorsqu’elle lui avoua avoir des problèmes de vue. Il ne l’avait pas remarqué jusqu’à présent, il ne le remarquerait pas maintenant, et elle n’avait aucune raison de lui mentir. Il se contenta de siroter son vin, accoudé à l’écritoire, les yeux se baladant sur le pourpre du rideau face à lui. « Oh je suis certain que ce n’est pas hors de sa portée, ma Dame. Ce dont je doute, néanmoins, c’est que cela soit entièrement curable en une seule fois… Et avant que vous ne me preniez pour un escroc cherchant à étaler son service le plus possible pour gonfler ses honoraires, sachez que les tarifs de notre ami sylvain dépendent du service rendu, et non du temps que le dit service exige. », glissa-t-il avec un sourire aimable. « Pour ce qui est de le retrouver, je pense qu’il sera rentré au matin… Néanmoins je préfère ne pas m’engager sans certitudes, alors disons d’ici deux jours ? Si cela vous convient, naturellement. » Il attendit d’avoir l’approbation de la Sombre avant de se lever, et conclut en faisant le tour du secrétaire. « Dans ce cas, ma Dame, je prends congé, et je reviendrai avec Nymaël dans la matinée d’après-demain. » Il exécuta une révérence tout-à-fait péninsulaire, histoire de rajouter de l’eau au moulin de son interlocutrice. « Un plaisir de faire votre connaissance, Dame Irvin. La bonne nuitée à vous. »
Il quitta le manoir après un dernier sourire à Zarra, qui attendant dans l’antichambre de la bibliothèque de sa maîtresse, et prit immédiatement la direction des quais. Il avait besoin d’un verre, et de quelque chose qui tape plus que du vin.
* * *
La matinée était bien belle et achevait à peine son premier quart lorsque Rhys et Nymaël se présentèrent au manoir Irvin, deux jours plus tard. Le jeune homme fut surpris de constater que le garde ne les arrêta pas lorsqu’ils s’approchèrent de la porte, avant de réaliser qu’un humain et un elfe étaient probablement attendus dans la matinée. Ils entrèrent donc, et une fois de plus l’absence de mesures de sécurité plus strictes choqua Rhys. Rien ne l’aurait empêché de s’en prendre à Shynrae lors de leur première rencontre, et rien ne l’en empêchait cette fois non plus. Et cela commençait à faire beaucoup de détails négligés.
« Maitre Rhys ! » Zarra les attendait dans le vestibule. « Et Maître Nymaël, je présume ? - Nul autre », répondit l’elfe avec une légère courbette et un clin d’œil qui fit glousser la jeune femme. - Dame Irvin se trouve au sous-sol. Si vous voulez bien me suivre…
Ce qu’ils firent, emboitant le pas de la demoiselle. L’humidité se fit plus notable à mesure qu’ils descendaient, mais Rhys ne réalisa qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être des bains thermaux que lorsqu’il posa les yeux sur Shynrae, nue dans un bain fumant. « Oh ! » Il opéra un demi-tour preste, imité par Nymaël, et haussa légèrement la voix. « Je… Zarra nous a demandé de la suivre à l’intérieur, je ne pensais pas… Nous serons dans l’antichambre, Dame Irvin. Et toutes mes excuses. » Il n’y avait aucune gêne dans ses mots, uniquement de la surprise. Et peut-être un peu d’amusement, aussi.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
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Sujet: Re: Le Chant des Sirènes [PV Shyn] Lun 21 Nov 2016 - 11:34
La sombre ne savait réellement quoi penser de cet audacieux mortel qui n'avait cessé de la défier pour ensuite mieux la complaire. Rarement son avis se voyait ainsi partagé concernant son appréciation d'autrui, d'habitude la noirelfe se faisait une nette idée de ses interlocuteurs, dont il lui était difficile de déroger ensuite. Et là, c'était le flou. Ce qui était certain, c'est que l'homme l'avait piqué au vif, autant son aplomb que sa curiosité, et avait saisit chacune de ses perches pour mieux l'en frapper avec. Cette résistance inspirait à Shynrae un intérêt particulier, à mi chemin entre une forme de respect et une profonde irascibilité. Elle en vint même à songer que feu son époux fût un diable de cette trempe ! Avec un compagnon tel que le Capitaine Dora’an, son existence eut été différente, la funeste destinée de son conjoint aussi. Apparemment, les humains pouvaient se révéler être des créatures plus profondes et plaisantes que les vulgaires insectes que la séculaire Dame avait jusqu'ici côtoyé. Ils avaient repoussé à plus tard le moment véritable de leur entretien, le temps de retrouver l'aventureux mage, sujet principal de leur rencontre. L'impatience de le voir à l’œuvre la tenaillait, la guérison lui apparaissant comme une inespérée issue à laquelle elle ne croyait plus.
La tant attendue visite n'empêcha pas la Sirène d'organiser son quotidien comme de coutume, autant pour tromper l'ennui que pour instruire sa patience. Elle profita même de l'inattendue fraîcheur de ce matin là pour se galvaniser des vapeurs ardentes de ses thermes personnels. Les caves voûtées du manoir Irvin avaient ainsi été dotées d'espaces de bains, creusés à même la pierre, accueillant divers sources d'ondes allant de la presque-glace à l'ébullition grondante. La Grise ne visitait que peu les sous-sols de la demeure, ce caprice architectural résultant de l'appétence d'Axton pour ces voluptés. Mais l'occasion de s'y détendre était trop belle pour qu'elle se la refuse. Elle passa des heures ainsi immergée, respirant paisiblement les émanations musquées de la brume odorante, se laissant même aller à un quiet sommeil, bientôt brisé par l'arrivée de ses invités du jour. Si on les mena directement aux bassins nébuleux, leur présence ne gêna nullement l'Ondine qui donnait de la consistance à sa désignation, ainsi nue comme à sa genèse, dépouillée du moindre artifice que celui de son être. Cela faisait des siècles – exagéra la Grise – que de tels regards ne s'étaient pas posés sur elle et son essence cendrée. « Je vous y rejoins de suite, Capitaine. » Répliqua t-elle en surgissant de la source comme une nymphe, l'eau ruisselant sur ses formes dévoilées. Alors que les Sans-Couleur tournaient les talons devant le spectacle d'une Drow dans le plus simple appareil, elle attrapa à la volée un linge tiède déposé près de là, s'y enroulant dans une danse hasardeusement sensuelle. Quittant le creux pour son attenante loggia, elle retrouvera le désiré Sylvain et son captivant compère qui l'attendaient. « Rhys, Maître Mage. » S'inclina t-elle en un révérencieux mouvement du chef qui lui aurait arraché l'estime en d'autres circonstances. « C'est un plaisir de vous revoir. Et soyez le bienvenu en mon logis, enchanteur. Maintenant que nous sommes réunis, les desseins de mes sollicitations vont pouvoir s'amorcer. » Son anatomie à peine couverte dévoilait la lézarde refermée de sa blessure, cicatrice fraîche aux teintes violacées toute ramollie par l'ablution. « Comment procéderons-nous ? Dois-je vais faire venir quelque chose ? Tout ce qu'il vous sera nécessaire, Nymaël. » Ses propos étaient pressants, mais surtout naïfs. C'est que, de sa longue existence , jamais, jamais elle n'avait approché la Magie.
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Le Chant des Sirènes [PV Shyn]
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