Et zut! [pv Sickert]

Depuis son retour de Diantra, Tibéria s’occupait pleinement de ses fonctions de duchesse. Les négociations avec les Vrai Soltari avaient solidifié sa position à la tête du duché et on la sollicitait maintenant de tous les côtés que ce soit en personne ou au travers de la correspondance. Durant son absence, quelqu’un avait soigneusement empilé toutes les missives reçues au coin de son bureau pour former une pile plutôt impressionnante. Néanmoins, l’idée n’était pas de l’admirer, mais bien de passer au travers. Plusieurs de ces lettres n’avaient aucune importance alors que d’autres méritaient un peu plus d’attention. Méthodique, Tibéria les lisait rapidement avant de les diviser par paquet en jetant les lettres de menaces et les mots d’amour enflammés d’admirateurs inconnus. Parmi toutes les missives, l’une d’elles attira particulièrement son attention. Son regard fut d’abord attiré par le blason qu’elle reconnut comme étant celui de la baronne de Sybrondil. Elle ne connaissait pas cette femme, mais elle savait qu’elle avait accédé à son titre que très récemment, au même moment où Tibéria est devenue duchesse. Elle survola le premier paragraphe en pensant qu’il s’agissait peut-être de félicitations ou d’une demande d’entrevue, mais elle était bien loin de ça. Elle relut l’intégralité de la lettre pour être certaine d’avoir compris.

— Merde!

Le juron fit tressaillir le soldat posté à sa porte. Tibéria ne lui laissa pas le temps de se remettre de ses émotions.

— Allez me chercher Sickert et ne revenez pas avant de l’avoir trouvé, c’est urgent!

— Très bien madame.

Le soldat quitta la pièce au pas de course. Normalement, Sickert devait être au palais, mais il pouvait aussi bien être en vadrouille en ville. Ils n’avaient pas eu l’occasion de vraiment discuter depuis leur retour à Soltariel. Tibéria avait envoyé Sickert comme représentant à Langehack pour les funérailles du duc alors qu’elle-même se trouvait à Diantra. Elle l’avait envoyé à sa place, car elle savait très bien que sa présence là-bas ne serait pas appréciée. Il ne lui avait pas fait de compte rendu, mais elle ne s’attendait pas non plus à ce qu’il ait vraiment quelque chose d’important à lui dire. Peu importe, le contenu de cette lettre était nettement plus urgent. Plusieurs ennéades après son bannissement, Arichis d’Anoszia continuait de causer des problèmes.

Plusieurs minutes plus tard, Sickert faisait enfin son entrée dans le bureau. Tibéria ne lui laissa pas le temps de parler et alla plutôt lui mettre la lettre sous le nez.

— Regarde!

Elle lui donna ensuite les missives envoyées par Arichis.

— Arichis affirme que cet homme est à Soltariel, or c’est impossible. Je le saurais sinon. Il doit toujours se trouver à Diantra… s’il est encore en vie. Sickert, crois-tu pouvoir te rendre là-bas?

Lettre de Victoria:

La vie est bien calme à Soltariel, maintenant. Calme ne veut toutefois pas dire oisif. Non, Sickert était bien occupé. Entre l’apprentissage de Cassio à devenir non seulement un serviteur, mais aussi un gardien, et toutes les recherches sur les Vrais Soltaris, ce qui impliquait de hanter les tavernes et les bordels il a aussi ceux qui voient d’un mauvais oeil la présence du mercenaire, un étranger, si près de la duchesse. Oui, il y a fort à faire.

C'est d'ailleurs au lendemain d'une nuit fort arrosée que Sickert fut tiré d’une paresse peu ordinaire. Mais s’il ne bouge pas durant quelques secondes, il finit par poser la bouteille, s'extirper de son fauteuil et suivre le garde sans même poser de questions, ce qui n'est pas très coutumier. Des questions, il en pose constamment. Il remet tout en question, tout le temps. Et il continue jusqu'à ce qu'on lui donne une réponse qui lui convienne. Et personne n'est épargné, que ce soit du plus banal des esclaves, ou la plus humble des servante, au plus haut gradé de la garde. Même Tiberia n’y échappe pas.

Lorsqu’il se présente devant Tiberia, il est clair qu’il n’a pas eu une nuit de sommeil réparatrice. Il est clair qu’il n’est pas tout à fait sobre. Il n’est pas sobre. Mais Tiberia ne semble pas s’en rendre compte tout de suite. Ou du moins elle n’en laisse rien paraître. Il attrappe la lettre qu’elle lui met sous le nez, fait le focus et la parcours. Bref, mais clair. Il n’a pas le temps de commenter qu’elle lui colle d’autres lettres. son seul commentaire entre les deux est un grognement pensif. Il lit le tout sans se presser, parce qu’il faut bien lire.

- Que voulez-vous dire par vous le sauriez ? Arichis vous disait tout ? Ce n’est pas vraiment une question. Avez-vous fait demander à ce qu’on vérifie les dispensaires ? La prison ? Oui, parce que si ce sont vraiment des mensonges, il faut vérifier les prisons. Combien il y a de prison à Soltariel ? Et combien d’endroit ou on pourrait détenir un noble ? Il ne le sait pas. Et il doute que Tiberia le sache exactement. C’est sans doute le moment de les compter, dit-il en remettant les lettres à la duchesse. Melkhart di Maldi , dit-il en s’étirant paresseusement. Vous avez déjà visité les dispensaires de Soltariel ? Ce serait le bon moment, non ?

Sickert ne croyait pas nécessairement trouver qui que ce soit répondant au nom de Di Maldi dans les dispensaires de Soltariel, ni même dans ses prisons. Mais il faut toutefois vérifier avant de s’emballer. Sickert était ravi à l’idée d’une mission, mais elle impliquait 5 jours de cheval… et ça, ça l’emballe déjà moins.

Tibéria pinça les lèvres en relisant une fois de plus la lettre.

— Non, il ne me disait pas tout, mais cet homme est quelqu’un d’important. Je suppose que je l’aurais su d’une façon ou d’une autre s’il était ici. Il y a trois possibilités : il est vivant, mais incapable de s’exprimer, il n’est pas ici ou il est mort. Pour le bien-être de nos relations futur avec Sybrondil, j’espère que ce n’est pas la troisième option. S’il est à Diantra, Victoria di Maldi devra contacter Blanche d’Ancenis. C’est elle qui contrôle la ville maintenant. Je me demande pourquoi elle ne lui a pas écrit. Elle croit peut-être que, par mes liens avec Arichis, je connais tout de ses mouvements ou encore elle pense que je cache son frère.

Elle regarda Sickert qui ne semblait pas être en très grande forme. Une vague odeur d’alcool flottait autour de lui et chatouillait les narines de la duchesse.

— Sickert, vous avez vraiment une mine épouvantable. Vous devriez peut-être diminuer un peu votre consommation d’alcool.

Ce détail n’avait pas échappé à Tibéria. Jusqu’à présent, elle avait préféré ne rien dire, mais comme elle craignait que ça devienne éventuellement un problème… Une petite prise de conscience ne pouvait pas lui faire de mal.

— Je ne connais pas le nombre exact de prisons à Soltariel, mais nous gardons les prisonniers les plus importants et les plus dangereux dans les cachots. Logiquement, je suppose que pour le garder à l’œil, il l’aurait enfermé ici. L’endroit est bien gardé. C’est difficile de s’y échapper alors qu’on ne peut pas toujours en dire autant des autres postes de garde.

Elle entortilla distraitement une mèche de cheveux autour de son index tout en réfléchissant.

— Bon, on peut peut-être commencer par chercher ici. Toutefois, prépare-toi quand même à un voyage jusqu’à Diantra. Je vais mettre quelques ressources à ta disposition pour t’assister si c’est nécessaire…

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3e jour de la 6e ennéade de Favriüs de l’an 9

À Victoria di Maldi

Ma dame.

En premier lieu, je tiens à m’excuser sincèrement pour le retard. Soltariel fut le théâtre de nombreux problèmes qui ont demandé toute mon attention et j’ai été en déplacement pendant un peu plus de deux ennéades. Toutefois, sachez que j’ai fait tout en mon pouvoir pour retrouver votre frère, mais mes recherches sont restés vaines. Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que votre frère n’a jamais mis les pieds à Soltariel. Il n’existe aucune trace de sa présence nulle part. J’ai fouillé dans les registres des dispensaires ainsi que dans ceux des prisons. Soit il n’y a jamais posé les pieds, soit sa présence fut cachée sous une fausse identité. Malheureusement, s’il est décédé sous cette fausse identité, nous ne le saurons jamais.

Je crois plutôt qu’Arichis vous a menti en disant l’avoir évacué à Soltariel et que votre frère se trouve toujours à Diantra. Dans cette optique, il serait peut-être plus judicieux de vous adresser directement à Blanche d’Ancenis qui contrôle présentement la ville. J’ai toutefois pris la liberté d’y envoyer un agent pour enquêter. À l’heure actuelle, il n'est pas encore rentré. J’espère qu’il aura de bonnes nouvelles à rapporter.

En attendant le dénouement de cette histoire, je suis de tout cœur avec vous et je reste à votre entière disposition si vous avez besoin de quelque chose.

Que les cinq vous gardent ainsi que votre frère.

Tibéria de Soltariel, duchesse de Soltariel

C’est bien peu d’informations, théoriquement, le frère, il pourrait être n’importe où entre Soltariel et Diantra. Même qu’il pourrait être n’importe où entre Ysari et Diantra. Vaste territoire à couvrir. De plus, comment savoir s’il n’est pas déjà mort.

- J’espère surtout qu’il n’est pas mort ici. S’il est mort à Diantra, Soltariel n’en sera pas responsable. La Dame di Maldi a peut-être également contacté la Dame d’Ancenis. Jouer sur deux front est plus prudent. Les réponses risquent d’arriver plus rapidement.

Oui, sans doute qu’il a mauvaise mine. Mais ce n’est pas vraiment en lien avec l’alcool.... enfin, si, probablement, mais c’est surtout le manque de sommeil tente-t-il de se convaincre. Fouiner et trouver des informations sur les Vrais soltaris est nettement plus efficace quand les langues sont déliées par l’alcool. Mais pour ça, il faut participer. Heureusement, Sickert a de nombreuses années de pratique derrière lui. Il se contente de jeter un regard à Tiberia, plutôt neutre, comme si quoiqu’elle en pense, il s’en fiche. Accessoirement, il savait ce qu’il faisait et il savait également ce qu’il avait à faire.

- J’en prend note.

Pour Sick, il y a toujours un moyen de s’évader. C’est parfois juste plus long. Oui, les conditions de détention dépendaient aussi du but. Le garder en vie, et relativement en santé ou si ça importait peu. Sickert comptait regarder partout où il penserait à regarder.

- Je suis toujours prêt à partir, Votre Altesse.

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1er jour de la 6e ennéade du mois de Favrius de l’an 9

Les recherches pour retrouver une trace de Melkhart di Maldi à Soltariel se soldèrent par un parfait néant. Aucune traces nul part. Soit Melkhart di Maldi n’a jamais mis les pieds à Soltariel, soit on l’a proprement fait disparaître.

- Il n’y a absolument aucune trace de Melkhart di Maldi à Soltariel. Il semblerait que je sois contraint d’effectuer le trajet entre ici et Diantra. Je partirai demain à l’aube.

Owi, des ressources, le fleuve ! La voie fluviale ! Joie ! Pas de cheval !