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 Un Nain à l'eau! [Amaranthe]

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Jormgard l'Infâme
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MessageSujet: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeMer 23 Nov 2016 - 4:28


Jormgard n’aimait pas l’eau; c’était un fait. Dans son enfance, les quelques rivières qui sillonnaient le Septentrion souffraient du climat des montagnes, ce qui avait l’habitude de refroidir le fluide en glace; il neigeait la plupart du temps, dans les Haute-Terres. Jormgard était, pour ainsi dire, un bien piètre nageur. En observant la masse bleue à perte de vue, menaçant d’engloutir quiconque assez fou pour s’y élancer, il réprima un frisson. C’était à se demander quelle créature aquatique, monstrueuse sans doute, s’y terrait, attendant impatiemment son prochain repas.

« Hé toi, le nain », l’appela un marin, souriant de toutes ses dents. Du moins, de celles qui restaient; la pourriture semblait s’être installée dans sa bouche, lui épargnant seulement quelques morceaux noirâtres, sur le bord de tomber; ses joues grêlées lui donnaient l’aspect d’un cadavre pourrissant; comme si, avec les années, l’air marin avait accéléré le processus de décomposition. « Tu ferais mieux de ranger ta cuirasse. Le métal, ça flotte pas vraiment », dit-il en ricanant.

Jormgard soupira et haussa les épaules. Il ne se débarrassait jamais de son armure. C’était ce qu'il avait de plus précieux; des années d’histoire et de tradition, gravées à même l’acier; des images, des runes, des mots; chacun se rassemblant, une continuation des autres, pour refléter l’œuvre de sa vie. Jormgard avait beau avoir tout perdu : sa famille, son clan, son passé et son futur; il lui restait au moins une fraction du présent. Il revoyait l’ouvrage débutant avec enthousiasme, une œuvre qui lui redonnerait un sens, l’artisan à qui… non. Des souvenirs trop récents, comme une lame fraîchement affutée, auxquels il risquait de se couper en s’y attardant trop longtemps.

Jormgard décida d’abandonner sa rêverie pour faire un tour de la caraque. Les hauts mâts arboraient d’énormes voiles qui, se laissant ballotter au gré des vents marins, berçaient le navire sur les eaux; un récif, seul au milieu de l’infini, se laissant caresser par les vagues. Si ce n’avait été de l’étendue froide et bleue, qui s’étendait plus loin que l’horizon; de tous ces dangers, inconnus, qui grouillaient sous ses pieds; et aussi de sa relation haineuse vis-à-vis l’eau; alors Jormgard aurait pu se sentir en sécurité. Mais ce n’était pas le cas.

Qu’est-ce qui avait bien pu le pousser sur un bateau, perdu au milieu de l’océan d’Eris? Jormgard commençait lui-même à se poser la question. Lorsqu’on lui avait offert de veiller sur la cargaison du Bourgogne, encouragé d’une somme bien grasse, il fut obligé d’accepter. Fallait se montrer réaliste; un mercenaire se devait de gagner sa vie. Surtout lorsqu’il flambait la plus grande partie aux cartes. Mais maintenant qu’il était livré à lui-même, entouré de matelots puant la pisse, fouetté par les vents, l’immensité sombre et sinistre sous lui, Jormgard n’était plus aussi sûr.

Émergeant de l’horizon, une forme aux contours flous; hissé à son sommet, un drapeau noir, dansant sous le soleil de midi. Le cœur battant, il réalisait la gravité de son erreur.


Dernière édition par Jormgard l'Infâme le Jeu 5 Jan 2017 - 3:34, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeVen 2 Déc 2016 - 17:58




Voile au vent, pieds tapant sur le bois du pont supérieur, les matelots s'échinaient aux préparatifs, sur la proue le Second, Malfred, observait d'une longue vue ce qui semblait être un navire marchand, la prise du jour, trois semaines qu'ils le chassaient celui-là.

Le bruit des cordages de chanvres tiraillés par la force des vents, le craquement du bois et son grincement lancinant, tout cela multiplié par dix alors que les vents se haussaient avec la fureur de Tyra, elle voulait du sang, des morts. Ils allaient lui en offrir, et par tout les dieux, aucun survivant ne saurait-être tolérés.

Diables qu'ils étaient sur ces mers, à bord de la Poigne de Tyra, ils ne craignaient pas même les flottes des divers royaumes jonchant les côtes péninsulaires, ils ne laissaient pas Thaar en dehors du lot, riant au nez de sa flotte en les affrontants quand l'occasion se pointait, les convois, les navires de transports... Ils vendaient tout ce qu'ils parvenaient à prendre, sans foi, sans loi, sans coeur et sans reproches.

Ils avaient tous cette tête de roublard déchaîné, l'on aurait pu confirmer que cela n'était rien d'autre qu'un cliché, qu'ils n'étaient peut-être pas aussi malsain que leur apparence le laisser penser, mais c'était sans les coups de fouets qui filaient par dessus les têtes des quelques matelots qui s'acharnaient à préparer les armes, certains sortant des pots d'huile à brûler, d'autre préparant les scorpions à faire pleuvoir un déluge d'acier sur les troupes, au dessus d'eux, sur la poupe, à côté de la barre, le Cerbère de Tyra, Morganõn Boulsh, l'un des plus grand forband des mers connues, aucune limite à son territoire, à ses ambitions et à ses risques.

Et il était bien décidé à laisser de nouveau son nom flotter sur les lèvres avec cette prise.

Le sadisme dont ses hommes pouvaient faire preuve était presque aussi affolant qu'une nuit aux portes du Nifflheim.

Ils s'approchaient dangereusement de la poupe du navire qu'ils traquaient, la première baliste de proue faisant feu d'un épieu de quelques deux mètres, qui vint se ficher lourdement dans ce qui devait originellement être la demeure du capitaine mais n'était maintenant plus qu'un fatras de bois et de verre brisés, une corde en chanvre épaisse s'étirait derrière cet épieu, tendue comme un arc alors que sur la poupe deux roues étaient lentement mais sûrement tournées sur elles-même pas quelques esclaves fouettés à sang.

Ils avaient posés la main sur la prise du jour, et la rapprochait lentement mais sûrement, alors qu'un deuxième tire de baliste de proue était envoyé pour venir se ficher dans le flanc du navire qui tentait là une manoeuvre pour se séparer de cette ancre accroché à leur fessier, offrant malheureusement un plus gros morceau à croquer pour la deuxième ancre d'abordages, qui fut à son tour tirée, rapprochant ainsi dangereusement les deux navires... Alors débuta l'assaut véritable, quatre jarres en terre cuîte remplie d'huile à brûlée furent projetée vers le navire à aborder, venant pour la plupart s'écraser à la base des mats , tendit que l'une venait s'écrasée de peu dans le nid de pie, déversant une pluie de feu sur les personnes au sommet du pont, alors qu'en même temps une pluie d'acier était déversée par les quelques scorpions de babord...

Les cordes furent tirées, les pirates s'élançèrent, les quelques survivant ayant échappés aux flammes auraient à faire à des pirates sanguinaires...

Que les dieux aient pitiés d'eux.

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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeSam 17 Déc 2016 - 4:02


Le Bourgogne était en panique. La vue du drapeau noir, se dandinant au mât du bateau pirate, avait plongé le navire dans la confusion. Dans une telle situation, l’idée la plus raisonnable aurait été de se préparer au combat; préparer les flèches, élaborer une stratégie défensive, se rassembler en formations. C’était connu; les Mécans ne faisaient pratiquement jamais de prisonniers. Et pourtant, la majorité des marins restaient plantés là, observant le bateau pirate fondre sur eux. Des cochons à l’abattoir.

Jormgard avait toujours trouvé ces histoires de pirates divertissantes. L’apparition du navire à l’horizon qui provoquait l’affolement. Les quelques imbéciles qui sautaient à l’eau pour s’enfuir et qui terminaient, tôt ou tard, par sombrer dans les profondeurs marines. Le bruit satisfaisant des harpons se logeant dans la coque. Les pirates qui sautaient sur le pont; les marins, terrifiés, se tirant à leur genou, implorant leur pitié; les pirates, compatissant, qui leur faisait généreusement rouler la tête. Rien de mieux autour d’une bonne chope de bière pour rire un peu.

Mais c’était lui qui se trouvait dans ce merdier. Et il ne trouvait pas ça drôle.

Le Bourgogne n’avait pas été construit pour les affrontements. Aux deux mâts s’accrochaient trois rangées de voiles en tissus qui, gonflées par les vents, propulsaient le bateau sur les flots. Le problème venait de son poids. La cale était aménagée pour accueillir le plus de marchandise possible, ce qui ralentissait considérablement le navire. Les Mécans n’avaient pas à se soucier de ce problème-là; leur bateau fendait les vagues, se rapprochant à une vitesse dangereuse.

Jormgard ne savait plus où mettre de la tête. D’un côté, un mercenaire à l’aspect menaçant tentait d’organiser un groupe de marins, ponctuant ses ordres du tranchant de son couteau. De l’autre, des hommes pris de folie couraient dans tous les sens. En général, c’était dans ces moments que Jormgard prenait la fuite. Il n’aimait pas les causes perdues. On y finissait le plus souvent par mourir horriblement.

Aucune terre à l’horizon. Au moins, il n’aurait pas à se mouiller en restant sur le bateau. Faible consolation. D’ailleurs, comment combattait-on sur un navire? En y réfléchissant, ce ne devait pas être si différent que sur la terre ferme. Peu importe où, un homme au crâne défoncé est un homme mort. En plus, pas besoin d’enterrer les cadavres après; suffirait de les jeter à l’eau. Cette pensée ne lui remonta pas vraiment le moral. Surtout que c’était lui qui risquait de finir au fond de l’océan.

Il reporta son attention sur le navire en approche. Malgré sa grandeur impressionnante, avec ses deux tours surélevés, il avançait vraiment vite. Jormgard prit une bouffée d’air. Son cœur battait si fort qu’il semblait sur le point d’exploser. Maudit navire! Saloperie d’eau! Pourquoi Mogar s’acharnait-il sur son sort? Se calmer. Il prit une longue inspiration, se concentrant sur l’air qui gonflait sa poitrine; son sang qui coulait dans ses veines, fortifiant ses muscles. Bordel! Il ne voulait pas mourir!

Pendant un instant, il songea sérieusement à sauter par-dessus bord. Il était endurant. Peut-être qu’en se débarrassant de son armure, il pourrait atteindre la terre ferme. Ce ne devait pas être trop dur de nager; suffisait de garder la tête en dehors de l’eau. La terre ne devait pas être si loin. Il pourrait prendre un métier de garde, quelque chose de pas trop dangereux. Oublier cette histoire; se refaire un peu d’argent, peut-être jouer quelques parties de cartes. Une secousse, suivi d’un hurlement le ramena à la réalité. Ils étaient là. Jormgard enlaça son marteau contre sa poitrine et chuchota quelques mots, donnant l’allure de réconforter un enfant.

Il prit une dernière inspiration, injuria Mogar pour l’avoir foutu dans cette merde et sauta sur le pont.


Dernière édition par Jormgard l'Infâme le Jeu 5 Jan 2017 - 3:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeMar 20 Déc 2016 - 0:21

Morganõn:





Il se tenait sur la poupe de son propre navire, les mains à son ceinturon, les flammes déversée sur le navire adverse brillant dans son regard détraqué... Il riait à gorge déployée, un rire satanique et tout ce qu'il y a de plus virulent, et il dégaina son sabre alors que les navires commençaient à s'entrechoquer, hurlant de toute sa voix déraillée et rocailleuse.

-A L'ABORDAGE ! FORBANDS ET FILS DE CHIENNES ! SAIGNEZ-MOI CES POURCEAUX ! Et c'est sur cet ordre violent, déployant toute une énergie malsaine, que les hommes d'autant plus effrayés par ce qu'il se trouvait derrière eux, montèrent à l'abordage du navire en proie aux flammes, hurlant avec la rage de milles bête extirpés de l'enfer, fichés de quelques dizaines d'épieu de la taille d'une jambe, balancés par une dizaines de scorpions assoiffés de sang, alors que ces même flammes s'agrippaient à tout ce qui passait de par leur provenance huileuse, quelques hommes ayant échappés à celles-ci s'étaient retrouvés fichés dans les mats, dans le bois et dans les ballustrades par ces mêmes épieux assoiffés de sang...

Comme pour accompagner cette violence et ce déchaînement de morts, le ciel s'était assombris, amenant un air d'autant plus effroyables à la scène... Une scène du Nifflheim, les flammes avivées par les vents qui se levaient léchant les voiles et les tuniques en s'y agrippant comme milles démons, les pirates aux allures de morts-vivants et de bête sauvages tombant sur les quelques malheureux éberlués et non préparés, en leurs lacérant la peau et les chairs de sabres et de couperets lourds et immenses... Quelques jeunes matelôts pleurants leurs mères en tentant de sortir l'une des quelques trois embarcations de secours en cas de naufrages se virent rapidement empalés et saigné comme des bêtes amenés à l'abattoirs, et alors que ce carnage ne faisait que gagner en puissance, le rire malsain et démoniaque du capitaîne Morganõn fit d'autant plus audible qu'il se porta à l'assaut en se lançant depuis un cordage tranché de son propre navire, amenant par la même occasion le mat de misaine à ployer sous le vent violent qui venait d'arracher quelques voiles éprises par les flammes...

Il s'écrasa sur le pont de poupe, cherchant ce qui semblait être à même de se battre contre lui, sabrant quelques chiens en armures tentant de protéger la cargaison et leurs supérieurs, avec un air particulièrement serein et froids, comme si s'emparer de la vie n'était rien d'autre qu'un routine moribonde à laquelle il avait finit par presque prendre goûts.. Rapidement cependant il fut encerclés par trois hommes, alors que plus bas se déchaîné la fureur de ses hommes, et d'un nain qui tenait à sa propre vie, quelques tires de scorpions en plus, dont un qui manqua de peu le Cerbère de Tyra, lui arrachant un jurons alors que les quelques hommes ayant eu le courage de l'affronter à plusieurs s'étaient rapidement retrouvés propulsés par cette salve, dans des hurlements effrayés et effarés.

En contre-bas, toujours ces hurlements, ces pleurs, ces rires malsains, cette apparence destructrice offrant aux quelques témoins une scène des plus horrifiante.... cela n'avait rien d'une histoire drôle, ou d'une histoire agréable au bon dénouement... C'était l'arrivée de l'enfer sur mer, là où l'enfer était d'autant plus proche des hommes et des êtres vivants.. Tyra rongeait chaque jours un peu plus les territoires des vivants, et avec ses envoyées, elle s'accorder d'autant plus de serviteurs...

Un hurlement, un cri de rage alors qu'un homme était envoyé contre la roue du gouvernail, le corps bloqué par une botte couverte de sang..

-RENDEZ-VOUS ! Tyra n'en sera que d'autant plus heureuse que de vous accueillir avec douceur ! Il tourna violemment la roue, un bruits glauque de craquement, et de déchirement se fit entendre, alors qu'il forçait d'autant plus... Rendez-vous ! Et vous aurez droit à une mort rapide et avec le moins de douleur possible ! Ou alors... JE VOUS EN PRIE ! Faîtes-moi donc ce plaisir ! DEFENDEZ-VOUS !

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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeJeu 5 Jan 2017 - 3:11


Le courage peut naître de différentes façons. Certains héros, appelés à remplir un destin glorieux, crachent devant le visage du danger et de la peur. Audacieux, téméraires, ambitieux, ils n’hésitent pas à se jeter dans la mêlée pour faire rayonner leur gloire. Ce sont ceux-là qui meurent en premier. Un homme aux épaules larges, la mâchoire carrée et les longs cheveux d’étain étaient allongés au sol, la chair mutilée par de nombreuses meurtrissures et coupures. Il baignait dans une mare rougeoyante, sa main s’agrippant toujours à une longue lame ensanglantée; un marin plus grand, plus fort, plus habile que les autres; il n’avait pas hésité à s’élancer pour défendre les siens et combattre vaillamment. Maintenant, couché avec les autres cadavres sur le pont mouillé de sang, le héros n’était plus qu’une autre pièce de viande livrée aux charognards.

Jormgard retroussa les lèvres, dévoilant une étrange grimace. L’odeur aigre du carnage se mélangeant à l’air salé lui ravissait les narines. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, la vue d’un bain de sang lui procurait toujours ce même frisson enivrant. Il y avait quelque chose d’exaltant à l’idée d’affronter la mort. Un coup de lance dans le flanc; une flèche tirée au hasard qui vous transperçait la gorge; il n’en fallait pas beaucoup pour tuer un homme. Le survivant n’était pas le plus fort ou le plus agile : c’était le plus chanceux. Et malgré tous ses malheurs, Jormgard était drôlement chanceux d’être encore en vie.

Peu à peu, sa panique laissait place à l’engourdissement d’un calme professionnel; héritage de nombreux affrontements où la mort n’avait jamais été bien loin. Le boulanger se levait le matin pour confectionner son pain; le paysan labourait ses champs; Jormgard brisait des nuques avec son marteau. Un peu plus violent que les autres, mais chacun se devait de gagner sa vie. Et il était vachement doué dans sa profession.

Il brandit son marteau dans la lumière du soleil et bondit avec une vigueur inattendue pour sa petite taille. Un pirate lui tournait le dos, occupé à faire de grands moulinets avec son sabre. L’impact de l’acier, avec toute la force de deux bras aux muscles puissants, fracassa le genou du malheureux. Il poussa un cri en tombant au sol, sa jambe ployant sous la violence du choc. Un deuxième coup, cette fois dans le derrière de la nuque, lui broya le crâne contre les planches du pont, exposant le contenu de sa cervelle. Cette violence sauvage, aussi brutale qu’horrifiante, fit reculer deux autres pirates aux yeux écarquillés, ne souhaitant pas vivre le même sort que leur compagnon.

Un cri qui ressemblait plutôt à un rugissement se figea dans l’air; une voix menaçante, se rapprochant presque de la démence. Ce son fut comme un signal; les deux marins sautèrent sur Jormgard. Le bois craquait, le métal explosait en étincelles, des cris d’agonie fusaient. Il bloquait et esquivait tout en proférant une volée de jurons. Chaque entaille sur son armure; chacune des plaies dans sa chair lui enflait la tête. Il se battait à la manière d’un animal piégé; une bête enragée prête à tout pour survivre. Une flèche siffla à son oreille, lui caressant la joue d’un trait écarlate. Il recula et tituba en trébuchant contre le cadavre d’un matelot au visage défiguré d’une balafre macabre. Un pirate aux joues creuses leva son bras, ses jointures blêmes serrant la poignée d’un sabre courbe. Sa main tomba, tranchée, pour ne laisser qu’un moignon d’où vomissait une giclée sanglante. Surpris, le pirate fixa son poignet mutilé; une longue lame lui embrocha le flanc. Jormgard chercha du regard son sauveur au moment où quelque chose lui heurta l’arrière du crâne et le projeta sur le ventre. Ses dents claquèrent et sa bouche se remplit d’un liquide chaud. Il anticipait le moment où une pointe lui transpercerait le dos. Rien ne vint. Il ferma les yeux et savoura ce repos inattendu. Sa tête était engourdie, ses muscles brûlants semblaient avoir perdu toute leur vivacité. Il voulait relaxer seulement quelques secondes. Une voix lointaine, familière, lui indiqua que ce n’était pas une bonne idée. Jormgard se remit debout.

Un homme aux pieds dansants s’approcha, le visage mauvais et le sourire carnassier, agitant dans les airs un fer recourbé. Jormgard leva le manche de son marteau pour bloquer le coup; remarquant que ses mains étaient vides, il plongea sur le côté au dernier instant; le sabre fendit l’air où il se trouvait un moment plus tôt. Emporté dans sa volée, il gravit une série de marches, chacun de ses pas faisant crépiter le bois. Une fois en haut, Jormgard reprit son souffle. Devant lui s’étendait une dépouille au visage livide, sa poitrine empalée d’un énorme pieu. À ses côtés, un homme gisait contre le gouvernail du navire, une botte sanguinolente s’enfonçant dans son torse. En levant les yeux, Jormgard croisa un regard sinistre aux yeux scintillants de folie.


Dernière édition par Jormgard l'Infâme le Mar 10 Jan 2017 - 16:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeMar 10 Jan 2017 - 13:44




Morganõn posa son regard démoniaque sur le nain couvert d'hémoglobine et de lambeaux de chairs s'étant rué vers le gaillard arrière, lui offrant le plus beau de ses sourires, commençant à rire légèrement avant d'envoyer son genoux percuter le front du nain devant lui, peut-être suffisamment fort pour l'envoyer valdinguer en bas des marches qu'il venait de grimper avec foi.

Sabre à la main le pirate passa par dessus le cadavre de l'ancien propriétaire de la carcasse à venir sur laquelle ils se tenaient tous, ricanant encore un peu en repensant au regard déconfit que lui avait donné ce nain. Il passa son regard sur les alentours, observant les flammes ronger le navire sur lequel ils se tenaient, les voiles avaient été emportées dès le départ de celles-ci, et les quelques combattants restant se faisaient déjà tailler en pièces, du moins sur le pont, il faudrait encore rapidement nettoyer les cales et s'assurer de prendre les objets de valeurs. Morganõn descendit calmement les escaliers qu'il venait de faire dévaler à ce nain quelques uns de ses hommes s'étant dores et déjà attelé à le saisir, comme bon nombres des quelques survivants.

-Arh... Attachez-les au mât, que cinq reste à leurs côtés, trancher la gorge de ceux qui parlent trop, ou qui chouinent, et le restes, allez me vider ces cales. Saignez tout porc qui tenterait de se défendre...

Le nain n'était pas bien loin, pris aux bras et jambes par quatre hommes pas moins, celui-ci se débattant comme un beau diable avant que l'un ne décide d'abattre son coude dans son nez, le sonnant suffisamment pour qu'il ne soit pas trop une peine à déplacer jusqu'au mât... Où ils le fixèrent rapidement avec quelques autres gaillards encore en "vie"... Certains tant amochés qu'ils auraient pu être désignés comme mourants et jetés par dessus bord dès que possible. Morganõn ne posa plus le regard sur le nain continuant sa marche jusqu'aux cabines des officiers, enfonçant au passage sa lame dans la gorge d'un moussaillon dont la jambe était coincée entre une poutre et le  sol, oh il aurait très certainement survécus si l'on avait daigné le sortir de là, et ses cris et chouinements prouvaient qu'il avait encore bien de la verve... Pauvre enfant... Morganõn essuya sa lame sur son dos, tout en continuant d'avancer dans les appartements du défunt capitaîne de ce navire.

Il cherchait ce que tout bon capitaine gardait à l'abris, ce coffre contenant de quoi payer les hommes le temps d'une traversée, sur ces navires marchand ce n'était jamais une somme bien extravagante mais pour un seul homme cela pouvait changer une vie, et ce que le capitaine trouvait, il le gardait...

Pendant ce temps, les cinq hommes désignaient pour garder le pont supérieur du navire avaient déjà solidement attaché le nain et peut-être trois des hommes qu'il restait encore de vivant sur ce pont principal... Les cris des quelques survivants aux tripes à l'air, et des pauvres gaillard pris au piège dans les cales leurs revenaient comme des réverbérations du Nifflheim qui les attendait... cela prendrait quelques heures, tout au plus, et les flammes grondaient encore sur les restes de cordage du navire, ayant pris aussi à quelques emplacements de munitions en bois et de ballustrade, quatre autres hommes abordèrent le navire, venant rapidement éteindre ces feux à l'aide de tissus détrempés d'eau..  Le nain était tourné vers le navire pirate, celui-ci plus haut d'un mètre de pont, laissait tout de même voir quelques hommes restaient en son sein, préparant déjà quelques planches pour faciliter le transport des marchandises du navire abordés au leur...

Les gardes assimilés à la tâche de s'occuper du nain et des trois pauvres types encore bien vivant, s'amusaient à finir les quelques survivants gémissant sur le pont, gardant un oeil attentif sur leurs prisonniers de l'instant... Morganõn demanderait très certainement à ce qu'on les laisse sur le pont, et que l'on mette le feu au navire, en versant un peu d'huile pour faciliter la combustion, mais certain voulaient déjà s'amuser à torturer les pauvres survivants, l'un des gardes d'ailleurs, laissait bien la tâche ingrate de finir les mourants, s'attardant sur l'un des mousse qu'il s'était lui même permis d'attrapper et d'attacher aux côtés du nain... Jouant de sa dague devant le jeune homme en ricanant.

-Dis-moi l'chiard, t'aurais-t'y peur d'la mort ? Ricana-t'il, ses chicots tous plus noirs que de la suie. Il ne reçu bien entendue aucune réponse, le gosse étant bien trop occupé à être encore sous l'choc, et noyé d'une peur qui le paralysait totalement...

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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeMer 11 Jan 2017 - 17:43


Mâchoires serrées, Jormgard examina l’homme aux yeux fous; une longue barbe tachée de sang lui couvrait la poitrine; il paraissait imposant, ce qui s’accentuait par sa forte stature et son grand chapeau rapiécé qui lui couvrait la tête. Mais c’était ses yeux qui dérangeaient : deux charbons rougeoyants de démence. En apercevant Jormgard, un sourire sinistre se traça sur ses lèvres et sa bouche grogna un rire rauque, plus proche de l’animal que de l’homme. Jormgard, hésitant, se baissa pour ramasser le poignard dissimulé dans sa botte. Avec les années, il avait compris qu’un combattant n’avait jamais assez de couteaux, et il s’assurait de toujours en garder une multitude sur lui. Un mouvement rapide lui fit lever les yeux; une planche craqua sous le poids d’une énorme botte. Par instinct, Jormgard fit un pas de côté pour éviter le genou qui allait heurter sa tête. Trop tard : une douleur explosa dans son front, le projetant vers l’arrière. Déséquilibré, la tête tournante, il posa un pied derrière à la recherche d’un appui, mais sa botte ne rencontra que le vide. Il chuta en poussant un cri de surprise. Pendant un moment, Jormgard eut l’impression de flotter, puis son plastron percuta le plancher dans un bruit sec, lui vidant brutalement l’air des poumons.

Par réflexe, il tenta de se relever, mais ses membres, engourdis, ne lui obéissaient plus. L’horreur lui agrippa les tripes. Il venait de se briser l’échine. Il était foutu. Puis, une douleur formidable lui arracha une grimace, se propageant le long de son dos et remontant jusque dans sa nuque. Chacune de ses courtes respirations le faisait horriblement souffrir. Malgré lui, un sourire s’étira sur ses lèvres. La douleur était bon signe. Il parvint, en s’encourageant de jurons, à s’appuyer sur ses coudes et à s’asseoir. Il n’eut pas le temps de célébrer : des mains étrangères se glissèrent sous lui et le soulevèrent sans ménagement. Comprenant qu’on se saisissait de lui, Jormgard se mit à se débattre, grognant comme un enragé, mais leur poigne forte le maintint immobilisé. Un visage mauvais se pencha au-dessus de lui, le considérant pendant un instant. D’une moue ennuyée, le pirate écrasa son coude contre le nez de Jormgard, produisant un léger crac. Il sentit un liquide chaud coulé sur son visage en feu, se mélangeant au sang séché pour couvrir sa figure d’une rougeur morbide.

Les pirates coincèrent Jormgard contre le mât, ainsi que trois autres survivants, et les ligotèrent d’une longue corde, aussi serrée que possible, se souciant peu du confort de leurs prisonniers. Qualifier ceux-ci de survivants était un peu généreux : en vérité, leur allure se rapprochait plus du cadavre que du vivant. Même Jormgard, qui faisait peine à voir, eut un certain regain de vitalité en les observant. Un en particulier, juste à sa gauche, était lamentable. Ses cheveux bouclés, souillés par la violence des combats, lui tombaient épars sur le front; il ne devait pas être vieux, il avait encore la mâchoire anguleuse de la jeunesse. Des muscles fins, une taille frêle. À peine un homme. Les yeux gorgés d’eau, il pleurait, suppliait les pirates d’épargner sa vie. Plutôt que d’être pris en pitié, les pirates accueillaient ces plaintes de leurs gloussements amusés. Le gamin tourna ses yeux tristes vers Jormgard. Il aurait sans doute dû le consoler, lui redonner espoir, lui dire que tout allait bien aller; au moins essayer quelque chose pour le calmer. Jormgard détourna le regard. Il n’en avait rien à foutre du gamin.

Sur le pont, les pirates s’affairaient à égorger les malheureux qui, s’accrochant à la vie, ne pouvaient que hurler en contemplant leurs tripes fumant au soleil. Un pirate, las des cadavres sans doute, s’approcha en souriant, ses dents rongées par la pourriture à tel point que c’était à se demander comment elles faisaient pour rester accrochées.

« Dis-moi l’chiard, t’aurais-t’y peur d’la mort? »

Il caressa la joue du gamin du tranchant de sa lame, appliquant une pression suffisante pour produire une coulée sanglante. Le garçon ferma les yeux et balbutia des mots incompréhensibles.

« C’est à toi que j’parle p’tite merde, » dit le pirate en collant son visage à celui du jeunot, si proche qu’il aurait pratiquement pu l’embrasser. « Oh, c’est qu’elle a peur de mourir la p‘tite crotte. »

Pendant un instant, Jormgard fut convaincu qu’il allait lui trancher la gorge. Le gamin aussi, à se fier à son teint blafard et ses gémissements incontrôlables. Le pirate, après un moment, se contenta de reculer en montrant, de la pointe du couteau, le pantalon du prisonnier. Ses compagnons rirent de bon cœur avant de reprendre leur besogne.

Jormgard savait ce qui les attendait. Il l’avait vu plusieurs fois durant ses années en tant que mercenaire; il en avait même été l’instigateur à certaines occasions. On rassemblait les prisonniers au centre, un peu de bois à leurs pieds et l’on allumait un joyeux bûcher. C’était tout de même du gaspillage, puisqu’il devenait impossible de les revendre en esclavage, mais c’était une sorte de tradition. Et les hurlements parvenaient toujours à arracher quelques sourires.

Jormgard examina les pirates : il en compta cinq sur le pont, plus une poignée qui transportaient le butin récolté sur leur bateau. Rien de pire qu’assister à sa propre exécution, les mains liées, impuissant devant le spectacle, témoin de sa propre fin. Mais Jormgard n’avait pas l’intention de rester immobile, tandis que les flammes lécheraient sa cuirasse, ravagerait sa chair. Il s’acharnait, depuis un certain temps déjà, à couper ses liens. On n’avait jamais assez de couteaux. Il sentait la corde qui, de plus en plus détendue, tomberait d’un moment à l’autre. Si ses voisins s’en étaient rendu compte, ils ne dirent rien. Enfin, un dernier coup du poignet et les liens tombèrent au sol, libérant les quatre prisonniers.

Jormgard frissonna. Il aurait vraiment aimé que cela se termine autrement. Mais, parmi ses options limitées, celle-ci semblait la plus prometteuse. Il s’élança, bouscula un pirate au passage et sauta par-dessus bord.
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeJeu 12 Jan 2017 - 15:45

Le mousse tomba à deux genoux sur le sol. Fuir... Il devait fuir... Il ne voyait pas. N'entendait pas. Il n'avait plus ni faim, ni froid. Il ne ressentait ni douleur ni fatigue. Une peur sans borne lui broyait l'estomac. Il cracha un flot de bile, recroquevillé sur lui-même, les jambes encore empêtrées dans les cordes.

Fuir... Il devait fuir...

Un hurlement de rage poussa la panique à le jeter en avant. Il bondit. Il courut. Il s'élança... Le bastingage! Une ombre passa devant lui. Sauta par dessus-bord. Le bord! Il y était! Il était là!

Un étau se referma sur son poignet. Son cœur explosa. On l'immobilisa de nouveau. Malgré ses cris. Malgré sa terreur. Malgré l'injustice que représentait cette si coure existence.

Ainsi furent tranchées quatorze années de la vie d'un anonyme.






"M'DAME! DES FLAMMES A L'HORIZON!
-DES NAVIRES?
-UN... PEUT-ETRE DEUX. ... ... PAVILLON NOIR!
-Et merde..."

Un certain flottement gagna les hommes à la manœuvre. A la barre, Patte-Folle jura une demie douzaine de fois dans trois langues différentes avant de faire signe à un des matelots sur le pont pour lui confier la périlleuse mission d'aller réveiller le capitaine. Sur l'Eris et si près de Meca, elle le sentait quand même moyen le coup du feu de camp à l'horizon avec pilleurs en option... Ils étaient trop loin de la côte pour caboté discrètement...

Elle donna les ordres pour dévier légèrement de leur trajectoire, continuant le plus près possible de leur cape sans s'approche du feu de joie... Dommage pour les marchands mais c'était pas le moment de tomber sur un équipage ennemis lourdement armé...

"NID-DE-PIE! PRÉVIENT MOI DES QUE QUELQUE CHOSE BOUGE!"
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeJeu 12 Jan 2017 - 22:56


Pendant un instant, il fut libre. Les hurlements s’éloignaient, au fur et à mesure qu’il chutait, pour n’être bientôt plus que des murmures tandis que ses bottes fendaient l’air, sa longue barbe lui fouettant le visage. Le profil du bateau pirate défilait devant ses yeux : des planches de chêne, de cèdre, des ornements sculptés dans du bois de peuplier. Une véritable forêt flottant sur l’eau. Jormgard était beaucoup trop effrayé pour crier. Il agitait vainement les bras. Sous lui s’ouvrait la masse bleue de l’océan, se rapprochant plus près, toujours plus près, s’apprêtant à l’engloutir.

L’océan l’enlaça avec la force d’un marteau, éjectant l’air de ses poumons et l’enfonçant dans les ténèbres glacées. L’eau s’insinua dans les cavités de son armure, submergeant chaque parcelle, gratifiant sa peau d’une caresse froide. Une étreinte fougueuse qui cherchait à l’étouffer. Il s’agitait et se tortillait, luttant pour rejoindre les faibles rayons lumineux qui perçaient la coquille aqueuse. Rien à faire, l’obscurité l’inondait, s’emparant de lui pour le tiré vers le fond. Il n’avait pas le choix. Il agita ses mains paniquées, s’efforçant de détacher les pans de sa cuirasse. Ses poumons étaient en feu, sa vision s’estompait. Il mourrait seul; une carcasse perdue au bas du gouffre océanique, oubliée de tous. La dernière languette céda enfin. Les yeux exorbités, il se faufila hors de l’étau métallique, un pincement au cœur en abandonnant son bijou aux profondeurs glaciales. Alors il se mit à se débattre. Tous les membres de son corps, unis dans une danse tourmentée pour le projeter vers le haut, vers la lumière. Son unique but. L’affolement coulait dans ses veines. Continuer à pousser, se hisser plus haut, juste un peu plus…

Sa tête émergea. Il inspira et ses poumons asphyxiés se gonflèrent comme des éponges. Puis une vague le renversa en lui claquant au visage.

Garder la tête hors de l’eau. La seule chose qui comptait. Remuer les bras, les jambes; prendre appui sur l’eau pour s’en éloigner. Toujours vers le haut. La brûlure qui élançait tous ses muscles; son corps de feu dont la vie s’échappait peu à peu, avalé par l’immensité tempétueuse. L’épuisement qui engourdissait ses membres, qui l’étourdissait. Gesticuler dans tous les sens. Toujours vers le haut.

Sa main rencontra quelque chose. Jormgard s’y agrippa de toutes ses forces. Il parvint à se hisser, tremblant sous l’effort. Il émergea de l’eau, sa poitrine s’allongeant sur l’objet insolite, ses doigts s’y accrochant à grand-peine. Il tournoyait sur lui-même, sa tête tourbillonnait, son estomac se secouait. Il eut un haut-le-cœur et expulsa une violente giclée qui, flottant un moment, fusionna avec la masse d’eau pour disparaître. Comme il s’apprêtait à reprendre son souffle, une vague lui explosa au visage, inondant sa bouche d’un goût salé. Il toussa, cracha, frissonna.

Les étourdissements perdirent un peu d’ampleur et Jormgard parvint à distinguer sur quoi il s’appuyait; un baril gonflé d’humidité, tanguant aux caprices des courants marins. Les vagues se répercutaient sur ce petit îlot, menaçant à tout moment de l’engloutir. La respiration courte, grelottant de froid, ses doigts blanchis s’y cramponnaient. Sa vie en dépendait. En levant les yeux, il aperçut le Bourgogne dans toute sa grandeur. À la manière d’un hérisson, sa cale était criblée de pieux, éventrant une partie de la cargaison qui, abandonnée au gré de l’océan, tourbillonnait dans l’insouciance. Dans son dos, il devinait le navire-pirate encore plus immense. Il se sentait si petit, si seul, coincé entre ces deux géants. Il ferma les yeux, ployant la tête sous le poids de l’amertume. Jamais ses yeux ne reverraient les hautes montagnes du Zagazorn; ses jambes ne franchiraient plus les falaises escarpées; la neige ne gémirait plus sous ses bottes. Condamné à la solitude pour l’éternité. Jormgard étouffa un sanglot. Quelque chose coula le long de sa joue, une goutte de ce maudit océan, sans doute. Son regard se perdit dans l’horizon.

Il écarquilla les yeux lorsqu’une forme aux contours flous se matérialisa. Dans un élan de désespoir, il agita son bras, criant à s’en déchirer la gorge.
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeVen 27 Jan 2017 - 1:55

Bon...

"Il a pas l'air de rester grand chose quand même...
-Ouais mais même du bois et de la bonne toile. ça nous fera économiser bien plus que tu ne semble le croire.
-De la toile... tu parles. Il a flambé le machin.
-Bon baaah... du bois.
-Vous êtes sérieuse?"

Patte-Folle toisa la Capitaine avec suspicion. Ses étranges tresses noirs lâchement retenues en un sac de nœud à l'arrière de sa tête, encore la trace de l'oreiller sur la joue, la longue vue à la main, elle avait déjà été plus convaincante. Ce genre de tactique était classique chez les pirate. Un premier abordage, on s'écarte et on attend qu'un bateau soit assez charitable pour venir ramasser les reste pour se faire une seconde prise rapide. Alors s'approcher de ce truc n'était que pure folie...

Mais c'était le capitaine et on conteste pas un ordre sur le moment... Alors elle avait ordonné la manœuvre nécessaire.

Lâchant sa longue vue, Koda revint près de la timonière du moment pour reprendre la barre. Patte-Folle s’écarta en claudiquant, s'appuyant sur le bastingage pour gueuler deux ordres aux gabiers avant de se retourner vers son supérieur. Foutre de la contestation!

"Cap'taine...
- Tu sais quelle est le défaut des pirates dans ce cas?"

Sachant que c'était une pure question de rhétorique, la bosco ne lui fit pas l'affront de répondre par l'affirmative et se contenta de relever un coin de ses lèvres. Alors elle comptait là dessus...

"Ils sont lent. Pour attendre ils doivent se mettre en panne. La mer est dégagée. Ils devront donc être aux limites de l'horizon. le temps de remonter les voiles, de lancer le rafiot à bonne vitesse et de faire le chemin, on aura au minimum un bon quart d'heure sur place sans prendre de risque. Largement le temps de récupérer deux trois babioles. Il faut juste que nous évitions de nous mettre en panne nous aussi

-Alors vous voulez récupérer des caisses en mouvement?
-A vent debout dans le meilleur des cas! Et même si ça prend un peu plus de temps, on pourra toujours semer leur navire. Tu le sais aussi bien que moi. l'Amaranthe n'a pas son pareille en vitesse. Même contre ces boutres en bois de chauffe.
-Sauf vot' respect capitaine, vous êtes folle.
-Merci!"

Et ainsi fut fait. Sachant dans quelle direction était parti le navire pirate, ils purent s'approcher dans son sillage sans risquer de le croiser. Il leur fallut bien une heure pour arriver assez près pour pouvoir déterminer s'il y avait quelque chose d'intéressant avec la longue vue et le nid de pie. Et Tari, Tyra, Eris, Wek'ta, Teiweon et la grande flaque de pisse sacrée étaient avec eux parce qu'il y en avait des trucs intéressants!

"Les enfants, va falloir la jouer fine et se bouger les miches. Parce qu'il y a quelques caisses qui se baladent et elles ont l'air encore pleines vu la ligne de flottaison!"
lança Koda en retombant agilement sur le pont après être monté au mât pour vérifier de ses yeux.

Un frisson d'excitation passa sur le navire. Certes, les prises supplémentaires n'augmentaient pas leur salaire... Par contre cela augmentait parfois sacrément la qualité de la bouffe dès le port suivant!

"Paré à la manœuvre Capitaine!
-Vent Debout au plus près de la carcasse!"

Et comme pour accompagner les marins qui mettaient du cœur à l'ouvrage, debout près de la barre, elle accompagnait chacun de leur mouvements d'une espèce des danse à la fois fluide et rythmé tout en scandant pour que tout soit effectué de concert. Un spectacle étrange qui avait de quoi faire sourire. Mais les résultats semblaient être là puisque les matelots, parfaitement coordonnés, réussirent à caler les voile jusqu'à ce que le navire s'immobilise presque entièrement. Même la dérive semblait minime.

Plusieurs hommes restaient en tension pour que les voiles restent parfaitement dans l'axe mais les autres couraient déjà vers le bastingage.

"Larguez la chaloupe! J'irai repêcher personne! Vous avez un quart d'heure pour ramener le maximum!
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH"

Le Capitaine ainsi qu'une bonne partie des matelots sursautèrent, se tournant subitement vers bâbord. Un cri venait de se noyer dans un gargouillis aqueux. Ce que jusqu'ici, les gémissements d'efforts, le vent, la mer et les voix de Koda et Patte-Folle avaient camouflés venaient de se révéler à l'équipage. Là-bas, sur un tonneau, un homme trempé jusqu'à la moelle des os hurlait pour attirer leur attention...

"LARGUEZ CETTE SALOPE DE CHALOUPE!"

La petite embarcation pouvait accueillir sans soucis une bonne douzaine de personnes. Pourquoi n'y en avait-il pas deux sur un bateau dont l'équipage était au bas mot deux fois plus nombreux? Parce que ça coutait trop cher et que ça ne rapportait pas assez... Oui c'était assez moche, mais pour le moment, c'était suffisant.

Koda ainsi que quatre matelots descendirent avec pour se diriger a grands coups de rames vers le naufragé. Les bras massifs d'un matelot le tira dans la chaloupe... enfin il essaya et dut bien y mettre le deuxième pour parvenir à le hisser. Un sursaut involontaire du malheureux fit tanguer la barque. Si elle ne versa pas, se fut presque un miracle... Miracle qui se paya par le fait que le Capitaine plonge la tête la première.

"Cap'taine!
-Slarh'kan! gargouilla-t-elle en sortant la tête de l'eau. "

Un bras se tendit vers elle.

"Ramenez le à bord on l'interrogera plus tard, il sera toujours temps de le remettre a la flotte. J'en profite pour faire un tour, regarder ce qu'il y a de mieux... A et tiens, prenez le baril avec il a l'air d'avoir tenu le coup le bougre."

Étrange... Mais pas tant que ça quand on avait l'habitude de naviguer avec elle... Le ramener jusqu'à la coque. Heureusement, l'efficacité des matelots à bord permirent de l'encorder solidement pour le remonter sans avoir besoin de remonter la chaloupe entière. Aussi le naufragé se balança-t-il durant quelques instant comme un verre a l'hameçon au dessus de l'eau. Heureusement, il arriva a bon port.

Un péninsulaire du bord regarda le nouveau venu sous toutes ses coutures...

"Merde... Il en manque un bout
-T'es con..."
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Joachim Le Coq
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeMer 8 Fév 2017 - 10:18




Quelques heures s'étaient déjà écoulées depuis l'incident, Morganõn avait lui même exécuté l'un des hommes ayant laissé s'enfuir ce nain, sa colère ayant éparpillée quelques morceaux du gredin sur le reste de pont, ils laissèrent sa dépouille ici-même alors que le jeune-homme et les autres survivants attendraient leurs morts sur place, les flammes les léchant lentement pour s'emparer de leurs âmes avant que Tyra n'ait le temps de poser sa douce main dessus.

Comme l'avait anticipée le capitaine de l'Amaranthe, Morganõn avait pour habitude de laisser les cadavres de navire brûler sur la mère pour attirer les curieux et les imprudents, ou bien même encore les héros, pour s'emparer de plus de butin, et souvent de quelques munitions qui ne sauraient être de trop pour un navire comme le leurs. Cependant tout leurs chargement était bien trop lourd et malgré qu'une presque-île était à même de cacher leur navire et que seul le nid de pie avait vu sur ce qui se déroulait près de la carcasse fumante, Morganõn savait une chose, s'ils tombaient sur autre chose qu'un navire à l'allure de marchand dont la ligne de flottaison serait bien haute, ils ne sauraient leurs fondres dessus, et devraient laissés les quelques restes de marchandises qu'ils n'avaient cru bons de s'emparer pour attirer les orgueuilleux à leurs merci.

Et tel fut le cas, la rage du capitaîne fut d'autant doublée lorsqu'il put appercevoir que ces chiens étaient dans un de ces navires taillé pour la vitesse, et les jeux de passes. La rage fut telle qu'il manqua d'exécuter un autre de ses hommes sous le regard agare de ses pirates de confrères.

Mais il connaissait ce navire, l'Amaranthe, oh oui qu'il le connaissait, et cette rage n'en fut que décuplée. Cette chienne de capitaine plus noire que la suie rencontrait encore sa route. ce n'était pas la première fois, et ce ne serait sans doute pas la dernière, mais le seul moyen de les rattraper à la course serait d'abandonner plus des 4/5éme de leurs cargaisons, et c'était là hors de question, sa vengeance attendrait... Mais elle finirait par leurs tomber dessus.

Il ordonna à ce que l'on lance le navire en direction des restes, autant pour annoncer à celle-ci ce qui s'était passé, que pour s'assurer qu'il resterait quelque chose d'utile sur cette carcasse.

Les couleurs furent levés le temps de la course en leurs directions, qui prendrait peut-être une demi-heure, une au plus tard, et plus cela allé, plus l'esprit revanchard de ce capitaine s'emparer de son âme.

____________________________________________________________________________

Le Coq, lui, se fichait bien de ce qui se passait, continuant son feu et sa cuisson, comme d'habitude, mais lorsqu'il perçut le son des hommes soulevant des charges lourdes il fut rapidement intrigué... Et sortis calmement de sa cuisine.

"Par les couilles de Malbor, qu'est-ce qui s'passe encore ? Et c'est là qu'il vit le navire, bien trop près d'une carcasse fumante à son goûts... Son air devint bien plus sévère, et son regard se porta à la recherche du capitaine d leurs vaisseaux. Est-ce que j'dois rappeler ce qu'il s'est passé la dernière fois ?!

Oh, il n'hésiterait pas à le faire si on le lui demandait... Même si on ne lui faisait pas cet honneur d'ailleurs.

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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeSam 11 Fév 2017 - 2:43


Les vagues paresseuses se soulevaient aux chuchotements de la mer. Elles tournaient, dansaient et se dissipaient, s’éparpillant un moment pour mieux se rassembler l’instant d’après. Un essaim submergé se réunissant dans une étreinte passionnée, se caressant sous les rayons dorés du soleil froid. Un spectacle infini, aussi curieux que troublant. Les gouttes s’agrippaient, luttaient, s’abandonnaient les unes aux autres. Du haut de sa tour de bois, tanguant d’un côté et de l’autre, Jormgard les observait. En contre-bas, le flot se rassemblait en formations compactes pour l’entourer. Les unes après les autres, elles assaillaient la muraille. La plupart ne faisaient que s’éclabousser contre le rempart, mais certaines, plus coriaces, parvenaient jusqu’au sommet pour enlacer le naufragé dans un baiser glacé.

Le pauvre toussait sans cesse; ses poumons menaient une lutte acharnée pour chaque gorgée d’air. Sa gorge était un roc et l’océan, avec ses instruments rouillés, s’efforçait d’y ciseler une gravure barbelée. Une brûlure de sang et d’eau salée qui lui fouettait la chair. Au fond de son être, sa poitrine étouffée réclamait un second souffle. Pourtant, au lieu de le soulager, l’air cinglant lui consumait la gorge, comme si les braises se substituaient à l’onguent. D’un moment à l’autre, son corps meurtri céderait; alors, il deviendrait un autre de ces malheureux engloutis par les flots. Une carcasse flasque d’humidité, flottante dans le néant, abandonnée aux charognards des profondeurs froides et noires.

Une idée lui tournait dans la tête, un savoir éloigné, comme la pomme accrochée à une branche, un peu trop haute, que la main ne peut pas atteindre. Mais il comprit enfin. C’était Elle qui s’acharnait sur lui, qui le tourmentait. Jormgard pouvait entendre ses ricanements moqueurs. Voilée par les ténèbres, Varri le guettait de ses yeux vitreux. L’Esprit des Flots. Ainsi, il était enfin arrivé. Né des braises, il s’éteignait dans l’étreinte de la mer. Sous lui s’ouvrait le Grand Puit. Une masse figée, insensible à l’emprise du temps, aussi repoussante qu’attirante. L’éternité à ses pieds, si proche; il suffisait de s’y oublier. Et pourtant, il en était incapable. La marque dans son front lui rappelait celui qu’il était vraiment : le Traître, le Parjure, l’Infâme. Celui qui avait tué son propre frère. Pas de masque pour lui qui approche la fin. L’exil hagard de la solitude; dans cette vie, et bientôt dans la prochaine.

Mais, après tout, ne l’avait-il pas cherché? Ce jeune garçon, son pauvre visage meurtri et méconnaissable, il en était le seul responsable. Et toutes ces années de ruines et de misères dont il était la source; toujours à prendre et jamais à donner. Cette main ensanglantée et inconnue, n’était-elle pas la sienne? Toutes ces promesses – pourquoi? Avait-il vraiment eu le choix? Mais il était trop tard; le voile se levait, les derniers liens se rompaient.

Jormgard ferma les yeux et glissa, mais quelque chose le retint.

Il ouvrit les yeux. Deux bras puissants l’enlaçaient. Le gouffre d’eau s’éloignait alors qu’un souffle rauque lui piquait le cou. Prisonnier de cette emprise inconnue, Jormgard gesticula pour s’en dégager. Soudainement libéré, il tomba. Une violente douleur lui transperça l’intérieur du crâne lorsque son front s’abattit sur le sol. Le sol? Étendu sur le ventre, son visage s’enfonçait dans les planches mouillées. Au loin, des bruits inintelligibles parvenaient jusqu’à ses oreilles. Trop faible pour bouger, il resta allongé dans cette position pathétique pendant qu’un élancement lui fracassait les tempes. Et le temps passa. Jormgard, l’esprit en déroute, peinait à donner sens à ce qui l’entourait. Tout semblait s’éloigner, comme un sommeil difficile où, sur la berge du rêve, le monde perd ses couleurs.

Une pression lui enserra la poitrine. Envahi d’une bouffée d’incompréhension, son corps se raidit en examinant le sol qui s’éloignait progressivement. Une ascension vers le ciel; il flottait, retenu seulement par un mécanisme invisible qui lui comprimait le haut du corps. Suspendu de cette façon, il se balançait à la manière d’un pendule. Sa gorge se serra, son intestin se contracta; il eut un haut-le-cœur. Il s’apprêtait à expulser le contenu de ses boyaux lorsque des mains l’attirèrent pour l’aider à poser pied. Les jambes flageolantes, Jormgard tomba à genou. Il toussa, les yeux larmoyants, puis hurla de violentes giclées, chaque expiration le secouant de tremblements incontrôlables. Il se concentrait seulement sur sa respiration, anticipant le prochain assaut qui lui tordait l’estomac. Après ce qui sembla être une éternité, les contractions se calmèrent et il put s’allonger contre la rambarde.

Alors Jormgard prit conscience de tous ces regards qui le fixaient. Une bonne douzaine de marins l’observaient avec un mélange de curiosité et de dégoût. Il n’était pas mort en fin de compte. Peu importe ce que lui réservait Mogar, il avait encore besoin de lui. Un sourire tordit ses lèvres. Peut-être n’était-il pas trop tard, après tout?
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MessageSujet: Re: Un Nain à l'eau! [Amaranthe]   Un Nain à l'eau! [Amaranthe] I_icon_minitimeSam 4 Mar 2017 - 20:13

Pendant ce temps, tout capitaine qu'elle était, Koda avait pris son tricorne sous le bras pour s'enfoncer sous l'eau, se laissant happer par le courant produit par la carcasse en train de sombrer. Au milieu de la myriade de bulles, le couteau en os qu'elle avait saisi entre ses dents luisant de veines bleutées, son étrange nage fluide semblait à la fois créer un courant facilitant ses déplacement et maintenir un espace entre l'eau à son visage.

Elle se glissa rapidement dans le labyrinthe de planche de l'épave. Elle y tourna quelques instants, ramassant au passage un espadon et une hache d'une rare facture, lâchant pour cela son tricorne avant de s'extirper du piège mortel. Le cœur battant à grand coups sourds, ivre de la sensation de l'eau salée sur sa peau au point de ne sentir plus que le courant et l'échange d'énergie et de force qui existait entre elle et l'océan, elle remonta un bref instant pour poser sa trouvaille sur la chaloupe avant de replonger aussi sec. Elle ne pouvait résister à l'envie de tourner encore quelques instants dans la semi-obscurité de l'endroit avant que ses forces faiblissantes la force à remonter… ce qu'elle allait finalement faire lorsqu'une lueur attira son œil sur l'un des hauts fonds… enfin un haut fond à une dizaine de mètre sous la surface. Des pièces métalliques étranges y étaient resté accroché au lieu de sombrer au plus profond de l’abîme.

D'un coup de nageoire et de volonté, elle se retrouva a un souffle de l'étrange amoncellement… Une armure ? Bof, il serait toujours tant d'examiner tout cela une fois à bord. Au pire cela vaudrait au moins son poids en bon acier.

Il lui fallut deux voyage pour remonter les pièces d'armure éparses avant de se glisser sans problème sur la chaloupe, pour s'écrouler sur le dos, respirant un moment, le corps et l'esprit au repos sous le ciel dégagé. Elle replaça son couteau au fourreau.

« Capitaine… ?
-Vous en êtes où ? Répondit-elle sans bouger plus que les lèvres.
-On a fini. »

Et zut… bon. Et bah c'était repartit…

« Patte-Folle ! Les cordages de la chaloupe ! Arthy ! La cale ! »

Plusieurs approbation exultèrent au dessus de sa tête. La manœuvre fut un peu chaotique mais finalement la petite embarcation fut soulever sans perdre un sous de son chargement.

« On met les voiles et Fissa ! »


Puis remarquant la présence de Joachim, elle ajouta à son attention

« Promis, on fera pas comme la dernière fois…
-Capitaine ! Ils arrivent !
-On sera déjà loin !
-Et pour… lui ? Demanda un gabier en pointant le nain étendu contre le bastingage.
-On s'en occupe une fois tirer d'affaire.
-Capitaine ! Cria encore la vigie avant que Koda n'ait put rejoindre la barre.
-Quoi encore ?!
-C'est Morganõn.
-Merde… Les enfants on S'ACTIVE ! Patte-Folle à la barre. Le Vieux à la Manoeuvre. ! »

Aussitôt dit, elle monta sur le gaillard arrière et, suivant le rythme donné par la voix éraillée et forte du vieux bosco, elle… dansa. Chaque mouvement était aussi fluide que précis, donnant une étrange impression de complexité à cette chose qui… ne semblait pas servir à quoi que ce soit. Les marins tiraient les boutes et donnaient de la voilure. Le navire parfaitement taillé tourna sans broncher et en quelques minutes, il avait définitivement distancer l’ennemi.

Suant, a bout de souffle, le capitaine descendit de son perchoir, félicitant chaudement l'équipage et ordonnant que l'inventaire de la prise soit fait avec précision par un gaillard aux cheveux poivre et sels qui avait l'air moins patibulaire que bien d'autres.

Quand à leur invité… Elle vint s'asseoir contre le bastingage à son côté, épuisée, le cœur toujours battant, et l'observa un instant, un sourire avenant sur les lèvres. Tirant l'outre qu'elle portait à la ceinture, elle s'offrit une grande rasade d'eau claire avant de tendre le litron au nain.

« Tien, ça t'évitera de continuer à dégueuler tout l'océan sur mon navire. Ton estomac devrait apprécier. » puis une fois qu'il eu accepté « Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda-t-elle un ton en dessous.
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