[Solo] Voyage

Kÿrianos de la première ennéade de Bàrkios
Neuvième année du Onzième Cycle

Gris verdâtre du ciel d'un soir d'automne. Le vent te siffle aux oreilles une satisfaisante musique. Dissimulé par les rayons du soleil couchant, tu plonges tous crocs en avant vers la mer de feuillages. Tes doigts se sont rassemblés, tes jambes sont venues cueillir ton ventre, tu te laisses tomber. Délicieuse sensation qu'est l'abandon à la pesanteur. Grisé par la vitesse, excité par la chasse, le Wyvern laissant libre cours à ses instinct reprend sa digne place de Seigneur des cieux.
Cinq doigts s'écartent en un éclair, l'inertie est subitement déplacée, mais si violent que soit le choc, il ne suffit pas à t'étourdir. Tu as passé la surface, tu as fait ta percée, et là où les branches te l'autorisent, tu prends appui sur l'air. Ta chute se poursuit à l'horizontale, et s'oriente adroitement entre les rameaux. Ailes battantes ou pliées en pointe de flèche, tu vois finalement ce que ta moitié convoitait.

La gueule du Wyvern s'ouvre, et son cou fouette sèchement votre droite. Le goût du sang et celui de la chair fraîche imbibent tes papilles. Un umami fruité vient flatter ton gosier alors qu'enfin le décor arrête de défiler. Au jeune Hwîndil fut accordée une mort rapide. Tel est le prix du sursaut de vitalité qu'il vous est accordé. Quelques heures lové dans le ventre du tilleul, et le Wyvern reprendrait son envol.

Se laisser glisser sur les vents ascendants, voyager au bon vouloir de ton hôte, te laisser bercer par une Symphonie te confortant dans ta direction... tu te reposes. Tu te reposes des mois d'enfer et de déception que tu as connu, tentant d'oublier que l'avenir pourrait être encore bien pire. Et l'avenir sera bien pire, parce que sans que tu ne t'en rende compte, ils te dirigent vers ceux qui te retournent dignement la haine que tu leur voues. Tes frères, tes soeurs et ta moitié, c'est au devant de la plus dure des épreuves qu'ils ont choisi de t'emmener.