Prise de décision (Aymeric)

Jérôme était rentré de son abdication d'Etherna, il s'était rendu à Froissard afin d'y déposer Aline avant de se rendre à Serramire-ville. En effet il avait l'intention de rendre à Aymeric la régence d'Oësgard après tout ce qu'il avait fait pour le nord. La tâche qu'il s'était fixé était terminée, le nord était uni de nouveau même si tout n'était pas des plus rose. Les querelles entre marquisats n'étaient pas terminée, mais au moins les dits marquisats avaient de nouveau emprise sur leurs terres vassales et c'était calme à l'intérieur de ces territoires. Jérôme n'avait pas idée du conseil, on ne l'avait d'ailleurs pas convié. Une fois de plus in avait beaucoup voyagé, allant à l'élévation de la Hautre Prêtresse, puis assistant au mariage du Baron de Nelen avec Cécilie. Puis vint le tour de son propre mariage ou il avait vu le marquis de Serramire. Il était retourné à Oësgard afin de constater l'avancée de la reconstruction de l'ost qui était en bonne voie malgré des pillards encore et toujours. Une fois l'ost de taille conséquente, il faudrait les châtier, ces manants qui n'avaient pas voulu rentrer dans le rang. La principale préoccupation était toujours la nourriture qui manquerait cruellement cet hiver et qui prendrait nombre de vie au sein de la baronnie.

Jérôme avait ensuite prit sa décision et il s'en était retourné à Etherna pour abdiquer et enfin il était retourné à Froissard. Ce jour, il se trouvait à Serramire-ville après avoir annoncé sa visite. Il s'était rendu au château ou il attendait qu'Aymeric le reçoive.

Arrivé au château, Jérôme fut surprit de constater qu'on le regardait étrangement, les messes basses s'intensifiant sur son passage. N'aimant pas ça il tendit l'oreille et il surprit une conversation qui parlait du Sénéchal de Serramire, sauf que celui-ci portait le nom d'Evrard et nom de Jérôme. Intrigué, c'est très tendu qu'il attendit qu'on lui annonce que le Marquis allait le recevoir. Il suivit dans un état second le serviteur jusqu'aux cuisines, puis il ouvrit de grands yeux en voyant Aymeric beurrer lui même les tartines de la jeune coterie. Il ne comprit pas non plus pourquoi le recevoir dans ces conditions, avec la relève, à moins que le Marquis ne veuille profiter de cela pour placer sournoisement des mots qui seraient difficile à entendre par son vassal. Interloqué par l'attitude des plus amicales d'Aymeric, celui-ci avait merveilleusement bien joué le coup s'il voulait déstabiliser Jérôme. Le regard perplexe, Jérôme se ressaisit à temps

"Le plaisir est partagé, mon mariage va très bien si ce n'est les premières querelles arrivés trop tôt à mon gout. Mais bon sans querelle, c'est qu'il n'y a pas d'amour, et la réconciliation sera plaisante"

Il était rarissime que Jérôme fasse une blague salace mais les jeunes ne comprendraient sans doute pas et quitte à jouer la déstabilisation, autant démontrer que c'était terminé. Après avoir "embrassé" et aussi constaté la réticence de Goeffroy. Jérôme s'assit

"Je préfère les confitures pour ma part, je n'aime pas trop le citron"

Oësgard, voila une question à laquelle il s'attendait. Il avait veillé à être informé le plus possible de ce qu'il se passait durant ses absences et son passage entre son mariage et son abdication l'avait également renseigné

"En commençant par les bonnes nouvelles, le banditisme est en nette diminution. Nous avons décidé d'accorder le pardon à ceux qui feraient amende honorable et voulaient sincèrement se repentir. Par la même occasion, nombre de commandant de bandes indépendantes" pour ne pas dire mercenaire ou brigands "ont décidé de rejoindre les troupes baronniales. Par la même, le ban commence à retrouver des couleurs. Cela permet de renforcer la lutte contre les bandes ne désirant rien d'autres que de piller, tout comme la traque des derniers drows encore présents.

Pourtant, il y avait plus de mauvaises nouvelles que de bonnes et Jérôme n'était pas du style à dissimuler ou chercher à tronquer la vérité

"Malheureusement, je ne vous cache pas que la principale préoccupation reste les vivres. Rien ne poussera avant l'année prochaine et encore, si la paysannerie peut le faire dans de bonnes conditions. Il y a aussi le risque de maladie, nous nous acharnons pour essayer d'éviter cela mais rien n'est jamais acquis."

Alors qu'il était venu pour rendre sa régence, en plus de ce qu'il avait entendu sur le sénéchalat et qui l'intriguait, Jérôme se retrouvait à faire son rapport, le moment viendrait sans doute plus tard

Un peu ébranlé par la tournure des évènements, Jérôme faisait son possible pour garder contenance. Toutes les heures passées à l'apprentissage de la neutralité l'aidèrent grandement. Se concentrant sur sa respiration qu'il cherchait à garder calme, il prit une tartine qu'il enduit de confiture avant de la porter à sa bouche. La réponse très brève du marquis l'avait également prise de court et un silence s'installa, tous les regards allant du Marquis à l'ancien Baron, en attente de la suite. Jérôme se demandait s'il devait crever l’abcès de ce qu'il avait entendu depuis son arrivée ou si attendre que Aymeric en parle était plus sage. Ce fut finalement le Marquis qui reprit la parole, les mots choisis étaient d'une habileté extraordinaire, toutefois Jérôme (pour une fois) ne fut pas dupe. Lui retirer le Sénéchalat sans même lui en avoir parlé était un acte délibéré et un affront ou une punition, au choix. Posant sa tartine sur la table, il le prit comme un camouflet qu'il encaissa dignement, tête haute et ne baissant pas le regard. La naïveté le quittait petit à petit et il commençait à entrevoir des choses qui lui avaient été inaccessibles avant que la régente ne le baise comme il le fallait. Il s'était vaillamment battu afin de garder la tête hors de l'eau et de ne pas se noyer dans la maelstrom dans lequel elle l'avait abandonné après lui avoir demandé l'acte le plus vil de sa vie, à savoir se parjurer envers Odélian, acte qu'il ne se pardonnerait jamais malgré la justesse de la cause qu'il entrevoyait. Il s'était cru débarrassé de tout ce passif alors qu'il avait trouvé le pardon de son "ami" Gaston et que tous les malentendus avaient été levé avec Aymeric. Son mariage ajoutait à son bonheur, il avait navigué et la mer avait été chaotique mais il s'en été sortit indemne et même grandit. La vérité lui était revenu en pleine face, tout d'abord le jour de son mariage ou le Marquis d'Odélian n'était pas venu, preuve de sa fausseté, puis les pièces du puzzle avaient commencé à se mettre en place et l'ébauche du tableau qui se dévoilait n'était pas beau. Vidé, bien qu'ayant réussit à faire bien des choses, il avait prit une décision radicale. L'abdication de son titre de Baron était la première marche. Il n'avait pas eut besoin de rendre le Sénéchalat, on le lui avait retiré sans sommation. Il lui restait la régence. Il souhaitait conserver son titre de Seigneur de Froissart, histoire d'avoir tout de même de quoi entretenir son épouse, mais il commençait à se poser quelques questions. Il acquiesça de la tête aux mots d'Aymeric et prit un ton des plus neutre

"Votre Excellence, je vous remercie pour l'Oesgardie, je ne doute pas que votre geste sera très apprécié et qu'ainsi, vous raffermirez encore plus les liens entre la baronnie et Serramire. Je prends bonne note que vos me relevez de mon Sénéchalat, c'était un honneur que vous m'avez fait."

Amer, c'était le mot qui venait à l'esprit si on analysait la psyché de Jérôme à l'instant présent. Tout s'effondrait, sans doute la déesse le punissait finalement, après lui avoir fait croire à la réussite, rendant la sentence encore plus lourde. Jérôme entrelaça ses doigts, posant ses coudes sur la table

"En fait, votre excellence, si je suis venu, c'est pour vous demander une faveur. Je conçois parfaitement toute la mansuétude dont vous avez fait preuve à mon égard, et les critiques que vous avez essuyé en me désignant Régent d'Oësgard. Toutefois, j'aimerais vous rendre le titre de Régent et vous laissez le remettre à quelqu'un d'autre" Il fallait maintenant joué le jeu "Quelqu'un qui le mérite plus et qui renforcera votre aura sur vos sujets. Les temps sont sombres vous avez besoin du soutien indéfectible de tous ceux qui sont vos obligés"

Aymeric reprit Jérôme lorsqu'il parla de titre, l'ancien Baron soupira doucement

"Titre, charge, excusez moi, la fatigue sans doute, le principal étant que nous nous comprenions"

De grands espoirs, quels espoirs pouvait il fonder sur Jérôme alors que lorsqu'il lui tendait la main, il reprenait de l'autre. Alors c'était injuste de la part de Jérôme car Aymeric lui avait beaucoup donné la ou il aurait pu l'écraser. C'est pour cela que l'ancien Baron le respectait et lui était gré. En tout cas, le Marquis ne chercha pas à le convaincre de rester, il acta rapidement le choix de son vassal. Jérôme n'avait pas abdiqué de bon cœur, tout comme il ne rendait pas la charge avec joie non plus. Mare-Sel était un caillou dans sa chaussure et c'était Aymeric qui l'avait mit sur son chemin, certains disaient que c'était calculé. Jérôme était parvenu à ses fins et il était fier de ce qu'il avait accomplit même s'il avait rompu beaucoup de choses en lui. Il s'était retrouvé seul et contre tous, la Régente l'ayant lâché, Odélian lui en voulant à mort, Serramire ayant placé une commise sur Froissard et Alonna l'avait trahit à plusieurs reprises, ayant même menacé d'une guerre. Et pourtant il s'en était sortit, du moins il le pensait. Gaston l'avait pardonné et lui avait certifié son amitié, la Régente n'était plus et Aymeric avait retiré sa commise et même offert deux charges qu'étaient Oësgard et le sénéchalat du marquisat. Le Marquis s'était porté garant pour Alonna, quelle victoire il avait remporté et quelle gloire il s'était attiré, tout lui ayant finalement sourit. Son mariage était l’apothéose, il était le plus heureux des hommes. Mais tout avait basculé lorsqu'il comprit que Gaston s'était joué de lui en lui mentant tout en le regardant dans les yeux. Jérôme avait alors vu que tout recommençait et il s'était mis à douter de tout, même de sa foi. Alors, la lassitude l'avait emporté et il avait décidé de tout jeter aux orties. On lui avait dit qu'il était une épine dans le pied du nord et que son départ refermerait les plaies, et il s'était dit que l'essai en valait peut être la chandelle si ça permettait d'apaiser le tout

"Très bien, vote excellence, je vous remercie. Je n'ai pas forcément d'idées sur la personne providentielle. Vous semblez placer de grands espoirs sur celui que vous avez nommé argentier, peut être que vos espoirs seraient mieux fondés, vous me voyez désolé de vous attrister, ce n'était pas mon but"

Il avait décidé d'abandonner ses titres et charges pour voir, et il avait vu, tout le monde l'abandonnait. Même sa famille, la seule qui lui était restée fidèle lors de tous ses déboires lui faisaient de lourds reproches. Jérôme n'était plus aussi droit qu'il l'était, ses épaules étaient lourdes et la fatigue se voyait sur son visage. Peut être qu'un peu de calme l'aiderait à surmonter la pente et qu'il retrouverait alors toute la hargne qui le caractérisait quelques mois plus tôt seulement

Jérôme prit la réponse d'Aymeric pour de la condescendance et cela le chagrina tout en le heurtant, il n'en montra toutefois rien et posa la tartine qu'il s'était faite, prêt à partir. Il n'en fit rien, Goeffroy prenant la parole pour demander à usité de son titre et gérer ses terres. Voila un dilemme qui devait se poser au Marquis qui n'avait pas eut le temps de le formater et qui ne souhaitait sans doute pas qu'il retrouve sa place de Baron alors qu'il devait encore avoir sans nul doute quelques idées de son oncle en tête. Le débat s'ouvrit entre les deux, chaque nom étant écarté par le Marquis les uns après les autres, jusqu'à l'intervention du fils d'Aymeric. Jérôme ne put contenir sa surprise et il ouvrit de grand yeux, avant de récupérer rapidement une face neutre. Comme tout cela avait été orchestré de main de maitre, le fils avait été éduqué à merveille et il donnait la réplique à son paternel de manière si naturelle. Jérôme avait réussit à reprendre contenance et son léger écart était passé inaperçu dans l'échange. L'ancien Baron n'était pas d'humeur à s'opposer au Marquis, d'autant que c'était lui, après tout, qui était venu remettre sa charge. Il n'oubliait pas les largesses d'Aymeric à son égard

"Je pense qu'Oësgard ne saurait mieux se poster que sous votre régence, votre Altesse. Vous avez fait montre de votre adresse politique à maintes reprises ces derniers temps. Il n'y aurait pas meilleur guide pour son honneur Geoffroy, j'en suis certain"

Spoiler:

Jérôme ne doutait pas que le Marquis saurait faire fructifier l'avantage qu'il venait d'obtenir. Il devrait pourtant lisser les animosités restantes des discordes antérieures entre Serramire et Oësgard. Enfin, vu le nombre de problèmes qui étaient survenus dans la Baronnie cette dernière décennie, combien restait il de personnes se rappelant les déboires passés, surtout si ledit Marquis venait avec des provisions, se présentant en sauveur. Jérôme se leva lorsque le Marquis congédia tout son beau monde, se préparant mentalement à rentrer à Froissard retrouver Aline. Ses plans furent contrecarrés quand Aymeric demanda à l'ancien Baron d'Etherna de l'accompagner. Il ne pouvait refuser cela à son, désormais, unique suzerain. Les jardins, un lieu ou beaucoup de rencontres non officielles se terminaient, sans doute un havre de paix pour discuter plus sereinement ou alors un moyen de faire semblant pour échanger des confidences. C'est d'ailleurs la curiosité qui avait, semble t il, poussé le Marquis à cette "promenade" puisqu'il ne manqua pas de demander des explications au Seigneur de Froissard. Jérôme regardait la cité également, il l'avait dompté, du moins en grande partie lorsque ses troupes avaient envahi la ville. Le ton du vassal démontrait un étonnement, calculé certes, mais présent et ma foi, sincère

"Quel revirement votre Excellence ? il n'y a aucun revirement. Le problème, avec les gens, c'est qu'ils jugent pratiquement toujours sans savoir et même sans chercher les buts désirés. L'on m'a nommé ogre et vous parlez d'appétit de fiefs, mais quels fiefs, votre Excellence ? "

Jérôme marqua un bref silence pour laisser Aymeric faire le point des possessions, en terme de fief, de son vassal

"Cela faisait longtemps que Grégoire d'Odélian et moi même parlions de la faiblesse du marquisat et de la rotation très élevé de ses marquis. C'est pour cela que j'ai pris les armes et envahit Serramire, pas pour la gloire, ni pour les terres. Mon but était de mettre un terme aux querelles qui empêchaient le marquisat de faire son devoir. Une fois mon but atteint, je vous ai laissé le titre sans faire beaucoup de difficultés, vous devez en convenir. Ensuite, c'est vous même qui m'avez octroyé Froissard

Quand à Oësgard et Alonna, dites moi quels territoires j'ai pris lors de la conquête d'Alonna ou d'Oësgard ?
le problème était le même, bien que pire encore avec la trahison envers la couronne. Que pensez vous qu'il serait advenu si cette idée de "Royaume" avait persisté ? pensez vous que nous serions venus à leur secours aussi prestement s'ils n'avaient plus fait parti de la couronne ? ou les aurions nous laissé seul affronter ces horreurs ? et ensuite, les sombres auraient eu une tête de pont et des places fortes à nos portes. Et même sans cela, pensez vous que si la couronne fermait les yeux, d'autres terres n'auraient pas suivit le même exemple, faute de punition ?

La péninsule se doit d'être unie, c'est mon idée et mon vœux le plus cher. Malheureusement, la régence catastrophique de feu Arsinoé, à mit en marche des évènements bien pire au médian. Alors que le nord retrouve enfin son unité, et qu'il a besoin des efforts de tous pour retrouver sa force et tenir son rôle de bouclier, voila que le médian sape tout cela et que nous nous retrouvons isolé."

Voila pour les explications sur les invasions. Jérôme ne doutait pas que le Marquis était curieux de savoir pourquoi il avait abandonné Etherna, sa terre d'origine

"Concernant Etherna, la chose est toute autre. Je me suis empêtré dans bien des problèmes pour atteindre les buts que je me suis fixé, mais j'ai eu beaucoup de chances et j'ai toujours vaincu. J'étais heureux voila encore quelques ennéades, tout allait bien pour moi. Toutefois, vous avez fait entendre que vous vouliez toujours récupérer Odélian. Gaston était mon suzerain également et je me voyais mal de me trouver, une nouvelle fois, au milieu d'une querelle qui m'aurait tiraillé. Gaston m'a énormément déçu ces derniers temps et j'ai bien vite compris que mon bonheur était illusion. Alors j'ai fais un choix, et j'ai décidé de laisser la chance à mon frère. Il le mérite bien et peut être qu'il réussira mieux que moi dans le domaine de la paix. Il semble que ce soit à la guerre que j'excelle pour ma part, bien que cela me chagrine. Et puis cela me permettra de passer plus de temps avec ma nouvelle épouse, plutôt que de devoir jongler avec plusieurs titres d'importance"

Voila, tout était dit, Aymeric comprendrait il qu'il avait mal jugé son vassal, serait il alors déçu ou le verrait il autrement, et non plus comme un ennemi ou un rival, si tant est qu'il l'avait considéré ainsi avant.

"Et vous, votre Excellence, vous avez sans doute pensez à tout cela puisque vous aviez mis une commise sur Froissart. Lorsque nous avons discuté, et que vous avez compris que je n'étais pas votre ennemi, avez vous encore cru que j'étais un ogre ?"