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| PTT serramiroises | |
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Aymeric de Brochant
Humain
Nombre de messages : 714 Âge : 33 Date d'inscription : 22/02/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 ans Taille : 6 pieds Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: PTT serramiroises Mer 1 Mar 2017 - 16:07 | |
| Parti tantôt de Serramire, Geoffrey de Clairséan faisait mentir son patronyme. Le fondement tout brenneux, après plusieurs jours de cavalcade effrénée, l'homme n'avait changé ses chausses qu'une fois la cité d'Etherna en vue. C'est que la célérité était de mise! Dans le sillage du conseil mené à Odelian par le marquis Gaston, on avait appris la tenue d'une seconde assemblée, dans la baronnie cette fois-ci. Le benjamin des Berdevins avait décidé d'y exécuter les partisans d'une Etherna libre de sa suzeraineté odeliane. Il n'en fallait guère moins au marquis de Serramire pour réagir, et diligenter son chancelier jusqu'à la cité éthernienne, si les Cinq le permettaient, avant l'exécution. C'est qu'Aymeric nourrissait d'importantes ambitions pour le Nord, ambitions qu'il espérait capables de mener ses trois marquis à travers l'Avosne, jusqu'aux portes de Diantra. Hors, la possibilité d'une querelle au sein du pays etherniens sapait cette grande alliance à laquelle il aspirait : son envoyé était donc porteur d'un appel à la mansuétude. Et d'un vélin. Ainsi, quand le marquis Gaston gagna sa cour plénière en Etherna, le chancelier de Serramire l'y attendait, papelard scellé du corbin des Brochants en main. - Citation :
- À son Excellence Gaston, marquis d'Odelian,
Au 9ème jour de la 5ème énéade de Barkios, à la 9ème année de notre cycle, Bon seigneur, on m'apprend en ce jour votre attachement à défaire ce que votre frère fit, en retirant aux Clairssac ce qu'il leur avait donné. Si je déplore une pareille décision, car il plait à la DameDieu que ce qui fut au père soit au fils, et que ce qui fut à l'ainé soit au cadet, il ne m'appartient cependant pas de juger la manière dont vous présidez à vos fiefs vassaux, dès lors que mon homme lige, Jérôme de Clairssac, en a renoncé aux titres.
Oncques mais! on m'apprend également votre désir d'étêter des preux dont la seule faute fut d'avoir la langue trop pendue, et ne saurais que trop vous garder de mener à bien une entreprise si sévère, car là où le bon sang loue la mansuétude, il condamne la férocité. Bon sire, je vous sais suffisamment sapient pour ne pas être dupe de mes admonestations : si je vous invite à la pitié, ce n'est guère par empathie pour la gent d'Etherne, mais pour mieux vous garder d'une rébellion qui vous détournerait d'un autre conflit, ô combien plus juste.
Chaque jour qui passe voit le Roy avoir pour seul cour que son chaperon mervalois, et ses fiefs être usurpés par les félons ligards qui tiennent encore votre frère engeôlé. La rébellion dans les marches, ainsi que les puysards, ont bâillonné le Nord devant ces forfanteries. Oncques mais! Par la grâce des Cinq, nous sommes aujourd'hui libérés de ces maux, et dès le printemps venu, j'entends mettre à l'épreuve ma force retrouvée pour bouter les ligards du Royaume. Je sais Othar être un dieu capricieux ; aussi, puisqu'il exige en tout temps son dû, je vous dis cela : épargnez aujourd'hui les etherniens, pour mieux châtier demain les hommes du Médian. On ne saurait mener trop de guerre à la fois ; évitez la première, pour mieux mener la second, tant il est vrai que les paroles de quelque chevaliers hostiles à vous sont insignifiantes, en comparaisons des actes du Boucher du Médian.
Je m'en remets à votre sagesse, et prie les Cinq pour que mes paroles vous fassent fléchir. J'espérais en outre que vous me feriez l'honneur de votre présence, pour la Seimaunios, à Serramire.
Que la Damedieu vous garde,
Aymeric de Brochant, marquis de Serramire. |
| | | Gaston Berdevin
Humain
Nombre de messages : 242 Âge : 44 Date d'inscription : 09/09/2016
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| Sujet: Re: PTT serramiroises Mer 8 Mar 2017 - 12:52 | |
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Durant les trois jours fêtant l'arrivée du nouveau baron, l'assemblée des vassaux du marquisat et l'adoubement des héritiers odélians, Gaston s'éclipsait fréquemment et longuement. D'abord parce qu'en bon acteur, il savait briller par son absence, ses entrées n'en devenant que plus significatives. Ensuite, car une fois dans la place, le bain de foule devenait rapidement une perte de temps, entre les doléances et les bavardages de chacun. Enfin, parce qu'il avait reçu de nombreux rapports de la cour à Odélia sur l'état d'Etherna, or ces sujets lui importaient plus qu'il ne l'aurait cru. Il parcourait donc la cité de sa jeunesse pour voir par lui-même ce qu'il avait lu des jours plus tôt. Au dernier jour des festivités, dans l'après midi et peu après la cérémonie d'adoubement d'Hadrien et d'Hubert, il en était à visiter le pigeonnier de la forteresse.
L'examen de la volière en disait long. Depuis la gouvernance de facto de Grégoire lorsqu'il n'était encore que champion d'Odélian, les destinations des pigeons avaient évolué. Les messagers partant pour Odelya s'étaient raréfiés tandis que d'autres furent dressés pour rejoindre Serramire, Brochant et Montvélin. La volière retraçait les aventures et déboires de Jérôme, les archives des dressages décrivaient où son cœur allait. Gaston eut une pensée pour les noces encore fraîches de son vieil ami avec la rosière de Montévlin. Il se souvenait de cette longue idylle entre Jérôme et la jeune Aline, qui s'était enfin conclue par le mariage. Il s'attendrit un court instant avant de se demander si l'union était purement romantique ou si elle était due à des projets politiques inconnus de lui. Le commis aux volailles expliqua ensuite qu'une poignée de pigeons avaient été entraînés pour communiquer avec Trois-Murs, la ville des barons d'Alonna, mais le projet avait été abandonné après la trahison d'Alanya d'Alonna.
Il lui demandait si on devait maintenir le dressage de messagers destinés à Oësgard quand un serviteur annonça un message du marquis de Serramire. Gaston voulut voir le pigeon qui avait bravé les vents et le crachin d'automne sur une telle distance mais le servant le détrompa. Le message avait été apporté par un bipède tout ce qu'il y avait de plus normal. Sauf qu'il s'agissait du chancelier du marquis en personne, le seigneur de Clairséan. Le marquis d'Odélian termina l'inspection et donna ses instructions avant d'aller rencontrer Clairséan, qui voulait délivrer son vélin en main propre.
Le donjon d'Etherna était plus spacieux que Manoy, la résidence des Berdevin à Odelya, mais devait accueillir une plus grande charge de seigneurs et de chevaliers. L'arrivée cavalière de l'envoyé du Corbin mit l'intendance dans l'embarras et Gaston dut ordonner qu'on mette ses plus petites dans la même chambre que ses plus petits pour faire une place au chancelier de Serramire. Il lui fut accordé une audience avant le dernier banquet des trois jours, des habits et une place aux tables dignes de son rang. Débarrassé de sa tenue crottée et vaguement débarbouillé, Geoffrey de Clairséan entra dans la cour du marquis, qui se résumait ici à une dizaine de seigneurs et de tabellions curieux d'entendre ce que Brochant avait à dire à son pair. La lettre fut lue d'une traite par le barde en présence.
Si certains passages, la référence au Clairssac son homme-lige, la présomption d'une rébellion et l'admonition sur la succession de la baronnie d'Etherna, aurait pu crisper les zygomatiques de plus d'un, Gaston feint l'indifférence la plus entière. Il se demandait s'il devait y lire une menace fardée ou un appel sincère à la réconciliation.
« Des Puysards aux Ligards, » conclut Gaston pensivement. L'entrevue avec sa belle-soeur la baronne d'Hautval lui traversa l'esprit. Il ignorait encore si elle était amie ou ennemie, et cela bridait sa marge de manœuvre. « Cette perspective ravit mon cœur » éluda-t-il.
« Vous informerez votre maître, Excellence, qu'Etherna n'est pas héréditaire mais viagère. Lorsque le baron Borys de Caerlyn disparut, Grégoire investit Jérôme de Clairssac de la baronnie, comme j'investirai quelqu'un de ce fief comme le veut la coutume. Il ne me surprend guère que ce bon Aymeric se méprenne sur ces sujets : après tout Serramire elle-même, selon la coutume de votre pays, aurait dû échoir à l'héritier d'Adrien de Bastylle. Mais elle a finalement été placée sous la garde bienveillante de votre maître. Je ne doute pas que la confusion qui existe dans vos règles de succession depuis la chute de Merwyn le Fol sont à blâmer ici, et que la bonne foi de votre seigneur à vouloir être le gardien du droit est irréprochable. » La seule chose qu'avait reçu l'héritier apparent d'Adrien de Bastylle, c'était des milliers de soldats étherniens jetés dans ses domaines. Aymeric n'avait pas seulement privé les Bastylle du marquisat, il s'était également arrogé leurs biens pour les faire taire à jamais. Gaston ne se sentait pas de recevoir les leçons de droit d'un tel renard.
« Excellence, je dois écourter cette audience, » enchaîna-t-il sans laisser le temps à l'envoyé de répliquer, « c'est l'heure du manger. Les doléances du marquis ont bien été entendues, et elles seront discutées par ma cour lors de cette séance, soyez-en assuré. »
Une fois l'ambassadeur congédié, le marquis murmura qu'il fallait veiller sur lui, voire le surveiller s'il fallait.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: PTT serramiroises Jeu 9 Mar 2017 - 16:56 | |
| Clairséan se vit éconduit prestement, non sans au passage écoper d'un taquet bien senti de la part du cadet des Berdevin. L'accueil glacial dont bénéficiait le plénipotentiaire ne surprit guère ce dernier, tant il était vrai que depuis leur altercation sous les murs d'Amblère, les deux marquis ne figuraient au registre des bons amis. Aymeric avait autrefois annoncé haut et fort son désir de regagner la vassalité d'Odelian ; Gaston, quant à lui, avait tenté de soustraire au premier la baronnie d'Oesgard. Entre ces deux hommes, la situation était à couteaux tirés, et lorsque le seigneur de Brochant avait envoyé cette ambassade, il avait été formel : on ne tendrait pas coûte que coûte la main au Berdevin. Que ce dernier s'obstine à guerroyer dans le Nord, quand le véritable combat était à livrer plus au Sud, constituait ainsi aux yeux d'Aymeric un motif suffisant pour s'en faire un ennemi direct. N'était-ce pas après tout que justice ? L'ainé des Berdevin, Gaucelm d'Odelian, avait après tout envahi la baronnie d'Etherna lors de la rébellion des quatre barons, sur son chemin vers Diantra. Voila qui faisait un commode précédent, et avant d'être congédié, Clairséan se sentit de faire une répartie sur le sujet, apostrophant le marquis tandis que ce dernier quittait sa cathèdre.
« Je ne doute point de votre parole, seigneur, et reviendrais céans pour entendre votre verdict. Permettez moi également de vous adresser des excuses au nom de mon maître, qui ne désirait questionner la nature viagère de votre baronnie. Vous même l'avez dit : la confusion embrume le Nord depuis la dernière décennie ; elle n'a épargné Etherna, depuis l'entrée en armes de feu votre ainé Gaucelm le Gras dans sa cité. »
S'inclinant bien bas, l'homme prit congé, quittant la citadelle pour gagner le bourg. C'est que le marquis, en sus de son rôle de plénipotentiaire, lui avait en outre confié la tâche ardue de sonder la cité. Maintenant certain que la cour était frigide, Clairséant s'en alla de par les marchés pour tenter de savoir si la populace, quant à elle, bouillait. Il s'y était adonné les premiers jours après son arrivée, et reprit donc la besogne aussitôt.
Le sujet ne manquait d'émouvoir les gargotes, et Clairséan put y entendre de tout son saoul. C'est que les déboires entre etherniens et odelians avaient rythmée la dernière décennie, et à l'annonce de la venue du marquis, assortie de celle de l'exécution future de ses contempteurs, l'écho des troubles passés répondait. On évoquait ainsi la conquête du Gras, le temps sous la férule berthildoise, la purge de Grégoire, le règne des Clairssac.
Quelques jours plus tard, Clairséant était en mesure d'avoir un avis définitif : c'est non sans un lourd pressentiment que la guerre reviendrait hanter ces contrées. Regagnant le castel, le chancelier serramirois se préparait ainsi à la prochaine cour, où son hôte répondrait à son maître. Mais avant cela, il prévint naturellement ce dernier, remettant à un coursier les informations glanées durant son séjour, à destination de Serramire.
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| | | Gaston Berdevin
Humain
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| Sujet: Re: PTT serramiroises Jeu 9 Mar 2017 - 18:17 | |
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« Croyez-moi, Excellence, nous autres Odélians y voyons clair. Nous récompensons la loyauté et punissons l'injustice. Votre maître devrait s'essayer à cette discipline simple. A force de donner fiefs et amitié à des femmes parjures et des fils de faux-rois, il doit avoir le compas moral un peu déréglé. Qu'il applique ces quelques principes que je lui donne de bon cœur, car aucun de ses toniques ne lui permettra de distinguer avec une meilleure clairvoyance le droit de l'inique. »
Il le congédia pour de bon cette fois, d'un geste de la main qui remua les quelques chevaliers de la cour. Le marquis n'avait pas commissionné celui-là pour lui demander son amitié, au bien ce Clairséan était un ambassadeur mal choisi. Gaston savait ce que le marquis de Serramire était beaucoup de choses, mais ce n'était pas un imbécile. Il n'aurait jamais envoyé un provocateur par maladresse.
Mais si Brochant ne cherchait pas leur réconciliation, alors la lettre qu'il lui avait remis prenait une toute autre tournure. Ce n'était pas de bienveillants conseils qu'Aymeric avait envoyé à son pair, mais des piques et des menaces. Quand l'ambassadeur eut le dos tourné, la mâchoire de Gaston se serra à en péter. Alonna, le Corbin l'avait cédé à une veuve récidiviste et tourne-casaque, Oësgard, il l'avait partagé entre la fille d'un félon, le fils d'un usurpateur et ce traître de Jérôme. Sans jamais égratigner son honneur personnel, il avait repris ce qui avait appartenu naguère à Serramire en s'aidant de tout ce que les hommes avaient de vices et d'ombres.
Qu'importaient les moyens, c'était la fin qui comptait pour cet ancien prisonnier qui, en quelques années, s'était libéré et hissé au rang très convoité d'homme le plus puissant du nord sinon du royaume tout entier. Les quelques seigneurs vidèrent les lieux sur la demande de leur suzerain, qui ne garda que Buissondieu.
Les questions, toutes plus techniques les unes que les autres, plurent sur le chevalier, qui plissait le front. « Qui sont les queux chargés des cuisines ? » « Ceux d'Odelya, seigneur. » « Bien. Veille sur eux. Et le Romenois, est-il assez bien pourvu ? Penses-tu que je doive renvoyer les hommes de Romeno, pour que les châteaux soient bien garnis ? » « Le marquis de Serramire ne risquerait pas une attaque à quelques jours de l'hiver. Et les espions ne rapportent pas de mouvement. Renvoyer les hommes seraient une preuve de faiblesse... » « Je veux que deux rapports me parviennent chaque jour de Romeno et de ses marches. Pareillement pour l'Ack et pareillement pour Prademont. Et pareillement pour les côtes. Si une vieille rosse meurt entre Brochant et Prademont, je veux le savoir. » « Seigneur... » Le seigneur tapotait le bras de sa cathèdre, le regard ailleurs. D'un coup il se leva pour marcher. « Fais ce que je dis... » Il pensait à ses gosses et il pensait à la lettre. « La milice, la milice de la ville... est-elle fiable selon toi ? » « Aussi fiable que peut l'être une milice d'Etherniens, seigneur... » Le front de Buissondieu se plissa plus gravement. « Ils sont désarmés à l'heure qu'il est, chaque homme doit remettre ses armes au râtelier. » tenta-t-il. « Bien. Remplace la garnison par des Odélians dès maintenant. Envoie les officiers suspicieux hors des murs avec ceux qui sont redevables à Jérôme. Prétexte des bandits, envoie-les dans le Pélanchon. Dès maintenant. Et qu'ils ne reviennent qu'une fois arrivés jusqu'à Prademont. Le reste, garde-les désarmés, loin des portes, loin du donjon. Qu'ils profitent des festins en tant que sujets, présent de leur seigneur. Double la garde de l'enceinte, triple celle de la forteresse, fais savoir à mes chevaliers que je n'oublierai pas leur abnégation et loge les guerriers de ma maison au donjon. La majorité des Odélians logeront chez l'habitant, avec leur banneret. » D'autres suivirent, sur la sécurité de ses enfants d'abord, et sur les membres du conseil des Douze. Il fallait qu'au moins l'un d'entre eux reste toujours dans la chambre des petits. Il revint sur ses maîtres queux un instant, puis sur la nourriture en général. Buissondieu répondait avec calme en feignant d'ignorer l'oeil brillant de son seigneur. Gaston hésita un instant puis congédia son lieutenant avant de le rappeler, une moitié de question sur le bout de la langue. Il lui donna de nouveau son congé.
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