Sujet: Maedhros Orethalias Jeu 15 Juin 2017 - 16:46
Possessions & Equipements :
Naguère fier guerrier, Maedhros ne peut plus se parer de son armure, trop lourde pour son corps affaibli et roidi par la douleur. Ses armes d'antan sont montées sur un mannequin, qu'il fait exposer dans son bureau comme un vestige de temps anciens. Il s'habille souvent d'une robe ouvragée et sur mesure, souvent dans les tons de noir ou de blanc, bien qu'il lui soit arrivé d'apparaître dans un caftan bleu ciel ou vert d'eau. Il possède également des bijoux, d'or et d'argent. Il affectionne le travail des orfèvres et la dextérité avec laquelle ils sont capables de créer de si magnifiques pièces de maître.
Sa maison est l'une des plus anciennes et des plus grandes de Wyslena, demeure antique de sa famille. A l'intérieur, tous les habitants dans le besoin sont accueillis avec respect et bienveillance, bien que la citadelle ne compte plus autant d'habitants qu'autrefois. Voir sa maisonnée aussi vide peine parfois le cœur de Maedhros, qui se rappelait non sans orgueil les éloges que l'on faisait sur sa générosité et sa disponibilité.
Apparence :
Taille : 2m
Couleur des yeux : Naguère bleus, à présent orange ambré
Du fringant capitaine des Altalë, il ne reste plus qu’une carcasse sinistre.
Oui, sinistre. C’est l'adjectif dont un voyageur venu d’Eteniril avait un jour affublé Maedhros. Un grand Elfe pâle, d’une maigreur toute cadavérique, donnant la parfaite illusion qu’il ne fait plus réellement partie des vivants. Jadis, nombreux furent ses amis vantant sa capacité à instiller la peur dans le cœur de ses ennemis. A présent, même ses plus proches compagnons ne peuvent cacher leur effroi lorsqu’ils dardent leurs yeux emplis de tristesse sur son corps filiforme, qu’il cache sous d’épaisses étoffes censées lui donner plus de corpulence.
Le contour de ses orbites est comme poché de cernes aux teintes noirâtres, vestiges de sa blessure, et preuves tangibles de ses crises nocturnes. Ses yeux bleus ont viré à l’ambré, tandis que ses lèvres ont noirci, comme empoisonnées jusque dans leur chair, avant de s’éclaircir légèrement pour qu’il ne leur reste qu’une teinte grisâtre, aussi triste qu’un champ de bataille. Son visage tout entier n’est plus que le sévère reflet d’une époque révolue, où ses traits en faisaient l’idole des foules. Il est désormais de la même craie que le reste de son corps malade, et traduit les mornes humeurs de Maedhros, ou plus rarement, accueille ses rares sourires, dérangeants au possible. Il y a comme quelque chose d’à la fois fascinant et horrifiant, dans le visage de cet Elfe ravagé. C’est peut-être sa façon de regarder les choses comme si elles allaient bientôt faner sur place ? A moins qu’il ne s’agisse de cette manie infâme de grimacer d’un franc rictus devant l’innommable ?
Ses déplacements sont limités, et il est tout aussi usé que sa maladive apparence le laisse supposer. Il marche peu, sort encore moins. Cependant, Maedhros n’a rien perdu de sa prestance naturelle. Il n’est ni voûté, ni titubant. Ses pas sont mesurés et calculés. Il se tient droit, et ne laisse aucun geste au hasard, dans une réelle économie de mouvements, afin de donner l’illusion presque parfaite que son handicap ne l’empêche guère d’incarner un être raffiné et civilisé. La ruse fonctionne, il semblerait. Mais cela ne change en rien les regards presque perturbés des Elfes qui le voient pour la première fois…
Personnalité :
Au faîte de sa gloire, l’arrogance avait déjà empoisonné l’esprit de Maedhros, dont les exploits répétés avaient forgé une image de héros pour son unité comme pour son peuple. Lorsqu’une autre forme de venin pénétra ses veines et l’affaiblit pour le réduire à peau de chagrin, cette fierté mal placée fut bien dure à ravaler…
Depuis sa blessure magique, il souffre le martyr chaque jour. Cette affliction aurait dû le tuer il y a de cela des siècles et, pourtant, il se tient encore en vie et conscient de ses choix. Force est de constater que Maedhros est pourvu d’une farouche volonté de vivre. A la mort de sa femme bien-aimée, tout le destinait à se laisser mourir, à mettre fin à ces tourments de plus en plus atroces qui le rongeaient. Il lui restait cependant une fille à aimer, à chérir et à protéger. Plus encore que ses pairs et que l’Anaëh tout entier, Maedhros fit le choix de défendre sa fille contre tout ce qui pourrait lui nuire. Une mission qui l’occupa intensément, et qui continue de l’animer encore maintenant. Sa guerre pour son enfant sera sa plus noble entreprise, jusqu’à l’assurance qu’elle soit en sécurité.
En dehors de sa fille, peu de passe-temps régissent la vie du commandant de Wyslena. Souvent cantonné dans sa demeure, lorsqu’il ne va pas se promener à la lisière d’Aduram en compagnie de ses soldats d’élite, il se perd dans la contemplation de sa Cité, lit des ouvrages divers… Les visites amicales se font rares, et son inaptitude physique l’empêche de se replonger avec passion dans les arts magiques. C’est un Elfe brisé et cynique, ne redoutant presque plus la prochaine crise qui viendra lui faire bouillir le sang et remuer les tripes. Il maudit les Drows et blâme Kÿria en secret, elle qui le délaisse et le condamne à un supplice éternel.
Il prend son rôle très au sérieux. Admiré pour son courage, son expérience et sa fidélité envers la cause des Taledhel, Maedhros a su prouver qu’il garderait les frontières avec la même détermination et la même abnégation que ses prédécesseurs. Qu’ils soient amis ou ennemis, personne ne devrait arpenter l’Aduram et ses monstruosités. Chaque centimètre de frontière est ainsi donc étroitement surveillé, et les voyageurs comprennent rapidement qu’il ne vaut mieux pas froisser la patience de ses sinistres gardiens. C’est avec une rigueur toute militaire que Maedhros protège les siens, et délègue au Conseil d’Argent les tâches administratives de la Cité. Ses responsabilités sont avant tout tournées vers la guerre et la protection, ce qui semble lui convenir parfaitement.
Capacités magiques :
Fut un temps bien lointain où Maedhros était un mage prometteur. Adepte des ombres et des jeux de lumière, il faisait partie de cette élite guerrière, les Altalë, qui se fondaient dans les canopées en usant de sortilèges. Il s’évanouissait littéralement dans la nature, pour ressurgir après quelques instants bien plus près qu’il n’aurait dû l’être… Ces guerriers-magiciens défendaient en petit comité leur portion de la frontière, protégeant Wyslena des horreurs de l’ancien Linoïn, ou des intrus un peu trop entreprenants.
Il n’avait pas choisi d’intégrer l’Académie. Son cœur allait à la cité qui l’avait vu naître et grandir, un lieu sacré qu’il souhaitait protéger. Il apprit de ses différents mentors tout ce qu’il avait besoin de savoir à l’époque, souhaitant mettre ses dons au service de la bonne cause, celle de la protection, de la défense d’autrui. Jouant sur les faiblesses de l’œil et la facilité à tromper l’esprit, il devenait un marcheur des ombres, une vague silhouette que l’on ne voyait s’approcher que bien trop tard.
Mais ces heures lointaines sont à présent révolues. Son corps malade et vidé ne peut plus supporter la moindre intrusion d’énergie magique. Maedhros se sent telle une coquille vide ne pouvant plus jamais se remplir de ce qui fit, dans sa jeunesse, sa renommée et son prestige. Condamné à voir d’autres que lui manipuler les fluides de l’Art tout en étant privé de son maniement fut une épreuve douloureuse pour lui. A présent, le voici devenu la triste bibliothèque calcinée qu’il n’aurait jamais souhaité devenir. Son savoir n’est que le dernier reliquat de sa gloire d’antan, de ses aptitudes qui firent de lui la terreur des bandits de la Dross et le cauchemar des voyageurs solitaires…
Histoire
Dieux, qu’il était beau, le fils de Senelvä.
Pourtant, sa naissance avait fait grincer quelques dents. Senelvä lui avait transmis sa crinière couleur d’un feu vif. Il était Noss, et parcourait la Prime Forêt comme un esprit libre de toutes contraintes. Or, celle qu’avait épousé Senelvä était Hymelindë, fille de Lesinthas Orethalias, un Elfe des Cités attaché à son foyer. Les deux âmes s’étaient rencontrées en pleine forêt, par un heureux hasard qui n’avait guère plu aux deux communautés. Échaudées par des siècles de querelle à peine apaisées par l’avènement de Glorfindel, elles s’étaient insurgées contre une telle union. Celle-ci eut pourtant lieu, et portait en elle l’une des graines de la réconciliation, encore lointaine, entre les deux peuples de Kÿria.
Maedhros était un enfant embarrassant pour certains, une bénédiction pour d’autres. Senelvä fréquentait bien plus la cité de Wyslena que les bois, et ses frères de la Noss Sin’Dalvir en prenaient ombrage. Mais Hymelindë, elle, refusait de partir, d’abandonner son foyer et sa famille. L’enfant grandit dans un climat tendu, dans lequel les Orethalias de Wyslena influençaient leur fille à rester chez elle, tandis que les Sin’Dalvir tentaient de convaincre Senelvä de prendre son enfant durant les migrations, de lui apprendre à suivre les hardes et se lier à une Ombre. Maedhros était devenu l’objet de bien trop d’attention, l’enjeu de bien trop de desseins.
Tiraillé entre deux racines d’un même arbre, Maedhros ne trouva réconfort et conseils avisés qu’auprès de Sineveth, prêtresse de Kÿria qui se substitua aux tuteurs du jeune Elfe, et sa fille Caelveth, qui deviendra son amie. La prêtresse avait été la première à se préoccuper du conflit qui pouvait naître dans le cœur de Maedhros, et fut comme une seconde mère pour ce dernier. Elle le préserva des pressions des Orethalias, ainsi que de l’impulsivité de son père Senelvä, qui toujours tentait de faire sortir son fils de la cité pour lui enseigner les voies de son peuple. Sineveth était respectée pour sa sagesse, son âge et sa fonction, aussi les tensions finirent peu à peu par s’apaiser. Malgré tout, il fallut encore que Maedhros fasse lui-même un choix pour définitivement clore ce chapitre.
Il visita en quelques occasions la Noss Sin’Dalvir en compagnie de son père, mais il ne s’y sentit jamais réellement à sa place. Trop attaché à sa cité, il avait du mal à se faire aux coutumes de ses frères nomades. De plus, ces derniers n’étaient pas très à l’aise avec l’idée de voir une créature des Taledhels s’intégrer à leur communauté, car il était bien trop tard pour cela. Il restait cependant le fils de Senelvä, et fut toujours accueilli avec respect, bien qu’avec un peu de distance par les Sin’Dalvir.
Ces excursions dans les forêts lui confirmèrent qu’il se sentait bien plus à sa place en Wyslena qu’au sein des Noss parcourant Ardamir. C’est en ces murs qu’il fit donc le plus gros de son apprentissage. Doué pour la magie, mais aussi doué pour les armes, le cœur de Maedhros était en balance. Cherchant conseil auprès de son mentor Sineveth, il tomba nez à nez avec la fille de celle-ci, qui avait été une oreille attentive elle aussi durant sa période trouble. Caelveth souhaitait apprendre la magie, mais ne voulait pas partir pour Alëandir. Soucieux de rester auprès de son ancienne amie, pour laquelle il commençait à concevoir des sentiments bien plus forts, il choisit finalement, lors de la Veillée des Racines, de rester lui aussi en sa cité pour être non loin de Caelveth et se soumettre au même enseignement.
Trois années plus tard, pourtant, un vent mauvais soufflait sur tout l’Anaëh. Glorfindel venait de mourir, et les circonstances de sa mort étaient plus que suspectes.
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Des années durant, Maedhros prit le temps de parfaire son art.
Avec l’aide de son amie Caelveth, il apprit auprès de nombreux maîtres arcanistes. Ceux-ci lui enseignèrent tout ce qu’il y avait à savoir sur les jeux d’ombre et de lumière, l’illusion à l’œil nu, le scintillement perpétuel… Malheureusement, sa formation magique n’avait pas les mêmes desseins ni les mêmes résultats que ceux de sa jeune acolyte. Là où Caelveth étudiait la magie pour sa beauté, et devenait l’une des plus talentueuses sorcières que comptait Wyslena, Maedhros ne prêtait de réelle attention qu’à ce qui lui serait utile en tant que soldat, et par conséquent n’avait guère de chance d’épater ses maîtres autant qu’elle. Éternel second, évoluant derrière l’aura de son amie de toujours, il ne pouvait espérer mieux en réalité, car c’était dans un tout autre domaine qu’il écrasait les autres.
S’il était moins assidu dans son étude de l’Art, il s’entraînait avec rigueur et discipline à devenir un bretteur hors-pair. Dans ses veines coulait le sang vif de Senelvä, réputé être l’un des meilleurs guerriers de sa Noss, mais aussi l’un des plus arrogants. Tel père, tel fils ; Maedhros était sans doute l’un des combattants s’enorgueillissant le plus de ses succès. A défaut d’être un mage d’exception, il avait choisi qu’il serait l’épéiste le plus doué, ou ne serait tout simplement pas. La concurrence était rude auprès de ses camarades. Ses victoires n’en étaient alors que plus retentissantes, tandis que sa réputation prenait un tournant.
Pas seulement son renom, d’ailleurs. Sa vie prit également un chemin différent, un soir d’équinoxe. Les festivités pour les Arcamenies battaient leur plein, et nombre d’artistes de Wyslena s’étaient présentés à Ardamir pour honorer le dieu des Arts. Maedhros eut le privilège d’assister à une représentation donnée par Caelveth, qui l’avait supplié de venir, sur la Place Libre. Ce qu’il put voir de ses yeux ce jour-là l’envoûta pour l’éternité.
En praticienne de l’Art lumineux, elle avait passé près d’un an à parfaire ce petit numéro qui embellît les cieux du Protectorat pour une nuit seulement. Sortis de nulle part, sans prévenir, une myriade d’aurores boréales flottant dans l’éther comme les étendards des dieux. Le soleil venait à peine de se coucher et l’intensité des filets de lumière allait en grandissant, offrant au monde une toile unique sur laquelle peignait allègrement Caelveth. Maedhros fut médusé par le spectacle. Cependant, les aurores n’étaient pas les seules à faire vibrer son cœur en cet instant. La silhouette gracile de son amie vola outrageusement la vedette à ses créations, et le fils de Senelvä, envoûté par la danse dont Caelveth utilisait pour son rituel, sut dès lors ce qu’il devait faire une fois rentré au sein de sa Cité.
Mais il ne put attendre. C’est sous la cime d’un grand arbre, dans les jardins d’Elenmar, qu’il avoua ses forts sentiments à celle qui l’avait toujours épaulé même dans les plus tristes moments de son existence. Cette nuit-là, avant qu’un chaste baiser ne vienne sceller leurs destinées, elle confessa son amour réciproque. Quand ils rentrèrent chez eux, tout avait changé. Animés l’un et l’autre par l’irrésistible besoin de se lier pour l’éternité, ils ne perdirent pas de temps à organiser leur union. Certains Wyslenans furent d’ailleurs particulièrement amusés par la rapidité avec laquelle Maedhros était venu demander l’accord de son ancienne tutrice Sineveth. Cette dernière lui avait répondu qu’elle était étonnée qu’il ne l’ait pas demandé plus tôt.
De leur mariage naquit trente années plus tard le joyau de leur vie commune : Mîrendë. Sa naissance coïncidait avec une période de retour au calme et à la sérénité. Les Noss se calmaient peu à peu dans tout l’Anaëh, les horreurs de l’Aduram se faisaient plus rares à la frontière. Maedhros avait été promu capitaine, et réunissait déjà ceux qui allaient devenir ses frères de bataille les plus célèbres : les Altalë. Petit groupe mobile, composé de guerriers versés dans la magie, ils défendaient les frontières comme des ombres bienfaitrices. Chaque jour, il s’enorgueillissait d’une nouvelle victoire, d’un haut-fait supplémentaire, ou d’une histoire à raconter. Caelveth, quant à elle, partageait son temps entre sa cité et ses réguliers voyages en Alëandir, dont la bibliothèque s’était avérée être un aimant efficace pour sa curiosité.
Le vie à cette époque semblait s’écouler comme les grains d’un sablier, de manière douce et régulière. La paisible Anaëh, parfois secouée de quelques remous, pensait ses troubles derrière elle. Malheureusement, le temps allait donner tort à tous ceux rêvant d’une paix durable.
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Frappée en plein cœur, la Prime Forêt était aux abois.
Les plus clairvoyants l’avaient sans doute vu venir, cependant, Maedhros avait toujours pensé que le véritable danger avait toujours résidé en Aduram, d’où pouvait ressurgir à nouveau les hordes barbares des Humains. Lorsqu’il apprit qu’un ost se massait près d’Uraal, il s’en était donc trouvé tout ébaubi. Caranthir était parti d’Alëandir en réunissant le plus de troupes possible. Maedhros ne pouvait laisser passer une telle occasion de briller une fois de plus, d’affronter les ennemis d’Anaëh pour qu’une fois encore il prouve sa valeur auprès des siens. Son arrogance n’ayant d’égale que sa témérité, il n’avait rallié le régent qu’avec sa propre unité. Wyslena était loin, et les troupes elfiques n’avaient guère de temps à perdre à attendre que la cité envoie des renforts. Maedhros, lui, fit en sorte de rallier le corps principal le plus vite possible, afin de participer à ce qui serait la plus grande bataille depuis des cycles.
Les Altalë s’étaient déjà fait une certaine réputation, en-dehors de leur Cité. Leur venue avait donc été interprétée comme de bon augure par les soldats elfiques. Mais lorsque la bataille débuta, il était clair que les présages ne leurs seraient d’aucun secours. La bataille d’Uraal fut brutale et sanglante, un carnage comme peu d’Elfes en vécurent dans leur longue vie. Les corps jonchaient les rives du lac, dont l’ondée naguère bleue se gorgeait de vermeille alors que les combats s’enhardissaient.
Dans le tumulte, Maedhros et les siens se défendirent comme des lions. Malheureusement, la plupart des Altalë avaient été habitués à combattre moins d’ennemis, cachés sous les frondaisons. Leurs tactiques reposaient sur la surprise, la rapidité, l’utilisation de leur environnement. Au bout de quelques heures d’effroyables affrontements, lorsque Caranthir et le Haut-Prêtre d’Uriz rendirent tous deux leur dernier souffle, il ne restait plus des braves que Maedhros lui-même. L’expérience de survivre à ses compagnons d’armes abasourdit le capitaine wyslenan, qui avait perdu en quelques heures des frères avec qui il avait partagé ses faits d’armes pendant des siècles.
Mais le pire l’attendait sur le chemin du retour, car alors qu’il se préparait à rentrer dans sa Cité avec les corps de ses valeureux amis tombés, il apprit l’attaque donnée sur Alëandir. Fiévreux d’inquiétude, il s’était rué sur la première monture qu’il avait trouvée, se lançant à corps perdu dans une chevauchée qui le mènerait vers la capitale. Comme à son habitude, Caelveth était partie une nouvelle fois vers la Grande Bibliothèque pour parfaire ses connaissances et satisfaire son incommensurable curiosité. Hélas…
Ce voyage vers l’érudition fut aussi son dernier chez les vivants.
Maedhros en fut anéanti. Il crut mourir de chagrin et de douleur. Trop de tragédies à endurer, et son esprit s’obscurcissait d’un voile de désespoir et de rage autodestructrice. La mort de Caelveth avait éveillé en lui une tempête qui ne se calmerait jamais, bien que Sineveth fut là pour l’apaiser et partager sa souffrance. C’est grâce à la prêtresse qu’il évita d’ailleurs de se tuer. Il ne pouvait pas mettre fin à ses jours, pour la simple et bonne raison que quelqu’un dans ce monde avait encore besoin de lui : sa fille, Mîrendë. Son amour pour sa fille l’empêcha de rejoindre Tari, ce malgré l’éternel tourment de se savoir privé de l’être qu’il chérissait le plus au monde. Les blessures ne se refermèrent jamais. En réalité, elles ne firent que suppurer.
Battue à froid, la colère de Maedhros n’était plus dirigée contre lui-même ni contre le monde, mais contre ceux qui lui avaient enlevé l’amour de sa vie. Des années durant, il rumina sa vengeance depuis la Solitaire, fourbit ses armes en vue de la prochaine confrontation avec les bourreaux de son épouse. Il perfectionna son art, afin de devenir une parfaite machine à tuer. Aux frontières de l’Aduram, son nom naguère provoquant la peur était à présent synonyme d’effroi. Sineveth avait tenté de le détourner de sa quête vengeresse, de peur qu’il s’y perde et ne devienne comme ceux qu’il combattait, ou pire, qu’il rende l’âme.
Mais il n’abandonna jamais ses noirs desseins. Et lorsque les tambours de guerre résonnèrent à nouveau à Ellyrion, après des siècles d’une attente interminable, tous les avertissements de Sineveth ne servirent à rien. Maedhros avait décidé qu’il combattrait les Drows.
Dut-il en mourir, il en tuerait le plus possible.
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HRP:
Dernière édition par Maedhros Orethalias le Ven 13 Avr 2018 - 7:30, édité 8 fois