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| Une aumône à Velteroc | |
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Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Une aumône à Velteroc Jeu 13 Juil 2017 - 16:21 | |
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6ème jour de la 2nde énéade de Karfias, 10ème année du 11ème cycle.
La fondation du Fort-Norkan, il y a plusieurs années de cela, avait copieusement fait causer, en pays Serramirois. D'aucuns avaient vu de bon œil que des étrangers occupassent les terres des sauvageons, en détournant ainsi le feu sur eux-même, plutôt que sur Serramire. Pour d'autre, c'était un affront : certains estimaient en effet que les terres du Landnostre revenaient de droit aux hommes du Nord, qui depuis des siècles essuyaient les avanies des Wandrais. Et quoi ? Pour que des velteriens leur tirent les marrons du feu ? Pour certain, c'était une trahison de s'aboucher avec les sauvageons impies ; pour d'autres, les colons avaient joué d'audace.
On avait ainsi eu une opinion partagée sur le sujet ; or, depuis un an, on en pensait plus rien du tout. C'est que depuis un an, le Fort-Norkan ne donnait aucune matière à chicaner ; il ne donnait matière à queud'chi, en fait. Au fort de l'été, une horde descendue du Sigolhseim avait mis le siège, si tant est que ces sauvages y connaissent quelque chose, devant les murailles. L'attaque, véritablement embrasement des Wandres, avait pourtant fait feu de paille, quand les sigols s'étaient égaillés, privés de leur chef. Depuis, on avait plus de nouvelle de l'avant-poste Velterien.
Or si les tribulations d'autres péninsulaires avaient mollement intéressé les serramirois, ils s'étaient cependant penché d'autant plus sur la question que les colons, par leur obédience, avaient rejoint le rang des félons à Sa Majesté le Roy. Dès lors, que fallait-il faire de cette enclave séditieux aux portes de Serramire ? Les attaquer, quand les ladres avaient si bien tenu tête à une armée sigole qui aurait pu ravager la marche serramiroise, revenait à se saper soi-même.
C'est l'hiver, qui, paradoxalement, encouragea la reprise d'un contact. En effet, après un éphémère accord passé entre les terres de Lourmel et le gouverneur local, le fort n'avait reposé plus que sur le ravitaillement velterien, par delà les mers. Or aussi vrai que l'hiver recouvrait le pays d'une couche de neige, il recouvrait les navires d'une couche de poussière, clouant ceux-ci au port à grand renfort de tempêtes. Seul un fol eu choisi de naviguer en Eris par temps hivernal, et cet hiver-ci était au pinacle de tous.
De fait, la garnison du Fort-Norkan devait en être réduite à bouffer le cuir de ses ceintures, à l'heure qu'il était.
C'est sur ces entrefaite que le marquis avait jugé bon d'envoyer son frère vers l'enclave velterienne, à la tête d'un copieux ravitaillement acheté aux corporations serramiroises. On lui avait bien objecté que la famine des félons serait une aubaine ; quant à lui, Aymeric préférait que le fort fut habité de péninsulaires que de sauvageons. Qu'on se rassure : il n'entendait pas faire œuvre de charité envers la garnison étrangère, tant il est vrai que si le Fort-Norkan était pauvre en vivres, on le pensait riche en or, car à travers lui avait transité un commerce inédit, noué avec les sauvageons de la côte. Ainsi, aux côtés d'Evrard de Brochant, c'était le batelier Wulgrin, aux yeux vairons, qui naviguait le long de l'Elbre ; aux côtés des cohortes en armure noire de la nouvelle mode, c'était des tonneaux saumâtres sortis des pêcheries serramiroises - dont le produit, quant à lui, était indémodable.
Alors que la troupe se reposait à Estenhausen, au bord de la frontière, sur la rive Sud du delta de l'Elbre, on envoya des éclaireurs vers le fort, chargés d'organiser une rencontre pour faciliter l'échange des marchandises.
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| | | Ruthger de Lourmel
Humain
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| Sujet: Re: Une aumône à Velteroc Ven 21 Juil 2017 - 9:07 | |
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Château d'Estenhausen, Matin du second jour.
« Des pleurotes toxiques, bailles-tu ? »
Bottier acquiesça timidement.
« Oui-da, messire. Ça r’ssemble à des girolles, mais ça tue les intestins pendant quelques jours. »
Ruthger d’Estenhausen, ses mains gantées appuyées contre le parapet de sa chambrée, affichait un sourire mesquin et mauvais. Déjà habillé tel un prince du Nord en cette heure matinale, sa grande et chaude cape bordée de fourrure lupine l’empêchait de frissonner dans l’hiver glacé qui avait étendu son influence sur la Péninsule toute entière. Son regard moqueur était rivé sur la fenêtre de la chambre de son frère, son très cher frère.
« Et tu les as mêlés à sa tourtelle aux champignons ? »
Gontran acquiesça à nouveau. Ruthger laissa alors s’échapper un petit cri de victoire, poing serré contre le bois de son garde-fou.
« Tu es un génie parmi les Hommes, Bottier ! Le sir Evrard préférera le puîné ayant bon pied bon œil, que l’aîné cloîtré en sa couche. Tel à l’orée d’Oësgard, les gibernes de mon frère m’offrent la palme ! »
Le jeune serf se contenta de hocher la tête. Il avait appris à ne pas réagir aux envolées du chevalier. Il devait sans doute savourer sa victoire, tendant l’oreille vers la chambrée fraternelle pour tenter d’y percevoir un cri de douleur, ou de rage. Mais il était bien trop loin pour ça. Au mieux percevrait-il les jurons de Valdemar, qui avait sans doute passé une nuit des plus désagréables.
De derrière le bois épais d’une porte en chêne, la voix étouffée d’un serviteur parvint à Ruthger.
« Monseigneur, le sieur Evrard est debout ! »
Faisant volte-face, Ruthger émit à nouveau ce petit cri de victoire qu’il avait lâché tantôt.
« Merci Wilbur. Bien… Bottier ! Mon anel, céans ! »
Le serf alla chercher la chevalière de son maître. Elle était d’or, et portait les armoiries de sa famille. Gontran l’apporta, et Ruthger retira dès lors ses gants pour leur préférer l’anneau, symbole autrement plus important. Après avoir réajusté sa cape, le héros d’Oësgard soupira, puis, main sur le pommeau d’argent de son épée, il marcha d’un pas mesuré mais assuré, suivant le serviteur Wilbur vers l’endroit où se trouvait Evrard de Brochant, l’idole de sa jeunesse.
Il le trouva en modeste compagnie, sans doute quelqu’officier dont le nom, même prononcé maintes fois en sa présence, lui échapperait à chaque reprise. Ruthger était gêné de ne pouvoir amener avec lui un écuyer convenable, et ce car son père tardait à lui en trouver un. Aussi, Gontran se devait de tenir ce rôle, et ce malgré son âge et ses origines crasseuses.
Ruthger sourit en s’approchant du frère du Marquis. A bien y penser, lui aussi avait su s’attirer gloire et respect, même dans l’ombre d’un frangin plus âgé. Après un signe de tête ni bref ni long, le second fils de Brecca La-Blanche-Crinière lança d’une voix chaude :
« Heureuse rencontre, messire Evrard ! Voici qui ne pouvait me mettre de meilleure humeur ce matin. Avez-vous bien dormi, la nuitée ? »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Une aumône à Velteroc Mar 25 Juil 2017 - 15:50 | |
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C'était en compagnie du capitaine de la garde, Otto Vanhardt, ainsi que du représentant de la guilde des bateliers, l'ineffable Wulgrin aux yeux vairons, qu'Evrard s'entretenait. On avait obtenu une entrevue la veille avec le vieux Brecca Ierhold, lequel avait remis aux hommes du duc quelques uns des siens, connaissant bien les paluds et les chemins y menant à travers. La blanche tignasse avait recommandé au sénéchal son fils ainé, Valdemar, pour guider la troupe. C'était vraisemblablement ce dernier qui venait de se porter au devant du trio, s’enquérant du sommeil d'Evrard.
S'il avait bien dormi ? « Morbleu, plus aussi bien que depuis un an! » En vérité, Evrard rongeait grandement son frein. Depuis la fin de la guerre d'Oesgardie, il avait été envoyé auprès des troupes pour former et réorganiser celles-ci, dans le cadre de la grande réforme orchestrée par Aymeric. Or, si le chevalier au cimeterre y entendait pour mener les troupes, il n'en était pour autant un fameux gestionnaire, encore moins un gratte papier. Cette année passée à réorganisé l'ost l'avait formé lui aussi à cet exercice ; pour autant, il le méprisait d'autant plus, et n'avait eu de cesse de sauter sur le premier prétexte pour prendre la poudre d'escampette. Ainsi, quand Aymeric avait mandé Otto Vanhardt pour escorter le chargement de hareng en terre sauvageonne, Evrard s'était tout naturellement adjoint à l'équipée.
« C'est donc vous, Valdemar ? Là, vous m'avez tout l'air d'un brave! Je vois que votre père, que les Cinq lui accordent encore cent années de plus, ne chôme pas. Eh bien ? Vous êtes prêt à nous guider au delà de l'Elbre ? Je gage que nous prendront la route après le manger, une fois les guetteurs revenus. »
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| | | Ruthger de Lourmel
Humain
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| Sujet: Re: Une aumône à Velteroc Lun 31 Juil 2017 - 8:32 | |
| Par la malepeste, qu’est-ce qu’il pouvait détester son frère…
Ruthger accueillit la méprise avec un sourire de circonstance. De toute façon, son bien-aimé frangin était vautré dans son lit, les mains sur ses intestins pourrissant, et braillant sa douleur à qui voulait l’entendre. Et il jugeait cela comme étant tout à fait mérité.
« Oui-da, messire, je suis celui qui per Elbre vous guidera. Mais, ne suis point Valdemar. Je suis Ruthger d’Estenhausen, le second fils du seigneur Brecca ! »
Une main sur le pommeau de son épée, un peu nerveux, Ruthger se racla la gorge.
« J’ai guerroyé à vos costés durant la dernière campagne de monseigneur votre frère, contre les Noirauds et leurs non-morts. »
Bien qu’il soit légèrement déçu que son modèle de chevalerie ne le reconnaisse pas, il devait aussi admettre qu’il ne l’avait pas forcément approché au plus près lors des affrontements et en dehors. Puis, sans doute Evrard était-il homme fort occupé, et n’avait pas à se rappeler tous ces visages différents qui passaient sous ses yeux.
Ruthger se tourna légèrement et indiqua une fenêtre du château, en hauteur.
« Là est la chambrée de mon frère. Il s’est trouvé mal depuis les matines, et est trop faible pour se rendre dans la sauvagerie. Aussi, ce sera mon devoir, par les Cinq ! »
A dire vrai, il n’avait même pas consulté son père pour ce genre de remplacement. C’était une affaire qui allait de soi ; comme à chaque fois que Valdemar était souffrant sur ses coussins de plumes d’oie, l’utilité d’avoir un puîné formé aux armes revenait à l’esprit du seigneur d’Estenhausen.
« Vostre avant-garde sur la dextre rive du fleuve fut-elle une réussite, messire ? Les sauvages se sont bien calmés, depuis l’invasion sigole, m’a-t-on dit. »
Une invasion qui aurait pu blanchir plus encore les cheveux de Brecca, si cela était possible, si jamais elle s’était dirigée vers les Hauts de Mernor...
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Une aumône à Velteroc Jeu 24 Aoû 2017 - 22:18 | |
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« À Amblère, dis-tu ? Un frère d'arme, parbleu! Là, j'y suis encore », avait répondu, songeur, le frère du marquis. C'est que depuis la guerre en Oesgardie, on avait plus livré véritable bataille ; or s'il avait été bombardé sénéchal des armées serramiroises, Evrard n'en avait pas moins l'âme d'un routier chevillée au corps. Ciel, qu'avait-il hésité longuement avant de s'en retourner dans la septentrion à l'appel de son ainé, quand l'Estrévent lointain lui offrait alors ses délices. ç'avait été là les belles années!
Avisant ce nouveau compère, Evrard ne manqua de s'interroger ; la figure du jeune bachelier ne lui disait rien, avait-il réellement combattu en Oesgard ? Aymeric s'était alors bien gardé de faire appel aux hommes des Trente, rapport à la querelle qui l'opposait à Clairssac quant à leur obédience. De cela, le sénéchal se garda bien de parler ; en vérité, il avait décidé de faire confiance à son jeune compère, ayant derrière la tête une autre idée : « Eh, diable! Que ne causerions nous de tout cela autour d'un bon repas ? Mes éclaireurs ne seront pas de retour avant quelques heures et par les Cinq! je meurs de faim. »
À l'évidence, suivre Rutgher sur le chemin des cuisines s'avéra payant : bientôt, les deux s'étaient retrouvés attablés, rejoint peu après par les compagnons du sénéchal. On devisa gaillardement, évoquant les batailles de Nebelheim et d'Amblère, ou mieux encore, la campagne qui viendrait au printemps. Il y avait là une certaine ironie, voire une ironie certaine, à venir présentement en aide à un fort velterien, quand dans près d'un mois, on viendrait probablement toquer à la porte de celui-ci le glaive à la main. Mais parbleu! Les Cinq avaient décidé les saisons changeantes, aussi n'était-il incongru d'aider durant l'hiver celui que l'on affronterait au printemps.
Cependant l'on causait et les heures s'écoulaient. Durant l'après midi, les premiers éclaireurs s'en revinrent avec les nouvelle suivantes : le delta de l'Elbe, usuellement un marais spongieux et impraticable, avait à la faveur de l'hiver entièrement gelé. En quelques heures, les hommes avaient ainsi pu gagner le Fort Norkan, dont les occupants acceptaient une entrevue, non loin des murs. Quant aux sauvageons, il apparaissait que depuis leur altercation avec la horde sigole, les Sicambres s'étaient établis à temps plein dans leur oppidum. L'hiver contraignant, il n'avaient quitté celui-ci non plus.
Il fut ainsi décidé que l'on prendrait la route à l'aube du lendemain, à la tête d'une troupe réduite, pour ne pas effrayer l'habitant. Le batelier Wulgrin, qui devait veiller d'ici là à ce que les victuailles soient transposées sur des traineaux, serait de la partie ; quant au capitaine Otto Vanhardt, il resterait en arrière pour veiller auprès du reste des troupes. Fort heureusement, Evrard pouvait désormais compter sur la compagnie du bon cadet des Ierhold.
Le lendemain venu, l'équipée se mit en branle.
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| | | Ruthger de Lourmel
Humain
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| Sujet: Re: Une aumône à Velteroc Sam 26 Aoû 2017 - 11:18 | |
| Le soleil métamorphosait l’aube en levant, et le levant en bon matin, lorsque l’équipée wandraise, partie du fier castel d’Estenhausen, s’avançait sur le fleuve gelé qui séparait le monde civilisé de la sauvagerie. Des chariots remplis de harengs bien salés passaient aux endroits-clés, où la glace, qui n’avait plus été si épaisse depuis des années, avait atteint des records de solidité grâce à cet hiver mordant. Les hommes suivaient, principalement à cheval, parfois sur et à l’arrière des carrioles. Du moins, une fois celles-ci à l’abri d’un effondrement dans le fleuve. Ils n’avaient jusqu’alors vu qu’un seul homme plonger dans les eaux froides et noires de l’Elbre. Un jeune écuyer, dont le roussin prompt à l’emportement s’était mis à ruer, avait été projeté de sa selle à un endroit plus fragile. Le poids de son haubert aidant, il avait brisé la glace, et aurait coulé à pique s’il n’avait pas récupéré le rebord in extremis. Après maints rires et maintes claques dans le dos, il avait été ramené sur la rive, où il devait impérativement se sécher afin de ne pas mourir.
Sur cette même rive, Ruthger observait le convoi avancer calmement vers les sinistres monts et forêts du Sigolsheim, et plus loin à l’ouest, les grèves de Mitfell. En compagnie du sir Evrard, avec lequel il semblait s’entendre à merveille depuis le copieux dîner qu’ils avaient partagé, il devisait sur la chevalerie, la guerre d’Oësgard, les exploits militaires, les femmes, et en quelques occasion, aimait à placer des blagues tournant les ennemis du Roy et du Marquis en ridicule. Il s’esclaffait déjà presque alors qu’il en entamait une nouvelle.
« Et vint à Nimmio de Velteroc une terrible idée : et si, d’aventure, la guerre il perdait. Que ne pouvait plus lui ronger les sangs ? Accablé de doute, il chevaucha jusqu’à Thaar la Grande, pour y trouver conseil auprès d’une magicienne zurthane. Il lui manda humblement, comme le pauvre sot qu’il était, s’il pouvait connaître l’issue de la prochaine guerre, et sa victoire face à l’ennemi ! »
Il se racla la gorge.
« La sorcière lui dit alors ; Mon bon seigneur, je m’en vais lancier une piastre au ciel. Si d’aventure elle en vient à révéler face, le Sud sera vainqueur. Pile montrant, ce sera le Nord ! Et à ces mots, Nimmio, au comble de la surprise, brailla avec force moulinets de son dernier bras. Il demanda alors s’il n’y avait point d’autres possibilités, ce à quoi la sorcière respondit : Si la pièce tombe sur la frange, ce sera Langehack. Et si la pièce reste en l’air, alors, le Médian ! »
Les hommes d’armes de l’escorte de Ruthger ricanèrent, même s’ils l’avaient déjà entendue. Rire dans le froid avait tendance à réchauffer un peu les frileux. Le puîné de Brecca soupira alors, et indiqua l’ouest à Evrard.
« Plus sérieusement, messire, nostre route est encore longuette vers le Fort-Norkan. La sente est dégagée par nos hommes de sape, mais nous ne pourrons ariver que pour les vêpres au pied des murailles. »
Ils n’avaient pas trouvé un seul Sicambre sur la route, au grand dam de Ruthger qui aurait souhaité un peu plus d’action. Son désir d’impressionner allait grandissant, à chaque mot qu’il partageait avec le sieur Evrard, dont l’histoire riche et singulière ne cessait d’éblouir le jeune chevalier.
Plus loin à l’est, dans la forêt, on put entendre les sons glaçant d’une meute de kerkands en train de s’acharner sur quelque chose. Si la plupart des hommes, qui ne devaient en avoir jamais vu de toute leur vie, s’arrêtèrent pour écouter, Ruthger calma sa monture en lui flattant l’encolure et dit d’un ton qui se voulait rassurant :
« Sans nul doute une chasse fructueuse pour ces gredins. Ils nous laisseront en paix. »
Et le convoi, bien mené et avançant sur une route dégagée par les efforts colossaux d’une douzaine de sapeurs, continua son chemin vers le Fort atteint par la disette...
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