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| Le manteau de neige [Grégor] | |
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Morek Tête-de-fer
Nain
Nombre de messages : 40 Âge : 123 Date d'inscription : 10/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 144 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le manteau de neige [Grégor] Ven 4 Aoû 2017 - 19:43 | |
| Le manteau de neige
Extrême fin de Vérimios ou extrême début Karfias (10,11)
La plaine du Brissalion était la proie de gros nuages sombres. Sur la cime des quelques bois qui hantaient çà et là cette étendue désertique au pied des fières montagnes du royaume se trainaient sans bruis les ombres des nuages. Le ciel était totalement dépouillé de sa robe d’azur. Derrière Morek, qui ouvrait la marche avec le Grand roi et son fils, l’armée de Thanor suivait. Retraite bien ordonnée provenant d’Almis.
Ce chemin d’hiver était plus simple quoique plus long que par les montagnes. Le principal obstacle avait été de traverser une petite rivière, quelques lieues plus tôt. Cette dernière, en gémissant, roulait d’un flot plus obscur encore que les nuages. L’hiver devenait rude. C’était Karfias qui venait… Une blanche gelée avait flétri de glace toute la pleine, et la rive de chaque ruisseau était orné d’un ruban d’argent étoilé de cristaux de glace.
Ces petits bois que Morek étaient encore verts il y a quelques mois lors d’une inspection de la frontière maintenant disparue. La nature toute entière n’entendait plus de babillages. Les oiseaux étaient partis vers de plus doux rivages attendre le retour du printemps. La nuit devenait bien hative et le jour, lui, bien tardif. C’était la saison des vents et l’époque des tempêtes. Les brouillards devaient être épais dans sa Thanor native à l’heure qu’il était. Dans son cœur il sentit un serrement en pensant à cette cité dont il était le maitre mais où son propre maitre l’attendait. Car sa famille était une impérieuse patrie pour lui, et pour le bonheur de sa moitié et de sa progéniture, Morek pouvait laisser derrière lui sa froide logique et son inquiétante discipline.
Chaque être, chaque chose était visible à des lieues dans cette plaine aussi pelée que pouvait l’être une steppe du grand royaume nain en ce début d’hiver. Et justement faisant face à l’armée de Thanor, corps expéditionnaire à l’équipement presque complet, semblait se dessiner un autre nain arrivant en sens opposé. Ce dernier semblait se diriger au nord quand l’armée faisait route au sud-ouest.
Sans nul doute une rencontre aurait-elle lieu…
A l’approche de l’armée de nain, on pouvait le parier, serait bien étonné de croiser un tel équipage. Car l’armée de Thanor était une armée en campagne ayant eu pour objectif le siège et la percée d’une ville rebelle et fanatisée. Vaillante dans sa folie, Almis avait néanmoins cédé sous les coups de butoir non de Thanor, mais de cette faim tenace qui avait émacié les visages de tous les nains de la ville vaincue. Et si l’ingénierie de Thanor couplée à la puissance de Lante n’avaient su venir à bout d’Almis la rebelle, Morek pouvait se satisfaire que c’était la logistique puissante et rationnelle de l’expédition qui leur avait permis de tenir, eux, lorsque leurs ennemis s’étaient fait surprendre par la faim.
Rien de glorieux dans cette victoire sans bataille, dans ce combat immobile, mais une victoire était toujours à célébrer qu’elle qu’en soit la source. Et si l’on ne pouvait se satisfaire de la gloire d’un tel succès, au moins pouvait-on trouver refuge dans la certitude que le royaume était maintenant unifié. Les nains étaient ensemble, et ils le resteraient. Leurs ennemis ou tout du moins leurs adversaires étaient maintenant les autres. Le reste du monde au final potentiellement si ce dernier avait la présomption de venir leur chercher maille à partir.
Le royaume nain était de retour. Le déclin était fini. Au retour des nains à Thanor, une nouvelle ère s’ouvrait. Une ère de recomposition et de reconstruction. Morek était excité à l’idée de faire partie de ce nouveau chapitre pour le royaume nain. Thanor la fière pour laquelle il pourrait donner sa vie. Sa grande famille et son clan… Toutes ces racines qui étaient les fondations de ce qu’était Morek , tout cela verrait maintenant un progrès non pour eux même, mais pour une chose plus grande encore.
Oui, ils étaient de retour… Et dans le cœur de Morek, au travers de cette froide logique et de cette puissante volonté, se trouvait la conviction qu’à partir de maintenant, tout était possible. Que maintenant, il ne restait plus qu’à faire… Et cela, plus que tout, était excitant.
Il pensait à cela et à bien plus encore tandis qu’ils abordèrent l’étranger. Un nain qui sans nul doute venait de la forêt de Lörn ou de quelques provinces avoisinantes. Peut-être que Thorgrel ou Hardrek le connaitrait ? Dans tous les cas Morek n’avait jamais vu le personnage. Et cela Morek pouvait l’affirmer avec la même exactitude que si les Dieux l’avaient affirmé. Car pour la plus grande gloire et le plus grand malheur de Morek, il avait une mémoire absolue, se souvenant de tout, des grands bonheurs aux grand malheurs, en passant par les mille et un petit détails insignifiants qui pouvaient à tout instant submerger son esprit malade d’une mémoire trop grande.
Rien ni personne n’échappait à la vigilance de ce nain maudis, génie de son temps dont les talents ne pourraient jamais en faire une personne normale qui pourraient passer du bon temps aux plaisirs simples. Certains être étaient envieux de cette condition. Mais la gloire d’une certaine forme de génie se payait au centuple dans la réalité des faits par l’incapacité de vivre sa vie. Car la vie de Morek était un enfer de tous les instants où il devait conserver une partie de son esprit en alerte afin de ne pas oublier d’avoir conscience de ses sens et de se perdre corps et bien dans ce trop-plein de souvenir qu’était sa mémoire.
Il s’avança vers le nain, la scène devait être comique car on imaginait mal voir un nain faire face à une armée et à son avant-garde la plus avancée… Du haut du char qui faisait office de transport à Morek, ce dernier donna l’ordre de s’arrêter et de faire campement. La rencontre de ce nain était l’excuse toute trouvée pour de toute manière s’arrêter.
" Bonjour frère... Je suis Morek Tête-de-fer... Oui. Tête-de-fer... Nous revenons d'Almis et retournons à Thanor... Que fais tu perdu dans cette immensité ? "
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| | | Gregor Pied-Léger
Nain
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| Sujet: Re: Le manteau de neige [Grégor] Lun 7 Aoû 2017 - 12:50 | |
| Le combat contre le blizzard avait duré plusieurs jours. Puis il y en eut un autre, moins long mais tout aussi intense contre un groupe de gobelins. Gregor, par chance, et grâce à l'aide de son fidèle Moto (bélier du Zagazorn de son état), s'en sortit vivant. Mais... à vrai dire, il était totalement désorienté, perdu, fatigué, faible et - le pire - découragé. Ses rêves de voyages, de commerces, de découvertes, tout cela ne pesait guère face aux souffrances qu'il avait enduré. Il avançait tout droit, sans savoir vraiment où ce "tout droit" le mènerait. Il n'était plus lucide. Il se reposait sur Moto, le laissant le conduire vers sa destinée. * Ce jour-là, le blizzard s'était calmé. Gregor vit au loin une colonne avancer. Il aurait du en être rassuré. En ce territoire, cela ne pouvait être qu'une armée naine... Seulement ses nombreux revers lui firent craindre le pire. S'il avait eu la force de réfléchir plus avant, il aurait sans doute tenté de la contourner, mais là, vraiment, il préféra laisser faire... Il avait déjà assez de peine à tenir sur son rapide Moto. Ce n'est qu'à cent mètres de l'armée qu'il sentit le soulagement l'envahir. C'était bien ses frères qui arrivaient là. Il les rejoint et entendit la voix forte du premier d'entre eux l'interpeller - Bonjour frère... Je suis Morek Tête-de-fer... Oui. Tête-de-fer... Nous revenons d'Almis et retournons à Thanor... Que fais tu perdu dans cette immensité ?- Bonjour frère... - sa voix était basse et lasse - Gregor Pied-Léger. J'étais à Lante... j'ai voulu descendre vers le sud... mais... enfin... je me suis retrouvé ici...Il portait des bottes d'un cuir noir et épais, un pantalon marron en toile épaisse également, une cape en peau d'ours qui, à la faveur d'une bourrasque laissa entrevoir une chemise autrefois blanche mais aujourd'hui variant entre le jaune crasse, le beige terre et le rouge sang, et dont la manche gauche était arrachée et laissa voir un instant quatre griffures rouges, de l'épaule au coude, signe du sanglant combat qui avait opposé Gregor aux gobelins. - Thanor... Fit pensivement le nain solitaire. Il y avait été quelque fois... il y a fort fort longtemps. Cette cité portuaire lui semblait à présent gage de chaleur et de tranquillité... Pourtant, il avait encore trop de fierté pour demander de l'aide et l'autorisation de suivre l'armée naine jusqu'à Thanor. Un sourire, pour montrer qu'il n'était pas si mal que ça, apparut entre sa moustache et sa barbe rousse alors qu'il jetait un regard admiratif vers le reste de l'armée et les nobles meneurs de celle-ci. Il avait été éclaireur autrefois. Le prestige des armes, la force du groupe et la fidélité à un seigneur, voilà qui lui parlait et qui l'enchantait de retrouver... Et là, en l’occurrence, le seigneur qui dirigeait l'armée était le plus noble d'entre eux, le Grand-Roi : Hardrek Poing-de-Fer ! Gregor s'inclina tandis que sa monture émit un blatèrement que l'on devina des plus respectueux. |
| | | Morek Tête-de-fer
Nain
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| Sujet: Re: Le manteau de neige [Grégor] Jeu 24 Aoû 2017 - 22:51 | |
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Le dawi était perdu sans aucun doute. Surpris par cet hiver qui avait pris chacun de court. L’armée de Thanor elle-même souffrait bien plus au retour qu’à l’aller. Ils devaient être nombreux à se retrouver sur cette plaine où le hurlement du vent risquait, au mois prochain, d’être totalement insupportable. Morek analysa le jeune nain de haut en bas, puis de bas en haut. De même que sa monture. Les deux étaient visiblement fatigués, comme en attestait la grise mine qui cernait les yeux du dawis et le tremblotement léger mais bien présent du membre postérieur droit de l’animal.
Par quelle providence divine ou par quel instinct de survie ce couple pas si insolite pour des nains du Zagazorn était-il tombé sur l’armée de Thanor resterait un mystère, mais c’était sans aucun doute pour eux une chance d’importance. D’autant que si le nain avait voulu descendre au sud, on pouvait considérer à présent qu’il était totalement perdu puisqu’il faisait route plein est. Il avait raté l’embranchement de Rikazorn, ce qui n’était pas étonnant car en cette saison aucune caravane ne devait y passer et la piste devait être cachée sous la neige. En cette saison, faire la différence entre les pistes et le reste de la steppe relevait d’une tâche impossible, même pour le plus fin des limiers.
Le nain semblait avoir vu beaucoup derrière lui. Ses vêtements en étaient le badge le plus visible. Il fallait remonter ce nain. Morek n’avait rien d’un nain prompt aux effusions, mais là la chose était logique. Le Grand Roi passa rapidement devant Morek. Ces derniers s’entretinrent quelques secondes seulement, puis le Grand Roi s’en fut saluant néanmoins poliment le dénommé Pied-Léger.
« - Le Grand Roi doit repartir vers l’arrière garde. Oui… L’arrière garde. Mais vient donc Pied-Léger... Tu ne peux pas rester en un tel état. Tu passeras la nuit au campement, et vu que l’hiver se lève avec des airs funestes, je pense qu’il vaudrait mieux que tu nous accompagnes à Thanor. Repartir vers le sud alors que le climat se gâte serait du suicide. D’autant que tu as l’air d’avoir été blessé récemment. »
Un groupe de nain était venu en direction de Morek, ces derniers échangèrent quelques mots en cercle avec la Voix de Thanor.
« - Grégor, tu partageras mon repas et celui d’Haldin Barbedrue. Oui… Haldin Barbedrue. Si les Dieux ont voulu que nous nous rencontrions, ce n’est pas pour que nous nous séparions avant l’heure du diner… Oui… Du diner… En attendant je vais m’occuper de faire le tour du campement afin d’en vérifier la bonne tenue. Mekrin ici présent va t’emmener à la première tente que nous monterons et à son brasero. Mekrin… Tu offriras des vêtements propres à notre frère dans le besoin. Et maintenant au travail… »
Toutes ces paroles avaient été prononcées sur un ton très calme mais ne souffrant visiblement d’aucune sorte de possibilité de négociation. On sentait que le dawi s’était fait à son rôle de dirigeant. De toute manière la solidarité entre nains du Zagazorn n’était pas un vain mot. La gloire et la misère était partagée dans ce pays du nord où l’individualisme exacerbé ne pouvait avoir court. Si l’on cédait à ne pas aider son prochain, personne ne passait les hivers rudes de ces montagnes glacées. Dans un lieu où la pierre, le vent et l’eau luttaient chaque jour contre les êtres vivants, il fallait apprendre à faire bloc.
On amena donc Grégor à la tente promise, une sorte de grande tente à la forme sphérique originale. Un brasero était effectivement en fonction, mais vu la température de la tente, la chose devait avoir été monté dans les minutes précédentes. De manière générale, le camp était en train de se monter partout autour de la tente dans laquelle Grégor avait été laissé. Son bélier avait été emmené en lieu sûr, certainement dans un des corrals protégés du vent par une palissade hâtivement montée, sans aucun doute.
Un pot d’eau avait été laissé sur le brasero ainsi qu’un tissu pour laisser le loisir à Grégor de se laver s’il le souhaitait, quelques vêtements frais, simples et incolores, certainement des dessous militaires, avaient été laissés pour pouvoir remplacer ceux emportés par les affres du voyage de Grégor.
Une heure plus tard, la tente de Grégor, autrefois seule au milieu d’une steppe enneigée était entourée d’une véritable petite ville de tentes plus ou moins costaudes et aux couleurs assez chamarrées. Une sorte de palissade avait été montée en bordure de camp. L’armée de Thanor faisait halte et de nombreux feux montaient à présent que les cambuses préparaient les repas du soir, mets consistants pour nains et naines affamés et ayant trimés toute la journée.
Un nain montait la garde devant la tente de Grégor lorsque ce dernier quitta son abri. Il lui fit signe de le suivre. Une tente au centre du campement semblait un peu plus grande et un peu plus recherchée que les autres. A l’intérieur se trouvait une sorte de grande salle dans laquelle des bancs et des tables pliantes avaient été déployées. Une odeur de légumes montagnards surcuits et de ragoûts de créatures souterraines épicés aux champignons des caves de Thanor assaillait chaque nain entrant dans la tente. L’odeur de bière et d’hydromel se conjuguait au tout. Il faisait chaud ici, contrairement à la tente précédente de Grégor où le petit braséro n’avait réussi qu’à chauffer l’air l’entourant immédiatement et non toute la pièce. A tel point qu’au sol la neige disparu et l’on marchait sur la steppe sèche comme en été.
Le garde l’amena jusqu’à une table où se trouvait un grand nombre de nain, tous assis pêlemêles sans aucun égard pour les rangs ou les clans visiblement. Ici tous étaient des soldats de l’armée de Thanor victorieux. L’ambiance était assez festive, on sentait que chacun était heureux de savoir qu’ils n’étaient plus qu’à deux jours de leurs foyers. Au centre de la table se trouvait attablé Haldin Barbedrue et un grand nombre d’autres nains. Un bout de banc s’ouvrit tandis qu’on se serrait un peu pour laisser s’asseoir le nouveau venu tandis que le garde repartait. Le nain à sa gauche le salua, comme beaucoup d’autre, mais ce dernier ajouta ceci :
« - Bienvenue l’ami… On a tous entendu parler de toi. Le rescapé des steppes ! Tu as raté la pitance néanmoins… C’était à l’entrée. Poisson ou viande ce soir ? Et hydromel ou Bière ? »
Une fois la réponse à ces questions obtenues, le nain se leva et retourna vers l’entrée, il passa au travers d’un pli de la tente invisible à l’œil pas très exercé. Les conversations continuèrent de bon train. Des plaisanteries, des histoires de guerre, des cris divers mais agréables. Beaucoup de rire. Jamais on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une immense tente au milieu d’une steppe glacée, on aurait pu croire à un caveau de Thanor prisé des jeunes nains.
Son acolyte du moment était revenu. On déposa une grande chope, une immense assiette à soupe, une cuillère et un couteau ainsi qu’un demi pain noir à la farine de champignon. Le nain nota qu’à sa droite une place sur le banc était vide. Une chope de bière remplie à ras bord attendait son propriétaire. Il ne s’agissait pas d’une chope du reste de la maisonnée, pour la plupart des chopes en étain grossières. Comme celle d’Haldin, qui faisait face au jeune nain, il s’agissait d’une chope ciselée en émail et céramique. Sur son front des symboles représentant un clan de Thanor, à n’en pas douter. Une assiette était dressée également, mais personne pour manger en face. Finalement le bruit des conversations baissa un instant, un grand nombre se retournèrent. Morek venait d’entrer dans la pièce, avec son air détaché habituel. Il avança tel un automate jusqu’à la table et s’assit. Une matrone naine apporta un chaudron du ragoût, qu’elle déposa sur la table. Il devait s’agir d’un reste. Morek fit un signe à la dame naine d’attendre une seconde. Il attrapa la chope et passa un peu moins d’une minute à descendre le litre et demi de bière. Il rendit la chope à la dame, demandant poliment un remplissage.
Morek, maintenant assis à se servit silencieusement. Les conversations avaient repris à leur niveau normal dès que la Voix de Thanor avait commencé sa bière. Morek scruta son repas et attrapa la cuillère, puis le couteau, et jugeant visiblement que le couteau, pourtant visiblement propre, ne l’était pas assez, entreprit de le frotter à une serviette qu’il avait sorti de sa sacoche.
La matronne était de retour et elle regarda le manège de Morek nettoyant la lame du couteau pourtant impeccablement propre avec une sorte de regard entre l’exaspération et l’amusement. Morek remercia pour la bière, et jugeant visiblement que son couteau était propre, se mit à analyser avec sa cuillère l’intérieur de son assiette, et chaque fois qu’il trouvait un morceau de viande, entreprenait de le découper au couteau, visiblement à chaque fois à la même taille.
Tandis qu’il procédait à son manège, Morek prit la parole envers Grégor à qui il n’avait pas jeté le moindre regard, comme d’ailleurs au reste de la tablée. Grégor aurait été en droit d’ailleurs de se demander si le nain ne l’avait pas oublié ou l’ignorait exprès depuis le début. Lorsque Morek parlait, les conversations des quelques rangées de nains autour de lui baissait d’un ton, pour écouter ce qu’il avait à dire.
« - Alors Pied-Léger… Raconte nous donc un peu ton histoire… »
A ces mots plusieurs ‘chut’ furent audibles et la table fut presque intégralement silencieuse tandis que la curiosité rongeait chaque nain d’entendre l’histoire celui qui avait survécu à la tempête seul dans la steppe.
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| | | Gregor Pied-Léger
Nain
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| Sujet: Re: Le manteau de neige [Grégor] Sam 14 Avr 2018 - 10:20 | |
| Dans l'esprit brumeux de Gregor, son rêve mourrait. Franchir les portes du Zagazorn, il allait devoir faire une croix dessus. Il était bien trop affaibli. Et si un miracle aurait pu l'emmener là-bas, un autre miracle lui permettait ici de sauver sa peau, de suivre une caravane - et pas n'importe laquelle, celle du Roi ! - et, qui sait, de se refaire la santé avant un nouveau départ.
Grégor afficha un léger sourire sur son visage. Les traces de sang sur ses bras étaient sèches mais bien visibles.
- Des gobelins... Ils m'ont donné du fil à retordre... Mais ils ont vu ce qu'il en coûtait de se mettre en travers de Pied-Léger...
Sa gouaille - et ses petits mensonges - étaient de retour, signe que son moral était allait déjà mieux.
- J'accepte l'invitation. Sa voix se fit plus basse...Merci, frère.
Et déjà son interlocuteur le quitta. Il le laissa entre les mains d'un dénommé Mekrin qui lui indiqua une grande tente dans laquelle il pourrait se reposer un instant tandis qu'on menait Moto vers un endroit où, lui aussi, serait bien. Gregor eut tout le temps de se changer et d'observer cette tente aux allures de petite maison. En effet, il y avait en son centre un brasero auprès duquel le voyageur passa une bonne partie de l'heure suivant son entrée. Il se lava, se changea et s'assit près du feu, appréciant la chaleur qui gagnait peu à peu son corps meurtri. Quel bonheur de redécouvrir cette sensation de bien être après une semaine de froid et de sang.
Et puis il sortit de ses songes. Rester là eut été fort malpoli. Il devait retrouver ses bienfaiteurs. Alors il passa un paletot de laine sur ses épaules et quitta son cocon. Au dehors, un garde le mena vers une grande tente, au centre du campement, qui était née depuis l'entrée de Gregor dans "sa" tente. Aux narines du colporteur arrivaient des odeurs délicieuses, de nourriture, de cuisine, des choses que Pied-Léger n'avait pas goûté depuis un temps qui lui semblait fort long. Son pas se fit rapide. Il talonnait le garde, le doublait presque, et, lorsqu'il lui indiqua une table, Gregor le salua poliment et alla à sa place, heureux d'y trouver une compagnie joyeuse et amicale. On le saluait et il saluait en retour ces frères accueillants.
L'un d'eux, Haldin Barbedrue, ajouta ceci : - Bienvenue l’ami… On a tous entendu parler de toi. Le rescapé des steppes ! Tu as raté la pitance néanmoins… C’était à l’entrée. Poisson ou viande ce soir ? Et hydromel ou Bière ? - Merci ! C'est pas grave... Après les jours que j'ai passé dans ce... dans cette neige, n'importe quoi de comestible m'ira ! Mais puisqu'il faut choisir... viande et bière !
Il n'avait guère hésité. Sa faim était grande et devait être comblée aussi rapidement que possible ! Et, pendant que son hôte allait passer commande, Gregor plaisanta (assez modestement pour l'heure) avec ses voisins de table. Il constata également qu'à sa droite, un couvert était mis, une assiette remplie et une belle chope de bière attendaient leur propriétaire. Sans doute un important personnage vu la qualité de la chope. Gregor vit revenir Haldin avec sa nourriture et sa boisson. Il le remercia, trinqua avec lui - ainsi qu'avec ses compagnons de tablée - et commença à dévorer la bonne pitance. Il ne releva la tête de son assiette que lorsque le brouhaha s'atténua. Que se passait-il. Il porta même, inconsciemment, sa main à la poignée de la hachette qu'il portait toujours à sa ceinture. Mais cette précaution fut bien inutile. Il suivit les regards des autres nains vers celui qui venait d'entrer dans la tente-cantine : Morek. C'était visiblement un personnage important de l'armée du Roi et Gregor se redressa légèrement, inconsciemment, lorsqu'il prit place à côté de lui.
- Merci pour la tente, pour le repas... 'fin pour tout.
C'était bien la moindre des choses que de remercier son bienfaiteur... Mais celui-ci sembla à peine l'entendre. Sans doute ne voulait-il pas s'éterniser sur ce genre de dialogue convenus. Il descendit sa chope d'une traite, en commanda une autre et, enfin, dit :
- Alors Pied-Léger… Raconte nous donc un peu ton histoire…
La voix de Morek avait fait taire le reste de la tablée et, au delà même de la table, les autres Dawy semblait tendre l'oreille, curieux de connaître l'histoire du colporteur. Gregor sourit devant tant d'attention.
- Et bien... mon histoire... c'est d'abord celle de mon clan. Les Pied-Léger viennent de Kirgan. Nous sommes éclaireurs... Et, pour faire court, notre clan, mon clan, a... a été décimé avec le Voile... et j'ai du partir pour gagner ma vie... C'est ainsi que je suis devenu colporteur. J'ai parcouru à peu près tout Zagazorn et la dernière ville dans laquelle j'étais, c'était Lante. J'ai dépensé mon argent pour acheter pas mal de marchandise... et j'comptais continuer ma route vers le sud, pour vendre tout ça au delà de Lörn... mais j'ai rapidement croisé un groupe de Gobelins. Ils étaient sept !
Il but une bonne lampée de bière tandis que le suspense venait de naître de ses dernières phrases. Il appréciait le silence qui s'était fait. Il reposa sa chope bruyamment et continua son récit.
- Moto, mon bélier, a chargé et en a assommé une paire. J'ai pris mon marteau de guerre et j'ai rapidement pu désouder deux autres bestiaux... Mais voilà, il en restait trois... et Moto a glissé. Le temps que j'me relève pour récupérer mon marteau, les trois gobelins m'ont sauté à la gorge. J'ai pas pu récupérer mon arme... Ils étaient trop sauvages, les bougres. Ca criait, ça hurlait, ça mordait, ça griffait ! J'ai pu en repousser un pendant que les autres détruisaient mes fringues... et puis j'me suis dit qu'il fallait qu'j'attrape ma hachette...
Il se leva et empoigna sa hache de jet à sa ceinture. Il la leva bien haut au dessus de sa chevelure flamboyante...
- Heureusement, elle est jamais loin, celle-là ! Et là, j'ai pu zigouiller les deux peau-verte qui s'attaquaient à ma bidoche. Le troisième est arrivé par derrière et m'a mordu dans le cou... j'ai cru qu'j'allais y passer. J'avais la tête dans la neige et le bougre pesait plus lourd qu'un boeuf. J'sais pas comment j'ai fait... c'est p't'être Moto qui m'a aidé... j'ai entendu des bruits sourds... ou c'était p't'être le sang qui battait mes tempes... J'ai mis un coup de coude à ce fils de chien et j'me suis retourné. Il était allongé dans la neige... Sa peau brune était horrible. Son visage tendu, ses crocs serrés, il grimaçait de... de haine ! Sans réfléchir, j'ai jeté ma hache au milieu de son front, et ça a giclé, son sang... noir comme la nuit... J'suis tombé dans la neige souillée... et quand j'me suis réveillé, c'est moto qui léchait ma joue... Il m'a aidé... et j'ai pu monter sur son dos... et il a marché... j'sais pas combien de temps, trois heures, cinq heures... j'en sais rien... et puis, et puis, j'croyais qu'j'allais mourir de froid... ou de faim... ici, au milieu de nulle part... et puis vous êtes arrivé.
Gregor remit sa hachette à sa ceinture et se rassit. Son récit était terminé et... il voulait finir son assiette ! Néanmoins, le silence perdurait et il ne se voyait pas empoigner sa fourchette sans que le reste des nains ne fut retourné à ses affaires. |
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