Tout d'abord la première qualité de Kalad est sa bravoure, sa seconde qualité flagrante est son sang-froid. Même blessé et à bout de force Kal' garde la tête froide et c'est sans aucun doute ce qui l'aide le plus sur un champ de bataille. Bien que Béni-des-Vents ait toujours été un elfe courageux, ce courage s'est étoffé grâce à l'expérience du combat et aux différentes épreuves difficiles qu'il a traversé comme les morts consécutives de ses 2 parents. Mais Kal' contrairement à beaucoup d'Elfes Sylvains n'est pas du genre à se laisser aller à ses émotions. Cela s'est confirmé alors qu'il continuait de se rendre au combat peu après la mort de sa mère. L'implacable lancier voue sa vie à Anaëh et a comme seul désir de suivre la voie de Kÿria et de protéger son don. Ces 2 principales qualités lui apportent un charisme important devant ses frères d'arme et font de Kalad un chef tout désigné dans une armée, ce qui explique en grande partie sa progression rapide chez les Aigles après la perte d'officiers dans les dernières batailles.
Néanmoins, Kal' peut parfois paraître froid et n'est pas souvent bien intégré dans les fêtes, ne sachant que peu socialiser autrement qu'avec ses frères d'armes. Élégant et séduisant, il plaît physiquement à beaucoup de jeunes elfes, surtout depuis qu'il est chez les Aigles, mais cela ne lui importe pas le moins du monde et à moins que l'une d'elle parvienne à un jour le bousculer pour attirer son attention il n'apporte aucun intérêt particulier à ces choses-là et à pour seul amour véritable jusqu'à aujourd'hui la Mère.
Toutefois, Kalad semble quelque fois être un elfe torturé et énigmatique, ce qui lui donne une aura quelques fois effrayante qui peut dissuader d’engager la conversation.
Si il n'est pas le plus chaleureux des elfes à côtoyer, il est néanmoins attentif et aime aider son prochain de façon désintéressée. Il est un homme dur lorsqu'il se livre aux arts de la guerre, mais en privé il peut être quelqu'un de très doux avec ses proches.
Une des qualités qui explique sa grande compréhension du monde et son imagination est sa curiosité, mais celle-ci s'est souvent retournée contre lui car il peut parfois se révéler indiscret.
Prélude
Son corps vibrait, il vibrait d'une toute nouvelle sensation, sa peau frissonnait, ses yeux étaient sombres, chaque souffle, chaque mouvement, plus rien ne lui échappait à ce moment précis. Son cœur battait rapidement, tout comme s'il s'était agi d'une symphonie macabre. Les doigts fins de l'elfe étaient enroulés autour de sa lance qui faisait de grands mouvements puis parfois changeait brutalement de cap pour aller se nourrir du sang d'un sombre ennemi en lui arrachant un dernier gémissement. Il avait semblé à ce moment-là que la lance était animée d'une volonté propre : faucher chaque adversaire se présentant devant le jeune Kalad, pénétrer entre les plaques des armures comme si celles-ci n'avaient jamais existé, trancher les gorges ennemies avec une précision chirurgicale. Le sang coulait le long de la lame de la lance et commençait à venir se déposer sur le manche en bois, les mouvements circulaires effectués projetaient une pluie sanglante sur les adversaires faisant face au jeune guerrier. Le jeu de jambes de Kal' était avec la vitesse de sa lance la chose la plus impressionnante, son pas semblait extrêmement léger et il tournoyait régulièrement sur lui-même pour esquiver les coups ennemis et pour les surprendre, mais à l'instant où la lame de sa lance rencontrait l'ennemi, alors les appuis de l'elfe devenaient bien plus lourds lui donnant une aura de solidité comme l'on peut en ressentir en contemplant une statue guerrière. Ce danseur obscur communiait avec le combat, il n'y avait pas d'autre terme pour décrire la sorte de transe dans laquelle se trouvait le jeune elfe, il n'éprouvait aucune joie à tuer, il n'éprouvait aucune tristesse à le faire, il devait simplement le faire, et le faisait. Mais si le plaisir n'était pas dans le fait même de tuer, ce plaisir existait en revanche bel et bien, c'était de se sentir porté par une force invisible au milieu de toutes ces lames. Kalad ne faisait plus qu'un avec sa lance et avec la nature l'entourant, ressentant les mouvements de ses ennemis sur le sol de la Prime Forêt.
Autour de lui se trouvait des centaines de corps inanimés, certains possédaient la peau sombre des Drows les autres étaient des Elfes Sylvains. Kal' ne savait pas combien de vie il avait arraché pendant cette bataille, des dizaines sans doute. Lui n'était pas indemne pour autant, une flèche avait entaillé sa pommette gauche et il saignait modérément d'un sillon dans le bras gauche. Il allait devoir faire panser ses plaies avant que celles-ci ne s'infectent. La musique destructrice de son cœur s'était maintenant tue. La bataille était finie... Si peu étaient encore debout. Les rives du lac Uraal étaient jonchées de milliers de cadavre d'elfes. Les guérisseurs couraient de toute part, pansant les blessures qui pouvaient l'être, opérant sur place ceux à qui on devait enlever un membre atrophié, ou aidant à partir sans douleur ceux pour qui on ne pouvait malheureusement plus rien. Les Drows avaient battu en retraite mais peu ressortiraient vivant de la Prime Forêt. La victoire était amère... Tant de ses frères étaient tombés, enfant de Kÿria sur lesquels l'emprise du temps n'a eu aucun effet, la mort les a tout de même rattrapé. Quel gâchis... Les Drows étaient visiblement eux aussi immortels, alors pourquoi gaspiller autant de vies inutilement et gâcher le cadeau que l'Aînée leur a fait. Un guérisseur venait panser les plaies de Kal' mais celui-ci refusa et il indiqua à celui-ci un blessé qui convulsait en se vidant de son sang au milieu des morts.
Alors, il s'appuya contre un arbre et se laissa glisser jusqu'à la base de celui-ci. Il n'y avait plus rien autour de lui, son esprit avait fait un vide total. Puis il l'écouta alors... Ce chant imperceptible venant des confins du temps... La Symphonie. Cette fois-ci le ton était bien plus saccadé, la Mère pleurait-elle ses enfants ? Kalad n'avait jamais vraiment réussi à entendre clairement la Symphonie mais il l'entendait comme on entend quelqu'un fredonnait sans réellement savoir ce qu'il chante. Il se laissa emporter par ce chant lointain et des larmes coulèrent sur ses joues en silence alors qu'il pleurait ses frères tombés. Devait-il s'abandonner à Calimenthar et haïr ces créatures sombres qui venaient briser le cœur des sylvains comme autrefois les Hommes l'avaient fait ?
Ne pleure pas les morts, pleure les vivants. Des paroles sages que lui avait dit sa mère. Il allait devoir changer, s'endurcir, il savait que cette bataille n'était que la prémisse d'une plus vaste tragédie prenant place sur Miradelphia. Son père était tombé aujourd'hui à ses côtés, la seule chose qui lui importerait à présent serait de protéger la Prime Forêt, comme son père l'avait souhaité.
Il se leva et marcha une dizaine de mètres en direction du corps d'un de ses frères d'arme. Ses larmes avaient séché et son cœur raisonnait à présent d'une tristesse tout autre, il se sentait faire partie d'un ensemble bien plus vaste que lui-même à cet instant. Le jeune lancier regarda le mort droit dans ses yeux grands ouverts. Il referma les paupières de l'inconnu d'un léger mouvement de doigts et prononça pour lui-même une prière en elfique avant de regarder le champ de bataille et de rajouter :
« Tel la Mère,
Sévère et Bienveillante,
Coléreuse et Confiante,
Pas un instant n'oublie l'amour qu'elle porte aux siens.
Protège l'Inconscient et puni le Vilain.
Ainsi seulement l'Ordre peut-être maintenu
et permettre sans danger que le monde évolue. »
A présent, il allait se faire le bras armé de la Très-Sage pour châtier les ennemis de la Prime Forêt et rétablir l'équilibre qui venait d'être rompu. C'est en ce-jour, sur les rives du lac Uraal que Kalad Khalinor gagna le surnom de « Béni-des-vents ».
Chapitre 1 : Entre Taedhel et Ornedhel
L'histoire des parents de Khalad Kholinar est sans doute plus intéressante à ce jour que l'histoire de leur fils. Sa mère s'appelait Medris Alnarion et son père Adalir Kholinar, et ce qui les différenciait était une chose exceptionnelle, Adalir était un Taedhel tandis que sa bien-aimée Medris était une Ornedhelle. Mais comment avaient-ils pu se rencontrer ? Sans oublier que tous deux vivaient dans le protectorat de Daranovar, protectorat où l'inimitié entre les Noss et les Elfes de Pierre est l'une des plus forte. Medris était l'une des 2 filles du chef guerrier de la Noss Tava'Meär, protégée de son père, elle était une chasseresse et une guerrière aguerrie et son lien avec la nature était extrêmement fort. Des rumeurs dans la Noss faisait d'elle le prochain chef spirituel, bien qu'elle n’ait jamais souhaité une telle chose. Pour sa part Adalir était un elfe issu d'une famille d'officiers très respectée à Daranovar, et un lieutenant du bataillon de lanciers. Leur rencontre ne fut ni romantique, ni agréable. Un jour alors qu'il escortait un convoi de marchandises en direction de Quatrième-Saison, il fut pris dans une embuscade tendue par les Noss au sein de leur territoire et capturé par Medris elle-même. Ils ne s'aimèrent pas au premier regard, loin de là. Les parents d'Adalir lui avaient appris à se défier des Ornedhels qu'ils considéraient comme des sauvages, et à raison. Le lieutenant prisonnier fut obligé de combattre pour prouver sa valeur. Il y combattit 3 adversaires, dont le dernier était un excellent guerrier de la Noss. C’est seulement grâce à sa grande maîtrise de la lance et à son expérience de soldat qu’il parvint à les vaincre. Il gagna alors le respect de son public, et l'amour de Medris. Celle-ci passa le voir la nuit venue et en secret ils s’unirent, plus jamais ils ne se quitteraient. Ce n’est que quelques mois plus tard que Medris réalisa qu'elle attendait un enfant. Son père rentra dans une rage folle car elle s’était unie à un Elfe de Pierre et bien que la « force » soit en général ce qui apportait le respect de la Noss à un elfe, cette fois-ci le chef n’écouta pas. Médris vint chercher Adalir - toujours en train de vivre avec la Noss - dans la nuit et elle quitta le territoire du clan avec lui pour pouvoir vivre leur amour sans entrave. Elle savait qu'attendre un enfant de lui était un signe approbateur de l'Aînée devant leur union, à ses yeux la différence entre leur ethnie respective n'avait aucune importance, seul le respect de la volonté de la Mère importait.
Kalad Kholinar naquit dans la cité de Daranovar. Choyé par ses parents il ne fut jamais en manque d'amour. Il était un enfant très curieux n'ayant pas peur de l'inconnu mais au contraire même un peu téméraire. A seulement 10 ans, il avait réussi à échapper à la surveillance de ses parents et avait essayé d'aller explorer la cité. Il avait été ramené chez lui par des gardes. Ce fut son premier contact avec des gens d'armes en dehors de sa famille. L'enfant était fasciné par toutes ces armures brillantes et ces lames sculptées, fasciné par la discipline que s'imposaient volontairement ces hommes et par l'esprit de fraternité qui régnait entre eux. Cela n'avait pas échappé à son grand-père Anathar qui le surnommait « Cinta'macar » c'est-à-dire « Petit guerrier » en elfique. Enfant très pieux, il adorait participer à la cérémonie de la Lune des Mémoires de Daranovar pour remercier Kÿria pour sa bienfaisance. Ce fut dans sa 20ème année qu'il annonça à ses parents vouloir devenir un soldat. Cela fut accueilli avec beaucoup de joie par son père, mais avec une joie beaucoup plus mesurée chez sa mère. Elle savait qu'après son départ de la Noss son père allait remuer ciel et terre pour faire payer à Aladir de s'être enfui avec sa fille. L'Hird’Ornë pourrait s'il le souhaite tenter de capturer leur enfant une fois celui-ci en patrouille dans le Protectorat, mais la belle Medris se persuada qu'elle s'inquiétait pour rien et que jamais il ne pourrait savoir qu'il s'agissait de son enfant.
Kal' était néanmoins un enfant assez dissipé de part sa grande curiosité et son grand-père aimait à dire que c'était la partie sauvage de Kalad qui était due à Médris. Cette partie sauvage se reflétait notamment dans les cheveux bruns de Kalad et de sa mère. Aladir eu plusieurs disputes violentes avec son père à ce sujet. Tout son monde avait basculé avec l'arrivée de son fils et son amour pour Médris, il était aujourd'hui beaucoup plus ouvert d'esprit et ne regrettait en rien d'être tombé amoureux d'une Ornedhelle.
L'apprentissage du jeune elfe fut néanmoins fortement influencé par les préceptes Ornedhels de sa mère, notamment l'opinion qu'il se forgea autour du respect de la Prime Forêt fut beaucoup plus radicale que celle de sa famille Taedhelle et à ses yeux le prolongement de l'urbanisation au-delà du principe de la survie mais pour maintenant trouver un plus grand confort était une insulte faite à Kÿria par les Taedhels. Néanmoins, Kalad rejetait les pratiques parfois barbares des Noss comme les sacrifices. A ses yeux, il existait un juste milieu entre toutes choses, un équilibre vers lequel il fallait toujours tendre.
Ses premières classes furent pour lui un grand épanouissement, apprendre de nouvelles choses était comme un voyage permanent à travers le temps et l'espace. L'Histoire militaire était, bien entendu, le sujet d'étude favori de Kal' tout comme les enseignements religieux, bien que ceux-ci soient aux yeux du jeune elfe bien trop tendres face à l’urbanisation de la Prime Forêt faite pas les Taedhels.
Dès sa 50ème année, il arriva à Kal' de s'entraîner au maniement de la lance en empruntant en cachette les équipements de son père, bien trop grands pour lui à ce moment-là. Plusieurs fois il fut surpris par sa mère, mais celle-ci garda le secret. Il était très complice avec elle, ressentant ce qu'elle avait traversé. Toutes ces années à Daranovar à ne jamais être totalement acceptée à cause de ses origines, toutes ces années où elle avait ignoré le monde qui l'entourait pour s'occuper seulement de son enfant et de celui qu'elle aimait. Souvent, Kalad prenait sa mère par la main et ils allaient ensemble aux abords des bois non loin de la cité. Ensemble, ils s’allongeaient dans l'herbe près des arbres et ils écoutaient le murmure de la Symphonie presque imperceptible, comme la voix d'un homme mourant parvenant à peine à formuler ses dernières paroles.
Il choisit à l'heure du Double choix les enseignements courants et il approfondit notamment la stratégie militaire elfique.
Chapitre 2 : La rencontre.
Lorsqu'il eut 120 ans, Kalad participa comme tous les jeunes de Daranovar à la cérémonie du Sacre des lames. Il se rendit avec sa mère et son père au temple de Kÿria, où il choisit comme la tradition et ses parents l'avaient tous deux souhaités de porter le nom de son père, Kholinar, un nom ancien et prestigieux dans l'armée de Daranovar, une lourde responsabilité. On demanda au jeune elfe d'aller préparer son paquetage et de se rendre à l'Institut Militaire de la Cité afin de commencer ses classes et les 10 ans de service militaire dûs au protectorat de Daranovar. Kal' prépara un sac de toile dans lequel il mit quelques vêtements, le poignard elfique que son père lui avait offert pour sa majorité et un exemplaire de Lelyadin pour pouvoir être guidé dans ses prières à la Mère.
La séparation avec ses parents n'avait pas été des plus difficiles, Kalad s'étant préparé depuis longtemps à les quitter. Il fit le trajet seul jusqu'à l'Institut Militaire de la Cité, s'arrêtant à son entrée pour contempler l'immense statue ornant la façade de l'édifice. De pierres blanches, l'Institut était sans doute la plus belle académie militaire de Miradelphia. C'était en tout cas la plus réputée. Les elfes sortant de ses murs étaient les mieux entraînés d'Anaëh. Daranovar était réputé pour ses unités d'infanterie et de cavalerie lourde principalement et Kal' espérait bien rejoindre l'une de ces 2 unités au terme de sa formation militaire. Ces régiments étaient les plus demandés, la concurrence serait âpre pour les rejoindre. Le soir même eut lieu la suite de la cérémonie du Sacre des lames. Beaucoup choisirent la lance comme arme principale pour leur enseignement. Par la suite, ils devraient affronter un maître d'armes pour être placés dans différents groupes selon leur niveau. La plupart des jeunes guerriers furent balayés en 2 ou 3 passes d'armes, mais Kal' avait plus d'un tour dans son sac. Il s'était entraîné pendant des années avec les équipements de son père, son style n'était certes pas très académique et il manquait encore de force brute mais sa vitesse et son agilité étaient déjà impressionnantes pour son âge.
S'avançant face au maître d'armes qui le désigna il se mit en posture du Vent, sa préférée, de côté, les jambes légèrement pliées et écartées, le centre de gravité bien stable, sa main gauche devant libre, son bras droit, son bras fort portant sa lance au-dessus de sa tête. Les différentes postures que Kal' avait apprises se trouvaient inscrites dans un vieux manuel de formation militaire que Kalad avait trouvé dans les affaires de son grand-père, sa curiosité n'étant pas toujours un vilain défaut. Le maître d'armes leva un sourcil, visiblement étonné et attendit que le jeune elfe passe à l'attaque. Celui-ci lança alors une frappe d'estoc en direction de la poitrine de son adversaire, le maître dévia avec sa propre lance et contre-attaqua en frappant de côté les jambes de Kal'. Alors Kal' décolla du sol ses appuis, esquivant de peu le coup qui se dirigeait vers ses tibias et fit un tour complet sur lui-même assénant un coup de taille dans le bras de l'instructeur. Celui-ci fit un pas en arrière, surpris, et parvint à ne voir que le cuir de sa protection rayé par la lame de la lance de l'apprenti soldat. Alors, l'instructeur sembla gagner en sérieux et commença à enchaîner les frappes. Kal' les esquiva et les para avec plus ou moins de mal, mais parvint à rester debout, bien que l'instructeur ait réussi à le frapper d'estoc avec le manche de sa lance en plein ventre, lui coupant le souffle. Reprenant ses esprits, Kal' passa à l'offensive et tenta de frapper l'instructeur à la cuisse gauche, coup que l'instructeur n'eut aucun mal à parer. Ce que voulait Kalad. La pointe de sa lance vers le bas, l'instructeur ne protégeait plus son flanc droit. Le jeune guerrier en profita et dégaina son poignard de sa main libre pour venir le placer devant la gorge du maître d'armes. Celui-ci faucha alors l'appui avant du jeune téméraire et vint placer la pointe de sa lance sur la poitrine de Kalad. Le combat était fini. Kal' avait perdu. Personne ne gagnait jamais face aux maîtres d'armes, mais très rare étaient ceux ayant opposé autant de résistance. L’instructeur l'aida à se relever et lui dit :
- Beaucoup de nos frères t'auraient châtié pour avoir osé utiliser ton poignard. Je ne le ferai point, dans la bataille, l'honneur n'importe plus, seule prime la survie. Souviens-toi de ça. Ne baisse jamais ta garde même quand tu penses l'avoir emporté sur ton adversaire. Kalad n'oublia jamais ses mots et il fut le meilleur lancier de sa promotion à l'Institut. Le maître d'armes nommait Gilnor devint son mentor. Il lui apprit à modérer son entrain et à garder son sang-froid même au cœur de la bataille, à effacer ses émotions, à ne faire plus qu'un avec sa lance, à commander ses frères et à comprendre l'ennemi. Gilnor était en vérité une sorte de génie que personne n'avait jamais pris la peine de remarquer, mais ça Kal' l'avait compris et buvait ses paroles comme si il s'était agi d'une source sacrée créée par Kÿria elle-même. Les 10 années de son service militaire achevées, l'elfe put rejoindre les lanciers de Daranovar.
Dans l'armée de Daranovar il fit la connaissance de nombreux soldats remarquables, notamment Artiön Sinyàra à l'époque capitaine des auxiliaires mais aujourd'hui commandant de l'armée de Daranovar. Un homme remarquable que Kal' respectait beaucoup. Kalad servit sous les ordres de son propre père toujours lieutenant chez les lanciers de Daranovar. Jusqu'au jour de la rencontre. L'année 690 du 10ème cycle.
Ce jour-là Kal' se rendit en forêt avec l'escouade à laquelle il appartenait pour protéger des chasseurs. Perché dans un arbre il vit s'approcher des ombres au fond des bois. Il sonna le cor d'alarme et vint se placer en position défensive formant une ligne avec ses frères d'armes entre les chasseurs et les nouveaux arrivants. Jamais Kalad n'aurait pensé rencontrer son grand-père dans ces conditions mais c'est bien ce qui arriva. Des Noss arrivèrent de tous les côtés et les flèches volèrent de toutes parts décimant rapidement l'escouade. Blessé à la cuisse, Kal' se retrouva au sol mais se releva tant bien que mal pour faire face aux assaillants. Il se retourna et vit au loin les chasseurs qui étaient parvenus à s'éloigner suffisamment pour pouvoir s'enfuir, et autour de lui toute son escouade criblée de flèches agonisait. Alors approcha celui qui semblait être le chef de la troupe Noss. Il le dévisagea. Ce chef avait un visage familier d'une certaine façon. Kalad éprouvait de la colère à voir ses amis blessés en train de se vider de leur sang sous le regard des Ornedhels. Alors le chef lui dit :
- Pars ! Je sais qui tu es, je l'ai su à l'instant où nos regards se sont croisés. Va et dis à ma fille que je la pardonne, mais plus jamais elle ne pourra revenir dans nos forêts. Va et dis à ton père que je t'ai laissé vivre pour l'amour de ma fille. Va et souviens-toi que je t'ai laissé la vie. N'oublie jamais la Mère et remercie la d'être encore en vie. Rappelle-toi que nous n’existons seulement grâce à l’Aînée et que toute chose en ce monde à la même valeur, vos vies ne valent pas plus que la terre que chaque jour vous pillez. Incrédule Kal' attrapa le seul de ses frères respirant encore et en s'appuyant sur sa lance il fit demi-tour et s'en alla. Kalad avait déjà imaginé plusieurs fois son grand-père, mais jamais une seule seconde il n’avait pensé qu'il se retrouverait dans l'incapacité de prononcer le moindre mot. Les sentiments de colère, de tristesse se mêlant à la curiosité du jeune guerrier l'avaient rendu incapable de parler à cet instant précis, seule la fuite était une option envisageable. Kalad remercia la Mère d'être encore en vie. Il fut ramassé par une patrouille avec son camarade et ils survécurent tous les deux. Il ne raconta jamais cet épisode à ses parents et n'oublia jamais le visage de ce chef, de son grand-père. En pensant à lui se mêlait le respect dû à l'aura impressionnante qu'il dégageait, ainsi qu'une colère profonde devant le sort de ses camarades. Kalad se promit de faire un jour payer à son grand-père tout le mal qu'il lui avait fait ainsi que le mal fait à ses parents.
Chapitre 3 : Kal', « Béni-des-Vents »
Lors de sa 140ème année, 10 ans après les événements qui opposèrent Kalad à son grand-père maternel, eut lieu l'embuscade du lac d'Uraal. Durant cette période, une partie des lanciers de Daranovar fut envoyée pour prêter main-forte à l'Armée du Sud. Le père de Kal' commandait la troupe. Ils rejoignirent tout d'abord le Fort Ellyrion pour ensuite se diriger vers le lac d'Uraal avec le mage Caranthir à lleur tête. Mais ils furent pris dans une embuscade effroyable et la majeure partie des troupes envoyées fut décimée y compris le père de Kalad, Adalir. Pendant cette bataille, le jeune Kholinar se révéla enfin et réussit finalement à appliquer ce que le maître Gilnor lui avait enseigné. Des dizaines de Drows tombèrent par la lance de Kal', le «Béni-des-vents» comme le surnommèrent ses camarades survivant l'ayant vu se déchaîner dans son ballet macabre. Cette bataille marqua profondément Kalad, tant à cause de la mort de son père, que par l'expérience qu'elle lui apporta. Ce fut aussi la première fois qu'il affrontait des Drows, et ça ne serait pas la dernière fois, loin de là. Enfin, lors de cette bataille il combattit aux côtés des Aigles de l'Armée Royale qui l'impressionnèrent par leur discipline, leur organisation et leur habileté au combat.
Par, la suite, la troupe totalement décimée le désigna pour prendre la place de Lieutenant occupée par feu son père. Cela fut au grand étonnement du Commandant des lanciers qui refusa. Bien que très prometteur, Kalad était encore trop jeune pour ce poste. Des années passèrent et Kalad passa la majeure partie de son temps à combattre des escarmouches Noss ou des humains qui venaient empiéter sur la Prime Forêt pour couper des arbres. Au bout de 50 années, il fut finalement nommé à l'âge de 190 ans Lieutenant des lanciers de Daranovar. Ses compétences de commandement furent reconnues de tous malgré son jeune âge. Puis en l'année 810 du 10ème cycle, un groupe de recruteurs des Aigles de l'Armée du Sud passèrent à Daranovar. Par tradition, les recruteurs passaient rarement dans la Cité des Armes qui avait pourtant les guerriers les mieux formés. En effet, le sens patriotique étant très fort en ces lieux, peu de guerriers acceptaient de s’en séparer. Néanmoins, Kal' ressentait le besoin de changer d'air après quelques décennies passées à commander dans une période assez paisible.
Il cherchait un nouveau défi, un qui lui permettrait de défendre encore plus ardemment la Prime Forêt, il lui sembla alors que rejoindre l'Armée Royale serait une bonne option, celle-ci agissant sur tous les principaux fronts de batailles pour défendre l’OEuvre de Kÿria. Il rejoignit donc les Aigles après avoir réussi haut la main les tests que lui firent passer les recruteurs du bataillon d'élite. Les Aigles de l'Armée Royale étaient connus à travers tout Miradelphia, et les rejoindre était un honneur fait à peu de guerrier. Leur réputation faisait de leurs membres des soldats connus comme les meilleurs du monde. Kal' savait lui que cela n'était pas tout à fait exact car beaucoup de fines lames se cachaient parfois dans des bataillons « communs » notamment à Daranovar, mais il était vrai qu'aucun ne rassemblait autant de talents au même endroit que les Aigles.
Kalad dut donc quitter sa terre natale de Daranovar pour le Fort Ellyrion, c'est à ce moment-là que son grand-père lui remit la lame d'acier Veladrien familiale. Kal' ne se battant que très rarement à l'épée, il voulu faire sceller la lame sur une lance. Pour cela, il dut se rendre en Ardamir ou le Toer Tamindal put reforger la lame pour la retirer de son pommeau et l’encastrer au bout du manche d’une lance. Il fit ses adieux à sa mère, qui terrassée par le chagrin d'avoir perdu son bien-aimé et de voir maintenant son fils s'éloigner d'elle mettra fin à ses jours quelques années plus tard. La seule réponse émotionnelle de Kal' fut d'encore plus enfouir toute émotion dans la guerre qu'il allait mener pour Kÿria. Les Drows lui avaient pris un père, et maintenant ils participaient indirectement à lui retirer sa mère. Lorsqu'il apprit la nouvelle Kalad fut autorisé à aller assister à ses funérailles à Daranovar. Depuis, il ne remit jamais les pieds là-bas. Il était rare pour un Elfe Sylvain de parvenir à un tel niveau de maîtrise de ses émotions, mais les batailles avaient changé Kalad. Il était devenu l'instrument de vengeance de la Mère, rien d'autre, il était la sauvagerie de l'Aînée incarnée.
Chapitre 4 : Béni-des-Vents l'Aigle royal.
L'Aigle participa à de nombreuses missions et s'intégra très vite dans son nouveau bataillon. Il rejoignit une escouade comprenant 2 autres soldats d'infanterie spécialisés dans le combat à l'épée,
Neramar et
Altarion ainsi qu'un archer
Aeriel et un mage guérisseur sachant combattre à l'épée
Ethnodel. Chez les Aigles la formation de Kalad continua. La chose la plus notable après son intégration aux Aigles fut qu’il devint sans aucun doute l'un des meilleurs lanciers connu d'Anaëh, combinant son style aérien inné, aux apprentissages de Gilnor et certaines ruses connues des Aigles. Les Aigles étaient sans conteste le bataillon le plus impressionnant qu'il ait jamais vu. Toutes les escouades s'entrainaient à combattre ensemble, comme unies par un lien invisible. Kal' fit graver les protections de ses avant-bras et de ses épaulières avec le symbole de la tête d'aigle pour montrer son appartenance au bataillon, bien souvent rien que la vue du symbole suffisait à dissuader les ennemis les plus hésitants. La chose la plus impressionnante que Kal' vit dans ce bataillon fut l'adaptabilité dont pouvaient faire preuve les escouades, chose très rare dans les armées elfes habituées à répéter toujours les mêmes schémas de bataille. Kalad apprit même des choses sur les sièges de forteresses, choses qui auraient choqué sans nul doute les religieux passant leur temps à répéter que les Elfes d'Anaëh forment un peuple pacifique. Mais Kal' savait qu'un jour où l'autre ils perdraient des cités et qu’il faudrait les reprendre, et ces savoirs lui seraient alors utiles.
Pendant plus de 196 ans, Kal' ne connut que des victoires, repoussant d’innombrables incursions Drows ou parfois humaines, mais en Verimios 996 du 10ème cycle, il fit face à sa première défaite en tant qu'Aigle. Il fut chargé en tant que simple soldat d'escorter Illydril, Anàrion, Beren et la reine Orelindë avec 4 autres escouades d'Aigles et une centaine de soldats conventionnels jusqu'à Kirgan pour signer avec les Péninsulaires et les Nains, l'Alliance de Lumière. Ils furent pris dans une embuscade de Drows et rapidement submergés par leur nombre et par les dizaines de volées de flèches qu’ils recevaient de toutes parts. Seuls son ami Neramar et lui survécurent à l’assaut. Neramar perdit conscience après un trop grand nombre de blessures et les Drows le pensèrent mort, quant à l'Aigle Kholinar, il dut faire face au triste sort de la reine Orelindë. Alors qu'il se trouvait au sol criblé de flèches, il tenta de se relever pour aller au secours de sa reine, mais un lancier Drows le maintint au sol en lui plantant la lame de sa lance à travers le dos sous l'omoplate, le traversant de part en part et ancrant l’elfe au sol. Il dû alors impuissant regarder la reine Orelindë se faire violer puis égorger par les soldats Drows. Kal' perdit connaissance et ne se réveilla que quelques jours plus tard, entouré de ses camarades Aigles. Il fallut plus d'un an à Kalad pour se remettre de ses blessures physiques mais aussi psychologiques, mais il pouvait au moins s’estimer heureux d’être toujours vivant après une blessure pareille. Ce n'est que grâce au soutien apporté par son ami Neramar qu'il parvint à tourner la page et à se concentrer sur l'avenir tout en tirant les leçons de cet échec. En Barkios 999, Kalad est nommé lieutenant des Aigles suite au décès d'un des 2 lieutenants dans l'embuscade tendue à Elya de Lanthaloran et Dragan d'Ardamir lors de leur retour de Diantra. En tant que Lieutenant, Kal' reçut le droit d'avoir à ses côtés un aide de camp pour le conseiller et l'épauler dans sa tâche, il choisit alors son ami Neramar, fin stratège et fine lame chez les Aigles.
La fin du 10ème cycle donna lieu à 2 événements imprévus. Tout d'abord, 3 ost-drows déferlèrent sur Ellyrion qui dut être en grande partie évacuée, même les puissants Aigles ne pouvaient combattre avec 3000 frères contre une armée de plus de 30.000 Drows, cela aurait relevé du pur suicide. L'autre événement fut le Voile, une éclipse de cycle qui dura cette fois-ci plusieurs mois. L'offensive Drow fut momentanément stoppée par le Voile. Pendant celui-ci la Mère avait réaffirmé sa domination sur Anaëh. Les arbres se multiplières et une végétation dense vint jusqu'aux murs des cités. Les Noss affirmaient que l'Aînée condamnait les Elfes de Pierre pour s'être éloignés de la Nature et pour avoir voulu la dompter et la façonner. Personnellement, Kal' ne savait pas vraiment quoi penser au départ, mais il avait 2 certitudes après la fin du Voile : oui les Elfes des Cités se sont bien trop éloignés de la Nature, mais les cités étaient pourtant plus que de nécessaire pour pouvoir repousser l'ennemi Drow. Kalad espérait trouver des réponses auprès de Kÿria, mais celle-ci ne répondit pas à ses prières... Quant à ce nouvel astre dans le ciel surnommé « La Demeure des Dieux », Béni-des-Vents lui ne voyait pas ça comme un bon présage mais plutôt comme l'arrivée prochaine de quelque chose de puissant sur Miradelphia, peut-être celui-ci viendrait-il bouleverser la magie ou réveiller des forces occultes.
Kalad participa à la reprise d'Eraison auprès des forces de Mera, d'Ardamir, d'Eteniril et de certains Noss alliés de circonstance. Le commandement avait failli lors des dernières batailles, et Kalad avait pu le voir de très près. Le Capitaine des Aigles, Kelendil Lennderiel avait été promu et Kal' fut désigné pour prendre la place du Capitaine et assurer l'intérim en attendant qu’on le nomme définitivement à ce poste ou bien qu’un autre soit désigné. Kalad trouvait que les Aigles ne s’impliquaient pas assez dans la gestion de l’ensemble de l’armée elfique, il estimait que le savoir faire des Aigles leur permettrait de pallier les nombreuses différences entre les armées locales. Kal' avait donc prévu de faire des propositions au Conseil militaire maintenant qu’il le pouvait, notamment afin que quelques escouades d'Aigles soient placées en tant qu'officiers dans chaque armée afin de pouvoir coordonner le mouvement des troupes. Il savait difficile pour les protectorats d'accepter les ingérences du pouvoir royal. Néanmoins, ces mêmes ingérences lui paraissaient nécessaires en temps de guerre pour pouvoir l'emporter.