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| [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses | |
| | Auteur | Message |
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Lœthwil
Ancien
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| Sujet: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Lun 23 Oct 2017 - 20:54 | |
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Kÿrianos de la troisième ennéade de Fävrius Dixième année du Onzième Cycle Protectorat de Faeldolen - Tu devrais faire plus attention. Tu vas juste ralentir la guérison à essayer de forcer à travers la blessure. Tu souffles bruyamment du nez et de la bouche à la fois, les doigts crampés sur ton flanc encore rougi d’hématomes. Ta vie n’est plus en jeu, mais ton aisance souffre encore de tissus fragilisés, se crispant fermement chaque fois que tu les solliciteras trop. Les fibres reconstituées sont encore faibles, au point que parfois des blessures se rouvrent, rougissant le dessous de ta carne à cause de sang vicié se déversant juste sous sa surface. Comme à son habitude depuis presque une ennéade, Delgerenil veille au grain, avec une attention comme seuls sont capable d’en exprimer des elfes du Baar’Ane. Tes dix doigts ne te suffiront bientôt plus à compter le nombre de fois où elle aura incisé ta peau pour en extirper les déchets, puis précautionneusement retissé les fibres, de peur que les plaies ne se rouvrent. Tes dix doigts ne te suffiront bientôt plus non plus à compter le nombre de fois où tu te seras retrouvé forcé d’engloutir l’un de ses breuvages infects, pour reprendre des forces. Au moins l’efficacité en valait le sacrifice. Cheminer à travers la canopée t’est interdit par ton état, alors à défaut de cela tu trouves réconfort dans une démarche voûtée, se métamorphosant souvent en une quasi reptation. Lorsque tes épaules se rapprochent à leur maximum du sol, tes doigts s’enfoncent dans la litière, et tu avances en humant l’humus, non pas à la recherche d’une odeur comme le seraient les prédateurs terrestres, mais guettant la moiteur naissant de la sudation de la terre. Tu suis les courants souterrains, observes les porosités de la roche, comme médecin suivant les tracés des veines de la forêt ta patiente, dévoilées par le formidable outil qu’est ta guide. Et elle s’excite, la Folle, elle s’enjaille, car la prochaine étape de ton parcours est proche. À quelques heures de marches les veines se rejoignent. Encore un peu et vous atteindrez un des grands organes de la forêt, et un organe appartenant à l’Inconstante elle-même. L’Evertem n’est pas bien loin. Nuit de Kÿrianos à Julas de la troisième ennéade de Fävrius Dixième année du Onzième Cycle Alentours du lac d’Evertem - L’Evertem frissonne mes enfants, le Shaman déclare solennellement, les doigts posés sur la surface voilà qui n’est pas arrivé depuis bien longtemps.- Est-ce seulement bon présage Calph’Ben ?- Je n’en sais rien, nìniell. Si l’eau frissonne quand approche l’Inconstante, il reste impossible de savoir quels sont ses desseins avant qu’elle n’ait commencé à s’appliquer à leur réalisation. L’enfant tremble, angoissée à l’idée de l’arrivée imminente d’événements dont elle ignore totalement la nature. L’Aînée de l’Ywonven approche, et c’est une chance exceptionnelle aux yeux de la petite fille que d’être de ceux ayant eu l’occasion d’être témoins de l’apparition du plus énigmatique des Six ; seulement lorsqu’apparaît Meliën, c’est que de grands changements se profilent, et l’histoire aura prouvé qu’aux elfes, motivations comme manières de l’Inconstante se prouvent souvent obscures. Lorsque tes yeux ont enfin l’occasion de la contempler, la surface de l’Evertem est éclairée de milliers de minuscules sphères phosphorescentes. Comme autant de miroirs, les iris des elfes du Pan’Mera reflètent le spectacle, toile vivante et mouvante, animée au rythme des battements de cils et des remous secouant l’onde. Ils attendent, en silence, étouffant de leur présence jusqu’au moindre mot vous traversant l’esprit. Le souffle altère l’onde mais l’abysse est immuable En cela la promesse ne peut être brisée Tempétueuse liberté ; Paisible destinée Existence unique aux moitiés contradictoires Tu t’assieds. L’onde s’agite. Au sein des centaines de miroirs vivants s’illumine une fresque dont les mouvements quoique chaotiques te sont presque familiers. Au rythme des paupières se dessinent d’abstraites images, comme reflets d’une prière lentement reprise par des voix de plus en plus nombreuses, de plus en plus vives, de plus en plus puissantes, tirant vers le haut la surface de l’Evertem. Voies sibyllines mais inextricables Douleurs incendiaires, attisées par le vent Nulle rafale ne change le sens du courant Celui qui cherche le ciel dans l’eau ne peut que choir. Flux et reflux te lèchent les pieds menaçants, tandis que dans l’abysse s’agitent des forces impatientes. Impatientes de savoir ta vérité. L’eau a toujours raison devant le vent Tu sombres, avalé par le lac sans fond. Tu sombres, comme l’aurait fait un cadavre. Les flots t’ont happé, et tu t’es laissé prendre. Car de l’enfant des Wagyls tu es le favori et les eaux sont son domaine. Car Meliën te précède tout le long de ce périple. Tu suis le fleuve, mais tu es loin de l’embouchure ; ton voyage ne se terminera qu’une fois arrivé à la mer. Si aujourd’hui tu ne crains pas que le courant te prenne c’est parce que tu t’es donné ; et parce que tu t’es donné en retour il ne peut que t’offrir. Si la Dame d’Evertem t’étreint comme son jeune frère, son témoignage n’est que de seconde main, car ceux ayant dit le plus de vérité, ce sont les bras de l’Inconstante, qui sur le lac entier se sont refermés. - traduction:
Calph’Ben = époux de l’enfant des eaux
Dernière édition par Estiam Faerin le Sam 20 Jan 2018 - 2:26, édité 2 fois |
| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Mar 24 Oct 2017 - 19:59 | |
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Compassion.
Douceur.
Délicatesse. Voilà quelques notions t’ayant rapidement fait défaut. La chaleur d’une étreinte, fut-elle offerte par la gardienne du glacial abysse du lac sans fond, elle te renvoyait à des temps te semblant bien éloignés, alors qu’ils ne sont finalement qu’à quelques grains de sable de tes instants actuels. La chaleur d’une étreinte, au cœur de l’Aduram tu as choisi de l’oublier, car elle était le souvenir t’ayant envoyé à la souffrance en premier lieu. Tant que le bois maudit ne serait à ton oreille que cris déchirants et douloureux grincements, tu n’aurais pas le droit de te rappeler ce qu’est l’amour, car c’est l’amour, dans toute sa prétendue beauté, qui te torturait. C’est l’amour qui t’a poussé à croire en l’amour. C’est l’amour qui t’a poussé à espérer de ton peuple une miséricorde qu’il ne possède pas. C’est l’amour qui t’a poussé à espérer de ton peuple une bienveillance dont il n’est pas capable. C’est l’amour qui t’a poussé à espérer qu’un jour un être accepterait de te sacrifier le reste de son éternité. Pour tout cela, tu as voulu faire fi de tout l’amour qui ne te fut pas rendu au centuple. Pour cela, tu as voulu laisser tes attaches en pâture à l’ancien Linoïn, pour ne plus vouer ton affection qu’à l’œuvre elle-même. Seulement tu en as été incapable. La Dissonance elle-même ne fut, n’est, et ne sera jamais assez puissante pour complètement briser le Souffle. Le Souffle fut, est et sera toujours créateur de liens. La liberté n’a de sens qu’à condition de la présence d’attaches, et c’est l’affection qui faisait les vôtres. À quoi bon lutter contre l’amour, lorsque vous avez été créés pour aimer de votre propre chef ? Ton cœur bat lentement. Le manque d’air se fait ressentir sur ton corps. Ton esprit, lui, est tranquille. Tu rêves. Tu rêves de partage. Tu rêves de sentiments véritables. Tu rêves de choses que tu es convaincu ne plus pouvoir pleinement te permettre. Sous l’eau tu pleures, car ici jamais personne ne verra tes larmes, cueillies à peine naissante par les eaux d’Evertem. Tu pleures les restes de souvenirs que tu pensais derrière toi. Tu pleures les raisons pour lesquelles ton nom est resté coincé dans ta gorge, lorsque te l’a demandé le Dawi, sur les terres du Septentrion. Tu pleures le passé pour que l’eau l’emporte loin. Cette fois ce n’est pas une remise en cause, ce n’est pas une reconstruction, c’est une renaissance. Voilà plus d’une dizaine de minutes que tu flottes dans l’abysse. Voilà quelques secondes seulement, que la surface est comme un miroir. Sans la moindre ride. Pourtant en dessous d’elle les mouvements sont frénétiques, la faune s’agite et la flore se prosterne. Sous la surface glissent deux immenses formes que l’œil peine à comprendre. Elles semblent nager, l’une vers l’autre, à moins que ce ne soit l’une dans l’autre. Elles semblent autant faire partie du lac que le lac faire partie d’elles. Elles sont les incarnations du jugement auquel tu t’es soumis. - Maintenant tes mots prennent leur véritable valeur, favori des eaux. Un frisson. Un Quelques bulles d’air crèvent la surface. - Vous pensez qu’il est mort, Calph’Ben ?- Non, nìniell. Il arrive. L’Evertem se soulève comme un animal sortant d’hibernation. De perles d’eau se tisse une silhouette, un visage vaguement féminin, vaguement elfique, décoré des ombres des poissons nageant en son sein. La Dame du Lac sourit, ouvre les yeux, dévoilant les orbes phosphorescents faisant ses pupilles, avant que de son cœur ne s’extirpe une monstruosité aqueuse, gigantesque serpent liquide, qui mourra au même moment qu’il est né, alors que fuit à travers les profondeurs de la forêt un minuscule batracien. Tu tousses, craches de la salive en abondance, alors que tu chasses l’air vicié de tes poumons à la recherche d’un peu d’oxygène. Ta cape trempée et ton apparente faiblesse te donnent bien peu fière allure, et pourtant jamais on ne t’aura accordé plus de respect que ne le font silencieusement et à l’instant les membres du Pan’Mera. Le visage du shaman se baisse vers toi alors qu’il s’avance vers ta dépouille recroquevillée sur la rive. L’elfe ne te tend pas la main, attendant patiemment plutôt, que tu ne reprennes contenance et que tu te relèves de toi-même. Ce n’est que lorsque tes yeux viennent chercher les siens, à travers le dédale d’ornements de sa coiffe, que tu comprends pourquoi. Entre les mains de l’elfe est jouée une mélodie comme tu n’en as que rarement entendu, un air plus magnifique que ce qu’il t’aurait jamais été donné d’entendre avant Yriaë. Entre les mains de l’elfe se trouve un œuf, brillant de l’infinité de couleurs de l’aurore boréale. - L’Ywonven vous confie ceci.L’Ywonven venait de te confer l’amour. L’amour sans lequel ta quête n’aurait pas eu de sens.
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Jeu 26 Oct 2017 - 3:11 | |
| Tout bonnement abasourdi, incapable de trouver le sommeil, tu observes l’œuf illuminer la nuit depuis de longues heures déjà, et en retour Delgerenil, ainsi que plus discrètement, un bon nombre des elfes du Pan’Mera t’observent toi. L’heure est aux spéculations, aux hypothèses et aux réflexions. Quand ? Dans quel but ? Et surtout, quoi ? Jamais de ta longue vie tu n’as eu l’occasion d’observer de tes propres yeux une pareille merveille. Jamais aucun produit animal, en dehors peut-être de certaines des créatures mystérieuses de l’Aduram, lors de tes premières rencontres avec la faune de la forêt maudite, n’ont créé chez toi une telle fascination. Quelle bête pouvait bien être à l’origine d’une telle chose ? Etais-ce même l’œuvre d’une bête ? Car de ce que tu pouvais observer, il ne s’agissait pas là que d’une chose vivante. Sa mélodie était trop douce à ton oreille pour que ce ne soit que cela. Entre tes mains se trouvait un condensé de magie sous une forme incroyablement pure. Un cœur arcanique, jouant son propre air au sein de l’orchestre des flux. Tu souris, caressant attentionnément la coquille aux couleurs prismatiques, bercé par cette signature à mi-chemin entre les Chants de la Symphonie et les ritournelles de l’éther.
- C’est un œuf de reptile. De gros reptile. Delgerenil murmure, attirant ton attention Il a mieux sa place au fond de l’Evertem qu’ici si tu veux mon avis. - Les Ëalas ne confient rien sans raison. Tu t’inquiètes pour rien. - Ce qu’offrent les Ëalas n’est pas toujours fait pour être conservé. Les créatures touchées par le Sage sont les plus dangereuses. Elles corrompent ceux qui les gardent. Et l’espace d’un instant, enfin capable de t’apercevoir autrement que comme un survivant, l’elfe du Baar’Ane se sent presque coupable de t’avoir fait boire le sang de l’Hydre Je connais la réputation de mon clan, et oui, nous méritons d’être appelés des tueurs, mais nous ne tuons pas par plaisir du sang. Il nous a été confié de contenir la démence de l’Hydre Maîtresse. La grande majorité des vies que nous prenons sont des sacrifices nécessaires, pour que nous restions assez forts pour continuer notre mission. - Et c’est pour cette raison que vous avez empiété sur les territoires des clans de Tethien et essayé de me tuer ? - La chasse est meilleure à Tethien en cette saison Delgerenil sourit, toujours de son inquiétant rictus Et tu sais ce qui arrive lorsqu’un étranger interrompt une chasse. D’ailleurs, toi qui as été jugé assez fort pour résister à l’Hydre, tu es toujours bien vivant que je sache. - C’est vrai. Et même si je n’en ai pas l’air, je t’en suis infiniment reconnaissant, comme je suis reconnaissant à ton clan d’avoir accepté ma requête. - Il faudrait être idiot pour refuser. Pour une fois que les Taledhels ont fait un travail décent, autant le finir proprement avant que tout soit à recommencer… Les sourcils de la guérisseuse se froncent alors que ses mots perdent en volume mais tout ça n’a rien avoir avec cet œuf de malheur ! elle reprend à pleins poumons Je reste convaincue que dans l’ignorance, il vaut mieux le remettre là d’où il vient. Qui sait quelle calamité il pourrait renfermer ? - Qui sait s’il y a même véritablement une créature vivante à l’intérieur ? - N’importe quel mage de vie qui se respecte, et je te rappelle que j’en suis un. Je ne comprends peut-être rien aux phénomènes magiques qui te fascinent autant dans cet œuf, mais j’y vois assez clair pour comprendre qu’une chose vivante en est la source, et que si elle est capable de déployer quelque chose d’aussi intense, alors je préfère ne pas la voir éclore.
Et avec ces mots elle te laissait à la contemplation, pour plonger dans le sommeil. Tu la suivrais bientôt, bientôt… après avoir veillé quelques temps encore sur l’artefact. L’œuf de l’Evertem. Ton œuf.
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Jeu 26 Oct 2017 - 15:24 | |
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Calimehtarus de la troisième ennéade de Fävrius Dixième année du Onzième Cycle Alentours d’Evertem - Tu comptes véritablement tenter de le faire éclore ?- Oui.- Tu te rends compte que même dans le meilleur des cas, tu te retrouves à devoir t’occuper d’une bestiole inutile. Delgerenil désespérée lance ses derniers arguments Voilà qui risque de bien contrarier l’effort de guerre.- Si je suis incapable de le protéger lui, alors je ne vaux pas la confiance qu’ont placée tous ces elfes en moi. Tu soupires Mon habit d’aujourd’hui est mon habit de bataille pour les mêmes raisons.- Moi qui pensais que tu avais peur qu’une armure ne te limite dans l’utilisation de ta magie, me voilà doublement rassurée…Il y a plus maintenant que la simple et soudaine affection dont tu t’étais pris pour l’artefact. Il y a le mystère qu’il renferme, cet objet vieux de plus de huit cycles. Voilà des générations et des générations que les Pan’Mera sont rassemblés autour de l’Evertem, et pas même le plus ancien d’entre eux n’aurait eu l’occasion de voir le jour où l’œuf fut pondu. Ce n’est pas un œuf comme ceux ni des poissons, ni des reptiles, ni des amphibiens habituels du lac. Les Pan’Mera connaissent assez bien la faune de leur territoire pour te l’assurer, et en cela ils ne vont pas à l’encontre des larges connaissances que tu possèdes déjà de la Vie en Anaëh. Si sa puissance vous décontenançait, la nature de la magie qui le protégeait, les quelques signes de vie qu’arrivaient à en arracher les guérisseurs ; à la lumière des légendes, il n’est qu’une et une seule hypothèse qu’eux comme toi ne retinrent : plutôt qu’un de ses élèves, il devait s’agir là de l’un des enfants d’Elenmàr. L’un des premiers enfants d’Elenmàr, et potentiel gardien de la vérité sur ses plus jeunes frères. Tu offres un sourire complice à l’elfe du Baar’Ane avant de t’avancer vers le lac, de poser le pied sur la surface… et de continuer à avancer en marchant sur l’onde, tenu en surface par ta propre magie. Au centre de l’étendue d’eau, tu laisses échapper un soupir crispé, les mains tremblant dangereusement autour du présent de l’Ywonven. Si tu le délivrais, alors tu gagnerais le droit de l’adopter ; s’il chutait, alors il serait rendu à l’abysse du lac sans fond. - Ne vous inquiétez pas heri. À ceux faisant la volonté d’I Mîngely, il n’arrive rien qu’elle n’ait choisi. Si c’est réellement au nom de Kÿria qu’il part en croisade, alors sa vie comme les nôtres seront préservées jusqu’à ce que vienne le temps de faire face au véritable danger.- J’espère que vous avez raison. Tu t’ouvres pleinement à l’éther, creuse cette écorchure toujours ouverte en une faille béante, et tu écoutes. D’abord la mélodie de l’artefact prismatique. Puis l’orchestre tonitruant de l’éther concentré autour de la demeure de l’Ëala. Puis les Voix chantant un chœur à la majesté presque intimidante. Tu es de retour à Malereg, de retour au cœur du premier rituel auquel tu aies pris part depuis ton départ de l’Aduram. Comme à Malereg, ta peur meurt étouffée par une extraordinaire volonté et par l’assurance inouïe que t’a conféré ton statut de survivant. Tu es de retour à Malereg sauf qu’ici les flux t’appartiennent entièrement. Ni Mëlien ni l’Ywonven n’ont de part à jouer dans cette étape de ton entreprise. Tu es seul. Seul face à la créature que l’Anaëh te propose de faire ton enfant. D’un seul mouvement, tu lâches l’œuf et tes doigts fouettent l’air. L’artefact chute durant une fraction de seconde, pour être cueilli par des langues aqueuses, s’enroulant autour de lui comme autant de tentacules voraces. Tes bras remontent vers le ciel, et les tentacules s’arrachent à la surface, se refermant en une sphère parfaite autour de l’œuf, filtrant la lumière prismatique s’en réchappant pour lui donner un aspect plus désincarné encore. La pointe des pieds sur l’eau pour seul appui, tu entames une étrange danse, ton torse, tes bras et tes jambes décrivant de larges courbes alors que tu arraches des litres et des litres d’eau à l’Evertem, nourrissant la sphère, en augmentant le débit, en augmentant la chaleur, combattant une protection semblant à toute épreuve. Bientôt l’eau ne suffit plus. Bientôt tu te vois forcé d’accepter que ton élément de prédilection seul ne suffira pas à briser la barrière entourant la coquille ; là ton corps entier se crispe, et tes poings se ferment, se serrent à en empêcher ton sang de s’écouler, et tes bras s’écartent. Tes mains se rouvrent lentement, et le sable de la berge siffle. Les galets et les quelques roches de passage se fissurent, s’effritent, et rejoignent sous leur forme nouvellement morcelée les grains qui s’empilent en deux titanesques formations rocheuses. De part et d’autre du lac, de gigantesques mains sablonneuses se cristallisent à nouveau en une formation rocheuse articulée, glissant lentement jusqu’à toi au centre de l’étendue d’eau. Les doigts se meuvent à l’image des tiens, perdant à l’occasion un morceau de phalange, qui entrera en rotation autour de la sphère d’eau bouillante. Ils t’aident à conjurer tes sortilèges, ils maintiennent ton emprise sur l’eau tandis que les flammèches commencent à crépiter entre tes véritables doigts, que la danse rituelle s’accélère, que les courants de pierre ardente commencent à colorer de leur rouge éclatant les veines des paumes de pierre. Les arcs d’étincelles tracés par tes mouvements deviennent des langues de flammes. Les langues de flammes deviennent des rubans, et les rubans se tissent entre eux lentement en une figure ailée. Le Phoenix, symbole de vie, se joint au ballet, décrivant dans son vol des cercles autour de la sphère à la manière d’un oiseau de proie… et pourtant aucune agressivité ne se dégage de son mouvement. Il plonge la scène entière dans l’intense chaleur de ses flammes bleues, arrachant au fur et à mesure que le temps passe de plus en plus de vapeur à la surface du lac, plongeant le spectacle dans une brume le rendant d’autant plus irréel. C’est un spectacle renversant que celui de l’élémentaliste marchant sur l’eau, affrontant une simple coquille aux couleurs de l’aurore boréale. C’est un faramineux déploiement de puissance qu’il est donné d’observer à tous ceux se trouvant sur la rive, un rappel des prouesses dont sont capables les mages et un témoignage de la force de l’elfe qui les appelle à le rejoindre à la guerre. Une preuve de la protection que tu es capable de leur apporter. Une garantie que tu ne venais pas leur demander de s’offrir en chair sacrificielle, mais qu’au contraire, faire honneur aux inévitables morts était en ton pouvoir. C’est un spectacle renversant poussant par la même occasion à se demander de quelle magie pouvait bien être faite la protection de l’artefact, pour qu’il tienne toujours ton assaut. Tu arrives à bout, l’épuisement commence à te gagner, mais alors que tu offres tes dernières forces à ton rituel, que tu pries à la fois Arcamenel, Kÿria et Calimenthar dans une oraison au sens nébuleux, l’aurore boréale à la place des Dieux te répond. La lumière émergeant de l’œuf se fait plus vive, éblouissante, perçant autant à travers l’eau qu’à travers l’ombre de la pierre ou la lumière bleue des flammes du phoenix. Tu arrives à bout, de toi-même, mais aussi de lui. La barrière cède, dans une sourde explosion, soufflant sans efforts l’eau, la terre et le feu. Tu perds l’équilibre, le sortilège t’autorisant à prendre appui sur la surface se brise, et tu tombes à l’eau. Tu tombes à l’eau et tu nages en direction du véritable centre de l’Evertem. Sauf que tu es trop lent à la nage. Avec peines et fracas, tu griffes le liquide, creuse un sillon à travers lui, et demande au canal de te porter. Et l’eau t’entraîne, et tu te tiens en équilibre glissant à sa surface, désespéré d’attraper la créature libre avant qu’elle ne tombe à l’eau et ne se noie. Le reptile est encore endormi dans tes bras alors que tu t’écroules sur la rive. Epuisé. - Tout va bien, Ilweran. Tout va bien.Tu souris, oubliant complètement d’être étonné devant la taille du dragon-fae nouveau-né. Il est ton protégé maintenant, et voilà tout ce qui compte.
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Sam 28 Oct 2017 - 21:26 | |
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Elenwënas de la cinquième ennéade de Fävrius Terres de Tad’Sereg Tes ongles flattent machinalement la nuque d’Ilweran, installé sur ton épaule, se repaissant joyeusement d’une énorme larve de coléoptère. Tu souris, attendri par la petite créature avec qui tu fais aujourd’hui magie commune, ignorant tout bonnement le regard toujours suspicieux de l’elfe du Baar’Ane toujours à tes côtés. Les Noss des Terres Ancestrales de Quatrième Saison n’avaient généralement pas été les difficiles à rallier à l’effort de guerre… du moins, tant qu’il ne s’agissait que de l’engagement verbal. Peut-être l’Ywonven et les Pan’Mera avaient-ils raison. Peut-être ton attitude avant cette dernière épreuve était-elle trop rêche, rendant les Sylvains peu enclins à te suivre, et les forçant à te tester pour savoir s’ils pouvaient t’accorder leur confiance. Tes mots aujourd’hui n’avaient pas changé, ton appel était toujours le même. Ruthwentë attendant toujours de se déverser sur les ennemis de la forêt, et le sombre message de l’Aduram battait encore dans le cœur d’Estiam, mais en même temps qu’Ilweran, Cuiledin avait vu le jour. La paix qu’entretient Cuiledin avec son chaos intérieur est précieuse, car elle fait de toi un être complet à nouveau. Il n’y a plus la moindre incertitude en ton cœur quant au chemin que tu empruntes, plus la moindre réflexion parasite, car tu sais qu’au jour où tu te perdras, les Aînés te guideront. Tu n’es pas comme eux, tu n’es plus comme ces elfes épargnés par la Dissonance, capables de trouver en leur souffle la force de lutter contre leurs urges, et ils le voient bien, car tu ne t’en caches pas. Seulement, après que tu aies compris que tes pulsions créatrices et protectrices ne sont pas un obstacle, mais autant de serviteurs de ta vocation, les murmures qui t’entourent s’en sont faits d’autant moins défiants. C’est Ilweran donc, parfois plus que tes futures confrontations, qui devenait le sujet de discussion principal. - Tu es certain qu’il s’agit réellement d’un Inwin’löke ? Pour une créature décrite comme étant protégée des fées, elle fait un gros nourrisson à mon goût. - S’il n’en est pas un alors quoi d’autre ? Rien dans la légende ne fait mention de tels rituels à la naissance de métalliques ou de chromatiques. Tu offres une nouvelle larve au reptile sur ton épaule en réponse au souffle froid te chatouillant l’oreille Et on sait bien peu de choses des enfants d’Elenmàr. Peut-être qu’ils varient plus en taille qu’on ne le pense, ou peut-être que les plus anciens étaient plus grands et leur magie plus puissante. L’Anaëh a beaucoup perdu en force depuis ses premières heures, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous marchons non ? C’est pour cette raison que tu marches. Elle ne le fait que pour que tu puisses continuer d’avancer, et elle le fera jusqu’à ce qu’elle te juge à l’abri des séquelles de la blessure physique infligée par le Gardien Voronwë… et jusqu’à ce qu’elle soit sûre que soit cimentée la blessure mentale. La patience de Delgerenil n’est pas celle du Baar’Ane. Fière d’avoir été choisie pour accomplir la volonté du Gardien, elle n’en est pas moins au bord du dégoût, chaque fois que posant les yeux dans les riens elle les imagine se fendre à la manière de ceux de son chef. Pour l’instant il n’y avait rien, mais bientôt il y aurait la guerre. Bientôt le sang coulerait, et dès la première goutte de sang, elle aurait sa réponse. Ton esprit est-il plus fort que celui de Voronwë ? ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ L’ancienne Cité de Tad’Sereg. Réduite par le Voile à l’état de véritable hameau, et pourtant plus animée que jamais elle ne l’a été durant les précédents Cycles. Un témoin vivant des raisons pour lesquelles les Taledhels gagneraient à laisser s’effriter, ne serait-ce qu’un peu leurs murs. Non, les Citadins d’ici n’ont pas encore entièrement abandonné l’idée de se creuser leur Nid sur ces terres, et de s’abriter de la nature, mais au moins ils ont abandonné celle de se couper d’elle. Tad’Sereg contrairement à d’autres était à l’écoute de la… - Frères, Sœurs, si je m’adresse à vous aujourd’hui c’est parce que je sais comme le deuil pèse encore sur vos âmes. Tu t’approches, incrédule, l’oreille fascinée autant par la première voix que par la seconde. Elle est ici. Elle est ici. Alors elle t’entend. Reconnaît-elle seulement ta marque ? Ta marque est-elle seulement encore reconnaissable après de telles épreuves ? Elle t’a éloigné, elle t’a éloigné car elle devait penser, penser son rôle en tant que Gardienne de l’OEuvre. Elle devait prendre le temps de peser sa responsabilité auprès de la Mère, pour savoir s’il restait assez de force dans ses épaules pour que s’y ajoute celle qu’elle aurait auprès de toi si vous vous unissiez. Elle t’a aimé, et en t’aimant, elle avait achevé de te détruire une fois. Tu l’as aimé, longtemps. D’abord en secret, car tu n’étais qu’un enfant ; puis en rêves, car tu étais loin ; et finalement il te fut offert de percevoir un futur où vous seriez libres de mêler vos racines et vos Chants. - Mais l’œuvre que nous avons entrepris ensemble est loin d’être terminé. Peut-être ne l’entendez-vous pas, mais une grande part de la forêt sanglote depuis de longues années déjà, et nous en sommes seuls fautifs. C’est à nous que revenait de la protéger comme elle nous protège, et nous l’avons abandonnée. Elle vit toujours, elle serre le sol de ses racines, espérant depuis de longues années que son cri sera entendu avant qu’il ne s’éteign… À la demande de Meliën, la Dame d’Evertem t’a rendu l’amour. À la demande de Meliën, la Dame d’Evertem t’a rappelé comme il était bon de se sentir d’une quelconque façon puissamment lié à un autre être. L’air du Dragon Prismatique était devenu la clef de la prison dans laquelle tu avais enfermé ton cœur, et cette fois encore, Ilweran, lové sur ton épaule, chantait, plus fort que jamais. Fermement agrippé à ton manteau, le reptile observait d’un air bien trop joyeux tes lèvres se poser de force sur celles de la druidesse. Mais il fut le seul à comprendre quel était le bonheur qui te motivait. Elle te rejeta une seconde fois, l’œil froid comme si elle ne te connaissait plus. Elle t’arracha sans la moindre hésitation à ses lèvres, à sa vie… et à la tienne. Ton palpitant crut mourir une seconde fois, tes yeux s’embuèrent alors qu’en toi grossissait à nouveau la colère, l’incompréhension, la tristesse et la déception. C’est à ce moment qu’enfin le Baar’Ane sourit, car enfin tu lui offrais la faille qu’il espérait tant voir venir. Digne aînée des Glorhinfarth, cette race éteinte d’armes vivantes, celle dont tu avais sans le savoir bu le sang tenta de se saisir de ton myocarde, de l’avaler, de le détruire, pour qu’à nouveau tu sombres, pour que tu tombes assez pas pour la servir… mais l’Ywonven n’a pas fait que te donner l’amour. Elle t’a donné un être à aimer, un être dont la vie était liée à la tienne. Alors si tu crus mourir, la mélodie d’Ilweran te tint en vie, luttant de toute sa force contre les persiflages du reptile mort. Tu étais blessé sans avoir le droit de mourir. Ton cœur souffrait sans avoir le droit d’abdiquer. À la manière de la Dissonance, ta peine ressentait le besoin de s’exprimer. C’est à ce moment que les mots sans syllabes du Baar’Ane prirent tout leur sens. C’est à ce moment que tu compris les raisons pour lesquelles Voronwë dévorait les cœurs. Pour guérir ta poitrine il te faudrait voler celle d’un autre. Voilà pourquoi les elfes du Baar’Ane tuaient. Sauf qu’aussi profonde puisse être ton mal, tu ne pouvais pas te résoudre à dévorer celle que tu aimes. Le jour où les pièces de ton monde recommencèrent à s’emboiter fut celui où elles purent à nouveau s’effondrer. Sans que personne ne comprenne les raisons ni de ton premier geste, ni de ta momentanée paralysie, tu nourris une question de plus en prenant la fuite. Une fois de plus.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Dim 29 Oct 2017 - 3:33 | |
| - Frères, guettez les signes. Suivez les voix. Fiez-vous à votre instinct. Notre Mère ne laisse se perdre aucun de ceux qui daignent l’écouter.
Ainsi se termina la tirade de la druidesse, la première depuis son réveil, écourtée par sa propre confusion. Son pouce passa cueillir la fine gangue de salive reposant sur ses lèvres, décrivant le geste avec plus de délicatesse qu’elle ne l’avait au départ entendu. Quel fou pouvait bien avoir jugé bon de lui faire une plaisanterie d’une telle sorte ? Quel imbécile se serait autorisé à ainsi l’humilier, elle, enfant si précieuse à la forêt ? Quel hérétique aurait pu ainsi manquer de respect à une Druidesse de son acabit ? Pour autant que la réaction logique à son esprit soit de te couvrir d’insultes et de tenter d’oublier, la trace du baiser a un goût de déjà vécu, la manière a plu à ses lèvres, comme si elle fut déjà experte, et le geste avait été fait avec un naturel déconcertant. Le deuil a fait naître nombre de psychoses chez les siens, elle le sait… mais celle-ci ne lui semblait que trop peu anodine. Il fallait qu’elle comprenne. ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ Déjà tu signais le chemin de ta fuite de liqueur écarlate. Il ne t’aura fallu que quelques heures. Un peu plus du tiers d’un jour. Quelques heures sont bien suffisantes au prédateur affamé pour trouver une proie digne de son appétit, et les proies dignes de l’appétit de l’hydre sont de celles qui ne prennent pas la peine de se cacher. Tu pleures. Tu pleures de chaudes larmes alors que tes lèvres s’arquent en un rictus désabusé, déformé par la chair sanguinolente qui te remplit la bouche. Ilweran renifle avec appréhension la carcasse de l’un des partenaires du couple de Kerkand morts qui gît dans ton nid improvisé avant de commencer à mâchonner les petits bouts de viande arrachés au poitrail de la bête au moment de sa mise à mort. Le saurien grignote sans appétit, plus concerné par ton état que par son estomac, et souvent, les écailles de son crâne viendront se frotter contre ta peau, et ses griffes agripper les bris d’écorce faisant ton manteau. Et chaque fois que tes yeux se posent sur la petite créature les larmes redoublent d’ardeur, car dans ta faiblesse tu lui fais autant de mal que tu t’en fais à toi-même. Et chaque fois que tes yeux se posent sur la petite créature, et qu’elle se blottit contre toi, tu arraches un à l’une de tes proies un lambeau de chair supplémentaire, et continues de te goinfrer comme si c’était là la seule réponse à ta douleur. ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ - Est-ce la mission qui vous a été confiée que de briser des hommes ? La question est franche, audacieuse même, et pourtant, le ton est marqué d’un respect dont fait rarement preuve Delgerenil. La guérisseuse au cours des quelques ennéades passées en ta compagnie, et en particulier les quelques derniers jours, depuis que la présence du Dragon-Fae t’avait apaisé avait appris l’histoire de ta chute, de ton épreuve, et de ton chemin vers une nouvelle lumière. Elle, qui jusqu’à ce jour posait un œil sceptique sur ton nouveau compagnon à écailles, n’avait fini par accepter que tu aies pris le risque de le libérer qu’après avoir entendu le conte de ce que tu pensais être ta réunion avec Yriaë, après que tu lui aies chanté les parallèles entre la mélodie de l’œuf de l’Evertem et celle de l’Elfe-Fanüel. Tu n’étais d’ailleurs pas le premier homme à porter à l’oreille de l’elfe du Baar’Ane l’histoire de conflits intérieurs instigués par l’Archidruidesse. Voronwë en avait été victime avant toi. Voronwë avait été jusqu’à se mettre en quête d’Elenmàr pour trouver remède à son mal-être, mais le Sage était resté jusque-là introuvable. - C’est une grave accusation que tu fais-là, Fille de la Mère. - Ce n’est qu’un simple constat.- Le geste de cette âme perdue te touche-t-il à ce point ?- Il n’est pas une âme perdue l’elfe affiche un air sincèrement concerné du moins il ne l’était pas avant de vous rencontrer.- Insinuerais-tu que je suis à l’origine de sa perte ?- Je peux vous l’affirmer.- Par quel miracle ?- Cet elfe vous a aimé, et il vous aime toujours. D’ailleurs, à l’écouter, il fut un temps où vous aussi l’avez aimé, mais son oreille n’était pas assez aguerrie, alors quand vous avez décidé de faire passer votre mission avant lui, par amour il vous a laissé faire, sans réaliser à quel point se séparer de vous le briserait.- Et comment se fait-il alors que je n’aie aucun souvenir de lui ?La question était presque réthorique- Allez-donc le demander à Elenmàr ! la réponse, du tac au tac, était lourde d'implicites Mais avant ça, si vous pouviez m’aider à le retrouver je vous en serais reconnaissante. - La tristesse fait autant naître de fantasmes que l’euphorie. Il m’aura sûrement confondu avec celle de ses souvenirs. Laisse-donc à son chagrin le temps de passer, Fille de la Mère, et il reviendra. La vie ne semble pas encore à ce point prête de le quitter.- Il a connu beaucoup de dures épreuves en peu de temps, dans son état, je crains que ce ne soit pour la vie des autres qu’il faille s’inquiéter. Je ne l’accompagne pas par gaieté de cœur vous savez. C’est la promesse d’une guerre qui l’a ramené, il est bien plus dangereux que vous ne l’imaginez. Quant à vous confondre avec une autre, ni les Naaru ni les Yriaë ne sont bien nombreuses, alors celles ayant porté les deux à la fois… Sur ces mots la guérisseuse s’en alla, sans offrir ses respects, laissant la druidesse seule avec les graines du doute. Certainement serait-il plus simple pour la plus éveillée d'entre les deux femmes de questionner les frères à la recherche du favori de Meliën, alors le rôle de Delgerenil s'arrêterait ici, car elle était impuissante. À la préférée de la Mère de décider de si elle faisait assez confiance à ses souvenirs pour abandonner un elfe à une mortelle folie une seconde fois.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Lun 30 Oct 2017 - 1:50 | |
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Arcamenel de la cinquième ennéade de Fävrius Dixième année du Onzième Cycle Orée des terres d’Eteniril
Elle avance à travers la Sylve, suivant le chemin tracé par les murmures de la Symphonie. À l’oreille elle te traque, s’enquiert de tes faits et gestes, s’impressionne et s’effraie à la fois de ce dont tu as été capable, mais surtout, des accords dissonants résiduels laissés sur ton passage. Yriaë connait la marque de l’Inconstante, et si tu la portes, c’est autant un honneur, favori de l’œuvre, qu’un sombre augure. Car des choses naîtront de nouveau, et elles ne renaîtront pas comme elles ont disparu. Elle avance à travers la Sylve, questionnant les Frères, cherchant à savoir s’il y a une quelconque vérité dans les dires de l’elfe du Baar’Ane, dans ton geste et dans ta peine ou si ce ne sont là que les élucubrations d’une âme tourmentée par un deuil mal vécu. Mais des questions de la Druidesse ne naquit que le silence, un silence pesant comme elle n’en connut jamais, elle dont l’oreille avait toujours été sensible aux Chants au point d’en entendre les plus lointains. Le silence la perturbait, nourrissait sa confusion, justifiait sa quête, car incapable de mentir, la Sylve s’attelait à la place à la tenir dans le secret. C’est à toi seul, et dans ton amour, que se trouve l’antidote à l’amnésie d’Yriaë. ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ Les insectes, seuls animaux assez courageux… ou idiots pour s’approcher de celui ayant donné la mort à des bêtes aussi infâmes que les kerkands, commençaient à pulluler autour de ce qu’il restait des carcasses. Ilweran s’en faisait une joie, jouant à attraper les mouches et les punaises dont le goût lui était bien plus doux que celui de la chair mammalienne, tandis que tu priais. Tu pries à Kÿria de t’ouvrir le bon chemin, tu pries à Arcamenel de ménager ton cœur, tu pries à Tari de préserver ta vie, tu pries à Calimenthar de te rendre ta force et tu pries à Elenwë d’alléger ton souffle. Tes dernières heures n’ont été que ripaille sans goût, sommeil agité et suppliques incessantes. Ruthwentë n’aurait eu cure de l’abandon. Ruthwentë aurait continué son chemin, fait passer son appel avant toute chose, mais avec l’empathie de Cuiledin était revenues les faiblesses d’Estiam. Tu supplies, supplies de plus belle, les paupières sèches tant elles ont pleuré et le sang coulant encore le long de tes babines. Tu supplies, supplies de plus belle, que les Cinq te rendent ce qu’ils t’ont pris, fusse-cela ton aimée ou ta santé. Tu supplies, supplies de plus belle, qu’aucune écaille de plus ne décore ton cœur, que l’Hydre soit décide de mourir à elle-même, soit se décide à prononcer des mots assez intelligibles pour que tu puisses la ranger parmi les hallucinations et l’ignorer, plutôt que d’être déchiré par son appétit pour ton malheur. Tu supplies, supplies de plus belle, jusqu’à ce que l’énergie t’en manque et que ton enfant dans tes bras, espérant vainement faire cocon de ton amour pour le protéger de l’obscure cascade qu’il te connaissait déjà au jour de sa naissance, tu t’endormes d’épuisement. Jusque dans tes rêves elle te poursuit. La pureté de sa mélodie se marie dans une indescriptible perfection avec le chaos de la tienne. Son ordre dompte ton chaos, ton entropie bouleverse sa logique, et à vous deux vous créez le mouvement vers l’avant. À vous deux vous pourriez tant. À vous deux, créature complète, vous pourriez aller si loin… Vous pourriez aller si loin, si seulement elle était plus près. Si tu pouvais la voir. Si tu pouvais la toucher. Tu imagines… non tu vois, tu vois le bleu de ses yeux. Tu vois la flamboyante détermination qui les habite, les centaines de questions et les milliers de réponses. Tu vois toutes les émotions, de la peur à l’euphorie, se dessiner sur ses pupilles, une à une, souvenir après souvenir, mémoire après mémoire. Tu la touches, sens contre les bouts durcis de tes doigts les minuscules vallons creusés par les éraflures qui lui lacèrent le visage. Tu sens les frissons qui lui parcourent l’épiderme quand elle a froid, et la légère moiteur de ses joues quand elles se réchauffent. Tu entends son souffle, son souffle lent, toujours, quoi qu’il arrive. Tu entends son cœur qui bat à des rythmes inconstants. Tu humes son parfum, celui de la terre, de l’écorce et de la mousse, imprégné dans sa peau ; celui des nombreuses huiles faisant la brillance de sa grandiose crinière. Tu savoures le goût acidulé de ses lèvres, réminiscent de celui de ses friandises favorites. Tu te repaît de sa présence, car elle est la seule nourriture qui t’apporte satiété. Tu prends le temps d’un songe, ta revanche sur la réalité. - Prends le temps de voir Naaru, car les yeux sont le miroir de l’âme. Prends le temps d’écouter Yriaë, car les Chants ne sauraient mentir. Tu es précieuse, Fille de la Mère, mais tu es libre. Nous avons répondu à tes interrogations d’autrefois en te permettant d’oublier, nous répondrons à celles de ce jour en te laissant le Choix de croire, le choix d’accepter. Ces souvenirs ne sont pas les tiens, au contraire, tu leur appartiens. La forêt est épaisse, sombre, étouffante. La forêt est tordue, repliée sur elle-même un demi-millier de fois. Les feuilles bruissent dans un son menaçant, leurs limbes comme une multitude de lames dans le vent. La forêt est épaisse, sombre, étouffante, mais ce n’est le cas que s’il on refuse de lever l’œil au-dessus de la barrière de troncs, car en même temps que fleurit votre baiser, fleurit la canopée. - S’il en est l’acteur, l’épreuve ne fut jamais que tienne Naaru. Ce que la dernière feuille a emporté au sol avec elle, nous ne pouvons te l’offrir. La foi cependant, nous ne pouvons te la retirer.Aveugle au monde, persuadé d’être endormi, c’est pris par des sens au plus fort de leur éveil que tu t’es abandonné à l’alacrité. Rose douloureuse, lys doucereux, tu as cueilli la plus magnifique des fleurs.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Cri des Premiers ralliements | Terres de Faeldolen ] Le jugement des Abysses Lun 30 Oct 2017 - 18:34 | |
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Tariho de la cinquième ennéade de Fävrius Dixième année du Onzième Cycle
Tes yeux s’ouvrent mollement, encore lourds du sommeil qui se dissipent, et ton âme esquisse le sourire dont tes fossettes sont encore incapables. Elle est dans tes bras, il est dans les siens. Vous êtes vulnérables, comme vous ne l’avez jamais été l’un devant l’autre par le passé. Vous êtes proches, enfin aussi proches physiquement que le suggère votre empreinte dans les Chants. Enfin vous êtes autorisés à faire existence commune. Enfin à défaut de vous accrocher à vos premières pierres vous pouvez construire, construire un édifice qui quelle que soit sa hauteur ne privera jamais les Frères de la lumière de l’astre du jour. Au contraire ils se délecteront de sa radiance. - J’ai pensé t’avoir perdu meloia. Tes doigts glissent amoureusement dans ses cheveux Je suis désolé…- Ne le sois pas. Si c’est ainsi qu’I Emël a choisi de nous réunir, alors c’est la meilleure façon. Sa main se pose sur ta joue, compatissante comme toujours Tu n’as rien à justifier devant moi, tu as été durement éprouvé, je l'ai lu dans tes yeux. L’appel de l’Aduram, l’appel de Meliën. Ta descente vers l’enfer, ta lutte contre les bois maudits. La lutte qui devint un abandon, un abandon de toi-même à la mélodie la plus complexe, la plus pénible, la plus indéchiffrable qu’il y ait à la surface de Miradelphia. Des révélations. Un voyage. Une renaissance. Une mission. Un véritable sens à ta vie. Oui, de toutes les épreuves, c’est à celle d’Yriaë que tu avais échoué. Tu as laissé à l’œuvre le temps de t’effacer de sa mémoire, tu lui as permis de t’oublier, mais tu es revenu tout de même. L’Inconstante t’a préparé et conduit à elle avant de te renvoyer à ton appel. L’Inconstante t’a réappris à aimer avant de te ramener auprès de celle qui maintenant que tu ne serais plus sa faiblesse, pouvait devenir ta force. Autrefois tu n’entendais pas comme elle entend. Tu aurais été élève avant d’être amant. Tu lui aurais volé son temps et l’aurait détournée de ses voies. Maintenant il pouvait en être autrement. Maintenant sans être comme elle tu partageais un appel similaire. Maintenant tu pouvais comprendre. Le passé n’en faisait pas moins mal, la virulence des émotions qui t’anime s’en assurerait, mais ce n’était plus que ton intellect qui empoignait la réalité derrière sa décision, c’était ton être tout entier. La route qui te fit échouer à son épreuve te fit plus fort que tu n’aurais jamais pu l’être autrement, et cette force elle en avait besoin. - Alors tout ce temps, la rage de vivre qui tonnait à travers la forêt, c’était toi Estiam ?- Qui aurait fait autrement après avoir vu le combat que mène notre propre forêt à ses frontières ?- Presque tous la déception glisse sur son visage sans cela l’Anaëh n’aurait pas connu tant de peines.- Je sais pouvoir compter sur toi pour la protéger avec moi, alors je ne crains rien. Les pleurs ne dureront pas bien longtemps. Tu la serres contre toi d’un bras, et cueille ses lèvres des tiennes, invitant Ilweran de l’autre bras à partager votre étreinte Et cette fois-ci la mission ne séparera pas nos cœurs. L’étreinte dura de longues heures encore, car elles vous étaient nécessaires. Faire corps avec la réalité pour deux elfes à peine sortis d’un long rêve, qu’ils découvrent à peine ne pas avoir été un cauchemar est un challenge que ne saurait résoudre d’un tour de bras même la plus merveilleuse des romances. Ce n’est ainsi que lorsque la matinée fut bien entamée que vous ne vous lèveriez. - J’espère que Malereg aura déjà commencé à véhiculer l’appel dans l’Ouest. - Rien ne t’empêche d’aller le vérifier. anticipant sur l’inévitable question suivante elle ajoute L’Est a été frappé de guerres intestines. Laisse-moi plutôt leur parler.- Parfois il est plus simple d’entendre I Emël, qu’Hiril Lothren. Ainsi soit-il alors. Mais avant que tu partes… tes doigts se dirigent vers ta boucle d’oreille, s’apprêtant à la décrocher, mais les mains d’Yriaë t’en empêchent Yriaë...- Pas encore Nìn Elhadron. Pas encore. Nous ne sommes pas prêts. Mais ne t’inquiète pas, le moment viendra bientôt.Sauf que cette fois, quand son Nord l’arrachait à ton Sud, ni ton âme ni ton corps ne souffrirent aucune déchirure. Ilweran et toi partagiez une certaine mélancolie à vous éloigner de celle avec qui il eut vocation de te réunir, mais cette séparation comme la première ne ferait que vous renforcer, et contrairement à la première, vous ne courriez pas le risque d’un amour brisé. - traduc:
Nìn Elhadron = mon fidèle elfe
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