Le calme avant la galère

Résumé de la fin favrius, dixième année du onzième cycle

Ses mains tremblaient frénétiquement depuis quelques jours sans que le froid n'y soit responsable. Cela n'avait pas été faute de les avoir plongé dans une eau quasi bouillante pour en avoir le cœur net. Elles avaient repris sitôt leur gesticulation incontrôlable. La question se posa dès lors : Quel était ce mal inexplicable qui rongeait le jeune Jesbel ? Des guérisseurs avaient avancés l'hypothèse qu'une maladie rare ait pu gagner les lieux pour n'en toucher qu'un seul. D'autres suggérèrent que les spasmes étaient à mettre sous le compte de la fatigue. D'aucuns ne pensèrent à le questionner plus ardûment. Car si tous l'ignoraient encore, Jesbel avait compris ce qui l'affligeait. Ce mal avait un nom : La peur.

Un homme valeureux n'aurait su, ne serait-ce qu'envisager cette maladie. La bravoure était comme un bouclier permettant de s'en immuniser pour combattre avec zèle et courage. Qui plus est, la témérité devait être le lot de tous les grands seigneurs et princes régnant sur les terres du Royaume. Pourquoi l'un d'entre eux s'en verrait privé, si ce n'est à cause d'une profonde injustice ? La question mérita une âpre réflexion qui l'obligea à s'isoler dans ses appartements pour ne plus voir âme qui vive. Quand bien même ne sut-il point se défaire de cette mauvaise peste, la solitude lui fit grand bien. A l'écart du monde, Jesbel tâcha de poursuivre l'étude qu'il avait entrepris durant les longues journées hivernales. Mais rien ne changea, la peur revenait au triple galop afin de le bousculer de plein fouet.

-Mon seigneur ?

Le silence brisé manqua de le faire tressaillir. La voix était celle du capitaine de la cité, Hugues de Tully. Homme d'expérience en matière militaire et fidèle ami de son frère, il était resté à Christabel après sa nomination à la tête de la baronnie pour le seconder et diriger la garnison de la cité. En temps normal, ce rustre guerrier était toujours d'un grand réconfort grâce à ses conseils avisés et ses idées quant aux hommes. Seulement, la normalité n'était plus de mise et Jesbel comprit assez vite la raison de sa présence.

-Entrez...

Le visage de son capitaine était figé sur lui. Sa tête était massive et son apparence, celle d'un charpentier. Comparé à lui, son corps se serait brisé en mille morceaux si on l'avait tenu un peu trop fort.

-Qu'y a-t-il capitaine ? J'avais ordonné que l'on me laisse.

-Des nouvelles de Velteroc, messire. L'armée de votre frère a été défaite au village de Valdrant. L'ost du nord a fait marche sur Rochenoire afin d'y monter le siège et a obtenu la reddition de Parmepeyre.

Il dut cacher ses mains sous la table de lecture pour ne point montrer qu'elles s'étaient mise à vibrer bien plus rapidement qu'à l'habitude.

-Non... susurra-t-il, ce n'est pas possible, vous...vous trompez.

-N'ayez crainte, votre frère ne craindra rien tant qu'il se trouvera en sa cité. Rochenoire n'a jamais été prise et résistera à ces barbares venus du nord.

-Devrions-nous leur envoyer des renforts ? s'enquit-il brusquement. Avons-nous reçu une demande de mon frère ?

-Plus rien ne passe, les communications ont été coupé. Mais les derniers ordres de votre frère étaient de rester ici afin d'y poursuivre les défenses.

-Et c'est ce que nous ferons, Hugues. Que toutes les précautions soient prise afin que la cité ne manque de rien si jamais les nordiens venaient à nos portes... Jesbel croisa le regard de son capitaine. Que préconisez-vous ?

-Ne prenons pas le risque d'alerter la populace tout de suite. Continuons la préparation de nos défenses et assurons-nous de nos réserves pour un éventuel... siège. Il se pourrait encore que le siège de Rochenoire épuise les forces du nord au point de les contraindre à rebrousser chemin.

-Je vous fais confiance, souffla Jesbel comme s'il avait voulu se décharger complètement sur celui qui ne semblait éprouver aucune peur contrairement à lui.

Quelques jours après la perte de Rochenoire.

« Ça ne va pas arranger ses humeurs, Clotaire... ni ses tremblements. Depuis Valdrant, il ne dort presque plus et ne touche guère son assiette. Pas bon ça.
- Hubert l'a trop choyé. N'est-ce pas toi, Trystan, qui me narrait comment à la cour du vieux, celui-ci le dispensa de monte, sous prétexte que les poneys l'effrayaient ?
- Si fait. Il s'était fait mordre par un ; il lui fallut trois ans pour remonter en selle après ça.
- Et Nimmio ne fit guère mieux ; c'est l'un d'entre nous qu'il aurait du remettre Chrystabel, et non au mioche.
- Je me demande s'il ne serait pas préférable de retourner à Estaria, désormais.
- Nenni ; elle est indéfendable. Ses murs étaient faibles, sa situation mauvaise. Eussions nous les hommes pour la tenir, peut-être serions nous restés. Non, mon frère : Chrystabel est plus sûre. Son assiette est bonne, elle est bâtie sur le rocher même. À défaut du nombre, le terrain nous y est favorable.
- Cela importe-t-il tant que ça ? Si nous sommes menés par un gamin.
- Tant que la guerre n'aura pas atteint le Chrystabelain, les hommes resteront fidèles à Jesbel, mais lorsque les premiers boulets frapperont les murs, je t'assure qu'ils sauront se tourner vers leurs véritables chefs. »

Par véritable chef, Clotaire entendait naturellement lui. Après tout, n'avait-il pas été le premier à prendre en charge la défense de la cité ? Dès les premières nouvelles de l'entrée en guerre des armées nordiennes, le baron d'Estaria, quoique les ostes ennemies soient encore loin de ses terres, avait réagit promptement. Ne se berçant guère d'illusions sur la force de ses positions, il avait évacué celles-ci derechef. Les ponctions de la Ligue, requises par les chantiers dantesques entamés par Nimmio, l'avaient rendu sans-le-sou, et à Estaria, il n'avait jamais pu maintenir une troupe digne de ce nom. Alors de là à défendre tout les châteaux de la baronnie, quand il doutait même de pouvoir tenir sa capitale, pouah!

Par conséquent, l'homme avait rassemblé ce qui lui restait de soldats et de vivres, pour faire marche vers Chrystabel. Il avait, dans sa route, dépouillé ses fortins de tout ce qui pourrait s'avérer utile en temps de siège. Car c'était là l'objectif de Clotaire : fortifier une place unique de la sorte à ce qu'elle stoppe l'avancée nordienne. La victoire en campagne était une illusion - les nouvelles de Valdrant avaient confirmé cela - et de fait, leurs ennemis auraient le champ libre pour ravager le pays. Ainsi, le baron d'Estaria n'avait guère d'espoir en la victoire. Il s'était tout au mieux résolu, de manière à pouvoir négocier une reddition favorable (c'est à dire qui épargnerait sa tête), à tenir une unique forteresse le plus longtemps possible.

Et par longtemps, l'homme pensait bien longtemps. Depuis le début du printemps, il s'était affairé pour y stocker toutes les vivres de ses propres châteaux ; peu de temps après, in avait convaincu son cousin Jesbel d'en faire de même. La ville pouvait vivre isolée pendant près de deux an, selon les derniers décomptes, et son assiette rocheuse la prémunissait contre la sape. Que les nordiens l’assiègent! On les regarderait crever de faim tandis que derrière les murs, on ferait bombance.

Mais cette perspective ne réjouissait guère le jeune Jesbel, qui n'avait accepté l'abandon de ses autres places fortes qu'à contrecœur. Adonc, lorsque Clotaire, parti avec son frère fourrager hommes et vivres dans la baronnie, avait appris la chute de Rochenoire, il s'était empressé de regagner Chrystabel. Trystan avait estimé, probablement à juste titre, que la nouvelle terroriserait un peu plus le jeune baron, mais en vérité, Clotaire espérait bien cela, car plus son cousin serait mort de trouille, plus il s'en remettrait à lui quant à la défense de la ville.

C'est donc peu soucieux de la quiétude de son parent qu'il déboula dans la chambre de celui-ci, lançant de but en blanc à un Jesbel déjà bien pâlot : « Mauvaise nouvelle cousin! Rochenoire est perdue, ton frère est mort! »

Eut-il annoncé la mort de son frère comme si l’on avait annoncé la hausse du prix du grain, que la chose aurait été la même. Alors si son cousin lui sembla vaguer dans une indifférence totale, sa réaction fut toute autre. Car il eut le sentiment très puissant qu’une montagne venait de s’abattre sur son chef. Effondré, Jesbel ne sut retenir ses larmes, quand bien même comprit-il qu’aucun réconfort ne proviendrait de la part de son cousin. Cela l’indigna si grandement qu’il eut de nouveau souhaité qu’on lui fiche la paix. Ses pensées n’étaient plus à Christabel mais à Rochenoire. Le visage de son frère lui apparut ensanglanté tandis que la cité se mettait à brûler. Pour sûr, s’il avait eu un minimum d’autorité, son cousin se serait fait envoyé paître. Mais Clotaire n’était pas de ces hommes que l’on pouvait si facilement rendre obéissant. Nenni, cet homme qui possédait le même sang en ses veines était fait d’une trempe qu’il ne valait mieux pas provoquer au risque de s’attirer les foudres. Fut-il un lâche d’avoir abandonné si facilement les terres natales de sa mère qu’il se retenait de ne pas lui jeter l’accusation à la figure.

-Nous sommes perdus… murmura Jesbel. Christabel est perdu…

Le regard de son cousin était insistant et sans chaleur. Il savait parfaitement que l’homme possédait des qualités que lui n’auraient jamais. A savoir la force de commander les hommes, de leur inspirer courage et respect. Nombre de conseillers et de nobles jasaient déjà dans la cité. La majorité souhaitait que l’habile Clotaire de Velteroc soit celui qui mènerait la défense de la cité. Puisque plus personne ne l’ignoreraient désormais. Christabel ferait office de prochaine halte pour les ost nordiens.

-Pourrons-nous résister suffisamment si nous sommes assiégés, Clotaire ? le pourrons-nous vraiment ?

Durant tout ce temps, ses tremblements avaient redoublé, et ce, à la vue de la seule personne qu’il aurait aimé pouvoir impressionner.

La vue de son jeune gandin de cousin en proie au désespoir inspira à Clotaire des sentiments partagés. Naturellement, il conspuait la faiblesse endémique de son parent, que celui-ci étalait une fois de plus. Après avoir tant blâmé la constitution fébrile du jeunet et tancé sa fatuité, les sanglots du cadet achevaient de planter le dernier clou dans le cercueil ; c'était ça qui les mènerait au combat ? Pouah. Cependant, notre héros ne restait pas insensible à la détresse de son parent. Il méprisait certes les travers de ce dernier, mais n'en avait jamais vraiment honni la personne.

« Là, cousin, là, l'enjoignit Clotaire en étendant ses bras, allons, ne vous troublez pas ainsi! » Les minutes suivantes virent le cadet des Velteroc s'épancher en moult sanglots, ses mains transies par le chagrin ne s'agrippant qu'à grand peine au tabard de son cousin. Celui-ci, à l'instar de Jesbel, avait cependant déjà oublié le deuil pour mieux penser au siège à venir, tandis qu'il tapotait dans le dos du jeune gandin. Les tremblements de ce dernier s'apaisèrent quelque peu, ses pleurniches également. « Continuez de brailler comme ça, cousin, lui susurra Clotaire à l'oreille, profitant de l'accalmie, et d'ici demain vos hommes vous abandonneront, ou pire, vous surineront dans votre lit. »

Rejetant derechef l'étreinte du baron, notre héros ne sut déceler dans le regard de celui-ci qui trônait, de la colère, de la tristesse ou de l'incrédulité. Il claqua avec familiarité les deux joues de son parent, si tant est que le rouge puisse leur revenir, et se désintéressa du gandin. Soudainement, il fut debout. Déjà ses yeux, trahissant son esprit las de toute cette affliction, miraient à gauche à droite en guise d'une distraction. Portant la main à une corbeille de fruits, Clotaire en ressortit une pomme presque flétrie, qu'il entreprit de peler aussitôt.

« C'est sa garde qui l'aurait tué, lança-t-il abruptement entre deux quartiers, enfin, de ce qu'on m'a dit. Voyant les armées nordiennes sous leurs murs, les officiers se seraient rassemblés dans le grand hall, et l'auraient sommé de se rendre, faute de quoi... » Posant ses fesses baronniales dans une cathèdre, il croisa ses grandes guiboles sur la table lui faisant face. D'un coup sec, il trancha la demi-pomme lui restant, laissant tomber les morceaux à terre. « Comme un goret! Ce serait Hanegard qui s'en serait chargé, devant le refus de votre frère. Un wandrais, en même temps, est-ce surprenant ? Jamais pu blairer ce connard, de toute manière. » Il essuya son beau poignard sur son tabard avant de le rengainer d'une main experte. « Eh bien, cousin ? Sommes nous d'accord pour dire que nous désirons tout-deux éviter ça ? »

Les piètres réconforts de son parent parvinrent seulement à l'affubler d'une honte désormais persistante. L'aveu de faiblesse fait, il s'était découvert et avait fait preuve de grande couardise en s'alarmant de la sorte. Son frère l'aurait compris, lui, mais la brute qui lui faisait face n'avait rien de la noblesse d'esprit de son aîné. Au contraire, Clotaire baignait dans une réputation de vices depuis nombre d'années. Se pouvait-il alors que deux parents aussi proches puissent être si différent ? Lui qui était d'une constitution frêle et d'un tempérament effacé, l'autre qui avait l'allure d'un lion et la verve d'un crieur de rue. De bon cœur, il lui aurait laissé les rênes de la cité et s'en serait allé loin de toute cette cacophonie. C'eut été pourtant trahir les volontés de son frère qui avait placé sa confiance en lui. Contrairement à tous les autres, il ne le trahirait pas, même en le sachant mort.

-Rien de ceci, maugréa-t-il.

Il scrutait son cousin avec méfiance, sentant la pression qui venait d'un coup d'être mise sur ses épaules.

-Je punirais tous les traîtres qui souhaiteront nous poignarder dans le dos. Je punirais tout nos alliés qui nous ont tourné le dos pour sauver leur misérable vie, reprit-il. Et je commencerai par l'épouse de mon frère, cette sorcière du Val. Peste soit-elle, qu'elle meurt, elle et ses maudites filles.

La colère avait pris le dessus sur le reste. Mais de sa bouche, un quelque chose de risible se dégageait de ses fausses promesses qu'il serait bien incapable d'assouvir même en ayant l'occasion.

-M'aideras-tu, cousin ?

Bien évidemment, il restait encore la question épineuse de Christabel. Pour l'heure, il fallait préparer la cité à affronter le pire. La vengeance pour l'après n'en serait que retardé quelque temps. Jesbel croisa de nouveau son regard, autoritaire et désinvolte.

-Je te confie la défense de la cité, ton expérience parle pour toi en ta faveur, tandis que je ne possède que des connaissances succinctes en la matière. Je demanderai au capitaine de Tully de te seconder afin de te renseigner sur les préparations déjà effectuées, déclara un Jesbel ayant reprit quelques couleurs. Repoussons ces nordiens et vengeons les nôtres.

1er jour de la 3e ennéade de Barkios, an X du XIe cycle

Il flottait dans la cité une atmosphère bien étrange. C'est que tous, désormais, avaient appris les nouvelles de la perte de Rochenoire et de l'Ancenois qui avait plié sans combattre. Colère, haine, tristesse, ces sentiments étaient maintenant ceux des hommes restés pour se battre. Car seuls les plus valides et les plus utiles étaient encore dans la cité. Les femmes, enfants et vieillards, qui auraient fait des bouches en plus à nourrir, s'en étaient retournés dans l'antre des religieux. Qu'à cela ne tienne, l'on ne pourrait pas dire que tous les christabellois mourraient dans le mois. Assuré de cette contrainte en moins, Jesbel avait suivi les préparatifs en écoutant assidûment les rapports de son capitaine et de son cousin. Quand bien même ne se montrait-il pas à la vue de tous pour cacher ses tremblements, il s'était fait un devoir de connaître au moins les mesures prises. Adonc les villages et places-fortes alentours avaient été vidés de leurs gens pour renforcer les défenses de la cité. L'envahisseur rencontrerait des bourgades fantômes et seraient privés des meilleures rapines. Grand mal leur fasse ! Il apprit aussi que le moral des hommes était étonnamment bons. Puisque le sentiment d'impuissance qui les avait gagné durant tant de jours allait enfin s'estomper pour laisser place au désir de vengeance. Leur suzerain était tombé de la main des nordiens, alors ces derniers paieraient pour leurs méfaits et comprendraient que les hommes du Médian sauraient se battre. C'était du moins les commérages qui traînaient ici et là dans la cité.

Il arriva même un jour où Jesbel s'en alla de ses appartements pour faire le tour des murailles. Sous les regards surpris de ses hommes, le jeune seigneur suivit son capitaine et son cousin comme un petit chien courant après son maître. L'inspection dura un certain temps en plus. Assez pour qu'on le remarque trembler de la tête aux pieds. Bien que ses gants camouflèrent un tant soit peu la bougeotte, le reste vibrait comme si on le secouait. Il ne se laissa néanmoins point distraire par ça et tâcha de rester le plus concentré possible à l'annonce des explications. De la poterne sud, il vit alors la terre s'étendre à perte de vue. Le dénivelé en dessous était certain et jouerait probablement en leur faveur lorsque viendrait le temps de monter à l'assaut des murailles. Il en eut presque le vertige à tel point la pente était certaine. De nouveau, ses yeux cherchèrent à se rassurer et il refixa le point d'horizon. Mais une fois de plus, un frisson le parcourut lorsqu'il comprit que l'ennemi irait bientôt recouvrir toutes les terres avoisinantes. Ils seraient alors fait comme des rats, obligés à se battre pour rester en vie. S'il eut tant souhaité à ses hommes qu'il se battrait à leurs côtés et qu'il les mènerait à la victoire, force était de constater qu'il ignorait encore complètement comment il y parviendrait. A moins que les nordiens ne se mettent à vouloir négocier avec eux pour mettre un terme au siège.

Comment en arriveraient-ils là ? Eux n'auraient plus rien à perdre, aucun renfort à attendre. Résister serait leur seule alternative. On se battrait pour l'honneur et pour venger la mort de son frère. Tandis que ceux d'en face avaient déjà eu ce qu'ils souhaitaient. Christabel n'était pour eux qu'une dernière épine dans le pied à enlever sans enjeu véritable. Sans-doute se serviraient-il de ce combat pour faire comprendre aux autres seigneurs des terres royales ce qui leur en coûteraient de défier le Roy et le Nord. Adonc Christabel ne serait qu'un exemple de plus où qu'un vulgaire trophée. Eux pourtant livreraient le combat et rendraient coups pour coups, défendraient chaque portions de murs, chaque masures de la cité. Dans celle là même entendait-on les hommes marteler et aiguiser leurs armes afin qu'elles soient les plus mortelles possible. D'autres criaient pour que l'on amène les récipients d'huile sur les hauteurs. Des petites pierres et autres caillasses, tout ce qui pouvait faire mal, furent aussi emmenées dans les tourelles et sur les poternes.

Cela était certain, le nord serait reçu comme un hôte de marque. Jesbel se risqua de nouveau à jeter un œil par dessus les murailles afin de visualiser le futur champ bientôt recouvert par la mort.

-Sommes nous prêts ?

-Oui, messire, affirma le capitaine de Tully.

-Réservons leur un accueil chaleureux. Je compte sur vous.