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 À Cœurs Ouverts [Louis]

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Neo de Cléruzac
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MessageSujet: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeSam 13 Jan 2018 - 13:31

‹‹‹ Pendant Christabel, suite et fin
• Cérémonie de la Veillée d'Othar ›››



XIe Cycle • An 10 • Barkios de Printemps • Cinquième Ennéade

Les moines encensés vivaient dans un autre monde, le leur, ou était-ce un rêve fou ; ces hommes qui faisaient tout pour faire vivre leur Dieu, façon de parler car à n'en point douter, les regards iridescents qu'ils affichaient
grondaient d'une profondeur sans égale, puissantes vagues de colère qui attestaient de la présence du Seigneur de la Guerre, ou du moins de son indubitable réalité.

À ceux qui riaient sous leur nez – car il y en avait quelques-uns n'est-ce-pas pas –, ils n'eurent de cesse de rabattre des caquets dès les premières heures qui suivirent leur arrivée. Ainsi affublés du surnom de moines « rabatteurs de caquets », ils répondaient à toute provocation, de sorte que tous apprirent en quelques combats et duels bien menés or guère incidents : que les Fils d'Othar étaient des hommes résolus. Ils étaient en somme des durs à cuire que même la soutane ne décrédibilisait point. Bien au contraire !
Les troubles sporadiques n'étaient cependant pas des actes d'indiscipline de vilains trublions, disons que les moines se présentaient aux autres et, à leur façon. Ainsi les combats, parfois drôles, jamais dramatique, firent trouver pitance aux moines à chaque bout d'allée, où chaque homme s'était fait un ami de circonstance.
Pour faire simple, ils s'étaient en peu de temps intégrés. Si certains voulaient donc ignorer le divin, ils cessèrent rapidement offenses et persiflages, car très vite, dans chaque ost s'étaient fendus les fervents hommes, alimenter la flamme martiale.

Bien qu'ayant rencontré à plusieurs – brèves fois –, le fameux​ Louis de Saint-Aimé, qui soit dit en passant mangeait parmi ses hommes, Elías Delnardo, prêtre du culte, attendit un jour entier – seraient-ce deux ? –, avant de se présenter devant le protagoniste de leur prime échange.

À Cœurs Ouverts [Louis] Ogaj

Elías était un homme simple. Il était tout autant soldat que prêtre et son rôle emplissait de fierté son torse bombé, en plus d'un amour pour les choses bien faites et d'une générosité sans bornes. Il le cachait cependant bien derrière ses allures de mercenaire à qui l'on avait donné un tabard, par les couleurs rouges sangs égayer sa démarche tellement militaire, et ses airs de clerc né. Peut-être avait-il voyagé et son bagage semblait un lourd fardeau qu'il embellissait par quelques rides et rares cheveux blancs.

Enfin, ayant pu trouver une heure faisant pour tout un chacun bons compromis, après s'y être fait invité le prêtre otharite pénétra enfin dans la tente du régent de Sainte-Berthilde, et ce afin de faire plus ample connaissance, de parler de choses sérieuses.

Jeune Seigneur, je vous salue. Je me prénomme Elías Delnardo, je suis grand-prêtre de notre culte.

Il attendit une réponse, avant de poursuivre.

Avant tout, laissez moi vous dire que je suis maître et responsable de mes hommes. Comme vous nous l'avez suggéré plus tôt hier, nous avons établi humble campement raccordé aux vôtres.
Vous excuserez néanmoins les premières heures riches en rixes et algarades. N'ayez cependant aucune crainte, les cent sept hommes sous mon commandement, et celui du Haut-Prêtre, sont des hommes disciplinés. Et... Comprenez-les, il est dur de devoir se justifier. Vous savez... Souvent la soutane est source de fruste raillerie... Je préciserais cependant que mes frères, fils d'Othar, sont des hommes à l'adaptation rodée. Ils sauront accomplir ce pour quoi ils ont été appelés.


Sa diatribe continua quelque peu, tandis qu'il se tenait roide tel un roseau devant cet homme presque deux fois plus jeune que lui. Enfin il se tut.

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MessageSujet: Re: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeMar 16 Jan 2018 - 22:07




En campagne militaire, elles se montraient rares les masures voilées qui ne relevaient pas de honteux chenils ou de purot odorants! Celle du Marquis –du Régent, que dis-je!- hérita par son rang de quelques commodités qui agrémentaient son confort. Ainsi, deux tentes étaient annexées une à l’autre, de sorte à tracer une franche séparation avec l’endroit où il dormaillait et où il accueillait ceux qui avaient pour desseins de s’entretenir avec. Là, au centre de la pièce où la verdure qui servait de revêtement commençait à brunir (se lamentant inévitablement sous les piétements répétés), trônait une auguste table sur laquelle décorait maintes cartographies, parfois intactes et parfois gribouillées de quelques inspirations plumées d’encre. Captivantes en tous points, les géoramas tenaient pinces fermées l’attention du jeune cerf et de son obligé. Toutefois, tracer de l’index les reliefs d’un bout de vélin sembla ne point suffir à préserver leur intérêt, lorsque pénétra en trombe le chapelain du Coléreux. D’abord interloqué par le manque de tact du bonhomme, Louis se ravisa en abaissant les yeux brièvement en guise de respect devant la figure dévote.

« Monseigneur Delnardo! Soyez béni, votre arrivée tant attendue m’est d’un éternel réconfort. Venez, entrez, je vous en prie! » Insista le cerf, en balayant du revers de la main la paperasse éparse, afin d’en libérer un tant soit peu leur tablée. Quant au conseillé du cervidé, icelui se tint coite, interdit, exécutant même un pas de recul afin de laisser converser son maître avec l’ecclésiastique.  

Comme il s’y attendit, l’homme de foi y alla de but de blanc, se montrant concis et laconique, sans omettre l’important. Il s’imaginât d’ailleurs qu’icelui devait agir de la sorte en calquant sur ses habitudes de vie. Les guerriers aguerris tels qu’Elias n’entendaient certes pas à barguigner à foison! Alors, Louis calquerait et il irait de la même méthode. Du moins, tenta-t-il.


« Naturellement! Il est bien quelques bleusailles ou certaines nobles épées qui n’ont d’habitudes à cohabiter avec des gens de foi, mais qu’importe, ils s’y feront. Voilà qui sera pour eux punition à leur déficience de foi! Les fils d’Othar foulent désormais le champ de bataille et avec eux à leurs côtés, il n’y est de place aux jérémiades! Aussi dois-je vous remercier, d’avoir agréé à mes demandes, aussi copieuses fusent-elles. Ainsi, s’il venait à vous manquer de quelque chose, soyez assurés que vous trouverez à mon chevet le support nécessaire pour palier à toutes requêtes. Les aciers Otharcites sont désormais nos frères et sont ici chez eux, tout comme vous l’êtes. » Louis jeta une œillade à son échanson, qui était resté tapis dans l’ombre d’un coin. Aussitôt, sans le mot à ajouter, il s’approcha un cruchon plein de picrate à la patte. De sa giberne, il sortit deux godets prêt à recevoir le sang de leur alliance.

« Le Guerrier permet-il à ses zélateurs de trinquer à cette union qu’est la nôtre ? Cette guerre n’est pas mince affaire et possède de surcroît le mérite de souligner la venue de nouvelles lames! »   Patient, le jouvenceau aux bonasses intentions, observait le prêtre, prêt à trouer sa bouillotte afin d’en verser deux rasades.

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MessageSujet: Re: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeJeu 25 Jan 2018 - 16:34



Adonc était-il ici chez lui ! Ce qui le détendit car il n'était pas des plus extravertis. D'un air interrogé Elías se permit un coup d'œil intrusif dans ce bout de tente qui n'était que l'annexe d'icelle, respectant plus loin le confort d'un vrai lieu personnel qu'étaient que les appartements privés du Cerf. Le Grand-Prêtre ne connaissait de privé que les cauchemars les plus attroces.  Du reste, dans leurs tentes, au milieu de ses frères, il se sentait chez lui. Dans l'intimité de son lit il était chez lui, dans celle de son cerveau trop calculateur et vetilleux, il se sentait bien mais sans plus. Pour seul amour côtoyé, celui du Père et de ses enfants.

Allons donc, à Christabel et à l'union, et il se fit servir une bonne rasade.

Aussitôt fait, aussitôt bue la gorgée qui vida le verre, demanda sa petite soeur, puis une autre puis une autre... Et en sa Gloire, il en but assez pour remplir sa petite panse d'humain insatiable et ressentir une chaleur quelque peu violente l'envahir, s'approprier de lui et de ses sens.
Delnardo n'était pas de ceux qui tenaient la boisson pour une compagnie mielleuse, ni de ceux qui frémissaient en buvant l'alcool roi, qui adoraient l'ivresse préférant celle-ci à l'indéfectible, présent. Peut-être était-ce du zèle fugace, mais il restait un homme on ne peut plus mesuré. Pour autant ces verres là étaient ceux qu'ils ne s'autorisait jamais.
Il savait exactement combien bon circulait dans son sang et le temps qu'il lui faudrait pour tout assimiler. Rien mit sous la dent depuis la veille, très vite ses traits toujours trop tendus s'étaient refait une beauté, le marbre s'adoucit pour laisser place à une argile rose un peu plus conciliante, comme celle qui teintait ses glabres joues. Il était disons-le bien entamé.

« T'as l'air d'être un bon p'tit gars, mon p'tit gars » eut-il presque sorti s'il n'avait pas été le pondéré, l'homme fort tempérant et Grand-Prêtre qu'il était aujourd'hui ; s'il n'était pas homme de vices, c'est qu'il ne l'était plus ! A cela vous préféreriez tout ignorer, alors soit !

Vous êtes un brave, sans nul doute ; soyons alors frères. Il s'autorisa le sourire, ainsi Louis pu observer une dentition quasi-parfaite, et la sincérité de face.

Elías se rembrunit nouvellement.

Parlons peu, parlons bien, Jeune Seigneur, et ne nous méprenons point. Nous sommes ici afin, non pas de briguer quelque Gloire, celle-ci étant commune aux yeux du Seigneur ; mais de sublimer autant que possible les humeurs. Et les pulsions. A vôtre demande... Parlons donc de, Cérémonie... ?

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MessageSujet: Re: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeMar 30 Jan 2018 - 19:56




Sur le coup, voir l’aumônier aussi enthousiaste à lever le coude, le laissa pour l’heure bien perplexe. Se pouvait-il qu’icelui se soit vu octroyé cette position sans en mériter les honneurs ? Qu’il se soit emparé des prérogatives de son statuts par la force ou faisant usage de déloyauté et d’escobarderies envers ses semblables ? Que nenni, Louis ne pouvait le concevoir ; icelui était tel qu’on le lui avait décrit, un homme prompt à l’action. Aussi devait-il lui accorder ceci : aussi étanche qu’un tonneau, l’homme devant lui tenait l’alcool comme peu d’autres! Enchaînant les godets comme l’on passe d’un ennemi à l’autre sur le champ de bastaille, le curaillon semblait préserver sa lucidité avec brio. Du moins était-ce ce que son regard laissait croire, à en voir la détermination ponctuer ses mires brillantes.

« Il est vrai! Allons, allons! Il suffit, parlons du vif du sujet. » Ainsi Louis posa sèchement sa timbale contre la tablée de sorte à y marquer son encrage, qu’il ne soit tenté de s’en saisir derechef à la demande de son occulte invité.

« Je serai franc avec vous, ainsi le Coléreux ne saurait faire usage de son nom de théâtre pour punir mon mensonge ; en sa divine personne je n’en connais que peu. J’implore sa clémence, car voilà pourquoi vous êtes ici présent. J’ai franc désir de voir la soldatesque crier au-delà de leurs patries, le nom du Dieu guerrier lorsque victoire nous sera assurée. Le moral des troupes s’éreinte à chaque journée qui passe, pour nombreux se ressassant les doux souvenirs de leurs temps de paix en Sainte-Berthilde. J’ai ouïe dire d’une cérémonie nommée « La Veillée d’Othar », me tromperais-je ? Cette cérémonie, ce rituel s’il en est un, mérite d’être amené à ce campement afin de faire mousser les troupes et même, si Othar le veut, apporter sur eux sa marque afin qu’ils puissent guerroyer l’esprit libéré de toutes craintes. »

Louis plongeât son regard dans le sien, sondant s’il s’était exprimé correctement. À tous coups, Louis était un homme respectueux, pieux comme il ne s’en faisait plus et, l’importance qu’il accordait aux déités méritait d’être transmise à ses hommes, chose qu’il s’évertuait à faire en sollicitant le temple Othartien.



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MessageSujet: Re: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeSam 3 Fév 2018 - 16:08




Est-ce une cérémonie ou un rituel, je l'ignore ; je peux pourtant vous dire que les deux noms portent digne reconnaissance à cet acte d'hommage divin dont nous parlons aujourd'hui.

Dans son élément car il aimait « causer d'Othar », Elías crut bon de continuer comme s'il parlait à un jeune adepte en apprentissage. Non pas que  Louis voulut devenir moine ou prêtre ! – il était un homme pieux comme on en faisait plus en ce XIe Cycle, hélas le Grand-Prêtre se devait d'approfondir l'envergure de l'avenir. Leur avenir.

Outre le symbolisme d'icelle, nous sommes de loin lors d'une veillée en ce genre, en présence du divin. Ou du moins voulons nous par cet acte, attirer son regard... Qu'il fasse partie de nous et de tout un chacun. C'est... Disons un rassemblement tout d'abord, d'humains... ou de Pentiens devrais-je plutôt préciser. De cette façon nous recherchons évidemment cette Force, invoquée au Père des Combats. Cette Force d'esprit et de roc est rendue infinie par la multitude. Les yeux rivés partout ailleurs sauf sous la tente. La cérémonie dégage une telle énergie quasi palpable... Et, elle lie les hommes tout d'abord par le sang. L'homme parlait bien évidemment de sacrifices.

Louis acquiesçant lui autorisa de poursuivre.

Il est habituellement choisi de sacrifier des animaux... Il avait, très malhabile, omit les sacrifices humains que parfois aussi autorisait le Culte en certains recoins sordides de Péninsule, et partout en Ithri-Vaan. Pour de petits combats de vie quotidienne, il est commun de sacrifier un coq, en rituel accompagné d'un adepte. La deuxième étape est de le consommer pour y trouver un peu de force physique et de clore avec justesse les empêchements.

Soudain un messager vint interrompre leur discussion. Elías Delnardo qui était un homme respectueux, s'esquiva par la pensée le temps de l'échange entre le jeune seigneur et du drôle de petit homme surgi de nulle part. Ce dernier jettait des coups d'œil incessants vers le Grand-Prêtre stoïque qui ne voulait point entendre. L'autre un peu gêné de devoir prononcer ses mots devant un inconnu en robe n'arrangeait pas le malaise qu'Elías tentait de soigner par l'alcool.
Dès que Louis revint s'installer face à lui, ils firent couler dans leurs gosiers et d'une traite, deux godets servis entre temps par l'invité.

Le porc ou sanglier est choisi pour de plus hauts faits lorsque courage est humblement demandé par nombres braves. Il nourrit un certain nombre de personnes, mais pas assez, pas assez. Le... Les taureaux seraient un choix d'excellence. Ses yeux se perdirent dans ceux du Cerf, à la recherche d'exaltation. Puis il ajouta imaginant déjà la scène. Combien serions-nous ? Mille hommes ? Douze cent peut-être ? Ses yeux brillèrent un instant. Après sacrifices, chants et combats, nous consommeront la viande bénie... Ensembles, nous serions en ce siège, fixés par la mire du Persévérant. Elías qui était maintenant sous le commandement d'un nouveau Champion, se plaisait à épauler ce dernier dans la reconquête des esseulés.
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MessageSujet: Re: À Cœurs Ouverts [Louis]   À Cœurs Ouverts [Louis] I_icon_minitimeLun 5 Fév 2018 - 22:35




« L’on aurait beau égorger une demi-douzaine de poularde et une autre d’agnelets, que nous n’aurions guère le lot requis pour couver l’ensemble de nos ouailles du bon œil du Coléreux! Alors il en sera ainsi ; j’enverrai à la brune un coursier en direction de Parmepeyre, une des citées reconquise, qu’elle nous délivre une dizaine de taureaux bien portant et pesants! Nous aurons de quoi rougir à outrance les pâturages environnant au nom du tout puissant Guerrier, et c’est jusqu’à en être francherepu que nous pourrons ripailler une dernière fois avant l’affrontement final. »

À l’idée de donner un coup de pouce au moral de ses troupes, un sourire franc s’accrocha à sa bouille de régent, non insatisfait de son initiative en l’égard des Othartiens.

« Mais assez parlé! C’est du concret que nous voulons et nous le voulons de suite! Il m’est difficile d’envisager la manière de vous remercier à la juste valeur de vos services : les fidèles d’Othar ne l’oublieront guère de sitôt, je vous le dis. » Ils burent derechef ensemble, jusqu’à en essuyer les dernières gouttes de leur abondante bouteille.

Une ennéade plus tard, les animaux arrivèrent et au soir, tous étaient conviés à participer à ce qui augurait être, comme l’un des plus sanglant rituel de la Péninsule.



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