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| Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] | |
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Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 24 Jan 2018 - 22:25 | |
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Le pépiement achevé et rondement mené, c’est au compte goutte qu’évacuait les éminents du septentrion de la tente de commandement. Ainsi tous rameutés, maints gros bonnets profitèrent du moment pour adresser au plus célèbre des corvidés quelques mots qui leurs tenaient à cœur. Pour quelques-uns, un survol de leurs notables épines et pour d’autres, quelques politesses mielleuses afin de redorer leur image auprès de l’illustre corbeau. Disons que le moment s’y prêtait plutôt bien! L’oiseau avait les ailes déployées et se montrait à son plus beau jour, la harangue jouant à sa bonne humeur un bien grand rôle. Lorsque l’essaim de dissipa, une seule convive persistait, se permettant au passage de chiper un morceau de barbaque sur l’une des tables connexes. Sa panse gazouillait le chant des claques-faim et il était plus que temps de le faire taire. De surcroît, il fit descendre sa becquée d’une gorgée de bistouille qu’il avait emprunté à son godet, tantôt offert par son homologue.
Il mâcha, puis s’abreuva derechef, pour s’adresser à lui en faisant montre du même aloi qu’à leurs retrouvailles.
« Là! Je reconnais que votre verve a encore réussit à susciter le fort intérêt de votre auditoire! Vos belles péroraisons m’étonneront toujours. J’entretiens même le devoir de savoir en faire tout autant, un jour peut-être, lorsque j’aurai acquis en expérience. Buvons à notre succès! » Ainsi, il attendit que le marquis s’arme d’un verre à son tour et qu’ils lèvent le coude à l’unisson. S’essuyant le bec d’un revers de la patte, Louis enchaîna sur la discussion qui n’avait eu temps de mûrir, interrompue par l’arrivée hâtive d’un trio de sang-bleu. « Notre entreprise s’achève, Aymeric. Je commence à percevoir au loin, la fin de cette aventure pour laquelle nous nous sommes si longuement préparés. Une fois les derniers félons soumis, il me plait de croire que le ciel de la péninsule de notre bon Roy s’éclaircira. La vérité c’est que plus le temps passe, plus en fait, l’odeur de la traîtrise me prend au nez lorsque je porte le regard au Sud. » Louis s’accorda une pause, tout en jaugeant son ami le Marquis droit dans les yeux.
« Qu’adviendra-t-il du Royaume, une fois que Chrystalbel aura ployé l’échine? Le sais-tu? » D’un ton on-ne-peut plus sérieux, mais tout de même enclin aux familiarités. Une ambiance seule qui pouvait prospérer, lorsque les deux hommes se côtoyaient dans le feutré.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Dim 28 Jan 2018 - 11:28 | |
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L'assemblée se dissipait, repue de discours mais avide de bataille. Cependant, la table du marquis comptait encore un convive ; tandis que la valetaille s'affairait pour nettoyer après le passage de tout ce beau monde, le jeune Louis semblait désireux de s'attarder. Congédiant ses ouailles, Aymeric reprit place à table, s'intéressant alors seulement au buffet, désormais froid, que l'on avait dressé tantôt. Ses discours l'avait assoiffé, aussi se servit-il céans un rouge épais et capiteux, tandis que son voisin causait galamment.
Il avait toujours éprouvé une affection paterne envers le jeune faon, en dépit de sa méfiance pour le mauvais sang qui coulait dans ses veines. En vérité, c'était ce même sang qui poussait Aymeric à un patronage bienveillant envers son voisin : lui qui avait côtoyé l'Effroyable durant sa jeunesse demeurait persuadé que l'homme n'aurait été devenu mauvais si les Cinq avaient été plus gracieux envers lui. Adonc, il s'efforçait de prodiguer ses conseils au deuxième fils de Saint-Aimé, faisant le pari que cette bonhommie lui épargnerait dans le futur d'avoir au Nord un rival belliciste et ambitieux, à l'instar de feu Godfroy. Au delà même de sa personne, c'était l'avenir de son propre fils, de quelques années plus jeune que Louis, auquel Aymeric songeait. Dans l'immédiat cependant, ce dernier et le jeune faon étaient devenus bons copains, ce qui ne gâchait rien.
« Je ne le sais point, Louis, répondit le marquis, songeur, mais je sais ce que je ferais. Voila deux ans que Cléophas nous nargue depuis son exil, fort du Roy qu'il séquestre. Il s'est bien gardé de reprendre Diantra, qu'il a lui-même abandonné, car si la cour regagnait la capitale, elle échapperait à son contrôle. Telle est mon intention : marcher sur la cité royale et forcer le Mervalois à montrer sa véritable nature : celle d'un usurpateur et d'un traitre à la couronne. »
C'était là l'essentiel de son plan. Assurément, il faudrait aussi s'occuper des fiefs suderons, dont on suspectait depuis longtemps la duplicité. Mais Aymeric ne jugeait opportun de s'étendre sur le détail de ses intentions, encore moins lorsque la dernière redoute félonne tenait encore. « Et toi, Louis ? que compte tu faire, une fois Chrystabel tombée ? Regagneras-tu le Nord ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Lun 29 Jan 2018 - 18:03 | |
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Ainsi, ses doutes commençaient à se concrétiser. Cette balafre que feu le manchot laissèrent sur le Royaume s’était cicatrisée avec le temps et le nord, s’affairait pour sa part à la gratter. C’est seulement à en retirer cette croûte, qu’on pouvait désormais y voir l’étendue de l’infection. La paresse, la couardise et la félonie semblaient bien à la mode, pour que se propage aussi aisément ces beaux défauts. À voir prospérer chez les Suderons ces valeurs malsaines, la gale ou même la peste n’aurait su en faire autant!
« Je ne t’apprends rien mon ami ; au Nord, il fait bon et doux. » Louis étira les lèvres d’un sourire léger, lorsqu’il laissa planer l’idée d’un probable retour chez lui. C’est que pour le novice qu’il était, cette entreprise consistait comme son plus long périple hors du Berthildois et, il aurait été beau mensonge que d’affirmer que sa mère patrie ne lui manquait pas. Sa sœur, ses gens, ses biens, sa routine, son quotidien : tout cela on ne lui avait pris lorsque ces fot-en-cul décidèrent de s’attaquer à la Couronne.
« Le problème, c’est la distance. Loin de centaines de lieux, le mal prospère sans heurt et corrompt le cœur des Péninsulaires. Or, tu vois, j’envisage mal notre retour après avoir dompté le médian, sachant que le Sud serait prompt à emprunter le même sentier battu que leurs anciens voisins du centre. Alors non, je ne rentrerai pas ; pas tant que nous aurons la certitude que la couronne a récupérée la confiance ainsi que l’entière dévotion de ses vassaux. S’il me faut porter mes hommes jusqu’à la péninsule forte ensoleillée, alors soit ; j’irai à tes côtés. » Louis était jeune, parfois naïf, mais point menteur. Pour le peu qu’Aymeric en savait, sa parole donnée valait chère et, pour rien au monde le jeune régent en troquerait la valeur pour se désister.
Les conséquences de leur mobilisation s’en verraient gonflées par ces délais prolongés, cela était désormais une certitude. Pour chaque journée passée au front, une famille était privée de leur père, de l’or sortait des coffres de l’état et par-dessus tout, le moral des troupes s’en voyait à coup sûr mit à lourde épreuve. Qu’à cela ne tienne, ces embûches ne semblait pas refroidir le régent, se convainquant chaque fois qu’il aurait solution à chaque problématique. Pour l’heure, savoir son homologue partager son avis sur la suite des choses allégeait la pesanteur à ses épaules.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Lun 29 Jan 2018 - 18:59 | |
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Entendant la réponse de son invité, Aymeric regretta aussitôt de l'avoir si mal jugé durant le conseil. Il avait cru déceler en lui de la défiance ; voila que Louis faisait profession de loyauté. « Je n'ai jamais douté de toi, mentit le marquis alors qu'il faisait signe à son valet de remplir leurs verres, et quoique tu sois jeune, tu es déjà supérieur à bien des hommes. » Ses propres paroles laissèrent notre héros un brin songeur. Quoiqu'il n'eut cessé au fil des années de gagner en pouvoir - à moins que ce ne fut précisément à cause de cela ? -, Aymeric, dans un esprit tout droit sorti des gestes de chevalerie, et dont on ne l'eut au demeurant guère cru capable, ne désespérait de trouver une compagnie qu'il ait pu considérer son égale. Trop habitué à s'adresser à des sujets, il s'était toujours langui de véritables pairs, semblables à ceux de sa jeunesse, quand il baguenaudait, jeune gandin, à la cour du Duc de Serramire. Cette passade emprunte de nostalgie, rare vestige de sensiblerie chez le marquis, lui avait cependant d'ors et déjà causé bien du chagrin. Il chassa de son esprit ceux qu'il avait pu nommer ami sans arrière pensée, pour mieux se tourner vers le jeune faon.
« Quelle pitié que les suderons n'aient votre propension à la droiture, Louis, lança-t-il tristement, car en vérité, c'est bien cela qui sape la grandeur du Royaume. Leur race est sotte et vicieuse, abâtardie par le mauvais sang estréventin. Que nous chassions un de ces gandins de sa cathèdre, il s'en trouvera toujours un autre pour prendre sa place. » Aymeric songea aux maisons suderones et à leurs multiples ramifications. Soltariels, Sephren, Systolie, Anoszia ; celles là même qui n'avaient cessé de produire à la chaine d’innombrables parents. Il s'était toujours trouvé quelque cousin éloigné pour resurgir hériter de leurs fiefs, après que la branche principale n'en ait inévitablement entrainé, par sa nature mauvaise, le déclin. On allait même jusqu'à sortir des placards quelques fils ou fille cachée, produit d'une coucherie lointaine, lorsque le duc avait eu vingt ans plus tôt le feu au fesse. Ils s'enorgueillissaient de blasons fabuleux, qui à l'aigle, qui au dragon, qui au soleil ; en vérité, chacun d'entre eux eut mérité une pieuvre. Au moins, dans le Nord, avait-on eu la décence de décapiter les vieilles lignées décadentes.
Que faire face à une telle avanie, quand elle se reproduisait comme le chiendent ? « Il faudrait... songea le marquis à voix haute, non, il faut... Il faut que tu maries une suderone, Louis. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Lun 29 Jan 2018 - 22:44 | |
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Eut été d’une personne autre, c’est d’un monumental crachat qu’il lui aurait aspergé la tomate de son atroce picrate. La bouille bien détrempée et mouillée de surcroît, l’homme en question aurait au moins sut l’étendu de la surprise de son voisin d’en face. Plutôt, Louis avala de travers et placarda à son minois une grimace des plus avilissantes. Une quinte de toux rauque et bien profonde, comme on les connaissait lorsque l’hiver faisait rage et qu’il fécondait les Nordiens de grippe d’hommes. Le visage rosit par l’effort, le regard légèrement atrophié par ses faibles paupières, c’est d’une voix étranglée qu’il demanda derechef l’idée de son homologue : « Pardon? »
Il avait bien entendu, le corbeau avait en son bec non pas un gruyère, mais une idée pour assouvir le fond de ses ambitions. Ah, sans doutances il apporterait le tout avec grandiloquence, emballant ce plan nauséabond d’un emballage affriolant, mais au final, il n’en restait qu’une : Louis devait se sacrifier pour le nord. Et ce fût certes pour la première occasion, le moment de démontrer qu’il n’était pas de ces pions prompt au sacrifice. « Un mariage avec ces suderons! Vraiment! Cette fois tu n’as pas cherché loin cette idée! » Osa le régent sans moquerie, faisant simple usage de l’humour qui pouvait subsister entre ces deux « amis ».
« Crois-tu simplement qu’un mariage saurait arranger les choses ? Chaque contrées se montent les unes contre les autres, qu’elles soient menues ou de grandes envergures, chacun croyant sa patrie plus dominante que les autres. La chose faite, mon patronyme serait associé à une de ces maisons dévergondées en guise de fer à leurs pieds. Et cela saurait les restreintes dans leur félonie ? Laisses-moi en douter. » Pour une fois, Louis s’était montré on-ne-peut-plus catégorique sur la chose. Les liens du mariage étaient certes robustes, mais la distance quant à elle, jouait une cachette par cent fois plus efficace. À des lieux de distances de son ennemi, même le plus couard des hommes verrait des ailes pousser à son dos.
« Et est-ce là l’estime que tu as pour moi, de m’enchaîner à une de leurs puterelles dans le simple but d’assurer une improbable paix sur ce Royaume ? Une paix basée sur le fait que la malheureuse choisie, se verrait contrainte d’obéissance que parce que je le lui aurai demandé ? Toi-même l’a dit, leurs âmes sont noires et rancies jusqu’à la moelle. Point de salut pour ceux qui ont été élevés dans la déchéance et la perversité. » Louis marqua une pause, analysant le regard de son confrère qu’il défiait pour la prime fois.
« Et finalement, pourquoi moi, Aymeric ? » Louis attendit, un instant seulement, avant de poursuivre. « Lorsque Serramire chanta le clairon, qui accourra le premier et ce, avant même d’avoir connu l’homme qui y dirigeait le pays? Et qui durant toutes ces préparations, fit preuve de la plus totale des abnégations afin de mener ce projet à terme en des délais plus que raisonnables? N’ai-je point été l’allié idéal à Serramire, qui cherchât non simplement à rétablir l’ordre et la paix sur ce Royaume, mais aussi et surtout pour faire du Nord l’endroit fort de ce monde ? Et finalement, ne suis-je point devenu ton ami, pour qu’il te passe à la tête l’idée saugrenue de m’offrir à une coureuse de rempart à la peau hâlée ? » Certes, Louis s’était pour le peu emporté, mais durant le long de son discours, jamais il ne s’était montré discourtois ou empreint d’animosité. Les questions étaient lancées sans en faire la demande à de réelles réponses et plutôt, qu’il s’en serve pour son propre jugement.
Si le tout avait été planifié en lançant l’idée ainsi, Aymeric devrait revoir ses plans, si un jour icelui avait en l’idée de garder à ses côtés le peu de véritables alliés dont il possédait l’amitié.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mar 30 Jan 2018 - 22:33 | |
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Il ne fallut longtemps à Louis pour s'ébaudir face à la demande du marquis. Avec ardeur, le jeune seigneur balaya sans attendre la proposition. Avait-il seulement réfléchi à celle-ci ? Aymeric en doutait. En effet, il n'était en Péninsule nul autre endroit où un jeune homme, comme l'était le régent de Sainte-Berthilde, n'ait pu trouver meilleur parti. Lorsqu'il le lui avait suggéré, le marquis s'était attendu à des doutes, mais pas à être battu en brèche pareillement.
La véhémence de la rebuffade l'avait surpris, et alors que Louis cessait sa logorrhée, Aymeric s'abîma dans le silence, grattant distraitement une barbe rase que les temps de paix n'auraient toléré. Le marquis aurait voulu expliquer à son compère que c'était là le choix le plus sage, car tous en bénéficieraient : lui, le Nord... le Royaume en somme. Pourtant, il avait décelé dans la voix du jeune faon cette intransigeance juvénile qui trahissait l’obstination face à la contrainte. Godfroy ne l'avait-il pas déjà destiné à une alliance similaire, menant aux noces effroyables ? Que Louis en soit resté échaudé demeurait naturel.
Résolu à ne pas s'opposer sottement à un torrent lorsqu'il était en crue, Aymeric épargna donc un sermon à son jeune ami. « Qui d'autre, alors ? éluda-t-il. Moi qui suis à peine veuf, voudrais tu que je me remarie céans ? » Le marquis ignorait si l'homme en face de lui avait appris la nouvelle ; il n'attendit cependant de réponse de sa part, reprenant derechef : « Tu es mon ami, Louis, et je ne te ferais pas l'audace de prétexter le deuil pour me défiler. J'étais jeune pucel lorsque mon père me fit épouser Mahaut, et si jamais j'eus quelque flamme à l'endroit de ma mie, celle-ci s'est éteinte depuis longtemps. » L'amour n'avait guère été de mise entre les deux conjoints, pourtant, Aymeric s'était toujours félicité de son ménage. Il avait été bon et protecteur, elle productive et fidèle. Seul un insatiable en eût désiré plus. « En vérité, je ne puis plus prendre d'épouse car ce serait là la ruine de ma maison. Dussé-je engrosser quelque duchesse suderone, que le fruit de ce second mariage, fort de son héritage maternel, contesterait à ses frères la succession une fois mon temps venu. Quel homme veut voir ses fils s'entretuer depuis la tombe ? Pas moi. Quoique je sois encore jeune, je crains de n'être plus bon qu'à engendrer des bâtards. »
Un soupçon de tristesse vint assaillir le marquis, tiraillé entre sa soif pas encore étanchée pour une descendance nombreuse et son dégoût pour les passades adultérines. Il avait toujours méprisé ces seigneurs qui, perdant empire sur eux-même à la vue d'une lavandière mal dégrossie, affligeaient par la suite le fruit de leur faiblesse à la vue de toute la fratrie. « Mais toi, Louis ? reprit-il, que t'empêche de marier une grande dame du Sud et de te donner nombre d'héritiers ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 31 Jan 2018 - 15:13 | |
| Son souffle retrouva sa cadence naturelle, posée et empreinte de sérénité, après seulement quelques secondes à l’écouter. Lui lancer par la tête une capucinade aussi passionnée, alors que l’idée n’avait été que tout juste lancée, c’était de prendre le corbeau pour un oiseau cancre. Pour sûr que le Brochant avait derrière la tête quelques doutes quant à la nouvelle passion pour les araignées du cervidé. Et lui, pauvre victime de son amour cuisant, venait de d’offrir la consolidation de ses soupçons sur un plateau d’argent. Après une prise de conscience aussi brève, il secoua légèrement la tête comme s’il approuvait lui-même son avis sur la chose : il n’en avait plus cure. Le sujet, à l’instar d’un auguste roc, dressé devant une barque chaloupant sous la houle, était inévitable. Tout ce qui lui restait à faire, était d’envisager la manière dont il coulerait ou amarrerait au rocher.
La perte de sa femme ne lui était certes pas inconnue, bien qu’il ne sût se saisir d’un opportun moment pour lui signifier ses condoléances. Au contraire de certains, Louis entretenait envers l’oiseau moqueur un intérêt non feinté et savoir que mie s’était dégonflée en poussant son dernier souffle, affligea profondément le régent. Cette perte considérable, non seulement empoignante du fait qu’il perdit la mère de ses enfants, lui ressassait également cet âpre souvenir du décès et de son père et de sa « promise ». Toujours, l’instant ne se prêtait guère à lui faire témoignage de son empathie face à la perte de sa jument, icelui se montrant pour le moins expressif quant à la position qu’il avait face à un probable second mariage.
Et il réitéra sa proposition, cette fois-ci apportée autrement sous forme d’une incontournable question. Acculé au pas du mur, c’est en gamin qu’il essaierait de sauver les pots ou en homme qu’il les casserait définitivement. D’une manière ou d’une autre, sur les suppositions du marquis ne sauraient désormais plus planer le moindre doute. Un silence plana pendant quelques secondes, le regard dégageant toujours ce sérieux qu’intimait la pesanteur de cet échange.
« C’est l’amour que je porte envers ta vassale la Baronne, qui m’empêche d’acoquiner ma maison à l’une d’elles. »
D’un coup sec, il venait de crever l’abcès, lui livrant de but en blanc le secret à propos de sa liaison avec l’impétueuse de Broissieux. Et s’il appréhendait une forte réaction, il se prépara d’autant plus à encaisser le genre de sermon qu’un père admoneste à son fils, lorsqu’il vient temps d’expliciter les devoirs –non, les obligations- d’un Seigneur envers ses gens et sa famille. Pis encore, tout cela il le savait très bien et ces ennéades passées post-séjour en Alonna, lui permirent de constater le peu d’importance qu’il accordait à ce devoir précis. On lui avait forcé la main pour épouser une presqu’esclave de sang bleu, jusqu’à ce qu’elle s’embrase les viscères d’un poison léthal, sous les yeux de tous et ceux de la DameDieu. Or, plus jamais il ne désirait s’enchaîner à une femme par devoir. Il serait le premier grand noble à vivre un mariage d’amour et non de devoir.
« Et j'aimerais solennellement demander ta bénédiction pour la courtiser, voir même demander sa main en mariage. »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 31 Jan 2018 - 16:09 | |
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Le marquis sentit son estomac se tordre d'aigreur tandis que son voisin lui opposait la toute puissance de l'amour. Peste soit de celui-ci! Avec amertume, Aymeric se maudissait d'avoir une fois de plus soupçonné juste. Il demeurait cependant soulagé de n'avoir du soumettre le jeune Louis à la question, et de voir que celui-ci s'ouvrait à lui librement. Sa rancœur, en revanche, s'était reportée sur la baronne d'Alonna. Une fois de plus, cette garce venait le conchier allègrement. Elle était une épine que le marquis demeurait forcer de garder au fond de sa botte, et depuis que la drôlesse lui avait juré allégeance, il se fustigeait d'avoir accepté celle-ci, dans un moment de détresse, plutôt que de la chasser du pouvoir comme il l'aurait du.
À travers Louis, auquel Aymeric avait formellement offert la main de l'une de ses sœurs, la baronne venait une fois de plus de mettre des bâtons dans les roues du marquis. Ce dernier reconnaissait bien là le modus operandi de sa vassale, qui avait toujours fait usage avec brio de la meilleure arme que la nature lui ait confié : son ventre. Il se remémora les aveux d'amour témoignés, pleinement ou à demi-mot, par la baronne : Duncan, Niklaus, autant de ladres balourds tombés dans les rets de son con. Tant qu'Alanya s'était bornée à séduire pareils gandins, le marquis ne s'en était guère offusqué, indifférent à cette collusion entre gens de mauvaise race. Dès lors que l'atavisme prédateur de sa vassale lui avait fait jeter son dévolu sur un homme pour lequel Aymeric nourrissait une amitié naissante, ainsi que des projets certains, c'était là une autre paire de manche.
La déception était d'autant plus grande qu'accepter cette idylle, c'était admettre que son jugement à l'endroit de Louis fut erroné. Une fois de plus, ses travers bienveillants à l'endroit de ses poulains coutait grandement à Aymeric, qui se sentait trahi céans. Il n'en montra cependant guère, affectant la nonchalance. Après tout, la passion n'était-elle l’œuvre d'Arcam ? Il eût été fol de vouloir contrevenir aux menées d'un Dieu. Après un long silence, le marquis répondit enfin : « Là, Louis! je comprends mieux le silence que tu opposa à mes propres sœurs. Dame Alanya est une femme avenante, nombreux sont les hommes qui désireraient l'avoir pour eux. » Peut-être était-ce là le problème ?
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| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 31 Jan 2018 - 16:32 | |
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« La fougue de la jeunesse s’exprime à ma place, m’a-t-on dit, lorsque je daigna avouer mes sentiments pour madame de Broissieux à mes plus proches amis. Je puis dès lors comprendre votre déception en mon endroit ; non seulement fis-je témoignage de mon entêtement à refuser une telle alliance avec le sud, mais le fit tout autant d’une union entre nos deux maisons. Cette alliance pourtant, en rien je ne la désire menacée par l’étendue de mes sentiments pour votre vassale. De surcroît, il est tout aussi comprenable que vous ne sachiez encourager mon comportement en l’égard de ce mariage, du fait qu’il n’est ici ni profitable pour moi, ni pour vous, que je prenne pour épouse Alanya. » Il attendit, un moment, les lèvres pincées d’agacement, à devoir débattre de la chose avec celui qu’il considérait comme l’un de ses compatriotes.
« Je vous veux au courant de l’importance que j’accorde non seulement à notre bon entente, mais a l’alliance que nous formons là, au nord. Nos deux pays réunis, surent démontrer la toute-puissance d’une telle amitié et quand bien même que mon cœur tente de s’arracher de mon poitrail à chaque coup d’œil posé sur elle, je ne voudrais compromettre l’apparentage de nos deux patries. Je ne cherche pas à faucher l’une de tes terres, Aymeric. Simplement à rattacher à mon patronyme une femme aimante, qui saura me donner de nombreux héritiers, comme tu me l’as un jour sagement conseillé. »
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| | | Aymeric de Brochant
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Sam 3 Fév 2018 - 21:10 | |
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Avait-il pressenti les réticences de son hôte ? Sans qu'on l'eut invité à le faire, Louis s'était promptement employé à défendre son cas, avançant maladroitement le désintérêt dans ses intentions. Aymeric soupira ; le plaidoyer de son voisin lui causait une grande tristesse, car à aucun moment il ne désirai contredire de dernier. Las! Derrière les paroles innocentes du jeune faon, le marquis pouvait aisément apercevoir la main d'Alanya. Il était prêt à croire en le seul amour éprouvé par Louis ; mais par la baronne ? Pouah! Seul un sot aurait mordu.
De cette conversation, le marquis pressentit qu'il n'en tirerait plus rien de bon. Il lui aurait été aisé de salir devant Louis le nom de sa mie, d'exposer ses moult conquêtes et son incurie. Mais l'amant l'aurait-il entendu avec l'oreille de la raison ? Pour qu'il révèle au grand jour son amour, le jeune faon devait crever de celui-ci. À vouloir parler à la tête du régent, qui ne raisonnait désormais guère plus qu'avec ses gonades, Aymeric était assuré d'obtenir au mieux une dispute, au pire un duel.
Affectant un sourire potache, le marquis allongea donc céans une tape sur l'épaule de son compère. « Parbleu, Louis! Voila que tu me parles comme tu le ferais devant son père! » Faisant signe à son valet de remplir à nouveau leurs ciboires, Aymeric leva peu après le sien pour trinquer. « Je bois à tes amour, Louis! Que la DameDieu les bénisse, lança-t-il gaillardement, alors qu'il en pensait l'extrême inverse. Mais par la Malepeste, quel ami fais-je à te retenir céans ? Va t'en, Louis, auprès de ta mie : courtise la, séduis la, besogne la! » Se levant prestement, il en vint à bousculer amicalement son hôte vers la sortie.
« Tant que tu ne la marries pas », ne put-il s'empêcher de penser.
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| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Lun 5 Fév 2018 - 15:33 | |
| Si Aymeric tenta de le manipuler afin de s’attirer sa bonne humeur, pour sûr qu’il avait réussi. Ces égarements grivois, souventefois esquivés de leur langage pour s’épargner le jugement de leurs pairs, n’était pour cette occasion point désagréable. Cela renforçait ce sentiment naissant d’amitié entre les deux hommes, duquel Louis espérait se voir s’épanouir au fil des années, tandis que leur alliance prospérerait. Il avait l'impression de converser non pas avec l'illustre Marquis de Serramire, Sénéchal du très pentien et du très bon Roy, mais avec un copain de longue date, à qui l'on pourrait tourner le dos sans craindre le couteau.
« Si fait, je le ferai céans, oui! Seulement, c’est mal me connaître si tu me penses capable de telles avances sans en avoir au préalable la certitude de leur utilité. Par ceci, j’entends la prendre pour épouse, qu’elle se détache de son patronyme au profit du mien, qu’elle mette à bas le plus tôt possible! Je ne retiens guère de ces abeilles qui butinent des fleurs qui ne leur appartiennent. Ainsi je te le demande clairement et nettement ; me donnes-tu ton aval, ton autorisation de la prendre pour femme ? » Sa bonne humeur était palpable, mais au fond de son regard, persistait une lueur incertaine, prête à déloger la brillance de sa gaîté au profit d’un agacement certain. Aymeric n’était pas dupe, s’il désirait garder à ses côtés l’un de ses alliés les plus conséquents, il se devrait faire preuve de concession.
Heureusement pour le marquis, Louis était tel qu’il s’était toujours affiché : intègre, bon et dénudé de mauvaises intentions. Si ce n’était le cas de tous les nobles notoires, ce dernier était bien prêt à prendre la femme sans en hérité de tous ses meubles.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mar 6 Fév 2018 - 16:20 | |
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Aymeric avait cru pouvoir éviter le nerf du problème, éloignant Louis avec de vagues encouragements. Mais peste, le ladre était obtus! Après avoir fait avaler au marquis une couleuvre de la taille d'un python en lui annonçant son idylle avec sa plus mauvaise vassale, Louis insistait désormais pour qu'à cette collusion décidée par Arcam, Aymeric vienne y apposer son plébiscite. Beau guêpier que cela, pour celui qui espérait envoyer au couvent sa turbulente baronne. Non content de pouvoir courtiser la drôlesse, le jeune faon s'obstinait pour qu'on lui en reconnaisse le droit.
Utilité, héritiers, alliances matrimoniales, avait lâché le gandin pour appuyer son réquisitoire, ce qui ne manqua d'arracher un rictus au marquis. Aymeric affectait l'amusement devant cette empressement juvénile, ce désir de marier la belle dès le premier regard. En vérité, c'était un océan de suspicion que venait de contempler le marquis, redoutant désormais que derrière les grandes envolées romantiques du jeune faon ne se cache un plan savamment conçu. Lui même ne jouait-il pas de simplicité au moment de négocier avec ses adversaires ? En se faisant passer pour un amoureux éperdu, Louis pouvait dissimuler à gré ses ambitions. En appelant le marquis son ami, en singeant les confidences ingénues et l'amour courtois, n'espérait-il pas soutirer à Serramire une de ses vassalités, et réveiller à l'instar de son père la vieille lutte pour la dominance du Nord ? Cela, Aymeric ne pouvait le permettre.
« Non, répondit le marquis d'un ton glacial, je ne le permets pas. Tu m'es cher, Louis, et sache que si cette décision peut te paraître aujourd'hui injuste, tu me remercieras demain d'avoir empêché ton union avec une si mauvaise femme. » Roidi, Aymeric fixait son invité, attendant la tempête. Si Louis n'avait qu'un simple amoureux, il se serait contenté de la première réponse du marquis. Toutefois, il avait voulu pousser trop loin sa chance ; tampis pour lui.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mar 6 Fév 2018 - 19:45 | |
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Inconsciemment, sa patte se resserra avec grand agacement sur son verre de rouge asséché. S’attendait-il à ce qu’il soit pour la cause revêche à l’idée de lui céder l’une de ses plus chères vassales ? Tout à fait. En contrepartie, qu’il s’y attaque aussi ouvertement alors qu’icelui venait de lui livrer sans fard l’étendue de ses sentiments les plus véritables envers elle, le pinça d’une douleur aigue. Son jeu n’aura guère duré longtemps, car à peine finit-il de l’encourager à aller de l’avant, qu’il le freinait de suite une fois la chose rendue sérieuse. Que croyait-il de lui, qu’il était de ces hommes de petites mœurs, à vouloir planter son étendard dans la première fosse ? Est-ce tout l’estime que son voisin avait de lui ?
« Pour l’heure, de mauvais je n’en ai rien vu. Aussi suis-je certain que ce n’est pas sur notre nouvelle amitié que tu reposes ton refus ; tu as contre elle d’évidents griefs dont je ne désire écoper le contrecoup. Si tu t’opposes à mon union, dis-moi franchement les raisons qui poussent ta bénédiction à rester retranchée. »
À le voir si aisément changer son arme d’épaule, Louis sut aussitôt que non seulement contre elle, il avait envers lui nombres de réserves. Des doutes quant à la véracité de ses dires, comme s’il était possible qu’un cœur aussi pur que le sien soit à même capable de telles ignominies.
« Et l’ambition! Parlons-en! » Puisque de toute évidence, outre la rancœur qu’il savait envers sa mie, Aymeric croyait son cul bordé de prétention pour ses terres.
« Est-il si difficile de croire et même de reconnaître que je n’ai rien de mon père en ce qui attrait la politique ? J’ai à cœur le bien être de quiconque me prend pour ami, toi le premier. Les terres de la Broissieux ne m’importent en rien et la simple idée que tu puisses me croire capable de chercher à y avoir main mise, me rebute jusqu’au plus profond des entrailles! » Son souffle s’était légèrement emballé, le regard bien accroché à celui du corbeau, y laissant briller une sincérité indéniable.
« Pour te prouver ma loyauté, qu’enfin tous doutes envers mes prétentions tombent à jamais, je suis prêt à tout. Unissons la fille d’Alanya à l’un de tes vassal direct, qu’elle signe un hommage-lige envers toi, s’engageant à ne rien léguer de ses droits sur ses terres à notre marmaille, qu’en sais-je! » Le ton montait et au passage, la frustration. Et cela était compréhensible, comment pouvait-il se sentir autrement, alors qu’il était guidé par la passion et non par l’ambition ? Comment rester serein, alors qu'on doutait de lui, tandis qu'il était dénudé de malices?
« Aymeric, je te propose d’emporter à Sainte-Berthilde la femme que j’aime. Point te subtiliser des terres. Cela je suis prêt à le jurer sur la toute divine Damedieu. » Et pour le pentien qu’il était, jurer de la sorte n’avait rien de léger.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 7 Fév 2018 - 12:49 | |
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Le réquisitoire reprit, s'allongeant en une longue logorrhée pénible à l'oreille du marquis. Celui-ci finit bientôt par détourner son regard de son invité pour entamer d'incessants va-et-viens sous la tente. Plus Louis s'escrimait à défendre sa cause, plus le marquis s'agaçait de lui, à l'instar d'un chaland dont on conspue les boniments. Le Régent s'était d'abord présenté sous le plus honorable des jours, quand quelques mois plus tôt, il avait d'ors et déjà failli au marquis, préférant à celui-ci les conseils bellicistes de son grand-père. Par la suite, voila que le jeune faon avançait un accord à la manière d'un banquier scylléen - pas grand chose qui eut mis son hôte en confiance.
C'est que ce dernier, occupé à faire les cent pas, en sus de ses doutes envers son jeune voisin, que l'hiver avait d'ors et déjà révélés, demeurait circonspect quant à la nature humaine tout entière. Il redoutait qu'un accord concédé aujourd'hui ne soit révoqué demain, lorsque les deux époux en viendraient à être unis. Qu'empêcherait Louis de revenir sur sa parole, une fois fort d'une baronnie supplémentaire ? Un bout de papier engageant une fillette ? À cela, le marquis ne croyait guère. Il avait vu comment la dame de Broissieux avait conspué son hommage aussitôt l'avoir rendu à Clairssac, et comment les nobles paroles de Louis s'étaient évanouies dès lors que ses intérêts étaient entrés en jeu, à Etherna. Enfin, si le statut quo pouvait demeurer tant qu'Aymeric était fort, qu'en serait-il s'il advenait que le marquis ne tombe en disgrâce ou ne trouve le trépas ? Il laisserait à son fils un domaine avec une rébellion plus que probable sur les bras. Cela encore, il ne pouvait le permettre.
Cependant Louis achevait de causer, et Aymeric s'était résolu de ne plus subir son plaidoyer lénifiant. « T'ai-je causé quelque tort, Louis, lança-t-il en cessant son va-et-viens, pour que tu me demandes pareille avanie ? Ne fus-je pas celui qui se porta à ton soutien, quand tes vassaux honnissaient le nom de ton père et menaçaient ton héritage ? Ne fus-je pas celui qui retenait ton bras, quand ton propre aïeul t'exhortait à la lèse-majesté ? Puisque tu te dis être mon ami, dis moi seulement pour quelle raison tu souhaiterais t'amouracher de la garce qui me dessert et me nargue, qui collude avec les traîtres et les suderons ? Si tu es vertueux, pourquoi t'obstines-tu à marier celle qui a plus d'amants qu'une putain de Sharas ? » La voix du marquis avait tonné sous sa tente, ses mots destinés à étouffer tout espoir chez le jeune Louis. « Quand je prends un bain, acheva-t-il sèchement, je fais verser de l'eau propre. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Mer 7 Fév 2018 - 16:27 | |
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Voilà le ton véritable qui aurait dû se manifester dès le départ ; car ainsi il y voyait le visage véritable du Brochant. À demander les raisons de son amour, à tous les coups cet homme n’en avait jamais ressenti la véritable émotion. Se pouvait-il vraiment que son cœur n’ait battu que pour un unique homme, Aymeric de Brochant ? Et l’ambition était sa maîtresse, à laquelle il aimait la voir prospérer au gré des ficelles qu’il accrochait ci et là à ceux qui s’approchaient de trop près de lui. Louis commençait sérieusement à s’escagacer de ces cordelettes rattachées à sa personne ; tôt il s’en déferait si le besoin se manifestait et alors, l’amitié ne saurait plus couvrir leur bonne entente. Aymeric aimait certes saler ses insultes, lorsqu’il venait grand temps de les cracher en les airs ; cela il ne pouvait le lui reprocher. Il la connaissait depuis fort bien plus longtemps que lui et, en connaissait sans doutances d’avantage qu’il ne le saurait jamais. Mais le fait est, qu’il la considérait ainsi et que sous le couvert de mielleuses paroles, l’avait tantôt encouragé à partager sa couche.
Voilà la vrai face de son ami, un homme prompt aux bonnes ententes lorsque la chose lui payait et ayant le front si large, qu’il ne renâclait guère à l’idée de dire l’inverse dès qu’un doute assombrissait son jugement. N’avait-il donc aucune chance qu’il lui lègue ne serait-ce qu’une once de confiance, alors que Louis s’était montré enclin à lui léguer le sien depuis leurs premiers échanges ? Et que dire de tous ces poltrons, qui lui suggéraient de se tenir à distance du corbeau, de peur qu’il en vienne à lui empoisonner l’esprit ? Ne les avait-il pas chassés d’un revers de la main, espérant que leurs communes provenances jouent fort en la faveur d’une franche camaraderie ?
Sur le coup, la colère aurait été de mise, mais plutôt, c’est d’une tristesse certaine qui s’empara de ses tripes. Que fallait-il donc au monde, pour qu’il le voie sous son vrai jour ? Un homme dénudé de malices, ne cherchant à satisfaire que les pulsations de son cœur envers une femme, tout en gardant en quête le bonheur pour ses gens ?
« Et si nous permettions à cette dernière de plaider sa cause ? Serais-tu enclin à la recevoir à mes côtés, que nous trouvions entente qui te soit profitable ? »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Jaserie et babillage [ Aym my brotha from another motha ] Ven 9 Fév 2018 - 13:12 | |
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« Qu'elle renonce à ses titres si mal acquis, voila l'entente qui me serait profitable », manqua-t-il de répondre. Louis semblait désespéré. Là où le marquis avait attendu de la colère, c'était une menue supplique que lui avait adressé son voisin, visiblement perdu dans son plaidoyer. Peut-être aurait-il accepté l'idée, si cela lui permettait d'obtenir la main qu'il semblait tant désirer. Peut-être ; mais jamais la dame de Broissieux ne l'aurait concédé. Celle qui, sans avoir eut d'autre mérite que de ne se trouver au bon moment pour être sortie de sa boue natale pour être mise sur un trône par des étrangers, sitôt installée s'était aussitôt compromise en de menues roueries et trahisons pour échapper à toute redevance. Qu'elle renonce à ses terres était inconcevable, aussi le marquis ne le demanda pas.
« Peut-être, Louis, mais pas maintenant. Assez de discorde pour un seul jour, lança-t-il avec douceur, presque apitoyé par la détresse de son voisin. Lorsque la guerre sera terminée, nous en reparlerons. »
C'était là une maigre consolation qu'il apportait au jeune faon, mais à l'évidence, le marquis était résolu. C'est qu'à travers les préoccupations de Louis, Aymeric entrevoyait d'ors et déjà son éventuelle défection. Eut-il accordé à son voisin le loisir de marier sa mie, que bien peu n'aurait empêché les tourtereaux de convoler en noces sitôt le siège terminé. Or, ne l'avait que trop répété, la guerre pouvait durer encore bien longtemps. Que pèserait dès lors le devoir de défendre le Roy, contre l'amour d'une femme ? Louis, quoique pétri de bonnes intentions, n'en était pas moins homme.
Adonc, mettant cette carotte sous son nez, Aymeric pensa s'attacher un peu plus son voisin déjà si zélé. Les énéades de campagne offriraient en outre aux amants le loisir de se voir. De la sorte, le marquis s'était convaincu de la mansuétude de sa décision : il permettait aux tourtereaux de batifoler, avec un mince espoir de voir leur idylle confirmée. En même temps, plus Louis fréquenterai la baronne, plus pourrait-il se rendre compte de sa nature malévolente et vicieuse. Peut-être, in fine, le problème se résoudrait de lui-même.
C'est sur ces considérations que le marquis laissa son voisin, prenant congé pour regagner ses quartiers.
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