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 Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeDim 28 Jan 2018 - 4:09


L’air lui paraissait tout à coup plus frais, la troupe se quittant dans des éclats de voix qu’elle n’avait plus envie d’entendre. Ses yeux cherchèrent en vint. Le cœur au bord des lèvres, elle observait les gaillards s’adonner à quelques accolades viriles, mais aucun n’était celui que la baronne souhaitait voir. Et tandis qu’elle furetait au-devant de la tente, elle sentait dans son cou le regard terrible du Brochant. Le Corbac – maudit soit-il ! – devait être non loin, à l’affût de chacun, quand plus tôt il avait fait montre de sa verve, haranguant les braves et levant un verre à la victoire promise. Car non loin se tenait toujours imposante la vieille cité. On pouvait bien l’acculer celle-là, ses pierres ne chuteraient point dans qu’on ne les y aide. Alors, ils avaient tous réfléchis ; autant qu’un preux puisse le faire. Il viendrait bien vite le temps de faire tomber le Chrystabel – et jusqu’alors il faudrait s’accommoder de son ombre menaçante. Car Alanya demeurait parmi les septique : elle avait connu assez de guerres pour ne guère sous-estimer son ennemi, aussi faible soit-il. N’était-ce pas quand l’animal se sentait pris au piège qu’il en devenait plus dangereux ? Toutefois, si les hommes du siège s’en tenaient au plan, tout se passerait pour le mieux ; les morts seraient peu nombreux et la marche vers la capitale n’en serait que plus impressionnante. En effet, tous tournaient déjà les mirettes vers Diantra. On entendait déjà ça et là la piétaille se réjouir, se voyant même défiler dans les rues pavées triomphalement et acclamés par le bon peuple du Royaume.

Mais qu’adviendra-t-il lorsqu’ils arriveront les lames rougies des pères, des frères et des fils ? Les terres royales n’étaient plus qu’un vague fantôme ; si l’on avait su tenir le cap quand le roy avait été emmené au sud, la reconstruction de l’ancienne capitale et l’abandon des pairs de l’Etat avait laissé des marques bien profondes. La Broissieux se souvenait encore de l’horreur du spectacle. L’on vivait dans les rues sales et puantes, les habitations ravagées par les flammes et les escarmouches éclatant au détour des avenues. Brulés, meurtris, affamés et délaissés, les gens du peuple avaient perdu la Foi. Et comment pouvait-on leur en vouloir ? Elle espérait que les choses s’étaient arrangées avec le temps, que les plaies avaient été pansées. Elle le souhaitait pour ces pauvres hères qu’on avait dupés. Pour ceux qui n’étaient jamais entendu et dont on disposait comme l’on dispose du bétail. Le visage fermé, elle se retourna – déçue – vers ses deux comparses qui l’avait accompagné. S’ils n’avaient trop rien dit lors du conseil, ils avaient approuvé leur suzeraine par d’engageant sourires et quelques hochements de tête approbatif –fussent-ils peut être peu convaincu par ce qu’elle disait. Si la loyauté avait un nom, pour sûr qu’elle porterait les leur.

« Odias, Hermance, occupez-vous tous deux de tenir nos rations pour préparer l’arrivée de nos amis. Prévoyez aussi quelques sorties dans les alentours pour y maintenir l’ordre et dégourdir nos hardis soldats ». Elle offrit un maigre sourire, soulagée d’être épaulée dans la tâche : la guerre n’était pas son domaine. Cela la fatiguait et la rendait plus irritable qu’elle n’aurait dû. « Le siège promet de durer encore un peu. Vous avez toute ma confiance pour garder le moral de nos hommes au mieux… ». Elle hésita un bref instant mais n’en dit pas d’avantage. Ces silences, ils les connaissaient que trop bien. Et c’est dans le même mutisme morne qu’ils regagnèrent tous les trois leur campement. Le Faucon n’était plus enclin à parler, préférant regarder au-delà du champ grouillant de la soldatesque la jolie rivière s’écouler impassiblement. Ces eaux scintillantes se fichaient bien des guerres et des hommes ; elles demeuraient là, tantôt tumultueuses tantôt calmes, et peu leur importait aussi les saisons. Cela avait quelque chose de réconfortant. Peut-être se souvenait-elle des plaines Alonnaise parcourues par le sillon noble du fleuve ?
S’éloignant de l’attroupement, elle s’y arrêta. Quelques hommes se trouvaient là, se prélassant comme s’ils se trouvaient chez eux – eux aussi. On voyait même au loin quelques couples incongrus se bécoter dans l’eau fraîche du printemps. Et la rivière coulait toujours impavide. Si on l’approcha, elle ne sut même pas si elle avait répondu ; elle se laissait bercer par les clapotis irréguliers.  Face aux éléments, elle se souvenait qu’ils étaient tous humains. Ah ! Il aurait beau dire le Aymeric, la vie était courte, bien trop pour en user de si mauvaise façon. Et alors qu’elle était demeurée ici de longues minutes – une heure peut-être ? -, elle se leva le cœur gonflé, les tripes nouées. Eut-elle vu une meute de loup la chasser qu’elle aurait agi aussi promptement ! Un instant sa garde se tendit, cherchant le lieu de son trouble. Ces idiots ne surent sûrement jamais que le seul trouble qu’il y eu à ce moment-ci venait d’elle. Les embarquant dans son sillage, elle se changea dans ses quartiers aussi prestement qu’elle le pu. Comme si chaque seconde était importante, comme si l’air lui manqua tout d’un coup. On lui tendit des rênes dont elle se saisit aussitôt, se hissant sur le canasson et bientôt imitée par deux chevaliers qui avait à charge sa vie.

Les sabots battaient la terre au rythme cadencé d’un trot, la troupe évitant comme elle le pouvait l’agitation des campements. Cela en faisait du monde ! Cela rappelait étrangement Amblère : une vie s’était organisée en si peu de temps et pourtant l’on retrouvait presque une vraie ville. On la saluait à son passage mais elle en avait cure ; seule comptait sa destination. Et bientôt l’on vu flotter fièrement les bannières au Cerf. Ah pour sûr, c’était l’endroit qu’elle cherchait. Les entrailles toutes contractées, elle s’arrêta quelques fois pour demander une chose et une seule : « Où se trouve son Excellence Louis de Saint-Aimé ? ». Zigzaguant entre les tentes, elle finit par atteindre son but. Elle le voyait, parlant à quelques hommes qu’elle ne connaissait pas. Son cheval n’était même pas tout à fait à l’arrêt lorsqu’elle en descendit, laissant le soin à ses protecteurs de se saisir de sa bride alors qu’ils la regardaient s’éloigner d’eux un peu décontenancés. Voilà bien un métier qu’elle ne conseillait à aucun des hommes : sa garde souffrait de son impétuosité bien trop de fois !

« Eh bien votre Excellence ! Vous n’êtes pas facilement trouvable sachez-le ! ». Elle souriait de toute ses dents, son estomac au bord de la rupture tant son ventre semblait contracté. Louis ne l’avait pas vu arriver, mais elle inclina respectueusement la tête vers les messires qui accaparaient l’homme qu’elle enviait alors. Ils semblaient quelque peu circonspects ; elle parlait sans détour, le regard droit et le pas assuré. Pour sûr ! Ils ne devaient pas être habitué à ce qu’on s’adresse au jeune Louis d’une telle manière – et encore moins lorsque les deux protagonistes ne se connaissaient que de nom.
A en voir sa tête, le Berthildois n’était point prêt à la recevoir si promptement. Son regard trahissait la surprise et l’appréhension. Eux qui avaient si ardemment révisé les leçons de comédie, ils devaient à présent les mettre à exécution. « Messieurs, je vous présente Madame la Baronne d’Alonna ».
Cela sonnait si faux qu’il lui fût difficile de ne pas rire. Toutefois, elle garda bonne contenance, accordant aux bonhommes attroupés un bref regard vaguement concerné. Ce fût l’embarras du Marquis qui la convint de tenir le rôle plus longtemps : il ne refuserait tout de même pas le défi ? « Messires, je vous libère d’une conversation assommante avec votre suzerain ; allons, à qui ai-je l’honneur ? ».
« Voici trois de mes égides, qui ont combattus à mes côtés lors de Valdrant. Ici Robert, là Egmund et là, le plus jeune mais non moins intrépide, Alister ». Louis restait concis et c’était pour le mieux. Même les présentations semblaient fausses à ce point.
« L’écho de vos exploits sont parvenus jusqu’à nos oreilles. Sachez messires, votre Excellence, que l’Alonnan est fière de se battre au côté de si braves guerriers ».


Dernière édition par Alanya de Broissieux le Jeu 8 Fév 2018 - 23:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeLun 29 Jan 2018 - 22:49




Le cénacle ajourné jusqu’aux prochaines embûches, l’audience avec son ami le corbeau rondement menée à terme, Louis pouvait enfin espérer trouver un brin de repos en ses appartements. Souffrant de sa dernière nuitée succincte, ses paupières à l’instar du populaire marmiton Bérard le pansu, cherchaient à lui couper la vue d’une ténacité hors norme. Luttant pour ne guère s’achopper de sa fatigue et ainsi, embrasser douloureusement le sol du haut de son haridelle. Enfin, il arriva à destination, s’imaginant par-delà les voilures de sa maison de fortune le réconfort que lui offrirait sa couche.

Quelle belle utopie, que de croire possible l’idée de pioncer en paix alors qu’il ne faisait pas encore nuit noire! Sitôt l’oignon au sol, un triangle d’égide le mirent en joue et se montrèrent enclin à chasser le cerf! Là, sitôt arrivés à son niveau, ils ne perdirent pas une seconde passées les présentations pour déblatérer leurs soucis les plus incommodants. On avait par la brise, fait colporter l’idée du cervidé qui consistait à un harassement continuel de l’ennemi via un roulement à temps pleins des artilleurs et des auxiliaires. Or, certains preux semblaient bien revêches à cette idée, ne se voyant guère porter le couvre-chef de simple piétaille. Là, il y vit que ces bonnes genses pouvaient tant qu’ils le désiraient se targuer d’avoir le derche bordé de courage, mais d’humilité, que nenni!

« L’appel des artilleurs ne concerne pas l’entièreté de notre ost. Vous aurez quant à vous d’autres tâches plus conséquentes, telles que la protection des bûcherons et du ravitaillement. Maintes bêtes ont récemment été aperçues et se doivent d’être matés dans les délais les plus brefs. Une fois que Chrystabel aura écarté les jambes, tous les efforts seront portés vers icelle, alors vos tâches changeront de nouveau et serez mandatés à faire ce pourquoi l’on vous a octroyé le titre d’égide. » Et Louis aurait continué longuement son sermon, si le plus dangereux des démons ne s’était pas manifesté en son ombre.

Ahhh comme il se haïssait d’éprouver pour cette femme d’aussi puissants sentiments, alors qu’icelle prenait chaque fois malin plaisir à le voir en déroute. Sur la corde raide du mensonge, Louis faisait piètre funambule et devait son semblant d’équilibre à la veuve. Entre eux deux, ils savaient qu’en quelques mots elle saurait le faire tomber de haut! Sans faire le malin, il tâcha tout de même à s’agripper, jouant le jeu comme seul lui savait le faire.

« Un genou au sol devant la Baronne, messieurs! Ne vous-a-ton jamais enseigné la bienséance? » Tonna Louis, après avoir vu un regard de travers d’un des protecteurs. Comme des cabots dressés, ils obéirent sans grogner et abaissèrent le chef avec déférence envers la veuve. L’avait-on jamais vu être si sec envers ses gens?

« Vous êtes bien aimable de le souligner. Sachez qu’il en est tout autant pour nous, qui lèveront l’épée à côtés des vétérans d’Amblère. »

« Quel bon vent vous emmène par-delà les armoiries du Berthildois, madame la Baronne? »

« Nous souhaiterions mener quelques sorties, dans les alentours du siège pour y maintenir la paix. Le Corbac étant déjà fort occupé, je m'en venais vous proposer de vous joindre à nos troupes. Il n'est jamais bon de laisser ses soldats se miner le moral en se tournant les pouces » Elle gratifia les hommes d'un humble sourire bien que la raison manquait de force.

Par tous les Dieux, qu’inventait-elle encore pour l’agacer ? Sous un masque de marbre ses émotions restaient tapies, pourtant lui savait qu’elle s’esclaffait silencieusement de son malaise exploité si aisément. Suffit, il montrerait les dents pour se défendre!


« Ainsi votre Suzerain monsieur le Marquis est occupé. Et nous ? Ne le sommes-nous pas ? » Rétorqua-t-il sans animosité, questionnant à la fois son idylle ainsi que ses trois costauds.

« Eh bien si vous êtes trop pris, je m'en retourne à mon camp ; après tout, je ne vous proposais cela que par politesse. » Sitôt dit, ses sourcils s’étaient froncés de sorte à faire belle preuve de son agacement. À tous coups, Louis avait manqué son coup et plutôt que de montrer l’homme qu’il était, il avait réussi à la vexée.

« Allons, allons! Évidemment qu’il nous ferait plaisir de parcourir les environs à vos côtés ; mes hommes geignaient tout juste qu’ils étaient en manque d’action. Vous êtes ici pour eux une bénédiction. » Et que dire de sa présence pour lui, une malédiction ? Si c’en était une, il se laisserait maudire volontiers pour les années à venir, tant il la trouvait attachante …

« Alors soit ! Nous n'avons plus qu'à nous organiser. J'espère par ailleurs ne point vous mettre dans l'embarras. »

« Dans l’embarras ? Pourquoi donc ? Je suis bien prêt à parier que les sentiers de ravitaillement sont laissés à tous dangers et qu’il est bien dans notre intérêt que quelques bonnes âmes se collent à leur défense. Ainsi cinq de mes égides, dont ces trois-là, se joindront à vos hommes afin d’en faire la patrouille. » C’était ainsi qu’il s’en sortait ; à diriger promptement, comme il en avait pris l’habitude. De la sorte, il n’avait pas à feinter, ni user de subterfuges, simplement d’être lui-même. Encore fallait-il qu’elle n’ajoute rien qui gâche le tableau.

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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeJeu 1 Fév 2018 - 0:10


Un regard complaisant aux messires qui se tenaient là finit de les convaincre tout à fait. Si on ne lui avait offert à la naissance des muscles, elle n’en restait pas moins démunie d’armes face à de pareils gaillards. Eut-il fallut sourire toute la journée : elle l’aurait fait sans une hésitation pour peu que cela serve sa cause. Alors d’un ton plus mielleux, elle reprit : « Il me sied de voir des hommes aussi vaillants auprès des miens. Je vous souhaite mes bons seigneurs de mener à bien votre tâche ». Et n’importe quel Alonnais aurait pris le large aussitôt, mais ces gars-là n’étaient pas les siens et ils restèrent là, complaisants. Cela l’agaçait à tout dire ; elle ne rechignait pas au jeu, mais elle s’en laissait vite. La Broissieux n’était point venu pour faire la causette à des hommes dont elle ne savait rien – sinon leurs noms qui ne lui évoquait pas plus de choses. Louis demeura interdit, faisant habilement valser son regard d’un interlocuteur à l’autre. Il commençait à prendre le pli de son rôle, et à vrai dire il n’était plus aussi mauvais. Peut-être restait-il un peu trop tendu, mais elle se doutait que les égides n’en verraient rien.
Si le trio se redressa, ils gardèrent toutefois leur regard un rien plus bas que celui de la Baronne – eut égard pour son titre. « N’ayez crainte, ce sera chose faite. C’est là tout un honneur que vous nous octroyez, que de cavaler aux côtés des vôtres ».
Elle sourit, impatiente de couper court à l’échange. « Nous devons encore nous entretenir avec votre suzerain pour définir conjointement l’étendue de la manœuvre. Aucun doute qu’il reviendra vers vous aussitôt que nous nous serons entendu ». Et les yeux du Marquis perdirent en assurance. Il sombra un bref instant –juste assez pour qu’elle le remarque – dans le doute. Mais force était de constater qu’il se reprit presque aussi promptement : tendant un bras solide à une distance respectable, il l’invita courtoisement.
« Allons, allons ! Venez que je vous fasse visiter l’endroit tout en y définissant les détails de cette fortuite demande ». Il faisait le gentilhomme comme à son habitude. Il avait ce regard serein et son cœur doux caressait chacun des mots qu’il prononçait. Même la promenade faussement orchestrée paraissait tout d’un coup moins terrible ; elle ferait bien l’effort pour lui plaire. Alors qu’elle posait sa main avec délicatesse et bienséance sur son bras tendu, les messieurs s’inclinèrent bas non sans un regard aguicheur. Si Alanya était devenue coutumière de ce genre d’attitude – ces hommes ne voyaient que peu de femmes durant de long mois après tout -, Louis manqua son souffle. Ses doigts graciles se serrèrent légèrement et elle attendit qu’ils s’éloignent un peu pour finalement tourner sa tête vers son amant.
« Ne leur en veux pas s’ils ont bon goût ». Le ton taquin, elle savait mieux que quiconque ce qui pouvait faire enrager le Cerf. Aussi, elle ne lui laissa pas la primauté de rétorquer et se retourna vers son garde. « Filez au camp. L’on aura bien plus besoin de vous là-bas que je n’ai besoin de vous ici ».
« Votre Honneur, je ne saurais vous laisser seule dans... ».
« Assez ! Allez preste ! Je doute que son Excellence ne me laisse gambader seule au milieu des soldats ». Et à ses mots, non une œillade suppliciante, il s’inclina et retrouva son destrier. Tendant les rênes à sa propriétaire, le brave Alonnais s’en retourna dans un geste souple vers le campement. Au moins, ils étaient à présent seuls. Du moins, elle ne sentait plus peser les lourds regards sur eux : ils pourraient converser plus librement. L’occasion était d’ailleurs bellement montée pour qu’enfin elle mesure la bonne éducation de son amant : il s’approcha d’elle, courba le rachis afin l’enfiler sa patte dextre à l’étrier et, des deux mains posées contre les multitudes de tissus couvrant ses hanches, l’aida à se hisser en selle. Lui-même se dénicha un beau palefroi, une bête qu’il enfourcha sans mal. Elle l’imaginait bon cavalier. A vrai dire, cela lui plairait beaucoup : elle-même gouttait beaucoup des cavalcades dans les plaines de sa baronnie. Partager ces moments avec une aussi bonne compagnie ne pouvait rendre l’activité que meilleure.
« Le campement fut rondement monté, mais il n’en est pas démuni de quelques endroits attrayants ».
« Ah oui ? J’ai toujours trouver les sièges dénués de charme, peut-être parviendrez-vous à me prouver le contraire ». Elle mentait ; Alanya aimait à se perdre en contemplations inutiles. A Amblère, elle s’était même amusée à en écrire une chronique. Mais cela n’avait que peu d’importance. Ils passaient du temps ensemble.
« Si fait ! Attendez de voir la fosse aux dégueulements, derrière les carrioles des rafistoleurs vous en resterez pantoise ».
Elle esquissa une drôle de grimace mêlant le dégout de l’amusement. Elle ne le savait point prompt à ce genre de boutade, et au moins avait-il le mérite de détenir une curieuse version du romantisme. « Il me tarde tant que j’en trépigne d’impatience ». Et Louis mena la marche dans un trot cadencé, gardant seulement le nez de sa monture devant celle de sa compagne. A leur passage, des yeux s’élevaient et s’abaissaient sitôt reconnus : ici régnait un respect saint, que le Marquis avait mérité à force de faire démonstration de sa dévotion pour ses hommes. Elle-même en resta fascinée ; elle avait connu bien des contrées, mais jamais elle n’avait vu sur les visages d’hommes en guerre une telle camaraderie. Pour sûr, les Berthildois aimaient le Régent. Elle en resta coi, un peu pensive. Elle aussi était appréciée de la populace, mais point encore comme il l’était. Qu’est-ce que cet homme représentait pour eux ?  
Les astres du jour déclinaient pour laisser la place à la nuit, céleste et singulière. C’est alors que les derniers rayons diffusaient leur douce lumière orangée qu’il fit s’arrêter les chevaux tout près de la dernière tenture du campement. Non loin de là se tenait un petit bois duquel affluait et refluait quelques bonnes gens, les bras lourds de bois. Le spectacle était rendu d’autant plus beau par la lumière somptueuse de ce jour-là. Le printemps apportait toujours son lot de couleurs enchanteresses et ce soir ni coupait pas. « Regardez-les, n’est-ce pas fascinant d’y voir des hommes s’affairer à leurs besognes avec autant d’ardeur ? ». Pour sûr, la dévotion du Saint-Aimé pour ses soldats semblait sans commune mesure. Et il était vrai de voir ces gars se chamailler joyeusement. On entendait parfois l’éclat de leur rire.
« Cela me rend mélancolique ». Elle se tut un instant en flattant l’encolure de son destrier. « Regardez comme ils sont sereins… Combien d’entre eux reviendront de la campagne suderonne ? ».
« Rien n’est encore joué, ces gens du sud peuvent encore s’échapper de ce triste sort. Il n’en reste qu’à eux de faire preuve d’un peu de piété et de fidélité ».
Elle esquissa un bref rictus amusé, la mine pourtant toujours aussi triste. « Je connais assez le Brochant pour savoir que notre expédition se poursuivra au moins jusqu’à Diantra. Il ne pourra s’empêcher de défiler triomphant dans les rues de la capitale. C’est un homme vaniteux, et que les Cinq gardent bien celui qui froissera son égo, car celui-là subira son courroux ».
Quelque chose tira les traits du cervidé. « Si ce n’est que ça, je doute que nos hommes se courroucent à se pavaner dans les dédales de Diantra, à étancher leur soif sans retenue et à profiter de la vie comme s’il n’y avait point de lendemain. Pour sûr qu’ils fêteront la fin de cette quête, ils l’ont bien mérité et n’en tiendront certes par rigueur au Corbeau ».
« Allez donc les questionner messire. Questionnez-vous vous-même. Si l’on vous offrait la possibilité de retrouver votre foyer, cela ne vaudrait-il pas mieux que les rues de la capitale ? ».
Muet, Louis répondit du silence, lui signifiant que son raisonnement faisait plus de sens que le sien et qu'il ne valait guère mieux répondre d'avantage qu'un sourire conquis. À nouveau, elle venait de le battre et, c'est particulièrement cette aisance à le faire qui le charmait. Elle osa un sourire, s’assurant que personne ne les écoutait alors. Elle avait envie de partager un moment avec lui, sans fausseté. Mais Christabel n’était guère un lieu pour s’offrir la paix. « J’ai hésité à vous rejoindre, tout à l’heure ».
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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeDim 4 Fév 2018 - 3:40





« Et moi j'ai préféré que vous vous en teniez à l'écart, nous avons traité de sujets pour lesquels nos avis divergeaient. Des sujets auxquels je vous épargnerai l'impertinence. » Pour une fois unique, il avait menti et s'en était tenu au beau rôle, sans trahir sa supercherie d'une quelconque manière. La fermeture aussi sèche de ce chapitre toutefois, n’était en rien en ses habitudes. Parier qu’il y avait anguille sous roche ne serait d’ailleurs, point une mauvaise mise. Cette baffe involontaire qu’il administra à sa belle, lui fit froncer les traits afin qu’elle n’en affiche plus qu’un air boudeur. Pour autant qu’elle sache, elle dut se douter qu’il s’était frotté à un ennemi qui ne pouvait vaincre du glaive, que son caractère de chien avait à tous coup, éreinté son amant. Heureusement, elle ne lui en tint rigueur, mais ajouta tout de même d’un ton aigre :

« Vous semblez fatiguer Louis. Peut-être préféreriez-vous que je m'en aille ? » Pique allusive à son mécontentement qui tira sitôt un sourire désolé à la bouille du jeune Régent
« Croyez-vous seulement possible que j'entretiennes le désir de vous voir me quitter? Nenni! Maintenant que je vous ai, j’ai la ferme intention de vous garder à mes côtés, quoi qu’il m’en coûte! » Les mirettes de son amante glissèrent aux siennes –chose qu’elle s’était préservée de faire jusqu’alors.
« Cela me rassure, moi qui me suis démenée pour être libre jusqu'au prochain petit matin. » Par la Damedieu et toutes les autres putain de déité, venait-elle vraiment de jacter ce qu'il crut avoir entendu? Perché du haut de sa vingtaine d'année, en d'autres circonstances, il l'aurait céans arraché de son roussin pour la dérober aux yeux de tous et faire sienne jusqu'au jour prochain. En cette occasion précise, entouré de paires d’yeux curieuses et épieuses, seul un sourire un peu niais et amusé s'accrochait à ses joues.  

« Alors faisons bon usage de tout ce temps et poursuivons notre balade, voulez-vous? » Cette mimique expressive, le trahissant à tous coups, rappelait chaque fois son âge de jouvenceau. L’effet cependant y était au rendez-vous, car pour autant qu’il sache décrocher son attention de ses atouts féminins, les billes de son amante avaient retrouvé de leur lustre et brillaient de malice. Enfin elle retrouvait le jeune chevalier fringuant et enjoué qu'il était. Il était clair que cela faisait une belle partie de son charme.

« Bien mais pas question de fosse à dégueulement ! » S'amusa-t-elle avant de reprendre. « Où voulez-vous m'emmener ? »[/color]
« Là où quidam ne saurait nous importuner. » Répondit-il, tout en cinglant une claque monumentale la croupe de l’étalon de la Broissieux. Qu'elle s'en aille cavaler vers la foret au triple galop, tiens! Bien heureux fût celui qui lui appris à tenir à cheval car elle manqua de peu de se retrouver le fignard par terre. Et le cœur dut certes vouloir lui arracher de la poitrine, tant la frayeur fut vive! Quand bien même, elle ne put s'empêcher de s’esclaffer en talonnant le brave palefroi pour distancer le régent Berthildois, comme si elle devait gagner une compétition. Pour sûr, celle-là, elle ne la perdrait pas. Ce fût des lors la plus inopinée des courses à la mort, car Louis n'entendait pas trôner bon deuxième sur le podium. Ses talons harassaient les cotes de son canasson de sorte à tirer le meilleur de lui.  
« ALLEZ, DAH! » Son encouragement féroce n'avait guère seulement pour but d'enhardir sa monture, mais d'intimider sa compagne aussi. Les habitudes de la veuve aux victoires et son aversion pour la défaite ressortirent aussitôt, car elle n’en démordait guère et poursuivait la débandade sans jamais s’alentir. Au bout de la lice improvisée, se dressait en obstacle immuable, cette forêt dense qu'ils admiraient tout juste. Entre cette population de feuillus, seul un passage étroit marquait l'entrée unique de l'arrivée. Côte à côte, seul un des deux n'atteindrait l'arrivée en un morceau unique.

« Défilez-vous ma mie! » Hurla-t-il comme il le put. « On ne saurait me pardonner de vous avoir poussé au suicide! »
« Soyez galant Louis, vous serez bien brave ! » C'était un jeu, il n'avait pas à l'être. Et la galanterie se transformait en courage, car ces rocs faits de bois, seraient certainement la dernière chose qu'ils verraient si aucun des deux ne cédait. De l’évidence même, au dernier moment, voyant que la Broissieux n'avait d'idée de freiner, il le fit à sa place et lui octroya la victoire, avant de s'enfoncer dans cette forêt ou toute clarté peinait à subsister. D’une longueur d’avance, elle raidit sitôt la victoire atteinte, les commandes de son étalon afin de lui octroyer un nouveau souffle, de même qu’une cadence moins soutenue. Elle devait bien attendre son perdant de compétiteur!

« J'ai bien cru devoir ralentir... » Soutena-t-elle, le souffle également éprouvé par les émotions.
« Fîtes-vous preuve de confiance envers moi, de courage ou de folie ? » Calquant involontairement le même rythme qu’elle en sa voix.
« Sûrement un peu des trois à la fois. » À l'abri de tous regards, Louis sauta en bas de son équidé, puis s'approcha d'un pas posé de son homologue, serrant entre ses cinq doigts les brides dudit animal.

« Éloignons-nous encore un peu. » Tout à l'inverse de leur dernière course, celle-ci, lente et sereine, laissait place non seulement au repos, mais à l'intimité.
« Il n'est point d'instants en ces jours derniers, ou je n'ai songé au moment où je vous aurais à moi seul… » Elle sourit en lui réservant son entière attention.
« Il me plaît à l'entendre. J'aurais été bien triste de vous avoir lassé aussi tôt. » À cette heure, les derniers ouvriers avaient quittés et autours d'eux, la végétation semblait si saine, qu'on aurait cru qu'elle n'avait jamais été fourragée. Par tans, ils se retrouvèrent à marcher non loin d'un menu ruisseau dont le courant s’égouttait harmonieusement contre les rochers. Se retournant vers elle, il lui tendit la main afin qu'elle en fasse autant sur sa selle, qu'il puisse la guider jusqu'au sol. Elle lui facilita la tâche en se glissant avec douceur, lui laissant le soin de bien la soutenir le temps de sa chute. Ils étaient loin de tout le monde et la cohue du campement ne semblait plus qu'un lointain souvenir. Comme de jeunes adolescents, c'est privé du regard des autres qu'il en profita pour lui voler un premier baisé, doux et respectueux, promesse d'une soirée à laquelle elle n'était prête à oublier.

« Allons-nous asseoir. » La main tendue, le visage serein et avenant, fidèle à ses habitudes. Le ruisseau s'écoulait paisiblement, et si l'endroit n'aurait impressionné personne, elle lui trouvait pour le coup fort agréable. Rapprochés, ils marchèrent ainsi à proximité pendant un moment, longeant le petit ruisseau jusqu'à en arriver à sa toute fin, là où il se jeta dans un lac aux petites proportions, ceinturé d’arbustes et d’autres conifères.
« Si l'on me refusait votre main, je pense que c'est ici céans que je vous la subtiliserait aux yeux de tous. »

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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeJeu 8 Fév 2018 - 23:47


Elle souriait tendrement. L'engouement de son ami - de son amant ! - lui réchauffait le cœur. Elle oubliait alors à quel point elle fut néfaste, et s'accordait enfin même un instant de bonheur. « Promettez-moi que vous le ferez ». Elle l'avait soufflé, à peine dit, comme un espoir envolé vers les cimes du bois. L’innocence avait pris sa place suzeraine ; l’odeur de la sève mêlée à la musique de l’eau rendait le moment unique.
« Quand bien même fus-je obligé de m'enchaîner à la main d'une autre, que je ne saurais résister à l'emprise que vous avez à mon coeur. Icelui ne bat que pour une et je vous le dis céans, la chose en restera ainsi ». Il tâcha de la rapprocher de lui, profitant du moment pour simplement l'étreindre, la couver de se deux larges allonges. Pour autant, la réplique lui serra les entrailles. La Baronne ne l’aimait certes pas encore mais elle l’appréciait assez pour que l’imaginer dans la chaleur d’une autre lui déplaise. La bougresse n’aimait guère partager, et elle en devenait parfois farouche. Mais elle savait qu’elle n’avait guère son mot à dire là-dessus : il lui offrait tout sans concession et elle ne semblait même pas capable de lui en rendre le quart. Et puis ils étaient tous deux bien au fait que leur union ne dépendait plus d’eux à présent. Alanya entendait déjà l’horrible croassement. La chose ne serait pas aisée. Puis pourrait-elle vraiment oublier l’Anoszia ?
Lovée contre lui, elle écouta les battements de son cœur. Il était vivant lui, et il était sûrement temps pour la Baronne de dire au revoir à ses fantômes. « Louis... ». Elle n'osa pourtant pas continuer, préférant le silence et la magie du lieu l’emporter sur ses noires pensées.
Ses grandes pattes jouaient dans son dos jusqu’à s’arrêter à sa nuque, la lui massant tendrement. Il semblait aimer la protéger, l’enfouir sous sa montagne de muscles, l’étouffer dans la chaleur de ses bras ; et pouvait-elle s’en plaindre ? Elle qui toute sa vie avait fait front seule – même lors de son idylle avec l’Ydrilote – se trouvait bien plus soutenue qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. « Oui? ».
Elle leva les mirettes vers le grand cervidé, les laissant se fondre dans les siennes sans pudeur. Il était tellement sincère que cela lui faisait mal, comme si ses tripes se tordaient dans son ventre. Et elle qu’avait-elle à lui offrir en retour ? « Je crains de ne jamais pouvoir vous rendre un pareil dévouement... J'ai... ». Sa gorge se serra et les mots s'étranglèrent. « J'ai peur ».
Légèrement plus haut, il abaissa le menton afin de mieux y voir le brillement de ses mires. « Vous avez peur, vraiment ? Que peut effrayer la terrifiante Veuve Noire d'Alonna ? ». Soufflé certes à son oreille, il n’avait point oublié de ponctuer sa phrase d'une très légère touche d'humour. Elle n'aimait guère ce vilain sobriquet il le savait, mais cela rendait la question d'autant plus comique. Alors elle fronça les sourcils, peu heureuse qu'il emploi ce ton-là alors même qu'elle essayait de trouver les bons mots pour ne pas le faire fuir. Elle n’était après tout guère douée pour les déclarations et la sensiblerie, si le Faon ne prenait note lorsqu’elle baissait sa garde, il aurait bien du mal à entretenir son propre sentiment.
« De vous faire du mal ». Elle avait claqué ça sans plus d'hésitation, un peu irritée mais peut-être plus pour lui que pour elle. Elle détenait sur le bout des lèvres les mots qu’il attendait, néanmoins ces derniers restaient bien cramponnés, guère près à s’échapper.
« Vous vous en sentez capable ? ».
« J'ai déjà fait du tort et il semblerait que je sois incapable de me défaire de cette malice ». Elle soupira en s'extirpant de ses bras. «Vous l'avez dit vous-même : là où je passe ne subsiste que mort et désolation ».
Mais il en démordait pas et à l'instar d'un animal apeuré, il s'approcha avec grande précaution, sans dévier son regard du sien tout en cherchant à cueillir ses mains. « Avez-vous déjà songé que vous devez votre malheur à l'infortune ? Je vous le dis Alanya, je ne saurai vous faire défaut ; à mes côtés vous aurez la vie heureuse que vous méritez ».
Elle posa une main douce sur sa joue. « Je ne doute point de cela, car je sais à quel point vous êtes bon ; mais moi... Je ne vous apporterai que misère ».
« En êtes-vous persuadée ? Cela n'est pas l'impression que j'ai, si je me fis aux jours derniers ... Jamais ne me suis-je senti si léger ».
En vérité, elle était terrifiée de ressentir à nouveau ce qu'elle avait pu éprouver pour l'Ydrilote ; car elle avait beau le nier, le Saint-Aimé faisait naître en elle de profonds sentiments. Alors sans plus rien répondre de peur de se trahir, elle posa ses lèvres sur les siennes. C'était le mieux à faire, peut-être, que de fermer les yeux pour mieux lui ouvrir son cœur. Les doigts du chevalier conquirent sa joue pour en dégager quelques mèches sombres de son minois et ainsi, prolonger d'avantage leur étreinte nouvelle. Elle se garda bien de s'éloigner, profitant de leurs souffles qui se mêlaient, frissonnant sous ses la caresse tendre. Le sang du Saint-Aimé se réchauffait à belle allure, tandis qu'il la pressait contre son buste. Son front s’approchait du sien, s'y collant pratiquement, afin de lui souffler quelques mots en messe basse. « Ne me quittez plus ... ».
La respiration un peu secouée par l'étreinte, elle rouvrit des yeux brillants et envieux, tandis que sa main s'amusa à se glisser dans l'épaisse tignasse brune. Pour sûr, elle ne comptait pas bouger. « Ni maintenant, ni plus jamais ». C'était une promesse qu'elle lui faisait là, quand bien même il lui coutait de se lier davantage au bel homme. Elle ne souhaitait pas qu'il souffre, d'aucune manière mais c’était plus fort qu’elle. Non seulement il avait débarqué chez elle sans s’attendre à tomber dans la toile de l’Araignée, mais en plus il avait entraîné la malheureuse dans sa chute. Collés tous les deux sur les fils tendus, ils pouvaient bien se regarder comme deux imbéciles à présent. Le jeu semblait fini. Un sourire naquit au milieu de sa barbe, puis mourut aussitôt lorsqu'il revint à l'assaut de ses lèvres qu'il baisa avec suffisamment de passion pour la repousser vers l’arrière, jusqu'à ce qu'elle se bute contre un arbre et qu'une fois acculée, ne puisse s'en dérober. Elle n'avait plus guère le choix que de se plier - non sans une once de plaisir - aux avances du Berthildois. Leurs bouches jamais ne se séparaient de trop, préférant s'y mêler joyeusement pour partager une même respiration. Ses doigts s'étaient fermement accrochés à ses cheveux et trouvaient à présent la carrure de ses larges épaules puis son torse. Pour autant qu'il pouvait le laisser voir, la poigne de son amante, farouche et empreinte de passion, l'excitait franchement. Son bassin lui bloqua tout espoir de fuite, la pressant contre le pauvre pin, spectateur impuissant, tout en lui faisant le témoignage de son attirance envers elle. « Si je m'écoutais ... ». Il n'eut pas le courage de terminer sa phrase, le nez glissant le long de son oreille pour que ses lèvres viennent tatouer son cou de baisers humides.
L'écorce s'imprimait doucement dans son dos sans qu'elle ne put le sentir : c'était un autre tronc qui la préoccupait alors. Frémissant sous ses attentions maîtrisées, elle regretta bel et bien la chaleur du baiser enflammé. Ils avaient bien du mal à s'entretenir tous les deux sans que cela ne dévie promptement ; pourtant elle ne s'en plaignait pas, tout au contraire ! « Si vous vous écoutiez ?... ».
Louis était jeune et n'avait jusqu'alors, jamais épanoui sa sexualité ; il était un tout jeune homme apprenant les plaisirs de la chair! Or, oui, peut-être, parlait-il avec sa bite, mais qu'importe! Du moment qu'il en rendait une heureuse. « Je vous ferais mienne, ici, maintenant ». Buté contre ses primaux instincts, Louis en perdait pratiquement sa douce candeur, empoignant les deux mitaines de sa mie pour les presser innocemment contre le tronc d'arbre. Ah ça ! Il avait la fougue pour lui le jeune Cerf, mais l'aidait-elle à ce qu'il en soit autrement ? Elle-même n'avait découvert les plaisirs de l'amour qu'au travers d'une relation toute récente si l'on regardait ses nombreuses années de mariage. Peut-être n'était-elle point beaucoup plus expérimentée que lui en la matière finalement. Elle glissa ses doigts entre les siens et pressa doucement ses mains, approchant de nouveau ses lèvres des siennes pour y mêler leurs souffles brûlants. Ils étaient si proches... « Ce n'est pas prudent Louis... ».
« Étions-nous prudent, lorsque nous avons été dérangé par ce jeune impudent ? ». Elle ne sut rien répondre, et si le silence s’installa, il fut brisé peu après par la voix grave et envieuse de son comparse. « Aidez-moi à vous résister, aidez-moi à ne pas commettre l'irréparable ». Car ici, aucunes barrières de quelle sorte ne les préservaient de regards indiscrets. Alors les rumeurs se confirmeraient, et de rumeurs naîtrait un fait tangible.
La tension était si forte que cela devenait presque douloureux de ne point pouvoir goûter ces lippes offertes. Ils payeraient certainement très cher de leur fougue, mais comment parvenir à stopper la machine une fois celle-ci en pleine lancée ? « Je ne le peux... ». Elle essayait pourtant, s'armant de sa plus grande raison mais son cœur s'y refusait obstinément. Alors le compte était bon, plus rien n'allait. Leur destin en était désormais dans les mains de la chance, car il retourna à la charge de ses lèvres embrasées, glissant une main à son épaule, tout en infiltrant ses doigts sous les tissus. Une manœuvre destinée à faire chuter ses primes parures. Elle frissonna, essayant de réfléchir mais quelque peu distraite par son compagnon aventureux. Lui rendant un baiser brûlant, elle eut bien du mal à rompre une fois de plus l'étreinte de leurs bouches devenues orphelines. « Dans vos appartements ?... ». Alors qu'elle proposait une solution plus que censée au regard de la présente situation, elle retira sa chemise.
« Je serais bien mauvais gentilhomme à vous rapporter chez moi ainsi nippée ». Elle s'affairait déjà à défaire son ceinturon, n'ayant même pas pris la peine d'attendre la fin de sa réponse. Il était clair que de toute façon, ils ne seraient capables de bouger d'ici, ils n’en avaient d’ailleurs guère envie l’un comme l’autre. « Alors nous n'avons plus le choix... ».
Son mouvement étant empressé par l’envie, cherchant à lui déloger les épaules de ses entraves de tissus. Eut été qu'elle avait besoin de ces parures pour le retour, pour sûr qu'il les lui aurait arrachées de sur le dos. Elle se tortillait pour l'aider dans son œuvre mais galérait bien assez avec ses affaires à lui, s'énervant presque devant les tissus qui lui résistaient. Elle n'était pas patiente, c'était le moins que l'on pouvait en dire ! De beaux abrutis à ne savoir comment plus se dévêtir, la frustration leur ayant légué des mains pleines de pouces. Ils feraient sans : il abaissa son froc d'une pression suffisante pour donner un brin d'air a sa branche, puis la cacha sous cette foultitude de tissus, après que la baronne ait laissé choir sur le sol la culotte de monte qu’elle maudissait d’avoir enfilé plus tôt. « Je ne peux plus attendre ....
Heureuse qu'il en soit ainsi, elle frémit, se collant au mieux contre lui pour en ressentir chacun de ses muscles, frôlant de son bassin de sien qu'il avait savamment glissé sous les derniers tissus, rempart de sa pudeur. Elle demeurait étonnée qu'il n'ait jamais voulu de femme avant elle : il devait être un homme fort courtisé, et à raison ! Il était bien monté le bougre. D’un geste parfaitement exécuté, il se saisit d’une de ses cuisses pour la soutenir à hauteur de hanche, l’écartant légèrement pour ouvrir la voie. Son baiser s'en vit enhardi de plus belle, quittant le respect pour quelque chose de plus charnel et primitif, où les bonnes manières n'étaient pas au rendez-vous. « J'aimerai vous faire l'amour du matin au soir Alanya ....
Par les Cinq ! La rousse avait fait un sacré bon travail car il n'était en rien le garçon hésitant qu'elle avait rencontré à Alonna. Ici, il semblait prompt à prendre ce qui lui était dû. « J'aimerai que vous le fassiez, Louis ». Et comme pour sceller tout ça, elle frôla de son antre le vît bien droit.
À embêter le serpent, on finit par s'y faire mordre. L'aguicheuse se fit promptement pincée, car pendant qu'elle roula les hanches pour l'agacer, il se saisit de l'opportunité pour pénétrer ses dernières défenses d'un coup de rein ambitieux. Ses yeux s'amarrèrent aux siens de sorte à ne plus les quitter, se régalant de chacune de ses mimiques faciales, au moment où il entama ses langoureuses allées et venues. Elle gémit un peu, non pas trop surprise mais l'excitation avait joué son rôle : la tension s'altéra un peu à la faveur de ses mouvements. Elle s'engageait à les suivre tant que possible mais la position n'était pas des plus confortable. Cela lui importait peu cela dit. Elle n'aurait guère toléré qu'il s'en aille de sitôt. Le muscle de son bras se tendait, à force de soutenir son gigot dans les airs, mais n'en démordait pas pour autant. Elle divaguait sur son corps, se perdant dans les sillons de ses muscles tendus par l'effort. La baronne peinait à reprendre son souffle sous ses assauts et pourtant, elle avait envie de plus ; elle avait envie de lui. Qui était l’idiot qui un jour avait vanté les mérites de la baise en pleine nature ? Car elle aurait aimé lui toucher deux mots à ce saligaud ! Si le plaisir était de mise, il n’était toutefois pas encore assez grand pour lui faire oublier les douloureux frottement de ses reins, de ses épaules et de son dos contre le bois rêche. Alors bientôt, dans un mouvement autoritaire mais patient – il ne fallait tout de même pas abîmer son jouet -, elle le repoussa et d’un geste, le regard perçant, lui intima de s’allonger. Il avait beau être l’homme ici, aucun sinon un fou n’aurait osé lui tenir tête. Elle s’était libérée de quelques entraves, et même si elle n’avait aucune foutre idée de ce qui était en train de se passer, elle n’hésitait pas.

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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeVen 9 Fév 2018 - 22:14




À ce stade, toute empathie lui semblait vaine, à jouer du bélier contre son pont-levis. Se souciait-il seulement de la pauvresse qui tatouait son dos d’écorchures contre l’écorce, de son gigot enclin à l’engourdissement ou même de son ventre plat compressé par son corset? Certes point et, de toute façon, comment aurait-il su, enivré de la sorte? Heureusement, son amante n’était point amatrice de silence et se dressa de sorte à repousser son assaillant, le repoussant d’une main à ses pectoraux. Un regard intrigué, voir même incertain, se dessina sur le minois du régent, mais n’en pipa mot pour autant. L’araignée l’avait poussé de sa toile pour qu’il en tombe dans une autre, plus adhésive et dont enfin, elle pourrait jouir à sa guise de sa proie. Ses griffes s’immiscèrent à son col pour mieux le diriger près du ruisseau, où elle lui ordonna d’une œillade vers le sol de s’y allonger. À ce stade, eusse-elle exigé de lui qu’il s’étende sur un lit de braise ou de poignard, qu’il l’aurait fait céans! Plutôt, c’était un sol tout à fait humide, dont quelques cailloux ponctuaient la surface au travers les cadavres de certains rameaux concassés. Bref, une couche inconfortable à souhait, mais dont le décor lui fit prestement oublier ses maux de dos en devenir.

 Se retrouvant sur ses coudes, quelques secondes suffirent pour que sa prédatrice passe en monte complète, les genoux de parts et d’autres de son bassin. De cette position, ils ne pouvaient tous deux que mieux profiter des vues offertes : lui désormais ventre nu et queue au vent, elle croupe à l’air et corset bien resserré à la taille. Grand mal lui était de ne pouvoir totalement jouir de ce paysage à couper le souffle! Les montagnes ainsi couvertes de leur bonnet le laissait en appétit, mais la coquine n’en était pas moins excitante, que non !

Voilà qu’ils s’unissaient pour une fois seconde, mais d’ores et déjà devait-il avouer qu’il ressentait certaines barrières vaincues ; comme celle d’une gêne certaine qui tenait au loin la grande indécence! Leurs baisés n’avaient plus rien de ceux de la cours, dont les gentilshommes s’affairaient à offrir à leur donzelles, du bout des lèvres! Presque à s’en manger la langue mutuellement, à se saisir le visage comme s’il le leur appartenait, à inspirer si fort qu’ils sauraient se souvenir pendant des lustres le parfum de cette soirée ardente...

À l’instar du félin qu’elle était devenue, sa prédatrice cambra le creux de ses reins pour mieux s’empaler sur lui, non sans en laisser briller l’un de ses sourires les plus malicieux. Et pauvre de Louis, néophyte en la matière, en semblait si subjugué par la vue ainsi que cette par cette capiteuse sensation, qu’il ne savait plus même quoi faire. Ses yeux perdaient le focus, s’éparpillant d’abord en ses mires brillantes, puis à sa poitrine emprisonnées, passant par ses cuissots et son bas ventre libéré de toute entrave. S’il ne sut quoi admirer, tant empressé par l’émotion, ses mains elles, s’affairaient à se positionner contre cette chair offerte à lui. À peine eurent-elles le loisir de palper, qu’elles se butèrent contre les deux menottes Alonnaise, griffues et inquisitrices. D’un feulement discret, et non moins empreint d’amusement, elle les placarda contre le sol, de chaque côté de son crâne. Chercha-t-il à se débattre ? Un peu tout de même, mais sans plus ; elle voulait abuser de lui et il ne serait pas l’homme qui s’y plaindrait! Que lui restait-il, alors?

Ses hanches roulèrent à même cadence qu’elle, mais encore une fois, elle régnait en reine et ne désirait se faire commander. Voilà pourquoi elle resserra ses genoux le long de ses côtes, de sorte à lui faire comprendre de rester immobile, s’il cherchait à ne pas subir la morsure de l’araignée. Et à défaut d’être douloureuse, il s’imaginât qu’elle serait désagréable à outrance, la conséquence d’une rébellion envers ces commandements.  

Elle était enfin reine, chevauchant son régent à son bon plaisir, choisissant et de la cadence, et de la position qui lui plaisait le mieux. Aurait-elle désiré que cela dure pendant des heures, qu’elle en aurait eu le droit! Aurait-il su résister si longtemps, alors qu’à peine venaient-ils d’aborder cette position, que ses doigts se crispaient sur ceux de sa tortionnaire, tant l’envie le torturait ?

Il la fixait désormais dans les yeux, aussi passionnément qu’au départ, mais cette fois-ci, il savait. Il savait qu’il la marierait, qu’il lui ferait des petits, mais surtout, qu’il en ferait sa reine.


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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeSam 10 Fév 2018 - 18:42

La candeur qu’il lui avait un jour connu avait laissé place à sa véritable nature. L’Araignée s’était défaite peu à peu de la tristesse et de la honte qui l’avait accablée jusqu’alors ; elle n’avait été que l’ombre d’elle-même. Cette idylle – cet homme – lui faisait redécouvrir non seulement ce corps à l’abandon mais son âme enflammée. Elle était lasse de paraître si diminuée, lasse d’être traitée comme un poids. Même Aymeric avait cessé de faire semblant, et les seigneurs de sa terre s’étaient aiguisés les dents. Son absence devait bien les ravir ceux-là ! Mais assez, assez de demeurer fantôme quand tous avaient besoin d’une vraie suzeraine. Elle serait à la fois forte pour son peuple mais aussi pour lui. Plongeant des mirettes résignées dans le fond azuré des siens, elle ne sentit même pas une larme lentement se frayer un chemin sur sa joue. Elle aurait aimé le rassurer d’un sourire tendre, d’une caresse délicate mais la Broissieux n’y parvint tout à fait. Le Berthildois avait réveillé sa flamme, longtemps étouffée par les remords et l’impuissance. Sans qu’il ne s’en rende compte il lui avait donné une nouvelle raison de se battre, de poursuivre ce combat qu’elle n’était même pas capable d’identifier. « Louis… ». Une énième promesse murmurée qui s’envolait dans le clapotis de l’eau et pourtant elle n’avait pas la même saveur que les précédente. Rarement elle avait offert son cœur et son âme – à une cause ou à un homme – et le preux se voyait bien pourvut à présent.

Elle ne prenait même plus garde à ce qu’elle faisait. Bougeant presque intuitivement, elle ne pensait plus qu’au sourire angélique du Saint-Aimé. Ses démons s’étaient effacés, et même la voix de l’Ydrilote ne résonnait plus ; il ne restait qu’eux dans ce sous-bois accoté par la rivière scintillante. Parfois, ses lèvres s’entrouvraient pour laisser s’enfuir un gémissement de plaisir. Il n’y avait plus de barrière entre eux, et si elle n’osa se l’avouer, le bel homme avait réussi à briser la coquille dure de ses sentiments, écaillant sa fierté, éminçant ses principes. Qui aurait pu se douter que le petit faon aurait raison de la forteresse Alonnaise ? Lui qui avait débarqué comme un enfant avait su se montrer peu à peu homme ; elle n’en doutait plus alors qu’ils s’unissaient. Pour autant il restait en lui quelques faiblesse d’adolescent, des doutes d’inexpérience qu’elle aurait aimé effacer. Elle ne voulait plus qu’il hésite, elle ne souhaitait plus qu’il tergiverse. Il était brave, et elle saurait lui insuffler la volonté pour qu’il se saisisse de tout ce dont il désirait céans, sans attendre l’accord ou l’approbation de quiconque. Alanya voulait le faire grandir – non ! En vérité, elle ne voulait que lui faire prendre conscience de sa force, lui qui ne voyait que ses faiblesses. C’était un Cerf, et un cerf bien fait qui ne devait plus ployer pour convaincre, qui n’avait plus à plaire pour se faire obéir. Il avait le monde à porter de main, et elle l’aiderait à l’atteindre.

Elle placardait ses lèvres et son cou de baisers tantôt tendres tantôt fougueux. Ses hanches alternaient entre des cercles puis des vas et viens. Même la vitesse semblait fluctuer selon les envies impétueuses de la baronne. Elle menait la danse de leurs corps emboités et veillait comme une louve aux moindres mimiques de son amant. Elle s’amusait à le faire monter pour mieux le tenir en haleine, retenant au dernier instant tous ses mouvements pour le frustrer. Le jeu aurait pu durer une heure, sinon plus ! Elle aimait à le torturer ainsi – à se torturer aussi, car plusieurs fois elle fût à deux doigts de l’implosion sans jamais parvenir à atteindre le divin instant. Elle était impératrice, posée sur son corps offert, s’imposant à lui, l’assiégeant comme on assiégeait présentement Chrystabel. Il était sa cité, et elle s’acharnerait autant qu’elle le pourrait pour faire céder jusqu’à la dernière muraille.
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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeDim 11 Fév 2018 - 4:14





Les dangers de leur union si ouvertement exposée semblaient si futiles, lorsqu’il se perdait dans le lusté de son regard aimant. À l’admirer de la sorte, tandis qu’icelle disposait de son corps comme si elle en était l’unique propriétaire, il eut l’impression, l’espace d’un court instant, qu’enfin elle avait tourné dos à ses démons du cœur. Des yeux, il crut même apercevoir se soulever ce même cœur, qui autrefois jamais n’aurait tambouriné pour lui –enlisé jadis par d’odieux souvenirs-. Ou divaguait-il, à s’imaginer sa belle s’amouracher de lui un instant ? Le fourvoiement fort envisageable sous cet élan passionnel et charnel, lui embrouillait peut-être la vue. Pour l’heure, seule la poitrine de son amante lui empêchait d’admirer d’avantage le creux de ses yeux, car la belle s’était arc-bouté le creux des reins pour qu’il puisse au moins, faire usage de ses lèvres nouvellement esseulées. Elle n’eut point à se faire prier ; car à peine lui présentait-elle quelque chose à se mettre sous la dent, qu’il en embrassa de plus belle ces monts pointant arrogamment de plaisir. Sut-il les mordiller du bout des dents, comme on le ferait à quelqu’un qu’on ne désire meurtrir, pour mieux les cajoler de la langue en humides léchouilles.

Posé, réfléchit, il l’était normalement. Raisonné et avisé, assurément! Mais la donne changeait et s’il s’était volontairement joint à ce petit jeu, lui laissant pleinement jouir de son nouveau statu de reine tyran, sa raison était désormais mise à forte épreuve. Pour preuve, la danseuse lascive pouvait s’apercevoir que ses menottes commençaient à se compresser des pattes qu’elles retenaient. Son rythme cadencé à son bon vouloir se percuta contre un obstacle de taille ; un coup de rein soudain, l’exhortant avec verve à l’accélération. Ses épaules gigotaient légèrement et son souffle, emballé tout comme le sien, présageait qu’il flancherait plus tôt que tard. Pour autant qu’il sut le voir, la bougresse s’amusait de plus belle de son jeu ; voilà tel qu’elle le voulait, libre de toutes craintes, laissant pleine latitude à ses désirs les plus profonds et primaux. Serait-elle servante d’Arcam, qu’il ne s’en serait guère étonné.


« Vous me rendez complètement fol, Alanya … » Trouva-t-il la force de balbutier, au travers quelques grognements étouffés, mais ô combien satisfaits. Voyait-elle son amant pour la première fois souffrir le martyr en sa présence? Cette doucereuse torture, en d'autres lieux, aurait pu perdurer jusqu'à ce qu'elle s'en lasse! Ici, sous le couvert du bois, où s'épanouissait ce jeune couple dont l'un n'avait que peu de contrôle sur sa juvénile libido et ou seul sa bonne volonté lui servait d'entraves aux mouvements ; la donne changeait.

Il broya de ses dix doigts ses entraves, resserrant dans ses paumes les mitaines de son amante de sorte à lui faire bien comprendre que son règne achevait. Son bras dextre fila en douce et se contracta au dos de sa sulfureuse ballerine, afin de rapprocher leurs deux corps comme s’ils ne faisaient plus qu’un. C’est en seconde qu’on pouvait compter le temps qu’il prit pour retourner conquérir ce qui lui revenait de droit, baisant ses lèvres comme s’ils devaient le faire pour une seule fois unique, avant d’y laisser la peau. D’un coup d’œil, le cerf se faisait bellement monté et dominé par sa prédatrice ; mais il n’en était plus rien désormais. À lui maintenant de dicter la cadence qu’il désirait et celle qu’il encourageait, était nettement plus prononcée! Le voilà qu’il la rudoyait du bassin, la travaillant avec un empressement des plus exagéré, tant la fièvre s’était emparé de sa raison. Au diable les marques profondes de tous ces cailloux à son dos et les souillures empreintes à ses défroques!

La scène n’avait plus rien d’érotique, ni même d’amoureux ; mais avait tout l’air d’un combat féroce entre deux animaux qui ne vivaient désormais que l’un pour l’autre. Au final, l’endroit était bel et bien beau, pour lui faire un enfant, se dit-il …



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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeMar 20 Fév 2018 - 22:12


L’ultime rayon chatoya à travers les épais branchages. Sa lueur rougeâtre s’éteignit sur la couche de mousse, dernière caresse tendre d’un jour que l’on aurait voulu infini. Et par sa dernière déclaration flamboyante, le soleil tirait sa révérence pour une dame Nuit plus fraîche et aux ombres austères. Les cimes s’étendaient alors peu à peu sur le plancher, étirant de long doigts sombres qui chatouillaient même les corps enlacés. L’air lui-même s’était tût, laissant place à l’étrange silence du soir où trônerait étincelante la pâle lumière. Car la lune était fière et arrogante, couvant de son regard blanc les âmes égarées. Et pourtant, telle une mère, elle était le berceau du sommeil le plus profond et le plus doux : un astre qui luisait en tout point comme la Baronne à ce moment-là. Si le jour touchait à sa fin, ils restaient aux amants encore deux belles heures de lumière ; assez en somme pour que l’éclat cristallin du Faucon ne ternisse face à sa rivale. Entremêlés, ils arrivèrent après de longues minutes d’une bataille que l’on n’aurait voulu voir se finir, à bout de leurs forces. Le chevalier cessa ses convulsions erratiques et elle poussa un dernier soupir avant de se laisser choir au sol. Ils étaient bien beaux là, suant et crottés de boue ! Le souffle saccadé semblait pourtant satisfait : ni l’un ni l’autre n’était prêt à reprendre les hostilités de sitôt et cela rassura quelque peu la Broissieux ; elle connaissait l’appétit des hommes découvrant la chose et elle n’aurait su donner plus qu’à présent. Il l’usait déjà bien assez comme ça. Glissant un regard vers le gaillard repu, elle ne put s’empêcher de sourire. Il aurait bien du mal à tromper ses hommes sur leur sortie, s’il en revenait tout salit comme ça. « Ce sera bien amusant de vous voir essayer de faire bonne figure avec un pareil accoutrement ».
« Je leur dirai la vérite ; qu’un fauve m’a sauvagement attaqué et que j’ai dû donner le meilleur de moi pour le convaincre de me laisser ».
Elle rit un instant. Voilà qu’elle le trouvait bien taquin ; un trait d’humour qu’elle appréciait mais que la timidité du jeune homme rendait rare. «Il est vrai que vous vous êtes bien défendu. Me voilà même un peu perplexe ». Pour sûr, ils sauraient occupés la nuit entière plus joyeusement encore : c’était là un des bien fait de leur relation. Il s’agissait d’un instant hors du temps où même le siège n’existait plus. Tout ici-bas semblait leur appartenir, pour peu qu’ils tendent la main.
« Dîtes-moi tout, je vous en prie ! ». S’il caressait distraitement son épaule dénudée, le ton avait quant à lui changé, bien qu’il resta assez léger pour que ni l’un ni l’autre ne se préoccupe de trop. Elle observa néanmoins son minois, une malice au fond des yeux qui semblaient chercher une marque invisible.
«Oui-da votre Excellence. Je me questionne : est-ce votre prime tutrice qui fût particulièrement bonne – et vous un élève tout aussi attentif ? Ou bien êtes-vous possédé par un esprit savant en la matière qui aurait tôt fait disparaitre l’enfant que j’eus connu ? ».
Voilà une question rondement formulée, pour un moment si tendre. Il prit tout de même un moment pour répondre, un sourire flottant sur son visage serein, comme incapable de s'agacer de ses moqueries. «Une session instructive, mais qui manquait de fond! Au final, vous êtes la principale responsable de mon succès; à votre approche je ne réponds plus de raison, mais d'instinct ».
Le visage d’Alanya était tout oréolé de complicité, et ses mimiques vives trahissaient déjà la réplique taquine qu’elle s’apprêtait à formuler : «Alors, qui de vous ou de moi est réellement la bête que vous décriviez plus tôt ? ». Un bref baiser sur ses lèvres fût déposé avant qu’elle ne se glisse un peu plus contre son torse nu.
« Je ne sais – bien qu’encore je me considère comme votre proie… N’ai-je jamais été capable de gagner contre vous ? »
Un sourire carnassier naquit sur ses lippes, se redressant un peu. «Nous pourrions tenter de résoudre cette épineuse interrogation ». Elle prit une minute pour réfléchir à un jeu qui saurait les différencier, peu soucieuse de l'avis de son partenaire : il ne pouvait pas lui refuser ça tout de même.
Et l’annonce le détourna même de son attitude sereine de jusqu’alors. Ses doigts cessèrent leurs caresses, les yeux planqués en sa direction. «Maintenant ? »
« Avez-vous peur de perdre ? ». Elle aimait à le bousculer un peu. Ils étaient comme des enfants, à ceci près que ce n'était pas pour s'échanger quelques baisers dans le foin qu'ils s'éclipsaient. Elle pinçait un peu son égo, assez pour qu’il perde le sourire.
« Adonc ! Vous me croyez mauvais perdant ! Qu’ai-je donc à gagner à ce jeu, ma mie ? »
«Eh bien ! Voici ce que je vous propose : nous aurons tour à tour à répondre à une question de l'autre, puis la fois d'après chacun donnera un gage à faire. Le premier de nous deux qui refuse devra se plier aux volontés de l'autre sans discuter toute une journée ». Là, nul doute : ils n'avaient pas plus de dix ans.
«Vous aurez gros à perdre, car je n'ai que peu, sinon rien à vous cacher. Mais allons, soit! Commencez, pour voir ».
C'était bien mal connaître l'Araignée. Peu encline à la défaite, elle allait très certainement le mettre en fâcheuse posture dès le début. « Voyons... Si vous étiez une femme, quel grand noble auriez-vous pris pour amant ? ». Son rictus s'étira jusqu'à ses oreilles.
« Est-ce le genre de question dont les femmes discutent entres-elles ? Alors je dirais, Lothaire de Ronceroc, car les autres m'apparaissent comme bien piètres amants! ». Il s'était esquivé de la première boutade, mais le pire restait à venir, il le savait. «À mon tour. Devenue ma femme, quelle première grande décision prendriez-vous à Sainte-Berthilde? ».
Elle sourit, ravie de constater que le régent Berthildois se prenait au jeu. « Je ne côtoie que peu de femmes, mais ne criez pas victoire, je vous ménageais encore ». Elle pris ensuite le temps de réfléchir à sa question. A vrai dire, elle avait déjà une idée. «L'établissement de l'Université du Nord, tel que votre mère - et moi-même - avions convenu. Cela vous paraît-il censé ? ».
La rusée, non seulement contente de participer au jeu, elle trouvait moyen de l'attendrir de belle façon! «Et ainsi vous sauriez conquérir le cœur de mes gens ». Et pour la récompenser de son bel ouvrage, il granit le coin de sa bouche d’un chaste baiser. Pour sûr, ce geste la fit chavirer tout à fait.
« Je ne souhaite conquérir que le vôtre. Mais allons ! Puisque c'est au tour du gage, et que je vous trouve fort sale, allez donc faire un tour dans la rivière ! ».
« Et ce fauve m’aura pourri jusqu’à la fin, morbleu ! ». Il se détacha non sans peine d’elle mais sans toutefois détacher son regard bleu du sein. Un lien parfait qui ne l’empêcha pas de glousser d’impatience tandis qu’il s’approchait de l’eau claire. A le voir ainsi s’adonner à quelques jeux enfantins, se pliant sans demander son reste aux volontés de la belle, elle sût. Il ferait bien n’importe
Elle rit pleine à le voir ainsi, bien contente de son petit manège. « Ne soyez pas mauvais joueur Louis, cessez de jurer !   Je suis sûre que vous n'aviez pas pris pareil bain depuis un long moment ». Le félin détrempé tâcha une fois couvert de la risée, de sortir de l'eau pour s'ébouriffer près d'elle. N'est-ce la point le reflex de ceux qui étaient forcés aux bains?
« Je peine à savoir si je saurais vous refuser quoi que ce soit, maintenant que j'ai fait ceci ». Il le dit à la blague, observant aux alentours pour prendre décision sur sa tâche à elle. « Grimpez a cet arbre. Et sautez ».
Elle tenta vainement d'esquiver les gouttelettes froides, avant d'observer le vieil arbre duquel elle devait se jeter. La plante peu avenante lui tira une petite moue déconfite. « Ainsi donc messire, vous souhaitez me rompre le cou avant les fiançailles. Voilà une drôle de galanterie ! ».
« N'ai-je point mériter un tant soit peu de votre confiance? J'ai là des bras prompts à vous rattraper ».
« Bien, bien. Si l'on ne retrouve que mon corps sans vie, tout le monde saura de toute manière à qui imputer la faute ». Et à ses mots, cachant un vague sourire sur ses lèvres, elle attrapa son pantalon pour se refroquer en vitesse avant d'affronter le bois. Si la belle avait le mal de mer, il n'en était rien quant au vertige. Crapahuter lui rappeler son enfance au flanc de la montagne, et c'est non sans mal qu'elle parvint - s'écorchant les mains - à la première branche. « Vous êtes sûr de vous Louis ? ».
L'idée lui sembla tout à coup moins amusante, à lui comme à elle. Si jamais elle lui glissait des mains ? C’est bien malheureuse que finirait leur aventure, Louis ne se pardonnant certainement jamais et elle, bien trop fière pour accepter de le revoir après ça. « Allez-y!, je vous dis! ». Heureusement, elle devait être à deux mètre du sol tout au plus mais l'idée ne l'enchantait guère mais finalement, contractant ses muscles, elle se laissa glisser de son perchoir en fermant les yeux. On ne peut dire que comme dans les comtes chevaleresque la réception fut des plus moelleuse, mais il y parvint quand même totalement, l'accueillant dans ses bras calleux tout en la pressant contre son poitrail. Elle crut bien sa dernière heure arriver et finalement lâcha un long soupir soulagé quand les deux pattes au sol, elle se retrouvait dans ses bras.
« Vous savez je vous rendrai cet instant au centuple ? ».
« Je ne le sais que trop bien », dit-il, le menton légèrement penché vers elle, tout sourire, à la mouiller de ses cheveux toujours humides ainsi que de sa barbe.
« Bon... Alors dîtes-moi, qui a bien pu convoiter ce joli minois ? ». Elle tournait son visage vers lui, curieuse d'en apprendre plus sur le jeune régent. La question tout de suite lui déforma le visage tout en arquant les sourcils d'incertitude.
« C'est-à-dire? ».
« Eh bien ! Ne me dîtes pas qu'aucune dame ne vous a un jour voulu pour elle, je ne vous croirez pas ! ».
« Ma vie amoureuse, mieux qu'aucune autre vous la connaissez de long en large, non? ». Ils avaient suffisamment abordé la question en Alonna pour que l'Araignée en sache tous les détours de la question. Quand même, quelque chose d'incertain flottait dans sa voix, dans son regard. Mauvais menteur, toujours il allait le rester. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle fronça les sourcils, peu convaincue.
« Je ne vous parle pas de vos expériences Louis. Mais ne me dîtes pas que vous n'avez jamais été courtisé. Vous êtes jeune et l'un des plus puissants seigneurs du Nord... Allons, vous refusez ma question ? ».
« Non! Ce n'est pas le but, je vous assure ... ». Il ne s'en sortirait pas, il le savait. Sans le torturer, elle était à même de lui soutirer n'importe laquelle des informations si elle en montrait le désir. « C'est que ... », il hésita. « On m'a en effet courtisé, une fois. Récemment ».
Elle se recula légèrement pour mieux apercevoir ses traits préoccupés. Pour ne point l'inquiéter, elle lui offrit un petit sourire encourageant et une caresse tendre. « Récemment ? Vous ne m'avez pourtant rien dit ».
Ses yeux firent le témoignage de sa franche sincérité. De toute manière, elle le savait, de mensonge il en était incapable. « Car cette attention qu'on me fit n'avait aucune signification, sinon le témoignage d'un amour flétri par ma faute ».
« Et en cela, je vous fais pleinement confiance. Mais allons ! Si vous ne souhaitez pas m'en dire plus, je ne vous voudrez pas. C'est donc à votre tour ».
À ce point, il ne savait si elle l'avait manipulé pour arriver à ses fins, mais il avait l'irrésistible envie de se livrer. D'alléger sa conscience, de lui faire gage de son affection : il était bien prêt à tout lui dire, si le lui demandait. « C'était Aliénor. De Wenden. Elle m'a embrassé, à Velteroc ».
Elle resta silencieuse à la nouvelle, essayant de cacher au mieux son ennui. Elle n'aimait guère partager. Et pourtant une sourde vérité lui revenait en face : son amour le menait à agir inconsidérément. Comment avait-il pu refuser la tendresse d’une autre – qui lui était toute dévouée ? Plus encore, Aliénor, la cadette de Roderik était une alliance profitable pour le Berthildois, et comme s’il n’avait même pas pris la peine d’y réfléchir, il avait balayé tout espoir de ce côté-ci. « Votre vassale ? ».
« Celle-là même ... ».
« Voilà une rivale inattendue... Vous savez Louis, vous auriez tout à gagner avec la jeune Aretane… ».
« Ne la considérez pas comme tel, Alanya ... Je me suis assuré qu'elle ne réitère plus ces preuves d'affection ... ». Le ton évasif laissait croire qu'en ceci non plus, il n'en tirait aucune fierté.
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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé]   Un coup de théâtre [Louis de Saint-Aimé] I_icon_minitimeMer 21 Fév 2018 - 15:10





« Comment aurais-je su donner suite à cet amour, alors que j'y ai laissé une partie de moi en Alonna ? » Louis avait cette aisance à s’exprimer de la sorte, à faire l’étalage de ses sentiments les plus profonds. Et ce talent chaque fois, confirmait que ce sentiment lui avait bel et bien procuré une cécité totale envers son devoir de régent et de prochain marquis. Ses paroles lancées aussi poétiquement cherchèrent à conquérir sa belle. Plutôt, ses sourcils se froncèrent soudainement et plutôt qu’amante, elle arbora le chapeau de tutrice, prompt à la réprimande. Elle lui tapota la caboche d’un index, comme pour lui faire comprendre un point qui lui échappait encore.

« En vous servant de ceci, par Othar ! Ne vous a-t-on rien enseigné ? Une alliance avec Arétria vous aurez été bien plus profitable - et bien moins inconfortable - que la situation dans laquelle nous nous sommes empêtrée » Les illusions ne berçaient point aussi confortablement la Baronne, qu’elles le firent pour le régent, se dit-il. N’avait-elle point conscience que tout cela n’était point inconnu au cerf, qu’il avait embrassé une décision finale à ce propos, s’y tenant désormais jusqu’au bout ?

« La question du devoir n'a-t-elle point suffisamment été soulevée de long en large? Feu mon père s'est évertué toute sa vie à m'enseigner la droiture et le devoir d'un noble, mais il s'est bien gardé de m'expliquer les dangers de l'amour. Il m'importe désormais que d'être à vos côtés, Alanya ... Est-ce si difficile pour vous de le concevoir? » Il la déposa enfin, sans nécessairement lui rendre sa liberté : ses deux bras la tenait contre lui, tout près, prisonnière de ses deux imposantes entraves. Au moins, sa réplique réussit à la dérider légèrement, laissant planer sur ses lippes un vague sourire.

« Non que je m'en plaigne, tendre Louis... Vos sentiments à mon encontre me font sentir vivante et pourtant, je ne peux cesser de m'en vouloir ; Jamais - entendez-le - jamais ! je n'ai voulu vous détourner de vos devoirs. Il me déplaît de constater les sacrifices que vous faîtes, alors que moi-même je n'en fait aucun » Louis inspira profondément, alors qu'il la pressa un peu plus contre lui pour tenter de la rassurer.

« Qu'est-ce que les alliances, si ce n'est qu'une lutte au pouvoir à laquelle seule la richesse de terres et d'or, n'est à la clé? À ce jour, le seul sacrifice que j'ai fait, c'est celui de tenir secret notre liaison. Certes un sacrifice, car je me meurs à petit feu d'envie de m'afficher avec vous à mes côtés ; que tous sachent qu'un cœur peut aimer. Véritablement. » Elle soupira, embrassa du bout des lèvres son cou offert. Un bien maigre réconfort mais elle s'en contenterait : après tout, c'était déjà beaucoup plus qu'ils n'auraient dû.

« Vous le savez comme moi : il n'est point prudent de nous montrer tant que le Corbac - maudit soit-il - ne nous accorde sa bénédiction. Ma mauvaise presse aurait tôt fait de vous entacher durablement et cela remettrait peut-être en cause jusqu'à votre titre. » Louis redressa le menton cette fois, point pour lui offrir plus de peau à couvrir des lèvres, mais pour masquer la tension qu'il avait à la mâchoire. Ce qu’il avait dans la gorge, cette vérité tapie dans le secret qu’il s’était gardé de lui livrer, venait de poindre comme une fatalité. Il se souvint des mots qu’elle avait employé à Alonna, du sens qu’il leur avait accordé … Et cet échec, cuisant et douloureux, qu’il avait obtenu au détour d’un entretien avec son homologue, terrorisait le cerf à l’idée de devoir avouer à son amante. Avant qu’il ne tarde trop, il devait parler.

« Alanya ... Un jour, vous m'avez promis acquiescer au mariage, si le marquis en faisait autant ... Cette promesse vous est fraîche à l’esprit, n’est-ce pas? » Sa voix semblait tout autre à présent ; lourde et serrée par un poids qui devait être bien inconnu de sa belle. À tous les coups inquiète de la tournure de son phrasé, elle fit un pas de recule, le visage cette fois peu avenant, ce qui à priori n’arrivait qu’en rares occasions lorsqu’en présence du Saint-Aimé. Elle retrouvait son air dur et ses mirettes grises tentaient de percer son âme.

« Il est vrai. »

« Moi qui désirait aborder la question avec le marquis une fois la guerre terminée, je dois vous avouer que la chose s'est déroulée tout autrement ... Il m'a pris de court, étalant ses doutes quant à notre liaison et bien qu'il accepta notre fréquentation, s'est montré aussi fermé que Chrystabelle en ce qui attrait la possibilité de notre mariage ... Je ... » Louis semblait pour le coup bien désarçonné, peu enclin à la découverte des mots justes, à cet entrain qui illuminait toujours son visage. Seule planait la défaite ainsi que la déception, sur ses traits désolés. « Je n'ai su le convaincre, Alanya ... » Il vit sa mâchoire légèrement se crisper et dans un geste qui se voulut apaisant et tendre, laissa sa main se déposer sur sa joue velue, caressant du pouce sa pommette. Si la nouvelle ne l'étonna guère, elle la blessait plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle s'était imaginé une vie à ses côtés, et s'était peut-être laissée enivrée par la fougue du Berthildois ; mais la réalité les rattrapait enfin.

« Ne vous en voulez point Louis... Nous nous sommes simplement fait trop d'illusions. » Elle s'arrêta un moment, laissant le silence se faire. « Moi-même je me suis laissée portée par mes rêveries. » Voilà ce dont il avait besoin, d'un peu d'empathie. Et la savoir tout de même affectée, éprise de lui, même s'il ne pouvait lui offrir son patronyme en présent, le réconfortait légèrement.  

« Il m'a affirmé que nous pourrions peut-être en discuter à trois, après la guerre ... Mais sa fermeture à cette avenue est si étanche, qu’il me surprendrait que son avis évolue. Il semble détenir pour vous une aversion sans nom ni lendemain, tellement que j’en ai été bouleversé. Sans doute cet entretient sera vain ... Mais ne voyez pas là mon abandon ; je vous l'ai dit, si l'on ne m'accorde le droit de vous prendre pour femme, alors je me l'autoriserai. Et ici même je m'adresserai à la Damedieu pour lui faire le témoignage de mon affection pour vous ... » Sa voix pourtant était essoufflée d’espoir, comme si sa fougue s’était butée contre ce cuisant échec et qu’il s’était amoindri à outrance. La Baronne se saisit délicatement de la tête de son amant pour qu'il pose son front contre le sien. Un geste qui parût bien plus intime que toute ce qu'ils avaient pu entretenir jusque-là : c'était un geste emplit d'amour.  

« Je ne vous ai point mentit lorsque vous êtes venu à moi cet hiver. Le Brochant est vil et il craint de moi qu'un jour je ne mette en péril ses ambitions de gouvernance... Je ne saurais dire avec exactitude pourquoi il ne nous concède cette faveur. D'ailleurs cela importe peu Louis...S'il vous l'a autorisé, fréquentons-nous. Aimons-nous comme il nous plaît de le faire, jusqu'à faire plier le Marquis... » L'incertitude flottait tout de même sur son regard, tandis qu'il la fixait avec une tristesse latente, le genre de peine qui vous tient au cœur mais qui se refuse d'en faire le témoignage. En quelque part, de ne pouvoir la marier, l'avait poignardé et avait laissé saigné une plaie qu'à moitié pansée par ses jolies paroles.

« Alors je vous aimerai, vous chérirai ... Je ferai de vous mon amante, aux yeux de tous ; que mes gens soient au fait de ceci, Louis de Saint-Aimé a offert son cœur à la Baronne de l'Alonna, quoi qu'on en dise. » Ils restèrent ainsi un moment dans le mutisme, avant qu'elle ne vienne quérir ses mains des deux siennes. D’abord hésitante puis près résolue, elle redressa le nez pour s’adresser à lui.

« Si vous me l'accordez, j'irai moi-même parler à Aymeric d'ici quelques jours. Peut-être sera-t-il plus enclin à m'écouter, moi. »

« Vous le connaissez mieux que moi, il est vrai... Mais ne vous attirez point sa colère, cette haine qu'il vous porte déjà est si cuisante, qu'elle m'a soulevé les boyaux... Je ne sais ce que vous et lui aviez comme entente, mais il m'est à cœur que vous ne vous mettiez guère à dos le Brochant. Il n'en reste pas moins votre Suzerain et si notre union devait ne jamais voir le jour, il pourrait vouloir vous le faire payer amèrement. » Il l’aurait pincée qu’elle ne se serait point dégagée aussi prestement. Un air colérique et furibond planait à son faciès, fronçant ses traits aussi abruptement qu’une brise soudaine. À en faire frissonner le cervidé, son regard rendu glacial se posa contre lui d’un air réprobateur.

« Ne vous laissez point abattre bon sang ! Vous vous disiez prêt à tout faire pour m'avoir auprès de vous alors un peu de courage par Othar ! Reprenez-vous Louis. Le Corbeau se plaît à se jouer de vos faiblesses, ne le laissez point gagner. Vous n'avez point le droit de m'abandonner, vous n'avez pas le droit ! » Devenue véritable furie, son ton de voix ne répondait plus d’amour, mais de passion. Ainsi il découvrit cette facette d'elle qu'il n'avait jamais vu, ni même goûté. À dire vrai, il ne saurait l'expliquer, peut-être à cause des sentiments qu'il lui réservait, mais elle le pétrifiait. Il se sentit perdre de son courage, ne sachant lui tenir face comme il l'aurait fait à quiconque l'aurait traité de la sorte. Et ces paroles qu'elle avait pris de sa bouche, jadis, n'était que des vérités auxquelles il avait oublié la profondeur. Alors, Louis vint lui saisir les mitaines, comme pour lui intimer le calme, de la rassurer au mieux, ses yeux ne sachant plus dévier des siens.

« Jamais me suis-je parjuré! Je vous tiendrai à mon bras jusqu’à ce que seule la mort nous sépare. Tenez-vous le pour dit, Alanya. » Sa sincérité et la conviction de son regard avaient de l'argument pour la calmer. Hélas, loin d'avoir perdue toute sa rage, le contact doux eut avantage de la rassurer un iota. Il semblait peut-être plus secoué qu'elle et pourtant, elle ne pouvait pardonner l’inaction. Elle n'aimait guère à perdre son temps - et pire encore elle avait assez souffert des fausses promesses. La douleur de l'amour était certainement la pire au monde, et elle ne voulait simplement plus le revivre, jamais.

« Louis, vous ne devez pas abandonner... Vous m'êtes bien trop cher désormais... » Confiât-elle pour la première fois, une pointe de ses sentiments naissant pour le régent.

« Je ne sais quels mots seraient les plus à même à exprimer ma volonté indéfectible de vous voir à mes côtés... Je n'ai de désir que de me réveiller à vos côtés, à vous admirer, paisible et sereine, sous les primes rayons d'une journée nouvelle ... Il vous faut me croire ... Alanya, mon aimée ... »

« Je vous crois Louis... » Souffla-t-elle finalement, comme si le feu qui l’avait embrasé s’était éteint. Ainsi s'éclipsa ce sombre nuage, porteur de doutes et de craintes. Le tonnerre s'était abattu à quelques centimètres du cerf et bien qu’il n’ait souffert d’un quelconque heurt, il avait eu chaud. Pour le peu qu'il sut faire après avoir esquivé une telle tempête, il clôtura les pourparlers d'un baisé, accompagnée d'une main à sa joue, doucereuse et câline à la fois.

« Je me sens perdre la raison à vos côtés ... Cette pesanteur, qui s'acharnait à mes épaules depuis le décès de mon père m'apparaît si légère lorsque vous me souriez ... Ne changez jamais Alanya, je vous le demande sincèrement. » Dit-il, tout en la serrant une ultime fois, avant de s'écarter légèrement pour quérir les vêtements crasseux de sa belle avant de s'approcher d'elle pour l'aider à les enfiler.

« Rentrons, il me hâte de voir partir cette vilaine tache de boue sur votre nez. » Elle acquiesça en se frottant de sa paume cette gênante peinture. La Baronne tira une moue en voyant ses habits souillés.

« J'espère que vous avez de quoi m'habiller aussi... Vous avez mis mes beaux vêtements propres dans un piteux état. »

« Si ces atours vous déplaisent, je vous suggère de vous en défaire céans! » Ajouta le Saint-Aimé, taquin, en lui proposant de se pavaner dans le plus simple de ses habits. La boutade souleva quelques rires discrets des deux amants, jusqu’à ce que Louis vienne l’aider à enchâsser son pied dans l’étrier de sa monture, pour qu’elle y grimpe en toute aisance. À deux, ils regagnèrent le campement et empruntèrent la direction des étendards Berthildois. Ils avaient fière allure, les deux nobles notoires ; couverts de gadoue de parts et d’autres, empestant la sueur et dont la chevelure même, faisait belle preuve de leurs déboires. On les dévisagea parfois, pour les saluer silencieusement par la suite, on les ignora en quelques fois ; la clarté n’étant désormais plus, excusait largement ces écarts de conduite. Plus ils remontaient le campement, où s’étaient massé la gueusaille autour des flambées, plus on comprenait l’importance de ceux qui y vivaient. Au fur et à mesure de leur ascension, les tentes prenaient en ampleur, les habitants qu’on y vit semblaient un poil plus distingués et arrivé aux abords des appartements du régent, on les accueilli en toute hâte. Leur dégaine expliquant leur envie cuisante d’en savoir d’avantage.

« Par les cinq! Que vous est-il arrivé? » Demanda le premier des dix hommes qui se précipita vers eux.

« Rien qui ne soit d’importance à être narré. Plutôt, aidez ma Dame la Baronne à mettre pied au sol! » Et ce que l’un d’eux fit sur le champ, délaissant sa hallebarde contre les devants d’une tente pour l’assister dans sa descente.

« Reprenez vos postes, le repos seul nous viendra en aide. » Obéissants, bien que possédant tous des bouilles dubitatives, ils laissèrent ainsi les deux tourtereaux emprunter le petit sentier menant à la grand’tente, où en statues de marbre, veillaient deux soldats lourdement harnachés. D’un revers de la main, Louis invita Alanya à pénétrer la première, de sorte à ce qu’il puisse s’entretenir avec l’une des deux vigies. Soufflé à l’oreille, en messe basse, il balbutia quelques mots à l’un d’elles, avant de s’esquiver de leur compagnie pour rejoindre sa belle.

L’espace à l’intérieur était vaste et une fois les pan de toiles refermés devant la porte, on en oubliait presque qu’elle était située au travers un campement militaire. Les commodités et les décorations, établies au fil du temps depuis, rappelaient à chaque coup l’importance de son propriétaire. À l’entrée, une auguste tablée, dont trônait cartographies diverses et autres communiqués. À l’est, une alcôve dont quelques caissons étaient empilés, laissaient croire qu’il s’agissait d’un entrepôt de fortune pour ses possessions diverses et autres classement de paperasse. À l’ouest, une extension de sa tente avait été montée, de sorte à y disposer les commodités rattachées à sa position : une bassine, notamment, ainsi que deux fauteuils y vivaient. Finalement, au nord, juxtaposant cet abri de bourgeois, l’endroit où il y il dormait. Il n’y avait pas à dire, l’endroit était tout à fait charmant et prédisposé à faire l’oubli des pesants soucis du siège.

Peu de temps s’écoulèrent, que trois caméristes s’immiscèrent dans leur intimité, gardant dans chacune de leurs mitaines, de pesants sceau de flotte fumante. Sans même leur adresser le moindre regard, icelles s’affairaient à gagner l’alcôve de la bassine, pour évidemment, la remplir d’une eau bouillante.

« Un torchon humide à lui seul aurait venu à bout de cette vilaine tache, vous me direz. Mais plutôt que vous faire sauter dans le ruisseau, j’ai eu belle envie de vous faire couler un bain. »

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