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 [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople

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Altiom d'Ydril
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MessageSujet: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople   [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople I_icon_minitimeMar 6 Fév 2018 - 20:20

Kÿrianos de la première ennéade du mois de Bàrkios vernal de la dixième année du onzième cycle.
Iréel. Tout cela lui paraissait proprement irréel. Il n'avait connu que l'ombre, depuis les noires entrailles de la Valiance, perdu dans les paluds puants du Folbosc, franchissant par deux fois l'ultime frontière. Mais nul n'avait su le contenir, ni homme ni dieu. Aujourd'hui l'azur l'accueillait au sortir de son grand tref de commandement, et il la contemplait sans la croire, cette formidable foule assemblée en son nom, soulevée pour sa terre. L'Ydril revivait enfin. Ils l'avaient tous sauvée. Aléandra, Glenn, lui, ces myriades bigarrées venues d'ici et de par le monde jusqu'à cette plaine venteuse. Et une question, jusqu'alors une certitude, vint le prendre en traître. Pourquoi n'était-il pas mort ? Depuis le début il l'avait cru. Il l'avait su. Il n'en sortirait pas vif, pas vainqueur. Il mènerait sa guerre, comme un héros de jadis, premier dans la mêlée, bannière au vent, lame au clair ! Et dans un dernier baroud, un instant d'errance, il trouverait sa fin, une bonne fin, l'achèvement qu'il n'avait jamais qu'effleuré dans sa vie.
Pourtant la camarde une fois de plus s'était refusée à lui, et les feux de l'Ydril s'apaisaient déjà. Et seulement maintenant commençait à lui apparaître l'étendue de sa méprise. Il n'avait jamais été condamné à l'échec. L'Hydre, l'archontat et son abjuration, la trahison d'une régente et d'un vicomte, l'exil et l'errance, la perte de s'amie, de sa fille, d'un roy et frère, Amblère et l'abandon, sa défiance des hommes et des cieux, la renaissance et la punition, la revanche et l'absolution, toutes ces peines il ne les avait subies, tous ces maux il ne les avaient infligés sans raison, sans dessein, sans fin. S'il avait plongé en l'abysse, c'était pour en ressortir changé, grandi, transfiguré, s'il y entraînait tout son monde, ce serait pour en ériger un nouveau, et s'il s'y perdait finalement, ce serait pour le plus grand bien. Mais tout cela lui demandait encore d'encaisser la plus inconcevable des vérités, dompter la plus exotique des notions. Il avait gagné. Que restait-il à faire dès lors ? Se contenter de cette victoire, festoyer, s'empâter, s'encroûter, s'envaser doucement dans cette pâle félicité, se laisser à la ruine et au mal des Cinq ? Ou se relever enfin, poser la seconde pierre, et se préparer à bâtir le véritable édifice. Bah, des réflexions pour un autre jour.

- Holà Rico ! Une bien belle matinée pour aller s'déroidir les cannes, marchons donc le temps qu'la troupe s'assemble ! qu'il fit tout guilleret en cueillant son capitaine de retour de ronde. Oui, parce que le déroidissage en question certains se le coltinaient déjà depuis l'aube, mais baste le Rico est arrangeant. Alors, que dit la cité ?
- Qu'elle n'attend plus que ses maîtres, les portes sont grandes ouvertes, les rues s'emplissent à vue d’œil, tout est fin prêt.
- Et que dit le monde ?
- Que le Médian est perdu, ou sauvé, c'est selon. Les osts norrois s'y déversent sans discontinuer, les villes et les places fortes tombent les unes après les autres, Beltrod la première, ce ne serait plus l'affaire que de quelques derniers bastions. Et de temps.
- La Ligue s'démerdait déjà très bien toute seule pour perdre la guerre avant qu'ils radinent de c'que j'ai entendu.
- Pire que cela. Nimmio régnerait sur un pays de mort et de surins, une lande sans loi où les bandes en maraude grouillent comme les vers, où tout agonise.
- Foutredieu, souffla l'archonte, proprement frappé par la nouvelle. Allons le bougre n'infligerait pas aux siens les ravages d'un conflit perdu d'avance ! Qu'attend-il pour négocier sa reddition ?
- Altiom il se dit des choses sur les routes. S'il faut accorder quelque crédit aux racontars des colporteurs.. je ne sais ce qui subsiste de l'homme que tu as connu à Diantra. Il n'y aura pas de reddition. Il y eut un silence.
- Mais le Royaume retrouvera son unité.
- Assurément.
- Si tout cela est vrai.. nul sacrifice n'est assez grand alors, acheva-t-on, résigné. Dès lors on ne pipa plus mot de la balade. Un air sombre, presque solennel, accroché à la face, et l'on sembla porter le deuil de l'archiduc et de son rêve.
Mais comme passaient les fléaux sur le monde devait passer leur peine, et rendus au-devant du pavillon royal, on vit nos lurons chagrins reprendre mines plus diplomates et enjouées ; et puis l'on pourrait toujours lever un dernier godet au Chenu des Veltres en ce soir !

- HO LE GLENN, RAMÈNE DONC TES CUISSOTS QU'ON TAILLE LE BOUT D'GRAS ! ON T'AS DÉGOTTÉ UN P'TIT LICELLO D'DERRIÈRE LES FAGOTS T'M'EN DIRAS DES NOUVELLES ! Moult grand fuison de froncements des sourcils de l'Alaric. Nan mais on fait genre. Ni une ni deux, on vit l'intéressé s'extraire de l'endroit si vivement qu'un goret reniflant de la truffe !
- Vostre madjesté, la cité d'Ydril est prête à nous recevoir, sitôt l'ost en ordre de martche nous pourrons djoindre ses murs, déclama le Rico, tout fiérot qu'on puisse enfin vaguement entraver la teneur de ses propos lorsqu'il s'essayait à ce périlleux exercice qu'était le sabir péninsulaire, fruit d'années d'entraînement intensif. Et d'autant d'incidents diplomatiques. Soit, resterait toujours ce petit accent chantant des mers du sud, mais aussi sûrement que leurs embruns la chose savait vous humidifier la ribaude en mal d'exotisme ! Entre ça et sa coupe indémodable, on arriverait peut-être à en faire quelque chose du lascar !
- Ouais. Et y a pas vraiment de licello en fait. Viens on s'remue le gras du fessard ! Et d'une grande paluche sur l'épaule le drille embarquait à son tour notre bon souverain vers quelque hasardeuse promenade. Comme il l'avait fait par deux fois déjà. L'embuscade d'Adurie et cette campagne insensée, tout cela n'était-il pas de sa faute ? N'avait-il pas condamné son ami tant de fois qu'il l'avait sauvé ? Son sourire l'abandonna aussitôt. Glenn, nous avons attaqué des domaines royaux, usurpés certes, mais royaux avant tout, tu sais c'qu'l'on risque. Une pause. Lorsque l'on condamnera nos actes, si ma cause est perdue, j'ferai en sorte de r'porter l'blâme sur ma seule personne. Et si tout c'la v'nait à passer, une fois d'retour en ton fief, entame les négociations avec les seigneurs des Marches si tu l'peux. Nous n'savons quand surviendra la prochaine épreuve, et si ton royaume v'nait à affronter un trop grand mal, si Naelis devait tomber, si je n'suis plus là et que l'Ydril ne peut plus t'offrir nulle aide ni asile, tout reposera sur les Norrois. Tu es leur première ligne face aux fléaux de l'en-dehors, peut-être sauront-ils être ton dernier soutien.
- Et après c'est moi le pisse-froid de la bande, gouailla l'autre capitaine dans un instant de flottement.
- Ah ma foi.. soit, oublions que nous mourons demain et vivons aujourd'hui ! Ainsi l'on s'accorda pour l'heure à deviser de choses plus douces à l'âme, louvoyant entre les tentes, les feux, les hommes, les armes. Et puis de fil en aiguille, voilà qu'on débaroulait sous l'auvent comtal, où l'arsouille avait finalement guidé toute notre brave équipe. Se râclant le gosier et ajustant son plastron, le bestiau tourna le museau vers ses deux camerluches : ça va j'pas trop une tronche de sanglier ? Pour se mettre à braire, une fois à peu près rassuré sur sa mise, tout enjoué : HOLÀ MA COUSINE ! Le jour est bel et l'air est bon, viens-t'en au-dehors qu'l'on discutaille tous ensemble ! Bien vite elle parut sous l'azur. Foutredieu, plus radieuse que l'astre même ! Jamais dernier pour se torcher avec le protocole, voilà qu'Altiom parachevait le tout d'une grande et tendre accolade que lui commandait l'instinct, sous les billes amusées de toute l'assemblée. Bah ! Et puis ? Voir une telle franchise entre les grands du comté ne pouvait que donner foi en l'avenir ! Et faire un peu chaud au cœur de ces rudes gens d'armes qui sait même. On avait passé ce début de Cycle à s'entredéchirer entre frères dans tout l'Ydril, qui viendrait cracher sur un peu de sentimentalité ? Et pourtant v'là une sacrée paye qu'on n'l'avait vu ardre si formidablement sur notre pays. Et son futur, faisait-il encore, un peu ému, tandis qu'il relâchait son étreinte. La guerre était passée, elle ne risquait plus rien maintenant ; qu'il reste ou parte, Aléandra serait sauve, que disparaisse le nom des Zadar, demeurerait à jamais celui des Systolie. Il peinait à s'en convaincre encore, mais à la voir devant lui, vive et souriante, quelque chose en son sein s'apaisait. Il sentait qu'il avait rempli son rôle ici, et toute fin désormais lui semblerait bonne.
Bientôt le camp fut levé, l'ordre de marche donné, les champs désertés. Dans les plaines loin des hommes le vent d'autan s'était tu.


Qu'il était doux de rentrer chez soi, qu'il était bon d'y être accueillis en héros ! Flanquée du roy et de l'archonte, la comtesse remontait la Vía Trimfala au cœur de sa cité, portée par la clameur, portée par tout un peuple. Pas un palefroi dans le cortège, on foulait le pavé du pied, on se mêlait à la masse innombrable, comme si roture et sang bleu étaient céans de même race. Vraiment en ce jour l'Ydril était un. Soit, on ne faisait en vérité que s'adapter à l'étrange affliction du suderon - une brochette de bougres piétinés à mort par des bourrins pris de folie furieuse en pleine parade de fin de guerre ayant sans doute un poil détoné avec la thématique -, mais la bonne plèbe y verrait bien quelque impensable signe d'humilité, symbole d'une volonté de concorde ou nouvelle lubie sans queue ni tête (diable avec un Altiom dans le tableau la chose était presque attendue).
Juste derrière notre trio s'en venaient les premiers vassaux, les grands capitaines, Scipion Barutoliussi, Augusto di Fannozia, Isabèla de Sistòlia et Iacopo de Pasi en tête, dont le rôle comme le sort restaient ambigu, mais qui par son sens du devoir seul avait su forcer le respect des vainqueurs. On y discernait aussi les bouilles d'Alaric de Luca, d'Aedis Galace, de Raymond de Dircal, d'Arne Agning, d'Aarnis d'Ack, de Gildebert Macherat, d'Halvdan Andersen, et de Neo Damaki, que suivaient ses Frères otharites, les Aigles Noirs, la garde comtale et archontale, les chevaliers de Naelis, et quelques bataillons issus de la Colonà, des Légions et des compagnies estréventines encore, et tout cela défilait tandis que le gros de l'ost coalisé s'activait à monter le camp hors les murs, et qu'ailleurs l'on embastillait les captifs de campagne qui à là Vigià, qui dans les geôles de Peyredrac. Et si la ville enfiévrée s'apprêtait à festoyer déjà, on avait convenu d'expédier l'habituelle débauche sardanapalesque, et l'on troquerait ce sens de la célébration tout suderon pour un pragmatisme aux froids accents. Le royaume était en guerre. Oh il faudrait toujours marquer le coup, mais après la cérémonie d'hommages, une belle soirée de ripaille et dès la justice rendue le lendemain, viendrait l'heure de débander l'ost, regagner ses pénates et rebâtir. Et d'aller se prendre la dégelée du Cycle à Soltariel dans la foulée !

- Mes amis, je n'sais vous dire quel feu m'étreint devant pareil spectacle. On pénétrait la grand'place dels Sèt Caps, que dominait l'antique citadelle. Grâce à vous je puis revoir ma cité, revoir mon peuple. Jamais je n'saurai vous rendre ce que vous m'avez donné aujourd'hui. Partout les bannières au Dragon, aux Épées, à l'Hydre tendues ! Partout les fils et filles du pays riant, criant, chantant, partout les prémices d'un âge de paix et de grandeur. Embrassant plus qu'il ne fendait la foule, le conroi passa alors pont-levis et haies de gardes, poursuivi jusqu'en le sein de Peyredrac par les vivats du dehors, et l'on s'éleva de ses entrailles à son cœur, où toute la procession s'assembla solennellement, face au trône comtal. Aléandra, prenant place dans la massive cathèdre armoriée, inspirait déjà du haut de ses quatorze ans un air d'implacable autorité.
- Sacré p'tit bout d'femme eh ? À peine en âge d'gouverner elle fait d'jà ça mieux qu'la moitié d'ses pairs ! glissait le drille au roy à ses côtés, aussi fier qu'attendri. Ainsi qu'il était prévu, la maîtresse de céans l'enjoignit alors à s'approcher. De quelques pas sûrs, le voilà devant sa cousine, ses azurs en ses émeraudes, la face illuminée de ce sourire simple et heureux qui l'avait quitté voilà trois ans. Dextre au pommeau, l'âme en paix, Altiom ploya le genou devant la comtesse.

HRP:


Dernière édition par Altiom d'Ydril le Mer 7 Fév 2018 - 15:00, édité 1 fois (Raison : Correction)
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Glenn Hereon
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MessageSujet: Re: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople   [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople I_icon_minitimeMer 7 Fév 2018 - 17:09


En cette douce matinée de printemps, Glenn recevait ses différents capitaines dans sa tente. Ils campaient à proximité d’Ydril, la plus grande ville portuaire de la péninsule, capitale du Comté dans lequel ils avaient débarqués il y a plusieurs ennéades. Ils étaient venue y faire la guerre au nom d’une dette, une dette envers le peuple ydrilote que Naelis a contracté depuis la bataille de Ruven. Le Roi de Naelis profita de cette intermède pour féliciter tous les officiers présents pour leur courage et le sang froid dont ils firent preuve. Mis à part la malheureuse aventure en Aduram, la campagne d’Ydril était bien le baptême du feu pour l’armée professionnelle que formait la légion. Glenn congédia les officiers à l’exception de Raymond de Dircal, le commandant des chevaliers de Naelis.

- Raymond, cela fait huit ans que tu me sers en tant que commandant de ma garde. Ta loyauté, ton courage et ton dévouement n’est plus à prouver. C’est pourquoi j’ai besoin que tu restes ici, en Ydril.

- Glenn, qu’est-ce que cela veut dire ?

- En remerciement pour notre aide, le royaume héritera de terres en Ydril. Je veux que tu en sois l’intendant. En mon absence, c’est toi qui t’occuperas de la gestion de ces terres, en mon nom. Tu seras également le représentant du royaume de Naelis auprès du Comté. Tu as grandis dans une famille noble de Serramire, puis tu as participé à toutes les grandes décisions que nous avons prises pour Naelis, c’est pourquoi je te sais pleinement capable.

- Je… J’en serai grandement honoré. »


Il est temps pour toi d’arrêter de vivre dans mon ombre. Installe toi ici, trouves une femme et fonde une famille. De par ta naissance, c’est toi qui aurai du devenir le maître des gardiens de Serramire. Et si justement... Alors tout aurait été différent.
Le vacarme de l’exubérant Altiom tira le Roi de sa conversation, l’obligeant même à quitter sa tente. Son ami était radieux, heureux d’accomplir son destin, de retrouver sa terre et de revenir en vainqueur. Cela se voyait sur son visage, même si Glenn savait qu’au fond de son être, la malédiction divine le rongeait de l’intérieur. Malgré cela, je ne l’avais pas vu comme ça depuis sa toute première arrivée à Naelis. Altiom vint le mettre en garde sur les conséquences de cette guerre, de cette victoire. Glenn ne tarda pas à le couper :

- Altiom, nous avons gagné ici. Le peuple est avec toi, avec Aléandra. Les terres que nous avons reprises t’ont toujours appartenu, c’est à vous, les vassaux, de vous battre pour retrouver vos droits. Le Royaume de Diantra est mort, emporté par la dague qui a poignardé Trystan. Tu veux que je craigne quoi, un batard manipulé par un planqué de Mervalois ? Non, sois tranquille mon ami. »

Il était le protecteur de l’est, le premier défenseur de l’humanité face à l’invasion drow. Soltariel aurait beau se plaindre de son ingérence, il n’était pas l’ennemie des péninsulaires. Altiom se souciait de conséquences que Glenn avait déjà anticipé et accepté en mettant en œuvre son plan de l’hiver. J’ai fait traverser l’Olienne par trois mille soldats. J’ai crée une unité de commandos qui a su s’emparer de toutes les murailles ydrilotes. Mes deux légions ont appris à manœuvrer ensemble, triomphant sans difficultés à Valméro. La guerre finie, il était temps de goûter au triomphe.

C’est au son du clairon que les troupes du camp de la victoire entrèrent dans la cité suderonne. Le peuple était venue nombreux assister au défilé des soldats des trois camps. Les bannières flottaient au vent, portant haut les couleurs de l’hydre d’or et du dragon de sinople. Ydril unifié, Ydril débarrassé des Scylléens, Ydril plus forte que jamais, tel était le sens de cette marche. Les épées d’argent de Naelis étaient quelque peu en retrait, mais bien présentes. Elles avaient rendu le retour de l’archonte possible, elles l’avaient fait revenir. L’honneur de porter la grande bannière du royaume revenait à Raymond de Dircal, le plus loyal des soldats de Naelis. Il marchait juste derrière les grands capitaines d’Ydril, Scipion Barutoliussi, Augusto di Fannozia mais aussi le valeureux perdant Iacopo de Pasi. Ce dernier avait commandé l’ultime résistance devant Valméro en lançant une attaque audacieuse sur la cité occupé par Naelis. Face à l’alliance d’Aléandra et d’Altiom, il préféra se rendre et se ranger du côté de la Comtesse. Quelques aigles noirs à l’uniforme discret étaient mis à l’honneur, aux côtés des chevaliers à l’armure reluisante. Un détachement de légionnaires, reconnaissables à leur tabard rouge et blanc, marchait également aux côtés des compagnies de la Colonà. Quant à lui, Glenn marchait au devant des troupes, à la droite de la jeune comtesse Aléandra. Ils remontèrent ainsi toute l’allée principale jusqu’au château comtal, au hourra du bon peuple ydrilote et au son des trompettes.

Une fois dans la salle du trône, Glenn, qui portait sa couronne d’or de Roi de Naelis, se plaça sur le côté, entouré de Raymond et de quelques chevaliers. Balayant la salle du regard, il put constater que nombreux étaient celles et ceux qui avaient fait le déplacement pour cet instant. Nobles du comté, grands bourgeois et marchands, officiers de la colonà, religieux et même des artistes. Il cru voir l’un d’entre eux griffonner sur une feuille à toute vitesse. Il doit dresser un croquis de la scène pour pouvoir l’immortaliser ensuite, quel beau tableau cela ferait ! Altiom s’agenouilla devant la Comtesse et le silence s’imposa de lui même.  
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Aléandra di Systolie
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MessageSujet: Re: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople   [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] D'or, d'argent et de sinople I_icon_minitimeDim 18 Fév 2018 - 0:48

Le suroît caressait son visage, augurant une ère nouvelle, un beau printemps après un hiver que l’on pensait interminable. Un sourire se dessina sur ses lèvres, la paix revenait enfin. Mais pour combien de temps ? Aléandra en avait parfaite connaissance : ces événements, ses actes, auraient de lourdes conséquences. A mesure qu’elle s’approchait de la grande porte d’Ydril pour l’ouvrir à ses véritables libérateurs, son coeur ratait de plus en plus de battements. En leur ouvrant les portes, elle donnerait la possibilité à ses ennemis de l’attaquer de face, avec milles et uns bons et mauvais prétextes.

Ce qu’elle fit.

Le portail aux bras grands ouverts laissa les armées victorieuses pénétrer au sein de la gigantesque cité d’Ydril. La population était venue en nombre admirer le défilé. Le peuple des pauvres pour aduler leur libérateurs, les nobles quant à eux pour faire bonne impression auprès des nouveaux maîtres du comté. Les vieilles habitudes ne changeaient pas. Pouvait-elle réellement leur en vouloir, eux qui suivaient la tendance pour survivre ?





Tout s’enchaîna trop vite. La procession. Les cris de certains. Les larmes d’autres. Les fleurs jetées des deux côté de la via Trimfala. Les sourires. Les accolades avec son cousin. Si vite qu’en un rien de temps elle se retrouva sur le trône de Peyredrac, siégeant de toute sa grâce et de son pouvoir. Le silence lourd, les yeux rivés sur le duo qu’elle formait avec son « parrain » qui venait de s’agenouiller au pied de sa robe flamboyante, à la couleur du sang dérobé à ses ennemis. Sûre d’elle, certaine même, elle se leva fière de se tenir auprès d’Altiom d’Ydril et de Glenn Hereon qui observait la scène d’un peu plus loin. De ses deux mains elle retira délicatement la couronne comtale de sa tête pour la placer sur celle de son cousin, caressant ses cheveux au passage, avant de lui ordonner d’une voix forte :

-Relève-toi Altiom Zadar, comte d’Ydril.

Le silence de la foule en disait long. Plutôt compréhensible en soit. Il fut rapidement brisé par les hommes fidèles à Altiom, ceux qui le suivaient depuis un bout de chemin et qui croyaient en ses actes. Suivis des fidèles à Aléandra, qui ajoutèrent leur applaudissements avec plus d’hésitation quant à eux. Scipion et Augusto, les deux généraux qu’avait choisi la comtesse, la regardaient d’un air sceptique. Quoi de plus normal pour deux personnes qui au début du mois dernier s’apprêtaient à affronter Altiom et ces « étrangers ». Ils comprendraient par la suite, et puis elle s’en fichait en réalité.

-Mon noble cousin en dépit de sa triste réputation non avérée est mille fois plus légitime que moi. Ce même cousin portant le nom de Zadar aurait dût reprendre le titre de notre très regretté Silpheed, mais il ne s’est contenté que du titre d’archonte. Aujourd’hui, son retour avec ses amis d’Estrevent dont le fort Glenn Hereon, vainqueur des noireauds à plusieurs reprises, a permis d’unifier ce pays, encore plus qu’à l’époque de son frère. Peuple d’Ydril, nous avons besoin de l’Hydre, de l’Epée et du Dragon. Car l’une ne peut exister sans l’autre. Nous sommes venus au secours des Naesiliens comme ils sont venus au nôtre, tandis que toute la Péninsule s’en détournait. Même Soltariel, notre suzeraine indomptable selon les dires, n’a rien fait pour nous. Elle préfère nous voir désunis, pataugeant dans notre propre sang, appauvris comme des esclaves devant leur maître. Elle préfère nous voir dans l’abîme que de nous voir comme des égaux, capables de faire rayonner le duché si l’on nous enlevait nos chaînes. Voilà ce qu’ils firent lâcha-telle en pointant Altiom et Glenn de la main droite. Main qu’elle replia en face de son visage, en la contemplant. Un valet de chambre comprit le signal et se précipita avec une coupe ornée de bijoux incrustés et un couteau d’orfèvre. Pas n’importe lequel, c’était celui-ci qu’avait utilisé son père pour achever son premier cerf. Et probablement tué de nombreux hommes dans de glorieuses batailles.
Elle se tint sur la gauche d’Altiom levant la coupe et le couteau en l’air pour les montrer à la foule. La Systolie déposa son Graal sur un socle en pierre face au trône et déclara :

-Moi, Aléandra di Systolie, première du nom, fille de Kalgar II di Systolie et de Judith d’Aphel, fière descendante des Systolie et des Zadar, dame de Peyredrac, je jure solennellement sur mon sang que je ne trahirai jamais mon bon cousin Altiom Zadar dit d’Ydril, et que je le suivrai dans ses combats les plus acharnés, ses doutes les plus profonds et ses joies les plus intenses. Ainsi je proclame mon serment de sang, et que je sois maudite si un jour je le viole.

Et brusquement elle le se coupa la main droite, qu’elle avait montré immaculée avant son serment. Une piqûre. Rien de bien méchant. Le liquide rouge s’échappa aussitôt de sa paume dès que la lame fut passée. Elle y était allé un peu fort mais elle aimait ça en réalité. Elle se sentait vivante à mesure que le sang coulait dans la coupe prévue à cet effet, qu’elle offrit ensuite à son cousin en lui tendant le couteau. Cette scène n’était certes pas prévue, mais elle y tenait amèrement. Elle n’avait aucune connaissance d’une telle pratique dans l’histoire de la Noblesse Péninsulaire, néanmoins ça ne l’aurait empêché d’être une pionnière. En Altiom, elle avait trouvé le père, le frère et l’ami qu’elle manquait depuis tant d’années. Lui et elle étaient semblables en beaucoup de choses. Et depuis sa véritable rencontre avec cet homme, elle se sentait liée par quelque chose de plus fort qu’un simple amour, qu’une simple amitié ou qu’un simple lien familial. Elle se sentait juste liée par le destin, et jamais plus elle ne pourrait s’en échappait.
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