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| Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] | |
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Franco di Celini
Humain
Nombre de messages : 131 Âge : 29 Date d'inscription : 22/11/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 34 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Lun 5 Mar 2018 - 15:46 | |
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~ A mesure que je m'en éloigne, ma vie passée se dessine comme une île ~ Début de Verimios, An 10 - Messire, je crois que nous approchons de Nelen. - Oui, Cléandre. Cela fait des années que je n’y ai pas posé le pied. C’est une terre … Qui m’intéresse énormement. Un petit bout de terre sauvage dans la mer Olienne mais qui a quand même quelques codes de vie de notre bonne vieille Péninsule. Finalement, c’est une bonne première étape vers la grande aventure. - Pourquoi ne pas avoir choisi Sybrondil comme lieu d’escale ? Nous aurions également pu nous arrêter à Merval, il me semblait que vous aviez des amis là-bas.- Là où nous avons des amis, nous avons aussi potentiellement des ennemis. Il faut bien que tu comprennes qu’il n’est qu’une question de temps avant que mon nom ne soit salit par tous ces nobliaux dégoutants qui croient diriger la terre des hommes. Je vais être présenté comme un lâche, un fuyard, un traitre … Néera seule sait ce qu’ils vont inventer pour me dénigrer. Connaissant Tibéria, elle sera même la première à s’adonner à ce jeu. - Finalement, ça n’a pas l’air si simple d’être bien-né …- N’exagérons rien. Ma vie a été simple et parsemée de peu d’embuches comparée à la tienne, par exemple. Cependant, il est vrai que dans le monde de la noblesse les apparences sont bien trop importantes. TERRE EN VUE !!!! - Capitaine, un navire nous approche ! Et son pavillon … Je crois qu’il ne nous veut rien de bon. Franco analysait la situation d’un air circonspect. De toute évidence, des pirates étaient en train de leur barrer l’accent au port. - Et merde. S’il y’avait un blocus sur Nelen, Franco n’était pas au courant. La navire sur lequel il avait embarqué était plutôt modeste et ne pourrait pas faire le chemin retour vers le continent. Ou alors à un prix élevé pour l’équipage. De plus, il n’était pas dans les plans de Franco de devoir faire demi-tour. S’il était ici, c’était pour avancer, rien de plus. L’ex-duc se rendit donc à la rencontre du capitaine. - Messire capitaine, je préfère vous prévenir, je compte bien poser le pied à Port-Cinglant avant la tombée de la nuit. - Et moi donc ! Vous croyez seulement qu’on a le choix avec ces gens-là. - Nous n’avons qu’à leur offrir de l’argent, une bourse bien remplie devrait pouvoir les faire fléchir facilement. - Hein hein, et … d’où je la sors votre bourse ? Franco détacha une des bourses qui était attaché à sa ceinture. Elle contenait une somme importante, n’importe qui pourrait s’en rendre compte rien qu’à son poids. Le capitaine grommela et se saisit de la bourse. La situation serait vite réglée, du moins il l’espérait.
Une fois le blocus franchit, Franco commençait enfin à apprécier son voyage. Depuis qu’il avait quitté Soltariel, le stress avait été le principal sentiment qui animait son cœur. Il se doutait bien qu’avec l’argent qu’il avait emmené avec lui ainsi que ses aptitudes au combat à l’épée, il ne craignait pas grand-chose durant son voyage. Mais sait-on jamais … Tibéria était une furie personnifiée. Si elle décidait de retrouver son mari et de le ramener à Soltariel, il allait avoir du fil à retordre. L’ex-duc Soltari ne doutait pas des capacités de sa femme à diriger le duché. Elle prendrait des décisions difficiles, elle ferait des erreurs mais quoiqu’il en soit elle semblait faite pour cela. Mais maintenant, tout cela était loin derrière Franco. Il devait se concentrer sur la vie qu’il avait choisi de vivre. Sur l’aventure à l’état pur et sur sa capacité à survivre, seul avec son ancien serviteur, Cléandre, dans un milieu qui lui était étranger. Nelen n’était pas une étape trop difficile pour cela. Du moins, c’est ce qu’il espérait. Ce blocus pirate qu'il venait de franchir était la preuve évidente que les élites sur le continent n'étaient même pas au courant de ce qu'il se passait sur les terres qu'ils étaient censés administrer. Après quelques heures supplémentaires de navigation, le navire sur lequel avaient fait voyage Franco et Cléandre accosta Port-Cinglant. Franco ne savait guère ce qu’il se passait sur cette ile ces derniers temps. Si les grands nobliaux du royaume bataillaient pour en obtenir la souveraineté, ils se souciaient bien peu de la vie de la population sur place. Sans plus attendre, le duc mit pied à terre et donna ses ordres à son acolyte de voyage. - Bien, nous voici à Port-Cinglant. Comme prévu, tu sais ce que nous cherchons : un navire qui quittera prochainement ces terres à destination de l’estrévent. Achid Kamil, Ys ou même Naélis, peu importe la destination du moment qu’elle est à l’est d’ici. Bon, il semblerait qu'avec le blocus les choses soient un peu moins ainsées que prévu. De plus, tu ne dois pas oublier que tout ce qui nous permettra de mettre la main sur un objet rare, un artéfact ou que sais-je encore est intéressant. Nous nous retrouvons sur ces quais à la tombée de la nuit ! Sans dire un mot de plus, le compagnon de voyage de Franco s’enfonça dans la foule. Franco se retrouvait donc seul, sur les quais de Port-Cinglant, la journée devant lui pour trouver quelque chose d’intéressant dans cette ville. Si on pouvait appeler ça une ville … L’ex duc de Soltariel avait dû changer d’apparence pour avoir l’air plus discret, il portait un simple surcot en velours noir, et son épée était ceinte à sa taille. Il voulait montrer qu’il n’était pas le simple manant du coin. Et si quelqu’un voulait s’en prendre à lui, il pourrait tester les qualités d’escrimeurs de Franco.
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Ven 9 Mar 2018 - 2:30 | |
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Le blocus maritime lointain des pirates était l’avant-goût des problèmes qui attendait finalement Franco et les siens sur ces îles. Car si la haute mer était petit à petit remplie de pirates servant à faire le barrage de nouvelles arrivées péninsulaires, les côtes et les lagunes de Nelen voyaient une dizaine de navires péninsulaire tenter de jouer les gardiens des accès maritimes de l’archipel.
A Port Cinglant les choses étaient étranges. Pour un homme attaché aux traditions maritimes et à un niveau de prestance particulier, l’amiral de la flotte aurait été bien étonné de croiser ceux qui se targuaient maintenant représenter l’excellence maritime péninsulaire. Ils se seraient présentés comme des pirates que cela n’aurait étonné personne. Ces apprentis briscards d’une flotte royale hâtivement mobilisée pour des buts qui paraissaient encore obscurs, si ce n’est une décision extraordinairement à propos de renforcer militairement les îles de Nelen et de les remettre au pas, n’impressionnait ni par leur finesse d’esprit, ni par leur capacité à se fondre dans la foule.
Peut-être ces troupes royales se rapprochant plus des soudards n’étaient-elles en fait là que pour prendre prisonnier l’ancien duc de Soltariel. Il était difficile d’appréhender une quelconque idée de ce que pouvait être les volontés de quelques-uns lointains commanditaires. Mais dans tous les cas mieux valait pour Franco qu’il se méfie. D’autres sinon se méfiaient pour lui.
La situation depuis quelques jours était évolutive à Nelen. La mise au pas de la population avait fait bien des ronds dans l’eau et si les nouveaux arrivants n’arrivaient pas à s’en rendre compte, le fétou débordait déjà par endroit. On trouverait sous peu que les choses n’étaient pas si simples qu’on pouvait l’imaginer et qu’un plan pouvait aisément devenir difficile à suivre.
L’équipage de Franco avait réussi à débarquer sans se faire trop contrôler, preuve que la défense maritime de l’archipel était approximative malgré le travail des péninsulaires. On ne pouvait pas espérer fortifier et contrôler une île laissée plus ou moins à l’abandon administratif et militaire depuis presque deux ans. Mais si la garde n’était pas sur le port pour accueillir Franco et ses sbires, les mouchards du gouverneur étaient aux aguets et étaient partis chercher du renfort, laissant un homme aux basques de Franco de manière discrète.
Ils n’étaient pas les seuls sur l’affaire. Car la cellule de Port Cinglant, pointe saillante de la rébellion qui s’organisait dans l’archipel, avait tout autant compris que l’étranger arrivé récemment n’était pas de ceux que l’on devait laisser sans surveillance. On prévint en particulier Rodnim, qui était toujours en ville mais qui était à présent entré dans l’anonymat. Ce dernier était justement sur les quais, sous les traits parfaitement réalistes d’un mendiant elfique. Il n’avait pas reconnu l’étranger mais son instinct, tout comme le fait que les royaux s’intéresse à lui était le signe qu’il ne fallait pas laisser l’homme à lui-même. Les ennemis de nos ennemis ne sont-ils pas de potentiels alliés ?
Rodnim donna l’instruction qu’on protège l’étranger et qu’on l’emmène immédiatement vers un lieu discret, avant qu’une patrouille ne leur tombe dessus.
Un elfe qui avait tous les atours d’un manœuvre portuaire était en filature de l’homme qui surveillait Franco avec peu de discrétion. Ces marins n’étaient pas très au fait de comment maintenir une filature. Chacun son métier. L’elfe en question faisait partie des oiseaux de nuit et faisait partie de ceux que Rodnim avait emmené dans ses valises, quelques mois auparavant.
L’elfe s’approcha mine de rien de l’homme, poussant sa charrette à bras d’un air désinvolte tandis que Franco continuait sa route. L’elfe se doutait que Franco avait compris qu’il était filé par le marin mal déguisé en local. Il fallait agir pour éviter que celui qu’il protégeait prenne la fuite ou fasse face au marin. Dans un geste calculé, il heurta l’homme, qui pesta contre la maladresse du manœuvre. Laissant l’homme à ses injures, l’elfe se colla à lui et d’un geste rapide, lui enfonça une lame acérée dans le bras droit, là où il avait repéré une dague, tout en plaçant une main d’une force surprenante sur la bouche du marin royal. Retirant d’un coup sec la lame du bras, il la ramena sous la gorge et planta dans la base du coup, sous les cordes vocales, empêchant l’homme d’émettre le moindre son. Un gargouillement plus tard et il sentit le poids de l’homme lui tomber dans les bras. Il le déposa par terre avec vitesse, contre un mur, comme s’il faisait une petite sieste. Il plaça également la charrette à bras devant ce dernier. Un marin tirant au flanc… Quoi de plus naturel ? Et la charrette empêcherait la visibilité de la grosse flaque de sang qui allait se répandre sous peu. Ils avaient gagné quelques minutes.
L’elfe n’avait pas la moindre goutte de sang sur lui et se contenta de ranger son couteau assassin dans son logement discret, le long de la botte. Le duc avait assisté à toute la scène de loin et avait mis la main au pommeau. L’elfe savait à quoi s’en tenir, l’homme savait se battre sans aucun doute. Le fait qu’il avait replacé son arme devait être le signe pour l’humain qu’il ne lui cherchait pas de noise.
« - Venez mon bon prince… Si vous voulez vivre. On ne se connait pas, mais si les royaux vous suivaient, c’est qu’ils avaient de mauvaises intentions pour vous. Je vous amène chez des amis. Venez vite… »
S’en suivit une marche rapide dans les ruelles de Port Cinglant, jusqu’à une petite maisonnette proche de la fin du village de Port Cinglant. L’elfe passa la porte sans hésiter. A peine entrée et la porte se referma et l’on entendit trois loquets cliqueter. L’intérieur était presque totalement dans l’obscurité à part une petite lanterne. On ouvrit une trappe dans le parquet qui menait vers une cave. En bas, assis sur des tabourets, un homme sang mêlé elfique et une elfe attendaient. Ils entouraient une barrique qui servait de table accueillant quelques vélins et quelques verres en étain et un pichet.
« - Mission accomplie… Voici l’homme.
- Bon travail frère… Tu peux disposer. »
L’elfe repartit par-là d’où il était venu.
« - Bienvenue à toi étranger… Mon nom est Rodnim et voici Wingthres. Installe-toi, je t’en prie… Nous tentons de ramener tes amis ici… J’espère que nous arriverons tous à les sauver. »
Rodnim servit un verre à Franco, sous les yeux attentifs de la dame.
« - Qui es-tu étranger ? Tu sembles attirer la convoitise des royaux… D’après ce que l’on m’a dit ils n’avaient pas de bonnes intentions pour toi… Tu peux parler librement, tu es ici entre amis… Nous sommes la rébellion. »
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| | | Franco di Celini
Humain
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| Sujet: Re: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Jeu 15 Mar 2018 - 9:56 | |
| Port-Cinglant, le lendemain matin. - Rien de rien, cette île est inintéressante comme la mort. Franco grommelait dans sa barbe alors qu’il était encore allongé dans le lit de cette auberge un peu lugubre dans laquelle lui et son compagnon de route avaient élu domicile hier au soir. La lumière du jour était en train de traverser les vieux volets qui étaient censés protéger les fenêtres de la chambre. Cléandre semblait encore dormir, épuisé de la journée de la veille. L’ancien duc se demandait bien où allait le mener la suite de son aventure. Port-Cinglant semblait de toute évidence ne pas être l’endroit propice pour vivre en paix loin de ces idiots de nordiens qui prenaient progressivement le pouvoir en Péninsule. A tout bien y réfléchir, tous les notables du sud n’avaient que ce qu’ils méritaient. Ce n’était pas faute de les avoir prévenus que la vraie menace pour eux se situait bel et bien sur le continent Péninsulaire. Ici, à Port-Cinglant, on était loin de tout ça. Pourtant, la couronne ne se gênait pas pour venir appliquer ses missions régaliennes. Comment un roi de deux ans, le cul dans du velours, pouvait-il être légitime sur une terre aussi sauvage et lointaine ? Voilà un bel exemple de la connerie sans nom des hommes. Franco en venait presque à implorer Tyra que les drows reviennent et fassent le ménage dans cette société corrompue et imbue d’elle-même. Le grand brun secoua la tête pour chasser ses nombreuses pensées obscures. Alors qu’il était en train de se lever, il vit que Cléandre était bel et bien profondément plongé dans son sommeil. Il en profita donc pour s’éclipser discrètement de la chambre et rejoindre le hall de l’auberge. L’endroit était sombre mais néanmoins assez peuplé. L’heure avait beau être matinale, nombre de personnes étaient déjà bel et bien éveillées, en train de discuter de tout un tas de sujets avant de commencer leur journée de travail. Franco tendit l’oreille afin de voir si une conversation était susceptible de l’intéresser. Malheureusement, il était difficile de tirer quelque chose d’un tel brouhaha ambiant. Alors, il décida de s’adresser à quelqu’un qui devait nécessairement être bien informé sur la situation et sur ce qu’il se passait dans la ville : l’aubergiste. - Hop là, une eau avec une infusion, ce que vous avez de plus fort. - Ok, m’sieur ! L’homme s’affaira et revint quelques secondes plus tard avec un bock contenant l’infusion commandée par Franco. - Dites-donc, vous avez une idée de comment se rendre en estrévent facilement en partant d’ici ? - Bah ! Y’a des rafiots qui quittent le port tous les jours pour aller à Thaar ! - Thaar … Je ne connais pas bien ce qu’il y’a là-bas. Ça ne craint pas un peu pour un étranger ? - Ben si vous avez du fric pour vous payer un garde personnel, non ! L’aubergiste explosa de rire. Comme si la situation avait quelque chose de réjouissante. Puis il reprit. - Sinon de temps en temps y’a des gars qui vont plus au Nord. J’sais pas moi … Qu’est-ce qui vous tente ? Berdes ? Seram ? Naélis ? Naélis … Franco y avait déjà pensé. Ce serait le comble pour le duc de Soltariel de se rendre sur la terre de ceux qui attaquaient présentement son duché. Mais après tout, il avait confié les rênes à Tibéria, ce n’était plus son problème aujourd’hui … - Naélis, vous dites ? Y’a des bateaux qui vont là-bas ? - De moins en moins. Il parait que ce sera même bientôt interdit. - Interdit ? Par qui ? - Par les laquais du mioche, pardi ! Y parait que l’bobo en a à nouveau quelque’chose à foutre de notre île. - Comme par hasard … Comment fait-on pour se rendre à Naélis ? - Y’a un équipage, celui de la Vierge Grise, qui est dans le port. Les mecs font escale depuis hier et s’apprêtent à partir. Si ça t’intéresse, tu devrais te bouger. Par contre, il fait pas bon dire que tu vas a Naélis en ce moment, si tu vois ce que je veux dire ... Sans dire un mot de plus, Franco paya son infusion et même plus encore alors qu’il ne l’avait même pas bue. Il se leva et fila directement vers la porte qui menait à l’extérieur de l’auberge. Cléandre, son fidèle ami, ne devait pas encore être réveillé, rien ne servait de le paniquer. L’ancien duc n’avait pas besoin de lui pour négocier une traversée vers Naélis. Franco avait rejoint rapidement les abords du port de la ville. Port-Cinglant était loin d’être aussi grande que les villes du continent. Il chercha à trouver quel navire à quai pouvait bien être la « Vierge Grise ». Bien évidemment, il devait maintenir intacte sa couverture afin de n’éveiller les soupçons de personne ici. Si l’influence de la couronne était moindre comparée a ce qu'elle était sur le continent, elle semblait avoir été renforcée depuis peu. Ma foi, quand l’ancien duc avait vu le peu de discernement avec lequel étaient gérées les affaires royales, il ne s’attendait à pas grand-chose d’impressionnant. Alors qu’il marchait le long des quais, les yeux furetant à travers la foule pour repérer le navire en partance pour Naélis, il remarqua assez rapidement qu’un homme le suivait. Un marin du port profitait du chemin que Franco se frayait à travers la foule depuis maintenant quelques minutes. Même s’il ne voulait pas agir trop bêtement, Franco n’était pas vraiment inquiet à l’idée de se faire attaquer. Après tout, il était encore officiellement duc de Soltariel. Si un homme venait à s’en prendre à lui, les conséquences pourraient être importantes pour la faction que représentait l’assassin. Le pas pressé, le duc s’éloigna progressivement de l’afflux de personnes massées sur les quais. Il souhaitait voir si ses pensées se confirmeraient et que l’homme qui le suivait était en effet un espion, ou plutôt un mauvais espion. Le grand brun emprunta une rue perpendiculaire à l’esplanade des quais, sans se retourner. Puis, alors qu’il marchait depuis quelques secondes, il entendit un bruit anormal derrière lui. Franco fit volte-face et fut stupéfait par le spectacle qui s’offrait à lui. Un homme bien plus grand que lui venait de s’en prendre à celui qu’il suspectait de le suivre. L’espion venait purement et simplement d’être assassiné. A moins que cet homme ne suivait Franco pour l’aider … Auquel cas, le duc risquait de se retrouver légèrement embarrassé. Si l’assassin était un tueur à gages qui avait pour mission de ramener la tête de l’ancien Amiral Royal... Instinctivement, les sens de Franco se mirent en alerte. Il posa sa main sur le pommeau de son épée, prêt à dégainer. Cependant, l’étranger rangea son arme et s’approcha calmement de lui. Curieux, le duc attendit de voir ce qu’il allait lui dire. Lorsque l’étranger s’approcha, il comprit qu’il n’était pas un homme de grande taille mais bel et bien un elfe. N’ayant pas l’habitude de côtoyer le peuple des forêts, le duc ne savait même pas si l’individu allait savoir s’exprimer dans sa langue. Les doutes du duc furent rapidement dissipés lorsque l’inconnu lui affirma que des hommes de la couronne étaient à ses trousses. Des hommes de la couronne ? Franco avait toujours servi fièrement la couronne. Soltariel avait été l’un des seuls duchés de la Péninsule à apporter un soutien sans failles à la couronne et c’était comme ça qu’il était remercié ?! Quelle bande d’hypocrites … Sans dire un mot de plus, le duc suivi l’inconnu. C’était risqué, mais après tout, n’était-il pas venu ici pour vivre une aventure nouvelle ? C’était l’occasion ou jamais. Franco suivi l’elfe à travers la moitié de la bourgade avant d’en atteindre les limites. Alors ils pénétrèrent dans une petite demeure qui ne payait pas de mine. Précipitamment, Franco se retrouva enfermé dans la maison. Ceci ne lui disait rien qui vaille. Jusqu’à ce qu’il fut amené au sous-sol de la maison et présenté à un étrange individu. Ce semi-elfe avait des allures de chef d’une organisation secrète. Etait-il le chef d’une sorte de secte locale ? L’homme se présenta. Franco allait agir avec calme et prudence. - Messire Rodnim, madame Wingthres. Le duc s’inclina légèrement. Si j’en crois ce que je viens de voir, il semblerait que votre « frère » vienne peut-être de me sauver la vie. L’inconnu lui servit un verre. Que pouvait-on boire à Nelen ? Il était encore un peu tôt pour l’alcool … Légèrement essoufflé par sa course à travers Port-Cinglant, le duc accepta l’invitation à s’asseoir. Il ne cacherait pas son identité. Après tout, à quoi bon mentir à un homme qui venait de le sauver ? - Je suis Franco di Celini. Duc de Soltariel, ancien Amiral Royal. Je suis ici car … J’en ai eu assez de tous ces hommes faux et prétentieux qui dirigent la Péninsule. Le mensonge est une tare que j’exècre. Cet homme avait fini sa phrase en parlant de rébellion. L’idée intriguait Franco. Contre qui ces hommes se rebellaient-ils ? Se battaient-ils pour l’indépendance de l’île ? - Vous avez parlé de rébellion. Qui sont vos ennemis ? La couronne ? Les Langecins ? Ou qui-sais-je encore qui vient de ce continent maudit ? Du moment que ceux contre qui vous vous battez représentent ce système véreux qu’est la noblesse Péninsulaire, je suis avec vous. Franco doutait qu’il puisse être d’une grande aide pour une quelconque rébellion en l’état actuel des choses. Certes, il était un homme intelligent et qui savait se battre à l’épée. Mais comme tout un tas d’autres hommes … - Si je puis me permettre, je n’ai qu’un ami qui voyage avec moi. Il s’appelle Cléandre et loge à l’auberge de l’Encre Seiche. Si vous pourriez le ramener vers moi ainsi que nos affaires … Je pense être plus efficace pour vous aider, si je n’ai pas à me soucier de son bien.
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Mer 11 Avr 2018 - 19:09 | |
| Les deux se regardèrent tout en écoutant les réponses de l’homme. Rodmin en particulier -le sang mêlé elfique- écarquilla un peu les sourcils en regardant son acolyte tandis que l’homme révélait son identité. Il eut le doute quelques instants de savoir si l’homme disait vrai. Le mensonge était tout de même très gros si cela en était un. Le sang mêlé semblait quelques peu moins prompt à cacher ses émotions que son amie elfique. Cette dernière resta de marbre aux paroles de l’homme.
Un message partirait dans la soirée pour Thaar pour vérifier tout cela de toute manière, mais dans l’intervalle il n’y avait pas de raison de douter des paroles de l’homme. Il fallait rester prudent, peut être était-ce là une autre tactique des royaux ? Mais cela aurait étonné l’un comme l’autre. D’une part la machination était trop bien orchestrée pour des gens venant seulement de débarquer dans l’île et comprenant un peu tardivement que l’incendie couvait. D’autre part la rébellion disposait, alors que l’insurrection n’avait pas encore éclatée, d’informateurs nombreux dans le petit port. Sans aucun doute si cet homme avait débarqué avec les autres plutôt que par son navire, cela aurait été rapporté différemment aux oreilles des deux personnes.
Rodnim regarda intensément Wingthres. Il savait que cette dernière disposait de dons qu’il ne maitrisait pas pour sonder le cœur des hommes. Si elle n’était pas totalement versée dans les arcanes, elle disposait d’une sorte d’instinct presque absolu sur qui disait mensonge et qui mentait. Cela ne fonctionnait pas avec tous et dans toutes les circonstances, mais elle savait dire lorsque ce pouvoir se réveillait en elle. Naturellement cela avait beaucoup favorisé sa montée dans les rangs de l’organisation.
Elle ferma les yeux un instant, ce qui fut le signe pour Rodnim qu’elle devait avoir un moment d’inspiration envers la véracité des dires du jeune homme. Il guetta un signe de l’elfe et collègue qui rouvrit les yeux en lui souriant légèrement.
Ainsi l’homme disait vrai…
C’était là une extraordinaire coïncidence. Les Dieux étaient-ils tant en accord avec les desseins de leur maitre pour qu’un tel cadeau leur tombe dessus ? Si cet homme aussi crucial avait quitté avec rapidité la Péninsule, la situation sur place devait être encore plus grave que Rodnim ne l’avait pensé. Restait que cet homme n’était pas un allié, et que ses allégeances restaient à comprendre.
“- Votre Altesse… C’est un honneur pour moi de vous rencontrer.”
L’elfe avait parlé. Comme toujours lorsque Wingthres prenait la parole, on avait l’impression qu’une part de soleil était entré dans la pièce. Il fallait dire que sa voix était enchanteresse, une sorte de mélodie rare, de celle qu’on entendait une fois pour se souvenir toute sa vie. Si la beauté de l’elfe n’était pas aussi extraordinaire que certaines de ses comparses, sans nul doute sa voix la plaçait sur plan différend.
“- Je vais m’assurer que votre Cléandre soit retrouvé Votre Altesse. Si vous voulez bien m’excuser, Rodnim va s’occuper de vous.”
La dame s’en fut. Rodnim reprit une gorgée de l’infusion d’eau fraiche aux épices qu’on avait servi. Visiblement il réfléchissait.
“- Votre Altesse… Les choses ici sont bien complexes. Je suis un commerçant Thaari installé ici à Port-Cinglant. Nous sommes nombreux dans ce cas. Sans compter également nombre encore plus grand d’hommes et de femmes issus de l’estrevent tout proche qui servent dans les commerces et les lieux de production de ces îles.”
Il fit une pause.
“ - Nelen est un archipel dont la proximité géographique avec l’estrevent rend étonnant son appartenance péninsulaire. Et si la Péninsule ne s’était depuis des années mêlée de ses affaires, l’archipel aurait été colonisé plus rapidement encore par les peuples de l’estrevent. Sans compter que les péninsulaires installés ici, pour la plupart d’anciens marins en quête de liberté sous des latitudes plus clémentes, ne sont pas les plus prompts à approuver d’une discipline de fer. ”
Il resservit un peu d’eau et en proposa au duc.
“- Le Langehack a eu l’intelligence de nommer ici un marin, ce qui a cimenté les péninsulaires. Mais depuis des années les artisans estreventins et les commerçants courbent l’échine toujours avec un peu plus de peine. Ici nous sommes des sujets de seconde catégorie. Sans compter que dans tout l’archipel, l’essentiel des elfes, drows ou sang-mêlés sont des esclaves achetés par des propriétaires nommés par les maîtres péninsulaires successifs. Cette frange en particulier ne supporte plus sa condition.”
Il laissa au duc quelques secondes pour intégrer ces informations.
“ - Depuis des mois déjà une rébellion couve sur ces îles et les estreventins se préparent, car nous avions peur que les péninsulaires tentent de reprendre la main sur ceux maintenant devenus plus nombreux… Nous avions peur de prendre les armes tant que nos nombres étaient équivalent à ceux des péninsulaires et que nous savions que nous n’aurions aucun moyen de nous protéger contre le retour de bâton péninsulaire.”
Rodnim eut un petit sourire.
“ - Avec la disparition d’Enrico de Montecale, poussé à l’exil par la Couronne, le statut quo a été brisé. La dépose du frère d’Enrico de Montecale il y a quelques jours a encore plus gonflé nos rangs. Entre les péninsulaires attachés au baron, les estreventins esclaves des péninsulaires et les commerçants de thaar et d’ailleurs, nous sommes à présent en mesure de prendre en main notre destin. Nous étions divisés, nous nous sommes retrouvés autour d’un ennemi commun.”
Il pointa le doigt sur le duc.
“- Mais nous devons vous mettre à l’abri. L’insurrection va commencer d’ici à quelques jours, peut-être quelques heures… Le feu a déjà pris. Et la réponse des envoyés de la couronne sera violente. Autant dire que nous devons vous mettre à l’abri des assassins et des combats.”
Il croisa les mains.
“- Ici vous êtes en danger. La rébellion dispose de puissants alliés. Nous aurons le dessus sur ces hommes que la couronne a envoyé… Cette tâche n’est pas de votre responsabilité. Mais si vous avez des comptes à régler avec l’occident, alors nos alliés seront de meilleurs interlocuteurs pour vous… Pour eux avoir l’expérience d’un homme comme vous leur serait inestimable… Je peux organiser votre départ pour la cité de Thaar dès la nuit tombée. Nous pourrions vous mener au plus puissant des alliés de la rébellion, l’armateur Savarius. Qu’en pensez-vous ? ”
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| | | Franco di Celini
Humain
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| Sujet: Re: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Jeu 12 Avr 2018 - 7:58 | |
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Franco sentait le doute qui s’installait progressivement autour de lui. En même temps, qui aurait cru simplement sur parole un homme qui affirmait être l’un des notables les plus importants de la Péninsule ? L’ancien duc dévisagea ses interlocuteurs en même temps qu’il s’adressait à eux. Leurs visages étaient de marbre. Etrangement, ils venaient de le sauver mais pour autant semblaient peu enclin à communiquer avec lui. Puis il y eut un déclic. Certainement quelque chose de trop imperceptible pour que Franco puisse le saisir. En même temps, le grand brun n’avait presque toujours fréquenté que des humains et ce n’était pas les êtres les plus raffinés de ce monde.
Messire Rodnim se révéla surprenant. Le sang-mêlé eut la politesse et l’éducation de saluer Franco de manière adéquate à son rang. Le duc n’était pas stupide, il savait que les règles d’éducation strictes de la Péninsule étaient respectées à la lettre sur le continent mais que les gens vivant en dehors n’en avaient que faire. Ils avaient d’ailleurs bien raison de ne pas s’embarrasser avec si peu. Le chef mystérieux de la « secte » rassura Franco sur l’avenir de son comparse Cléandre. Ce à quoi il se contenta de répondre par un simple « Merci ».
Puis vint le sujet de Nelen. N’importe qui se trouvant actuellement à Port-Cinglant pouvait facilement se rendre compte de la situation politique complexe de l’ile. Franco avait déjà été amené à s’exprimer sur le sujet avec les notables de la Péninsule, notamment avec le chancelier de Wenden. Mais le fait de se retrouver directement sur place permettait de se rendre compte de la complexité de la situation. L’archipel était une terre lointaine et divisée. Sur le continent, on se complaisait à appeler ça une « Baronnie » mais n’importe quel homme qui n’était pas né de la dernière pluie pouvait se rendre compte que cela n’avait rien d’une terre langecine. Encore moins d’une terre royale … Cette conversation en témoignait, un duc en exil complotant avec un semi-elfe et une elfe contre le pouvoir établi …
- Au nom de toute la noblesse Péninsulaire, je tiens à m’excuser auprès de vous. Je crois que les hommes du continent ont la fâcheuse tendance de vouloir toujours tout gérer à leur manière et à imposer des lois qui ne font finalement qu’empiéter sur les libertés des gens qu’ils asservissent … Je ne sais pas si je suis vraiment bien placé pour m’exprimer ainsi, mais je tiens à le faire.
Franco croisa les bras. Il se sentait presque coupable de la situation nélenite. Lorsqu’il en avait eu l’occasion, il n’avait pas ouvert les yeux sur les agissements de la couronne. Mais il n’était jamais trop tard, s’il pouvait aider aujourd’hui : il le ferait. L’homme écouta attentivement la suite des rapports de messire Rodnim sur la situation locale, l’histoire locale et les plans des rebelles … Il fut honoré de constater que l’homme ne se méfiait pas de lui. Franco aimait inspirer la confiance.
Le vase était sur le point de déborder. Si Nelen ne s’embrasait pas aujourd’hui, ce serait demain. Mais celui qui semblait être le chef de cette rébellion était clair : Franco serait plus utile à l’arrière du champ de bataille derrière des cartes et des papiers qu’au milieu de du massacre. Un massacre qui aurait lieu à cause de l’ingérence de la couronne …
- Je vais être franc, je me sens coupable de tout cela. Et la vengeance est plus claire lorsque l’on se bat directement que lorsque l’on se bat directement. Dans l’immédiat, je pense que je peux vous apporter des informations claires et précises sur les forces à disposition de la couronne Péninsulaire et que je peux plus ou moins anticiper leurs plans.
Franco déglutit. Il s’apprêtait à dire … beaucoup de choses.
- Un homme, un certain Francesco, a été nommé à la tête de la flotte royale. Cet homme est un soltari, tout comme moi. Il a l’expérience de la mer. Mais les navires à sa disposition sont … Véreux. J’en ai supervisé la construction. Cinq caraques et dix galéasses sont à la disposition de la flotte royale. Il doit également leur rester quelques vieux navires qui n’ont pas navigué depuis belle lurette … Enfin rien de bien impressionnant. Pour ceux que je dis véreux : Ils ont été fabriqués rapidement. Je comptais les prêter aux nordiens pour mener leur guerre insensée. Autant dire que je n’allais pas leur fournir les meilleurs navires du royaume.
L’ancien duc réfléchit un instant avant de reprendre.
- D’autres duchés pourraient être amenés à combattre ici. Nous pouvons écarter Soltariel. Mon épouse, Tibéria, doit être bien assez affairée avec ce qu’il se passe en pays ydrilote. Je pense qu’il n’est même pas question de penser à Ancenis ou toute autre terre médianaise. Quant à Langehack … Il se peut que le duché envoie quelques navires ici pour faire montre de sa bonne foi auprès de la couronne. Rien n’est moins sûr, la ligne politique des langecins est assez floue ces derniers temps …
Le duc soupira.
- En bref, nous pouvons nous attendre à voir une vingtaine de navires sous pavillon Péninsulaire débarquer ici. Vingt-cinq tout au plus. Si nous nous basons sur la capacité des navires … Au maximum du maximum un millier de marins et un millier d’hommes d’armes pourront être transportés. Si tant est qu’ils arrivent à mobiliser autant de monde, rien n’est moins sûr.
Franco se posa un instant, il jeta un œil à dame Wingthres qui était restée en retrait avant de reprendre. Sa décision serait sans appel.
- Je comprends que vos alliés estréventins ont besoin de moi. Nelen n’est pas ma terre. Mais ces gens, je veux dire « vous », souffrez à cause de l’ingérence des nobles de mon acabit. Si vous avez besoin de moi pour galvaniser les gens d’ici, je m’en verrai honoré. Si vous estimez que ma présence sera plus profitable à votre cause dans des terres plus abritées, alors je m’en remets à votre jugement.
Messire Savarius … Franco avait déjà traité indirectement avec lui via la compagnie du Haut-Talbot. S’il était réellement amené à le rencontrer, alors il était extrêmement impatient.
- Je crois imaginer l’étendue de l’influence de messire Savarius. Alors, finalement, je m’en remets à son jugement.
Franco adressa un sourire franc à ses deux interlocuteurs.
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 42 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Port-Cinglant, nous voilà ! [Libre] Sam 14 Avr 2018 - 1:16 | |
| Rodnim eut un regard un peu surpris lors des excuses de l’homme. Soltariel n’avait pas grand-chose à voir avec la royauté ou Nelen. Rodnim savait que l’homme avait été amiral de la Flotte royale. De ce point de vue il était peut-être légèrement plus concerné par les évènements. Mais dans tous les cas il n’était visiblement pas du côté des despotiques à l’heure actuelle. Restait que l’homme était un problème car une cible d’importance pour les royaux.
Rodnim eut droit à la raison de la honte que Franco avait présenté précédemment. Son sentiment de culpabilité était effectivement lié à son action dans la recomposition de la flotte royale. Ou plutôt de ce qui se faisait appeler flotte royale. Car Rodnim eut l’information intéressante de l’état de construction des navires péninsulaires. Cela recoupait les informations qu’il avait pu récupérer par ailleurs de la part de l’Organisation. Visiblement ces gens n’étaient pas équipés de navire de première qualité. Il fallait dire qu’on ne sortait pas aussi facilement que cela une flotte de terre.
La situation politique de Péninsule semblait toujours désastreusement complexe pour Rodnim. Lui n’était vraiment pas friand de ces histoires. C’était par nécessité plus que par intérêt qu’il s’était plongé dans les parchemins pour obtenir dans une compréhension -toute relative- de la situation outre-Olienne. Il n’était donc pas perdu lorsque le duc lui parlait des enjeux péninsulaires de cette bataille. Mais tout cela paraissait si lointain… Rodnim lui était là pour gagner des batailles bien plus proches et bien plus concrètes. Mais malheureusement les choses devinrent tristement concrètes lorsque l’homme parla de renforts. Un millier d’hommes ? C’était là plus que la population de Port-Cinglant… Rodnim escomptait sur un millier de rebelles au total, et sur l’ensemble de l’archipel. Il n’avait pas encore reçu de nouvelles de Thaar pour savoir si une flotte allait finir par venir les aider. Aux dernières nouvelles cela se préparait. Mais un peu lentement à son goût. Il avait envoyé une lettre alarmée le matin même à Thaar pour prévenir qu’il fallait agir vite, sans quoi la rébellion risquait de se lancer à corps perdu et serait écrasée par les péninsulaire. Les informations du duc ne faisaient que confirmer cette urgence.
Mais l’urgence du moment n’était pas là. Il fallait surtout permettre au duc de quitter l’île au nez et à la barbe des péninsulaires pour lui permettre de rallier aussi vite que possible Thaar. La partie serait serrée, mais cela ne serait pas impossible. Wingthres était revenue. Le compagnon de l’homme avait dû être retrouvé. Le duc indiqua qu’au final il était prêt à partir pour Thaar. C’était tant mieux. Rodnim aurait eu du mal à gérer cette épée de Damocles au-dessus de sa tête. Rodnim fit un signe de tête à son acolyte. Cette dernière prit la parole.
« - Votre compagnon est à l’étage. Il est sauf. Mais nous avons dû nous débarrasser d’un autre homme de la couronne qui le suivait… Ils sont de plus en plus suspicieux. Nous allons devoir être prudent Rodnim.
- Oui… Sans aucun doute. Votre Altesse, je vous laisse rejoindre votre compagnon. Wingthres et moi allons mettre au point un plan pour vous faire quitter la ville incognito. Un de nos frères va vous trouver une couche si vous souhaitez prendre des forces. Nous aurons beaucoup de chemin à faire à pied… »
On plaça le duc et son ami dans une chambre tout en haut de la maison. Il faisait une chaleur étouffante sous ces combles dans cette atmosphère moite qu’était Nelen en ce plein été. Les volets étaient fermés mais au travers des grilles on pouvait admirer la vue sur la baie aux eaux azurées de Port Cinglant et les berges de l’île. Une petite cacophonie d’oiseaux venait parfaite ce tableau. La ville paraissait calme et le tableau aurait été complet si cela n’avait été pour les quatre potences qui trônaient au loin sur le port. Un homme pendait au bout d’une des quatre cordes. Certainement un exemple fait à la population par un marin zélé.
Ce fut au beau milieu de la nuit et alors que tout paraissait d’un calme olympien que l’on entra avec discrétion dans la chambre. On réveilla les deux hommes. Aucune lumière n’était visible.
« - Votre Altesse. Il est l’heure. Nous partons dès maintenant. »
Aucun des deux personnages vus plus tôt n’était là. La personne qui venait les chercher était un drow à l’air sérieux. Il avait sous ses bras deux tenues d’un noir quasi absolu à capuche. Il était revêtu des mêmes atours.
« - Mettez cela, cela permettra de se déplacer en toute discrétion. Je vous attends en bas dans cinq minutes. »
Il ressortit de la pièce. On quitta la maison dans la nuit totalement noire. Une couche de nuage passagère cachait les étoiles et la lune et seule une clarté diffuse s’échappait des nuages. Trois ombres supplémentaires dans un village totalement endormi. On croisa une patrouille en restant parfaitement immobile au détour de maisons donnant sur le port. Arrivé sur le port, le drow prit la direction du bout du petit port et descendit une échelle descendant le long du quai, vers l’eau. Là se trouvait une barque extrêmement fine. Ils y montèrent tous les trois et le drow attrapa une perche et se mit à faire glisser silencieusement la barque sur l’eau. Il passa une grille rouillée qui donnait dans une sorte de goulot, certainement là pour évacuer les eaux de pluie de la maçonnerie du port. Ils s’engouffrèrent dans le goulot et se retrouvèrent dans l’obscurité totale. Mais visiblement leur guide savait où aller.
Au bout de moins d’une minute, une petite secousse se fit sentir. Ils devaient être arrivés. Les lieux sentaient la vase. Une petite lueur se fit voir et le drow alluma une petite lampe à huile. Ils étaient dans une sorte de zone maçonnée et devait se trouver sous les quais. Un petit parement en brique permettait de marcher le long de l’eau. Le drow se mit à marcher sur ce petit muret et ils arrivèrent à une nouvelle grille rouillée. Le drow éteignit la lampe. Ils passèrent la grille. Ils étaient en dehors de la palissade de bois qui faisait office de mur à Port Cinglant.
Il fit un petit signe de faire attention à une ombre se trouvant au loin. Un garde certainement.
Le drow avança prudemment, les deux hommes sur ses talons jusqu’à arriver jusqu’aux premiers fourrages luxuriant. Là il s’autorisa à retirer sa capuche et à se mettre un peu à l’aise. Il fallait dire qu’il faisait chaud en cet été… La nuit était un peu étouffante. Ils se mirent à marcher, suivant la côte mais restant dans la forêt luxuriante. Ce ne fut qu’au bout d’un quart d’heure de marche, alors que Port Cinglant n’était plus en vue, que le drow s’autorisa à aller marcher sur la plage.
Il resta silencieux et continua son chemin, entrainant les deux comparses de plus en plus loin sur l’île. Finalement ils arrivèrent à un petit chemin de terre qui s’enfonçait dans la forêt. Il prit le chemin et bientôt les trois hommes prirent d’assaut une colline. Ils passèrent un petit vallon luxuriant et au fond duquel se trouvait un trou d’eau auprès duquel le chemin passait. Le marécage était visiblement un lieu de vie de grenouille ou de crapauds car le bruit des batraciens était presque insoutenable. On remonta une colline alors que les deux lunes réapparaissaient dans le ciel, permettant de se rendre compte du paysage autour d’eux. L’île était partiellement montagneuse, disons que des collines étaient présentent, et recouverte d’une forêt luxuriante. Ils étaient arrivés au sommet d’une deuxième colline et avait traversé l’île de part en part.
Il fallait dire que le départ avait dû avoir lieu plusieurs heures plus tôt. Leur guide paraissait infatigable et ils avaient dû parcourir presque une dizaine de kilomètres en cumulé. Et le désert qu’ils affrontaient maintenant donnait sur la mer. De ce côté ci néanmoins un brouillard semblait être monté, certainement lié aux températures. Ils rentrèrent dans ce brouillard et finirent sur une plage où une barque était plantée au milieu du sable. Un petit groupe de trois personnes attendait. Dans le lot se trouvait Rodnim. Il salua le groupe et les invita à les rejoindre.
« - C’est ici que nos chemins se séparent Votre Altesse… Je vais vous laisser entre les mains expertes du lieutenant Kamers, ici présent. Ce dernier s’occupe de vous exfiltrer… »
Le lieutenant était un semi-elfe donnant l’air d’avoir une trentaine d’année. Il portait un uniforme maritime tout à fait oriental. Il portait également à son flanc un sabre d’une taille respectable. Sur sa tête était placée une sorte de shako. Il s’inclina devant Franco. Il avait un accent oriental à couper au couteau, encore pire que celui de Rodnim.
« - Votre Altesse, nous devons profiter de la marée. »
Rodnim eut un petit sourire. Il fronça les sourcils d’un air concerné.
« - Merci pour vos paroles d’encouragement tantôt Votre Altesse. Ne vous en faites pas trop pour nous. Les Dieux sont avec nous, et nous défendons le sens de l’Histoire… Nelen ne sera peut-être jamais totalement libre, mais tout du moins reviendra-t-elle à l’Orient. Je vous souhaite bonne chance, et bon vent… Et maintenant vous devez partir. »
Il serra une poignée de main franche au duc. Et se mit à repousser la barque à la mer avec le drow et le dernier personnage. Le lieutenant s’était mis à une rame, et Franco ou son ami à l’autre. Il fallut souquer sec pour arriver à percer les vagues, même si elles n’étaient pas très importantes tout en voyant le petit groupe resté sur la plage disparaitre dans le brouillard.
« - Il nous reste une heure seulement avant les premières lueurs, et les quelques navires péninsulaires rodent. Notre objectif ne peut attendre éternellement, il faut que nous accélérions le rythme. »
Le lieutenant se fit remplacer à la rame et entreprit de monter le petit mat prévu pour le centre de la barque et leva une petite voile. Les Dieux devaient être avec eux car une petite brise vint gonfler la voile, permettant d’accélérer le mouvement en plus des rames. Une petite heure plus tard, ils émergèrent du brouillard. L’aube était encore loin, mais la nuit n’était plus tout à fait noir, preuve que le jour commencer à poindre.
Le lieutenant sortit une petite corne de brume et fit un appel très court. Quelques secondes plus tard trois petites réponses se firent entendre. Le lieutenant sortit alors de sous un des bancs de la barque une sorte de bourse. Il renversa son contenu dans l’eau de mer les entourant. Quelques secondes plus tard une lueur blafarde se fit voir dans la mer et moins de cinq minutes plus tard une tâche de clarté avait entouré le bateau. Le contenu de la bourse avait rendu la surface de l’eau lumineuse.
Un bruit de vague se fit entendre et les trois personnages se retournèrent. Du brouillard émergea en direction de l’île un navire qui se rapprocha de la tâche lumineuse. Alors que cette dernière commençait à réduire en luminosité, le navire commença à ralentir. Il passa à leurs côtés à basse vitesse et un des hommes d’équipage jeta une corde que le lieutenant attrapa à la volée. Il attacha sa barque qui vint se coller sous l’effet de la vitesse contre le navire.
Le navire reprenait de la vitesse. On lança deux autres cordes. Le lieutenant attacha les cordes aux bancs du navire. Quelques minutes plus tard un bruit de poulie se faisait entendre tandis que la barque se faisait hisser le long du flanc du navire. Cela laissa le temps à Franco d’observer le navire. Il n’était pas immense mais de taille déjà assez marquée. Il ne ressemblait à aucun des navires que l’on pouvait voir en péninsule. D’une finesse incroyable, on sentait que des elfes devait avoir eu avoir avec sa construction. Il avait un profil élancé peu courant dans l’architecture navale du moment. Ses mats n’étaient pas droits mais à environ 60° d’inclinaison par rapport au pont. C’était un petit navire fascinant.
Une fois la manœuvre terminée, le navire vira de bord, et prit la route du nord est. Le vent gonfla un peu plus ses voiles et il se mit à accélérer petit à petit sur la mer d’un calme plat. Le bruit de l’eau frappant la proue du navire devint plus fort et les cordages commençaient à faire entendre une petite musique particulière tandis que la force du vent venait solliciter les cordes et tracter le navire vers des vitesses plus grandes encore.
La barque posée sur le pont, on débarqua de la chaloupe pour le pont du navire. Le comité d’accueil était composé du capitaine, lui aussi dans un uniforme très oriental. Il était entouré de deux hommes, certainement des officiers du navire, qui se tenait avec raideur autour de leur maitre.
« - Bienvenue à bord de l’Ogremat… Je suis le capitaine Bahir, commandant de ce navire. Lieutenant, avez-vous la correspondance ?
- Oui mon capitaine. »
Le lieutenant sortit de son gilet un pli cacheté. Il le tendit à son officier supérieur. Ce dernier s’en saisi.
« - De la lumière ! »
Une lanterne vint trouver sa place à proximité du capitaine en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Le capitaine ouvrir la lettre et la lu. A la fin de cette dernière, il leva ses deux petits yeux cerclés de rides forgées par le sel et le soleil.
« - Lequel d’entre vous est Franco di Celini ? »
Il dévisagea l’homme.
« - Bienvenue à bord Votre Altesse. Mes ordres sont de vous ramener le plus vite possible à Thaar. Nous faisons déjà route. Nous y serons demain midi. Ce navire est très rapide et nous disposons d’un bon vent. »
Il regarda autour de lui.
« - Votre nuit a été exténuante je suppose. Ce navire n’est pas prévu pour les passagers et est prévu pour la haute mer. Nous ne disposons pas de beaucoup de couchettes. Je vous propose de vous laisser ma cabine. J’irai dormir avec les hommes en hamac. Si, si, j’insiste, il n’en sera pas autrement. D’ailleurs, cela m’arrive souvent. Mousse ! Emmène ces deux hommes à ma cabine. Ils ont besoin de sommeil. »
Ainsi fut-il fait. Et rapidement le navire transperçant à grande vitesse les flots se retrouva avec bien peu d’homme encore réveillés. La nuit avait été longue pour tout le monde…
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