Epées d'argent pour un trône blanc [Anorn]

S’il voulait lever la malédiction, châtiment des dieux pour être revenu d’entre les morts, Glenn devait se rendre en Alëandir pour y effacer la marque de Kyria, déesse de la nature. L’homme avait toujours été fasciné par les elfes au point de tomber amoureux et d’épouser l’une d’entre elles. Pourtant, il ne s’était jamais rendu dans la prime forêt. Il voyait dans ce voyage l’occasion de rencontrer son homologue elfique et d’entamer de nouvelles relations diplomatiques.

Jusqu’à présent, les elfes s’étaient toujours montré très discret vis à vis du jeune royaume de Naelis, les échanges se limitant à des aides militaires succinctes aux frontières.  Le premier jour de la première ennéade de Vérimios vit l’arrivée au palais d’Alëandir d’un elfe, au service de Naelis, porteur d’un message du roi Glenn pour le régent Anorn.

Dixième année du 11ème cycle
Julas de la huitième ennéade de Barkios
de Naelis

A Anornedellon Nedi Lûcannui, Régent du Royaume elfique et Seigneur Protecteur des terres de la Quatrième Saison,

Salutations, régent de la prime forêt ! J’entreprends un voyage sur vos terres aux côtés de ma femme, la Reine Glinaina Hereon-Wylenarin.

Par ce voyage, je souhaite avant tout en apprendre plus sur votre peuple. Nous sommes voisins et depuis mon arrivée en itrhi’vaan, les elfes sont de plus en plus présent en Naelis et participent activement  à la vie du Royaume. Par ailleurs, nous avons toujours une dette envers les éclaireurs de votre armée qui ont combattus vaillamment à nos côtés face aux forces de la prime sorcière drow.

Il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion pour nous rencontrer. En effet, il faut que je vous fasse part de sombres nouvelles en provenance des marécages de Faëlia : le culte du chaos, éternel allié des sombres, a resurgit de ses cendres.

Sa Majesté Glenn Hereon,
Roi de Naelis
Souverain de La Dross
Vicomte du Curzio

Arkuisa de la première ennéade de Verimios,
De la dixième année du onzième cycle.

Il n’avait pas encore entrepris son voyage à Holimion pour son frère et cela le tracassait énormément. Il voulait partir, il voulait lui apporter ce qu’il pouvait et il voulait se libérer d’un poids qui pesait depuis bien trop longtemps sur sa conscience. Mais il avait encore du travail ici et il faisait au mieux. Le flot ne s’arrêtait jamais et aujourd’hui, il répondait à son courrier. Il avait reçu une missive de la part de Naelis il y avait de cela deux ennéades. Il avait été surpris du contenu et s’était demandé si la missive était sérieuse. On s’invitait sur les terres de son peuple et on lui servait des sornettes. Mieux comprendre son peuple, lui rappeler une dette qu’ils avaient à leur égard, à quel moment allait-on lui dire que tout ceci n’était qu’une vaste plaisanterie ? C’était pour cela qu’il avait laissé cette missive de côté pendant quelques temps. Il avait eu plus important à gérer. Il était cependant temps de répondre, alors il prit sa plume et entreprit de rédiger quelques mots.

 

Cité de Naelis,
Royaume de Naelis,
Terres de l’Ithrii’vaan.

Du Palais d'Alëandir
Première ennéade de Verimios
De la dixième année du onzième cycle.

Au roi de Naelis, Souverain de la Dross, Glenn Hereon.
Salutations.

Sachez que je suis très surpris de recevoir une telle missive de votre part. Je n’ai pas été tenu au courant des accords concernant votre entrée sur nos terres ni du déroulement de cette opération. Je déplore la présence de plus en plus nombreuse d’elfes en dehors de l’Oeuvre de la Mère mais j’espère qu’un jour, ils reviendront à la raison. Le nom de votre épouse ne m’est pas familier, vous a-t-elle laissé penser le contraire ? Si c’est le cas, j’en suis navré.

La dette que vous avez envers nous ne nous est pas étrangère et elle n’est pas tombée dans l’oubli. Il est agréable de savoir qu’il en va de même pour vous. Tout ceci établi, il me paraîtrait plus avisé de votre part de me dire ce que vous venez réellement chercher sur nos terres. Je ne crois pas un instant à la soudaine envie d’en savoir plus sur notre peuple au cours d’une balade forestière, qui vous ferait passer heureusement par le Trône Blanc. Quant à la réapparition du culte du chaos, une seconde missive sera tout aussi efficace qu’un long voyage pour me faire part des motivations qui se cachent derrière.

Une escorte pourra vous être envoyée si la réelle raison de votre visite se trouve être justifiée. Sans cela, je crains que le seul moyen que nous ayons d’échanger soit ces missive.

Dans l’attente de votre réponse,

Anornedellon Nedi Lûcannui, Régent du Royaume elfique et Seigneur Protecteur des terres de la Quatrième Saison.

Dixième année du 11ème cycle
Première ennéade de Vérimios
de Naelis

A Anornedellon Nedi Lûcannui, Régent du Royaume elfique et Seigneur Protecteur des terres de la Quatrième Saison,

Régent Anorn,

Loin de moi l’idée de vous duper en vous faisant part de mes craintes quand à la reconstruction d’Abysséa ainsi qu’en vous faisant part de ma volonté d’en apprendre plus sur votre peuple. Cela fait clairement parti de mes objectifs, si vous me le permettez, en me rendant sur vos terres.

Bien sûr, vous l’avez deviné à juste titre, il y a d’autres raisons qui me poussent à me déplacer personnellement dans la prime forêt. Mais cela, je ne peux en parler dans une simple missive. C’est pourquoi je sollicite humblement une audience auprès de votre personne.

Sa Majesté Glenn Hereon,
Roi de Naelis
Souverain de La Dross
Vicomte du Curzio

Suite à la lecture d’une réponse qu’il attendait sans trop d’impatience, Anorn resta dubitatif. Il aurait pu croire qu’on lui faisait une blague, tant le contenu de la lettre était inexistant. N’avait-il pas été assez clair dans sa missive précédente ? Peut-être ne souhaitait-il pas recevoir d’escorte du Trône Blanc. Ou il ne comprenait pas ce qu’on lui demandait vraiment. Se relevant de son siège, il se servit un verre et prit une gorgée. Il ne savait que répondre à ce qu’il venait de lire. Lui renvoyer sensiblement la même missive ? Au moins il admettait ne pas venir uniquement pour le paysage. Alors quoi, il comptait récolter des informations au sein de la capitale ? S’introduire dans la Prime Forêt, sous la protection du Régent, pour ensuite laisser libre cours à des dessins qu’il ne connaissait pas ? Impensable.

Revenant vers son bureau, il s’assit, posant son verre après une deuxième gorgée, et attrapa sa plume ainsi qu’un parchemin. Quoi qu’il en soit, il devait retourner une réponse rapidement.

 

Cité de Naelis,
Royaume de Naelis,
Terres de l’Ithrii’vaan.

Du Palais d'Alëandir
Deuxième ennéade de Verimios
De la dixième année du onzième cycle.

Au roi de Naelis, Souverain de la Dross, Glenn Hereon.

A la lecture de votre réponse, je me demande si vous avez réellement lu la missive que vous avez reçu de ma part. La confirmation qu’il y a certes une autre raison à votre demande m’est agréable, mais permettez moi de vous dire que je le savais déjà. Vos lignes ne m’apportent rien de plus que les précédentes. Je ne peux consentir à vous accorder une entrevue dans ces conditions. Le risque est bien trop grand pour que je vous fasse escorter jusqu’à la capitale sous le seul prétexte que votre dessin ne peut être couché sur le papier. J’entends bien que les détails resteront à votre discrétion jusqu’à ce que nous nous rencontrions, seulement comprenez que j’ai besoin des grandes lignes.

Par ces lignes, je ne peux vous interdire l’accès à la Prime Forêt. Mais sans une escorte vous y entrez à vos risques et périls. Votre réponse arrivera au mieux le jour de mon départ et je serai de retour courant Verimios. Je ne pourrai donc pas vous répondre avant cela, mais sachez que j’attends toujours une explication concise de votre demande.

Que les Cinq vous guident,

Anornedellon Nedi Lûcannui, Régent du Royaume elfique et Seigneur Protecteur des terres de la Quatrième Saison.