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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 728 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
Sujet: L'Renor Crysto Mer 18 Avr 2018 - 19:44
Le vieil homme se tenait devant elle. La pièce n’était que faiblement éclairée, par quelques chandelles plus que largement consumées. Combien de temps avaient-ils passé à se dévisager l’un l’autre dans un silence devenu pesant ? Nul n’aurait su vraiment le dire. Ils s’inspectaient mutuellement. Si ne parvenait à cacher son mépris, les yeux de la femme – eux – ne trahissait aucun sentiment. Elle ne bronchait pas, patientant qu’il daigne engager la conversation. L’homme glabre hésita un instant, ouvrant son bec pour mieux le fermer aussitôt. Aurait-il voulu dire quelque chose ? Il soupira bruyamment, rompant avec l’étrange mutisme qui s’était installé là. « Tu es l’apprentie du vieil Andreï toi ». Elle ne répondit même pas, restant parfaitement immobile sur son siège inconfortable. « Ton nom ». Il eut beau lever les yeux de sa paperasse encombrante, elle demeurait de marbre, figée. L’homme mûr claqua sa langue dans un son réprobatif et insistant ; inutile de se dérober. « Ce n’vous sera pas utile ». « Ce n’est pas moi qui fixe les règles petites. Si ça t’chante, va donc t’en plaindre quand tu sortiras d’ici mais il me faut ton nom d’abord ». La lumière vacilla et la langue enflamée souligna une bien étrange lueur sur le visage gris de la femme. « Rylin’Ahna ». Il soupirait encore, grattant le papier de ses doigts agiles. L’entrevue –outre le fait qu’elle n’avait guère l’air de l’enchanter – devenait étrangement tendue, si bien qu’il semblait encore plus vieux qu’au début. « Ton prénom ». « Aertsab ». Cette fois-ci, elle n’avait pas attendu la réprimande pour répondre de sa voix douce et claire, presque enfantine. D’ailleurs, elle n’attendit pas plus qu’il reprenne sa questure pour lui couper la chique. « Mais tout le monde me connait sous le nom de L’Renor Crysto ». L’homme – bien qu’un peu interloquée – hésita un peu à coucher la révélation sur le papier qu’il remplissait pourtant consciencieusement depuis le début. Si des questions se bousculaient dans sa tête dégarni, Aertsab les fit taire prestement d’un regard. Elle n’avait point envie de s’étendre davantage sur sa réputation – qu’il connaissait sans doute bien mieux qu’elle-même. « Bien. Ton âge à présent petite ». Le temps se figea, devenant presque infini. La salle entière était suspendue dans cette lancinante attente, comme si rien n’allait plus bouger. Seul un sifflement discret percuta cet instant arrêté. « Sept-cent vingt-huit années ». L’agacement perçait à travers sa voix cristalline, les questions incessantes – mais qu’elle reconnaissait nécessaire – la fatiguait plus qu’elle ne l’aurait cru. D’ailleurs ce n’était guère surprenant ; elle n’aimait que peu la conversation, d’autant plus lorsque le sujet la concernait de très près. Les sourcils du Daedhel se froncèrent quelque peu tandis qu’il reportait chaque mot sur son vélin. La plume laissait dans son sillon quelques lettres, dans le langage du Puysard le plus lyrique. Voilà de quoi donner la nausée aux niki. Le vieux bougre se gratta le crâne luisant, écartant au passage les quelques cheveux qui traînaient là vaillamment, puis glissa ses yeux rouges vers la Rose Noire. Elle n’était pas de la même trempe que ceux qu’il avait pu voir passer ici. Sa réputation la précédait. Plus encore, elle ferait bientôt partie de l’élite, de ceux qui faisaient la fierté de l’Elda. Le silence avait repris son plein droit dans l’étroite pièce – qui paraissait à chaque seconde plus petite encore. Le bois de la table empestait la moisissure, et l’humidité faisait danser les flammes timides. Pour sûr, il la connaissait et savait ce qu’on pouvait dire – au Puy ou ailleurs – sur ses talents. Toute cela n’était qu’une mascarade, un semblant de formalité. Elle ne bougeait toujours pas, aussi impassible que lorsqu’elle était entrée. Elle se contentait bien d’attendre la suite des questions. « A qui adressez-vous vos prières Lotha ligrr ? ». Il était passé d’une désinvolte familiarité à ce détachement due à sa hiérarchie. Symbole de sa peur, trahison de sa faiblesse ; redoutait-il de mourir entre ses mains ? « Uriz ». « Il me semble que le plus gros est fait. Par la charge qui est mienne, j’officialise votre titre de Lame du C’nros, Phord’ur. Le C’nors, sous le joug du Ditrown Da’re et par les pouvoirs du Sui’aerl Cuass’ili vous déclare apte à exercer votre profession. Jurez-vous de servir C’nros au mépris de votre vie ? ». « Je le jure ». « Jurez-vous n’obéir qu’au Ditrown Da’re et au Ditrown Da’re seul, même si certains ordres vont à l’encontre du Pouvoir ». « Je le jure ». « Jurez-vous appartenir corps et âme au C’nros et comprendre que vous n’êtes plus maître de votre propre vie ? ». La Rose Noire hésitait. Le mutisme s’écroula de nouveau sur les deux protagonistes, alors que les mèches enflammées venaient ça et là caresser les courbes de leurs visages tendus. L’immobilisme s’ébranla : « Je le jure ». Elle avait pris un ton plat et morne, une voix résignée. Toute sa vie n’avait été régit que par ce moment. Ce moment où l’homme lui tendait le parchemin donnant tout le poids aux mots qu’elle avait jusqu’alors employés. Elle se saisit de la plume et du couteau qu’il lui tendait et jeta un coup d’œil à ce qu’il y était annoté :
Le style de calligraphie changeait soudainement, et L'Renor Crysto n’hésita qu’une demie seconde avant de reconnaître en celle-ci les traits manuscrits de son Maître qui avait soigneusement remplit le reste du formulaire. Elle souriait intérieurement, sachant très bien que cela n’avait pas dû être une partie de plaisir pour lui, qui détestait écrire et plus encore, perdre son temps.
Classe d'arme :
Lorsque je l'ai vu pour la première fois, haute d'à peine quatre pieds, jamais je n'aurais misé sur elle. Toute chétive, minuscule et trop dissipée pour réussir quoique ce soit, cette gamine m'aurait bien fait mentir. En vérité, j'ai eu tout le loisir de voir évoluer et s’épanouir cette fleur. Elle avait pour elle la colère - qui ne l'a jamais vraiment quitté la bougre - et cela était bien suffisant pour qu'elle sache qu'on ne tient point une arme par sa lame. Le reste n'est venu que plus tard mais au moins peut elle se targuer que ce soit venu. Dès l'incident j'ai mis un point d'honneur à lui offrir le meilleur des enseignements. Elle avait non seulement des bases précaires mais un désintérêt total pour ces choses là. Le fait est que j'ai mis beaucoup de temps à l'apprivoiser et je n'en suis pas peu fier. Elle qui ne présente aucune prédisposition particulière à la hache, l'épée, le fléau ou le sabre s'est vite forgée une belle réputation aux lames courtes. En partie à cause de ce fameux accident - c'est vrai - mais aussi grâce à sa vivacité, sa petite taille et son corps fluet. Elle se déplace vite et sa capacité d'analyse lui permet de tirer profit d'un espace de combat très rapproché.
Toutefois la manière physique n'est pas son domaine de prédilection. A vrai dire, je n'avais jamais vu une mioche avec un talent pareil pour la magie. Et non contente, elle est devenue un véritable génie, sachant utiliser son talent inné et le perfectionnant chaque jour un peu plus. L'hémomancie est une magie complexe et éreintante. Là encore, son petit corps m'épate de supporter autant de contraintes. Avec le temps elle s'est aussi intéressée à la nécromancie mais la magie du sang est une école bien trop rigoureuse pour s'en détourner trop longtemps. Son aptitude est d'autant plus utile sur les champ de bataille - où elle devient une arme redoutable sur nos ennemis -, que dans la gestion des affaires courantes. La seule limite à la pleine utilisation de son don est sa contrepartie : elle doit sacrifier de son propre sang à chacune de ses manipulations.
Apparence :
Taille : 175 centimètres
Couleur des yeux : Carmins
L'Renor est surement bien plus petite que nous autres, néanmoins je suis heureux de voir qu'elle a su au cours des ans tirer profit de son gabarit pourtant peu prometteur. D'apparence assez chétive elle a pourtant un corps parfaitement musclé et entraîné aux contraintes de son métier. Et Aertsab a beau être plus proche du sol, la bien-aimée Isten a été généreuse avec cette petite : des fesses hautes et galbées, des seins ronds et fermes, elle n'est pas en reste quant aux critères de beauté du Puy. Et fort heureusement d'ailleurs ! Les plaies et cicatrices peuvent bien agrémentées son corps, on ne peut détourner les yeux de son visage presque enfantin. Sa frimousse ronde est surmontée d'une crinière blanche indisciplinée, qui lui arrive jusqu'à la chute de ses reins. Elle a des pommettes hautes, un nez droit. Moi, ce qui me transcende chaque fois que je pose mes yeux sur elle ce sont ses grands yeux rouges, pleins d'aigreur et de mépris. Ils ont d'ailleurs toujours été ainsi, du plus loin que je me souvienne. Ils transpirent quelque chose d'animal, à la fois vif et en proie aux instincts les plus primitifs. Rien que sa bouche violacée ne pourrait démentir. Elle a parfois ce sourire espiègle de môme... Pour sûr, elle est inquiétante. Mais là ! Elle n'a pas volé sa réputation après tout.
Personnalité :
Je ne la connais ni douce ni gentille. Endurcie, elle n’est pas tendre et, au fil du temps, s’est découvert une passion dévorante pour la souffrance d’autrui. Cela fait-elle d’elle un monstre ? J’en doute. Il s’agit plutôt d’un instrument afin de répondre à toutes les attentes du C'nros. Lorsqu'elle est arrivée sous mon commandement - au même titre que tous les autres -, l'on m'a demandé d'en faire une fille docile et obéissante, ce qu’elle est. Elle n’en a pas moins un très mauvais caractère et une langue bien pendue qui lui a valut quelques punitions bien méritées. Elle est indépendante. Elle n'apprécie guère que l'on s'occupe de ses affaires et ne semble pas faite pour la coopération. Le sang est son élément. Le sien, celui des autres cela à peu d'importance. Elle aime ce qu’elle fait, c’est indéniable. Elle parle peu mais bien. J’ai réussit à lui faire comprendre qu’il fallait parler juste et observer le silence autrement, plutôt que de jacasser à tout va pour ne rien dire d’autre que du vent. Elle parle peu d’elle, la discrétion est de mise dans notre univers, d’autant plus à la place qu’elle occupe. Moins en savent les autres plus elle semble intouchable. Je crois qu’elle a bien saisit ce principe et elle s’y tient bien à présent. Assez mystérieuse, il lui arrive aussi d’être complètement imprévisible, passant souvent du coq à l’âne au gré de ses humeurs.
Elle est disciplinée mais n’aime pas rester trop longtemps à faire la même chose. Elle a développé une forte capacité d’imagination et d’innovation, chose que j’ai presque toujours encouragé. Autonome, elle n’a besoin de personne pour bien travailler et ne bâcle jamais ce qu’elle fait, même si elle doit ne pas respecter certains délais imposés - quitte à se faire réprimander plus tard. Il vaut mieux lui laisser carte blanche. Elle n’est pas bête, elle ne fera jamais plus que ce qu’on lui demande et ne fera pas traîner de trop ses affaires.
A côté de ça, elle reste une femme qui aime s’amuser –bien sûr, surtout quand c’est elle qui impose les jeux. Elle n’a malheureusement pas beaucoup d’amis, voir pas du tout car les rangs du C'nros ne sont pas sans oreilles et très peu veulent avoir à faire avec celle qui se fait appeler « L'Renor Crysto ». J'en suis d'ailleurs assez fière de ce surnom.
Capacités magiques :
La Rose Noire avait toujours ressentit. Il avait toujours été là. Paisible nuage dans lequel elle voguait, il l'accompagnait comme un ami, une chose réconfortante qui fluctuait d'une place à l'autre. Si elle ne s'eut dire ce qu'était la chose, elle la ressentait assez fort dans son petit corps. Tapie dans l'ombre, elle attendit ce jour-là pour sortir de sa cachette. Dès lors, on n'eut de cesse de lui développer son don. Si elle suivit le chemin de tout enfant du Puy, elle devait travailler plus dur encore : bien plus douée en thaumaturgie qu'à la lame, elle dû se résigner à apprendre avec habilité l'un et l'autre. C'est sans surprise qu'elle intégra à la fin de ses classes le Sui'aerl Cuass'ili, où on lui inculqua durant de longues années les savoirs ancestraux. Elle n'était guère une élève attentive, mais son talent naturel palliait ses défauts. Au terme de son Cinquième Cycle, elle intégra le Cn'ros et poursuivit de développer ses talents. Non pas les développer mais plutôt, elle les spécialisa. La Nécromancie - bien qu'Art dangereux - possède beaucoup de subtilités. Tant et si bien qu'elle ne pouvait les apprendre toutes ; concentrant ses efforts lors des entraînements comme en mission, elle excella dans la maîtrise du sang. Coûteuse en énergie et en concentration, ce fût un travail de longue haleine qui lui valût peu à peu le surnom de Rose Noire et le respect de ses semblables.
Histoire
Aussi étrange que cela puisse être, l’histoire d’Aertsab est étroitement liée à la mienne sans que je n’en sache vraiment la raison. Et si elle devait commencer quelque part, ce serait ce fameux matin où je l’ai vu pour la première fois. Elle n’était alors qu’une gamine, avec l’air odieux qu’on tous les gamins. Ses cheveux en bataille, les bleus sur son corps. Oui, je me souviens parfaitement de chaque détail de ce jour-là. De ses yeux scintillants de défi, de rage et de ses doigts fermement serrés sur cette poupée de chiffon. Elle était affreusement sale, et elle avait refusé de la quitter. Cette sale mioche, on avait beau la rouster encore et encore, elle ne cédait pas – toujours l’affreuse chose entre ses petites mains écorchées. Et les autres avaient beau se moquer d’elle, elle n’y prêtait guère plus d’attention. Elle les méprisait, je le sais maintenant. Mais à l’époque j’avais été bien incapable de comprendre cette furie. Elle n’était que haine, bien incapable de se concentrer sur sa tâche plus d’une minute. Elle ne parvenait à rester avec d’autres bambins plus d’une heure avant que cette colère qui l’animait inexorablement ne déclenche une bagarre. Et elle était si chétive, oui. Elle était bien moins grande que ses camarades, bien plus fine et pourtant elle luttait avec la force du désespoir. Pourtant je le voyais bien que dans ses yeux, chaque entaille et chaque coup la rapprochait inexorablement de ce qu’elle serait plus tard. J’ignorais tout de sa vie en dehors des heures où elle faisait ses classes. Qui était ses parents, de quelle caste arrivait-elle tous les jours ? Cela n’avait que peu d’importance – et si cela en avait, bien elle ne m’en a jamais touché un mot, pas même une fois adulte. Ma petite Rose Noire était une gosse avec des mystères d’adultes ; et je m’en contentais bien. Après tout, elle n’avait pas plus de cinq ans à l’époque. Je la regardais grandir, comme tous les autres. Chaque jour, je la voyais triturer cette triste poupée. Si elle écoutait ? Je ne le sais guère mais j’ai l’orgueil de penser qu’elle n’est pas arrivée jusque-là par hasard. Sans que je ne puisse l’expliquer – pas même maintenant – j’avais de l’affection pour cette petite chose malingre et abimée. Cette enfant si fragile et qui pourtant parvenait à se muer en tempête. J’aurais dû le savoir, le comprendre mais j’étais aveuglé à l’époque par l’image fébrile qu’elle me renvoyait. J’ai longtemps occulté ma faute dans l’incident de ce jour-là, pourtant à présent que je couche mes pensées sur le papier, comment le nier ? Comment oublier que c’est moi et moi seul qui ait posé le petit canif dans seule main libre ? Il pleuvait ce jour-là. Et j’ai eu beau tenter de me souvenir, je ne parviens pas à retrouver la date mais elle devait avoir 28 ans. Elle doit être quelque part parmi les rapports d’incidents. Il pleuvait sur la classe. Elle avait toujours cette mine de sale morveuse, les yeux carmins implorants et les cheveux si longs. Elle avait fermé la paume sur l’objet, sans prêter attention à celui que j’avais placé en face d’elle. Un lotha wiu sans histoire, juste là pour s’appliquer à faire le mouvement que nous enseignions alors. D’un geste souple, il faisait tourner la lame, prenant sa garde. Aertsab n’écoutait rien de ce que je pouvais lui dire, ou des jurons de son adversaire. Elle se regarda un instant dans le métal rutilent avant de le laisser tomber au sol pour mieux enserrer le bout de tissus qu’elle emmenait partout. Je n’ai pas eu le temps d’intervenir lorsque le gamin le lui arracha. Ce que je me souviens c’est l’étonnant silence qui régna lorsqu’elle se mit à hurler. Un cri déchirant qui traversait jusqu’à votre âme. Et ses yeux qui s’injectait de sang, alors que le petit en face commença à saigner du nez. Je n’ai pas eu le temps d’attraper sa main au vol lorsqu’elle empoigna la dague et qu’elle la laissa filer le long de la gorge de son camarade. Elle tomba, raide et convulsant alors que j’empoignais le corps du gamin qui se noyait dans son propre sang. Il était mort avant que je ne bouge. Nul doute, c’était ça qui avait tout changé chez elle. C’était ça qui avait fait remonté son vrai talent. Après l’incident, elle passa plus d’un mois aux soins des prêtresses, qui veillait à ce qu’elle se rétablisse au mieux. Je passais la voir aussi régulièrement que je pus, mais bien moins que ce que j’aurais voulu. Cette aura magique, je l’avais senti à travers chaque parcelle de mon être. Son souvenir me hantait encore. Cette enfant possédait en elle un don de Valas lui-même – et encore à l’époque je ne parvenais à cerner toute l’étendue de sa puissance. J’avais toujours officié parmi les prêtres et les adeptes d’Uriz, et à compter de ce jour-là, je savais ce que le Créateur attendait de moi. Aussi, lorsqu’elle fût rétablie, je m’attelais à poursuivre son entraînement aux armes, et commençant avec elle un parcourt que je connaissais long. Deux années ne suffirent pas pour faire d’elle une épéiste accomplie mais elle avait indubitablement grandi. Et si elle n’affectionnait guère ses classes, je la savais muer par la Flamme la plus ardente. Ses grands yeux rouges avaient goûté au sang, et au sang ils appartiendraient pour toujours. Le jour de Clor d’Dormagyn était enfin venu et je la savais prête pour ce jour si spécial. Descendant la chambre magmatique avec la poignée de chiards que nous avions côtoyé durant leurs trente premières années, chacun offrit un spectacle grandiose. Ils avaient acquis toute la puissance de notre espèce, et toute sa beauté en si peu de temps… Le museau de la gamine était couvert d’andrinople, et quelques gouttes assassines venaient s’exploser sur le basalte à peine refroidit. Comme chacun d’eux, elle reçut sa bénédiction et demanda comme protecteur Uriz. Jamais mon cœur n’avait paru plus léger que celui-là : je ne m’étais guère trompé, et ma tâche avait conduit cette petite sur le sillage du Père des Batailles. Je ne l’ai jamais réellement quitté des yeux, pas même lors des classes communes. Elle n’était certes plus sous le joug des cultes, mais je veillais à ce qu’elle ne s’égare de trop. Ses petits doigts grandissaient, et elle devenait plus agile, plus sûre. Elle s’ouvrait enfin comme une fleur au printemps, laissant exprimer cette rage qui bouillait depuis si longtemps. Aertsab était toujours aussi dissipée mais au moins prouvait-elle sa valeur parmi ses pairs. Je tentais régulièrement de lui inculquer les rudiments utiles à l’utilisation de son don – souvent en vain. Et ce dernier devenait de plus en plus rémanent, si bien qu’il fût difficile d’empêcher le Sui’aerl Cuass’ili de mettre son nez dans son apprentissage avant le Clor d’Beannaighil. C’est à ce moment-là que nos échanges se firent plus rares. Sous la coupe de l’établissement de magie, je n’avais aucun poids mais quelques connaissances me permettaient de continuer ce que j’avais toujours fait avec elle. J’appris qu’elle devint Wanre, et que son apprentissage de la magie – quoique long et fastidieux – était plus prometteur que je ne l’espérais. Devenue une femme accomplie, elle avait perdu l’impétuosité de la jeunesse. Elle se découvrait, laissant éclater sa haine au bon vouloir de ses maîtres, puis plus tard de ses disciples. Son affinité avec la magie du sang n’était plus à faire, si bien qu’on concentra son éducation sur son maniement. Elle était douée pour ces choses-là. Mais elle n’était guère faite pour la recherche magique, pas plus que pour la bureaucratie. Aussi ne s’est-elle jamais détourné de notre Père à tous. Elle venait me voir, de temps à autre, pour honorer Uriz. C’était des moments aussi rares que précieux, qui me laissaient entrevoir à quel point elle avait changé. Et bien que son corps avait trouvé sa maturité, elle gardait toujours dans sa main abimée par les contraintes magiques cette poupée de chiffon. Salie par le temps et le liquide de vie, il y demeurait quelque chose d’étrangement malsain. A l’image de la gamine, d’ailleurs. Mais là ! Je ne m’en formalisais pas ; après tout n’était-ce pas chose normale ? Elle quitta sa formation au bout du 5ème cycle, en l’an 590 du Xème cycle. Elle devait avoir 208 ans. Le reste de sa vie ne doit pas vous être étranger, dès lors qu’elle entra dans le IIIème Ost en tant que mage accomplie du C’nros. Jamais je n’avais été aussi fier je dois bien l’avouer. Nous nous rencontrions plus souvent, et même si elle n’avait jamais parlé de son origine avec moi, je me considérais peu à peu non seulement comme son maître mais aussi comme un père. Je me souvenais de la pauvre mioche du premier jour, de son corps meurtris et chétif ; de ceux qui n’atteignent pas l’âge adulte. Aujourd’hui ses grands yeux imposaient un certain respect, son corps quoique petit, n’appelait plus à la pitié. Oui, elle avait changé. Elle gravissait les échelons peu à peu, s’illustrant en l’an 700 dans la prise d’Alëandir. J’étais à ses côtés ce jour-ci également, lorsque les impies ont fui. Elle était magnifique. Les flammes léchaient son corps recouvert du sang de nos ennemis. Elle s’était avancée, avait retiré tant de misérables vies. Son visage n’avait trahi aucune compassion pour ces êtres infâmes – pas plus que pour ses frères tombés au combat. Elle se fichait bien de tout cela. Après cela elle participa également à la campagne humaine en 997, puis à Ellyrion. Chaque fois, elle paraissait plus distante mais plus forte. Bientôt on l’appela L’Renor Crysto, la Rose Noire. On la respectait autant qu’on la craignait, et peu à peu quelques rumeurs farfelues se glissèrent dans les rangs de l’Armée et du Puy tout entier. Et peut-être, oui peut-être qu’elle le mérita vraiment lorsqu’elle s’en fût pour Nisétis. Teiweon avait ouvert la gueule béante de son royaume, crachant dans le désert ses spectres. Ce que je connais de cette histoire c’est que lorsqu’elle en revint, ils n’étaient plus que deux. Ce soir-là marqua la fin de l’Aertsab que j’avais toujours connu et soutenu. Elle avait vu dans l’œil de la Voilée et son âme avait été marqué à jamais. Elle lui appartenait à présent, peu importe les efforts pour la ramener à nous. Son cœur s’était glacé. Depuis lors, elle n’a jamais cessé de servir le C’nros avec attention et passion. La vie n’a guère plus de sens pour celle qui a vu la Mort. Son application mérite le titre pour lequel je vous conte cette histoire aujourd’hui. Et j’espère qu’il pourra la sortir des ténèbres qui l’accablent.
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Ses yeux quittèrent le papier, le cœur serré. Jamais son maître n’avait pris le temps de lui dire ces choses, et de les voir ainsi consigné l’exaspéra. N’était-il point capable de venir s’entretenir avec elle ? Etait-il devenu trop gâteux pour y songer ? Son visage se déforma dans une moue dégoutée. Cette paperasse aura eu raison de sa patience. Et puis, elle se fichait pas mal de ce torchon ; cela n’avait aucune espèce d’utilité. Sa vie ainsi consignée pourrait bien leur servir à s’essuyer le fondement si ça leur plaisait. Elle n’en avait cure. Il demeurait au Puy des choses bien plus importantes que ces foutaises administratives. Le dégarnit pouvait bien la regarder avec haine : si elle l’avait voulu, elle l’aurait tué avant même qu’il ne puisse réagir. Alors elle se trouvait déjà bien généreuse de point être déjà partie. Le vieil homme se racla la gorge. Il l’attendait pour sûr. Combien de temps avait-elle mis pour parcourir ses lignes à la recherche de la moindre erreur ? Les chandelles vacillèrent une fois encore. Tout lui semblait en ordre, même si elle répugnait à lire les « éloges » d’Andreï. L’Renor Crysto s’entailla sans plus attendre la main et apposa une trace épaisse de cette encre chaude sur le vélin. Le vieux Puysard enroula le document, se saisit d’un candélabre et versa de la cire – juste assez pour déposer le sceau du C’nros. Elle se leva d’un bond et n’attendit guère son reste pour s’éclipser dans l’embrasure de la porte.
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Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: L'Renor Crysto Jeu 5 Juil 2018 - 20:02
FINITOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO LIWETTE <3 Corrige mwa
Lœthwil
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Sujet: Re: L'Renor Crysto Mer 11 Juil 2018 - 1:23
Alors de petiiiiiiiiiiiiiiiiits détails ( tout petits ) Faut juste que tu penses à replacer sa date de naissance en 382 ( ou 383 ) pour lui faire ses 628 ans.
Et sinon à ton quatrième paragraphe, quand tu commences par Il pleuvait ce jour-là. À moins qu'ils n'aient décidé de faire classe en plein air... ça a peu d'incidence sur le climat au fond des galeries du Puy =p
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: L'Renor Crysto Mer 11 Juil 2018 - 22:01
Oupsie j'avais zappé de changer la date xD Et oui, ça a peu d'incidence mais c'est le genre de détail qu'on retient des jours "particuliers". C'est juste un petit détail qui l'a marqué de ce jour-là !
C'est donc modifié :D
Lœthwil
Ancien
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Sujet: Re: L'Renor Crysto Mer 11 Juil 2018 - 22:35
TAMPON DANS TA CULOTTE !
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[Sexe] : Féminin
[Classe d'arme] : Magie & Corps à Corps
[Alignement] : Chaotique Neutre
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: L'Renor Crysto Sam 28 Déc 2019 - 13:24
LE DRÔLE DE SIEGE Ce qu'il s'est passé depuis l'arrivée de L'Renor - ou de la réorganisation du C'nros
Un calme relatif régnait au sein de l’Institution. La Petite avait rejoint ses pénates peu de temps avant, quittant un siège apaisé. Cela n’avait été chose aisée ; arrivant dans une intrigue terrible, elle avait bien eu du mal à discipliner ses propres troupes. Et le nouvel arrangement politique n’avait guère aidé ; car si elle aima profondément le Feu d’Uriz, cette supplantation ne présentait rien de bon. Krish n’avait jamais été grande tacticienne, et peut-être même qu’à bien y regarder, son seul éclat demeurait d’être le vaisseau du Père. Pour autant, la Rose Noire se satisfaisait de la situation : il aurait pu choisir bien pire, et quoi qu’elle en pensa, la Princesse n’avait plus que pour seul objectif le rayonnement de leur peuple. Non, elle déplora surtout son mauvais entourage. Mais là ! Que pouvait-elle faire ? La Magicienne n’avait guère envie de se mêler de ces choses, et plutôt se concentra sur les troubles intestins qui parasitaient son ordre.
Car voilà qu’à son arrivée aux portes de la Cité, elle avait appris de bien fâcheuses nouvelles. Si la colère de la désobéissance de sa protégée s’était vite estompée, ce n’était que parce qu’elle avait dû agir assez pour faire taire la gronde de ses hommes. Laissés à l’abandon par la Shyn’tae – beaucoup plus incapable qu’elle ne l’aurait cru -, ils l’avaient jalousé assez pour organiser sa mort. Agissant au plus preste, elle s’était affairée à rétablir son autorité : certains y avait d’ailleurs perdu la vie, mais d’aucun maintenant ne remettait plus en cause les décisions de la Ditrown. Puis, peut-être pour concéder un peu quelque chose, avait nommé un Phor’dur parmi ses meilleurs et plus anciens éléments. Faisant davantage l’unanimité que la jeune et disparue thaumaturge, il lui assurait une liaison plus fréquente ainsi qu’une meilleure gestion sur place de la situation. Au final, les choses se passaient doucement, et même si l’image de Shyn’tae avait laissé une plaie douloureuse au sein du C’nros, ils avançaient ensemble.
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L'Renor Crysto
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