La calèche avançait au rythme du pas lent des chevaux vers la grande capitale. Encadrée de quatre portes drapeaux laissant battre au vent les armoiries rouge et or de la salamandre couronnée, la femme juchées sur une cavale parmi les protecteurs du convois lourdement gardé passaient presque inaperçues dans leurs leurs amples capes le voyage. Pourtant, sa présence n’avait rien d’anodin.
Près des deux Vertueux menant la danse, la silhouette chétive d’une femme tout de bleu vêtue et montant en homme discutait à voix basse avec les deux seuls hommes qui ne portaient pas le tabar de la Bibliothèque. Tout deux fort jeune, l’un revêtait une armure de voyage aux couleur d’une petite famille de Missède, l’autre n’avait pour lui que l’uniforme de la garde du palais de Missède. Un lieutenant d’après ses galons. Près du simple garde, un chien-ours grand comme un poney marchait joyeusement, tournant la truffe vers chaque nouveau détail venant caresser son odorat.
Les roues de bois glissaient avec régularité sur la route d’Or dont les travaux de rénovation avait déjà eut lieu sur les tronçons qui n’étaient aujourd’hui plus sous la protection de Missède. La porte Est, dont Ernest avait envoyé les vieilles portes à la cour royale quelques mois plus tôt, avait retrouver de quoi arrêté les malandrins à la nuit venue, bien que ce ne soit que des portes de fortunes le temps d’en faire graver de nouvelles.
En remontant le long d’une rue principale dans la direction du quartier Suderon, celui qui avait été reconstruit et protégé par Missède et Soltariel durant l’hiver, la calèche tourna dans l’avenue du Temple, l’autre quartier épargné par les incendis, les pillages et les massacres. Même la plus basse vermine avait plus de considération pour la DameDieu que les nombres de ce monde visiblement. Depuis la dernière fois où elle était venue, les choses s’étaient bien améliorer. Les mafias d’occasions avaient été démantelées et même les quartiers hors zone de surveillance n’étaient pas aussi véroler que lorsque l’armée Missèdoise était arrivé pour remettre de l’ordre.
Le long de l’avancé de la présence Missèdoise, la rumeur courrait. Quelques insultes, quelques crachats, mais la plupart des voix qui s’élevaient sciemment étaient des vivas à l’intention de ceux qui avaient œuvré pour éviter la famine par deux fois, d’abord par le grain puis par la présence et la chasse. Les miliciens que les soldats avaient entraînés en coopération avec les Soltaris saluaient le plus militairement possible les chevaliers aux tabars de rouge et d’or orné du livre et de la salamandre.
Dans un craquement de bois, la calèche s’arrêta à l’entré d’un hôtel particulier à deux rues de Sainte-Deina, l'hôtel qui avait jadis appartenu à Maélyne de Lourmel. Une petite tête apparue subrepticement à la fenêtre qui bordait la porte sur la droite. Les curieux et les hardis s’aglomeraient dans l’étroit passage malgré la présence armée. On ouvrit la porte de bois épaisse et la calèche entra avec une garde réduite. L’autre partie quitta les lieux vers la demeure achetée par Arnaut de Laval quelques années auparavant, au coeur de l’actuel quartier suderon et, peu à peu, la plèbe se désagrégea.
Dans la cour pavée, l’ombre des hautes façades maintenant une fraîcheurs des plus agréable en ce mois d’été. Le coche fit tourner la calèche de manière à ce que la portière ouvre directement vers le perron et les voyageurs commencèrent à s’extirper de l’habitacle.
Guilhem de Tall – Colombe de Laval – Linaëlle de Lancrais Le premier à mettre pied à terre furent un grand homme au profil guerrier, fort puissamment battit malgré un visage vieillissant et une crinière de cheveux mouchetés de blanc. L’épée qu’il portait au côté se prit dans le marche-pied mais il l’en dégrippa d’un coup sec sans prononcer un mot. Ses sourcils fusillèrent le morceau de bois récalcitrant, étirant au passage les cicatrices qui maintenaient un air dur sur son visage tandis qu’une jeune fille aux longs cheveux noirs se glissait par l’ouverture en s’appuyant sur le bras qu’il avait tout naturellement tendu. Une fois Linaëlle sur le pavé, une seconde jeune fille à la chevelure auburn, portant un tout petit bambin contre elle, reçue l’assistance du Vicomte de Tall. De son côté, la Comtesse, les joues rosie par le voyage au soleil malgré sa profonde capuche, glissait au sol, soutenue par Edgard d’Heucqville. Elle retira d’un geste vif ses gants de monte, ramassa les longueurs de sa robe de selle et donna le bras au chevalier. Guilhem la dévisagea du coin de l’oeil, toujours peu enclin à pardonner la folie qu’elle avait eut de rendre sans rien tenter Diantra, Edelys et Nelen. Elle l’avait déjà entendu exprimer son mécontentement et il l’avait déjà entendu défendre ce qu’elle estimait être une inestimable paix. Les femmes ne devrait pas se mêler de politique en temps de guerre.
En quelques heures, le manoir était de nouveau habité comme s’il en avait toujours été ainsi. Les serviteurs, arrivés quelques jours à l’avance, avaient tout préparer, dépoussiérer, ranger et racheté. Au premier étage, la chambre de maître alla à Linaëlle et Cécilie pris la chambre d’honneur qui y était accolée. Edgard, Guilhem et Colombe prirent celles du rez-de-chaussée. Le Concil ne devait pas commencé avant la semaine suivante, mais il avait été jugé judicieux de permettre à Linaëlle de se recréer un environnement agréable et d’avoir le temps de poser à Diantra avant d’affronter l’assemblée des Seigneurs. Guilhem de Tall avait été le seul régent autorisé à s’approcher de nouveau de l’héritière et cela n’avait pas été sans de très longues discussions avec la Comtesse de Missède. Si les deux personnages ne s’entendaient que sur peu de points, ils étaient au moins d’accord sur l’importance de la sécurité de la jeune fille. Tous deux avaient été pareillement surpris d’apprendre la situation extrême dans laquelle Ernest avait plongée Linaëlle et tous deux craignait que la terreur que lui inspirait la compagnie mondaine depuis l’assassinat de sa mère ne se complique durant ces importantes négociations.
Au moins en s’établissant un peu plus posément ici, Guilhem pourrait donner un coup de pied au cul de la gamine si, comme il le pensait, son actuelle protectrice ne faisait que l’affaiblir avec son comportement de mère poule.