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| [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour | |
| | Auteur | Message |
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Lœthwil
Ancien
Nombre de messages : 761 Âge : 27 Date d'inscription : 20/10/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 966 ans Taille : 2m08 Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Jeu 10 Mai 2018 - 14:31 | |
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Septième ennéade de Verimios Dixième année du Onzième Cycle Ton bras droit, pour la première fois entièrement libre de son exosquelette depuis ta renaissance s’étire lourdement, luttant contre l’engourdissement. Ta démarche exagérément chaloupée, résultante moitié d’un état d’esprit conquérant, moitié de l’état toujours précaire de la part droite de ton torse n’aura pas manqué d’attirer les regards depuis ton arrivée en ville. Ta démarche… entre autres. Le regard culminant plus d’une tête au-dessus de la majorité de la population, la carrure qui s’y couplait, non seulement exposée, mais impunément mise en valeur laissant entendre que le passant moyen ne représentait dans le meilleur des cas qu’à peine la moitié de ta masse, tu t’étais dirigé vers la Place Tyral. De ton exosquelette il ne restait plus que les jambes et la longue jupe d’ailes nervurées. Le reste de ton corps, s’il n’était pas directement au contact de l’air ambiant, c’est parce qu’il était jusqu’aux pointes de tes cheveux partagé entre les pigments. Les ténèbres te dévoraient la moitié gauche du visage, de là coulaient le long de l’arrête de ton dos et au creux de ta poitrine. Un bras, une moitié du dos, un flanc et un pectoral noyés dans une nuit qui s’insinuait cruellement dans les moindres sillons dessinés par ta musculature, étendant dangereusement ses filaments vers ton autre moitié. Elle contournait tes abdominaux, se glissait jusqu’au creux de tes obliques, contournait soigneusement ton second pectoral pour remonter jusqu’à ton épaule droite, où elle dessinait un cercle comme une glande, d’où elle se déversait pour venir veiner ton bras faible. Et ton visage, ton visage lui-même n’était pas épargné, parce qu’elles s’en étaient prises à la moitié droite de tes lèvres et aux contours de ton œil droit, les ombres. Etait-ce là une métaphore de ta lumière perdue, rongée par l’obscurité née de la mort semée dans tes pas ? Non, pas le moins du monde, parce qu’au cœur des ténèbres, la lumière perçait de la même manière, en symétrie presque parfaite. Un fascinant jeu d’équilibre, brisé seulement par les tracés d’or de ta renaissance, autour desquels on avait volontairement laissé danser les pigments sans jamais les toucher. Et le vol chaotique d’Ilweran dans ta proximité qui rendait tes déplacements d’autant plus irréels. Une curieuse créature, définitivement, mais un elfe tout de même, et un elfe ne portant d’apparence avec lui ni armes ni intentions belliqueuses. C’est à cette réalité que tu avais obtenu ton entrée dans la Cité Blanche. À cette réalité s’opposait cependant la méfiance nourrie tant par la garde que par la population pour le puissant animal parmi eux, plus vite associé aux Ornedhels dont le pied se posait ces derniers temps bien trop régulièrement à l’intérieur de la Cité qu’aux extravagants prêtres d’Arcamenel. Jusqu’à la Place Tyral tu avais été suivi par quelques hommes d’armes et autres curieux. Tu ne pouvais que t’en réjouir. Ton bras valide se lève, poing fermé, vers le ciel. Un premier coup de coude vers l’extérieur et un vent de poussière se lèvent. Un second et les grains commencent à s’assembler, tandis qu’aux quatre coins de la place, le luth, la viole, la harpe et la flûte jouent leurs premières notes. Une mélodie grave, lourde, s’appesantissant en longueur. Des gestes lourds, théâtraux, s’ancrant dans la terre. Et lentement mais sûrement la mélodie fait son échappée vers le haut, et lentement mais sûrement tes gestes tendant à chercher le ciel, et les poussières s’assemblent, se multiplient, se cristallisent et branchent, dans le sens littéral. Les fondations de ton discours sont deux arbres de pierre blanche. Ta voix s’échappe, un volatile fausset, fluet comme les feuilles sèches de l’automne, flottent sur des instruments toujours bas dans leur tessiture. Les houppes de tes arbres bruissent, comme traversées par le vent, en réponse aux mouvements de tes doigts. Tes mains se referment l’une vers l’autre, des doigts se touchent, tes cordes vocales se serrent, et complètent d’un sifflement au plus haut de ton étendue un terrible accord. Une épée entièrement d’eau vient de s’abattre sur l’un de tes deux arbres. Les instruments font une échappée virtuose vers le haut. La cadence s’achève plus bas que la mélodie n’avait commencé. D’un côté le feuillage de pierre blanche bruisse toujours au vent, de l’autre, en même temps que la lame s’évapore et que ton poing se resserre, la craie mute en des veines d’obsidienne. L’écorce de l’arbre s’enroule sur elle-même, les branches se tordent, les feuilles s’effilent, et bientôt, c’est un sylvain de verre volcanique, à la houppe de milliers de lames, qui fait face à son ancien compagnon. Tes doigts continuent de jouer, les feuillages minéraux continuent de frémir, la musique s’arrête. Tu prends une large inspiration. Paume élargie, du dos de la main gauche tu frappes violemment, l’air, brise tes deux créations, ne les faisant que feuilles au vent. Ce n’est qu’à ce moment que la musique reprend. La ritournelle est vive cette fois, et enfin, les appuis changent sur tes chevilles. Ton jeu de jambes se met en place, tandis qu’une tornade de pétales bicolore se fait la guerre de plus en plus férocement. Parfois, souvent, deux feuilles, une blanche et une noire rentrent en contact, se fracassent l’une contre l’autre, et alors, ce n’est ni les poussières de l’une ni les poussières de l’autres qui s’envolent, mais nuage de poussières de rubis. Ton jeu de jambes se complexifie, les retournements et les vrilles s’ajoutent lentement à ta performance, et le mouvement des pétales se fait de moins en moins chaotique. Aux plus imaginatifs des formes semblent y apparaître. Des visages, des bras, des jambes, des lames, des arcs, des flèches, autant d’espoir et d’amour que de colère et d’incompréhension. La poussière de rubis s’amoncelle autour de toi, tâchée autant de noir que de blanc. L’étau se resserre. Le cercle de révolution d’abord large de la bataille se fait chaque seconde un peu plus proche de t’étouffer, un peu plus limitant pour tes mouvements, s’opposant un peu plus à sa propre existence. Tu prends une grande inspiration. La musique se fait moins bavarde, les figures de rythme plus longues, les accords alternent entre mineur et majeur, et la pierre prend feu. À ce moment, tu n’en es plus à mettre un pied devant l’autre. Ta magie est devenue une véritable acrobatie. Ton bras droit te fait mal, mais tu te fais douleur, et tu le forces à continuer de se mouvoir avec puissance. Tu as besoin de ton balancier pour tes sauts. Tu as besoin de tes sauts pour que les plumes flamboyantes, qu’elles soient bleues de nuit nées de l’obsidienne, ou d’or solaire nées du marbre ne fassent jeu équitable, et que les deux créatures ne poussent leur premier rugissement silencieux en même temps. Diurne et nocturne dès lors se livrèrent un combat acharné sans jamais que l’une ne touche l’autre. En révolution désordonnée autour de toi, elles se pourchassaient, l’une attrapant parfois les flammes laissées dans le sillage de l’autre, l’autre attendant autant qu’elle le pouvait l’une jusqu’à ce que l’ordre naturel des choses ne l’arrache à sa position, et que sa patience soit prouvée vaine. Mais leur orbite, comme celle des pétales dont elles sont nées, raccourcit petit à petit son rayon. La mélodie atteint sa tension climacique, et Ilweran s’échappe de tes côtés pour aller siffler et grogner au visage de la foule s’étant amassée autour du spectacle. Les elfes reculent, forcés en arrière par les assauts du petit dragon, et bras ouverts, tu tournes sur toi-même, t’appropriant l’espace ainsi libéré, que personne n’y remette le pied. Iben et Alm s’écartent, se pourchassent au sol, prennent leur envol, et dans une violente spirale, se rejoignent en un astre sombre, couronné de lumière, blanche. Ton souffle est lourd, tes peintures mises à l’épreuve par la sueur s’échappant de tes pores, tes mains se croisent, se décroisent, se croisent à nouveau, lentement, glissant vers le sol, alors qu’ancré dans le sol, tu vocalises du sol de ton ambitus vers son plafond, de complexes coloraturas pentatoniques. Dans les graves la lyre choisit au hasard sa tonique, et joue. Dans les médiums le luth et la viole l’un après l’autre en font de même, et dans les aigus tu tentais de rivaliser avec la flûte. Tout dans ta magie à ce moment est unisson, mais tout dans la musique n’est que contrepoint. Tu abandonnes le chœur, saute, tend les bras, trouve appui au sol sur tes mains, pousse. Trop fort. Ton épaule faible lâche, ton bras fort se retrouve forcé de composer avec le déséquilibre. Ton corps s’effondre sur ton côté droit, tes jambes rattrapent le sol de peu, et ton bras droit pousse de toutes ses forces pour propulser ton torse assez haut pour avoir le temps de retenir la déflagration. Ta paume plonge vers le sol, la Lune noire plonge vers le sol. L’astre dévore le pavé et la terre. Ton bras droit redonne une impulsion, suffisante cette fois à te remettre perpendiculaire au sol, et accroupi et manchot, d’un poing tu transformes l’éclipse en nébuleuse. Tu te relèves, signe à toute vitesse, cueille les poussières d’étoile, le marbre et l’obsidienne, les réassemble à nouveau, bâtit un arbre plus beau, un arbre plus grand, un arbre dont l’extérieur, à l’exception de quelques rares minuscules tâches est blanc, mais dont l’intérieur, s’il est majoritairement de marbre, est veiné de verre volcanique, ne réapparaissant que dans les nervures de ses feuilles. À grand prix, tu as reconstitué l’équilibre. La musique s’arrête sur un doux accord, Ilweran revient trouver place sur ton épaule, et Veölinda, luth en main, imité par ses trois camarades musiciens, vient trouver place auprès de toi. Vos cœurs à vous six battent la chamade, vos yeux se posent dans le gigantesque cratère dans lequel reposent les racines de l’arbre de pierre. Les choses n’auraient pas dû se passer comme cela. - Nous sommes désolés. Vraiment vraiment désolés. La voix chantante du maître de musique s’élève, te sachant trop essoufflé pour demander toi-même pardon Les choses n’auraient pas dû se passer ainsi. Son visage malgré tout conservait un sourire timide Mais que voulez-vous ? L’art comporte ses risques.
Dernière édition par Lœthwil le Ven 18 Mai 2018 - 20:00, édité 1 fois |
| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Ven 11 Mai 2018 - 13:54 | |
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Lorsque Hecil avait quitté le temple de Kÿria ce matin-là, rien ne le laissait supposer qu'il allait rencontrer une ancienne connaissance à seulement quelques rues de distance. Son intention première lors de cette sortie était tout simplement de se rendre aux thermes les plus proches dont lui avait parlé un des prêtres du sanctuaire, l'ancien eldéen regrettant les suées qu'il pouvait prendre quasi-quotidiennement en Elda pour chasser miasmes et toxines de son corps. Son logement spartiate au temple ne lui permettant guère des prodiges en matière de soins corporels, l'idée des thermes lui semblait à tout le plein salutaire et c'est donc d'un pas nonchalant mais joyeux qu'il parcourait les rues de la capitale en souriant amicalement aux elfes qu'ils croisaient... surtout aux elfes de sexe féminin, admettons-le avec l'honnêteté qui s'impose.
Alors qu'il abordait la place Tyral, Hecil fut pris dans un mouvement de foule qui semblait en contemplation d'un spectacle qu'il distinguait mal. De la musique ? un spectacle en plein air aurait-il lieu en cette belle journée ? Jouant des coudes pour gagner le premier rang, Hecil en tomba des nues en voyant Loethwil en train de...
de...
Mais il fait quoi, là ? s'interrogea à haute voix Haldren en m'ôtant une belle épine du pied car la description de la danse du noss aurait demandé un véritable effort de synthèse.
Les citadins qui regardaient eux aussi le spectacle semblait autant en peine que lui de répondre à cette question. Peinturluré comme les courtisanes de Thaar, Loethwil dansait au rythme d'une musique envoûtante, parfois lente et fragile, parfois héroïque et brutale. La beauté du spectacle ne faisait pas le moindre doute, par contre son interprétation demandait des efforts que Hecil ne se sentait pas spécialement de réaliser. Ça sentait la métaphore à tous les étages, mais un natif de l'Elda manquait de certaines connaissances culturelles pour en apprécier toutes les subtiles nuances. Et comme l'auteur de ces lignes est à peu près aussi flemmard que son héros, ne comptez pas sur moi pour vous sortir la dissertation d’interprétation littéraire analysant la danse de Loethwil sur le plan de la symbolique du conflit éternel entre elfes et drows.
Arrête de me postillonner dessus, espèce de sac à main ambulant ! râla Haldren à destination du dragon fae qui passait devant lui en sifflant et grognant.
La danse se finit hélas moins bien qu'elle n'avait commencé, Loethwil ratant un mouvement et ne se rattrapant que de justesse moyennant une contorsion des épaules probablement assez douloureuses. La musique s'arrêta et le silence retomba sur la place, comme si les Dieux eux-mêmes attendaient de savoir qui allait le briser.
Ouais, super ! Génial ! Bravo !
Fendant la foule, Hecil vint bruyamment féliciter la performance dont il appréciait l'élégance, à défaut d'en interpréter les messages. Bien que gardant un mauvaise souvenir du tour que Loethwil lui avait joué avec son faux piège magique, Hecil essayait de ne pas s'arrêter à ces chicaneries entre eux. Au fond, il appréciait plutôt de retrouver un visage connu au milieu de cette multitude, de revoir un noss connaissant son histoire et son combat, de rejoindre un ennemi ayant admit la difficile hypothèse selon laquelle tous les drows ne sont pas irrémédiablement corrompus.
Je n'ai rien compris à tout ça mais c'était beau ! Passe me voir au temple de Kÿria quand tu auras le temps, hein ? J'ai plein de choses à te raconter !
Et sur ces mots, Haldren se fondit de nouveau dans la foule sans même laisser le temps à Loethwil de réagir.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Ven 18 Mai 2018 - 22:19 | |
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Reprenant ton souffle, tu luttais presque contre un sourire hésitant. Les dommages étaient conséquents, certes, mais ce n’était rien que tu ne puisses arranger, moyennant la guidance des architectes Lëandrins. Au moins personne n’aurait à souffrir de ton raté. Personne n’avait été blessé. Il n’y avait que l’écorchure béante dans la pierre blanche, témoin de la dangerosité des forces avec lesquelles tu jouais, et rendant finalement votre spectacle plus impressionnant encore qu’il ne l’aurait été s’il s’était mieux passé. Tu reprenais ton souffle, mais il semblait en être de même pour la foule. Plongée depuis quelques instants dans un silence perplexe, elle semblait lentement se diviser en quelques clans, que vous cinq, artistes, ne discerniez qu’aux expressions se dessinant au fur et à mesure sur leurs visages. Certains semblaient s’être arrêtés à la performance visuelle et sonore, ne demandant rien de plus que d’apprécier une autre interprétation du beau. Certains questionnaient en même temps la performance physique et mentale, venant avec un tel usage de la magie. Certains cherchaient dans l’enchaînement des figures une quelconque signification, tandis que d’autres lui en avaient déjà donné une. Mais aucun n’osa lever la voix pour parler. C’est l’hybride qui s’exprima le premier, félicitant la petite troupe sans plus donner de signification à votre œuvre qu’il n’en reconnaissait la présence d’une. Ton sourire termina de se dessiner alors qu’il fuyait. Le reste de la foule l’accueillit avec des réactions enfin libérées. Les uns sifflèrent sans ménagement tandis que les autres applaudissaient chaudement. Certains, d’un air savant, approuvaient d’une signification qu’ils s’étaient presque entièrement fabriquée pour eux-mêmes, tandis que d’autres opposaient avec virulence autant leur désaccord avec la manière d’interpréter le message qu’avec le message en lui-même. Vous les elfes étiez des créatures de musique, des créatures de possible, des créatures de liberté, et ainsi, comme ils l’auraient étés devant la Symphonie s’ils avaient été capable de distinctement s’en gorger, ils furent libres de choisir leur manière d’interpréter les sons, les visions, l’atmosphère, et les moindres sensations venues avec votre pièce. Les Citadins ne te donneraient peut-être pas raison, mais en les faisant seulement réfléchir, en plantant une idée dans leurs esprits, tu venais d’accomplir ton travail. - Veölinda, Cellin, Gannel, Laerphen… merci. Tu murmures aux quatre musiciens, loin de l’agitation de la foule Ça représente beaucoup.- Ne t’inquiètes pas pour ça Lœtwhil, ce n’est pas tous les jours que quelqu’un vous invite à remplacer la Symphonie aux oreilles de Sourds. une certaine mélancolie se fait visible dans le regard du musicien J’aurais aimé que quelqu’un daigne le faire pour moi avant le Voile, même si aveugle comme j’étais, je n'aurais sûrement rien pigé !- Dis-moi Lœthwil, Cellin entame, pinçant les cordes de son instrument dans sa réflexion il n’est pas étranger à l’histoire que l’on vient de conter, le gris, n’est-ce pas ?- Mieux que ça. Il la vit plus profondément que nous tous. Le précipice paraît plus large lorsque l’on saute du côté le plus bas tu adresses une moue à la fois complice et grave à la harpiste La Mère seule sait à quel la tâche de titan qu'il entame.- Espérons alors que s’il chute, il chute seul.- Je lui fais confiance pour s’accrocher aux branches que lui tend l’Anaëh… et je fais confiances aux branches d’Anaëh pour se rompre s’il se prouve trop lourd à porter.Cellin déglutit, ne sachant pas si elle devait s’émerveiller ou s’effrayer de la patience dont les enfants de La Mère étaient capable. Après tout, plus la bénédiction était grande, plus la déception lorsqu’elle se trouvait gâchée était profonde. Et s’il n’avait commis que la moitié des crimes que la musicienne imaginait potentiellement traîner dans le sillage d’un Mage portant du Sang Drow. Les premières interactions avec une foule purement elfique réussirent tout de même la tirer de ces obscures pensées pour en amener de plus triviales. Qu’ils furent de ceux à applaudir ou à huer, à questionner votre message ou à le rejeter, vous accepteriez d’engager la discussion avec n’importe qui le demanderait. Les seules véritables explications que vous ne donneriez ne concerneraient cependant que la mise en œuvre pratique de votre spectacle, la construction des harmonies, l’écriture du contrepoint, la place des timbres de chaque instrument, les corrélations entre mélodie, accompagnement et mouvements, l’utilisation des éléments, ta manière même d’approcher la magie, ton expérience en tant que mage… Pas une seule seconde vous ne vous étiez autorisés à vous enfoncer dans les détails de grande idée derrière votre œuvre. Comme pour la Symphonie, et comme pour toute musique, ce qu’elle inspirait devait rester personnel. La seule requête à laquelle vous vous verriez forcés de vous plier serait celle des gardes demandant à ce que vous participiez à réparer les dégâts causés.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Dim 20 Mai 2018 - 18:25 | |
| Elle déambule. Elle marche à pas lents et observe la pièce se jouant autours d’elle dans les rues de la cité. Chaque chose est à sa place, rien ne déborde et la journée se passe lentement, suivant la course du soleil dans le ciel pâle. Des rires, des pleurs, des éclats de voix. Tout y est. La vie bat son plein dans les rues alors que lentement l’astre lumineux va décliner.
Elenwë avance doucement, regardant à droite, à gauche, se penchant sur un objet intéressant ou saluant un être d’un sourire léger et d’un signe de la main. Elle n’a pas grands choses à faire alors elle prend le chemin du retour, celui qui va de sa position à son logis. Elle va rentrer et lire ou observer les étoiles lorsque la nuit sera tombée, elle ne sait pas réellement que faire d’autre que cela alors autant faire, sans se poser de question qui ne feraient que retarder l’instant de faire demi-tour.
Elle fait volte-face et prend le chemin du retour. Sa robe de lin vole et suit le mouvement de ses hanches avant de voler tendrement, se balançant au rythme de la démarche de l’elfe. Le voile de lin bleu clair recouvre son corps, laissant apparaître des épaules dénudées et une taille fine, à l’image de son origine raciale. Ses longs cheveux blancs tombent contre ses tempes et quelques mèches sont remontées en tresses complexes contre son crâne. Un doux sourire reste sur son visage tandis qu’elle rebrousse chemin et suit le cours des rues pour retrouver son cocon personnel, sa bulle rêveuse et stellaire. Il lui arrivait souvent de faire ça, de sortir juste pour sortir, sans but précis et c’est toujours le même schéma. Elle sort, déambule dans un coin en laissant son regard vagabonder puis elle rentre. Une chose sans grand intérêt.
Elle laisse son regard voguer et se déhancher entre les êtres. Elle renvoie quelques signes de mains, quelques sourires avant de se laisser happer par un spectacle surprenant. La place Tyral perd son statut de place pour devenir scène. Elenwë se fraye un chemin, sa curiosité piquée au vif par ce brusque mouvement cassant venu rompre la fluidité du flux elfique.
Rapidement, le spectacle se jouant sur la scène improvisée devient envoûtant. Les courbes, les sons. Le spectacle transporte et propulse les voyeurs dans un voyage entre douceur et puissance. La foule se fait silence pour s’imprégner du spectacle de rue fascinant. Elenwë laisse son regard suivre les mouvements de l’homme se déhanchant tandis que ses oreilles apprécient la musique se jouant.
Elle regarde, émerveillée par le spectacle, comme beaucoup. Il est rare de voir les gens se lâcher ainsi, de voir les gens se mettre à nu en place publique et se lancer dans le dés-habillement même de leur âme Elle se laisse transporter et voyage au même rythme que les chairs de l’homme se mouvent.
Le spectacle se joue et dure. Il se fait tendre et sensuel avant de devenir épique et héroïque. Chaque chose semble calculer, chaque mouvement tombe avec l’accord majeur qui lui convient. Chaque déhanchement se superpose à la musique avec une justesse folle si bien que la perfection ne fait qu’accroitre le plaisir des yeux et l’orgasme artistique chez les voyeurs muets.
La danse continue, inlassables mouvements et cadences. Les accords sonnent avec force et la magie se mêle à l’art. Tout se mélange et se délie avec soin. La beauté est de mise dans cette partie de plaisir et dans cette exécution artistique en place publique. Tout se passe bien puis la pyramide de cristal majestueuse tremble. C’est la chute.
La posture se met à mal et l’équilibre de la pyramide est compromis. La danse est toujours aussi belle et expressive mais le trémolo du danseur cause la perte d’attention d’Elenwë. Elle le voit, elle le sent. Elle sent la blessure qui arrive et c’est l’elfe médecin qui remplace l’elfe rêveuse.
L’inquiétude s’empare d’un bout de son âme. Et s’il se blessait gravement ? Et si la danse causait une chute fatale ? Elle s’inquiète mais lui, il semble faire avec. Il tremble et se rattrape d’un coup d’audace et de courage. Il se remet en scène et le tremblement de la pyramide cristalline cesse. Il a réussi mais l’inquiétude habite toujours Elenwë qui l’observe avec plus de soin, cherchant à voir une faille dans le jeu de mouvement.
Le spectacle se termine et la foule se fait silence. C’est la minute silencieuse avant l’ovation des spectateurs. Les applaudissements sont chaleureux et les gorges s’échauffent en félicitations. Il est assez plaisant d’observer la foule ainsi soudée pour ovationner l’homme venant de mettre son âme à nu. Elenwë suit le mouvement et applaudit cependant, elle, elle ne pousse pas le moindre cri ni la moindre parole tendre pour l’homme.
La foule se presse et l’elfe se trouve un chemin vers la bande de troubadours. Elle se laisse glisser entre les êtres, laissant son corps glisser contre celui des hommes ou des femmes pour avancer vers la troupe maitresse de ce spectacle enivrant. Elle approche de son but en délicatesse.
Ce fut un très joli spectacle messieurs. Une douce invitation au regard mais pourquoi se mettre ainsi à nu en place publique ? Et votre épaule danseur bohème, comment se porte-t-elle ?
L’elfe ne se présente pas. Elle ne donne ni nom ni titre, elle décide de rester Personne, une inconnue sans valeur certaine.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Dim 20 Mai 2018 - 22:04 | |
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La foule, son cortège de frustration et de fascination s’éclaircissait enfin. Les spectateurs rapportaient chez eux ce qu’il leur restait de questions, et l’agitation prenant fin, les tensions s’apaisaient enfin au sein de la milice. Une date et une heure vous furent publiquement imposées par les gardes Lëandrins sous la proposition d’un architecte de passage pour effectuer les réparations, de façon à ce que tous ceux qui prêtaient l’oreille sachent et répètent à qui le voudrait que détruire n’était pas votre intention, et que vous étiez disposés à prêter main forte. S’il n’était dans l’intérêt de personne que des elfes se trouvent accablés pour un simple accident, le fait que vous ayez été identifiés en tant qu’Ornedhels rendait la chose d’autant plus importante. Après que la protégée de la demoiselle Kielendar ait autant fait parler d’elle au sein de l’office des diplomates, et avec le vent de méfiance qui planait depuis les grands mouvements des clans… il était impératif que personne ne soit en position de se sentir agressé.
À vrai dire, s’il ne s’était pas agi de contenir les spectateurs, ce seraient les hommes d’arme qui auraient le plus trouvé leur bonheur dans votre démonstration. La cruauté des batailles, la férocité de votre peuple, l’ardeur qu’ils devaient être capables de mettre dans leur tâche… c’étaient autant de choses que votre musique, et que ta magie avaient retranscrit. C’étaient autant de choses qui restaient, et heureusement, inimaginable pour une majorité de Citadins, inconscients de ce que pouvait coûter leur tranquillité. Ceux dont aucun proche ne portait l’arc ou l’épée, ou même certains de ceux qui en avaient perdu durant les dernières batailles, comme ceux qui avaient été lointain témoins de l’impôt de guerre, récemment payé du sang de leurs gardiens, ils ne réalisaient pas.
Tu concluais une longue discussion avec un vétéran de la bataille du front ayant presque jumelé celle d’Eraïson, questionnant les notions de bien et de mal, d’équilibre et de chaos, de juste et de nécessaire. Vous étiez allé jusqu’à vous tenter à analyser les motivations de vos séculaires adversaires, étiez allé jusqu’à comparer leur fanatisme à votre dévotion, les aviez presque excusés, pour mieux vous entendre sur le fait que votre devoir envers les vôtres passait avant leurs vies, qu’elles fussent innocentes ou pas. Restait à savoir si ton camarade serait allé jusqu’à mettre ce raisonnement en pratique. Toi, tu l’avais déjà fait.
Cellin, Gannel et Laerphen t’avaient déjà fait leurs au-revoir et entamé le chemin du retour, tandis que tu contemplais de ton côté l’idée d’aller prendre du repos, quand une spectatrice de plus, une jeune elfe, vint interrompre le fil de tes pensées. Ton regard suivit ton oreille et s’abaissa à la recherche du sien. Ton visage se fendit d’un sourire à la fois doux et fier.
- Mon épaule ? le coin gauche de tes lèvres remonte Ne t’inquiète pas, c’est juste l’affaire d’un peu de repos.
Tu t’étires le dos et les bras, croisant les coudes devant ton torse, et presses ainsi ensemble tes pectoraux, moitié combattant l’engourdissement dont elle te forçait à reprendre pleine conscience, moitié flattant ton imposante figure pour en suggérer la solidité. Un roulement d’épaules plus tard, tu croisais finalement les bras sous ta poitrine pour reprendre plus confortablement.
- Pour le reste, je n’ai rien à cacher. Je dirais même qu’il est de mon devoir de me mettre à nu Tes yeux courent tout autour de la place avant de retrouver les siens pour partager avec ceux qui ne les entendent pas ce que j’ai pu apprendre des Chants d’Anaëh.
- Tu serais surprise de voir à quel point quelques lignes mélodiques peuvent être plus efficaces qu’un discours. Vëolinda d’un pas dansant se glisse dans la conversation Les mots sont rigides, trop limitants. On a vite fait de mettre de côté des mots qui ne nous ont pas plu. Les sons et les images par contre, ils marquent l’esprit et ils nous accompagnent longtemps. La conscience elfique est faite pour ressentir la musique. L’elfe joue un accord de son luth avant de recommencer à s’adresser à la demoiselle Du coup, quoi qu’ils pensent ou pas avoir compris de notre prestation d’aujourd’hui, je suis certain que tous ceux qui l’ont vue en sont ressortis touchés.
- Et ce n’est finalement qu’une question de temps avant que les circonstances ne le leur fassent s’en rendre compte. tes bras se décroisent, ta main se pose sur son épaule et tu fléchis les genoux, pour poster tes yeux face aux siens Mais et toi, simplement touchée, ou certaine d'avoir compris ?
Les concepts d’opposition, d’union et d’équilibre étaient les pierres angulaires de votre prestation. Qu’un elfe ne se soit laissé imprégner que de cela, et pendant quelques temps au moins, il aborderait certainement d’un œil bien différent les grandes problématiques de ce jour.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 263 ans Taille : 1m86 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Jeu 24 Mai 2018 - 20:16 | |
| Elle sourit, c’est un sourire tendre qui s’étire sur ses lèvres lorsque la voix masculine vient chatouiller ses tympans de sa mélodie tendre. Il joue à l’homme. Elle a envie de rire mais se retient, il serait inconvenant de se mettre à rire au nez et à la barbe, bien qu’il n’en ai pas, de l’homme qu’elle vient tout juste d’aborder. Elle écoute chacun de ses mots et en comprend le sens. Elle écoute et se tait, s’imprégnant des mots pour trouver réponse parfaite et question sensée si l’occasion se présente.
A peine ferme-t-il la bouche que c’est un autre qui vient valser à ses côtés, il fait sonner son instrument et parle aussi. Elle le comprend et elle est d ‘accord avec lui, elle sait que les lignes mélodiques sont puissantes, très puissantes mais ça, il ne le sait pas, ils ne le savent pas. Mais qui est-elle pour leur reprocher ? Ils ne savent pas qu’elle est une musicienne de la vie après tout, ils ne savent rien d’elle.
Je pense que je comprends, la musique est puissante. Elle prend les tripes et, même si on ne la comprend pas, elle nous marque alors que les mots, s’ils ne touchent pas, ils finissent par s’évanouir sans laisser la moindre trace.
Le danseur-bohème qu’elle a accosté bouge une nouvelle fois, il gesticule comme un ver et pose sa main sur l’épaule de l’elfe rêveur. Elle frissonne. Le contact est étrange et électrisant, elle n’a pas l’habitude qu’on la touche et encore moins qu’un inconnu vienne déposer une main puissante en douceur sur son épaule et se baisse à sa hauteur pour lui parler, les yeux dans les yeux.
Elle sourit et rompt le contact visuel après la question. Elle ne sait que dire et que répondre. Le balai se joue une nouvelle fois dans sa tête et elle relève le menton pour laisser son regard se noyer dans celui du bohème. Elle cherche des mots, elle cherche ce qu’elle peut bien dire pour ne pas laisser la question tomber dans l’oubli. Elle n’aime pas ne pas répondre quand on lui parle alors elle joue la carte de la franchise.
Pour être honnête avec vous danseur-bohème, je n’ai pas tout compris, je ne sais pas ce que j’ai compris. Oui cette prestation me touche par sa puissance et sa beauté même si le trémolo à fait trembler la pyramide de verre que vous étiez en train de construire. Je suis incapable de dire ce que vos avez mimé dans vos pas… Une guerre ? Une conquête ? Je ne sais pas vraiment mais c’était une chose puissante. Accepteriez-vous de prendre un instant de votre précieux temps d’artiste pour m’expliquer tout cela ? Je suis bien curieuse de savoir ce que vous et votre troupe nous avez en scène…
Elle sourit gentiment. Elle veut savoir et s’il décide de ne rien lui dire, elle irait chercher d’elle-même dans les livres ou aux côtés des anciens qui, peut-être, savaient ce dont il avait été question dans cette danse épique et fascinante. Une lueur pétille dans le fond de ses yeux pâles et rêveurs, la lueur de l’envie de connaissance et du désir de découverte.
Sa mémoire se réveille et le souvenir de la blessure revient. Elle sait qu’elle est capable de soigner ça d’un coup de main mais le doute vient, elle ne sait pas s’il va être vraiment d’accord de se laisser soigner par une inconnue aperçue au détour d’un spectacle de rue. Un brin de malice s’infiltre dans ses yeux, elle réussit à percevoir de l’eau non loin et elle sent les cordes de l’épaule vibrer dans un accord qui sonne plus faux que juste.
Vous être certain pour votre épaule ? Pas besoin de l’aide d’un médecin pour soigner tout ça ?
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Sam 26 Mai 2018 - 2:24 | |
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Tu t’amuses à regarder jouer ses pupilles au fil de ses réflexions. Vëolinda lui prend malin plaisir à pincer quelques accords de votre composition pour lui en raviver le souvenir, mais elle ne comprend pas mieux pour autant. La signification lui reste floue, puissante mais inintelligible, exactement comme l’est la Symphonie aux oreilles des Sourds et des Malentendants. Ton regard s’écarte de celui de la jeune femme l’espace d’un instant, pour croiser celui du barde. Vous aviez réussi votre pari.
- Je pourrais te dire exactement quelles sont les idées cachées derrière notre spectacle tu souris, taquin et ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais à ce moment-là il n’aurait plus de valeur.
- Le moment où l’instrumentiste transforme sa musique en mots, c’est celui où ils perdent leur signification.
- Mais ne t’en fais pas, le moment viendra bientôt où les circonstances feront lumière sur tout ce qui a été dit, et tu y verras aussi clair que de l’eau de roche.
Tu te redresses finalement, ramènes tes bras autour de ta poitrine, suivi dans ton mouvement par un reptile retrouvant son équilibre autour de ton encolure. Beaucoup des spectateurs ont été intrigués sur l’instant, se sont demandés exactement ce qu’ils regardaient, ont émis leur théories et ont, parfois de manière assez virulente, réagi à celles des autres ; mais beaucoup des spectateurs, le soir venu, dès lors qu’ils se coucheront, auront tout oublié. Le souvenir ne leur reviendrait que lorsque le destin enfoncerait leur porte, et leur rappellerait ton avertissement. Elle, par contre, elle n’oublierait certainement pas, elle creuserait, laisserait germer l’idée quelque part en son esprit, et continuerait son chemin avec un jeune plant dans l’âme. Quand viendrait le temps des décisions, la sienne serait certainement plus réfléchie que pressée, toute rêveuse qu’elle semblait être, et toute inconstante que pouvait être sa pensée.
- Pour la soigner non. parce que le sujet était revenu à ton épaule aussi rapidement qu’il s’en était éloigné Pour aider à sa rééducation oui. Tu vois les marques sur ma peau tu traces des doigts le florilège d’arborescences tracées d’or sur ta peau, soigneusement évitées par les peintures noires et blanches et bien c’est le sentier des flux à travers mon corps lorsque j’utilise la magie. Sauf que j’ai récemment fait de l’excès de zèle et mobilisé trop d’énergie. Mon corps a trinqué, surtout mon épaule. Depuis, mes muscles se sont reconstitués, mais j’ai encore de récurrents problèmes d’engourdissements. Tu pointes du doigt la terminaison de la branche d’or, en forme de cercle, sur ton épaule Mes canaux éthériques se nouent ici, à cause de ça les derniers accidents ont rendu mon épaule très sensible à la magie. Du coup je préfère faire ma rééducation à l’ancienne et juste reprendre petit à petit l’habitude de solliciter le muscle.
Ta rééducation passait par tes exercices physiques quotidiens, et habituellement par les massages de Delgerenil… mais elle était restée en Annon. Il te faudrait trouver une autre âme charitable en Alëandir qui veuille bien te rendre ce service, mais pour ça, tu veux bien faire confiance aux thérapeutes des militaires et de sportifs.
- Mais si tu as aussi l’habitude de la méthode manuelle, je ne dirai pas non à une aussi charmante attention.
Tu lui adresses une moue aimable, comme le ferait un père, ou un grand-frère, sacrifiant sa chevelure à une fille, ou à une jeune sœur désespérant de trouver une victime sur qui expérimenter de nouvelles coiffures. Quoi que tu oses tout de même imaginer ton interlocutrices de plus d’expérience dans son domaine que ne le serait une enfant jouant de la brosse et du peigne.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Dim 10 Juin 2018 - 18:45 | |
| C’est un petit rire qui assaille sa gorge. Elle se sent enfant de ne pas comprendre le spectacle de rue mais peut-on réellement lui reprocher de ne pas comprendre une chose ? De base, elle ne s’intéresse que peu au conflit dans le sens politique du terme, pour elle, conflit est synonyme de guerre et guerre de blessé. Elle s’intéresse aux conflits pour la médecine, pour exercer ce à quoi elle a été formée pas pour comprendre toute la profondeur du conflit. Cela lui plairait, certes, mais cela prend du temps et le temps est une arme précieuse.
Elle est d’accord sans être d’accord, c’est un peu compliqué. Elle est d’accord qu’à l’instant où les notes deviennent mots, la saveur se perd mais la voix et les mots ne sont-ils pas eux-mêmes musique ? La voix n’est-elle pas l’instrument que chacun possède et manipule de façon naturelle ? C’est là une bonne question méritant réflexion mais le temps court et passe, il passe et trépasse à chaque respiration, à chaque seconde écoulée et déjà en se stoppant ici pour observer le spectacle, c’est un peu de son temps de vie qui vient de mourir, il vient de mourir pour les arts et le plaisir visuel tout comme elle tue son temps de vie à observer les étoiles virevolter autours des mères célestes lorsque le ciel s’habillait de son velours noir. Le temps. Une arme plus meurtrière que les guerres, que toutes les guerres.
Une nouvelle fois, son esprit part et déambule entre 1001 pensées qui n’ont rien à voir avec les premières. C’est souvent comme ça avec elle, avec sa rêverie et son esprit aussi libre que le vent. Ces pensées soudaines lui donnent envie de tout consigner sur une feuille, sur les pages d’un livre. Penser, écrire, rêver. Ce sont là des choses qu’elle sait faire tout comme elle sait masser une épaule endolorie ou soigner une cheville cassée en touchant la chose du bout de ses doigts, laissant sa peau douce traîner avec légèreté contre la peau de l’être désireux d’être soigné. Il y a des choses qu’elle sait faire mais d’autres dont elle est incapable, comme se mettre en scène comme les bohèmes à qui elle tient parole en parallèle que ses pensées se développent dans un coin de son esprit.
Elle n’écoute qu’à demi-mot. Ce sont des bribes qui lui parviennent, pas toutes les phrases. C’est un autre dilemme qui se joue à cet instant. Poser sa théorie sur le fait que les mots et la musique ne forment qu’un et que parfois l’explication des choses peu engendré une nouvelle vision des notes ou juste se taire et écouter le musicien et le danseur bohème qui demandent juste de réfléchir, de ne pas oublier. La réponse viendrait à un moment, c’est une certitude mais elle ne sait pas si elle désire attendre ou bien jouer à l’enfant impatiente et insatiable de connaissance.
C’est la voix du danseur bohème qui reprend et qui la coupe. Il coupe cette voix intérieure, il coupe ce débat qui n’a pas lieu d’être avec autant de précision qu’une lame de rasoir fraîchement aiguisée. Elle a envie de rire. Elle ? L’habitude de la méthode manuelle pour détendre un muscle ? S’il savait…. Elle en a l’habitude, elle en a l’aptitude, elle en a les connaissances. C’est un des avantages de l’anatomie, cette dernière ne change pas où alors que très peu au fil du temps et appuyer sur quelques points précis pour aider el corps à relâcher une certaine pression n’a rien de sorcier, cela est donné à la plus idiote des créatures tant qu’elle possède un minimum de délicatesse et qu’elle sait mesurer sa force.
La méthode manuelle est une chose simple à pratiquer tant que l’on connait un minimum à quoi l’on se confronte. C’est un peu la même chose qu’en musique, jouer d’un instrument est chose simple lorsque l’on connaît l’objet. Entre médecine et musique la frontière est mince si on y réfléchit bien d’ailleurs. Les deux demandent minutie, précision et connaissances. Pas les mêmes, certes, mais c’est une faculté semblable si on y réfléchit correctement.
La voix est douce et tendre. Un peu rêveuse aussi mais elle a toujours été comme cela sauf lors d’une épreuve de concentration intense où la rêverie ne possède pas sa place. Elle est le jour et la nuit selon l’importance de la situation et une scène aussi futile que celle-ci ne mérite pas une ablation momentanée de la rêverie et c’est peut-être même ce qui l’aidera à comprendre la danse au final, son onirisme trouvera peut-être la clé de tout cela, la clé capable de traduire cette mélodie visuelle et ces mouvements auditifs.
Elle sourit, le sourire d’une innocente mais l’est-elle réellement ? Est-elle vraiment si petite, si insignifiante que cela ? Elle ne sait pas mais si la réponse est affirmative, elle sait que cette innocence partira un jour, qu’elle s’envolera le moment venu pour aller nourrir les démons de la vie alors à quoi bon s’y accrocher au final ?
Mais pour vous donner une réponse plus claire, je suis en mesure de vous offrir une telle attention, cela n’est pas chose infaisable et peut-être serais-je capable de vous surprendre qui sait. Après tout vous ne me connaissez que peu tout comme je ne vous connais que peu malgré cette mise à nu en place publique.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Ven 15 Juin 2018 - 21:47 | |
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Il est quelque chose d’étrange chez la jeune elfe, de dérangeant sans être désagréable, et ce n’est qu’en l’écoutant un peu plus parler que tu ne comprends véritablement de quoi il s’agit. Quand elle écoute, elle paraît distraite. Quand elle s’exprime, elle paraît ailleurs. Elle n’est jamais entièrement avec vous, toujours l’esprit perdu dans une mystérieuse réflexion. Elle semble en entendre moins qu’il n’en faudrait, et malgré tout, elle répond plus que l’on n’attendrait d’elle. Elle est étrange cette spectatrice, mais ce qu’elle a d’étrange est aussi ce qui la rend fascinante. Elle est finalement comme votre œuvre d’art, un monde de secrets cherchant à être découvert.
Tu t’approches d’elle, à portée de bras, mais tu ne te baisses pas. À sa moue malicieuse, tu rends un sourire fier, appuyé d’un regard serein. Tu avales la jeune elfe dans ton ombre comme pour mieux lui faire comprendre qui tu es. Ce que tu es. Tu es grand. Tu es puissant. Tu es fier. Aucune blessure ne te l’enlèvera. Mais ton ombre n’est en rien étouffante. Ce qui s’y trouve, tu ne l’écrases pas. Tu le protèges.
- Heureux d’avoir la chance d’être soigné par une instrumentiste de talent.
Tu retiens un rire alors que sur ton épaule Ilweran s’agite quelque peu. C’est vers le musicien le premier que se tend ta main.
- Je te présente Veölinda, ancien Citadin d’Alëandir, nouveau membre du clan Lin’Serindë, et musicien de génie tes doigts vont ensuite flatter la joue du dragon-fae Voici Ilweran, mon compagnon magicien à écailles. tu serres légèrement les dents quand en réponse à sa présentation, le lézard te mordille affectueusement les doigts Et moi… Lœthwil, né de la Lin’Serindë, aujourd’hui champion d’Hiril Lôthren. tu tends la main vers la jeune demoiselle, espérant qu’elle s’en saisisse Enchanté.
Champion de la Dame Sauvage. Gardien d’Anaëh. Symbole de puissance.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Mer 4 Juil 2018 - 12:33 | |
| Grand. Il est grand l’elfe qui se dresse de toute sa hauteur face à elle. Il est imposant et majestueux, projetant cette aura de force charismatique autours de lui, autours de son être. A ses côtés, elle fait brindille la jeune femme. Ils font le jour et la nuit, la puissance et la force du soleil, de l’astre masculin puis la douceur et rêverie de la lune, astre féminin. Différents, certes, mais peut-être plus semblables qu’ils ne le pensent. Deux œuvres d’arts antagonistes.
Sa bouche s’ouvre, ses lèvres bougent, sa langue tape. Ce sont des mots qu’il forme et qu’il propulse dans les airs. Ce sont des phrases qu’elle entend de son oreille de rêveuse. C’est l’égo féminin qu’il flatte en premier puis vient le tour des présentations. Le musicien puis la créature qui attire et fascine.
Posée sur son épaule, elle domine et impressionne. Un dragon. Elenwë observe la scène qui se joue devant ses yeux. La complicité entre les deux créatures semble présente. L’elfe flatte et le dragon mordille de ses dents-pointes. La douleur doit être présente mais il ne veut pas blesser, il veut juste être tendre envers son maître, son presque père.
La troupe présentée, c’est son identité qu’il donne, qu’il ouvre à la jeune elfe. Il se dévoile un peu plus, posant des mots pour se donner un nom et nom seulement l’identité de danseur-bohème. En se dévoilant, il approfondit sa puissance. Champion. Il n’est pas rien. Sa main se tend vers l’elfe féminin, l’attente d’une réponse, d’une poignée amicale et d’un sourire pour marquer l’officialisation de ces présentations.
Sans douter, sans trembler, Elenwë tend la main et attrape les doigts de l’homme. Ce n’est pas une frappe virile ou une pince d’homme, c’est une poignée légère qu’elle lui offre mais comment pourrait-elle lui donner plus ? D’un coup de main il pourrait lui broyer un os tandis qu’elle, si elle lui donnait une gifle, il ne sentirait sûrement qu’une bourrasque de vent.
Je suis Elenwë, fille des étoiles et musicienne de la vie médicienne ou musicienne et médecin, cela dépend du point de vue. Enchantée de vous rencontrer, Loethwil Champion bohème.
Elle serre les doigts de l’elfe et sourit. Lentement, elle retire sa main et ses yeux dérivent, ils quittent ceux de l’homme pour aller caresser la créature volante posée sur son épaule, le magicien compagnon majestueux. Son regard suit ses courbes, las traces du bout des yeux, les doigts n’osant aller rencontrer les écailles. Elle n’est pas peureuse, non, mais il suffirait d’un coup de dent pour lui arracher un doigt et ses doigts, elle y tient. Sans eux, elle n’est rien, elle perd son statut de musicienne, de médecin.
C’est une merveilleuse bête que vous portez là. Voix rêveuse, un peu lointaine, perdu dans les iris de l’animal avant de redescendre sur terre, de revenir dans la réalité de la discussion initiale. Pour ce qui est de votre massage, vous allez devoir abaisser légèrement Champion, je ne suis pas aussi grande que vous et la position deviendrait vite inconfortable vous ne pensez pas ?
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: [Libre] Un conte d'une nuit en plein jour Mar 31 Juil 2018 - 1:27 | |
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La fierté se mue en une douceur presque paternelle, et le léger inconfort se fait curiosité, autant de ta part que celle d’Ilweran. Là où ta présence se fait d’autant plus imposante que tu installes cette proximité émotionnelle, celle du dragon-fae au contraire, comme pour équilibrer les forces, se fait fuyante. La curiosité que tu as pour la jeune rêveuse, elle se traduit chez le jeune reptile en une saine méfiance. L’animal se refuse à être touché, se recroquevillant derrière ton épaule et contre ta tempe au fur et à mesure que les doigts d’Elenwë s’approchent. Jamais malgré tout son regard ne quitte celui de la jeune elfe, et comme s’il s’était fait une mission de rester en position de défi, jusqu’à ce qu’elle revienne à la réalité, il resta accroché à elle.
Mais lorsqu’elle eut fini de s’émerveiller devant lui, il disparut à tire d’aile, attirant Vëolinda dans sa course, et te laissant donc seul, s’il on pouvait réellement appeler solitude cette entrevue en place publique, avec la jeune magicienne. Et sans aucun des deux pour t’ancrer dans un univers plus grand, tu te permis de le réduire, ce monde, à juste elle et toi.
- Pardonne Ilweran. Tu te laisses fendre d’un sourire mutin Il est plus craintif que conscient d’à quel point il est fascinant.
Tu te baisses face à elle, ployant un genou. Ne serait-ce que légèrement, c’est à ton tour de lever le visage vers le sien. Ta main droite vient se poser sur les jointures de ton épaule endormie pour déjà t’octroyer un léger massage. Le geste est presque un réflexe, répété depuis ton échappée de l’Annon, et depuis que l’absence de Delgerenil te force à t’administrer une pénible automédication. Tu connais le corps, mais tu n’es pas guérisseur. Ton corps en particulier tu sais comment il fonctionne, pour avoir depuis longtemps voyagé dedans. Que La Mère t’en ait offert un nouveau ne change rien. Sa base est la tienne. Ses fondations sont les tiennes. Et pourtant, une jeune elfe que tu venais de rencontrer serait sûrement plus capable que toi-même d’en alléger les troubles.
- Et celle-là le deviendrait rapidement inconfortable pour moi tu ris Mais si ça te permet ne serait-ce que d’apprécier comment faire, rien n’empêche que l’on se retrouve dans de meilleures conditions.
Ta main libère l’épaule, ton bras abîmé bouge fébrilement, comme pour l’aider à juger de l’ampleur des difficultés que tu éprouves à t’en servir.
- Si les thermes de la Cité ne te conviennent pas, j’ai un logement près du mur Sud.
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