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 Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]

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Lœthwil
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MessageSujet: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeDim 17 Juin 2018 - 20:12


Seconde ennéade de Karfias
Onzième année du Onzième Cycle
Frontières extérieurs de la zone de renouvellement





Tu attends. Tu sais qu’il doit venir. Tu as été prévenu. Deux fois. Trois fois. À une infinité de reprises. Mais tu attends. Là où tu sais qu’il viendra. La Sylve gémit comme un nourrisson à défaut de chanter. Les jeunes pousses de la zone de renouvellement baignent l’atmosphère d’un permanent capharnaüm. Mais tu attends. Et tu continues d’écouter. Pour savoir combien de temps tu continueras d’attendre.

Tu pourrais te lever. Tu pourrais marcher seul. Tu les retrouverais certainement. Son chant est tout sauf discret. Sa marque est perceptible maintenant. Mais t’offrir à eux n’est pas ta mission. C’est aux elfes de rechercher la force, pas à la force d’investir les elfes. Tu pourrais marcher seul. Ils sont déjà venus à ta rencontre. Ils t’ont laissé entendre quand et t’ont vaguement évoqué où, les murmures ont fait le reste. Seulement marcher seul, ce serait les insulter. Marcher seul ce serait devenir  à la fois force et pouvoir. Tu pourrais marcher seul, mais puisque tu es l’aide et pas le moteur, tu n’as pas le droit d’ainsi t’imposer.

Alors tu attends.

Quelque part dissimulée entre les fleurs d’été, une magicienne ailée se moque de toi, dégustant avec appétit la vision du fardeau posé par ses sœurs sur tes épaules. Quelque part en ton esprit, celle qui se cache est visible sans l’être. Ton attention est autre part.
La brise d’été souffle. Les pans de soies d’araignée décorant ce que ne couvre pas ton exosquelette claquent. Par réflexe plus que par nécessité, l’une de tes mains vient retenir ton chapeau sur ton crâne. Ilweran volette autour de toi, et joue avec les tissus en mouvement. Tout autour de toi hurle une ode à la vie, et pourtant, la scène semble prise d’une profonde immobilité. Parce que tu attends.

- Suilad
   salutations

L’elfe vient d’arriver, mais son visage laisse à penser qu’il a attendu aussi longtemps que toi. Il ne te répond pas, te dévisage plutôt des pieds à la tête, contorsionnant son visage dans une moue laissant comprendre que même s’il levait les yeux vers toi, il était hors de question que tu le regardes de haut. Estiam ou Lœthwil. Ruthwentë ou Rigwenn’do. Qu’il se le dise cependant, tu n’étais pas plus décidé que lui à accepter la soumission.
Sous ton couvre-chef, tes yeux jaunes brillaient, accrochés aux siens, appuyés sur les siens comme pour le forcer à ployer. D’un regard, c’était tout ton poids que tu laissais s’écrouler sur le Chef de clan, et il est peu d’elfe en Anaëh qui soient capables de te soulever. Mais Maghden se contente de sourire, et de souffler des nasaux avant de se retourner, accompagnant le geste d’une grandiloquente fioriture à la lance. Parfois, pour les guerriers, l’arme en dit plus long que des mots.

- Dépêche-toi, on n’a pas que ça à faire.

Mais pas à un seul moment les longues enjambées du chasseur d’abord au sol, puis à travers les branches, ne suffirent à te perdre. Ilweran encore moins. Etais-ce là toujours une tentative pour l’Ornedhel de s’établir en tant que dominant, ou alors étais-ce une mise à l’épreuve de la part d’un sceptique ? L’elfe dont la voix avait lancé les ralliements. Le fou dont les discours étaient inspirés par l’Aduram. La Force de la nature qui avait pris Yutar. Le bourreau d’autant de coupables que d’innocents. Celui qui était tombé grand et s’était relevé un géant. L’elfe au corps plus marqué par l’Elda que celui même des Sombres. Le mage portant la puissance de la Dame Sauvage. Le sorcier ayant arraché de sa force destructrice au Linoïn. Tous ceux t’ayant croisé durant cette dernière année, en particulier ceux ayant vu ton réveil auprès de Tòchi, au retour dans leurs clans respectifs, y étaient allés de leurs histoires, ramenant avec eux plus ou moins de vérité, plus ou moins d’éloge, plus ou moins de calmonie.

Maghden cherchait simplement à savoir à quoi s’en tenir.

Mais puisque le temps pressait, et que vous arriviez sur les lieux de rendez-vous, c’est au cœur des rituels qu’il devrait terminer de faire son analyse. Pour toi en cette heure, il n’était plus temps de satisfaire aux questionnements du Chef de clan, mais de comprendre exactement dans quelle situation tu te retrouvais maintenant. Un à un, tu pris le temps de saluer les elfes présents, de sommairement te présenter à eux et de les inviter à te rendre la pareille. Tous sauf un.

Peut-être a-t-il toujours du mal à te reconnaître sous les traits de Lœthwil, mais Neraën, tu sais déjà qui il est.
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeLun 30 Juil 2018 - 15:46

L'odeur. L'encens. La respiration tantôt difficile, tantôt trop facile, répondant à un besoin inconnu. L'esprit qui s'égare, les sens qui semblent s'éveiller à un monde complètement différent... ou, dans son cas, s'y complaire plus qu'à l'accoutumée. En même temps, une voix lointaine et indistincte prononçait de multiples sonorités en un rythme changeant, comme un chant visant à accompagner celui qui se préparait. Et, accompagnant son chant, l'elfe agenouillé à côté du citadin assis en tailleur peignait sur le torse nu de son comparse une myriade de symboles.

Telenwë, confiant, se laissait faire. Plus le chant avançait, plus l'encens avait d'emprise sur lui, plus il se retrouvait attiré dans un cocon qui ne pouvait que lui plaire. Une marée de vibrations, de sensations et de magie. L'impression d'être plongé dans un tout, perdu mais guidé à la fois. L'impression d'être une feuille infime dans toute cette canopée. La joie d'exister et de pouvoir tant ressentir, tout simplement. A un moment, il ressentit l'arrivée de deux elfes. Mais, captivé par la transe pré-rituelle, il ne réussit pas le moins du monde à ouvrir ne serait-ce qu'un oeil. Ces marques, son esprit s'y attarda une fraction de secondes, il les connaissait déjà de toute façon.


Le chant s'arrêta, le pinceau aussi. Sans un bruit, l'elfe paré de nombreux gris-gris, os et tatouages en tous genres se releva et fit quelques pas de côté pour saluer le nouveau venu.

"Sylv'dren, de la noss Linwë. Content de faire ta connaissance, Loethwil. Beaucoup de choses sont racontées... et je suis sûr que la force qui est la tienne nous sera grandement utile. T'a-t-on expliqué quel serait ton rôle ?"


Oui ; non. Le Linwë expliqua au besoin ce qu'on attendrait de lui lors du rituel ainsi que les sources de celui-ci. Comme on avait pu lui raconter, leur but était de faire sortir une Eäla - une dryade - du corps du citadin et l'aider à retourner dans son milieu naturel, c'est-à-dire là où ils se trouvaient physiquement. L'Eäla étant encore assez affaiblie, et aussi pour ne pas tuer l'hôte, le rituel serait découpé en plusieurs parties, allant de cette fin d'après-midi au milieu voire fin de nuit. La lune serait pleine, belle et rousse cette nui-là, ce qui serait parfait pour Dryade. Le premier temps de ce rituel servirait à entrer en résonnance avec la nature-même de l'hôte, afin que son esprit soit prêt à ouvrir la cage vieille de trois siècles qui se trouve au plus profond de lui. Le deuxième serait l'ouverture de cette cage, avec la séparation très délicate des deux êtres. Le danger viendrait à partir de ce moment-là, où force, tendresse et patience allaient devoir se côtoyer... parce que si l'un mourrait, il en serait de même pour l'autre et la libération ne pourrait pas avoir lieu. La troisième partie serait la libération en elle-même de l'Eäla, ainsi que le maintient du souffle de Telenwë. A ce stade de nombreuses heures se seront déjà écoulées. Et la dernière, enfin... Le réveil du protecteur, s'ils ne le perdent pas d'ici-là. Aussi, tous les ritualistes devraient être capables de tenir pendant tout ce temps.

En ce qui concernait Loethwil, il représenterait la force de Kÿria. Une puissance qui permettrait à la fois d'ouvrir la prison qu'avait forgée le temps, à la fois de maintenir l'esprit et la magie de Telenwë. Un appui solide en même temps qu'un bras de fer très fortement lié à l'Anaëh. Un guide fort là où les autres devront contenir et guider une Eäla avec délicatesse. Il faudrait qu'Estiam fasse attention : il risquerait de se retrouver à ressentir la même chose que le citadin, voir le monde tel qu'il le voit. Jamais il ne faudrait qu'il oublie que Telenwë doit rester dans son corps, auprès de la cage qu'il a forgée. Pendant la première partie son rôle sera donc de se faire accepter par l'esprit de Telenwë, pleinement... ce qui ne serait pas fatiguant. Par contre les deux d'après seront épuisantes, même s'il pourra s'appuyer sur la Symphonie pour tenir. Lors de la quatrième partie il pourra se reposer, n'étant plus là que pour stabiliser le rituel et agir en cas de problème. Maghden et d'autres guerriers resteront au-dehors pour assurer la protection de tous, les énergies qu'ils déploieraient risquant d'attirer des curieux.

"Des questions, avant que nous ne commencions ?"


Pendant ce temps, Neraën avait fini par rouvrir les yeux. Sa perception lui semblait complètement dénaturée, les voix étant ni lointaines ni proches, résonnaient en échos. Tout son monde vibrait au plus profond de lui-même, si bien que son corps n'était qu'une chose... plus ou moins existante... Mais les voix n'importaient aucunement, tout était dans le ressenti. Et il tourna un regard tout aussi vide que vivant vers l'elfe qui s'était rajouté en cours de route. Sans rien dire, sans même penser à mal, il lisait juste tout ce qui se dégageait de lui.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeMar 31 Juil 2018 - 19:37


Une chair et un Souffle pour deux âmes. Deux visions pour un seul corps. Deux entités qui ne devraient pas coexister. Un miracle et une malédiction à la fois. Et vous alliez la défaire. Vous alliez arracher l’esprit de la forêt à la cage qu’était devenu pour lui celui de l’elfe. Vous alliez vous lancer dans un rituel de haute magie, et marcher la fine ligne entre les deux trames gouvernant le monde de vos perceptions en tant que sorciers elfes. Vous alliez mêler votre magie à la Symphonie. Vous alliez hybrider deux langages…
Que l’on oublie tes prouesses, que l’on oublie ta force, que l’on oublie les sombres légendes naissant autour de ta figure. Il est simplement peu de mages dont la conception de la magie se prête mieux à ce jeu que la tienne. Il est simplement peu de mages dont le cortège de sensations porté par les Chants des arbres et les mouvements de la Toile sont aussi sensiblement proches que chez toi. Il est simplement peu de mages plus à même que toi à tisser ensemble ce qui pour eux n’est pas de la même nature.

- Non.

Non, on ne t’a rien dit, mais ce que tu ignores compte peu. Tes instincts sont forts, La Mère te guidera. En tant que conduit, tu ne devrais pas avoir besoin de savoir. En tant que conduit, il faut que tu ressentes, que tu te laisses traverser, que tu catalyses, en focaliseur vivant. Si tu réfléchissais, si ta volonté se mêlait aux événements, si ton Souffle s’érigeait en élément perturbateur, alors c’était autant de travail qui serait possiblement détruit, et deux esprits affaiblis avec.

- Je suis prêt.

Les runes à la surface de ton corps se teintèrent d’une douce lumière, et le dragon-fae à ton épaule prit son envol. Se faisant gardien de ta vie, et par extension de celle des autres participants au rituel, Ilweran alla se poster auprès des veilleurs, traçant à tire d’ailes le chemin entre eux, comme pour que rien ne puisse échapper à son regard.
Et alors, avec l’odeur de l’encens, avec les chants des Shaman, offrant un dernier regard à Neraën, tes bras se sont soulevés. Au rythme de la mélodie qu’est le flux de la magie à ton oreille, au rythme de la Symphonie faisant son ode angoissé, au rythme presque monotone des paroles psalmodiées par les elfes, tu as entamé ta danse. Des mouvements larges, lents et mesurés soulèvent l’eau de l’Uraal au-dessus de vous, transforment l’écume en une nuée de feuilles aqueuses.
Et au fur et à mesure de ton jeu la magie gronde de plus en plus puissamment.
Et au fur et à mesure de ton jeu la lumière prend possession de ta peau.
Et au fur et à mesure de ton jeu votre monde se referme.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeLun 6 Aoû 2018 - 21:01


"Pourquoi le son est-il si important ? Parce que si nous sommes composés d'un Souffle et d'un corps, ce qui nous fait vivre pleinement est le Souffle. Le corps n'est qu'une enveloppe qui lui permet de se déplacer en ce monde et, d'une manière, intéragir avec les autres. Le corps est sensible à la vue, à l'ouïe, à l'odorat, au goût et au toucher. Notre Souffle est sensible aux vibrations et aux sensations.

Le chant est vibrations. Que ce soit l'air qu'on lui donne ou les sonorités qu'on lui octroie. Que notre interlocuteur parle notre langue ne change rien : les sons suffisent à eux-mêmes. Le chant permet de communiquer directement avec le Souffle, de lui faire passer le message qui nous importe ; le corps n'est là que pour transmettre les sons à l'esprit. C'est par le chant et les sensations les plus profondes que chaque Souffle peut grandir et comprendre dans quel monde il vit. C'est ainsi qu'il peut comprendre un jour quelle est sa place dans l'Anaëh, quel est son air au coeur de la Symphonie. Sans cela, avec la surdité maladive dont font preuve nombre de nos frères, son monde restera celui de son corps... et le Souffle se perdra loin de l'Arbre dont il est une feuille.

Le chant est le plus important mais il peut être aidé. Par des instruments de musique, par de l'encens, des peintures, tatouages ou encore la magie. Lorsque vous souhaitez communiquer avec un Souffle, ne l'oubliez jamais : faites-le vibrer entièrement, faites appel à ce qu'il est en-dehors de son corps."

~ Enseignement Linwë



Plus rien n'existait. Ou tout. Il ne savait pas, n'avait plus aucune perception du temps qui passait. Enfermé dans un monde de sensations, guidé par les chants, derrière ses yeux fermés l'elfe se laissait aller jusqu'à n'avoir plus conscience de rien. Quelque chose était en lui, un mélange de couleurs et de vibrations. Mais cela s'arrêtait là.


Une main se posa sur une épaisse vitre. Il pleuvait, au-dehors. Ou était-ce à l'intérieur ? Il faisait froid, là où il se trouvait ; à chaque respiration, de la buée apparaissait sur la glace. De la glace... qui n'était pas froide, pourtant. Il fronça les sourcils. Doucement, il posa sa seconde main sur le mur semi-transparent. La pluie, de l'autre côté, s'arrêta. Il put apercevoir alors un visage un reflet. Un visage qui lui ressemblait sans pour autant être le sien... un visage qu'il connaissait. De la buée cacha le visage aux traits dur parsemé de cheveux blancs. Lorsqu'elle s'évapora, l'image était remplacée par le reflet d'une belle créature allongée sur un rocher, le buste surélevé et les yeux regardant vers le ciel. Un ciel qui n'existait pas. Son regard semblait empli d'espoir et, pourtant, Telenwë put resentir une vague de peine l'innonder. Etait-ce lui ou elle ? Il voulut s'en assurer en étendant ses pouvoirs vers elle, à travers la glace. La vision devint flou et, à la place, la glace commença à changer. D'un coup de pied, l'elfe eut à peine le temps de se propulser loin du mur qu'un pique bleu clair se matérialisa en grandissant en direction de sa tête. La respiration de Telenwë s'arrêta alors que la pointe frôlait sa peau, juste entre les deux yeux. Puis le cône se liquéfia pour ne faire plus qu'un avec la glace.

Un chant. Loin. Très lointain.

Il regarda autour de lui : il se trouvait dans un vide immense, où seule quelques étoiles lointaines brillaient toutes de manière différente. Si seulement c'était possible, il flottait dans un ciel nocturne sans début ni fin. Quelques unes de ces étoiles, étrangement bougeaient. L'une bien plus que les autres. Une qui se rapprochait.

"Neraën !"
Le jeune elfe sursauta et regarda dans la direction de la voix : rien.
"Hé bien filston, je suis fier de toi ! Ton épreuve lors de l'Edel'Los était rapide mais tu as pris la bonne décision. Cela n'a pas été facile pour toi... j'ai cru voir. Es-tu vraiment attaché à eux ?
- Non, père. Pourquoi penses-tu cela ? Il était évident que je choisisse de rester dans la..."


Un cri de douleur s'étouffa dans sa gorge alors que le souvenir s'arrachait à sa mémoire, lui faisant un instant fermer les yeux. Des racines. Epaisses et très dures, une fois avaient enserré un membre. Que... Le tout jeune adulte regarda avec incompréhension et peur le bois longeait ses membres et les enserraient au point qu'il avait l'impression que des racines allaient s'enfoncer à n'importe que moment dans son corps. Non ! Que faisait-il là ? Avait-il déçu la Mère en faisant ce choix ? Et pourquoi se retrouvait-il là et non pas à l'académie militaire ou chez ses parents ?!

Une grande inspiration.

Il se retrouva soudainement dans l'eau, toujours enchaîné par la force végétale. L'eau était glaciale, frigorifiant ses muscles et l'empêchant de respirer. Il voulait sortir de cet endroit, quitter ce qui ne pouvait qu'être un cauchemar et ce au plus vite. Il le voulait, le désirait hardemment. Mais la volonté seule ne suffisait pas en ce lieu.

L'étoile avançait, désormais prise elle aussi dans cette eau mortelle.

L'étouffement, la peur. Le citadin ne put s'empêcher de déserrer les dents, faisant entrer de l'eau dans sa bouche. C'est alors qu'il se rendit compte que se trouvait entre son palais et sa langue un objet, ou plutôt une épaisse graine...


Pour Stiam :
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeMar 7 Aoû 2018 - 0:13


Pour certains la blancheur est signe de pureté. Pour certains le Voile immaculé est un symbole d’innocence, d’une bonté encore libre des souillures du monde. Pour d’autres la blancheur n’est que froideur, illusion maligne, feignant justice et abnégation pour mieux corrompre ceux qui la croiront. Pour certains comme pour d’autres, au sein du peuple elfique, la blancheur est Symbole d’Elenwë, dont le don crée discorde et abâtardissement autant qu’il est la quintessence de l’amour, de la dévotion, et de la véritable foi.

Quelle blanc est donc celui qui te couvre ?


Les drapés opalescents, fins comme les nuages du ciel, caressent ta peau, laissant le passage libre à la lumière émanant des runes courant sur ta peau. C’est un monde de magie que tu pénètres, un monde de pensées et de souvenirs, construit par l’entremêlas de trois essences. Un Souffle, Un Chant et Une Toile. L’Esprit, la Symphonie et l’Ether. Le vivant et ses deux liens avec l’éternel.
Qu’es-tu donc alors dans ce monde ? Toi le vivant qui abandonna ce qui est tien à l’éternel. Qu’es-tu donc, toi le vivant qui fut mêlé à la trame le jour où il rendit son dernier Souffle ? Tu es blancheur, tu es l’immaculé, celui qui s’enveloppe du don d’Elenwë plutôt que de l’envelopper. Tu es celui qui porte son amour, sa dévotion et sa foi en bandoulière. Mais tu es aussi celui qui porte la discorde en drapeau.

Car ton esprit est assez fort pour se le permettre

L’eau s’empare du tissu à peine as-tu posé l’œil sur ce monde, le froid glacial remonte le long des robes, les plaque contre ta peau pour mieux la mordre, et t’entraîne vers l’abysse. Mais tu ne t’en effraie pas. Jamais tu ne t’effraieras de l’eau. Qu’elle fût l’eau naturelle crachée par les sources de l’Anaëh, ou la manifestation d’une conscience troublée. Jamais tu ne t’effraieras de l’eau, car quelle que soit ton origine, l’eau est ton Royaume.
Tu te laisses emporter vers les profondeurs sans ciller, autorises le remous à te bercer tant qu’il t’emporte vers ton but. Tu glisses à travers l’eau de ses rêves comme les serpents des légendes ont fendu les grands fleuves, présence lumineuse au cœur de l’obscurité de l’abysse, ta lumière reflétée par les robes qui t’étranglent. Tu glisses à travers les rêveries jusqu’à trouver obstacle qu’il ne soit pas de ton ressort de surmonter, jusqu’à trouver celui que tu cherches, étouffé par son propre cauchemar.

Alors tu souris un tendre sourire, car sous une eau qui n’est pas liquide, il se noie sans raison, s’invente un combat qui n’a pas lieu d’être. Il lutte en instrument de sa propre destruction.

Ta main se pose face à lui, contre le mur invisible qui vous sépare, invitant la sienne à venir la rejoindre. Tes yeux glissent le long des racines qui l’enserrent comme si elles n’étaient que douce fatalité. Tes pupilles observent la plante germant en lui et constatent qu’elle devrait éclore en une magnifique fleur, dont il serait libéré une fois que l’on viendrait la cueillir. Ta main se pose face à lui, contre le mur invisible qui vous sépare, et le mur se craquèle sans se fendre, car tu dois l’accompagner, et lui doit venir à toi, car tu dois lui offrir ton soutien et lui chercher ton appui, mais qu’à aucun moment tu n’as droit de prendre pouvoir sur son monde.

- Ne t’inquiète pas. Ferme les yeux et respire.

Ta lumière s’intensifia, tes marques s’imbuèrent des arcanes de ce monde, et l’espace d’un instant, aux yeux du jeune elfe, tu abandonnas tes traits d’elfes pour ceux de l’Avatar de la Dame Sauvage. Le temps d’un battement de cils, tu étais l'elfe de bois Sombre, Lœthwil dans son expression la plus pure.


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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeVen 24 Aoû 2018 - 10:53


L'eau qui entre dans la bouche, allimentant une graine qui n'attendait que son heure pour germer. Des rhizomes commencèrent à pousser dans la bouche du jeune adulte ainsi que ce qui deviendrait une magnifique fleur. Il ne comprenait pas. Il savait ce que cela représentit mais ne comprenait pas pourquoi ni comment il s'était retrouvé là, ce qui le faisait encore plus paniquer. Les racines s'enfoncèrent en lui, l'étouffant et le détruisant au même moment de l'intérieur.

Le mur craquela, sans se fissurer encore. Les épaisses racines de glace puis de de bois craquelèrent à leur tour, créant des vibrations que Neraën ressentit au plus profond de lui-même. Ne t’inquiète pas. Ferme les yeux et respire. Ces quelques phrases lui indiquèrent le chemin à suivre, l'invitèrent à aller au-delà de ses craintes et de la douleur... Ses dents s'écartèrent, l'eau glaciale s'engouffra en lui. Respire. Le jeune elfe prit une dernière inspiration.


(Souvenir...)

L'air s'insinua dans ses poumons, soulevant sa cage thoracique comme jamais, puis sortit doucement par le nez. Le jeune elfe entrouvrit les yeux puis fronça les sourcils en ne comprenant rien à la situation. Il se trouvait debout dans la forêt, sec, sans rien dans la bouche et défait de tout lien. Il regarda tout autour de lui, se retourna pour cela et s'arrêta dans sa lancée en apercevant une sorte d'homme-arbre qui l'observait. Il réfréna un mouvement de recul, le regarda quelques secondes puis inclina respectueusement la tête. Loethwil pouvait sentir que le citadin n'était pas à son aise en le voyant mais semblait le resituer d'une manière ou d'une autre. Ou peut-être avait-il un tant soit peu d'éducation aux être d'Anaëh. Quoi qu'il en soit Neraën ne prononça pas un mot, se retournant juste à l'écoute de voix. Un dernier regard pour l'elfe-arbre et le jeune homme s'avançait vers ces voix.

Les personnes qui parlaient n'étaient pas difficiles à trouver : quelques mètres à travers les arbres et les deux êtres arrivèrent dans une minuscule clairière où se trouvaient deux elfes. L'un était un vétéran de la guerre au visage carré, l'autre n'était que Neraën lui-même, quelques siècles plus vieux. Tous deux portaient l'uniforme des Aigles.

"Il faut bien que nous rejoignions Tari un jour ou l'autre, Neraën. Sinon vous allez tous devenir de vieux décrépis comme moi qui n'arrivent pas suffisamment à se défaire de leurs devoirs pour laisser la place aux jeunes générations. Et ne me sors pas qu'on aura toujours besoin de moi, cela signifierait que la guerre fait rage ici. Et je ne souhaite à personne de vivre cela."

Le plus âgé rit. Le Neraën du souvenir ne dit rien. L'adolescent se mordit les lèvres, les entrouvrit comme pour répondre puis les referma sans rien dire. La vision changea alors pour laisser place à un groupement d'une dizaine d'aigles, sous la lumière de la lune, dans la même petite clairière. Se trouvait avec eux un prêtre de la Voilée, debout face à l'aîné assis non loin d'un arbre. L'aîné riait à certaines réflexions, semblait avec le Souffle léger ; il tenait dans sa main une fiole que tout citadin pouvait reconnaître comme provenant du culte de Tari. Le Neraën âgé de trois ou quatre siècles avait le visage fermé, s'abstinant de toute démonstration d'émotion. Son homlogue plus jeune pâlit en voyant la scène.

"Ne faites pas ça, Maëndel... n'allez pas au bout... Je... prie."

Un murmure que Loethwil n'eut aucun mal à entendre. La scène continua à se dérouler, comme immuable, faisant complètement fi de la présence des deux elfes qui venaient d'arriver. Comme s'ils n'existaient pas, tout simplement. Le dénommé Maëndel but le breuvage qui l'endormirait pour l'éternité, continua à parler quelques minutes, puis le sommeil l'appela à lui. La suite était un enterrement en bonne et due forme. Les deux Neraën se trouvaient alors côte à côte, le premier droit et le visage toujours fermé, ses yeux se posant quelques instants sur le prêtre avant de se porter à nouveau sur son ami désormais décédé. Le second pleurait en silence, serrant ses propres bras, se recroquevillant sur lui-même plutôt que d'exprimer ses ressentis. A les regarder, le premier semblait être le visage et l'autre l'esprit. Le second n'était que la conscience, encore jeune, qui ne pouvait s'exprimer. Un sentiment étrange, une peur, une colère et un dégoût commença alors à s'installer en cet être. Cela, Loethwil pouvait le ressentir. Il pouvait également voir que plus ce sentiment s'installait, plus le mur enfermant Dryade se consolidait.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeJeu 30 Aoû 2018 - 15:10


Souvenirs, tendres souvenirs, terribles souvenirs.
Souvenirs d’un temps que l’éternité elfique peine à éloigner.
Souvenirs d’un passé que l’on aurait aimé effacer.
Souvenir d’actes et de personnes sur lesquelles l’on a n’plus aucun pouvoir.
Souvenirs de jours où l’on aurait dû se taire.
Souvenirs de jours où l’on aurait dû parler.
Souvenirs de l’impensable et de l’irréparable.
Souvenirs de ceux qui nous ont protégé, de ceux que l’on a protégé, seulement pour mieux les perdre.

Le fragile maître de ce monde de pensées en est devenu la proie. La conscience se bat contre elle-même car elle ne peut pas se fuir. L’enfant pleure des larmes glaciales, se refermant sur son visage comme une prison de givre. Et son visage est sa pensée, sa pensée est son monde, son monde est ce monde, et ce monde se cristallise, se fige, se referme, enferme en lui-même ce qui ne lui appartient pas, et chasse sans ménage l’extérieur essayant de l’apaiser. Dans la douleur, dans la honte et les regrets, ce monde tente de se dissimuler au monde.

Tes griffes se perdent dans la crinière du jeune ancien. Ta main glisse à travers sa chevelure, en séparant délicatement les boucles et les nœuds sur son passage. Tes doigts cherchent tour à tour son crane puis sa nuque, et s’y appuient avec une vigoureuse tendresse. Tu masses le crâne de l’enfant pour l’aider à se défaire de la douleur, offre à l’immatériel de goûter au même repos qu’à une personne physique. Du moins d’apparence est-ce ce que tu fais.
Une histoire sans mots, un réconfort sans douceur, un Chant rassurant dans son fatalisme. À la surface de ton écorce, la magie coule comme la sève à travers un complexe réseau de nervures. La magie enflamme et illumine des sceaux dont les extrémités trouvent marque dans les feuilles qui sont tiennes. Invisibles à la scène se jouant sous vos yeux, mais palpables pour la conscience que tu accompagnes, des piliers de roches, de givre, et de gemmes luminaires se soulèvent autour de vous. De majestueux arbres dont les essences sont aussi inertes que les quatre éléments, mais dont l’empreinte est un parfait miroir de ton Chant.

Les flammes brillent dans les émeraudes. La majesté des tréants est indéniable. Leur force semble infinie, inépuisable, rassurante, étouffante, humiliante… Les flammes brillent dans les émeraudes de leurs faux feuillages, et baignent ce monde du vert de l’éternité, du vert de la vie, du vert protecteur, de la couleur de l’intouchable Œuvre de la Prime Déesse.

Mais parmi les émeraudes, certaines ont vite fait de voir leur teinte corrompue, le cristal vert s’est fait topaz ou rubis, de l’or du déclin ou du rouge du sang. Avec le temps est venu la sagesse, mais avec la sagesse est venue la faiblesse du corps. Ils sont différents, leurs empreintes sont plus profondes, leur Chant est plus féroce, ton Chant est plus féroce,comme pressé par un temps qu’il sait ne plus possédé, mais d’autant enrichi par celui qu’il a échangé contre son actuelle richesse.

Une richesse que l’eau n’aura pas le moindre scrupule à lui voler.
Le givre a embrassé émeraudes, topaz et rubis. Et seules les émeraudes ont survécu. L’or et le sang sont devenus saphir, et le saphir a vite été fait poudreuse. Dispersée au sol comme des cendres au vent. L’expérience de longues vies est tombée poussière.
Et ce n’est qu’au jour suivant que les poussières trouvent signification. Lorsque le baiser du givre se termine. Lorsque Tyra découvre la forêt de son manteau, que les émeraudes resplendissent à nouveau, et que les plus tenaces des topaz les rejoignent fébrilement. Ce n’est que lorsque le baiser du givre se termine que la poussière s’assemble à nouveau en de nouvelles pierres, que les nouvelles pierres se parent de leurs premières émeraudes, et que les anciennes émeraudes, pour les fêter, revêtent des habits de mille et une gemmes au sept couleur des lumières d’après l’orage.

L’expérience est à la fois force et faiblesse, achetée au prix du temps.
Que l’un juge avoir fait mauvais usage de sa fortune, et sa force s’en ira.
Mais l’expérience n’est jamais perdue, car l’expérience de l’un, la forêt la Chantera aux autres pour les Cycles à venir.

Une vie pour des vies.
Ainsi est la loi de l’Anaëh.
Ainsi est la loi de son peuple.
Ainsi est la dure loi ayant pris la vie de Maëndel.
Ainsi est la dure loi contre laquelle Neraën ne peut lutter.

Que celui à qui il reste fortune en fasse plutôt bon usage.
Que les dettes d’autres ne deviennent pas ses amendes.
Qu’il continue de jouir de sa richesse avec humilité.
Que le prochain sang puisse en bénéficier.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeSam 8 Sep 2018 - 14:40


Le massage au cou ne faisait qu'aider à verser d'autres larmes, encore et encore. L'eau, cependant, était un peu moins glacée que ce qu'elle n'avait promis d'être. Son Chant, mélodie composée d'émotions et de vibrations, secouait le coeur de celui qui ne pouvait plus que voir et entendre.

Ainsi était la dure loi du Cycle.
Ainsi ne se battait-on que pour mieux perdre.
Ainsi aurait-il dû, peut-être, exprimer son propre chant au lieu de le taire.

Le jeune Neraën renifla et sècha ses larmes avant de lever des yeux humides vers l'étrange humanoïde qui l'accompagnait. Aurait-il été élevé ailleurs que dans la cité d'Eteniril qu'il ne serait pas resté là, droit, à ne pas se laisser aller à une quelconque demande d'affection. Ses prunelles aussi claires que le bord de mer parlaient pour autant sans problèmes à la place de ses lèvres.

Tu parles sans que tes lèvres n'épousent la moindre forme.
Toi, le seul qui me vois, le seul qui m'entends,
Tu restes là... et moi je ne comprends pas.

Pourquoi restent-ils là, pourquoi ne te voient-ils pas ?
Pourquoi sont-ils fermés à ton chant, toi qui te drapes des écorces de la Mère ?
Pourquoi les feuilles ne poussent-elles pas sur tes branches ?
Pourquoi chacune de ces émeraudes, si belle soit-elle, perd sa couleur ?
Pourquoi sommes-nous un jour obligés de décider de mourir ?
Quel est, au final, le prix d'une vie ?

Tu me racontes que chaque émeraude nourrit celles en devenir.
Qu'elles dispersent leur éclat pour rayonner jusqu'aux autres arbres.
Qu'à leur tour elles deviennent l'engrais pour que d'autres poussent.
Qu'il ne faut pas que cet éclat devienne amende ;
Qu'il faut que le prochain sang puisse en bénéficier.
Comment vivre sur le sang de nos propres frères ?
Comment faire... pour accepter ?

Les yeux de l'adolescent se baissèrent pour se détourner vers le tombeau qui enserrait son coeur. La douce lumière émise par les émeraudes, même si teintée de carmin et de jaune, magnifiait la scène qui se déroulait, inlassablement, sous leurs yeux. Il ne pouvait faire sans les réponses qui lui permettront de comprendre ; mais la voix du noss qui chantait en lui avait au moins ce don de réchauffer quelque peu sa peine. Que la peur, la colère et le dégoût commençaient à laisser une place en son être. Tout autour d'eux, le mur arrêta de se consolider. Au contraire même, il se fragilisait autant que le visage du Neraën adulte commençait à se défaire de la glace dans laquelle il s'était plongé.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeDim 23 Sep 2018 - 8:08


Le don du Choix, la liberté qui fait toute la beauté de votre race, c’est aussi celle qui fait vos plus grandes douleurs. L’esprit à qui l’on a donné de s’affranchir de l’ordre naturel reste condamné à subir le corps qui le porte. Et aucun corps ne survit au travers l’éternité comme une seule chair. Aucun corps ne traverse les siècles et les Cycles sans jamais s’abîmer. Aucun corps ne tient assez à son Souffle pour survivre aux éons, parce qu’aucun Souffle, une fois expérimentées les limitations du corps, ne désire cette éternité loin des Jardins d’Emeraude.

Mais comme le Souffle envisage l’éternité, le Souffle ne saurait se résoudre à simplement disparaître. Alors le Souffle creuse sa marque dans le monde. Le Souffle susurre des idées qui elles ne mourront jamais. Le Souffle communique des émotions qui continueront d’être échangées jusqu’à la fin des fins si jamais elle arrive. Chaque Souffle est une énergie supplémentaire distillée dans le monde des vivants, enrichie de celles de ses aînés.
C’est là le compromis trouvé entre les Sœurs. Pour que les enfants de la plus âgée jamais ne quittent ses côtés sans que la plus jeune ne soit privée de son office. C’est là la réalité imposée par les Dieux, et ancrée dans la conscience de tous les elfes. La Dissonance entre un corps et un Souffle ne s’épuisant pas au même rythme, c’est l’origine du mal de l’éternité, et la seule menace que fait peser Tari sur vous. La Dissonance entre un corps et un Souffle ne s’épuisant pas au même rythme est la raison pour laquelle la vie a la moindre importance pour vous. Parce que la vie serait moins belle s’il n’y avait pas la mort. Et la mort serait moins belle s’il n’y avait pas la vie. La Dissonance entre un corps et un Souffle ne s’épuisant pas au même rythme est la raison pour laquelle vous luttez contre la mort, la raison pour laquelle s’enseignent les traditions, la raison pour laquelle se passent les savoirs, la raison pour laquelle vous vous attachez les uns aux autres, la raison pour laquelle vos congénères ont la moindre valeur à vos yeux. On ne chérit que ce que l’on réalise ne pas nous être acquis du commencement à la fin. On ne chérit que ce que l’on a souffert pour obtenir, et que ce que l’on risque de perdre.

Et nous vivons sur le sang de nos frères car nos frères ne nous auraient pas chéri s’ils n’avaient pas eu à le verser. Nous vivons avec le souvenir des aînés disparus parce que s’ils ne devaient pas nous quitter ils auraient vécus seuls et malheureux parmi des êtres seuls et malheureux.

C’est parce qu’il pleure aujourd’hui qu’il chérira son prochain sourire. C’est parce qu’il ne comprend pas encore qu’il chérira la Sagesse. C’est parce qu’il a souffert ce chemin qu’un jour viendra où lui apparaîtra la beauté de ce cycle de naissances et de morts, de sacrifices et de félicité, de peines et de joies plus grandes.

C’est parce que son cœur vibre face à la Création que le jour où il s’éteindra, il terminera de comprendre, et alors, La Mère en personne l’accueillera dans les Jardins Eternels.

Et tout prendra sens. Et l’ignorance ne sera plus. Et la peine ne sera plus.
Mais tant qu’est la peine, tant qu’et l’ignorance, tu ne peux que l’enseigner par tes Chants.
Espérer que l’Esprit ayant déjà transcendé le corps et l’Esprit Dissonant ne regagne chacun leur place.
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeDim 7 Oct 2018 - 13:20

Au fur et à mesure que l'homme-arbre chantait sa réponse au jeune elfe, le mur se fissurait et la vision se faisait de moins en moins précise. L'enfant finit par retourner son regard vers Loethwil, le visage toujours fermé à une quelconque expression. Comme on le lui avait appris. Il était comme une image figée hors du temps, un bassin d'émotions caché derrière une simple illusion. Un bassin qui ne se montra que par la vision elle-même, celle que les deux êtres partageaient. Chacun d'eux ressentit une grande mais douce larme couler au plus profond d'eux, alors même que de fins traits d'eau glissaient le long des joues du Neraën adulte. Ce dernier se mit alors à chanter doucement, d'une voix dans laquelle s'entendait toute la peine qu'il avait à laisser partir son ami et mentor. Un chant que le jeune elfe ne réussit pas à reconnaître lui-même, pour la simple et bonne raison qu'il ne l'apprendrait que des siècles plus tard.

La main du futur lieutenant se posa, fermée sur son coeur. Tour à tour, les couleurs se dispersèrent, le bleu se séparant du vert,tout comme le doré du sang. La scène se figea dans une peinture floue dont les contours de la toile se teintaient d'ombre. Instinctivement, l'enfant recula de peur d'être pris dans la pénombre, pour se retrouver contre le noss qui, protecteur, l'enserra de ses bras. L'amertume n'était plus ; l'incompréhension était moins palpable, laissant place au désir d'apprendre et comprendre le monde qui l'entourait.

Au loin, une série de craquements se fit entendre.

Le temps de tourner les yeux vers le bruit, la scène n'existait plus. Seul un décor en bonne partie plongée dans le noir restait, donnant l'impression que les protagonistes de l'histoire avaient eu le temps de retourner vivre leur vie et que les jours, les ennéades et les mois s'étaient écoulés.

Un souffle, une brise légère.

Neraën posa ses yeux sur sa droite. Une forme humanoïde apparaissait, jeune danseuse d'ombre qui tournait non loin du duo, grâcieuse, belle mais pour autant gardant une certaine réserve. L'etenirili la regarda longuement, étonné, n'osant l'approcher et encore moins d'essayer d'entrer en contact avec elle d'une manière ou d'une autre. A travers les multiples voiles d'ombre qui la formaient, il apercevait un visage... Il avait l'impression de le reconnaître sans pour autant pouvoir y associer un nom. Cela apportait de la tristesse en lui. Il jeta un regard à celui qui l'accompagnait, demande silencieuse au coeur de la nuit, et eut pour seule réponse un relâchement de l'étreinte. Alors avec un sourire timide vers son protecteur il la suivit, comme il suivait son instinct.

Deux pas, trois pas vers celle qui avait une valeur à ses yeux. Un craquement. Fort, comme un coup de tonnerre. Un tremblement. Le jeune chancela, se ressaisit puis repartit en marchant vers la jeune elfe qui l'attendait, lui montrant quel chemin prendre.

Derrière Loethwil, un doux bruissement se fit entendre. Dans la lumière encore prodiguée par les deux arbres un arbre se détacha d'un autre, le premier formant une grande femme faite de bois et de feuilles, aux yeux vairons. Elle s'approcha, posant son regard sur son environnement qu'elle découvrait à l'intant-même. Puis elle accorda un fin sourire maternel à celui qui se trouvait là. Ses yeux étaient emplis d'amour, d'espérance mais également de tristesse. Merci, jeune frère... Elle tendit une main vers lui, paume ouverte, en un geste qui aurait pu être une caresse si elle avait pu entrer en contact physique avec lui. Loethwil put ressentir qu'une force les séparait, comme si au final Dryade n'était qu'une vision que l'ombre s'empressait d'avaler. Sa plus grande peur n'est plus une barrière... mais il lui reste un Choix à faire. Un Choix qui pourrait être différent entre l'adulte et l'enfant.

L'ombre se fit alors. Le seul point de lumière était par où l'enfant était parti. Voie tracée dans toute cette mélopée, il n'eut pas de mal à retrouver celui qu'il se devait de guider. Happé par une autre vision, un autre moment d'une vie d'elfe : la cérémonie du Choix.


Il se rappelait de ce moment. Etrangement, il se rappelait de toute sa vie, de qui il était, de ce qui l'avait amené à devenir ce qu'il était : ses parents, Eteniril, Tinrael, Maëndel, les Aigles, Dryade, l'Aube, et tant d'autres personnes... Et pourtant il n'était qu'un ado de cent vingt ans, jeune, tête brûlée et prêt à devenir un adulte. L'épée double de son maître d'armes en main, il regardait attentivement les autres jeunes recevoir la dernière épreuve de la part de la Dame-Protectrice elle-même, là au coeur de la forêt, essayant de se faire discret. A un moment il jeta un regard vers les adultes qui les accompagnaient, essayant de distinguer dans la lumière des torches qui était qui. Histoire de penser à autre chose le temps que la protectrice arrive à lui ; de toute façon, il serait très certainement évalué sur ses compétences martiales. Sur quoi cela pouvait-il être d'autre ? Il se retint de froncer les sourcils, reconnaissant un peu à l'écart des autres Estiam. Que pouvait-il bien faire là ? Il n'était pas etenirili de ce qu'il savait... et... il crut voir une femme juste derrière lui, très belle. Qui fut aussitôt cachée par la protectrice qui se plaça juste devant lui. Elle le toisa, sévère et fière, puis pointa du doigt les bois où ne se trouvait aucun elfe.

"Tu n'as rien à faire ici. Si c'est pour être des leurs, tu n'as qu'à les rejoindre dans la forêt ; pas dans la cité. Va-t-en !"

Neraën resta un instant stupéfait, ne s'attendant pas à un tel rejet. La protectrice ne bougeait pas, ferme, le doigt toujours pointé sur le lointain. Son coeur battait la chamade : ce n'était pas parce qu'il était ami avec un noss qu'il n'était pas citadin ! Il... et pourtant... son vécu...
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeMar 16 Oct 2018 - 15:28


Ton devoir ici était fait. Elle et lui s’étaient déliés. Elle s’était séparée de son monde, ne vous touchait plus que depuis l’autre côté du voile de cet univers. Vous ne devriez plus être là, ni lui ni toi, mais il vous a retenu. L’adulte t’a conservé auprès de lui pour que tu aides l’enfant qui n’a jamais su décider qui il était. Qui pouvait donc être Neraën ? Qui pouvait donc être Telenwë ? Qu’adviendrait-il de lui après qu’il soit séparé de celle avec qui il avait partagé trois-cent ans de sa vie ?

Parce que sans Dryade, ni Telenwë ni Neraën n’étaient plus. Sans Dryade, son monde s’écroulerait, parce que sans Dryade, ses perceptions changeraient. Sans plus avoir avec lui la voix de l’une des premières enfants pour le guider à travers les Chants, il se retrouverait livré à sa propre oreille, à sa propre conscience, à son propre Souffle… et son Souffle était l’un de ces vents tempétueux, changeants comme les marées de l’île du Sanctuaire.
Mais que pouvais-tu faire de plus pour lui ? Tu ne le connais pas plus qu’il ne se connaît lui-même. Tu ne sais pas plus que lui ses propres motivations, alors comment le guider ? La rumeur voudrait que rejoindre ceux des forêts soit toujours le bon choix. La croyance voudrait que les Noss soient plus proches de La Mère que ne le seront jamais les Citadins, et qu’à cause de cela leurs mœurs soient les plus honorables auprès d’elle. Et même au sein des Cités, et c’est pour cela que nombre de Taledhels étaient tant pris aux tripes par le conflits avec leurs confrères sauvages, quelque chose en eux restait convaincu qu’ils étaient dans leur tort. Seulement la réalité n’est pas si simple.

Ce sont des Ornedhels qui ont bâti les premières Cités, pour protéger l’Œuvre de La Mère. Ce sont des Ornedhels qui ont décidé de continuer d’y séjourner, d’en faire leurs lieux de rassemblements d’abord, puis leurs lieux de vie, puis d’y apporter de plus en plus de confort. Et sans ces Ornedhels, nombre des secrets offerts par La Mère seraient restés mythes et ombrages. Sans ces Ornedhels, nombre de savoirs auraient été aussi parcellaires que d’autres perdus.
Tu es l’un et l’autre. Tu as vu l’un et l’autre. Tu as aimé l’un et l’autre. Tu as détesté l’autre et l’un. Tu sais quelle importance a la pierre au sein d’Anaëh, comme tu sais à quel point s’enfermer derrière la pierre est destructeur. Tu sais ton expérience d’une existence partagée, et cette expérience est celle-même qui t’interdit de choisir pour un enfant à quel excès il se livrerait.

De qui as-tu le plus besoin ? Qui a le plus besoin de toi ? Ce sont des questions auxquelles un Souffle ne peut offrir à un autre de réponse. Tu as un Choix, comme tu peux choisir de ne pas en faire un

Marcher au centre, vivre une vie d’équilibriste… pour l’avoir vécu, tu sais comme c’est dur, mais pour l’avoir vécu, tu sais à quel point il est satisfaisant lorsque la balance est trouvée, dans un monde comme dans l’autre d’avoir au moins une chaussure à son pied.  
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MessageSujet: Re: Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën]   Bordures d'Uraal | Une blessure de trois siècles [PV Neraën] I_icon_minitimeSam 27 Oct 2018 - 21:03


Son vécu... Non, il n'avait pas de vécu. Il était Neraën Yeldoreï, jeune etenirili en passe de devenir adulte. La présence de la protectrice faisait acte de foi : si elle se tenait ainsi devant lui, dans le noir, ce ne pouvait être que parce qu'il était en âge de faire son Choix. Et ce Choix était tout naturellement...

De qui as-tu le plus besoin ?

Cette voix au plus profond de lui fut comme un soubresaut de lumière au coeur des ténèbres, une vibration sonore dans le silence le plus complet. Ses lèvres se séparèrent mais ce fut sans un mot qu'elles se refermèrent. Ses yeux toujours braqués sur la dame-protectrice, son esprit ne put s'empêcher de se concentrer sur la voix qui venait de faire vibrer son être.

Qui a le plus besoin de toi ?

L'adolescent tourna les yeux puis la tête en direction des autres elfes. Ces nouvelles vibrations, cette voix qui revenait en lui. Quelque chose qu'il avait déjà vécu, en moins puissant ou tout du moins en différent. Quelque chose qui venait de l'intérieur et qui l'éveillait. Cette sensation, à y réfléchir... il l'aimait beaucoup. Peut-être s'était-il même habitué à l'avoir. En fait, si, il s'y était habitué depuis trois siècles ; encore plus depuis la bataille d'Eraïson. Et qui avait besoin de lui... pas les Noss. Les Citadins ? Non plus. Ils n'en avaient pas envie, en attestait la guerre civile de sa propre cité. Et l'Aube, alors ? Pourquoi l'avait-elle empêché de se décharger de sa fonction de protecteur ?

Ce sont des questions auxquelles un Souffle ne peut offrir à un autre de réponse.

Il était à lui de choisir, uniquement à lui. Rien de plus normal. L'elfe ferma les yeux. Ressentit ce troisième message. Se souvint. Retint l'essentiel de ses huit siècles d'existence, notamment ces quelques dernières années. Ce que devenait Eteniril suite à la guerre. Les visages - lorsqu'il pouvait les voir - si chers à son esprit. L'enseignement de l'elfe-arbre. Désormais, il avait un choix à faire, un qui allait diriger sa vie. Neraën n'était pas sûr...

Tu as un Choix, comme tu peux choisir de ne pas en faire un.

... Telenwë l'avait déjà fait. Aussi ses yeux se rouvrirent, la glace de ses prunelles ayant fondu pour devenir océan, de ce bleu aussi profond que le choix qu'il était appelé à faire. Il sourit, intérieurement. Il tendit la main vers son ancienne protectrice, paume vers le haut, et alors la scène se dématérialisa. Tout ce qui entourait les trois êtres se dispersa en lambaux, gouttes d'aquarelle dans le vide de l'éternité.

J'ai fait mon choix... merci de me l'avoir rappelé, Estiam.

Son regard se porta alors sur Dryade. Un de ces rares regards emplis à la fois d'amour, de peur, de tristesse et de quiétude. Sa main se ferma. Ses yeux aussi ; des larmes perlèrent alors sur ses joues d'adulte multi-centenaire. Au creux de la main vint l'ombre. Les ténèbres s'étendirent, l'aspirant lui et le peu de couleurs qui l'entouraient. La lumière fut poussée par le noir et c'est ainsi qu'elle fut projetée au loin, finissant par éclairer un mur de glace qui craquela et commença à s'effondrer de toutes parts en un bruit assourdissant et des tremblements plus violents les uns que les autres. Les blocs de glace s'écrasaient sur le monde dans lequel ils se trouvaient, dangereux, tels la rouille sur des barreaux brisés.

Prends soin d'elle... je t'en prie.

Au coeur de la sphère se trouvait toujours l'esprit du Geôlier. A son cou pendait toujours, comme ces trois derniers siècles, le pendentif du druide Tinrael. Ce dernier se fissura et commença à briller d'une lumière blanche aussi pure qu'aveuglante qui irradia les ténèbres.

Ainsi se brisa la dernière barrière qui enserrait Dryade. Ainsi le Souffle s'ouvrit-il pleinement au Chant, entendant à nouveau le doux son cristallin qui l'appelait à le rejoindre, à partir au loin pour devenir une notre dans une immense symphonie. Cela, Loethwil put le ressentir, entendre cette même note mélodieuse capable de faire disparaître l'esprit, de percer les ruines d'une cage vieille de 300 ans. Une cage qui à la moindre cassure ne pouvait que devenir un gouffre immense pour qui se trouvait à l'intérieur. Et cela, même les ritualistes entourant les corps désormais inertes le ressentirent. Leur chant, le rythme, les gestes changèrent. Tout cela alors que la lumière émanant du collier noss brûlait les yeux de qui s'approchait de trop.

Ils en appelèrent à leurs croyances ; à leurs savoirs ; à leurs dons ; à leurs ancêtres ; à tous les Souffles qui les entouraient ; à chaque Voix de la Symphonie. Qu'ils aident leur Soeur à retrouver sa liberté sans se perdre. Qu'ils puissent aider un frère qui devra désormais vivre sans elle et qui n'a pu apprendre. Mais ils ne pouvaient faire contre le Choix d'un Souffle... et si Neraën avait fait celui de rester au sein des cités il y a près de sept siècles, Telenwë en faisait un tout autre.

Ni de l'un, ni de l'autre
Je ne puis être vôtre
Enfant de la cité
Enfant de la forêt

Le coeur a ses raisons
L'amour et le pardon
Sur un canal de verre
Etre l'intermédiaire

Ainsi promesse faite
Symphonie à la tête
Je rejoins sur la grève
Les Frères au coeur de Sève
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