Histoire
C'était dans la 266 éme année du dixième cycle. Je m'en souviens encore. Le tonnerre grondait alors sur les terres de Daranovar, et de longs éclairs frappaient la terre, les plaines, les vallons, la forêt, avec une étonnante puissance. Les tempêtes de cette envergure sont rares dit-on. L'Anaëh regorge de multiples secrets, il est vrai, et si la forêt parait calme au départ, elle peut devenir aussi tumultueuse, entraîné par le chant du vent et par le grondement de l'orage. Cependant, c'est dans cette nuit tonitruante que naquit Selendil. Naît d'une union entre l'un des membres du conseil de Daranovar, Rylëandard Alethrion et sa femme, Naëlia Filaënthia, une magicienne plutôt doué, Selendil représentait le comble de l'amour que se portaient les deux êtres. Son enfance ne fût, ni plus, ni moins, que celle d'un Daranovan. Il fût élevé dans la tradition de sa cité, de son peuple. Son père, membre chargé de représenter les artisans au sein du conseil a tenu, très tôt, à inculquer à son fils toutes les valeurs elfiques. Le respect et l'amour pour Kÿria et son Oeuvre. Ainsi bercé dans la tradition, et l'enseignement du respect, le jeune elfe prit très à cœur l'enseignement de ses parents. Fervent dans la religion elfique, respectueux, il était sans doute comme de nombreux jeunes elfes à son âge. Cependant, déjà à cette époque, on notera la volonté de savoir de Selendil. Il était en effet curieux de tout. Curieux de tout objet qui passait entre ses mains, curieux de savoir ce que c'était, à quoi il servait, comment il avait pu arriver là. Selendil, c'était des questions en permanence. Pour ne pas dire tout le temps. Son père lui disait souvent de prendre le temps de se poser un peu et de réfléchir avant de parler, de poser des questions, auxquelles il pouvait avoir la réponse par lui-même. Ce fût difficile, mais l'elfe s'appliqua dans cette voie. Puis vint le temps des premières classes, moment d'apprentissage pour tout les elfes. Il avait alors vingt ans lorsqu'il rentra dans ses premières classes, nous étions alors dans la 286 éme année du cycle 10 éme cycle.
Ce fût sans doute l'un des temps les plus heureux pour Selendil. En plus de s'affermir dans l'enseignement qu'il avait reçu, il découvrit un enseignement nouveau qui, loin d'étancher sa curiosité, le rendit plus curieux de tout. Il adorait particulièrement l'Histoire, se perdant dans les vieux livres, entre les lignes des quelques ouvrages que leur précepteur leur faisait lire. Que ce soit l'Histoire de sa cité, ou celle du peuple elfique, il était friand de cette Histoire. Il découvrait également le monde qui l'entourait, et malgré ses petites jambes, je puis vous assurer qu'il était capable de marcher des heures, arpentant les murs de la ville en compagnie d'autres jeunes elfes. Entre apprentissage et jeu, les jeunes elfes pourraient en étonner plus d'un. On pense souvent qu'ils se tiennent bien, et sont aussi droit que les adultes, mais je puis vous assurer qu'ils ne sont pas tous ainsi. Certains sont un peu plus turbulents, un peu plus joueur. Et Selendil faisait parti de ceux là, de ceux qui étaient toujours dehors et batifolaient un peu partout. La particularité cependant de l'éducation qu'il reçut fut que son père, fin amateur d'Histoire, et notamment celle de sa cité, ne cessait jamais de lui conter les légendes et les histoire de Daranovar. Il était fier de sa cité, et il voulait que son fils le soit également. Tous les soirs ou presque, son père lui parlait de la cité, de ses gens, de chaque artisans, de chaque métier... Et c'est la tête plein de rêve, entre le battement des marteaux des puissants forgerons et le burin adroit des sculpteurs que le jeune elfe s'endormait, espérant que demain soit toujours plus beau. Et si demain n'était pas plus beau, il n'était jamais moins bien qu'hier. Le jeune elfe passa donc ses premières classes, dans l'apprentissage du respect envers Kÿria, mais aussi dans l'apprentissage de l'Histoire, des sciences, de la botanique. A 70 ans, le jeune elfe continua dans la voie de l'Histoire. Retracer l'Histoire de son peuple, en apprendre toujours plus le passionnait. L'édification des cités, la grandeur passé de son peuple animait en lui le franc désir de redorer le blason de son peuple, aujourd'hui vu comme "décadent" par certains. Mais il y avait aussi autre chose qui passionnait le jeune elfe: L'armée de Daranovar. Voir ces elfes dans leurs étincelantes armures, solidement paré pour le combat et la défense de la cité était un spectacle duquel il ne se lassait pas. Pour lui, il ne faisait aucun doute que de toute manière la victoire appartiendrait à son peuple. L'innocence d'un enfant en soit... Quoi qu'il en soit, la voie de l'armée l'avait toujours intéressé... Et il était normal qu'il la suive lors de sa cent vingtième année...
386éme année de l'an XLe Guide se tourna vers les jeunes elfes présents dans le temple de Kÿria. Chacun leur tour, ceux qui allaient devenir des adultes dans quelques années devaient déjà passer par cette cérémonie avant d'aller plus loin. La voix du Guide résonnait entre les grandes voûtes du temple, entre ces immenses piliers de pierre et de marbre. Si le sanctuaire n'était pas inaccessible, le jeune elfe devait admettre qu'il ne l'avait jamais trouvé plus impressionnant qu'en cette occasion. La voix du guide, sa prestance dans sa tenue de cérémonie, les autres jeunes elfes observant un grand silence sérieux au fur et à mesure que la cérémonie avançait. De plus, tout se déroulait devant l'oeil attentif de chaque membre de la cité. C'était un engagement solennel. Le regard de Selendil croisa un instant celui de son père, dont il n'avait d'ailleurs pas hérité puisque son père avait les yeux plus gris, c'était de sa mère dont il tirait ce regard bleu perçant. Puis vint son tour. Il s'avança vers le guide, entouré de ses deux parents et s'inclina devant lui. Ce-dernier, dont la longue chevelure or lui tombait jusque dans les reins le regarda un moment avant de lui faire signe de se redresser. Il posa une main ferme sur son épaule et déclara alors:
- Selendil, Fils de Rylëandard Alethrion et de Naëlia Filaënthia, tu as été élevé et éduqué dans le respect des traditions du peuple d'Anaëh, mais plus encore, dans le respect des traditions et des lois de notre bonne cité. Tu as écouté, et reçu l'enseignement de tes précepteurs, tu as ouvert ton esprit, et tu as cherché ta voie. Tu as appris au fur et à mesure à te conduire en digne Elfe de cette cité, et il est désormais tant pour toi de quitter ton père et ta mère, et de t'engager à aller plus loin avec pour seul aide ton propre esprit, ta propre raison. Tes choix t'appartiendront désormais pleinement et tu seras libre d'avancer comme il te plaira dans le respect de nos traditions et de nos lois. Il s'arrêta un instant et leva le regard vers le plafond finement décoré avant de reporter son attention sur le jeune elfe.
Mais avant d'aller plus loin, il te faut choisir ton nom. Selendil, souhaites-tu porter le nom de ton père comme notre tradition le permet, ou souhaite-tu créer ton propre nom? "Créer son propre nom"... L'idée l'effleura un instant. créer son propre nom. marquer l'Histoire. Faire quelque chose de neuf. Il baissa un instant le regard avant de le redresser, sûr de lui, ferme.
- Alethrion, le nom de mon père, aussi nom de son père, nom de nos ancêtres, sera également le mien. La voix était ferme et forte alors que désormais, son nom rentrait dans les registres. Le Guide eut un léger sourire, posa sa main sur le front de l'elfe et déclara:
- Bienvenue à toi Selendil Alethrion, désormais membre de la cité de Daronavar. Puisses-tu toujours rester sur la voie de la sagesse et dans l'enseignement de tes pères. Que nos traditions et nos lois soient le socle de ta pensée. Avec la bénédiction de Kÿria, vas en paix désormais. Le jeune elfe s'inclina à nouveau avant de se retirer pour reprendre sa place dans le rang des jeunes elfes présents. Puis, une fois la grande cérémonie terminée, ce fût avec une forte foule des membres du peuple et de l'armée, qu'ils furent escortés jusqu'à la sortie du peuple. Selendil se tourna vers ses parents, les serra chaleureusement dans ses bras.
- Je suis fier de toi mon fils, déclara son père.
- Nous le sommes tous les deux, rajouta sa mère.
- Je vous en remercie. - Viens, il te faut désormais savoir ce que tu jugeras bon d'emporter avec toi... Il faut également que tu saches... Son père s'arrêta un instant avant de reprendre.
Ta mère est enceinte. Tu vas avoir un petit frère...- Ou une petite soeur, ajouta celle-ci. Heureux pour ses parents, dont il était fier, il les serra dans ses bras.
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L'armurerie, rattachée à la caserne, à l'institut militaire également, était le lieu d'une ambiance particulièrement animé en cette soirée. Plusieurs jeunes elfes s'y trouvait. Selendil avança entre les rangées des armes, accompagné de son ami, Leanthil, un elfe un peu plus petit que lui mais à l'esprit vif. Les deux elfes regardaient émerveillés les lames qui étaient disposés sur les râteliers, les lances finement ouvragées, les grandes armures aux plastrons délicatement travaillés. C'était à la fois le symbole de la puissance militaire de la cité autant que de son savoir-faire qui s'étalait sous leurs yeux. Plusieurs elfes se tenaient là, des maîtres armuriers dont aucune arme n'avait de secrets pour eux.
- Le choix de vos armes déterminera votre formation. L'arme que vous choisirez ne sera pas seulement un moyen pour vous d'attaquer ou de défendre. Votre arme doit être le prolongement de votre corps, elle doit être l'extension de votre bras, la continuation logique et sûre de votre geste, de votre main. Toute arme n'est pas adaptée à tout elfe. C'est pourquoi il vous faudra choisir l'arme qui vous conviendra, celle qui loin d'être un poids, sera pour vous un moyen d'expression, une plume légère capable d'abattre vos adversaires. Les jeunes elfes n'osaient pas vraiment bouger.
Je vous en prie... servez-vous. Déclara le maître armurier dont la chevelure noisette faisait ressortir son visage d'un pâleur presque inquiétante. Les jeunes elfes eurent tôt fait de se disperser pour toucher, pour la première fois de leur vies pour certains, une arme. Selendil en avait déjà touché de part son père qui avait la sienne, une longue lance. C'est pourquoi il se porta, comme de nombreux autres elfes, vers le râtelier soutenant les lances, grands manches de bois à la pointe mortelle. Il se saisit de l'une d'elle. Mais aussitôt qu'il l'eut en main il comprit. Ce ne serait pas sa première arme. Certes, il pouvait la manier, mais il lui fallait autre chose. Quelque chose qui reflète sa personnalité. Et il changea... Attiré par les poignets des épées. Le corps à corps. Libérer son énergie. Pour un elfe aussi turbulent que lui, aussi plein d'énergie, il allait lui falloir une épée. A peine sa main posée sur le manche de l'arme, il savait qu'il avait fait le bon choix. Il en était persuadé, et il ne doutait plus. Il s'empara de l'arme. Il effectua quelques mouvements. Étrangement, la lame ne le gênait pas, dans aucun de ses mouvements elle n'était un poids. Il avait trouvé ce qui lui convenait le mieux. Une fois leurs armes choisis, les elfes s'approchèrent d'une petite arène que formaient les corps des soldats, où se tenaient divers maîtres d'armes.
- Ce qu'il vous faut désormais, annonça l'un des maîtres d'armes d'une voix forte et dure,
c'est voir de quoi vous êtes capable. Et les premiers combats commencèrent. Au fur et à mesure que les elfes se battaient, que les lames s'entrechoquaient, au fur et à mesure que la terre de l'arène était battue par les pas des jeunes elfes tentant tant bien que mal de tenir face à leurs aînés, plus expérimentés et plus fort, l'excitation gagnait encore ceux qui n'avaient pas encore combattu. Et désormais, tous voulaient prouver leur valeur. Conscient de l'importance de ce moment, de la beauté d'un tel instant, Selendil ne perdait rien des lames qui s'entrechoquaient, ni des mouvements des maîtres d'armes qui se battaient avec une grâce incomparable. Félins, ils semblaient presque danser, s'envolaient, pour retomber sur leur pieds, dans des mouvements acrobatiques tout aussi utiles qu’impressionnants lorsqu'ils avaient des armures légères, et effectuaient des mouvements tout aussi légers, même en armure lourde. Lorsque ce fût le tour de Selendil, étrangement, malgré la boule qu'il avait au ventre, sa lame ne trembla pas. Son regard était désormais focalisé sur son "adversaire" du moment, qui se trouvait à la pointe de sa lame. Le combat débuta. Il esquiva le premier coup et se jeta vers la jambe du maître qui contra le coup. L'elfe se replia pour parer une éventuelle attaque du maître d'armes. Grand bien lui prit, car il put dévier l'arme adverse et enchaîner une série de coups dont lui-même ne se serait jamais cru capable. L'arme se révélait être comme l'avait dît le maître armurier, le prolongement parfait de son bras. Il lui semblait qu'il ne pouvait trouver mieux en cet instant. Il n'aurait pu trouver meilleur instrument. Le combat se prolongea un peu avant que finalement, le maître ne déséquilibre Selendil et le mette à terre. La lame pointé sur lui, Selendil dût reconnaître que son adversaire était bien plus puissant que lui. Mais il n'avait pas démordu. Il regagna le rang, non sans entendre la voix d'un maître d'arme qui déclarait:
- Une belle énergie, mais un manque d'observation et de mouvements. Selendil se tourna vers le maître.
C'était un beau combat, mais pense bien à cela: Ton énergie ne doit pas seulement te servir dans tes coups. Elle doit être répartie de manière équilibrée entre tes mouvements pour te déplacer, tes mouvements pour frapper et enfin, ne doit pas être gaspillé dans des attaques vaines, quoique impressionnantes. L'elfe s'inclina légèrement, respectueux et regagna le rang. Commençait désormais pour lui... La vie à l'institut militaire de Daronavar.
510 éme année du Cycle X Selendil esquiva la lame de son adversaire, tenta une nouvelle attaque par la côté droit, mais le maître d'armes eut le temps de rouler à terre pour esquiver le coup et se relever, prêt à parer un autre coup. Selendil profita de cet instant pour revenir sur la défense plutôt que d'attaquer, se contenant plutôt que de se déchaîner et de perdre encore une fois.
- Allons jeune ami, fit son maître.
Tu vas perdre. Quelques rires s'élevèrent dans l'assemblée des guerriers qui s'était formée autour d'eux. Le combat durait depuis bientôt plus d'une heure, et ni l'un, ni l'autre, n'avaient sut prendre l'avantage. Si Selendil se défendait mieux qu'à ses débuts, Raëthiel, le maître d'arme qui l'avait formé et qui ne cessait jamais de le surprendre, tenait toujours bon et parvenait, sans cesse, à le repousser. Cependant, Selendil avait gagné à la fois en force et en maturité. Il avait les épaules plus larges, les membres plus fort, et il maniait son arme comme personne désormais. Si il avait été admis comme guerrier il y avait peu, qu'il avait reçu son armure, et ses armes, il n'en demeurait pas moins qu'il lui restait encore à apprendre. Et c'est pourquoi il ne cessait jamais de s'entraîner lorsqu'il n'était pas de garde ou à effectuer quelques patrouilles sur les terres du protectorat. L'arme dans ses deux mains, il tenait bon face au maître et ne perdait pas espoir de le vaincre. Cette fois, Raëthiel partit à l'assaut et enchaîna une série de coups qui obligèrent Selendil à défendre son côté gauche aussi bien que son côté droit, son maître tournant autour de lui comme un vautour. Il fallait qu'il brise cela, qu'il se déplace, et il opta pour un repli. Au moment où Raëthiel plongeait à nouveau, Selendil roulait en arrière, se redressait, et, dans un bond souple et précis, attaquait à son tour son adversaire qui n'eut pas le temps d'esquiver et dût contrer la lame de l'elfe aux cheveux blancs. Si Selendil ne fit pas ployer le maître, au moins avait-il l'avantage de ne plus être sur la défensive, il enchaîna une rotation adroite pour attaquer l'épaule droite de son adversaire qui para le coup, ce fût au tour du côte gauche d'être visé alors que Selendil se déplaçait, et le coup fût juste. Plutôt que de se centrer sur le corps de son adversaire, il changea sa vision: La main de l'elfe qui venait pour parer l'épée. En une fraction de seconde, Selendil fit changer la trajectoire de l'arme, heurta la garde de Raëthiel qui surprit tenta de la ramener à lui, mais dans un adroit moulinet, Selendil l'obligea à lâcher le manche de son arme qui vola... Et alla se planter derrière Selendil. Une clameur s'éleva dans le rang de ses camarades alors que le maître s'inclinait devant Selendil dont l'arme était resté pointé vers Raëthiel. Il baissa alors la pointe de son arme, reprenant son souffle... Il comprenait: L'élève venait de dépasser le maître. Il s'inclina respectueusement devant son maître qui vint poser une main sur son épaule et déclara:
- J'ai peur de ne plus rien avoir à t'apprendre... Tu feras un excellent combattant. Et il se retira sans plus de mots... Mais ce qu'il avait dit représentait déjà beaucoup. Alors que Raëthiel s'éclipsait, non sans les quelques tapes fraternelles de ces frères d'armes, le héros du jour était félicité et acclamé par toute une troupe, ravi de voir un des leurs s'élever à un tel niveau. Selendil se laissa aller à quelques accolades fraternelles, serra certains de ses frères d'armes dans les bras, appréciant ce contact, cette chaleur avec ses frères. il n'eut pas l'occasion d'aller plus loin qu'un elfe en armure s'approcha de lui et lui expliqua que quelqu'un demandait à le voir. Curieux, Selendil quitta ses frères d'armes et traversa l'institut, puis la caserne pour arriver devant l'entrée, l'individu ayant refusé d'y rentrer. Lorsque l'Elfe aperçut une chevelure blanche similaire à la sienne, il n'eut aucun mal à reconnaître son frère.
- Vïlaendr? Bon sang, mon frère, cela faisait un moment! Il serra chaleureusement son frère dans ses bras alors que ce dernier semblait s'écraser sur l'armure de son aîné.
- Bah oui, environ cent ans, alors ça fait un bon moment oui. Pas besoin de me serrer comme les nains, je n'ai pas envie de finir les os brisés... - Bon sang que le temps passe vite! En même temps je t'ai vu tu n'étais qu'un gamin! Pouffa Selendil.
Viens, marchons un peu. Ils se laissèrent guider sur le chemin près de la caserne et Selendil attendit que son frère parle en premier, ce qu'il ne tarda pas à faire.
- Je pars à l'école de Magie. A Alëandir. Selendil resta silencieux. Son frère osa reprendre.
Tu n'as pas l'air d'être le plus heureux des elfes là... Selendil eut un sourire et regarda son frère dans les yeux.
Arrête de me regarder comme ça on dirait que c'est notre mère qui me fixe là! Elle m'a adressé le même regard! Pourtant elle devrait être contente, je tire d'elle.- Et qu'a dit notre père?- Il m'a dit qu'il ne m'en empêcherais pas et que je restais sa fierté autant que toi. Les mots de son frère ne sonnaient pas comme de l'orgueil ou une consolation. C'était la vérité.
- J'aurais cru que ce serait l'inverse.- Maman était folle.Ils continuèrent de marcher un instant alors que son frère n'osait plus dire un mot laissant Selendil dans ses pensées. Voyant que son frère cherchait à percer sa carapace de froideur pour tenter de comprendre ce que Selendil pouvait en penser, ce-dernier demanda finalement:
- C'est ce que tu désires? Son frère releva les yeux vers lui.
- Oui.- Alors je ne vais pas te dire que tu as fait le mauvais choix. Selendil souffla, non sans un petit sourire.
Des deux tu n'as jamais été celui qui voulait vraiment porter l'épée. - Je n'ai jamais envié cette vie là, bien que je sois fière de notre cité et de notre famille. Mais ce n'est pas ce que je veux faire. - Je ne t'en blâmerais pas. Ils marchèrent encore tous les deux, appréciant de passer du temps ensemble, même si ils ne parlaient que peu et appréciaient le silence. Son frère sembla se détendre et finalement, alors qu'il revenait vers la caserne, Selendil déclara:
- Vas en paix mon frère... Que tu sois l'un de mes frère d'armes, ou le plus puissant mage de cette terre, tu resteras mon frère. Cette fois, ce fût Vïlaendr qui se jeta dans ses bras et qui le serra. Selendil le serra également, et après une dernière accolade fraternelle, le jeune frère laissa son aîné aux portes de la caserne. Couvert de son étincelante armure, l'aîné regarda son jeune frère, en tenue bien plus légère avec sa tunique, qui allait partir loin de sa famille, pour apprendre les arts mystiques. Leurs déstinées étaient vouées à être différentes, mais les deux avaient choisis une chose en commun: Leur nom. Alethrion. Et ils resteraient des frères.
700 éme année du Cycle X- Vous n'avez rien oublié, chacun a ce qu'il lui faut? Demanda l'elfe aux cheveux blancs. Armée de pied en cap, une troupe allait rejoindre l'Archimage Caranthir pour intercepter les elfes à la peau sombre. nommé chef de bataillon, l'Elfe était donc en charge d'une unité d'infanterie de Daranovar dénombrant des membres qu'il connaissait bien. Peu d'unités de Daranoavar joindraient leur force à celles de Caranthir, pourtant, en voyant le grand nombres d'elfes en armes qui se pressaient aux portes de la caserne, nul doute qu'une grande partie de ceux-là allaient accompagner le régent dans la bataille qui se préparait. Un point de rendez-vous avait été fixé, l'armée de Daranovar n'avait plus qu'à suivre les ordres de ces chefs. Son casque sous le bras, le bouclier dans son dos, sa main libre sur la poignée de son épée, Selendil parcourait les rangs des quelques elfes qu'il avait sous ses ordres. La compagnie était en ordre et prête au départ, et ils ne tardèrent guère, à la suite de leur chef, à rejoindre le gros de la troupe. Ils échangèrent quelques accolades fraternels et saluts respectueux, mais ne s'éternisèrent pas en politesse, déjà les grands cors sonnaient le départ. Et ce fût le départ d'une partie des forces de Daranovar pour le combat. La première grande bataille depuis des siècles. C'était ce qui se murmurait dans les rangs des farouches soldats de la cité guerrière. Mais en attendant de voir la bataille, malgré son excitation, Selendil tentait de garder la tête froide. C'était néanmoins avec le son des quelques instruments, dans la bonne humeur et une certaine excitation que les elfes marchaient. Ils descendirent des plateaux et ne tardèrent guère à arriver en vue de l'immense forêt d'Anaëh.
- On a beau dire, fit une voie familière dans le dos du guerrier,
A chaque fois que l'on quitte ces plateaux pour la forêt, on reste époustouflé devant ce paysage d'arbres qui s'étend à perte de vue. Selendil se retourna.
- Raëthiel?!! J'ignorais que tu venais! - On m'a dit qu'une bonne lame en plus de la tienne ne serait pas de trop. Fit le maître avec un petit sourire.
- Ce sera un honneur que de combattre avec vous.Côte à côte, le maître et son ancien élève continuèrent donc à descendre des hauts plateaux de Daranovar. Sur le trajet, certains se retournaient une dernière fois vers ses vallons qui les avaient vu naître, vers cette terre qu'ils aimaient, qu'ils chérissaient. Puis, l'armée s'enfonça dans la forêt, entre les branches des grands arbres, pour certains plusieurs fois centenaires. Là, dans la forêt, entre les frondaisons, à l'abri des branches, les pas de l'armée disciplinée résonnaient désormais entre les troncs. Le claquement de l'acier, le martèlement des bottes, la voix des elfes qui osaient parler lorsqu'ils ne contemplaient pas les frondaisons, ou les troncs de ces grands arbres. Chemin faisant, les elfes découvraient pour certains une nature qu'ils ne connaissaient pas, les bois ne leur était pas vraiment inconnu, mais sortir de Daranovar était une nouveauté, et Selendil n'échappait pas à la règle. Ses grands yeux bleus furetaient partout, notant chaque détail, fixant chaque brindilles, chaque feuilles, enregistrant les détails dans sa tête.
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La jonction avec les forces de Calanthir s'était faîte au point prévu, et l'armée de Daranovar avait surgi des bois, fier et puissante, ses armures rutilantes, ses combattants solides. De l'avis général, de tels renforts étaient visiblement attendus et ils avaient rassuré les autres armées elfiques présentes. On comptait dans cette armée de nombreux contingents dont les chiffres pouvaient varier selon les régions. Jamais Selendil n'avait vu une telle concentration de combattant, et il en était à la fois émerveillé autant qu'époustouflé. Il avait regardé chaque elfe qu'il avait croisé, détaillant son armure tentant de retenir avec qui étaient les uns et les autres et de quelles armées ils appartenaient. Sans perdre de temps, l'armée au complet s'était alors mise en marche vers le lac. A sa tête marchait le régent, entouré des quelques seigneurs protecteurs qui avait pu se joindre à lui, ou alors les commandants des armées en présence. Au centre de la colonne marchaient, d'un pas lourd, les puissants combattant de Daranovar. Ils étaient finalement arrivés sur les bords du lac... et quelle surprise en voyant que les elfes noires les y attendait déjà. Si Selendil ne montra aucune peur, il ne put s'abstenir de ressentir ce sentiment de surprise face à des êtres qui leur ressemblait mais qu'il n'avait jamais vu. Les cors elfiques sonnèrent. Il était désormais temps de prendre position sur le champ de bataille. L'un des commandant de l'armée Daranovane passa devant eux.
- En formation! Hurla-t-il.
Formez vos lignes! La bataille allait commencer. Le poing serré sur son arme, Selendil enfila son casque. Non loin de lui, dans un autre contingent de leur armée se tenait Raëthiel qui lui adressa un signe de tête. Il souffla un bon coup avant de lancer:
- Les lanciers devant, prêt à tenir la charge! Immédiatement, les grands pavois de Daranovar firent face à l'armée noire tandis que les longues lances venaient se positionner par dessus, tendues vers l'ennemi comme autant de dards aiguisés. Divers archers se tinrent prêt derrière eux, Selendil dégaina son épée. Les ordres fusèrent, les deux armées se mirent en marche. Au départ, en ordre parfait, formant une ligne étincelante, les elfes avancèrent au pas. Puis, dans les derniers mètres, les elfes noires chargèrent alors que l'armée de Caranthir allait contenir l'assaut. Déjà, alors même que Selendil et sa troupe n'était pas entré en contact avec l'armée ennemie, le fracas des armes se fit entendre à l'autre extrémité du champ de bataille. Mais quelques instants plus tard, ce fût au tour de son bataillon d'encaisser la charge. Les longues lances perforèrent les premiers rangs, mais certains drows eurent l'intelligence de sauter au dessus des piques acérées. Et les premiers tombèrent. Sans attendre, Selendil se jeta dans le combat, son bouclier fermement tenu dans sa main gauche, et son épée bâtarde dans l'autre. Il fracassa le crâne d'un premier Drow qui s'écroula. Il venait de tuer son premier être vivant, sans le moindre mal. Mais c'était bien parce que l'autre n'avait pas eu le temps de se préparer à cette attaque. Aérien, souple, il assénait des coups précis, évitaient d'y donner trop d'énergie pour pouvoir tenir le temps qu'il faudrait. A ses côtés, deux autres des siens tombèrent.
- tenez la ligne! Hurla-t-il.
Tenez les en respect! Une volée de flèche siffla et, tels des bourdons enragés, elles vinrent perforer la ligne ennemie. Sans s'en préoccuper, Selendil esquiva un coup et plongea sa lame dans le coeur de son adversaire qui s'effondra juste avant qu'un coup ne manque de le tuer. Son armure dévia l'arme ennemie et il eut tôt fait de faire un pas en arrière, esquiva adroitement l'autre coup de son ennemi et le décapita sans plus de sentiments. Puis l'ordre fût donné de poussé à leur avantage. Les elfes poussèrent donc, mais ce n'était pas sans quelques pertes. Le combat devint plus dur, la résistance de l'adversaire n'était pas des plus simples à briser, si bien que bientôt les drows stoppèrent cette partie de l'armée. Ce furent les volées des flèches drows qui poussèrent les elfes à se replier. Un elfe s'effondra près de Selendil, une flèche ayant percée son oeil et traversé sa boîte crânienne. Un coup puissant propulsa alors Selendil en arrière. La violence fût telle qu'il tomba et que cela lui coupa le souffle. Il tenta de se relever mais n'y parvint pas. Ce furent ses frères d'armes qui le protégèrent de leurs grands pavois et aiguillant de leurs lances l'ennemi qui s'approchait de trop près. L'elfe se redressa finalement tant bien que mal, ayant perdu son bouclier quelque part. Il empoigna son épée à deux mains, mais voyant que le reste des troupes reculaient, il préféra ne pas prendre de risque. Si les guerriers de Daranovar étaient puissants, seuls, ils se feraient néanmoins massacrer.
- On recule! Lança-t-il.
Reculez! L'ordre fusa, et progressivement, l'aile droite elfique recula sous la pression des drows. Les volées de flèches drows mettaient à mal les lignes de ce côté-ci et Selendil chercha à l'arrière un gradé. Il n'en vit pas. Mort? En sachant qu'une partie de l'armée Daranovane se trouvait aux côtés du régent, tous n'étaient pas là. Il fallait tenir, or, à chaque pas perdu, les elfes devaient céder encore du terrain face à l'acharnement ennemi. Selendil se tourna, enragé de voir ses troupes cédant du terrain.
- Mais où est le support bon sang?!! S'énerva-t-il. Il laissa un instant ses hommes après leur avoir demandé de reculer progressivement et se dirigea vers les lignes arrières. Les archers continuaient mais sans grand enthousiasme. Visiblement les pertes avaient également été nombreuses dans leurs rangs.
- Qui vous commande? demanda alors l'elfe dont le coeur battait à tout rompre, ne sachant si il allait s'énerver ou repartir au coeur du combat pour libérer sa haine.
- Nous avons été séparé du reste de l'armée, déclara alors un officier.
Nous n'avons plus aucun ordre clair qui puisse nous parvenir. Le gros de nos troupes s'est concentré avec le régent. il nous faut tenir. - on ne tient rien là!! Hurla alors Sélendil dont la voix porta sur tous les hommes environnants et dont les yeux transperçaient quiconque le regardait.
Nos hommes se font abattre à l'avant, vos archers ne sont pas foutus de tirer des volées claires et efficaces et chaque homme qui remplace un autre se fait tuer. C'est n'importe quoi! - Comment faire alors? demanda un autre combattant. Selendil se tourna vers la bataille qui faisait rage et vers les premières lignes non loin. Leurs archers étaient hors d'atteintes... Pour le moment. Il fallait donc supporter les premières lignes elfiques avant tout.
- Vous et vos archers, concentrez vos tirs sur toute la troisième ligne ennemie. Moi et mes combattants allons tenter de tenir le terrain en compagnie du reste des troupes. Il nous faut rejoindre les autres ou nous sommes perdus. - Bien.Il se retourna et se jeta à nouveau dans la bataille au moment où une volée lancée par les elfes alla trouver les coeurs ennemis. Revenu en première ligne, le combattant ne mit guère de temps à rameuter ses troupes.
- On tient la ligne! On ne recule pas!Les autres répondirent par un cri puissant. Les lances percèrent les armures, les lames s'entrechoquèrent à nouveau. Puis, ce fût au tour des drows de faiblir.
Poussez!!! Gueula alors Selendil.
Mais poussez donc! Et dans un mouvement puissant, les guerriers de Daranovar, ceux qui restaient du moins, mirent la machine de guerre en marche. Les autres suivirent, enhardis par ce progrès. Alors que Selendil consacrait toute son énergie à repousser et à tuer ses adversaires, Raëthiel le rejoignit.
- Nous allons rejoindre le corps principal de notre armée. Il nous suffit de pousser encore un peu! Déclara-t-il. Selendil eut un regard pour ces frères d'armes au loin. Pas si loin que ça car si les drows tentaient de maintenir l'armée séparée, nul doute que les elfes pouvaient se réunir à nouveau. Un regard entendu entre les deux elfes et ils prirent la tête d'un bloc qui enfonça l'adversaire. Ils firent une percée, et bientôt, ils purent reprendre place dans la formation.
La bataille continua durant de longues heures, Selendil eut droit à une flècje qui vint se ficher entre son épaulière et sa cuirasse, mais la bataille s'acheva sur la défaite des drows... Lorsque le dernier adversaire tomba devant Selendil, couvert de sang, il nota que les elfes avaient vaincus. mais à quel prix? Les bords du lac étaient jonchés de cadavres des deux camps... Le tribut à payer avait été lourd.
- Qu'est-ce qu'on fait? Demanda un soldat alors que les quelques survivants de son bataillon se rassemblaient.
- Réunissez les blessés, voyez ceux qui ont survécus. Il me faut voir ce qu'il convient de faire pour les morts. Car jamais il n'avait été confronté à autant de morts. Et dans cette bataille, de nombreux frères étaient tombés, de nombreux soldats, mais aussi le régent et plusieurs officiers. Celle que l'on nommerait dans les livres la bataille d'Uraal resterait comme une victoire, certes, mais ô combien coûteuse.
999 éme année du Cycle X- ... Et nous savons que Dyarque veut à tout prix envoyer des renforts à Ellyrion.- Tous les elfes savent que Fort Ellyrion est sans doute la plus impressionnante de nos forteresses, et aussi la plus difficile à prendre. La garnison sur place saura tenir en respect l'adversaire. Répliqua un autre membre du conseil de Daranovar. Avant que le soleil ne se lève, le conseil s'était réuni. Plusieurs membres importants de la cité, des représentants de l'armée et le seigneur protecteur se tenaient là, à palabrer sur la question d'un éventuel renfort officiel. Selendil avait gardé le silence, c'était pour lui l'un de ces premiers conseils en tant qu'intendant aux ressources. Il se contentait pour l'heure, dans son armure splendide car il revenait de la caserne, d'écouter les avis des uns et des autres, les opinions de tel ou tel "faction". Si certains prônaient ardemment une aide pour Ellyrion, d'autres en revanche étaient bien plus sur la réserve.
- Ils ont les aigles et l'armée royale pour eux! Qu'ils s'en tienne à cette aide déjà importante! Clama l'un des conseillers.
Nous avons nos propres problèmes, maugréa-t-il.
- Et lesquels sont-ils? Fit alors Selendil dont la voix résonna dans la grande salle alors qu'il se tenait droit et calme sur son siège. De nombreux conseillers se tournèrent vers lui.
Dîtes-moi quels sont les problèmes auxquels nous faisons face si ce n'est nos palabres incessantes. Les derniers mots soulignaient l’exaspération de l'elfe à la chevelure blanche qui désirait que le conseil prenne une décision. Certains membres se regardèrent entre eux, aucun n'osa répondre.
C'est ce que je pensais... Fit l'elfe au regard bleu.
Notre Cité se porte bien. Nos membres ont chaque jour la nourriture qu'il leur faut, nos forges sont au travail et tous nos artisans peuvent témoigner du bon fonctionnement de la cité. Nous avons résolu de nombreux problèmes dans nos mines, et nous avons une administration efficace. Il reste certes des choses à faire, comme dans chaque cité en Anaëh, mais n'allons pas dire que nos problèmes sont plus importants que Fort Ellyrion en ce moment. Un silence glacial tomba sur l'assemblée. Selendil continua, encouragé par le seigneur protecteur, Daenor Thoràndrion, qui lui fit signe de continuer à s'exprimer.
Si Fort Ellyrion tombe, les Drow seront à même de pouvoir envahir l'Anaëh sans le souci de rencontrer une défense efficace.- Faux! Protesta un membre du conseil.
Les cités peuvent les tenir en respect! - Si Fort Ellyrion ne parvient pas à tenir en respect leur armée, je me demande alors comment les quelques cités des terres d'Ardamir pourront leur résister! Vociféra Selendil en bondissant de son siège.
Si Fort Ellyrion, notre plus grande forteresse tombe entre leurs mains, nul doute alors que les cités ne seront qu'un jeu d'enfant pour eux! Il s'arrêta avant de reprendre plus calme.
Nous les avons repoussé une première fois, mais à quel prix? Souvenez-vous de Uraal et de nos frères tombés par milliers. Si nous laissons Ellyrion tomber, sans envoyer quelques renforts, les Drows se répandront dans tout l'Anaëh. Nous avons déjà du mal à nous mettre en accord entre nous, alors laissez-moi dire qu'entre nos cités, il sera impossible d'organiser une défense conjointe. Il s'assit à nouveau, reprenant place, le regard un peu plus sombre. Finalement, l'un des membres osa alors demander:
- Alors que proposez-vous? La réponse fût nette et précise de la part de l'elfe.
- Joignez à l'armée de secours une partie de nos forces. Les aigles sauront redonner courage aux assiégés, mais ô combien nos armées sauront donner la crainte de notre peuple à nos ennemis. Et ce jour-là, les paroles de l'elfe furent entendus. Malgré que les débats continuèrent, beaucoup changèrent d'avis et furent d'accord pour l'envoi d'une force en renfort à Ellyrion. Daenor lui-même prendrait la tête de ses troupes, avec ses officiers. Selendil devrait quand à lui se charger de toute l'intendance que le déplacement de l'armée, vers le Sud, nécessiterait. Le conseil se sépara sur cette disposition, bien qu'au goût de l'elfe, trop peu d'elfes partiraient au combat soutenir leurs frères.
****
Un cavalier revint en trombe vers les quelques chariots qui avaient menés les denrées nécessaires à l'armée elfique qui était allée affronter les drows à Ellyrion, et auprès desquels étaient restés Selendil et quelques soldats de Daranovar et de Ardamir. Le claquement des sabots du cheval alerta les premiers gardes en poste alors que Selendil discutait de la suite des opérations. Sans nouvelle de l'armée principale, ils avaient ordre de ne pas aller plus loin. Raëthiel à ses côtés, Selendil se tourna dans un mouvement alerte et sur ses gardes, la main sur la garde de son épée.
- C'est la débâcle! Clama l'Elfe dont l'armure était recouverte de sang. Quelques elfes calmèrent la monture alors que son cavalier s'effondrait.
- De l'eau! Qu'on lui donne de l'eau! Ordonna Selendil qui s'était jeté à terre pour soutenir le malheureux.
- Il est trop tard... Murmura l'elfe.
La bataille faisait rage... Les Drows ont fait une percée et... Et... Les yeux de l'elfe se fermèrent pour l'éternité dans un dernier soubresaut alors que l'un des soldats arrivaient avec une outre pleine d'eau... Mais trop tard. Selendil le posa à terre, un peu perdu. Que devait-il faire? Il n'eut pas l'occasion de réfléchir, son ouïe fine l'avertit alors que plusieurs êtres s'approchaient d'eux. Les autres avaient aussi entendu cette présence.
- Les archers en arrière, prenez position dans les meilleurs endroits possible. Les arbres, les rochers, peu m'importe, mais trouvez des zones d'où vous pourrez facilement tirer. Vous autres, en formation avec moi. Les quelques lanciers présents formèrent un mur de pavois disposé entre les chariots tandis que Selendil et les autres prenaient position de chaque côté de la petite formation. Mais au bruit des pas, ils comprirent rapidement qu'ils seraient surpassé en nombre. Et ce que craignaient chacun des soldats présents, dont le coeur, comme celui de Selendil battait à tout rompre, fit son apparition. Les elfes sombres.
Tenez la zone! Hurla Selendil. Les drows se jetèrent sur eux dans une violence indomptable. Les archers embusqués lâchèrent leur premier traits. Selendil dégaina son arme, dévia la lance de l'un de ses adversaires et tira sa dague pour lui enfoncer dans le crâne. La seconde d'après, aux côtés de son ancien maître, il se jetait sur un autre adversaire. Les lourds boucliers de Daranovar encaissèrent la charge et les lances enfoncèrent la chair de l'adversaire. La première vague d'attaque fût brisée sans trop de difficulté par les quelques elfes assemblés là. Mais de la forêt, il semblait que les drows ne s'arrêtaient plus de surgir. Le soutient efficace des archers permit à Selendil et au reste de ses forces de tenir en respect leurs adversaires une petite demi heure, cependant, sous le flux des arrivants et sous leur férocité, plusieurs hommes commencèrent à tomber. Raëthiel se débarrassa de trois adversaires et rejoignit Selendil, dos à lui. Chacun protégeant les arrières de l'autre, le maître et l'élève, dont la confiance mutuelle était grande, se battaient avec l'énergie du désespoir. Mais peu à peu, leurs coups devinrent moins précis, les quelques elfes présents tentèrent de tenir bon, mais ils avaient du mal. L'un après l'autre, ils tombaient. Soudain, un poids mort pesa sur son dos, et le sang de l'elfe se glaça. Il comprit. Il n'eut pas à se retourner pour savoir que le maître d'armes Daranovar venait de prendre un coup fatal. Il décapita de rage la tête d'un drow qui eut la méchante idée de s'approcher d'un peu trop près. S'emparant d'une lance, dont l'elfe avait appris la maniement après celui de l'épée, il tint en respect ses adversaires alors que cinq autres de ses compatriotes venaient le soutenir. Il se pencha vers celui qui, plus qu'un maître, était devenu un ami.
- Raëthiel... Non... Le côté percé, l'elfe saignait abondamment et la vie le quittait.
- Va... t'en, parvint-il à articuler. Il lui lança un dernier sourire. c'était son souhait. Mourir au combat. Fou de rage, Selendil se redressa, prit la lance, et enfonça le thorax d'un Drow. Il eut tôt fait de la retirer et se jeta dans la bataille avec ses dernières forces.
Fuyez! Ordonna-t-il à ses frères d'armes.
Allez vous-en!! Hésitants, puis voyant l'ordre clair, les quelques soldats restants prirent leurs jambes à leur cou. les archers couvrirent leur retraite alors que Selendil resta au coeur du combat, tranchant et transpercant ceux qui osaient l'affronter. Néanmoins, il ne tarda guère à être surpassé par le nombre, une lame traversa son plastron et il sentit sa chair s'ouvrir de son côté droit jusqu'à son abdomen. Il allait mourir ainsi... Les larmes lui montèrent aux yeux, tant la douleur était grande. Il tomba à genou, lâchant son arme, toute force l'abandonnant. Au moment où l'un des drows allait l'achever, la terre bougea et une pique, formée de terre, transperça le drow. Tels les épines d'un hérisson la terre se dressa autour de Selendil en un barrage protecteur alors qu'il se tenait le côté. Son regard se flouta, il ne put apercevoir que quelques silhouettes, dont certaines armés d'arc qui repoussèrent les drows alors que l'une d'elle s'approcha de lui et le souleva.
- Mon frère... Tiens bon. Et Selendil perdit connaissance, son corps n'ayant plus la force de supporter de vivre.
2 éme année du cycle XI- On m'a dit que tu partais... La voix de Vilaendr résonna dans le dortoir qu'occupait Selendil depuis son arrivée à Alëandir. L'Elfe avait en effet mené une petite mission diplomatique auprès des cités et il s'était arrêté dans la grande école de magie pour y voir son frère autant que pour y obtenir des réponses. Le récent événement du voile avait eu un impact non négligeable sur l'Anaëh, la forêt reprenant ses droits un peu partout, détruisant même certaines cités telles que Lanthaloran. Suite à cela, si les elfes se réjouissaient de voir la forêt reprendre le dessus avec une vitalité renouvelée, il ne fallait pas négliger les divers problèmes politiques que cela engendrait désormais. Le voyage de Selendil avait donc eu, pendant environ une petite année, de récolter des informations sur l'événement et de voir comment chaque cité avait pu répondre face aux divers problèmes causés.
- Je ne peux m'attarder plus longtemps malheureusement, fit Selendil sans se retourner alors qu'il bouclait la ceinture tenant le fourreau qui contenait son épée.
- J'aurais aimé te donner des réponses... j'en suis désolé. Selendil s'arrêta de préparer son baluchon et se retourna vers son frère. Ce-dernier l'avait sauvé lors de la bataille qui avait eu lieu non loin de Fort Ellyrion. En compagnie de quelques mages et de quelques volontaires armés, il avait prêté main forte à l'arrière-garde elfique resté pour protéger les vivres et le camp. Mais les pertes avaient été lourdes, Fort Ellyrion avait été détruit, et Selendil s'en était tiré de justesse. Le regard de son frère, depuis qu'il était là, avait gagné en sagesse et désormais, des deux, Selendil semblait être le moins mature. Il posa une main sur l'épaule de son frère et déclara:
- Tu n'y es pour rien. Certes j'aurais aimé avoir des réponses... Mais je ne peux pas te reprocher de ne pas avoir réponse à tout, voyons! Il le serra dans ses bras pour le réconforter. Après un dernier ménage de la pièce, Selendil avait tenu à participer au nettoyage de la bibliothèque puisque l'académie l'avait hébergé. Si il s'était perdu entre les grands ouvrages qu'il avait admiré un moment, il n'avait pas compris leur contenu, n'étant guère plus mage qu'un cheval pouvait être un dragon. Il prit son baluchon et sortit en compagnie de son frère, ils marchèrent tous les deux sur les dalles de pierre, silencieux.
- Le voile a donc affecté toutes les régions? Fit Vïlaendr.
- Pas une seule n'y a échappé. Répondit Selendil.
Tu n'imagines pas les différents problèmes qui se posent désormais en Anaëh. - je peux essayer... Fit son frère un peu taquin.
- Alors essai d'imaginer Daranovans et Lanthalorans tentant de vivre ensemble. Tu as une idée?
- Et ça peut marcher? demanda son frère visiblement sceptique.
- Difficilement, maintenant, imagines-les gouverner ensemble.- Impossible... Souffla-t-il.
Les Daranovans tolère cela?- Certains plus facilement que d'autres. Fit Selendil alors qu'il sortait dans la cour où l'attendait son cheval. Il allait monter en selle mais son frère le retint par le bras et lui fit signe de lever sa tunique pour qu'il puisse examiner sa blessure. Selendil s’exécuta non sans rouler un peu du regard. En voyant la longue cicatrice encore visible, désormais traits effilé sur la peau albâtre de l'elfe, il ne put s'empêcher d'être satisfait de la bonne évolution du corps de son frère.
- Tu guéris vite, et bien mon frère, tu ne garderas que ce mince trait sur ta peau j'en ai peur.
- C'est parce que j'ai un frère qui est très doué. Fit Selendil taquin. L'autre lui adressa un sourire et ils s’embrassèrent avant que Selendil ne monte à cheval.
- Et désormais? Fit son frère.
Que comptes-tu faire?Selendil réfléchit. Membre important du conseil désormais, il avait de nombreux soutient en son sein dont plusieurs Lanthalorans et se savait d'une forte influence à présent. Il regarda Vïlaendr.
- Je dois régler les problèmes internes à Daranovar si nous voulons que notre belle cité retrouve sa splendeur d'antan. Ensuite... Il faudra que l'Anaëh retrouve sa place et ses forces dans le combat contre nos ennemis. Son frère eut une mine sombre et finit par déclarer:
- Essai de ne pas voir seulement par la pointe de l'épée. Parfois, quelques sages paroles peuvent être plus efficace que dix milles Darnovans solidement armés. - J’essaierai de ne pas l'oublier, répondit l'elfe au cheveux blanc juste avant de lancer son cheval au trot, après un dernier signe de la main pour son frère.