Ce qui se passe à Thaar...

Le soleil se couchait doucement sur les docks était bondés. Embaumant tout le paysage d’une lumière orangée. Des marins s’empressaient de débarquer des navires, pendant que de nombreux travailleurs se chargeaient de différentes marchandises. Certains esclaves, débarquaient de navires avec chaînes aux pieds et aux mains. Les malheureux allaient directement au marché libre. Miriel s’arrêta aux abords et s’accota doucement sur une clôture près d’un grand navire. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, savourant le vent salins qui lui chatouillait le visage et les rouvrit aussitôt. Elle regarda autour d’elle pour s’assurer qu’elle n’était pas suivie et se dirigea à l’extrémité du dock, se frayant un chemin parmi les esclaves, travailleurs et marins. Plusieurs la dévisageait, d’autres sifflèrent en poussa des commentaires grossier, mais elle ne s’arrêta point. La dernière chose qu’elle avait en tête était de se faire chier avec des personnes insignifiantes, elle devait se concentrer sur sa mission.

Cela faisait maintenant 20 ans qu’elle était à Thaar, elle avait appris rapidement à se faire oublier et à ne pas passer aperçu. Elle avait fait de nombreux contrats, de l’extorsion à la fonction de garde du corps pour certains nobles qui s’était attiré des ennuis. Elle avait réussi à se faire un certain nom dans la ville. Certains craignaient son apparence un peu spécial, d’autres trouvait qu’elle ressemblait un peu trop à une poupée pour pouvoir accomplir certaines tâches. Cela ne l’empêcha pas de réussir toutes les tâches qu’on lui confiait. Elle espérait avoir assez d’argent pour partir de cette ville après ce contrat. Plus loin elle sera du Puy et mieux elle se porterait! Elle eut une pensée pour Royna et secoua vivement la tête… ce n’était pas le moment.

Elle arriva au bout du dock et repéra l’énorme Navire qu’on lui avait mentionné. Ce dernier avait une sirène en figure de proue et son pavillon était absent. Miriel avait la vague idée que ces gens devaient probablement être des pirates, mais elle n’en avait rien à faire de ce qu’il pouvait faire. Tant qu’il la payait à la fin de son travail…. Elle esquiva les marins et les travailleurs et monta sur le pont. Elle fut accueilli par un matelot qui n’avait franchement pas l’air bavard. Ce dernier la regarda d’un œil méfiant et lui fit signe de le suivre. Il entra dans une cabine et Miriel le suivit à l’intérieur. Cette dernière était assez bien décorée, quoi que quelque peu sombre. Un homme était assis à un bureau et semblait étudier une carte. Il leva la tête et eut légèrement surpris lorsqu’il vit l’hybride. « Alors, c’est vous qu’on a envoyé? Vous n’avez pas l’air d’être une professionnel. » Miriel haussa un sourcil et soutena son regard avec ses yeux perçant. Ce dernier semblait aussitôt extrêmement mal à l’aise. Elle ne le lâcha pas de yeux et s’approcha. Lorsqu’elle fut tout prêt de lui, assez prêt pour qu’elle puisse sentir son souffle sur son visage, et lui murmura à l’oreille « Croyez-moi, je suis la dernière personne à qui vous voulez avoir affaire. » En une seconde, elle prit son poignard et le planta solidement à un cheveu de la main de l’homme sur la table. Ce dernier totalement surprit, se leva de sa chaise, en tenant sa main.

Miriel reprit son poignard et le remis dans l’étui accroché à sa ceinture. Le marchand alla chercher une besace et la lui tendit. « Voilà, veuille à ce que mon contact reçoivent la marchandise… il vous récompensera pour votre travail. » Elle attrapa la besace en touchant son fond elle put entendre des cliquetis. On aurait dit qu’il y avait quelques pièces précieuses à l’intérieur. Elle mit la besace dans une pochette de sa ceinture et hocha la tête. Décidément les marchands humains étaient franchement facile à intimider. Elle se retourna rapidement et sortit du navire. Le soleil semblait s’être couché assez rapidement, et avait laissé place à la lune, qui illuminait les docks. Elle prit quelques secondes pour apprécier le vent qui soufflait sur son visage et dans ses longs cheveux et reprit sa route de son pas confiant. Elle débarqua du navire et traversa les docks. Elle s’engagea rapidement dans les ruelles avoisinantes. Elle voulait vraiment se débarrasser de cette tâche le plus rapidement possible. Il n’était pas vraiment sage de se promener à Thaar la nuit avec un chargement qui pouvait peut-être précieux.
Elle devait aller remettre le paquet à un marchand qui avait une échoppe tout près des marchés libres. Le marché libre…. Quel espace grossier et inquiétant... Miriel tentait de l’éviter comme la peste. À chaque fois qu’elle approchait de cet endroit elle avait l’impression que son sang se glaçait. S’il fallait que quelqu’un la reconnaisse, ou pire, que quelqu’un découvre sa marque habillement camouflé sous son bracelet de cuir, elle se retrouverait vite enchaînés avec les autres. Elle augmenta la rapidité de son pas, au bout de quelques moments elle arriva à une intersection et tourna rapidement à gauche. La noirceur avait rapidement fait son apparition et la seule chose qui éclairait les ruelles était les lumière sortant des bâtiments. Ce quartier était fort en action la nuit, des assassins, des ivrognes et des mercenaires en tout jours cherchait le trouble ou buvaient leur dernière paye jusqu’au coma éthylique. Il n’était pas rare de se faire attaquer en pleine rue ou de tomber sur un ivrogne vautré dans son vomi. Au bout de quelques moments qui lui semblaient une éternité elle arriva à destinations

Le bâtiment en question était à un pâté de maison, c’était une grande échoppe de brique grise très foncée. Presque toute les lumières étaient fermés, il n’y avait qu’une petite lueur au deuxième étage. Elle avança quelques pas avant d’arrêter net. Un groupe de mercenaire venait de tourner dans la rue et se trouvait entre elle et l’échoppe. Ces derniers se chamaillaient et buvait. Merde, pensa-t-elle… Mieux valait les éviter, ce groupe avait l’air de chercher les ennuis. Elle fit quelque pas de recula et se tourna brusquement pour s’engager dans la ruelle qu’elle avait vu il a quelques instant et se cogna brusquement contre une armoire à glace. Elle ne put s’empêcher d’être surprise.

« Non mais merde! Vous ne pouvez pas faire attention! Tu m’as foutu la trouille » dit-elle d’un ton faible à l’inconnu.

Entendant la bande de mercenaires arriver elle agrippa l'armoire à glace par le poignet et le traîna dans la ruelle. Mieux valait qu'il ne se fassent pas remarquer et si celui-là décidait de s'ouvrir la trappe et attirer l'attention, une dizaine de mercenaires à affronter en pleine rue était loin d'être son activité favorite. Une fois la bande passé elle se retourna vers son interlocuteur et croisa les bras.

« Alors, tu peux m'expliquer ce que tu foutais derrière moi? Alors que les rues sont vides?»

Pour une fois, Zaahrian s’occupait de ses propres affaires sans embêter personne. Thaar était fidèle à elle même. Le jour elle affichait une mine joyeuse avec sa foule bigarrée et ses marchés colorés. La nuit, elle devenait franchement sinistre avec ses assassins et ses coupe-gorges. L’assassin aimait cette ambivalence dans laquelle il se fondait avec aisance. Autant il pouvait être sympathique et sans histoire, autant il n’hésitait pas à brandir son arme dès qu’on le provoquait. Mais là, il n’était vraiment qu’un habitant du coin qui faisait ses petites affaires. Il avait passé la journée à se chercher un petit boulot et avait fini par aider une vieille dame à transporter des caisses de mangues fraîches qu’elle devait vendre le lendemain au marché. Apparemment, son petit fils qui devait l’aider ne s’était jamais présenté. Zaahrian se proposa donc pour soulever les lourdes charges. Les fruits avec leur pelure lustrée et vivement colorée donnaient l’eau à la bouche. « Et voilà, je crois que c’est la dernière! » Déclara joyeusement Zaahrian. « Il fait nuit maintenant, vous devriez rentrer. C’est une nuit de pleine lune; les fous vont être de sortie. » La vieille dame ricana tout en plongeant une main noueuse dans l’une des caisses. Elle saisit l’un des fruits et le donna à Zaahrian. « Tien, c’est pour toi. Ne t’inquiète pas mon grand garçon. Je loge juste-là. » C’était bien la première fois qu’on le payait avec une mangue, mais ça tombait bien, car il commençait à avoir faim. « Bonne soirée, m’dam! »

Son fruit à la main, Zaahrian poursuivit sa route sans trop se soucier de ce qui se passait autour de lui. En fait, après quelques pas, il prit son couteau et commença à peler la mangue. L’odeur était divine! Il en coupa une tranche qu’il porta à ses lèvres. Elle était aussi délicieuse qu’elle en avait l’air et se dit qu’il retournerait en acheter dès le lendemain. Zaahrian avait bien aimé cette gentille petite dame et il irait même botter le cul à son petit fils si jamais elle le lui demandait. Il allait en prendre un autre morceau lorsque quelqu’un le percuta. Sous l’effet de la surprise, il échappa sa mangue qui tomba dans le sable et les détritus. Voilà que sa récompense gisait au sol et ferait bientôt la joie des rats du coin. Mais qui avait fait ça? La personne qui venait de le bousculer commença à l’engueuler comme si c’était lui le responsable. Non, mais, il venait de perdre sa mangue! Zaahrian était la victime pour une fois. « Mais! » Il n’eut pas le temps de placer un mot de plus que l’inconnue l’attrapait par le poignet pour le traîner dans une ruelle. Lorsqu’une femme l’attrapait comme ça pour l’amener dans un coin sombre, ça ne finissait jamais bien pour Zaahrian. Lui et les femmes… C’est comme elle et les mangues. Apparemment, elle avait quelque chose contre ce fruit. Quoique… Non, finalement, ce n’était pas contre les mangues qu’elle en avait. Zaahrian entendit clairement les bruits de pas. Apparemment, cette femme tentait d’échapper à quelqu’un. Ah, super! C’était encore mieux! Là, il devra jouer le sauveur de demoiselle en détresse. Pfff, Zaahrian n’avait plus sa mangue par sa faute, elle pouvait bien crever. « Mais je mangeais une putain de mangue! Elle était bonne en plus… Maintenant, non seulement j’ai encore faim, mais je tombe en plus sur une femme qui a des mercenaires au cul, super! »

Pas du tout misogyne son interlocuteur! Miriel croisa les bras en affichant un air complétement dégouté. Non mais pour qui se prenait-il? Croyait-il qu’elle l’avait entraîné dans une ruelle puante pour lui demander son aide? Non mais vraiment. Elle lui aurait bien donné un ou deux écus pour qu’il se rachète une mangue et lui foutent la paix mais son ego était vraiment heurté. Maintenant c’était une solide raclé qu’elle avait envie de lui donner. La seule chose qui l’arrêtait était le fait qu’elle avait toujours cette petite besace rempli de je sais quoi qu’elle devrait aller livrer au plus vite. Elle détailla tranquillement son interlocuteur, essayant de découvrir qui il était. Grand et Svelte, il était incroyablement musclé. Il valait mieux ne pas le provoquer en combat, considérant le fait qu’il avait au moins une tête de plus grand qu’elle.

« Non mais! Pour qui tu te prends? Tu crois que je t’ai amené ici pour jouer à la demoiselle en détresse? Je n’ai aucunement besoin de toi pour me débrouiller. Tu sauras que je viens probablement de te sauver de certains ennuis! Et oui! Tu es le bienvenu! »

Elle tourna les talons en secouant la tête et alla regarder discrètement à quoi ce groupes de mercenaires était en train de faire. Elle soupira lorsqu’elle remarqua qu’ils étaient toujours entre elle et l’échoppe… Avaient-ils été envoyés pour récupérer ce que le marchand lui avait donné? Ou était-ce un simple groupe de mercenaires qui ne voulaient que causer le chaos? Après tout la pleine lune emmenait son lot de débilité et d’agressivité à Thaar. Elle regarda autour d’elle et s’aperçu que la ruelle dans lesquels ils étaient un cul de sac. Non mais quelle décision de merde… Elle ne faisait généralement pas d’erreur aussi idiote. À croire que le fait d’être si prêt de ce marché libre la rendait assez nerveuse pour causer des erreurs de débutantes. Elle tendit l’oreille et put entendre quelques mots du petit groupe au loin « Elle… passer ici … quelques minutes ». Cela au moins concluait le mystère, ils l’attendaient. Elle retourna à l’abri des regards et regarda sa carte, ou du moins tenta de regarder sa carte. Il faut dire que la lune n’est pas la meilleure lumière en soi. Malheureusement, cela semblait être le trajet pour se rendre à l’échoppe. Aucune petite ruelle sombre ne la bordait.

Elle soupira et eu un air agacée, « Génial pensa-t-elle, ne reste qu’à passer devant les mercenaires en sifflotant et en cognant directement à la porte! » La mercenaire avait eu un doute lorsqu’elle avait accepté le job. Cela semblait beaucoup trop facile… Au moins, elle espérait qu’elle serait bien payée pour ce job merdique. Elle tenta de considéré les options qu’elle avait. Les attaquer de front serait franchement une idée merdique. 10 contre 1 était carrément du suicide et qui disait que Monsieur Mangue n’allait pas de joindre à eux? Après tout, il semblait assez particulièrement attaché à elle! Miriel secoua la tête… Non, la meilleure façon était de passé inaperçue. Si seulement quelqu’un pouvait les distraire assez longtemps pour qu’elle puisse se faufiler rapidement. Elle eut une idée, c’était un peu fêlé, mais elle ne perdait rien à essayer. Elle parcourut la ruelle et trouva rapidement ce qu’elle cherchait. Un long bâton de bois assez solide.

Elle retourna près de l’entrée de la ruelle, là où elle avait laissé l’homme qu’elle avait si gentiment rencontré un peu plus tôt. Elle déposa le bâton à ses pieds et son sac. Elle s’agenouilla et chercha rapidement sa longue cape noire dans son sac. Elle la trouva assez rapidement et l’accrocha à son manteau rapidement. La grande capuche pourra cacher son visage au complet. Ne restait qu’un dernier détail, pour être certaines que son plan, un peu bête marche. Elle se releva et regarda son interlocuteur dans les yeux. Comment pourrait-elle aborder la chose? Généralement les hommes étaient des créatures assez facile à manipuler. Il n’y avait que deux choses qui les motivaient vraiment. Leur passion pour les femmes ou bien la peur. Miriel se doutait bien que la première option ne marcherait pas avec interlocuteur. Il lui avait fait clairement comprendre quelques minutes auparavant. Quant à la peur… disons qu’elle ne réussirait clairement pas à lui faire peur. La sang-mêlé n’avait vraiment pas commencé la conversation d’une manière assez théâtrale pour lui faire peur et il n’était clairement pas intimidé par son apparence un peu spéciale. Il n’y avait qu’une option réellement… Elle risque le tout pour le tout et tenta une approche un peu plus directe :

« Dis qu’est-ce que tu dirais d’un job de 2 minutes bien payé?

En espérant que ce job payerait bien, quelques écus en moins ne devraient pas lui faire tant de mal et puis, il y aura toujours l'option de lui donner une râclée pour son insolence un peu plus tard si cela ne faisait plus son affaire.

Faire peur à Zaahrian! Ahahah, ce n’était pas demain la veille que ça allait arriver. Il pouvait être inquiet et même douter aussi, mais avoir peur... Non, si la peur garde en vie, elle empêche aussi d’avancer et Zaahrian ne s’abstenait pas de faire quelque chose même s’il risquait d’y laisser la peau. Comme on dit si bien, l’avenir sourit aux audacieux et jusqu’à présent, ça lui réussissait plutôt bien.

Sans bouger d’un poil, il observa la femme. Même à la faible lumière, il savait ce qu’elle était. Les demi-drow n’ont pas la vie facile. Généralement rejetés par leurs géniteurs, ils finissent esclaves dans la plupart des cas et ont une vie plutôt courte. Lorsque Zaahrian en croisait un en balade, il y avait deux options possibles : soit il est sous les ordres de son maître, soit il est en fuite. Selon le comportement de la petite dame, Zaahrian optait tout naturellement pour le deuxième choix. Ainsi, ça faisait une femme demi-drow esclave en fuite et poursuivit par des mercenaires… Bref, la recette idéale pour passer une très mauvaise soirée. Pourquoi ça n’arrivait qu’à lui ce genre d’histoire? Il tombait toujours sur les désespérés et les écervelés. Quelques fois, il trouvait une perle rare, mais elle ne faisait jamais le poids face aux emmerdes qu’il récoltait des autres.

Elle ramena un bâton et posa son butin devant Zaahrian. Elle fouilla dans son sac pour sortir une cape. Toujours silencieux, l’assassin l’observait. Apparemment, elle cherchait un moyen de contourner les mercenaires. Pourquoi ne pas grimper sur les toits? En même temps, si pour Zaahrian ce n’était pas tellement difficile, pour une femme qui n’a pas été entraînée, ça peut être plus périlleux. Zaahrian se gratta le menton, l’air pensif. « Si ça implique de passer devant ces mecs, je préfère encore passer sur les toits, quoique… tu es prête à me donner combien? » Oui bon, quand il y a possibilité de faire un peu d’argent, Zaahrian se montrait tout de suite nettement plus intéressé. En plus, il n’avait pas eu de problèmes aujourd’hui. Un jour sans se faire poursuivre par quelqu’un, c’était un jour ennuyeux pour le semi-elfe. « Peu importe le prix, j’en veux la moitié maintenant. »

Miriel se releva et observa le demi-elfe qui se gratouillait le menton. Elle recula de quelques pas pour observer la situation. Les murs étaient très hauts. Elle ne réussirait clairement pas à l’atteindre toute seule. Peut-être que cela n’était pas une si mauvaise idée après tout. Vint ensuite la question du paiement. Cela fit légèrement grincer les dents à Miriel. Elle détestait dépenser l’argent qu’elle avait économisé durant toutes ses années. Mais avait-elle vraiment le choix en ce moment? Elle se détestait pour s’être mise dans une position aussi idiote. Il fallait vraiment qu’elle fasse plus attention la prochaine fois. De plus, elle devait admettre qu’elle ne faisait aucunement confiance au demi-elfe, oui l’appât du gain avait son attrait mais elle ne savait pas encore à qui elle avait affaire.

Après sa proposition elle se doutait bien qu’il n’était pas un enfant de cœur. Mercenaire? Assassin? Mieux valait l’avoir à l’œil pour un certain temps. Il pourrait facilement alerter la garde officiel de Thaar, il savait qu’elle faisait des affaires pas nettes et elle avait le pressentiment qu’il savait qu’es qu’elle était vraiment. Il y avait quelques choses dans son regard qui la dérangeait. Il en savait trop et ce n’était pas bon signe. Surtout pour une esclave en fuite.

Elle recula pour s’accoter sur le mur d’à côté et mis sa main dans sa besace attaché à sa ceinture. Elle compta discrètement vingt-cinq écus, elle étudia l’homme en face d’elle, attendant le moindre changement de réaction. Une fois qu’elle eut terminée, elle s’avança rapidement vers le semi-elfe. Miriel lui prit le poignet et ouvrit sa main et déposa les pièces en tâchant de ne pas faire trop de bruit.

« Voilà quelques écus, tu auras la différence quand je serais payé et c’est non négociable. Je t’avertis, tu essaie de te barrer avec mon argent et je te casse personnellement les deux jambes. »

Elle ne le lâcha pas tout de suite, mais au contraire serra sa main sur son poignet et le regarda directement dans les yeux.

« Et tu ne parles de ça à personne comprit? Ce n’est pas négociable »

Elle recula de quelques pas en lâchant le poignet de ce dernier et regarda en l’air.

« Alors comment comptes-tu me faire monter là-haut? »

Zaahrian baissa les yeux sur les pièces au creux de sa main. C’était peu, mais suffisant pour que l’assassin se sente généreux. « On dit pas mal de choses sur moi... » Commença-t-il soudainement très sérieux. « Et la fiabilité en fait partie. Suis-moi! » Zaahrian s’enfonça dans la ruelle jusqu’à en atteindre le fond où s’élevait un mur d’environ 5 mètres de hauteur. L’assassin n’aura aucun mal pour le grimper, mais il ne pouvait pas en dire autant de sa toute nouvelle cliente. « Ta meilleure chance c’est en passant par les toits. Je vais t’aider à faire la courte échelle. T’inquiète pas, ça semble pire que ce l’est en réalité. Je fais presque 2 mètres et tu ne me sembles pas bien lourde, je devrais être capable de te donner un élan pour que tu attrapes le bord et te hisses. Bon, c’est le genre de truc où il ne faut pas hésiter. » Il y avait une cassure nette entre son attitude désinvolte de départ et le sérieux dont il faisait preuve maintenant. C’était là Zaahrian. Dès qu’il était sous contrat, il le menait à bien jusqu’au bout avec sérieux et discipline, tel deux faces d’une même pièce de monnaie. Il joignit ses mains ensemble pour que la jeune femme puisse s’en servir pour grimper ce mur à la surface lisse. Ce n’était pas l’escalade la plus facile. Elle ne pourra que compter sur la force brute de ses bras pour atteindre le toit. Si elle tombait, le bruit risquait d’ameuter les mercenaires qui ne se trouvaient qu’à quelques mètres de là, mais si elle réussissait, alors là, elle pourrait leur passer sous le nez sans qu’ils s’en aperçoivent.

Miriel remarqua le curieux changement attitude du semi-elfe. Ce dernier était devenu une toute autre personne lorsqu’il eut les pièces de monnaie dans les mains. Il lui demanda de le suivre et s’enfonça dans la ruelle pour atteindre le fond. Elle suivi ce dernier, toujours un peu méfiante. Pouvait-elle vraiment lui faire confiance? Il y a deux minutes il semblait vouloir lui arracher la tête et maintenant il l’aidait. Il s’arrêta devant le mur du fond, qui lui semblait faire au moins deux ou trois fois la hauteur de l’hybride. Qui plus est le mur était lisse, elle n’avait aucune prise. Miriel arqua son sourcil, le doute envahissait son esprit. Mais il se foutait d’elle? Lorsqu’il lui expliqua son plan et se mit en position elle se dit qu’elle n’avait rien à perdre. Elle retira sa cape et la remit dans son sac. Elle se releva et analysa rapidement la surface qu’elle devrait escalader. C’était une tâche qui n’allait pas être facile…

Elle attendit que l’homme lui fasse signe qu’il était prêt et elle mit son pied entre les mains de l’elfe et mit ses mains sur ses épaules, question de se donner un élan de plus. Cette position lui parut franchement ridicule, et elle n’était pas vraiment fan d’avoir son visage collée à un étranger. La proximité avec ce dernier la mettait mal à l’aise. Elle tenta de le cacher du mieux qu’elle le pouvait. Mais bon, il faut faire ce qu’il à faire. Elle lui fit un rapide signe de tête et se sentit projeté. Elle attrapa rapidement le bord du toit. Elle sentit les muscles de ses bras se crispée. Elle devait y arriver, elle ne pouvait pas perdre la face devant cet étranger. Elle se souleva et réussit à mettre son genou sur le rebord du toit. À partir de ce moment, c’était vraiment comme un jeu d’enfant. Elle fut rapidement debout sur le toit. Elle regarda aux alentours pour être certaines que personne ne les avaient entendus. La demi-drow entendait seulement les éclats de rire des mercenaires au loin. Apparemment ce plan avait marché, ou du moins jusqu’à présent.

Lorsque l’elfe fut sur le toit, elle lui fit un sourire discret. Presque un remerciement. Il ne fallait pas qu’il s’attende à trop. Après tout elle l’avait payé pour ses services. Elle avança lentement en regardant autour d’elle. La lueur de la lune éclairait légèrement le passage. Elle avança lentement, tentant tant bien que de mal de ne pas faire trop de bruit pour attirer l’attention. Jusqu’à ce qu’ils arrivent à une autre ruelle. Miriel regarda autour, définitivement, ils n’auraient pas le choix de sauter. Ce n’était pas un grand saut, son aide pourrait probablement l’enjambée. Elle regarda l’autre toit fait en tuile de terre cuite en ayant un air agacé. Ces tuiles n’étaient vraiment pas faites solidement et ferait un vacarme énorme s’il tomberaient.

Elle pouvait voir les mercenaires se chamailler au bout de la ruelle. Décidément, ils avaient le quotient intellectuel d’une banane ou était tout simplement trop bourrés. Elle hocha la tête, mais quelle perte de temps. Elle aurait pu finir ce job en deux temps trois mouvements s’ils étaient un peu plus bourrés. Elle se retourna vers le demi-elfe en pointant le toit puis la bande d’ignare plus bas. Ce dernier ne semblait aucunement intimidé, il avait toujours cet air sérieux. Elle attrapa une brique qui trainaient sur le toit plat ou ils se trouvaient et fut rapidement demi-tour dans la ruelle où ils étaient quelques minutes plus tôt. Elle laissa tomber la brique au coin de la ruelle qui tomba en faisant un vacarme étonnant. Les mercenaires arrêtèrent de parler rapidement et commencèrent à courir vers la provenance du bruit. Miriel ne se fit pas attendre et se mit à courir et sauta sur le deuxième toit. Elle espérait vivement que son compagnon comprendrait la ruse et la suivrait rapidement. La sang-mêlé courut le plus vite possible vers son but. Elle arriva finalement près de l’échoppe où elle devait livrer la marchandise. Par chance, ce dernier avait un petit balcon au deuxième étage et elle sauta rapidement dessus. Elle ne prit même pas la peine de frapper et entra à l’intérieur du bâtiment. Surprenant rapidement le marchand. Ce dernier en tunique de nuit avait vraiment l’air désemparé.

« J’ai vu les mercenaires dehors et j’étais sûr que tu t’étais enfuie avec la marchandise. »

Miriel haussa des épaules et lança rapidement la besace. Le marchant souria et attrapa quelques pièces et les donna à Miriel… Elle eut un léger air offusqué lorsqu’elle se rendit compte qu’il ne lui avait que donner 15 pièces… Définitivement c’était un job de merde, et bien, au moins c’était fait. Elle pouvait retourner dans son auberge et oublier cette soirée de merde.

« Il y a une porte derrière? »

Le marchand hocha la tête et les conduisit dans son échoppe. Miriel regarda calmement par la fenêtre et ne vit rien, aucune ombre, aucune lumière et surtout aucun son. Elle mit son doigt à ses lèvres et le marchand comprit qu’il ne devait faire aucun bruit. Il ouvrit discrètement la porte et Miriel s’enfonça dans la pénombre. Elle n’avait fait que deux pas qu’elle fut accueillis par une épée au niveau de son visage et un claquement de porte derrière elle.

Les dix mercenaires qu’elle avait tenté d’éviter ce trouvait maintenant devant elle. Un grand costaud devant elle. Ce dernier devait faire au moins 2 têtes de plus qu’elle. Elle reconnut le matelot pas bavard du navire, et bien ce dernier avait des talents d’acteur! Mercenaire et matelot? L’hybride ne rencontrait pas de tel spécimen tous les jours. Elle pencha la tête sur le côté en souriant, l’air un peu amusé et déplaça lentement la main sur le pommeau de son épée.

« Tu croyais vraiment nous échapper? Et c’est qui lui? » Demanda le mercenaire

Zaahrian est un professionnel, dès qu’il y a de l’argent en jeu, il fait ce qu’on lui demande. Parfois, il pouvait prendre quelques libertés artistiques, après tout il faut savoir s’adapter à la situation lorsqu’elle change, mais en règle générale, il est fiable. Miriel devait donc lui faire confiance. Pas facile dans son cas, c’est certain, mais Zaahrian était sa meilleure et unique chance de s’en sortir. Contrairement à elle, il ne s’émut pas d’avoir son visage à quelques centimètres du sien et dès qu’elle fut prête, il la souleva sans peine. Par chance, elle parvint à s’accrocher au bord et à se hisser sur le toit. Zaahrian la suivit peu après avec l’agilité de celui qui a fait ça toute sa vie. Il ne grogna même pas d’effort. La femme lui adressa un sourire, si l’on peut appeler ça ainsi. Les drows n’ont pas le sourire facile et lorsqu’ils le font, c’est généralement pour montrer les dents et mordre peu après. Il prit cela comme un remerciement, mais la partie n’était toujours pas gagnée.

Passer par les toits avait ses avantages et ses inconvénients et à la lueur de la lune, les derniers primaient largement sur les premiers. De base, il faut un bon équilibre et un pied assuré, mais même ces qualités n’ont aucune utilité si tu ne vois pas très bien où tu t’en vas. Dans ces situations, Zaahrian préférait prendre son temps. Leur premier obstacle fut une autre ruelle heureusement assez étroite pour être enjambé, mais après, un toit en tuile rendit toute progression impossible. Putain, pourquoi ne pas avoir un toit plat comme tous les autres ? Plus bas, les mercenaires ne se doutaient absolument pas de la présence du demi-drow et de Zaahrian juste au-dessus de leurs têtes. C’est alors qu’elle prit une brique. Non ! Elle n’allait quand même pas leur jeter sur la tête ! Zaz n’était pas assez bourré pour trouver que c’est une bonne idée. Finalement, la brique n’était pas destinée à fendre le crâne de l’un des mercenaires, mais plutôt pour faire diversion. Quand bien même, il lui fit signe de ne pas le faire, mais trop tard. La brique tomba au sol dans un bruit beaucoup trop fort pour que ce soit un simple accident. Zaahrian leva les yeux au ciel, maudissant silencieusement la demi-drow avant de s’élancer derrière elle. La fille savait où elle allait. Le blond ne fit que la suivre à travers les rues de la ville jusqu’à une échoppe de marchand. Ce dernier les attendait à l’intérieur. Zaahrian resta en retrait le temps de jeter un coup d’œil à l’extérieur, mais rien à signalé. Sans connaître les détails, cette fille devait lui apporter quelque et voilà qui était chose faite. Avec un peu de chance, Rian pourra rentrer à son auberge, manger un bon repas et passer le reste de la soirée à raconter des histoires. Il s’imaginait déjà une chope de bière à la main lorsque ses rêveries furent interrompues par l’arrivée des mercenaires. Surprise ! Zaahrian croisa les bras sur sa poitrine sans cacher son mécontentement envers la demi-drow. « Oh moi ? Personne ! » Il adressa un sourire aux mercenaires. Dans un combat singulier, Zaahrian ne doutait aucunement de ses chances. Avec trois ou quatre adversaires, c’était déjà plus chaud. Contre dix, l’assassin était peut-être doué, il n’avait que deux bras et deux jambes. Il se passa une main dans les cheveux, avec un peu de chance, l’un d’eux allait le reconnaître. Zaahrian avait quand même une sacrée réputation en ville. Soit ils auraient peur de lui, soit ils tenteraient de le tuer.

Miriel arrêta rapidement de sourire lorsqu’elle aperçut les airs terrifiés des mercenaires. Elle jeta un regard discret vers son aide et retourna le regard vers les autres hommes autour d’elle La demi-drow le savait que ce n’était pas un simple citoyen à qui elle avait affaire. Mais ne se mêlant jamais des affaires des autres, elle refusait de porter attention aux commérages de Thaar. Elle entendit un des mercenaires murmurer « C’est Zaahrian! Oui.. oui l’assassin!! » Un mélange de crainte et d’admiration pouvait se lire dans son regard. Son confrère lui répondit rapidement « Avoir su qu'ils travaillent ensemble, je ne serais jamais venu. » Au moins elle venait de résoudre le mystère, ce dernier était un assassin… Disons qu’elle avait mal choisi la personne à engueuler et à détruire sa mangue… Elle tenta tant bien que mal de fouiller sa mémoire. Non définitivement ce nom ne lui disait rien. Mais elle ne pouvait dire la même chose des mercenaires.

Certains tremblaient carrément… Miriel secoua la tête, mais quelle bande de lâche! Le chef de la bande semblait de plus en plus nerveux. Il bougeait sans cesse son épée de Miriel à Zaahrian, ne sachant pas trop qui il devait surveiller le plus ou qui allait faire le premier mouvement. La sang mêlée recula discrètement pour se mettre à côté de Zaahrian et le regarde d’un air intéressé. Au bout de quelques secondes, elle lui murmura;

« Assassin? Si ta réputation te précède je ne vois pas pourquoi tu as décidé de me suivre et rappelle moi de te racheter une mangue si je sors de ce merdier vivante. »

Le mercenaire qu’elle avait rencontré il a quelques heures lui fit signe d’approcher. Ce qu’elle fit, elle était vraiment agacée de la tournure des événements. Elle se trouva debout, une épée carrément pointé sur elle. Au bout d’une minute qui lui semblèrent une éternité, certains mercenaires rangèrent leur épée dans leurs fourreaux et tournèrent les talons. Miriel ne put cacher sa surprise et apparemment elle n’était pas la seule. Le chef de la bande se tourna en hurlant à ses confrères de revenir. La demi-drow ne perdit pas une seule seconde et se donna un élan rapidement et décrocha un solide crochet sur le nez du mercenaire. Elle attendit un solide « crac ». Soit elle venait de se bousiller la main droite, soit le nez de son adversaire était solidement cassé. Ce dernier sous le coup de la surprise s’étendit bruyamment sur le sol, lâchant rapidement son épée et se tenant le nez. Il semblait complétement sonné. Miriel prit rapidement son épée et recula de quelques pas. Elle regarda rapidement sa main ensanglantée et comprit rapidement qu’elle n’avait que quelques égratignures. Elle la secoua rapidement et déchira un bout le long de sa chemise pour bander sa main. On ne pouvait pas en dire autant de son adversaire, ce dernier complétement sonné était toujours sur le sol.

Elle eut un sourire mesquin et banda rapidement sa main droite. Elle fit tournoyer rapidement l’épée du mercenaire de sa main gauche en souriant. Décidément s’était une belle arme. Beaucoup plus légère que celle qu’elle avait et avait de magnifiques gravures sur le pommeau. Peut-être qu’au moins cette quête allait lui rapporter quelque chose au moins. Au bout de minutes, le mercenaire se releva difficilement en pinçant son nez avec ses doigts. Il était furieux, si son regard avait pu tuer, la demi-drow serait morte sur place. Cette dernière souria, au moins si ce dernier décidait de la tuer aujourd’hui au moins elle lui aurait laissé un souvenir amer.

« J’en ai pas fini avec toi! J’te souhaite de pas me revoir sur mon chemin. »

Miriel lui fit un signe d’au revoir de la main en souriant avant que ce dernier aidé de deux de ses pairs, se sauvèrent d’un pas rapide. La demi-drow regardait les deux autres mercenaires qui restaient devant elle et l’assassin. À Deux contre deux, la bataille serait vraiment rapide. Surtout si l’assassin était aussi bon qu’on le racontait. Elle se tourna vers ce dernier avec un regard méfiant. Allait-il être contre elle ou avec elle? Après tout, elle ne l’avait pas bien payé… Elle ne prit pas de chance et recula de quelques pas, faisant face aux deux mercenaires et à l'assassin, prête à toute éventualité.

Un large sourire illumina le visage de Zaahrian tel un rayon de soleil perçant un ciel nuageux. Ces hommes le reconnaissaient et voir la terreur s’épanouir sur leur visage ne pouvait que flatter un peu plus l’égo démesuré de l’assassin. Qu’est-ce qu’il aimait ça lorsque sa réputation le précédait ! Nul besoin d’ouvrir la bouche ou de lever le petit doigt pour que ses adversaires prennent la fuite sans demander leur reste. Naturellement, il y en avait toujours un ou deux qui se croyaient plus malins que lui, convaincus qu’ils pourraient venir à bout du blond et ainsi augmenter leur propre prestige, mais la seule chose qu’ils parvenaient à faire, c’était d’entretenir la légende entourant Zaahrian. Il n’allait certainement pas s’en plaindre. « Mouais… Paie-moi un repas et on sera quitte, pour l’instant. » Précisa-t-il en lui jetant un regard de biais.

En l’espace d’un instant, pratiquement tous les mercenaires avaient détalé. Il n’en restait qu’un gros pour la fille et deux pour lui. Bon bha, tant pis, lui qui espérait admirer le combat les bras croisé, il devra fournir un petit effort avant d’aller manger. Il eut tout juste le temps de voir la demi-drow mettre son poing à la figure de l’autre avant de prendre sa propre épée et la faire tournoyer dans sa main. « Vous savez, j’ai vraiment faim et pas tellement envie de me battre… » Il grimaça en voyant que sa remarque n’avait aucun effet sur les deux gros bras qui espéraient se mettre un semi-elfe sous la dent. «Vous faites chier...» Il sera donc fidèle à sa réputation et le combat sera bref et sale.

Zaahrian n’était pas le meilleur sans raison. Malgré sa taille, il était étonnamment agile et rapide. Il préférait la précision à la force brute et frappait seulement au moment où ça comptait. Face à lui, ses adversaires paraissaient lents et maladroits. Ils comptaient uniquement sur leur force pour gagner le combat. Ça ne faisait pas d’eux de mauvais combattants, à condition d’avoir l’endurance nécessaire. Contre ce type d’adversaire, Zaahrian avait tout intérêt à ce que ce soit rapidement conclu, car il n’était pas endurant et il le savait. On ne l’avait pas entraîné pour de longs combats à l’épée, mais pour tuer le plus efficacement possible. Les deux mercenaires plongèrent comme un seul homme sur lui, forçant Zaahrian à esquiver. Le mur n’était pas très loin derrière lui. Il devait absolument éviter de se retrouver coincé. Avec cela en tête, il plongea à son tour. Il visa l’un d’eux à la cuisse et réussit à lui entailler profondément la chair. Il fléchit du genou à cause de la douleur. Zaahrian n’hésita pas et plongea son épée dans son flan au même moment où le deuxième homme tentait de venir en aide à son copain. L’assassin était plus rapide. D’un seul mouvement, son épée fendit l’air et atteignit l’autre à l’abdomen. « Beurk. » En effet, le coup l’avait éviscéré et le mercenaire, hurlant de douleur, tentait de garder ses boyaux en place sans succès. Zaahrian ne lui laissa pas le temps de souffrir, son éthique de travail le lui interdisait. Tuer proprement un homme et ne pas le faire souffrir inutilement, c’étaient là le minimum qu’il pouvait faire. Ça ne l’empêcha pas de leur faire les poches et de prendre tout objet de valeur qu’ils avaient sur eux une fois mort. « Tss, tu as laissé partir celui qui a le plus d’argent… Bon, finalement je n’ai plus faim. Je déteste les éviscérations, en plus ça pue la mort… » Il soupira. « Ne restons pas là… J’vais pas prendre la bouffe, mais j’dis pas non à la bière. » Zaahrian lui fit signe de le suivre. Cette fois, il menait la course.

Il amena la femme jusqu’à une sympathique auberge. « Dis, j’ai du sang sur moi ? Toi, t’en a un peu. Tu as pété le nez de l’autre. Ça gicle toujours un peu quand l’os brise. »

Miriel ne put s’empêcher de cacher son admiration lorsque Zaahrian commença son combat. Malgré sa grandeur et sa musculature, ce dernier avait un pas incroyablement léger et un sang froids hors du commun. Elle admira et nota mentalement toute les actions de son compatriotes jusqu’à ce qu’il éventre un des mercenaires. Elle ne put s’êmpecher d’avoir un haut le cœur lorsqu’elle vit le mercenaire, l’air complétement terrorisé, essayer de contenir ses entrailles. Par chance, Zaahrian le finissa rapidement et fouilla rapidement ses poches… Ce personnage l’intriguait comme il lui faisait peur. Elle le laissa faire ce qu’il avait affaire et lui répondit séchement;

« Je doute sincèrement que ce dernier aient plus d’écus que les autres ! »

Lorsque le demi-elfe lui mentionna qu’il n’avait plus faim, elle le crut sur le champ. Il faut dire que son estomac était drôlement retourné avec le petit spectacle qu’elle avait assisté voilà quelques minutes. Par contre, à la pensée d’avoir une pinte de bière bien mérité après une aventure légérement désastreuse ne se refusait point. Elle suis Zaahrian vers une auberge. Le commerce était très acceuillant, un grand feu dansait dans la cheminée et les gens semblaient tous de bonne humeur. Miriel commanda deux pintes de bière et alla s’assire à une table un peu éloignée des autres. Elle avait l’impression que la conversation qu’elle allait avoir avec ce dernier nécessitait un peu d’intimité. `

« Non, aucune trâce de sang curieusement! Je ne pourrais dire la même chose de ma main »

Elle releva le bout de tissus qu’elle avait entouré sa main, pour montrer la légere lacérations qu’elle s’était fait. Elle ne pouvait pas vraiment se plaindre… Disons que la douleur qu’elle ressentait en ce moment n’était rien quant à l’extase d’avoir brisée le nez à ce salopard de mercenaire.L'adrénaline, faisant toujours effet, semblait atténuer la douleur de la mercenaire. Par contre, elle se doutait bien qu'elle aurait la main enflée pendant quelques temps. Elle soutena le regard du mercenaire en ayant un air satisfait; « Mais au moins il lui restera un souvenir de moi.. » Elle remit rapidement le bout de tissus autour de sa main et prit une gorgée de sa pinte de bière. Au bout de quelques secondes, elle déposa sa pinte sur la table et laissa tomber sa garde

« Au fait, je ne crois pas que je me suis présenté; mon nom est Miriel Navarete et je crois que c’est inutile de décrire ce que je fais ici.»

Elle savait qu’il se doutait bien de son secret, mais cela ne l’empêcherait pas de rien dire tout haut. On ne savait jamais vraiment qui était autour de soi surtout à Thaar. Elle se laissa tomber dur le dossier de la banquette en regardant le plafond, la mercenaire ne pouvait croire qu’elle s’en était sortie et elle devait l’admettre s’était grâce à Zaahrian… Si elle ne l’avait pas croisé, la demi-drow serait probablement morte ou en train de passer un mauvais quart d’heure. Elle retourna son regard vers l’assassin et eut un air gêné.

« Je crois que je devrais te remercier. Je ne crois pas que j’aurais survécu sans toi. »

« Ce type était clairement le chef de cette petite bande. Je mettrais ma main à couper qu’il prend une part un peu plus importante lorsqu’ils sont sous contrat. En tout cas, c’est ce que je ferais! » Quel soulagement d’être enfin dans l’auberge. Il logeait juste en haut. La bouffe était bonne et l’ambiance agréable, mais comme chaque fois qu’il s’installait pour manger, il choisissait la table la plus en retrait, surtout s’il était en compagnie de quelqu’un et que la conversation risquait de tourner autour de ses occupations professionnelles. « Oh ça oui, il ne risque pas de t’oublier! » On leur apporta enfin la bière et Zaahrian n’attendit pas pour boire une longue gorgée. Il en profita ensuite pour observer la femme assise en face de lui. Elle était plutôt jolie. Rien d’affriolant pour Zaahrian, mais il lui reconnaissait un certain charme, enfin pour autant qu’une femme ayant du sang de drow puisse être charmante.

« Non, en effet, c’est presque écrit sur ton front. Méfie toi, il y a des chasseurs de tête en ville qui cherchent des personnes comme toi pour les revendre à bon prix. Honnêtement, tu as de la chance de t’être rendu à l’âge adulte. Ne prend pas ça personnel, je pourrais dire la même chose pour moi, mais pour des raisons différentes. » Les elfes ne voyaient pas toujours d’un bon œil les bâtards comme Zaahrian, mais les drows… Ils en faisaient des esclaves s’ils ne finissaient pas en sacrifice à l’une de leurs divinités tordues. « Hum, tu te débrouillais pas trop mal… Jusqu’à ce que tu lances cette maudite brique pour faire diversion. Conseil d’ami, ne fais plus jamais ça. Si tu avais crié “coucou c’est moi”, l’effet aurait été le même. La prochaine fois que tu prends une brique, lance-là à la tête de quelqu’un. Ça, c’est une vraie diversion. » Il but une autre gorgée, l’appétit commençait à lui revenir même si le souvenir du type éventré restait vif à sa mémoire. « Autre conseil… Je sais que j’ai l’air du type qui ne se mêle pas de ses affaires, mais si tu veux rester en vie, écoute-moi. Bref, ce mercenaire, tu aurais mieux faire de le finir. Quand tu affrontes un adversaire, que tu le veuilles ou non tu en apprends sur sa façon de combattre et c’est la même chose pour lui. Ah tien, elle protège mal son flanc gauche, elle se fatigue facilement… Bref, si jamais il te remet la main dessus, tu risques d’avoir beaucoup plus de mal à t’en débarrasser. C’est pour cette raison que si quelqu’un décide qu’il veut ma tête, je m’arrange pour avoir la sienne avant, d’où ma réputation. » Il se frotta le ventre. « Finalement, j’ai faim. » Il leva le bras. « Hey! Je vais prendre ton plat du jour! » Zaahrian adressa son plus charmant sourire à la tavernière qui lui répondit de la même façon. « Elle m’adore… Surtout depuis que son ivrogne d’époux à eu un malheureux accident... » Il regarda Miriel, toujours souriant, comme s’il était l’innocence personnifiée.

Miriel regarda Zaahrian en tentant de l’analyser. Ce dernier venait d’avouer tout bonnement qu’il avait assassiné le mari de l’aubergiste, et pourtant, un grand sourire ornait ses lèvres. Miriel le regarda d’un air suspicieux. « Tu connais ces mercenaires? Ou faisait tu vraiment que passer par là, par pur hasard?» Elle se laissa tomber sur le dossier de son siège et soupire « Pour être totalement honnête, je n’ai aucune idée de ce que voulait ce mercenaire. Le contrat était de livrer de la marchandise inconnue du port au marchand que l’on a croisé tout à l’heure. » Elle prit une longue gorgée de sa bière et regarda tristement le fond « Le chef, comme tu dis, était sur le navire du premier. Peut-être voulait-il seulement la marchandise? À ce que je sache, je n’ai aucun contrat sur la tête. Outre peut-être celui que mon maître a mis sur ma tête.» Elle détourna le regard et regarda tristement sa chope de bière en ayant une pensée pour Royna. Ah! Mais que dirais sa protectrice si elle la verrait aujourd’hui? Serait-elle fière? Étais-ce vraiment la vie qu’elle aurait voulu sa protégée ait? Seule et en cavale? Un jour elle devrait vraiment aller la libéré. Elle se ressaisit rapidement et retourna son regard vers le demi-elfe.

« Merci pour les conseils, je dois quitter Thaar pour quelques ennéades. J’espère que mon absence de la ville calmera les choses. » Elle se tue lorsque l’aubergiste apporta deux plats du jour qu’elle déposa rapidement sur la tête avec un grand sourire au lèvres.

« Allez! Cadeau de la maison pour le magnifique Zaahrian et sa belle petite copine !»

Miriel s’étouffa alors qu’elle prenait une gorgée de sa bière. Et bien, l’aubergiste aimait bien Zaahrian, mais elle poussait sa chance un peu trop loin… Elle lâcha un faible merci en souriant et regarda l’assassin d’un air interessé. « Ah bah oui, pour t’aimer elle t’aime! Je crois même qu’elle t’as adopter » Elle prit une bouchée de la poularde que l’aubergiste lui avait apporter, mais ne put avaler rien d’autre. Elle avait encore le souvenir de la terreur qu’ornait le visage du mercenaire que son complice avait exécuter un peu plus tôt.

« Et toi, c’est quoi ton histoire? »

« J’en ai pas la moindre idée. Je passais là purement par hasard après avoir aidé une petite dame à transporter des caisses de mangue. Elle m’en avait d’ailleurs offert une pour me remercier quelques minutes avant que tu ne la ruines. J’en ai mangé une boucher, mais elle était excellente… » Dès le lendemain, il comptait bien repasser par le kiosque pour en avoir une autre. « Visiblement, quelqu’un ne voulait pas que la marchandise se rende à destination. Quand j’ai des gens au cul, je ne perds de temps à essayer de comprendre le pourquoi. J’identifie la source et je l’élimine… si je peux. Normalement, les mercenaires ne vont pas me courir au cul comme ça à moins que ça devienne personnel. Il y a des chances que le mec à qui tu as pété le nez décide de se venger. Quand tu peux te débarrasser de quelqu’un, fais-le, car lui, il ne va pas hésiter. » Zaahrian en savait quelque chose. En tant qu’assassin, il était souvent amené à éliminer des personnes que d’autres veulent voir disparaître pour une raison ou une autre. Certains sont vraiment prêts à tout. Autant dire qu’il avait accumulé une profonde connaissance de la nature humaine. « Peut-être… Ça a fonctionné pour moi, mais j’ai été absent bien plus que quelques ennéades… »

La tavernière arriva avec deux assiettes bien généreuses. Zaahrian continua à lui faire du charme question d’entretenir la magie et de garder sa chambre gratuite pendant quelque temps encore. « Cette femme était désespérée, je lui ai rendu un fier service. Maintenant elle gère seule une auberge prospère, peut mener sa vie comme elle l’entend et il y a un déchet de moins dans cette société. » Il commença à manger. Comme d’habitude, la nourriture était délicieuse. Zaahrian voyait bien que la demi-drow était encore affectée par la mort du mercenaire. Il trouvait cela presque mignon. À son avis, tout ce qui a un peu de sang drow dans les veines a tendance à se délecter de la souffrance des autres. « Ne pense plus au combat. Le mec est mort, fin de l’histoire. Ce ne fut pas une mort propre, mais il arrive parfois qu’on en échappe une. Puis s’il voulait faire de vieux os, il n’avait qu’à ne pas devenir mercenaire. » Il prit un morceau de pain et le trempa dans la sauce. « Mon histoire? Ça n’arrive pas tous les jours qu’on me demande de la raconter. Bon sang, par où commencer? Hum, mon père est un elfe et ma mère une humaine. J’ai le vague souvenir d’avoir passé les premières années de ma vie dans une caravane de marchands errants avec ma mère. Éventuellement, elle s’est mariée avec un semi-elfe du nom de Daeron qui s’est révélé être le pire connard de l’histoire. Il avait de l’ambition. Il voulait sa propre guilde d’assassins et ça lui semblait être une excellente idée de commencer la formation dès l’enfance. Le reste, tu peux l’imaginer. Éventuellement, je me suis occupé de lui aussi... » Pas besoin de plus de précision, Miriel comprenait certainement ce qu’il sous-entendait. Il mangea en silence pendant un moment, comme si la seule évocation du souvenir de Daeron assombrissait son humeur. « Et toi, quels sont tes plans? Pas besoin de rentrer dans les détails, juste… Dit ce que tu as envie de dire. »

La mercenaire écouta l’assassin raconté son histoire. Elle tenta de le jauger, et oui en effet elle pouvait voir les héritages des elfes, les oreilles légèrement pointues, le fait qu’il était assez grand et svelte. Elle écouta avec attention ce que l’assassin lui racontait. Son histoire était quand même assez triste. Un beau-père assez salaud qu’il avait eu. Aucun enfant ne méritait un tel traitement, mais bon ce monde n’était pas reconnu pour être juste. Sinon elle n’aurait probablement pas été esclave. Miriel remarqua que l’humeur de Zaahrian semblait s’être assombrit lorsqu’il comptait son histoire. Signe que l’assassin en gardait un souvenir particulièrement amer. Elle soupira en disant « Désolé, mon idée était loin de te rappeler de mauvais souvenir! » Elle prit quelques écus qu’elle déposa rapidement en face de lui « Et ça c’est pour ta mangue. Disons que mon but était loin de te traîner dans mon merdier, comme tu l’as dit toi-même les mercenaires ne sont pas vraiment reconnus pour vivre longtemps! » Elle prit une gorgé de sa cervoise, avant de regarder la porte de l’auberge s’ouvrir pour laisser entrer d’autres clients. Cet établissement lui rappelait celui où elle louait une chambre. Moins, la chambre gratuite et la propriétaire un peu trop attachée.

« Quant à mes plans, mon but ultime est de partir le plus loin possible de cette ville. J’ai aussi une autre idée mais c’est carrément suicidaire. » Elle leva les yeux vers l’assassin et murmura « Je veux retourner au Puy pour libérer ma protectrice, avec un peu de chance elle est toujours en vie. » Elle se laissa tomber sur le dossier de sa chaise « Je sais c’est une idée stupide, mais je ne veux pas la laisser dans ce merdier. Je dois l’aider… Bon sang, j’espère qu’elle est toujours en vie… » Elle passa sa main dans ses cheveux en secouant la tête. Elle savait pertinemment qu’elle n’aurait aucune chance de revenir vivante si elle retournait au Puy. Ou du moins elle aurait besoin d’une chance inouïe! Pour le moment, elle ne se contentait de faire quelques petits contrats à gauche à droite dans l’espoir d’économiser assez d’argent pour libérer la naine. « Sinon le prochain voyage qui m’attend est dans l’Anaëh. Un de mes amis a besoin d’aide pour aller chercher des plantes médicinales ou je sais pas quoi à Thetien… Toi qui es à demi-elfe, as-tu des conseils à me donner pour éviter les problèmes? » Elle prit sa pinte avant de continuer « En oubliant le fameux, n’y vas pas! Bien entendu » dit elle en lui faisant un sourire.

Après avoir pris, une autre lampée de cervoise, elle déposa la pinte un peu plus loin, mieux valait ne pas trop boire. Ou du moins pas en étant assis en face d’un assassin et avoir des mercenaires qui souhaitait avoir sa peau. « Sinon je n’ai pas d’autres plan. L’aubergiste où je loge me confie des quêtes. Il semble tout connaître! Malheureusement je n’ai pas ta chance d’avoir une chambre gratuite! » dit-elle en lui faisant un clin d'oeil. Elle tenta de prendre une autre bouchée du plat, qu’elle mastiqua tranquillement. Ce plat était franchement délicieux, elle se fit la promesse mentale de revenir lorsque l’appétit lui reviendra.

Zaahrian balaya ses inquiétudes d’un signe de la main. « T’inquiète pas, je n’ai pas besoin de toi pour me rappeler de lui. » Dès qu’il prenait sa dague pour tuer quelqu’un, il revoyait le visage de Daeron qui lui expliquait quoi faire alors qu’il n’était qu’un enfant encore. Ce n’est pas le genre de chose qui s’oublie facilement. « Pour avoir beaucoup voyagé, il n’y a aucun endroit comme Thaar. De toute façon, tes options sont limitées. Tu ne peux pas aller en Péninsule, car je te promets que les gens vont t’abattre à vue. Ils ne poseront même pas de questions. Tu représentes ce qu’ils ont le plus en horreur. Ils ont une grande méfiance envers les non-humains et comme ils ont subi pas mal d’assauts de la part des drows… Mieux vaut oublier le projet. Au Puy… » Il grimaça. « Ce n’est pas tellement mieux que la Péninsule, mais pour d’autres raisons, pareil pour les elfes… Donc il te reste l’Ithri’Vaan et Thaar, la ville des coupe-gorges et des dégénérés. » Zaahrian ponctua sa phrase d’un sourire avant de prendre une bouchée de son assiette. Depuis le comptoir, la tavernière le surveillait afin qu’il mange bien son assiette.

« Stupide? Non… Je fais une distinction très marquée entre une mauvaise idée et une idée stupide. Je considère une idée stupide lorsqu’il n’y a absolument aucune chance de succès. Au contraire, une mauvaise idée a une chance de réussite, mais faible. Une bonne idée va régler ton problème, mais n’ira pas plus loin. Avec une mauvaise idée, tu peux royalement te tromper comme tu peux gagner gros et même aller plus loin que si tu avais joué de prudence. Tout dépend du risque que tu es prête à prendre. Honnêtement, retourner au Puy c’est risqué. Tant qu’à faire la route, le minimum serait de savoir si elle est en vie. Inutile de faire un tel voyage pour trouver un cadavre au bout du chemin. » Étonnant comment Zaahrian pouvait faire preuve de sagesse à l’occasion. Dans ces circonstances, on voyait clairement le mentor en lui.

Visiblement, elle trouvait que c’était une bonne idée de s’appuyer sur Zaahrian pour avoir des conseils, car elle l’interrogea sur l’Anaëh. Le blond éclata de rire. « J’ai fait le chemin une fois pour l’Anaëh et j’ai été accueilli par un serpent de 20 mètres de long. Tu as intérêt à être alerte, à ne pas te faire remarquer, bref à être plus intelligente que la forêt. Là-bas, crois-moi, ce n’est pas qu’une simple balade dans les bois. La forêt... » Il réfléchit un bref instant comme s’il cherchait les bons mots à utiliser. « Elle a conscience de ta présence. Honnêtement, mes sens m’ont joué de sales tours là-bas et je suis pourtant entraîné depuis que je suis gamin à observer mon environnement. Je te souhaite donc un bon voyage! » Conclut-il joyeusement. Il ne tentait pas de la décourager ou de l’arrêter. Elle était assez grande pour prendre ses propres décisions, mais autant quelle soit préparée à ce que ça tourne mal.

« Mes plans? Mon dernier gros coup m’a assez rapporté pour que j’achète une maison. Je pensais m’installer et peut-être fonder une guilde. Éventuellement, je voudrais refaire le voyage en Anaëh pour régler certaines choses, mais je ne suis pas de ceux qui pensent à long terme. J’ai l’impression que si je me concentre trop sur un objectif lointain, je risque de rater des opportunités... »

Miriel buva les paroles de Zaahrian, même si ce dernier semblait avoir une attitude un peu hors du commun. Elle admirait cet homme. Il savait ce qu’il faisait et n’avait pas froid aux yeux, mais avait tout de même un certain respect pour la vie. Lorsqu’il lui mentionna que retourner au Puy était une mauvaise idée mais qu’elle pouvait rapporter gros elle ne put s’empêcher de sourire. Au moins, quelqu’un semblait la comprendre! Mais il avait raison, elle devrait trouver une façon de trouver si Royna était en vie ou non. Cette tâche n’était pas tellement facile à réaliser car tout les drows qui la voyait essayait soit de la tuer ou l’évitait à tout prix. À moins que quelqu’un ait des contacts... Elle leva les yeux vers Zaahrian et lui fit un sourire charmeur; « Dit Zaahrian, tu as des contacts au Puy? » Non ce n’était pas subtile mais elle n’avait pas de temps à perdre et devait absolument trouver cette information.

Quant à l’Anaëh, valait mieux être prudent, elle savait pertinemment qu’elle risquait sa vie en faisant ce voyage. Les elfes ne seront pas accueillant avec une demi-drow, quant au serpent de 20 mètres, disons que si elle pourrait éviter ce genre de bête, mieux elle se porterait! Mais bon, un coup était un coup et elle avait besoin d’argent pour préparer son retour au Puy. Peut-être elle aussi pourrait acheter une maison! Loin de cette ville folle! Elle sourit et fit signe à l’aubergiste qui arriva sans tarder avec un pichet de bière. Miriel la remercia rapidement et entreprit de remplir la chope de son compagnon et la sienne. Sa tête commençait à tourner, mais elle n’arrêta pas de boire pour autant. La soirée était jeune et les feux acolytes ne s’empêchèrent pas de boire!

Au bout de quelques heures de conversation et de nombreuses pintes de cervoises, Miriel prit quelques moments pour regarder autour d’elle. L’auberge était vide et la pauvre aubergiste luttait contre le sommeil sur un tabouret non loin de son bar. Elle se frotta le visage et regretta aussitôt d’avoir autant consommer. « Tu peux me raccompagner chez moi? J’aimerais mieux avoir quelqu’un comme toi à mes côtés au cas où il arriverait quelque chose. »

Zaahrian obéissait à un code moral très strict qui se résumait en quelques points : ne soit jamais trop sérieux, ne fait jamais preuve de cruauté inutilement, soit sans pitié pour ceux qui ont tenté de te tuer, veille sur tes amis, soit honnête même si ça te vaudra un coup de poing, protège toujours les enfants et rappels toi que tout le monde finit par mourir. Personne ne lui avait enseigné ça. C’était des choix que Zaahrian s’était imposés au fil du temps comme pour garder un contact avec la réalité. Naturellement, personne ne voyait vraiment la sombre réalité derrière le sourire et l’attitude détendue de Zaahrian. La vie qu’il menait pesait parfois très lourd sur ses épaules. Il s’était débarrassé de Daeron, mais son ombre planait toujours sur lui. Il était sa chose, créé de ses mains et même si Zaahrian avait le contrôle de ses décisions, il savait trop bien que ses choix étaient influencés par les enseignements de son défunt beau-père.

Les deux comparses discutèrent pendant longtemps, chacun racontant son histoire à coup de détails ou d’anecdote. Zaahrian ne manquait jamais d’histoires à raconter et c’était à se demander si tout était vrai. Évidemment qu’elles l’étaient, mais le blond se permettait quand même d’altérer quelques détails, surtout pour se donner le bon rôle quand dans la réalité, son ami Guilin sauvait la situation alors que Zaahrian se mettait les pieds dans les plats. Éventuellement, la taverne se vida de ses occupants. Zaahrian n’avait qu’à monter l’escalier pour rejoindre sa chambre, mais la demi-drow ne logeait pas sur les lieux et elle ne se sentait pas assez confiante pour affronter les rues désertées toute seule. Zaahrian avait, une fois de plus, abusé des bonnes choses. « J’dis pas ça souvent, mais là, honnêtement… j’suis p’tête pas en état de me battre. » Toujours être honnête, peu importe la situation, même si tu risques d’avoir un coup de poing à la figure. Si Miriel se faisait poignarder par le mercenaire qu’elle n’a pas tué, il pourra lui dire : je te l’avais dit! « Mais bon, je ne vais pas te laisser rentrer toute seule. J’ai été bien élevé. » Zaahrian se leva sur ses pieds et le monde autour de lui valsa joyeusement. « Hum, la bière est bonne ici! » Il se retourna vers la tavernière. « Je reviens! » Puis il se dirigea vers la sortie en essayant très très fort de ne pas trébucher en chemin.

À cette heure, il n’y avait plus que la vermine dans les rues de la ville et pas seulement des rats. La nuit silencieuse donnait une impression de solitude, mais Zaahrian était trop malin pour le croire. « Comment peut-on haïr cette ville? » Dit-il en levant les yeux vers le ciel étoilé. Ça s’avéra une très mauvaise idée, car l’alcool lui fit perdre l’équilibre et il tomba à la renverse, s’étalant ainsi de tout son long sur le sol. Au lieu de se lever, il resta là, le regard toujours perdu dans l’immensité.

La mercenaire regarda Zaahrian qui essaya tant bien de mal de se déplacer dans l’auberge. Disons qu’il avait probablement encore plus bu qu’elle… Sa démarche peu solide ne tromperait définitivement personne si on leur cherchait des problèmes. Quoi que sa réputation pourrait probablement les aider, vu la vitesse que certains mercenaires avaient disparu un peu plus tôt. Elle se leva rapidement, peut-être un peu trop rapidement pour sa tête qui soudainement lui fit un mal de chien. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes et les rouvrit, le monde tournoyait autour d’elle. Elle referma les yeux pendant quelques secondes, tentant tant bien que mal de contrôler son engourdissement. Disons que ce dîner était loin d’être l’idée du siècle… « Disons que tu n’es pas le seul » Dit-elle en se tenant la tête et en se frayant un chemin parmi les tables. Quelle idée stupide… Elle se retourna vers l’aubergiste en lui demandant si elle n’aurait pas une autre chambre de disponible. La bonne femme secoua mollement la tête, on pouvait définitivement voir la fatigue sur son visage. Miriel se maudit intérieurement… Elle avait un don pour se mettre les pieds dans les plats. La dernière chose qu’elle voulait était de partager une chambre avec Zaahrian.

Les deux acolytes réussirent finalement à sortir de l’auberge, un exploit en soi, mais Zaahrian s’étala de tout son long après seulement quelques pas à l’extérieur. Définitivement cela serait une longue marche à la maison et pourrait-il retourner à son auberge après? N’empêche que Miriel ne put s’empêcher de rire lorsque ce dernier se retrouva sur le sol. « En effet, la bière était bonne. Je ne suis pas certaine que tu sois en état de faire quoi que ce soit pour être honnête… Tu es sûr que tu veux me raccompagner? » Miriel le dépassa et lui tendit une main pour l’aider à se relever. Bon, il dût mettre un peu du sien, car disons que Zaahrian n’était pas une brindille. Une fois qu’il fut sur ses pieds, elle attrapa son bras et le glissa sur ses épaules, au cas que les jambes ne lui lâchent encore une fois. Elle mit sa main dans le bas de son dos et le guida dans la rue. Tentant tant bien que mal d’éviter certains ivrognes vautrés dans la rue. Le trajet serait définitivement long, mais le fait d’être avec quelqu’un qui ne voulait pas la tuer était un phénomène en soi, et Miriel devait s’avouer qu’elle aimait bien Zaahrian. Il avait cet énergie qui la dépassait, elle ne comprenait pas nécessairement la façon qu’il pensait, mais le respectait comme personne.

Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent finalement à une fontaine et Miriel décida de prendre une pause. En effet, guider l’elfe ivre n’était pas de tout repos et franchement son bras commençait vraiment à la faire souffrir. La mercenaire fit asseoir l’assassin sur le bord de la fontaine, s’assurant tant bien que mal que ce dernier ne tomberait pas à la renverse dans la fontaine et s’assit prêt de lui. Elle ne put s’empêcher de repenser à la question que Zaahrian lui s’était posé un peu plus tôt. « Parce que cette ville est chaotique. J’aime Thaar a ma façon, c’est le seul endroit où je me suis toujours senti chez moi. D’accord, ce n’est pas nécessairement la plus sûre… Mais elle nous apprend la rigueur et nous rappelle que la seule personne sur lequel on peut compter est soi- même » Elle soupira et repoussa ses cheveux derrière ses épaules. Tout ce qu’elle avait dit était vrai. Oui, cette ville lui avait appris comment survivre, mais elle lui faisait atrocement peur. La mercenaire avait toujours l’impression qu’elle devait regarder derrière son épaule, que si elle relâchait sa vigilance, on lui ferait du mal. Elle se retourna lorsqu’elle entendit des bruits d’eau éclaboussée et remarqua un ivrogne qui tentait tant bien que mal de s’abreuver dans la fontaine. Miriel ne put s’empêcher de froncer les sourcils pendant que ce dernier les saluaient d’un geste maladroit, définitivement ce dernier n’était pas en meilleur état qu’eux. Elle soupira, avant de continuer… « Je veux voyager encore plus, découvrir chaque territoire, apprendre sur chaque factions. Être Mercenaire est le seul moyen que j’ai trouvé pour me rapporter assez d’argent pour vivre et me faire voyager. » Elle sourit en pensant à son prochain voyage. « Je n’en n’ai que faire des gens qui veulent m’exécuter ou m’arrêter quand je suis à l’extérieur de l’Ithri’Vann, je veux voir le monde. »

« Oui oui, t’inquiètes pas. Parfois je me demande si je ne suis pas plus efficace lorsque je suis bourré… » Étendu au sol, il n’était pas particulièrement pressé de se remettre sur ses pieds. La demi-drow lui tendit la main pour l’aider à se relever. Zaahrian bougonna quelque chose comme quoi il admirait les étoiles, mais il accepta de se remettre sur ses pieds, tâche qui ne se fit pas sans difficulté. Zaahrian se servit ensuite de Miriel comme appuis jusqu’à ce qu’ils atteignent une jolie fontaine au milieu de la ville. Ils devaient être à proximité des quartiers riches. Les riches aiment ça lorsque c’est joli. C’est pour oublier tous les sans-abris qui dorment au pied des murs de leur grande villa.

Zaahrian prit place sur le rebord et faillit basculer une fois de plus. Il étira ensuite ses longues jambes alors que Miriel s’installait à côté de lui. Il comprenait son désir de voyager. Il avait eu la même envie, voir au-delà de ces murs ce que le monde avait à offrir. Il avait vu de jolies choses, mais il s’était aussi royalement fait chier. « La vie est chaotique. Thaar est pleine de vie. Elle est bourrée d’injustice aussi, mais elle vit. J’ai vu un peu ce que le monde avait à offrir et, honnêtement, tout n’est pas rose. La réalité est que nous ne sommes pas tellement les bienvenus ailleurs. Chez les humains, je ne suis pas assez humain. Chez les elfes, je ne suis pas assez elfe. Chez les drows, je ne suis juste pas un drow. Chez les nains, je suis trop grand… Quoique non, je n’ai jamais essayé de me rendre là-bas, mais ils sont petits. Tout le monde sait que les petits ont mauvais caractère. C’est comme un concentré de hargne. J’ai toujours dit qu’il faut se méfier de quelqu’un qui peut viser tes jambes… » Zaahrian souriait. Difficile de dire s’il était sérieux ou pas. « Je dis juste, ne t’attends pas à être accueilli à bras ouverts partout. L’Ithri’Vaan, c’est la terre des laissés pour contre, le lieu de refuge des gens qui n’ont nulle part où aller. Peu importe ton sang, tu peux espérer prospérer ici si tu as assez de cran et une tête sur les épaules. » Puis il fit un geste de la main. « Ah pis ne m’écoute pas. Quand je suis saoul, je déblatère. Fais ce que tu veux et si jamais tu te rends jusqu’en Péninsule et que tu vois un chemin en forêt avec des bites gravée sur les arbres, c’est moi! J’étais perdu et je m’emmerdais alors j’ai gravé des pénis dans l’écorce. »

Miriel ne put s’empêcher de rire à la remarque de Zaahrian sur les autres peuples. « On dirait que tu parles avec expérience. Mauvaise rencontre avec un nain? » Elle ne put s’empêcher de sourire en imaginant Zaahrian tenter tant bien que mal d’apaiser le caractère batailleur d’un nain. Franchement, elle aurait définitivement payé pour voir ce spectacle des plus distrayants. De toute façon, avec l’expression qu’il avait, Miriel se doutait sérieusement qu’il lui contait une autre histoire, il semblait adoré raconté ses aventures et parfois se donner le beau jeu. Elle reprit son air sérieux lorsqu’il lui dit qu’elle ne serait jamais accueillie à bras ouvert dans aucune des différentes contrés. Aucun Elfe, Humain, Drow ou Nains ne comprendrait jamais ce qu’était la vie d’hybride. Rejeté par tous, et relégué à vivre dans l’Ithri’Vann, pays des laissé pour compte. Elle soupira en haussant des épaules, ce n’est pas comme si elle pouvait changer le monde et faire en sorte que les gens l’acceptent. L’hybride ferait son propre chemin, elle s’en était bien sortit depuis vingt ans… Elle ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait pas continuer de cette façon. Zaahrian finit par la faire sortir de ses pensées en lui parlant de son œuvre en péninsule… Si on pouvait appeler cela un œuvre… Elle haussa un sourcil et hocha la tête. Décidément, cet assassin était un drôle de moineau, mais l’hybride aimait beaucoup mieux l’avoir de son côté que d’être prit contre lui. Elle se releva et lui tendit la main encore une fois.

« Allez! Je voudrais arriver chez moi avant le matin » dit-elle en souriant. Ils reprirent leur marche, Miriel servant d’appui au demi-elfe et ils arrivèrent finalement à l’auberge. Miriel regarda Zaahrian avec inquiétudes. « Je veux bien que tu sois bon combattants, mais je pense pas que tu sois en état de retourner nulle part. » C’était un fait, elle avait été son appui tout le long du trajet, et ce dernier ne semblait pas s’améliorer. « J’ai un canapé dans ma chambre si tu veux dégriser dessus, je n’y vois aucun problème. » Voyant le demi-elfe hésiter, elle eut un regard déterminé. « Allez viens, t’inquiète je te toucherais pas! » Dit-elle en souriant, sachant pertinemment que ce dernier était tout sauf intéressé par elle. La mercenaire entra dans l’auberge suivi de l’assassin et salua l’aubergiste qui regarda Zaahrian d’une curieuse de manière. « T’inquiète pas pour lui… C’est la pire commère du village. Demain, il va me poser trente millions de question sur qui tu es et qu’es qu’on a fait ensemble. » Elle aida l’assassin à monter les marches qui menait à sa chambre et fit entrer l’assassin dans sa modeste demeure. La décoration n’avait rien d’extraordinaire mais la chambrette était confortable. Une fois à l’intérieur, Miriel enleva rapidement sa ceinture où ses armes étaient accrochées et enleva la dague qu’elle camouflait dans sa botte pour la cacher sous son oreiller. On n’était jamais assez prudent dans cette ville. Elle se retourna et fixa Zaahrian l’air légèrement gêné par cette proximité. « Alors? Tu restes ou tu retournes à ton auberge? »

« Non non, j’en ai rencontré qu’un seul et il était plutôt sympathique, mais j’ai remarqué que les gens plus petits ont tendance à être plus agressifs. En même temps, y’a genre 90 % des gens qui sont plus petits que moi, alors je suis probablement mal placé pour parler. » Zaahrian regarda la main tendue et soupira. Le soleil n’allait pas se lever avant 3 heures, ils avaient le temps. Les gens normaux dormaient tous. Il n’y avait que les ivrognes comme eux ou les malfrats qui hantaient encore les rues à cette heure. C’était le temps de s’amuser un peu, mais sa compagne semblait déterminée à retrouver son lit. « Pfff, le meilleur moment d’une veillée c’est lorsque tu vois le soleil se lever. C’est vraiment joli, mais c’est aussi là que tu réalises que tu vas avoir la tête dans le cul pendant deux jours. » Malgré ses protestations, Zaahrian accepta de la suivre jusqu’à l’auberge où elle logeait. Heureusement, la route n’était pas trop longue, car il commençait à en avoir assez de crapahuter partout. « Je l’ai dit, je tiens encore sur mes pieds, tout va bien! » Il sourit devant la sollicitude de la demi-drow. Normalement, il aurait droit à une claque, mais cette jeune femme lui offrait un canapé pour dégriser. « Vu ma taille, il n’y a aucun canapé assez grand. Mes pieds dépassent toujours dans les lits d’auberge. » Tous les aubergistes sont des commères, c’est bien connu. C’est probablement un prérequis pour le métier. Quand tu leur parles, tu es certain d’avoir les dernières nouvelles, mais également toutes les rumeurs du moment. « Si tu veux, je peux lui dire que j’ai l’intention de te faire crier toute la nuit! »

Naturellement, la chambre se trouvait en haut d’un escalier. Pourquoi y’a-t-il toujours un escalier d’impliqué lorsqu’il est saoul? Zaahrian gravit les marches une à une avec la concentration de l’assassin pour enfin parvenir jusqu’au palier tant convoité puis à la chambre. Honnêtement, elle n’était pas tellement différente d’une chambre d’auberge ordinaire, mais elle semblait plutôt confortable ce qui lui fit penser qu’il aurait mieux fait de venir ici. Il dormait bien là où logeait, mais la propriétaire était une vraie plaie avec beaucoup trop de bonnes intentions et un intérêt nettement marqué pour sa personne. « Tu m’as fait monter jusqu’ici… Alors oui, je vais rester. De toute façon, je ne crois pas pouvoir descendre les escaliers... » L’assassin regarda le canapé. Sachant la bataille perdue d’avance, il retira lui aussi sa ceinture et ses armes avant de s’étendre sur le plancher de la chambre. « T’inquiète pas, c’est pas la première fois que je dors sur un plancher. » Il regarda ses pieds toujours dans ses bottes. « Putain, j’aurais dû enlever mes bottes… Ah pis zut... » Il ferma les yeux et quelques secondes plus tard, il ronflait à en faire réveiller les morts.

« Si tu veux, je peux lui dire que j’ai l’intention de te faire crier toute la nuit! »

Miriel fit une grimace lorsqu’elle entendit sa proposition. « Non merci, aucune offense, mais je cherche pas vraiment à avoir la compagnie de personne. » Ils arrivèrent finalement dans sa chambre et resta ébahi devant la vitesse que l’assassin s’endormit à même le plancher. Il devait vraiment avoir trop bu… Miriel soupira et alla chercher un coussin du canapé afin de la mettre doucement sous la tête de l’assassin. Elle lui enleva rapidement ses bottes et prit une de ses nombreuses couvertures pour la déposer sur l’assassin. Elle avait beau être à demi-drow, cela ne voulait pas dire qu’elle était une mauvaise personne, et le fait qu’il l’avait sortie du pétrin quelques heures plutôt aidait. Une fois qu’elle fut sur que ce dernier avait un semblant de confort dans son sommeil indiscret, car soyons honnête les murs tremblaient avec ses ronflements. Miriel ne put s’empêcher de sourire en repensant à la remarque qu’il avait eu un peu plus tôt. Ah ouais… Au moins, il pourra se vanter de m’avoir tenu éveiller toute la nuit. La mercenaire s’assura que ce dernier était toujours endormi et enleva rapidement ses bottes, son long manteau et son pantalon ajusté. Elle monta rapidement dans son lit avant de tenter, tant bien que mal de s’assoupir.

C’est les premiers rayons du soleil qui la réveillèrent. Elle se frotta les yeux puis une douleur lancinante lui traversa la tête. Elle mit ses deux mains sur son front, tentant tant bien que mal de contrôler la douleur qui lui traversait le crâne. Ah merde pensa-t-elle. Je n’aurais pas dû boire autant. Elle se leva tant bien que mal et tenta tant bien que mal de rejoindre la cruche d’eau qui était sur son bureau. Malheureusement, la douleur sembla lui faire oublier le grand semi-elfe qui dormait sur le sol. Elle ne put malheureusement éviter un des membres de Zaahrian et tomba sur le sol dans un vacarme épouvantable. La demi-drow se retourna sur le dos en gémissant. Définitivement, elle n’aurait pas dû boire autant de cervoises. Ce breuvage était si délicieux mais si traître le lendemain matin. Toujours sur le sol, elle ferma les yeux en espérant qu’elle n’avait pas réveillé son acolyte.

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