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 La chair de notre chair [Moitié solo moitié Louis]

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: La chair de notre chair [Moitié solo moitié Louis]   La chair de notre chair [Moitié solo moitié Louis] I_icon_minitimeVen 3 Aoû 2018 - 23:56

Deuxième jour de la Deuxième ennéade du mois de Vérimios, an 10

Les cheveux moites collaient au visage ahurit de la baronne. De grosses gouttes perlaient son front, tandis que sa respiration peinait à revenir à la normale. La pénombre ne lui laissait distinguer que vaguement le mobilier de ses appartements, bien qu’il lui fallut quelques secondes pour deviner tout à fait où elle se trouvait. Sa chemise de nuit collait à sa peau détrempée, et ses mains serrèrent le drap humide pour calmer ses tremblotements. Un coup d’œil à côté d’elle la rassura ; le beau Louis dormait à point fermé, plus paisible qu’elle. Il ne sembla pas dérangé le moins du monde, et allait gaiement en ronflements gaillards, de ceux qui assurait le sommeil de plomb. Retrouvant de sa sérénité, les doigts de la belle s’en allèrent se perdre dans la toison écrasée du Berthildois, caressant sa tête distraitement. La compagnie qu’il lui offrait dans ces moments de solitude était un radeau précieux qui maintenait la belle à flot, loin des tourments qui pouvaient parfois l’accabler. A ses côtés elle se sentait invulnérable, et pourtant si fragile. Les brides de son cauchemar lui revenaient comme d’affreux démons, lui transperçant la poitrine de part en part. Cette nuit-là, elle avait rêvé d’une chose si horrible qu’elle lui retourna les tripes. Bientôt prise de nausée, elle n’osait pas quitter le lit de peur de troubler le sommeil de son amant. Alors, serrant les dents, elle regardait la pièce plongée dans des ténèbres inquiétant. La peur du noir aurait dû lui passer pourtant.

Petite, la Broissieux avait été convaincu par son cousin qu’il existait sous son lit un monstre terrible. Durant des semaines elle n’avait osé regarder au-dessous du matelas, dans la crainte d’être entraînée de force dans sa caverne pour y être dévorée par petits morceaux. Ah ça, ça l’avait bien fait rire jusqu’à leurs onze ans au moins ! Les histoires à faire peur étaient monnaie courante lorsqu’on est enfant, et puis avec l’âge l’imaginaire laisse place au rationnel et les craintes infantiles nous quittent peu à peu. Alors – sans regrets – elle avait cessé d’avoir peur des créatures sous le lit, des monstres fantastiques mangeurs d’hommes. Son inquiétude avait quelque chose de plus concrète, elle est plus rationnelle à son tour. Sa main avait cessé de trembler et s’était posée machinalement sur son ventre alors qu’enfin tombait la larme d’angoisse. « Je suis désolée… ». Elle l’avait chuchoté en fuyant la masse dormante du regard. En vérité, l’angoisse avait laissé place à la honte. Et les mots cruels de son rêve lui revenaient, de plus en plus fort. D’abord, elle préféra les ignorer ; cela ne venait que d’elle après tout, et il lui suffisait de penser à quelque chose de plus doux pour que les voix se taisent. Alors elle pensa à sa terre, sa fille, sa sœur et Louis mais rien n’y fit. Ses pensées revenaient inexorablement aux terribles accusations, lui tordant les tripes tant et si bien qu’elles lui revenaient presque au bord des lèvres.

Et les ténèbres devinrent chaos. Les chuchotements se mêlaient, sans qu’on ne puisse en deviner la provenance. La jeune femme tournait la tête, essayait par quelques sens de trouver l’origine de son trouble mais rien n’y faisait ; Louis restait si sagement endormit et au dehors rien ne semblait bouger. Il n’y avait qu’elle qui pouvait les entendre ? Tirant le drap, elle tenta vainement de se cacher ces démons – qui la rattrapèrent si vite qu’elle n’avait même eu le temps de fermer les yeux. L’Alonnaise se roula en boule, paniquée à l’idée que jamais elles ne se taisent. Elle en vint même, après de longues minutes à lutter, à prier pour que cela cesse. D’abord silencieusement puis à voix basse, elle implorait le silence. Les larmes ne quittaient plus ses mirettes closes, les sanglots parcourant ses joues pour mieux s’écraser contre les tissus. Ce n’était qu’un mauvais rêve ; mais comme tout un chacun le savait, il n’arrivait jamais sans raison. Et si les voix ne mentaient pas ? C’était là bien pire torture que d’écouter les élucubrations hallucinatoires – car même si elles ne parvenaient à s’escamoter, elles finiraient par partir le jour venu. La vérité, elle, était autrement plus immuable. Et alors que se moquaient gaiement les chuchotis irréguliers, seule leur sens bouleversée encore un peu plus la Baronne. Chaque fois qu’elle l’entendait – cette maudite phrase – un poignard venait se loger au creux de sa poitrine déjà bien abimée. Elle se répétait alors toutes les lettres, tous les mots, toutes les syllabes, tentant d’y trouver un quelconque exutoire mais sans succès.
Jamais elle ne porterait l’enfant de celui qu’elle aime.
Elle l’avait vu. De prime abord l’histoire commençait bien : ils étaient tous deux dans les couloirs du palais Berthildois, insouciants, flirtant et s’aimant avec la fougue de la jeunesse. Leurs rires se perdaient sur les murs de pierre et les badauds souriaient à leur passage ; il y avait dans ce tableau quelque chose d’étrangement familier et même de réconfortant. Et puis le temps passait. Si l’amour demeurait intact, les visages commencèrent à se flétrir, la fouge laissant place à la sagesse et les courses poursuites aux longues promenades. Ils se disputaient, souvent. Le Marquis lui en voulait, et elle ne pouvait que s’excuser. Et puis l’hiver vint. Ils étaient vieux, et toujours entichés mais jamais leur vie n’avait été comblée. Il y avait toujours ce vide, que le seigneur d’autrefois avait comblé par quelques dames peu farouches. Ô il l’aimait encore – et pour toujours, mais il n’avait su se résoudre à une vie sans héritage. Et elle assistait impuissante à la passion qu’il offrait aux fils d’autres femmes, souriant poliment lorsqu’ils venaient la saluer, sachant qu’à sa mort, ils ne viendraient guère garnir leurs tombes.

Et abrutie par la peine et le vacarme, elle finit par s’endormir au côté de celui qu’elle décevrait le plus au monde sans pouvoir rien n’y changer.
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