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 Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]

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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeMer 15 Aoû 2018 - 19:45






« Là! C’est bon? Vous achevez oui? » Commença à s’impatienter un Louis fort bellement endimanché, mais tenu à l’immobilité par les trois bonniches qui s’affairaient à ce qu’icelui soit adéquatement nippé pour le retour de sa belle. C’est que soixante belles grosses minutes s’étaient certainement écoulées depuis le début de leur manœuvre, comme si les pauvresses en arrachaient pour parvenir à leur fin. Dans leur labeur, elles s’étaient maintes fois octroyé des pauses, tenant entre elles quelques messes basses, comme si elles se brocardaient de leur mannequin ou planifiaient quelque chose à l’insu de leur seigneur.

« Me direz-vous ce qui anime vos piaillements, ou il me faudra me courroucer? » Leva enfin le ton notre Louis, le front plissé et les sourcils arqués d’impatience.

« R…Rien votre Excellence. C’est que … » Finit par répondre en balbutiant l’une d’elles, le regard suffisamment bas pour faire le témoignage de sa timidité envers le cerf.

« Cessez votre babillage et expliquez-moi, qu’on en finisse! Elle est sur le point d’arriver et j’angoisse comme si nous étions sur le point de subir un siège, n'êtes-vous point à même de le constater? » Louis se retourna complètement face à elle, sautant d’en bas de son piédestal, pour mieux s’entretenir avec elle, une fois bien planté devant le trio.

« C’est que notre bon Sire, en plus de son lot de victoire,  nous est revenu de sucroît avec une charpente plus … généreuse. Ses affaires d’autrefois, croyez-le ou non, ne lui sont plus aussi fidèlement adaptées … Et comme nous sommes soumises à la contrainte du temps, nous nous devons d'improviser … » Lança une autre des lavandières, tout d’un pain, sans même se soucier que la nouvelle eut la chance de froisser son maître.

« Il est vrai que notre Sire n’a plus rien de l’enfançon qu’il laissait paraître avant la guerre. Vous aurez à vous munir d’une nouvelle garde-robe. Dans son entièreté, si je puis me permettre. »

« Voyons, voyons! Pour l’amour de la Damedieu, vous exagérez mesdames! » Affirma Louis en chassant l’air du revers de la main, comme si leurs commentaires l’importunait. La vérité, c'était qu'il avait pleinement conscience des ces flagrants changement. Il avait grandit de quelques pouces, avait gagné du coffre et possédait désormais d'avantage de son père que de sa même, niveau physionomie. « Contentez-vous de faire quelque chose d’acceptable, que ma Dame n’en ait pas le haut le cœur à me revoir. Cela déjà, aurait au moins la qualité de me faire plaisir, contrairement à vos railleries de gamines! » Dit le marquis sur un ton à moitié teinté de sérieux, afin de clôturer la parenthèse pour mieux qu’elles se concentrent sur leur labeur.

Plus tard dans cette même journée, alors que l’heure du manger approchait dangereusement, que le soleil faisait montre de son éreintement, un coursier stoppa sèchement son palefroi en battant la terre de la cours de ses sabots. Et s’il s’arrêta, ce ne fût que pour mieux poursuivre, s’en allant en bousculant quiconque lui barrerait le passage, ne trouvant de repos qu’une fois à proximité du marquis, auquel il lui tint à peu près ce langage soufflé d’épuisement :


« Elle est lâ! M'sieur Sire, elle est lâ, m'dame la Baronne! » Le pauvre, sa mission accomplie, ne fut guère remercié de son bon labeur, non. Plutôt, c’est sans autres ambages -loin de ses habituelles convenances polies et bienveillantes - que Louis ordonna qu’on réunisse fissa tout le monde dans la cours du castel. Il s'était fait point d'honneur de recevoir en bon et due forme la tire-laine qui s’était esquivée dans ses pénates, prenant avec elle bon soin d’emporter son cœur.

Quelques minutes à peine suffirent pour que se rassemblent toutes les personnalités notoires de Cantharel. En première ligne, l’ensemble de la chevalerie patientait, une grandlame coincée par la pointe dans le sol et dont le pommeau était maintenu en étau par leurs mains gantées de fer. Sur la ligne seconde, une pléiade d’hauts gradés dont elle avait certainement aperçu le visage de chacun d’eux lors de ses visites de fortune, dans le campement Berthildois. Enfin, élevés sur la première marche des escaliers menant au grand portail d’entrée du castel de Cantharel, patientait en suzerain qu’il était devenu notre bon Louis, accompagné à sa dextre par sa sœur et à sa senestre, de sa très bienveillante mère.

Et les minutes s’égrainèrent prestement, car à peine eurent-ils terminé de rassembler la troupe, qu’on annonça à grand coup de cor et de tocsin l’arrivée de la Baronne qui fit son entrée en grandes pompes, son char à elle et une lignée interminable de soldats et d’autres serviteurs. Lorsqu'elle sortit, l'entièreté de la chevalerie ploya le genoux dans la terre, abaissant les yeux au sol comme les obligés qu'ils étaient envers Louis et maintenant, envers Alanya. Quant à son char, deux pedzouilles accoururent jusqu'à celui-ci afin d'y dérouler le premier tapis de plusieurs autres afin qu'elle n'ait à se salir. Quant au restant de la noblesse, tous démontrèrent leur homme en calquant à moitié la soumission de la chevalerie, abaissant à leur tour leurs yeux et en hochant la tête dans la plus respectueuse des salutations.

Un sourire, large et enjoué lui fendit pratiquement les joues, tant il se hâtait de la revoir, de lui tenir la main, de la sentir prêt de lui et de l’embrasser.



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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeJeu 6 Sep 2018 - 21:46

Le premier jour de son périple fût certainement le pire : les yeux rougis par la peine, elle n’était parvenue à se consoler. Jusque dans la nuit elle avait sangloté, bien désemparée de perdre une part d’elle-même et si peu hâtive de combler le manque par la nouveauté. En fait, elle était terrifiée à l’idée de se confronter à un monde qu’elle ne connaissait que si peu ; elle avait écouté Louis maintes fois lui parler de ses gens, de ses vassaux sans toutefois parvenir à réaliser qu’ils seraient bientôt les siens. Et puis que pensaient-ils de leur union ? Oui-da elle plongeait dans un monde obscur et terrible que la raison l’aurait fait détalée dare-dare. Mais Alanya avait bien été assez lâche pour le reste de sa vie : que les soucis viennent, elle les attendait ! Enfin, c’est ce qu’elle parvint à conclure lorsque ses yeux – lourds de fatigue – tombèrent enfin. D’ailleurs ce n’était pas sa suite qui se plaint de son repos car la belle dame le tenait éveillé tant elle pleurait fort dans son lit froid. Et puis la piteuse auberge qui l’avait accueilli n’était pas faite pour supporter le moindre bruit. Les murs de planchettes laissaient passer toutes les commodités, si bien que même chier n’était possible sans y réveiller la maisonnée. Une drôle de nuit – sa dernière – en Alonna alors que le ciel d’été s’était couvert d’un voilage peu épais toutefois juste assez pour cacher les étoiles et chatouiller les rayons sélènes.

Constipés mais reposés, ils avaient franchi la frontière dès le lendemain et la Broissieux s’était peu à peu calmée. Sa peine alors si grande s’était muée en une douleur plus lancinante, plus paisible, prête à tourner lentement un pan de son histoire. Et peut-être par sa vocation de romancière, elle vu ça comme le commencement d’une toute nouvelle chronique, loin du sang et de la barbarie qui avait rythmé sa vie durant ces trois dernières années. Peu à peu elle se fit à la compagnie du notaire et avocat Monsieur Goupilleau de Fontenay, qui malgré des apparences austères, lui offrit quelques belles conversations. C’était un homme fascinant, cultivé et qui trouvait sa pitance dans l’étude des édits et des décrets. Elle apprit ainsi que la quarantenaire avait fait ses classes dans le Langecin, loin de sa bourgade alonnaise natale avant d’y revenir comme prévôt à Jersada puis avocat réputé de la capitale. Il avoua que le voyage qu’on lui avait proposé l’avant-veille avait suscité son intérêt et bouleversé un peu ses habitudes ; ce comment ils en vinrent à papoter des raisons qui poussaient la baronne et son ministère à prendre de telles mesures. En l’embarquant à son côté, signant l’édit le jour de son mariage devant témoin de justice et son époux, cela ne pouvait que légitimer sa manœuvre. Goupilleau de Fontenay lui parla aussi des lois et de sa pensée sur la gouvernance progressiste de la baronne.

Quoi qu’aussi réfractaire que le chemin caillouteux qui bringuebalait la diligence, il reconnaissait dans le code Duncanya et dans la volonté de s’ouvrir au peuple une belle intelligence, car ici au Nord s’attirer les bonnes grâces du peuple, c’était s’assurer de sa pérennité. Et bien qu’ils s’occupèrent mutuellement tout du long elle n’avait guère vu le drôle de personnage sourire. Alors, l’impatience de retrouver le seul visage bienveillant de son Louis la regagna. Ils ne s’étaient pas quittés longtemps et pourtant cela lui apparut comme une longue et insoutenable éternité. Et plus se rapprochait le moment de se jeter dans ses bras, et plus un hypnotique angoisse se tapissait bien chaudement dans ses tripes. Si bien qu’au quatrième jour, la vieille de son arrivée, elle avait mis presque deux heures pleines à choisir sa toilette du lendemain. Epaulée vaille que vaille par deux dames de compagnie et une servante, elle avait enfilé et examiné pas loin de six tenues différentes, qu’elle avait tenté de marier à divers pierreries et coiffures. A grand renfort de flatterie, on finit par la convaincre de cesser son manège mais son ventre était si serré qu’elle n’arriva même pas à avaler une soupe.

A jeun jusqu’au lever du jour, ses tourments ne furent que galvanisés lorsqu’approchait la silhouette si peu familière de Sainte Berthilde, surplombé par la non moins imposante Cantharel. Elle usait de toute ses astuces pour ne pas rendre sa bile, tentant vainement de distraire son esprit en inspectant minutieusement les tapisseries du carrosse. Elles lui apparurent atroces : des motifs floraux désuets, ternis par les voyages et le soleil. Les rideaux verts ne s’accordaient pas avec l’intérieur bordeaux, comme si ces derniers avaient été changé plus tard. Alanya de Broissieux n’était pas bien porté sur l’esthète mais elle avait quand même un minimum de discernement sur ce qui faisait un bel intérieur de ce qui ne l’était pas. Et la supercherie marcha jusqu’à ce que la chariote s’arrête aux portes de la ville. Les festivités battaient leur plein, et on entendait un peu partout des bardes et l’on voyait çà et là quelques farandoles entraînantes. Pendue à sa petite vitre, elle observait le monde comme un nouveau-né et se familiarisait silencieusement à ce nouveau peuple qu’elle devrait apprendre à aimer.

Le cor et le tocsin résonna bruyamment dans la cour du castel et toute la panique jusque-là refoulée tant bien que mal l’innonda. Elle se demanda pourquoi elle avait choisi cette robe, elle qui ne portait jamais de bleu, pourquoi elle avait garni son cou d’une goutte turquoise, pourquoi elle avait attaché ses cheveux. Elle voulut en instant disparaître et ne jamais sortir de cette voiture qui s’était pourtant arrêtée et qui s’ouvrait sur un parterre de dignitaires. Elle se glissa dans un geste souple mais peu assurée au dehors, sur un tapis qu’on avait dressé pour elle, comme s’il s’agissait d’une reine. Et, dans un premier temps, le rouge manqua de lui monter au joue. Le salut de la chevalerie et les chuchotements à peine audible de la foule lui donnèrent des bouffées, qu’elle chassa dès lors que ses prunelles tombèrent sur le seul qui fût capable de lui faire oublier une telle mascarade. Soulagée, elle se tourna vers le notaire qui venait de se placer juste dans son ombre : « Tâchez de ne pas avoir une tête de notaire Monsieur ». La pique proférée à voix basse n’eut pas l’effet escompté car le vaillant prévôt garda le même morne aux joues tandis qu’elle afficha son plus beau sourire.

Elle s’inclina devant l’hôte et sa famille, restant au bas des escaliers alors que toute la noblesse retenait son souffle. Elle était une attraction, comme une bête que l’on amenait d’une contrée lointaine et qui alimenterai à coup sûr les ragots de ces messieurs pour la saison à venir. Se relevant, restant à bas des marches, elle leva la tête rayonnante.
« Votre Excellence me comble de trop avec un pareil accueil. Si j’eus su plus tôt votre bonté et hospitalité, nul doute que j’aurais accouru plus vite encore à vos portes ».
Elle accorda un mince regard à la masse sur les côtés, ne sachant trop si elle devait user de familiarités ici. Aussi, la seule envie qui lui brulait littéralement le corps à l’instant était celui d’embrasser son amant. La douleur avait enfoui son ardant désir durant de long jour, trompant son cœur sur ce qu’elle désirât plus que tout ; lui et lui seul.
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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 11 Sep 2018 - 14:30






Elles valaient la peine d’être entraînées au quotidien, ces grosses jambes tremblotantes! Car oui, c’est à peu près ainsi que le marquis se sentit, lorsqu’il la vit débarquer de son char. Ses guiboles trémulaient sans s’en cacher, tandis que son souffle lui manqua comme si on venait lui assener un coup de pied dans le buste. Par tous les saints, qu’est-ce qu’elle était belle!  Ses billes verdâtres n’avaient d’intérêt que pour elle, omettant momentanément tout l’entassement de noblesse qui s’était massé pour lui, et maintenant, pour elle. Et même, c’était peu dire! Si elle se sentit épiée par la tripotée de sang bleu, ce n’était rien à côté de son amant qui la dévora littéralement d’yeux sur la place publique. Ce ne fût qu’une fois que son idylle se soit adressée à lui, restée là sans oser conquérir les marches qui les séparait, que moult vassaux s’écartèrent d’un pas de travers, question d’ouvrir le passage entre eux deux. La chose faite, inutile de vous décrire de long en large l’envie qui lui tenaillait d’accourir vers elle pour la soulever, la serrer contre lui et même, l’embrasser à pleine bouche … Plutôt, c’est en réprimant sa fougueuse émotion, qu’il inspira profondément pour mieux décliner les marches unes à unes, jusqu’à ce qu’il arrive à son niveau et qu’enfin, l’entièreté des spectateurs se hissent derechef sur leurs échasses, prêts à acclamer dûment le couple marquisal.  

À son niveau, Louis put y admirer plus personnellement le regard de sa belle, les joues devenues crispées par son sourire qui ne voulait mourir. Sa grande patte vint quérir la sienne puis la couva de sa seconde, ajoutant bassement pour elle seule :
« Bienvenue chez toi, mon amour. » Louis se retourna face à la foule sans plus de familiarités avec sa promise, puis en écho dans la grande place, un crieur annonça :

« Acclamez haut et fort, vos suzerains! Vivat! Vivat! Vivat! »

Sa paluche se raffermit contre celle de son aimée, tandis qu’eux deux croulèrent sous les applaudissements et autres hourras. Ils cheminèrent ensuite tout en haut des marches, après avoir salué correctement nombres de leurs vassaux, pour s’engouffrer dans le castel qui était maintenant le leur. À peine franchirent-ils le portail principal, que Louis mena l’ex-Baronne dans la première artère qui se présenta devant eux, une allée qui devait certainement mener à un salon quelconque … Mais l’endroit où déboucha le couloir, ils ne s’y approchèrent pas d’un poil, car dès qu’ils s’échappèrent de l’attention publique, tapis sous une pseudo intimité, il la placarda du bassin contre les pierres du mur afin de lui prendre ses lèvres des siennes. Son baisé, si l’on pouvait encore appeler cela ainsi, faisait fit de toutes convenances et se montra comme le transport de son envie cuisante. Ses doigts se crispèrent sur les jupons de son aimée, les triturant comme si de les laisser là, comme l’armure de sa belle, était un odieux crime pour les yeux.

Au détour de cette étreinte fiévreuse et hélas, bien trop concise pour lui, qu’il lui souffla au creux de l’oreille.
« Maintenant que je t’ai, je ne te laisserai plus partir. Il faudra t’y faire … »


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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 17 Sep 2018 - 22:05


La fièvre. A mesure que ses lèvres touchaient les siennes, son cœur s’emballait dans une dance terriblement hystérique. Elle n’avait plus la mesure de ses mains qui s’en allèrent attraper sa nuque, ni de ses yeux qui se fermèrent aussitôt. Elle avait cette chose d’inconscient, comme si à présent rien ne pouvait les atteindre, comme si ce couloir qu’ils avaient vu vide ne pouvait se remplir. La pierre froide caressait son dos dans une brûlure délicieuse, alors que son souffle se raccourcissait toujours plus. Elle aurait voulu lui voler tous ses instants, le priver de toute liberté et de ne plus vivre que là, dans ce fragment d’espace et de temps où rien n’était important. La douceur de sa peau et les triturations des pans de tissus ajoutait à leur entrevue une chaleur cuisante. Cela ne faisait pourtant pas long qu’ils s’étaient quittés et à l’image de deux gamins, ils ne pouvaient réprimer l’envie de se retrouver à nouveau. Car c’était bien cela ; ils découvraient tous deux chaque cil, chaque cheveu, chaque courbe. Il sentait à nouveau et pour la première fois leur parfum. Là, oui là dans ce petit couloir rien n’avait plus guère d’importance que leur amour mis en sourdine la dernière ennéade. C’était un sentiment étrange que de retrouver la meilleure partie de soi – car c’était bien là ce que représentait le Cerf pour le Faucon. Il était aussi doux et bon qu’elle était terrible. Telle la lumière au bout du tunnel de sa vie, il l’éblouissait de sa clarté et de son enivrante attirance. Bientôt il serait sienne et alors elle goûterait avec délice chaque jour durant ce bonheur dont elle avait été si longtemps privée.

Elle eut voulu le retenir encore un peu, prolonger leur ivresse sans avoir à se soucier du lendemain mais ses lippes se retrouvèrent orphelines sans qu’elle ne sût l’empêcher. Un sourire béat naquit sur son visage, respirant pour la première fois depuis leur séparation. Quel étrange sentiment que l’amour : il faisait sentir si inconfortable et pourtant l’on ne pouvait se passer de cet inconfort. La grisaille de ses prunelles partit se noyer dans l’océan de ses pupilles, finalement pas déçue d’avoir retrouvée la vue. « Bientôt c’est toi qui pleureras pour que je te libère. Je peux me montrer bien cruelle… ».
Lui aussi étira son visage dans une grimace alors qu’il rétorqua presque aussitôt : « Ce genre de menace aurait su me faire trembler des jambes, lorsqu’on s’est connu. Maintenant il m’incite à te voir cruelle, comme tu l’entends être ». Et à peine eut il clôt son bec que déjà il reprenait leur étreinte là où il l’avait laissé.
Les palpitations lui reprirent et elle s’abandonna une fois encore au creux de ses bras, bien folle de ne pas faire attention. Que penserait-on de ces seigneurs qui se bécotaient dans de pareils lieux ? Mais si sa raison hurlait de se montrer prudente, ses sentiments s’enflammaient dans un brasier ardent d’où il était bien difficile de sortir. Quelle faute que celle-ci car alors qu’ils s’enlaçaient, ils étaient devenus sourds au monde autour. On se racla la gorge et presque aussitôt la chaleur disparue avec l’impression tristement malsaine de s’être fait prendre, comme des marmots volant quelques confiseries. De ses doigts elle repoussa son amant tant bien que mal, la respiration saccadée. Elle n’eut aucun mal à ce que celui-ci reprenne contenance ; tournant les talons presque aussitôt, il fit face au bonhomme qui venait de les interrompre. Il fallut à Alanya se décaler pour apercevoir la forme ratatinée et chargée d’un vélin du notaire qui l’accompagnait. Le juge s’inclina respectueusement avant de porter son regard vers ce qui demeurait encore sa suzeraine. « Louis, voici Maître Goupilleau de Fontenay, mon notaire qui sera en charge d’attester légalement de mon abdication avant notre mariage ».
« Vos Excellences, veuillez m’excuser d’avoir interrompu vos retrouvailles mais mon devoir est de m’assurer que les épousailles aient bien lieu après la signature de ce rouleau. Aussi pour votre tranquillité serait-il opportun de ne pas vous retrouver seuls jusqu’à ce jour ou quelques mauvaises langues pourraient prétendre – j’en ai peur – à quelques duperies de votre part ». Il parlait rapidement mais son assurance laissait à penser qu’il connaissait bien son affaire. Sitôt, Louis lança une œillade interrogative à la baronne qui gardait une mine neutre. Tout sinistre qu’était le notaire, c’était lui et seulement lui qui pourrait assurer la légitimité de leur union. Aussi, elle ne préférait pas le froisser de trop, quand bien même son confort s’en voyait réduit pour quelques jours.
« Moi ? Capable de duperies ? ». Le ton plus grave et irrité du Berthildois ne changea rien à la détermination de l’homme de loi qui resta campé devant le couple.
« Messire je n’oserai douter de vous mais comprenez que chaque absence peut être, pour vos ennemis, une occasion d’aller s’unir en cachette. Il est inutile de vous rappeler que cela rendrait caduc l’offre du régent… ».
Et s’en suivrait une guerre. S’il n’osa finir, elle n’était pas dupe ; le seul ennemi qu’ils avaient ici était l’ombre plus que dérangeante du Corbac, prêt à bondir sur la moindre occasion de se débarrasser définitivement de ses plus gênants voisins. « Alors ? Mhm ? Que faisons-nous ? Nous faut-il vous suivre pour y signer quelques vélins officiels ? ». Sa verve trahissait bien son humeur : il n’avait vraiment mais vraiment pas l’envie d’y voir la vieille trogne de pruneau du notaire pendant ses retrouvailles.
La belle s’empressa de mettre la main sur l’épaule du chevalier, son sourire s’étant évanouit dans une moue désolée. « Pénélope prend la route demain. Je ne veux pas signer ces foutus édits avant qu’elle n’arrive auprès de nous. L’occasion serait trop belle… ».
« Lorsque ces papiers seront signés, son Honneur perdra son titre au profit de son enfant aussitôt et un coursier sera dépêché à Alonna les Trois-Murs pour annoncer la nouvelle dans les plus bref délais ».
« Donc si je comprends bien ce que vous me dîtes… Vous me confisquez le droit d’intimité avec ma promise et ce, jusqu’au beau jour où ces édits seront estampés par nos griffes ? »
« J’en ai bien peur. Comprenez messire que je ne sers que vos intérêts et ceux de madame ».
Un sourire jaune, l’un des premiers fit soulever les joues du marquis. Elle était bien bonne ; après que le corbeau n’a cédé, voilà qu’un risible raisin tout sec venait encore les agacer. Alors, avant de s’emporter contre lui – qui ne faisait au fond que son travail – il la consulta du regard. Il y cherchait certainement son soutien mais aussi une manière de désamorcer le tout avant que les choses ne s’enveniment de trop. Alors, soupirant, elle fronça les sourcils. Ne seraient-ils jamais en paix ? « Et donc, comptez-vous nous suivre jusque dans nos appartements pour vérifier vous-même que sous le drap ne se cache un prêtre ? ». La réplique avait claqué plus fort qu’elle ne l’aurait pensé, peut-être plus agacée qu’elle n’aurait souhaité. Elle languissait que tout cela s’arrête, afin de se retrouver auprès du Saint-Aimé et de sa fille. Le pauvre juriste n’eut guère à la bouche que quelques balbutiements, le rouge lui montant aux joues. C’était la première fois qu’elle le voyait ainsi perdre contenance. Finalement amusée, l’Araignée s’engagea de nouveau : « Votre Excellence, avez-vous caché un Néeriste derrières vos rideaux sans m’en informer ? ». Ses lèvres se plissèrent légèrement, amusée tout compte fait de l’embarras de Monsieur Goupilleau.
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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 18 Sep 2018 - 20:40






Il ravala sa mauvaise humeur d’un unique souffle, puis se dérida à la suite du questionnement de sa mie. Ses deux grosses pattes vinrent se marier à son dos et, innocemment, il lui répondit sur le même ton qu’elle lui tint.

« Il me semble en avoir vu flâner un près des cuisines, mais dans ma chambre ? Non. Non, pas que je sache. » Affirma le cerf, tout en venant froncer le regard d’une manière faussement interrogative.  Il ne sut dire comment, ni pourquoi, mais la Broissieux eut par toujours ce don avec lui, de manipuler son humeur à son bon vouloir. Du plus loin qu’il se souvint, dès leurs primes regards échangés, elle sut faire de lui son esclave. Le mot semble a priori un peu fortiche, mais il n’en restait guère moins le plus approprié. Une œillade séductrice, un roulement des hanches, quelques paroles mielleuses, et voilà notre bon Louis capable de soulever terre et mer pour satisfaire sa belle. À ce point, la seule chose qui le sauvait fût que sa belle ne soit issue d’une mauvaise souche, capable de le manipuler à mauvais escient. Mais là! Cette malédiction qu’était Alanya pour notre bon Louis, n’en était pas réellement une, puisqu’elle ne lui voulait que du bien ? Enfin!

« Nous comprenons tout de même les enjeux qui entourent notre union et, monsieur Goupilleau, nous vous en somme éternellement gré d’être aussi méticuleux dans votre travail. Je veillerai à ce que les chuchotis nous concernant cessent et ne s’en voient bonifiés par quelques excès de fougue. Moi et son Excellence votre patronne, ferons chambre à part jusqu’au beau jour du mariage. Sont-ce là des conditions qui vous plaisent, monsieur le notaire? » Le badinage de sa promise l’ayant propulsé dans de meilleures conditions, Louis s’enquit tout de même de la main de la Baronne, qu’il enserra candidement dans la sienne. Sans être en mesure d’enrayer le pourpre à ses joues, l’homme de droit quitta les lieux de suite après avoir acquiescer au marquis, prétextant quelques affaires à terminer. Enfin seuls, sa promise lui fit la moue. Vraisemblablement, être aux côté de son amant sans pour autant pouvoir en profiter a sa guise lui donnait le cafard. Sa patte se raffermit donc à la sienne pour mieux réaffirmer sa présence à ses côtés. Son regard s’abaissa dans le sien pour mieux l’admirer et la couvrir d’un sourire amoureux.

« Qu’est-ce que sont ces quelques journées qui nous séparent, face à une vie longue, prospère et passée la main dans l’autre ? Puis, je lui ai promis faire chambre à part pour y dormir … Rien ne m’empêchera, une fois le clair de lune capable d’y guider mes pas, de venir au pan de ta porte pour m’enquérir de ton état ... » Ces mots dit de plus en plus bas, pour en finir la promesse indirecte en un murmure à peine inaudible au creux de son oreille.

Et sous quelques ricanements étouffés, ils reprirent là où laissèrent leurs retrouvailles, avant que ne vienne à nouveau quelqu’un pour les agacer.

Quelques jours s’écoulèrent et tôt, vint l’ennéade tant attendue par le peuple. Neuf jours de faste, où la joie et l’allégresse se montraient fortement recommandées, non, obligatoires même! Le bas peuple grouillait carrément d’impatience à l’idée d’obtenir congé de leur labeur, de pouvoir s’imbiber les boyaux à outrance! Cette ambiance festive avait très certainement pour qualité de déteindre sur tous, suggérant un sourire même au plus maussade des hommes, mais pour Louis, qui exécutait les cents pas devant la chambre de sa mie, c’était tout autre. La gueule qu’il tirait était si plissée, qu’on aurait cru qu’il s’était immergé dans la flotte pendant des heures. De gauche à droite, puis de droite à gauche, Louis paradait en grommelant devant les appartements de la Broissieux.


« Alanya, tu es certaine que tu vas bien ? » Dit-il, au travers le portail de bois, pour une centième fois. Au bout de tant de tentatives, faiblement, il entendit quelques paroles mâchées. Il fonça vers la porte puis il y colla son oreille attentive.

« Oui oui … » Lança-t-elle d’une voix serrée par la nausée. « Louis, peux-tu venir m’aider ? » Eh bien ces paroles, aussi gentillement demandées, ne se firent guère prier pour être réalisées. Il ouvrit la porte d’un geste sec et franc, découvrant sa belle éprise de haut le cœur et accoudée à la fenestration de sa suite.

« Alanya, par tous les saints, que t’arrive-t-il ? » S’enquit-il aussitôt, à s’approcher d’elle pour lui donner main forte, même si elle arborait comme parfum celui du mangé des cochons. Muette comme une tombe, voilà ce qu’elle devint, après que Louis l’ait étendue dans sa couche. Icelle souffrait vraisemblablement d’une affliction certaine, mais refusait catégoriquement qu’on l’examine, sous peine d’être occis sur le champ par l’un de ses ladres! Plutôt, il resta là, à ses côtés, à lui tenir la main et à lui éponger le front de toute cette sueur qui le décorait. Sa belle était souffrante depuis quelques jours déjà et, malgré toute la liesse dont faisait preuve le bon peuple, Louis ne pouvait se résoudre à sourire.

Il était avec sa mie, le seul qui ne savait trouver la joie.

Plus tard, dans les couloirs menant à la cours arrière.


« Monseigneur Fabre, dites-moi, avez-vous un diagnostic pour ma promise ? Je ne me peux plus de la voir souffrir de la sorte. »

« Pas plus que ce matin, votre Excellence. Il nous est laborieux d’émettre un diagnostic et encore plus complexe d’y trouver une solution, alors que nous sommes défendus de nous approcher d’elle. »

« Hélas, peste soit son entêtement! Cette tête de mule refuse toute présence autre que la mienne! »

« Vous parlez tout de même de votre aimée, votre Excellence. »

« Elle est la plus belle et plus précieuse des têtes de mules. » Là, on commençait bien à voir les dents du marquis qui vraiment, en avait gros.

« Pour tout vous dire, nous avons tout même quelques soupçons. La raison la plus probable de son soudain malaise est probablement reliée au fait qu’il n’est pas de bon augure que vous célébrez votre union, alors que dans les rues court la dépravation de vos gens, la luxure et l’excès! » Fabre s’était exprimé sans autres ambages, ne faisant usure d’aucune fioriture, comme s’il n’endossait pas la décision du marquis quant aux encouragements qu’il soumit à son peuple. Alors, Louis patienta, un moment, mais ne lâcha guère le prêtre des yeux pour autant.

« Vous êtes en train de me dire que … la Damedieu n’entends pas donner sa bénédiction pour notre union et … qu’elle l’empêche en se manifestant sous forme d’affliction ? » Hésitant, ça, il l’était. Même plus que jamais. Avouer que celle dont il dévouait chacune de ses primes pensées quotidienne était capable d’une telle chose l’écœurait au plus haut point. Il ne pouvait le concevoir. Pourquoi ? Lui qui était si pieux, lui qui se vouait corps et âme au culte Pentien, se pliant à leur quatre volontés pour les satisfaire. Pourquoi ?

« Faites annuler mon union. Nous attendrons. »







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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 24 Sep 2018 - 21:29

» Par tous les saints, personne n’osera donc te ramener à la raison ? ». La mine sévère du bel homme n’eut d’autre effet que d’attiser la moquerie de son interlocutrice. Assise péniblement, les traits tirés par la fatigue, elle semblait tout de même moins blême que l’ennéade précédente. Autour d’elle s’affairait la dame tisserande, tout juste venue pour satisfaire ses besoins ; car voilà que la baronne était bien décidée à présent : le mariage avait assez été repoussé ! Il se tiendrait probablement sous quinzaine, et elle veillait à chaque préparatif. De toute façon, avait-elle vraiment autre chose à faire – elle qui s’était condamnée à rester enfermer dans ce castel et qui passait la plupart de son temps dans ces appartements ?

Malgré sa maladie, et sa relative faiblesse, la Broissieux avait veillé à assurer sa présence lors des festivités, cachant par quelques sourires ses nausées et s’épongeant la sueur de sa fièvre discrètement. On changeait ses draps tous les jours, et on la lavait tout autant. La nuit était source d’angoisse pour sa maison qui s’affairait à veiller que les chaleurs ne montent pas trop ? D’aucun ne croyait ses humeurs prêtent à bouillir, alors usant d’ingéniosité, les quelques femmes de chambres ouvrait grand les vitres et aspergeaient son corps d’eau. Et il était bien compliqué de dormir trempée jusqu’à l’os ! Le seul répit que ce mal lui offrait, était celui de n’avoir à croiser le museau troussé, caché par un mouchoir de tissu, de l’avocat. Le pauvre bougre craignait d’attraper la fièvre à son tour, aussi n’avait-il réduit ses visites qu’à une fois tous les deux jours. Conséquence subsidiaire de cet avantage, le malotru avait veillé personnellement à ce que la jeune Pénélope ne voit pas – ou trop peu – sa mère souffrante. La petite serait bientôt l’héritière de la baronnie et il n’était pas question pour ce juge de perdre le bien qu’il était venu défendre.

« Tranquillise-toi mon frère, je vais mieux. Et ce n’est pas ces prédicateurs qui m’aideront davantage. Mais si toi aussi tu commences à douter de moi, alors je me ferais une joie d’éconduire tes visites ! ». Fulcran était arrivé accompagné de sa nièce, tandis qu’Angélique était restée à la cour d’Alonna les Trois-Murs jusqu’à son union. Le chevalier fronça encore un peu plus les sourcils ; il ne doutait pas de la parole de son aînée qui avait déjà veillé à ne plus entendre Louis le supplier à voir des charlatans. Et puis, elle avait essayé d’éviter son promis autant que possible. Les ecclésiastes lui avaient prêté une aide inattendue lorsqu’on avait annoncé au Marquis la raison de la maladie de sa future épouse. Les prétentions divines de ses vomissements avaient fait rire la belle qui s’en contenta bien. S’il eut fallu qu’il croit à un mauvais présage et bien soit ! Il passa ainsi ses instants de liberté à prier, le reste étant bien occupé par les prérogatives nobiliaires et les festivités. Mais à présent qu’elle se sentait mieux, il faudrait tôt ou tard affronter le Berthildois et le confondre en vérité.

« Si tu arrêtais de repousser tous ceux qui veulent t’aider, peut-être que je n’aurais pas à jouer le rôle de nourrice Alanya ! ». Le rouge lui monta aux joues presque aussi vite qu’il s’emporta. Ses poings se serrèrent et sans demander son reste, le bellâtre quitta la chambre dans de grandes enjambées. La porte au lourd battant claqua avec force et on l’entendit aboyer dans le couloir. Il n’avait pas tort mais les préoccupations de son cadet n’étaient guère les siennes pour l’heure. Le Faucon reporta son attention sur Madame Lachausse venue expressément sur sa demande. La couturière Alonnaise était venue avec deux coffres entiers pleins d’étoffes, et pourtant la baronne avait déjà une idée bien précise de sa robe du grand jour. La vieille dame, peu commode épinglez ça et là en prenant ses mesures.
« Eh bien ! C’est la première fois que je vous vois aussi silencieuse ! »

«[color:0399= lightblue] Si vous étiez ma petite, bien sûr que je vous corrigerais sans ménagement ! La Sainte Mère m’en soit témoin, ces fièvres pourrait causer la perte de ».
La baronne se retourna vivement, la coupant net. « Taisez-vous ! Si quelqu’un venait à l’apprendre… ». Elle se faisait menaçante, comme une louve protégeant son petit.
«[color:0399= lightblue] Si vous tardez encore ma p’tite, cela se verra ».
« Et c’est pour ça que je compte sur votre dextérité pour cacher ce petit… imprévu ».
« Allez-vous en informer le grand dadet de père ? ».
La belle hocha la tête, soudain bien lasse. « Il ne devrait guère tarder à arriver et ce n’est pas la seule chose que j’ai à lui soumettre ce soir ».

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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 2 Oct 2018 - 23:02







Louis se redressa en hochant à quelques reprises à deux des trois hommes à qui il confia certaines directives. La date fatidique de son union s’approchait et, il s’était donné comme mission de s’entretenir avec chacun de ses chevaliers, leurs offrant au passage quelques tâches relatives à cette journée de liesse. Le troisième homme du trio, lui, n’était que l’écuyer de son ami d’enfance, Rhedgar. Pour lui, c’était plutôt la journée idéale pour l’obtention d’un congé de ses obligations. Il irait avec le bas peuple, festoyer sans retenue et lever le coude à l’unisson en l’honneur des mariés. Si notre marquis quitta sans autres ambages, c’est qu’il avait à faire, bien mieux à faire. Il se devait d’aller à la rencontre de sa mie, de laquelle il l’avait eu de nouvelles depuis le petit déjeuner. Au passage, il y croisa Fulcrant, qui fulminait comme un volcan à deux doigts de l’irruption, mais n’en guère de cas. De ce qu’il savait de lui, le jeune homme avait cette tendance, allez savoir pourquoi, à se courroucer pour quelques bagatelles.

Arrivé devant la porte de sa mie, il fit rencontrer les lattes de bois de la porte à ses jointures, cognant à quelques reprises.


« Alanya ma douce, es-tu là? » Soutint le marquis envers sa promise, comme si la question était à la fois une demande pour s’inviter dans son intimité.

« Oui Louis, entre je te prie. » L’enthousiasme dût se faire absorber par la porte, car il n’en détecta pas une once. Sa belle plutôt, soupira faiblement à son insu, appréhendant très certainement sa prochaine rencontre avec le colosse. Une fois le linteau s’entre-ouvrant, une fois qu’elle aperçut la silhouette de son promis, elle chassa à l’instar d’une mouche agaçante la tisserande qui s’affairait tantôt à prendre ses mensurations. Elle avait pour le moment, besoin de a plus grande des intimités. Quant à Louis, une fois planté devant elle, il déposa ses billes verdâtres sur elle. Il en profita pour l’admirer longuement, tout en silence, n’affichant sur sa bouille velue qu’un adorable sourire. Il se faisait un malin plaisir à lui faire le transport de son amour, de sa passion, à lui démontrer des yeux comme il la trouvait plus belle qu’aucune autre.

« Me veux-tu mort, dis-moi? Le souffle me manque pratiquement, tant je te vois belle aujourd’hui. » Il conquit un peu de distance entre eux deux, puis souleva sa grande paluche pour qu’elle s’en serve d’appuis et qu’elle puisse s’esquiver de son piédestal. Elle lui sourit avec une pointe d’amertume, tant il était proche de la vérité. Elle déposa ensuite en toute délicatesse la pointe de ses doigts dans le creux de sa patte pour mieux trouver le sol du pied.

« Tu n’es pas au bout de tes peines mon bel ami, je le crains … » Elle tentait d’aborder le sujet avec délicatesse, mais Louis semblait d’ores et déjà nager sur son petit nuage de jeune marié. La journée s’approchait, mais ils n’y étaient guère encore. Certaines nouvelles, certaines épreuves étaient encore à venir avant que ne soit officialisé leur union.

« Ma mie … Quels malheurs pourraient-ils être si graves qu’ils sauraient te rendre si sérieuse? Sont-ce ces vilaines qui t’harassent de trop à propos de ta fièvre ? Je m’en irai leur rappeler sèchement leurs obligations, si c’est là ce qui fait l’objet de tes tourments. »

« Grands Dieux non, elles n’y sont pour rien! Mais ce que je m’apprête à te dire, il te faudra le garder strictement pour toi. Du moins, un temps, ou nous risquerions de nous compromettre tous deux … » Toute suite, son ton s’était montré plus coupable, comme si ce qu’elle avait à lui livrer n’avait rien d’une pacotille. Enfin elle avait réussi à capter son attention. Avec cet avertissement elle avait tué définitivement le sourire de son amant qui plutôt, fronça son front, de même que ses sourcils, de manière dubitative.

« Il n’est entre nous deux de secrets qui sauraient être trop pesants à préserver. Dis-moi tout, je t’en prie. » Il se voulut rassurant dans la voix de même que dans le geste, lorsqu’il passa discrètement sa main à sa chevelure qu’il caressa de sorte à alléger sa confession. Elle lui prit la main délicatement puis mieux le guider vers le bord de son lit, là où elle s’y assit dans un soupir inquiet.

« Tu sais Louis, si je suis souffrante ces derniers temps et que je refuse de voir les médecins, c’est que … » Elle hésita, fuyant lâchement ses prunelles azurées.

« Je porte ton enfant, Louis. » Et la nouvelle, évidemment, percuta de plein fouet le grand dadet de marquis. Ses lèvres s’étaient entre-ouvertes légèrement, comme s’il désirait sans succès, faire le témoignage de sa stupéfaction. Pourtant, rien, nada, niet. Seul le crissement de sa main dans la sienne et la naissance de son sourire, de secondes en secondes plus grand que jamais, illuminait son faciès velu.

«  Mais … Mais … C’est incroyable! » Hurla pratiquement le cerf, en s’approchant de sa promise pour mieux l’étreindre de ses deux bras, sans lui demander la moindre des permissions et sans faire gaffe à l’intensité de son affection. Peu serait à parier que quelques minutes suffiraient pour la voir morte au sol, avachie sans le moindre souffle, tant Louis s’était emballé sous la joie. Et elle, elle en fit tout autant, bien soulagée de sa réaction. Elle avait appréhendé ce moment depuis si longtemps, qu’elle sentit ce pesant poids s’envoler dans la seconde de sur ses épaules.

« Nous devrons le cacher quelques ennéades avant de pouvoir l’annoncer … Si quelqu’un venait à l’apprendre avant, la légitimité de notre enfant pourrait être remise en doute… » Elle tenta malgré l’allégresse dans laquelle Louis sembla nager, de lui faire comprendre la gravité de la situation.

« Et pourquoi donc! Qui donc oserait remettre en doute ta fidélité ? » Comme si Louis voyait la chose comme dans sa forme la plus ridicule. Qui, en effet, aurait assez de couilles pour venir piquer le cul du couple marquisal, alors que Louis, fort de son titre, était à même capable de déclarer la guerre à la moindre personne qui regarderait de travers son aimée.  

« Aymeric. » La réponse se montra aussi directe que fût la réaction du Saint-Aimé. Son regard transpirait la peur, de cela, Louis en était certain. Elle doutait de ce que pourrait lui faire subir le régent du Royaume, s’il venait à comprendre le bonheur qui animait le couple marquisal. S’il restait au cerf une once de respect pour Aymeric, la simple hypothèse où le corbeau userait de ruse pour mettre en déroute la légitimité de son fils à venir, venait d’en désintégrer les restants. Son regard changeât, du tout au tout, et Alanya put de suite comprendre une chose : que l’homme dont elle allait prendre la main, serait fort probablement de ceux qui tueraient et ravageraient tout sur leur passage, pour le bien de leur progéniture.

« De combien de temps nous faudrait-il le cacher? »

« Au moins trois ennéades, je crois … » Dit-elle, un peu plus bas, comme si cette fatalité où tous deux ne pourraient transmettre à leur entourage cette joie du jour de naissance, lui empoisonnait le cœur. Un silence, très lourd, s’installa après cette concise réponse. Entre-temps, Louis s’était éloigné de quelques pas, s’approchant de la fenestration pour mieux analyser le tout. Il ne lui fallut pas plus d’une minute avant de se retourner vers son aimée et de continuer.

« Et si à ton accouchement, nous faisions courir le mot que tu mets à bas prématurément ? Que le poupon est ridiculement petit, la chose n’en reviendrait-elle pas au même que de le cacher tout ce temps ? » Elle secoua la tête négativement en fronçant à son tour des sourcils.

« Et sous-entendre que ton enfant est malingre et sûrement inapte à reprendre ton titre à ta mort? »

« Quel est le problème si nous savons tous deux que c’est faux ? Il aura nombre de temps pour grandir et prouver naturellement aux autres qu’il en sera tout à fait apte. »

« Pas même né et déjà à le soumettre à la pression sans pitié des intrigues de la cour … Il en est hors de question Louis, tu m’entends? » La conversation venait de gagner en intensité et même, le ton qu’elle s’acoquinait envisageait drôlement leur premier dispute. Louis passa sèchement sa main contre son visage froissé d’agacement. Envisager de garder son fils reclus du reste du monde sembla pour lui tout simplement impossible.

« Et de le tenir tapis aux yeux de tous, de nos servants, de tous nos gens, tu crois peut-être que c’est d’avoir plus de cœur envers lui? » Du venin, Louis comme tout le monde savait en cracher, a priori.

« Nous n’aurons pas à le faire si nous gardons le secret assez de temps pour que tous imaginent sa conception après nos noces. S’il devait naître avant terme, en pleine santé, cela voudra simplement dire qu’il s’est mieux développé que la moyenne, c’est tout! » Elle s’était levée d’un bon tout sec, commençant à faire les cent pas dans ses appartements.

« Tu crois Aymeric, par exemple, incapable de compter sur ses doigts pour se rendre compte qu’il est improbable qu’un enfant soit en aussi bonne santé accouché si hâtivement? »

« Bon et bien, allons-y! Forçons notre petit à peine né à subir les critiques de la cour et vivre toute sa vie avec une épée de Damoclès sur sa tête parce que tu as voulu protéger notre confort, et décrété ton héritier chétif et faible! »





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MessageSujet: Re: Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ]   Tu es partie en Baronne, tu reviendras en Marquise [ Alanya ] I_icon_minitimeDim 14 Oct 2018 - 13:28

Il n’y avait dans la pièce nulle place qui aurait pu servir de refuge contre la colère des futurs parents. Plus les secondes s’égrainaient et plus le ton montait si bien que la pierre elle-même sembla trembler sous les coups de tonnerre. La belle protégeait déjà le rejeton comme une louve, tandis que le père tentait vainement de prendre la place qui lui était échu. Pouvait-elle seulement lui en vouloir ? N’avait-elle jamais rêvé d’un homme pour l’épauler dans l’éducation de sa fille ? Mais là ! Surement un peu blessé dans son égo, la belle s’emportait tant et plus que Louis en perdait son calme. Jamais elle n’avait vu la frimousse du Régent plus tendue, plus terrible, plus terrifiante. Si elle n’avait eu autant de cran et de hargne au cœur, elle n’aurait pas même osé affronter le courroux du Cerf. A vrai dire, il n’avait guère l’air différent de son propre père : voilà comment le Berthildois se muait en Effroyable. Affolé, complètement abasourdi par la discussion qui ne menait nulle part, il criait à présent :
« Crois-tu seulement que je me soucis de mon confort ?! Tu divagues complètement ! ».
Les pas cessèrent enfin, brusquement alors qu’elle fit volte-face. Ses petits poings – qui n’auraient certainement effrayé personne – se serraient compulsivement alors que le sang bouillonnant lui montait aux joues. Voilà bien longtemps qu’on ne l’avait poussé dans une telle rage, et le peu de considération que lui offrait son amant l’emmerdait d’autant plus. « Bien : C’est moi qui divague ! Alors même que tu promets à ton héritier une vie de remise en doute incessant ?! Veux-tu qu’il finisse par courir après un titre comme tu l’as fait ?! Ou pire ; s’opposer à un frère qui serait plus disposé que lui pour obtenir le soutien de la noblesse ?! Le Grand-Cul d’Othar Louis, cesse donc de vivre dans ton monde et regarde le tel qu’il est réellement ! ».
Elle n’avait pas été tendre cette fois-ci. Les mots avaient certainement dépassé sa pensée, et elle savait qu’elle avait enfoncé une petite lame dans le cœur du Marquis. Pour autant, elle était persuadée de n’avoir énoncé là que la vérité ; Alanya demeurait bien trop emportée pour éprouver du remord. « Il suffit ! Il n’est pas dit que remettras en doute l’amour que je porte pour cet enfant que tu portes ! Nous tiendrons au silence sa présence pour la durée du mariage, mais nous nous en reparlerons plus tard ». La baronne n’avait jamais vu le chevalier plus incisif qu’à cet instant. Ses tempes battaient, et surement s’il ne l’avait pas aimé comme un fou, il l’aurait déjà allongé d’une gifle.
Mais ni l’un ni l’autre n’était prêt à plier, si bien que dans un grotesque théâtral, ils tenaient bon leurs positions, semblant peu impressionnés l’un comme l’autre par les éclats de voix ; comme si chaque cri n’attisait rien de plus que la colère. « Il en est hors de question ! Nous allons en parler ici et maintenant, que cela te plaise ou non ». Têtue, la Broissieux n’était pas prête à lâcher l’affaire si tôt. « Dussais-je m’exiler dans une maison de campagne, loin des yeux pervers, je te le jure Louis que cet enfant ne naîtra pas sous le mauvais augure que tu souhaites lui attribuer ! ».
La tête que tira Louis, probablement que l'Alonnaise l'aurait reconnue si elle l'avait un jour croisé sur le champ de bataille. Il était sur le point d'exploser, de fracasser son poing déjà bien crispé sur le premier objet qui lui passait sous la main. « Cet enfant, je le jure devant la Dame dieu, ne verra pas ses premiers jours dans l'anonymat! ». L'expression violente de ses gestes démontrait bien qu'il n'avait que peu d'arguments qui lui vinrent en tête. Seule son obstination à ce sujet ne lui faisait pas perdre sa position.
« Un mois, un seul mois après sa naissance voilà ce que je te demande ! Tu n'en seras pas moins le père et il ne sera pas moins ton fils ! Quel Dieu ai-je donc froissé pour me donner une mule pareille ?! ». Ils se souciaient peu que leur dispute s’entende par-delà les lourds battant obstinément clos. Peut-être qu’un curieux attroupement s’était fait devant leurs appartements. Ils s’en fichaient bien. « J'irai m'enfermer à Broissieux ou qu'importe ce temps-là, et je reviendrais avec un poupon que tu auras tout le loisir de sortir de l'anonymat ! ».
Louis se creusa du pouce et de l'index les arcades sourcilières, visiblement accablé par cette vilaine idée. « Il ou elle sera mon premier enfant, le prochain Marquis de sainte Berthilde... Est-ce là tout le respect que tu as envers lui, de le cacher aux yeux de ceux qui l'attendent depuis si longtemps ? ». Son ton serait calmé, mais il n'en restait pas moins encore bien remonté contre elle.
« Je préfère bien cela que lui imposer le doute tout du long de sa vie. L'enfant pourra bien attendre un mois avant de ne devenir le futur Marquis non ? Par tous les saints Louis, ce n'est pas toi que je punis, et je ne suis pas plus ravie que toi ».
Le futur père soupira tant qu’il aurait pu déclencher une tempête. Il ne voulait évidemment pas en venir aux mains. Il semblait à présent meurtris, fatigué par cette dispute dont ils auraient pu tous deux se passer. « Comme tu le voudras Alanya… Si c’est ce qu’il faut ». Il n’y avait plus aucune conviction, il avait abdiqué face à l’entêtement de sa promise. Et bien las de tout cela, il s’engagea vers la sortie.
Elle resta un instant immobile. Cette seconde suspendu dans le temps, dans l’espace et dans tout ce qu’ils pensaient connaître était une éternité à elle seule. Son cœur s’était figé, et la chambre avait pris des allures glaciales. Alors, dans même s’en rendre compte, elle avait saisi sa main au vol. Un geste intime dans un silence pesant, qui lui imposait – non qui le suppliait – de rester là où il était. Elle aussi avait soupé de leur différend, et à présent que la colère s’en était allée, il ne restait plus que les doutes et la culpabilité. « Ne fais pas ça Louis ».
« Je me suis longuement penché sur la question ; comment me sentirais-je au jour où j’apprendrai la naissance de ma progéniture ? Eh bien, jamais ne l’avais-je espérée voir gâché par une dispute ». Il lui avait confié cela à mi- mot, et ses prunelles cherchaient encore la solution : devait-il fuir ou rester ?
Elle lui serra la main un peu plus fort. Elle non plus n’avait jamais imaginé cela, et pourtant ils étaient là, à ne savoir quoi faire. Elle regrettait de s’être emportée de la sorte, mais la situation était d’autant plus stressante que leur mariage arrivait à grand pas. Lentement, elle s’approcha. Si doucement de peur de l’effrayer et qu’il ne s’enfuit, comme s’il avait s’agit d’un animal apeuré et blessé. Elle posa la grosse paluche du Marquis sur son ventre, tendrement. « Je suis sûre qu’il ne nous en tiendra pas rigueur… ».
La tension à ses épaules s’évapora peu à peu et même ses traits se déridèrent, comme si cette chose absorbait tout ce qu’il y avait de mauvais en eux. Il soupira une fois encore, appuya légèrement du bout des doigts pour mieux tenter de sentir l’être à l’intérieur d’elle. Un bref instant ils restèrent ainsi avant qu’il ne lui sourit tristement. Alanya s’avança encore un peu jusqu’à venir coller son front au menton poilu. L’air sembla bien moins étouffant et le castel trouva un peu de son calme.
« Je m’excuse Louis, je n’aurais pas dû… ». Elle se mordilla la lèvre, et pour une fois la sincérité de ses propos transcendait même le son de sa voix.
« Nous aurons encore nombres d’occasions pour nous opposer… Pour l’heure, contentons-nous de célébrer silencieusement la venue de notre enfant ».
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