Ce n’est pas le titre qui honore l’homme,mais l’homme qui honore le titre[Glenn]

Julas, 3ième ennéades de Karfias, An 11, Cycle 11

Les vagues se fendirent contre la coque de la caravelle, pendant que la princesse marchande, savourant le vent salin, portait son regard sur sa prochaine cible. C’était bel et bien le  calme avant la tempête. Naélis se dressait devant elle, insoumise, prête à être conquise. Maralina avait de nombreux commerces dans la ville, mais elle était venue avec un but très précis en tête et elle se savait assez habile pour réussir son coup. Si elle pouvait rester discrète pendant les jeux, elle pourrait en voir facilement de quoi il en retourne et faire tranquillement sa place dans l’arène. Après tout, qui n’était pas friand de combat de gladiateur? Elle fut sortie de ses pensées, lorsque le capitaine hurla de lancer les cordages. Enfin! Non pas que le voyage fut sans confort, après tout, Mara ne faisait jamais rien à demi- mesure. Sa flotte n’était pas réputée pour passer inaperçue. Ce qui l’énervait le plus était l’ennui, les jours passaient atrocement lentement sans action. Les secousses des vagues devenaient rapidement lassantes. Aucun pirate n’avait encore osé s’approcher d’un de ses navires, et elle s’en réjouissait intérieurement, Quoique quelques coups échangés avec la peste qui tentait de contrôler la mer aurait été divertissant, tous savait que les pertes de temps que les pirates étaient coutaient affreusement cher. La caravelle accosta finalement sur les quais, alors qu’une mare de matelots s’attelait à la tâche d’attacher le navire pour qu’il soit finalement accessible des quais.  Maralina était toujours surprise à chaque fois qu’elle arrivait sur les quais de Naélis.  Cette partie de la ville semblait s’agrandir ou se développer un peu plus à chaque fois qu’elle mettait les pieds dans la cité.

Elle fit virevolter les pans de sa robe en soie et descendit gracieusement les escaliers pour se rendre sur le pont du navire. Le capitaine lui attrapa la main et baisa ses longs doigts effilés avant de mentionner à quel point il fut un plaisir pour lui de transporter une si gracieuse personne. Mara le dépassa sans dire un mot, complétement lasse des commentaires du capitaine. Un homme trop facile n’avait aucun intérêt pour la demi-elfe, son plaisir était de chasser les hommes qui lui résistait. Elle descendit finalement de son navire, rapidement suivi de quelques membres de sa milice, habillés en mercenaire et elle se dirigea vers le quartier de l’aigle, afin de rejoindre le colisée. La marche se fit sans embuche, sa garde rapproché s’occupant rapidement de se débarrasser de la populace un peu trop curieuse qui tentait de s’approcher de la princesse d’Uldal’Rhiz.

Les jeux étaient à veille de débuter lorsque le petit groupe arriva finalement aux colisées. Maralina observa l’immense bâtiment avant de s’y aventurer. À l’intérieur, une fouille grouillait d’excitation. La populace rugissait de plaisir tandis que les nobles commençaient à parier sur les vainqueurs. La princesse prit donc place dans une des estrades de ce qui semblait être la noblesse, en tentant de rester le plus discrète que possible jusqu’à ce qu’un homme de forte stature l’interpellent pour lui demander : « Eh! Mais pour qui vous prenez vous? Cet endroit est réservé uniquement pour l'élite militaire! » Elle n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche qu’un de ces soldats gifla la pauvre âme avant de s’exclamer : «  Vous parlez à Maralina Irohivrah, Princesse marchande d’Uldal’Rhiz, membre du conseil de Thaar! Si j’étais vous, je m’adresserais avec la courtoisie requise à une dame de son rang, pauvre avorton! » L’humain en face d’elle lui fit une rapide révérence avant de prendre  ses jambes à son coup avant de quitter l’estrade. Pour ce qui était de passer inaperçue s’en était bien finie! La demi-elfe jeta un regard mauvais à son sbire, qui se terra en arrière d’elle pour éviter sa fureur. « Pauvre idiot! Va le rattrapez avant qu’il aille chercher le roi! » Le mercenaire ne prit pas de temps pour s’engouffrer dans les nombreux couloirs qu’était le colisée. Avec un peu de chance il rattraperait l’insolent avant d’attirer un peu trop l’attention. Après tout, Mara n’était pas venue pour discuter avec le roi, mais pour s’intégrer doucement aux arènes de Naélis.

Antonin était un simple employé du colisée, plaçant les spectateurs, agitant les foules et distribuant le pain gracieusement offert par le royaume. Giflé par un garde du corps zélé, Antonin ne s’attarda pas dans les gradins. Ce n’est pas l’humiliation qui provoqua sa fuite mais plutôt le besoin de rendre à compte à son chef de gradin qu’une princesse marchande avait prise place dans le colisée. Toutefois, l’incident n’était pas clos. Car plusieurs membres de l’aristocratie naelisienne avaient assistés à la scène. A Naelis, contrairement à tout autre pays, c’était les hommes d’épée qui avaient le pouvoir. Le gouverneur Landeclas, administrant la partie Est de la cité, ne manqua pas de se lever pour faire face aux thaaris. Outre son imposante stature, il affichait fièrement une épée au pommeau richement décoré :

- C’est la dernière fois que je vois un de vos sbires lever la main à l’encontre d’un naelisien. Princesse marchande ou pas, vos titres ne valent rien ici. L’esclavage des hommes est interdit dans tout le royaume. »

Outre Landeclas, d’autres personnalités avaient assistés à la scène. Il n’était pas dans l’intérêt de Maralina de surenchérir. Son rappel à la loi fait, le gouverneur ne tarda pas à s’asseoir pour assister au duel en cours.

Glenn se rendait régulièrement aux colisée. En tant que combattant, il appréciait voir les hommes lutter ainsi pour leur survie. Pour l’heure, il ne s’agissait pas de combat à mort. On en était aux balbutiements, le but étant de former une école capable de rivaliser avec celles de Sol’Dorn. Quand on vint lui rapporter la présence d’une princesse marchande, autre que Krish Al’Serath qu’il ne connaissait que trop bien, Glenn hésita un moment à la faire venir. Le colisée était avant tout un lieu pour lui permettre de sortir de la politique, de penser à autre chose. Mais il était curieux de rencontrer cette nouvelle venue dans le jeu vaanie. Son ascension a été fulgurante. Uldal’Rhiz ce n’est pas rien, il s’agit du commerce d’esclave le plus important. Je me demande sur quelle genre de veille drow aigrie je vais tomber cette fois.

- Faites la venir ici, seule. »

Dans la place d’honneur qui lui était réservé, on comptait quatre grands fauteuils en pierre. L’un pour le roi, l’autre pour la reine, et les deux autres pour l’invité de chacun d’eux. Heureusement pour nos personnages, la dureté de la pierre était compensée par de nombreux coussins moelleux et autre draperie soyeuse. Quand la princesse Maralina arriva, il ne se leva pas pour l’accueillir. C’était lui le roi, comme le laissait supposer la couronne d’or qu’il portait. Dans un premier temps, il ne lui adressa qu’un bref regard. Mais il ne put s’empêcher de la regarder à nouveau, comme pour confirmer qu’il ne s’était pas trompé. Je ne m’attendais pas à ça ! La princesse marchande ne le laissa pas indifférent.

- Bienvenue à Naelis, princesse Irohivrah. Profitez de cet espace, vous êtes mon invité pour la soirée. Alors dites moi, d’où vous vient votre intérêt pour les gladiateurs ? »

Un serviteur lui proposa à boire, mais aussi à manger. Dans l’arène, le duel laissa place à l’entrée de deux trinômes sur le sable. Un combat d’équipe.

Maralina observa de son regard glaciale le gouverneur qui se leva et tenta, de toute sa stature de l’intimider. Voyant du clin de l’œil ses gardes du corps glisser doucement leurs mains vers le pommeau de leurs épées, prêt a rétorqué à l’humiliation. La princesse marchande se leva et leur firent signe de se calmer. La situation ne devait pas escalader. La demi-elfe se retourna vers l’humain qui l’avait défié en faisant un sourire des plus enjôleur. Elle baissa délicatement la tête en faisant une révérence avant de plonger son regard dans celui de l’aristocrate. «Toutes mes excuses monseigneur. Nul n’était mon intention de causer autant de drame. Je ne voulais qu’apprécier le spectacle; tout comme vous. Vous comprendrez que mes gardes du corps sont légèrement sur le qui-vive depuis certains événements qui se sont produit a Thaar et il semble que la nervosité ne les aient poussé a bout» Elle s’arrêta avant de s’approcher de quelques pas pour mieux continuer; « Qui plus est mon cher, l’esclavage n’est pas le but de mon voyage. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, je ne tenterais aucun coup mal placé dans votre cité » Ce dernier sembla légèrement rassuré et il lui fit un signe de tête avant de se rasseoir pour observer le combat.


La demi-elfe retourna son regard bleuté vers ses sbires. Quelle bande d’incompétent! Incapable de rester discret ou d’éviter les ennuis. La princesse marchande se retourna pour sortir du colisée et s’arrêta dans le couloir avant de se retourner vers ses gardes du corps. «Trouvez l’employé que cet idiot à gifler et amener le moi!» Deux soldats acquiescèrent, avant de partir chercher la pauvre âme  qui avait eu affaire au courroux improvisé de son garde du corps. Cela ne prit que quelques minutes avant que ce dernier arrive encadré de son escorte improvisé. Le pauvre regarda ses pieds, et Maralina lui releva la tête à l’aide de son doigt effilé. «Quel est ton nom?» lui demanda-t-elle d’une voix cristalline


«Antonin, ma dame.»


Maralina lui sourit en le relâchant. «Enchanté de faire votre connaissance Antonin, je tenais à m’excuser personnellement pour les actions de mon garde du corps. Vous comprendrez que ces derniers sont légèrement stressés par certains événements qui ont touché notre ville. » Elle plongea son regard dans celui de l’employé qui semblait totalement sous le charme de la princesse avant d’acquiescer rapidement. Elle fit signe a un mercenaire qui donna une petite bourse bien remplit a l’employer avant que Maralina ne lui fissent un autre sourire charmeur; «Encore une fois, toutes mes excuses Antonin. » Ce dernier lui fit un rapide sourire avant de mettre rapidement la bourse dans ses poches alors qu’un autre employé ne rejoigne le petit groupe.  La princesse marchande se retourna vers l’autre humain en ayant un léger air agacée. «Sa majesté, Glenn Hereon requiert votre présence, seule » La princesse marchande perdit instantanément son sourire et fit un rapide signe de tête a l’humain pour qu’il ne la conduise a lui, laissant son escorte derrière elle.


Ils arrivèrent rapidement dans l’espace réservé au roi et le serviteur lui ouvra rapidement la porte avant de la refermer sur son passage. Maralina soupira lorsqu’elle se rendit compte que le roi était seul. Ce dernier ne leva même pas les yeux pour l’accueillir. Il se contenta de suivre le regard du combat qui se déroulait dans l’arène. Agacée, Maralina fit quelques pas pour venir se mettre dans son champ de vision et fit une légère révérence avant de s’exclamer;


«Votre majesté, tout le plaisir est pour moi. Vous m’avez demandé?»


Bonne actrice, le roi ne pourrait définitivement pas voir l’agacement que son sourire angélique cachait. La réplique était polie, mais directe. Elle n’avait pas de temps à perdre, et elle imaginait que ce dernier n’en n’avait pas non plus. Ce dernier lui accorda finalement un rapide regard avant de la regarder – pardon- de la détailler avec plus d’attention. Maralina lui sourit en remarquant son manège. Un autre qui la sous-estimait ? Il fallait dire qu’elle n’avait rien à voir avec la précédente princesse marchande. Glenn Hereon l’accueillit finalement, comme si le fait d’être jolie lui accordait cette faveur. Elle lui sourit, avant d’attraper une coupe qu’un serviteur lui tendait et porta le liquide ambré à ses lèvres. «Je vous en prie, votre majesté, appelée moi Maralina. » Elle s’était exclamée cela en ne le quittant pas du regard, son air amusée ne laissait rien au hasard. La demi-elfe se retourna et alla s’asseoir sur un des sièges avant de poser son regard bleuté sur le combat d’équipe qui se préparait plus bas. «Disons votre majesté, que je viens d’acquérir quelques maisons closes dans votre ville, et j’ai toujours cru que bon de vérifier la clientèle et de saisir l’environnement dans lequel ils évoluent » Elle prit une nouvelle gorgée de sa coupe avant de lui jeter un regard amusé;  «J’espère que ma présence dans votre royaume ne vous cause aucun problème? » Question de politesse mais Maralina n’en n’avait à faire que sa présence ne le dérange ou pas. Elle était venu pour ses commerces, non pas pour attirer l’attention du roi sur elle.


Elle perdit son sourire, et le regarda d’un air sérieux avant de continuer; «Je vous prie d’excuser le comportement – disons agressif de mes gardes du corps. Disons que ma situation à Thaar n’est pas des plus tranquilles. Et mon intention était nullement de causer du tort à quiconque dans votre royaume. »

A Thaar ou ailleurs, le Roi Hereon n’était pas connu pour son sens de la diplomatie. Mais à Thaar plus qu’ailleurs en fin de compte. Lui qui avait été élevé dans l’art de la guerre, se taillant une place dans le monde à coup d’épée ne mesurait pas ou peu l’importance que pouvait avoir les premiers mots échangés entre puissants. Conscient de sa faiblesse en la matière, il avait recruté Angelina de Soltariel , une noble habituée aux rites de la cour péninsulaire, pour la placer à la tête de la diplomatie du royaume. Jusqu’ici, cela n’avait pas empêché le roi guerrier de se trouver des alliés, comme en témoignait son amitié avec l’archimage Nakor ou bien avec un personnage haut en couleur comme Altiom d’Ydril. Le fait était que Glenn était un personnage franc, parlant sans retenues et cachant mal ses émotions. Malgré ses réticences, la curiosité l’avait amené à recevoir la princesse d’Uldah’Riz. La beauté de cette dernière participa inévitablement à adoucir les mœurs et attisa son intérêt. Bien que Roi, il était avant tout un homme.

- Alors appelez moi Glenn. Mais uniquement dans un cadre privé, bien sûr... »

Les titres ne doivent pas être oubliés en public, il s’agit là d’une question de légitimité et de façade. Il en avait toujours été ainsi avec ses amis les plus proches, qui occupaient maintenant des fonctions importantes au sein du royaume. Ainsi, elle vient de récupérer les maisons closes de Naelis? Heureusement que je ne suis pas un client… régulier.

- Vous êtes libre d’aller et venir Maralina. Même un thaarie est le bienvenue à Naelis, tant qu’il en respecte la loi. En quelque sorte, vous avez plus de chance que moi, car je n’ai jamais posé les pieds ailleurs en Itrhi’Vaan depuis que je suis Roi. Simplement car je ne pense pas être le bienvenu, mais je me trompe peut être... »

En effet, Glenn n’avait jamais tenté cette expérience. Il avait trop d’ennemis, faisait face à trop de puissances nuisibles pour se le permettre. Mais avec l’affaiblissement des seigneurs drows, cette tendance s’amenuisait au fil des années. Quand elle parla de son garde du corps, Glenn comprit qu’elle faisait mention de l’incident mineur avec Antonin.

- Ne vous tracassez-pas. Faites simplement attention à qui vous avez affaire car les titres ne vous sont que peu de recours ici, au contraire… Les naelisiens sont un peuple fier qui chérit sa liberté et être thaarie n’est pas très bienvenue. Mais vous n’êtes pas drow, c’est déjà un sérieux atout. D’ailleurs, vous ne pouvez être une humaine non plus. Votre apparence laisse supposer que vous avez quoi, vingt ans ? Trop peu d’années pour atteindre les sommets. En fait, je dirai que vous avez du sang elfique. Quand à votre âge… Ce n’est pas une question à poser à une dame ! »

Il reconnaissait en ses traits la douceur et le charme des elfes qui l’avait tant séduit chez Glinaina. Côtoyant de nombreux semi-elfes, à commencer par ses propres enfants, Glenn arrivait assez facilement à les différencier des autres races.

- Votre ascension fulgurante m’intrigue, Mara. Je n’avais encore jamais entendu parler de vous et pourtant vous vous présenter comme princesse de l’Uldal’Rhiz… Racontez-moi ! »

Dans l’arène, les gladiateurs n’en étaient qu’à l’échauffement. Ils s’essayaient à toute sorte d’armes, tandis que la foule s’impatientait.

Voilà, le premier pion avait été joué. Elle avait réussi à attraper l’attention du Roi de Naélis et à tisser un lien assez rapide. La demi-elfe, satisfait, acquiesçât à la demande de Glenn de l’appeler par son nom en privé seulement. Amusant, à quel point on peut attirer l’attention de quelqu’un et de faire tourner le jeu à son avantage. Maralina se félicita de ne pas l’avoir envoyé paitre pour son accueil des moins chaleureux, elle pourrait peut-être sortir de cette rencontre avec quelques choses de positif. Elle délicatement une gorgé de vin et sourit alors qu’il lui mentionnait qu’il pensait ne pas être le bienvenue dans la principauté. Elle haussa des épaules avant d’ajouter; «Et bien Glenn, si l’envie vous prend un jour de venir visiter Uldal’Rhiz, cela me ferais un plaisir de vous y recevoir.» Elle prit une pause avant de continuer «Vous recevoir avec tous les honneurs qui vous sont dus évidemment. » Ce n’était pas un mensonge, si Glenn la recevait de façon convenable, elle ne se gênerait pas pour faire la même chose. Et si les autres princes marchands avaient quelques choses à dire à ce sujet, et bien, il n’avait qu’à sortir de leur cocon doré pour explorer le monde. Maralina n’en n’avait rien à faire de leurs opinions – d’où le fait qu’elle planifiait agrandir les horizons de son empire commercial. Si son emprise sur Thaar se réduisait au moins elle ne serait pas prise au dépourvu. La princesse marchande écouta attentivement le roi décrire que les Thaaris n’étaient pas vraiment bienvenue dans sa cité. Chose qu’elle savait déjà, d’où le fait qu’elle avait tenté –tant bien que mal- de rester discrète dans le royaume. Malheureusement certaines personnes ne comprenaient pas ce qu’était la discrétion… Mara se fit sortir de ses pensées par Glenn qui tentait tant bien que mal de déterminer ce qu’elle était. Elle lui fit un sourire séducteur et ajouta; «En effet, ce n’est pas une question à poser a une dame. Disons que je n’ai pas encore atteint mon centième anniversaire, si cela peut vous aider. »


La princesse marchande se leva de sa chaise, et s’approcha de la rambarde pour avoir une meilleure vue sur les gladiateurs qui tentaient tant bien que mal de s’échauffer et a se préparer pour le combat. Une étincelle éclaira son regard, son enthousiaste était difficile a camoufler. C’était bel et bien la première fois qu’elle mettait les pieds à Naélis, et cette ville, quoique difficile à apprivoiser, l’enthousiasmait au plus haut point. Elle se retourna pour faire face au roi alors qui lui mentionna que son ascension l’intriguait. Elle se mordilla la lèvre inférieure, légèrement amusé… Si seulement il savait…


«C’est une longue histoire Glenn, les Irohivrah ont toujours été présent à Thaar, mais vous le savez comme moi, que tenter de se faire une place dans l’ombre des Princes Marchands est une tâche colossale en soi » Elle prit une gorgée du breuvage avant de continuer; « Mon père était un commerçant d’esclave et d’herbes médicinales, et il était bien décidé à donner le commerce familiale a ma sœur. J’ai donc commencé mon propre empire. En dix ans, j’ai acquis assez de pouvoir dans le marché de la chair et des esclaves pour me faire remarquer par la précédente Princesse d’Uldal’Rhiz, Amshet Ahk Afah » Elle secoua la tête, tentant tant bien que mal de prendre un air triste. « Malheureusement, Amshet ne voulait pas de compétition, elle a donc envoyé un assassin pour éliminer moi-même et ma famille. Ma milice personnelle attrapa l’assassin, mais ce dernier tua mon père ainsi que ma sœur.» Le visage de la princesse se durcit, une expression de marbre vint envahir son doux visage. Elle commença à s’avancer doucement vers le roi en plongeant son regard bleuté dans le sien. «Vous connaissez la suite, Glenn. J’ai appliqué la loi de Thaar. J’ai fait arrêter Amshet, démanteler son réseau, brûler ses champs et sa production d’opium et me suis emparer d’Uldal’Rhiz – Titre qui me revenait de droit après avoir prouvé mes talents de commerçante» Soyons honnête, l’histoire était beaucoup plus sordide. Amshet était retenu prisonnière dans la prison de son domaine a Thaar. Les autres princes marchands avaient plus ou moins réagit à son ascension, tant qu’elle ne touchait pas à leurs marchés il n’en n’avait rien à faire. La demi-elfe s’arrêta à un pas de Glenn avant de reprendre son sourire; « Vous comprendrez qu’après ces événements je cherche à sécuriser mon titre et mon empire. J’ai le monopole d’Uldal’Rhiz et j’espère sincèrement qu’un jour vous et moi pourrons faire des affaires plus concrète.» L’offre n’avait pas été discrète, Maralina ne passerait pas plusieurs chemins. Elle ferait tout en son pouvoir pour conserver son empire pour lequel elle avait travaillé si fort ces dernières années, restait à savoir qu’elle était les intentions de Glenn.

Quand la princesse marchande se leva pour s’appuyer sur la rambarde, Glenn ne put que mieux observer sa taille et ses formes inférieures. Cela ne lui prit qu’une simple seconde pour imaginer ce qu’il y avait à travers la soie. Ses pensées s’égarèrent jusqu’à imaginer des scènes torrides et hors de propos. Ce n’est pas raisonnable, d’autant que la dernière fois ça s’est mal finit pour mes parties. Notant que son interlocutrice approchait la centaine, il écouta ensuite son récit sur son ascension au sein de la ville d’Uldal’Rhiz. Il avait déjà eu recours aux esclaves d’Amshet, via Altiom d’Ydril qui conclut un accord sur l’achat de plusieurs centaines de combattants zurthanes. Mais ses liens avec l’ancienne princesse marchande s’arrêtaient là. Glenn se saisit de la cruche de vin pour en resservir les coupes, avant de se lever à son tour pour tendre une nouvelle coupe à son interlocutrice :

- Alors, levons nos verres à votre réussite ! L’Itrhi’Vaan est la seule terre où un méritant, quelle que soit son origine, peut acquérir une couronne. »

Le Roi de Naelis faisait également allusion à son propre parcours. Il avait grandi dans un simple village frontalier d’Oësgard, la plus pauvre des terres de la péninsule. Pour lui, ce changement au sein du conseil des princes de Thaar était louable. Maralina avait de l’ambition et voyait plus loin que le conseil. Danger ou opportunité pour Naelis ? Tout dépend… Maralina s’approcha alors très près du Roi de Naelis. Quel que soit le charisme qui entourait ce personnage qui la dépassait d’une bonne dizaine de centimètres, elle ne semblait être aucunement intimidé. A vraie dire, Glenn devait être le plus gêné des deux car il ne put s’empêcher de plonger ses yeux dans le décolleté de la princesse. Par réaction, pour empêcher Maralina d’entrer dans son cercle vital, il posa sa main sur la sienne, toujours accolé à la rambarde.

- Je comprends parfaitement. Je suis sûr que nous pourrions nous aider mutuellement… Naelis dispose de l’armée la plus professionnelle de miradelphia, il n’y a qu’à voir comment nous avons mis au pas le sud de péninsule. De plus, mes ateliers travaillent sur des balistes modernes, des engins utiles pour défendre les citadelles. Oui, si vous craignez une insurrection ou une attaque armée par un de vos concurrents, j’ai de quoi vous en prémunir. Maintenant à vous de me dire en quoi Uldal’Rhiz peut m’être profitable ? »

La princesse pourrait l’aider à prendre pied officiellement dans la cité cosmopolite, en concrétisant son projet d’y ouvrir une ambassade par exemple. Mais peut être Maralina avait d’autres idées  en tête et qu’elle n’hésiterait pas d’avoir charmé son interlocuteur pour en profiter…

Maralina regarda le roi qui lui remplissait sa coupe et l’invita à trinquer aux noms des conquêtes des méritants de ce monde. Elle lui sourit, avant de lever son verre et d’en prendre une gorgée du breuvage délicieux. La princesse marchande était au courant des exploits de Glenn, autant sur sa conquête de Naélis que la guerre avec le sud de la péninsule. Il était comme elle, le roi savait quand saisir les opportunités et tourner les situations à son avantage. Ne restait qu’à savoir qui des deux êtres auraient l’avantage dans cette conversation. Voyant le désir qui brûlait dans le regard de Glenn, elle n’avait pas de difficulté à croire qu’elle menait la partie cette fois.  Le roi posa sa main sur la sienne en répondant par l’affirmative quant à une aide éventuelle. Définitivement sa visite informelle à Naélis devenait de plus en plus intéressante. Elle lui fit un léger sourire séducteur avant de se reculer d’un pas. La demi-elfe savait pertinemment comment cette discussion allait aller terminé, et jouer avec un souverain lui procurait une joie hors du commun. « Pour être complétement honnête votre majesté, je n’étais pas venu ici pour négocier quoi que ce soit. Mais je vais définitivement prendre votre aide militaire si elle devenait nécessaire. Je suis sûre qu’une protection mutuelle nous serons bénéfique. » Si c’est ce que Glenn cherchait, Maralina le supporterais dans ses activités dans la principauté tant et aussi longtemps que rien ne dérangerais ses affaires.


Elle reporta son regard sur le combat de gladiateur, alors que ces derniers commençaient finalement le combat. Les encouragements des Naélisiens se mirent à rugir dans l’arène. Spectacle fascinant, mais cela voulait aussi dire que tous les regards étaient sur les combattants qui tentaient tant bien que mal de survivre à ce jeu dangereux. La princesse se retourna pour avancer encore plus près de Glenn. Elle pouvait sentir son souffle saccadé sur son front alors que ses yeux bleus rencontraient les siens. « J’espère aussi avoir votre soutien quant à l’expansion de mes commerces à Naélis. Ne vous inquiétez pas, vous ne verrez aucun esclaves et personne ne saura qui sera derrière les maisons de passe. » Elle lui sourit et approcha son visage du sien « Bien entendu, je payerais tout impôts et respecterais les lois commerciales de votre royaume. » Mara lui sourit en baissant son regard quelques secondes pour mieux le replonger dans celui de Glenn. Elle pouvait sentir la passion qui grandissait entre les deux dirigeants. Glenn ne manquait pas de charme - il manquait de subtilité, certes, mais la princesse marchande ne lui en tenu pas rigueur. « Mais je vous en prie, votre majesté, j’ai mis mes demande sur la table. Quel sont les vôtres? » La demi-elfe savait exactement ce qu’elle faisait , ne restait qu’à savoir comment si Glenn tomberait ,ui aussi, sous son charme.

La princesse savait qu’elle avait réussi à accrocher, ou du moins à susciter l’intérêt, chez Glenn. Ce dernier, bien que Roi, restait avant tout un homme et qui plus est un homme maudit par les dieux. Arcamenel le premier s’était immiscé dans son esprit, l’invitant à une passion toute retrouvée… Glenn Hereon buvait les paroles de son invité, cette dernière le défiant du regard et jouant dangereusement avec sa distance de sécurité. Néanmoins, Glenn n’en perdait pas le moins le sens de la discussion. Cette princesse tient sa fortune de l’esclavage et des bordels… Pas d’épée, ni de ressources pour la guerre. Néanmoins, sa fortune peut aider au développement des légions. Glenn se redressa de toute sa taille, puis posa sa coupe vide sur la petite table attenante au trône. Il avait ainsi fait repris ses distances avec la princesses :

- Vous cherchez à étendre vos commerces, soit. Je vous donnerai un sauf conduit. Il s’agit d’un document officiel portant mon sceau qui vous permettra de vous rendre en ville haute et donc d’y prendre en main des commerces. Par ce sauf conduit, vous êtes une invitée de Naelis et vous pourrez trouver de l’aide auprès de chaque homme ou femme servant le royaume. »

Ce document était plutôt rare pour un étranger. Maralina serait la première princesse marchande à le détenir. Toutefois, cet avantage diplomatique n’était pas donné sans contreparties.

- En échange, j’ai besoin de votre soutien pour ouvrir une ambassade à Thaar. Des locaux suffisamment grand pour pouvoir accueillir les différents services qu’elle contiendra. En effet, en plus de la partie diplomatique, je souhaite en faire un dispensaire et un bureau de recrutement pour mes légions. Cela peut être une cession de plusieurs bâtiments, ou une offre financière, a voir pour les détails… Mes légionnaires sur place pourront également servir de formateurs à votre milice. »

Voilà une première proposition d’échanges mutuels. Pendant ce temps, le combat dans l’arène parvenait à son terme, sans que aucun de nos deux protagonistes n’aient pu en apercevoir quoi que ce soit. Pourtant, la soirée allait se terminer sur ce duel et comme le voulait la coutume, le vainqueur serait reçu par le Roi dans la salle des trophées.

La princesse observa le manège de Glenn alors qu’il tentait tant bien que mal de mettre de la distance entre eux. Elle n’était pas aveugle, elle savait que son manège avait fonctionné et la princesse d’Uldal’Rhiz avait pris un malin plaisir à jouer ainsi avec le roi. La demi-elfe le regarda tandis qu’il tentait tant bien que mal de se redresser. Essayais-t-elle de la dominer? Ou essayait-il seulement de se donner de la contenance face à la princesse d’Uldal’Rhiz? Peu importait à Maralina, l’important pour elle était qu’elle avait touché juste et trouver une énorme faille chez le roi de Naélis, chose qu’elle pourrait exploiter éventuellement. Lorsqu’il mentionna qu’il allait lui offrir un sauf conduit, la princesse marchande fut légèrement surprise. Elle était bien consciente que peu d’étranger pouvait se vanter de posséder un tel pouvoir et le fait que le roi lui accorde ce document presque aveuglément lui confirmait qu’il la voyait comme une puissante alliée. Après tout, l’argent n’était pas la seule réponse à tous les problèmes, mais elle faisait une différence monumentale une majeur partie du temps.  La princesse prit un visage sérieux en acquiesçant; « Offre hors de commun Glenn, je ne peux me permettre de la refuser. Je suis sur la route pour les prochaines ennéades, mais je peux vous assurer que j’y travaillerais aussitôt que j’aurais remis les pieds dans la principauté. » Ce n’était pas une fourberie, la princesse respecterait cet entente, bien qu’elle avait l’impression que le Sauf conduit était définitivement une faveur et que Glenn pourrait définitivement demander autres choses éventuellement.


« Et bien Glenn, je crois qu’ensemble nous accompliront de grandes choses. » Elle termina sa coupe avant de la déposer sur la même table du roi. Aussitôt qu’elle eut déposé la coupe sur la table, une clameur d’éleva dans l’arène, preuve que le vainqueur avait réussi son coup final. La princesse retourna légèrement la tête pour regarder le vainqueur en souriant. Ce dernier  levait son poing ainsi que son épée ensanglanté d’un air victorieux, semblant savourer l’enthousiaste de la populace locale. Maralina reporta son regard dans celui de Glenn en souriant; «  Je vous laisse féliciter votre champion. » Elle savait pertinemment les coutumes des combats de gladiateurs de Naélis, puisqu’elle-même chercher à envoyer ses combattants dans l’arène. Elle recula de quelques pas en ayant l’air amusé et pencha légèrement la tête en signe de respect; « Ce fut un plaisir de rencontrer et de faire des affaires avec vous.  Mes navires sont au port, nous serons sur place encore quelques jours, j’ose espérer que vous allez m’envoyer ce document avant que ma flotte lève l’ancre. » Elle se mordilla légèrement la lèvre en souriant, puis rajouta; « En espérant vous revoir bientôt votre majesté » La princesse marchande se retourna alors pour sortir de la pièce, laissant ainsi le roi derrière elle. Disons que cette rencontre fortuite avait été particulièrement intéressante.

-FIN DU RP-