Il faut qu'on parle ! (Ust-Gli)

Cinquième ennéade de Favriüs, an 11 du XI° Cycle,
Château de Naelis.

"Il faut qu'on parle !"

Je regardais mon interlocutrice avec toute la sévérité du monde, les bras croisés et le regard fier. Non. Là, il fallait vraiment qu'on se parle de femme à femme. Il en allait du bon fonctionnement de ce qui allait se dérouler ultérieurement. Aussi continuais-je, dans ma langue maternelle.

"Princesse, la situation devient critique ! Nous avons un problème de grande envergure qui tient là en hallène tout le château, voire même tout le royaume. Vous qui vous amusez ici-même en bonne invitée depuis de longues journées, vous qui vu vos ascendances ne pouvez qu'avoir l'esprit de justice, j'en viens à demander votre avis et votre aide ! L'acceptez-vous ?
J'attendis une réponse satisfaisante de celle à qui je parlais pour continuer.
- Très bien ! Voilà le sujet ô combien grave qui arpente ce royaume...
Des yeux interloqués et intéressés me scrutèrent.
- Les carottes sont cuites !
- Oh !
- Oh ! Comme vous le dites si bien, princesse ! Les carottes sont toutes aussi cuites qu'un oeuf peut se retrouver grillé sur les pierres de Nisetis en plein midi ! Par les vestiges des plus vieux arbres ! Oui Madame, pour votre repas de ce midi il ne se trouve plus que des carottes cuites. Cuites avec du persil, du lait et une pointe de beurre...
Je montrais le bol de carottes à Ehleria ; ma fille faisait une de ces têtes...
- Très chère princesse, en bonne fille de guerriers il va falloir s'armer de courage et affronter les horribles carottes cuites ! Pour cela, vos seules armes seront la cuiller ici-présente et votre bouche. Parce que s'il reste la moindre trace de carotte au fond de votre écuelle, très chère, les carottes reviendront à la charge et envahiront définitivement Naelis !
- Oh...
- Nous ne pouvons nous laisser de la sorte envahir ! Il ne le faut ! Ou bien le silence reculera de deux pas !
- Oh !
- Soit ! Etes-vous prête pour la bataille, très chère fille ? C'est à partir de ce moment que tout se joue ! Attention un premier assault arrive, tempête au milieu de la plaine ! Il faut toutes les manger sinon elles reviendront encore plus nombreuses !"

Tout en imitant le bruit de chevaux galopant, je fis avancer la cuiller pour une première bouchée. J'avais fait exprès de ne pas en mettre beaucoup parce que je savais pertinemment que mon bébé allait tester le coup d'envoyer valser dans les airs ma pauvre purée de carottes. C'est qu'elle avait décidé de ne pas aimer les légumes cette enfant ! Par contre les fruits passaient bien mieux, à comprendre pourquoi. Et gagné ! La purée tomba sur Ehleria, assise et attachée à une chaise pour ne pas tomber, sur qui j'avais eu la bonne idée de mettre un tissu pour ne pas salir ses vêtements. Avec Aldarian je n'en avais pas encore besoin, il grandissait nettement moins rapidement que sa soeur et donc était toujours au sein. Bref je ramassais la nourriture tombée sur ma fille, en rajoutais du bol dans la cuiller et fit une nouvelle charge de cavalerie carottesque.

"J'avais prévenu ! Il faut toutes les manger ! Aaaaaaah !"

Ehleria finit par consentir à ouvrir la bouche et à avaler sa première cuiller. Ah la capricieuse ! Elle ressemblait en beaucoup de points à son père... Au moins, une chose de bien avec elle était qu'elle comprenait très bien ce qu'on racontait autour d'elle, surtout en elfique. Et quand on mettait en scène une bataille elle jouait le jeu, arrivant même à avaler des mets qui autrement ne passeraient pas. Il suffisait juste de la prendre à partie dans cette bataille et utiliser le bon ton. Et surtout être sûre de soi ; vraiment.

La suite du repas fut comme une véritable bataille : archerie, prises en tenaille, rencontre directe entre les deux armées. Il fallait désormais se battre pour sa vie aussi faisais-je des pas dans la cuisine, avec pour seule épée la fameuse cuiller. J'adorais mes enfants... et plus encore quand je voyais leurs yeux s'ouvrir en grand face à des choses simples comme ce petit théâtre improvisé. Même s'il tenait moins en place que sa jumelle, j'avais également installé Aldarian à une chaise. Il adorait les histoires. Fente en avant droit sur la bouche de la petite, attente qu'elle referme sa bouche sur la purée de carottes, puis je me retournais vers le bol qui... qui ne contenait plus que des miettes... miettes qui traînaient également sur la table jusqu'à arriver sur... quoi ?!

J'en restais un instant bouche bée, ne m'attendant pas à ce revirement de situation : Aldarian tranquillement assis sur la table de cuisine, une main l'aidant à tenir dans cette position, l'autre pleine de restes de purée orange et la bouche tachée de cette même substance. Et il me regarda, de ses yeux coquins, avant d'éclater de rire. Ehleria l'accompagna dans ce rire et je finis par en rire moi aussi.

"Toi, tu as mieux compris que ta soeur comment terminer une bataille rapidement..."

D'un autre côté, j'étais doublement étonnée qu'il ait réussi à venir sur la table : il avait dû se défaire de la ceinture qui le retenait et grimper sur la table. Je savais qu'il était déjà fort agile mais quand même ?! Il me surprenait à un point... Et puis cela signifiait qu'il était en fait déjà prêt à manger de la purée. Enfin si son estomac supportait cette même purée. Gardant mon petit monstre à l'oeil je raclais le fond de l'écuelle pour donner une dernière bouchée à sa frangine. Et voilà, bataille terminée, Naelis sauvée ! Plus qu'à ranger le tout, prendre les enfants et dire au personnel de cuisine qu'il pouvait retourner dans cette salle. Oui parce que je profitais du temps de repos des adultes pour nourrir moi-même mes enfants, sans qu'une nourrice ou autre ne vienne tenter de me conseiller ou encore ne me juge en me regardant faire. J'étais peut-être la reine mais j'étais surtout une mère ! J'avais le droit d'élever moi-même mes enfants lorsque je ne m'occupais pas des autres !

*Hum ?*

Intérieurement, je venais de ressentir que Ust'kor voulait me parler. Ou m'embêter, au choix. Tout en essuyant sa bouche d'un torchon mouillé ainsi que sa main et ses vêtements, je m'ouvrais à mon alter-ego. A moins qu'il ne souhaite à son tour jouer avec les enfants, cette partie serait moins réjouissante.

*Qu'y a-t-il Ust ?*

Je gardais toujours un œil sur eux. L'Autre oubliait parfois que j'étais là quoi qu'elle fasse puisque j'avais tendance à profiter de son inconscience pour me promener par mes propres moyens. Mais pendant bien longtemps je n'avais été qu'une ombre et lorsqu'elle jouait avec mes enfants, je profitais de leurs regards, de leurs rires et de leur présence autant qu'elle. C'était frustrant, bien sûr, mais il sont l'une des rares choses plus importantes que cette frustration perpétuelle qui m'accablait.

Cela faisait des mois que j'avais obtenu la promesse de tout faire pour me trouver un corps à moi. J'avais pris sur moi. J'avais essayé d'être aussi concilient et calme que possible. Je n'avais rien tenté contre l'autre Macaque malgré les aberrations qui finissaient par mettre en danger le royaume et par extension mes enfants. Je n'avais rien dit lorsqu'il avait commencé à faire souffrir l'Autre elfette à la manque a force de se conduire comme une chienne en chaleur. Je n'avait plus versé le sang depuis si longtemps que je me perdait dans mes propres souvenirs pour en retrouver la sensation. Je n'étais plus sorti du palais en récupérant ce corps qui aurait du être le mien pour montrer ma bonne volonté. Et Kiel m'en soit témoin : Je le regrettais du plus profond de ma conscience.

Je le regrettais d'autant plus que j'avais l'impression qu'avec le temps, Glinaina me prenait pour une sorte de petite voix agaçante sans grande importance. Elle n'avait plus ni peur, ni méfiance, ni passion. Juste un banal et bancal agacement.

Si j'avais eu un corps sans en avoir le contrôle absolu, j'en aurais vomit de dégoût.

Ma patiente arrivait doucement en bout de course, mais peut-être aurait-elle encore quelques jours de répit.

* Rien. Je me disais qu'il s'occupait pas beaucoup de nos enfants, ton macaque. * Le "nos" en question était bien évidemment les miens et un peu ceux de l'elfette. * Et pendant ce temps, tu te caches pour t'occuper de nos enfants. Ce roi des emmerdeurs et sa cité... Tu comptes les faire passer avant Ehleria et Aldarian pendant combien de temps encore ? *

Ma main s'arrêta de nettoyer la bouche de mon petit Aldarian, alors que le sourire maternel jusque là inscrit sur mon visage disparaissait pour ne laisser plus qu'une moue ennuyée. J'aurais aimé pouvoir affirmer à Ust'kor qu'il avait tort, que je ne me "cachais" que parce que j'avais envie d'être tranquille avec mes enfants. Que les sous-entendus derrière sa question ne m'affectaient aucunement. Mais non. Là ce midi, je n'avais aucunement l'envie de me montrer hypocrite. Encore moins envers cet alter-ego qui soulevait une question que je m'étais dans le fond déjà posée. Je lui répondis donc, reprenant mon nettoyage de bébé devant un Aldarian qui ne comprenait pas pourquoi je ne souriais plus.

*Il faut bien que quelqu'un s'occupe de Naelis... Les Humains sont comme des enfants dans le fond, s'ils n'ont pas de parents pour leur montrer la voie à suivre et pour les aider à régler leurs conflits il se perdent.*

Je replaçais mon petit monstre sur sa chaise et l'attachais bien pour m'assurer qu'il ne remonte pas sur la table pendant que j'allais m'occuper de sa soeur.

*Tu sais très bien que j'ai demandé à être seule car les personnages politiques sont continuellement regardés chez les Hommes. Et les femmes encore plus, j'ai l'impression. Enfin... comme toi j'ai besoin de passer du temps avec nos enfants. Aurais-tu une idée particulière en tête ?*

* Arrête les frais. *

Surprise ! Elle était inhabituellement sensée...

Après un instant d'hésitation au milieu de toute cette rancœur ressassé depuis des mois, je m'adoucissais un peu. Au lieu de l'envahir ou de me recroquevillé dans un coin pour lui faire clairement sentir mon absence, je restais à une juste place, à son contact, partageant quelques émotions et quelques pensées sans chercher à les imposer.

Je cherchais toute le calme que la Blanche avait su me transmettre pour tenter mon ultime va-tout. Si elle était disposer à parler sérieusement, je pourrai peut-être la raisonner au lieu d'y aller en force... Bien que ma nature me réclame du sang, des larmes et des cris. Histoire de marqué le coup, et malgré toute la morgue qui m'arrachait l'esprit, j'articulais même le véritable nom de l'abomination sur patte qui avait fait de ma vie un enfer encore plus insupportable qu'il n'aurait du l'être.

* Glenn ne mérite pas que tu le materne. C'est ton mari, pas ton fils... Et ça ne l'empêche pas d'avoir plus de désir pour des chattes en chaleurs que pour toi. *

Elle ne le voyais pas aussi clairement que moi. Prise dans ses émotions de petites filles sages, elle ne voyait pas la concupiscence qui brillait dans les yeux de l'humain. Ce jour me restais en travers de la gorge comme un mauvais goût de vinasse. Cette semi-elfe... Et encore s'il n'y avait eu qu'elle. Appo quelque chose... ou l'autre princesse marchande à la peau noire... J'avais du égorger deux chiens la nuit suivant sa rencontre avec Maralina pour me passer les nerfs et je ne m'en étais même pas caché à l'Autre.

Aujourd'hui, si elle acceptait de partager quelques pensées, il lui montrerait les œillades et les sourires qu'il y avait véritablement eu.

* Il n'a même pas de respect pour toi en tant que personne. Il a eu plus de considération pour son ami - l'autre suderon insupportable - que pour toi. Il a mené Naelis a la guerre sans rien te demander. Rien que son réveil à coûté la vie des gens qu'il est sensé protéger. Il déclenche des conflits qui menacent nos enfants. Et je ne parle même pas de son embrouille avec le régent elfe ou les réceptions pour filer les commandes du royaumes aux Princes Marchands. Même moi je sais qu'en tant que roi il ne vaut rien. *

Je soupirais sans retenue. La mine étonné de mon fils m’apparaissait à travers mon double. Concentrant toute ma volonté à retenir jusqu'au moins allant destructeur ou violent, j'ouvrais cet espace qui n'appartient qu'à nous  à Glinaina, l'invitant silencieusement à poursuivre cette conversation plus sérieusement en face à face.

* Fout le dehors ou quitte le. Je trouverai un endroit où on pourra s'occuper de nos enfants sans être épié ou jugé, et où tu aura le temps de respecter tes promesses. *

Le con. C'est qu'il avait au moins en partie raison et qu'il le savait. J'arrêtais de m'occuper de la chair de ma chair, prête à hurler contre mon propre côté sombre, contre le monde et contre tout ce qui se passait ces derniers mois voire même ces deux dernières années. Depuis que Glenn était tombé dans le comas à cause de cette fichue guerre, je n'arrivais plus réellement à sortir la tête de l'eau. Je faisais comme si, je m'en persuadais même, mais la vérité restait toujours la même : je ne comprenais plus mon propre mari et je doutais. Et cela, Ust'kor était suffisamment proche de moi psychiquement pour avoir accès à certaines de mes pensées, si ce n'est toutes. Même si en vrai j'avais envie de me voiler la face à certains moments... je n'oubliais jamais qu'il voyait, entendait voire ressentait tout ce que je vivais lorsqu'il n'était pas endormi. Et ce salaud essayait encore une fois de mettre son "babouin" dehors et ce uniquement parce qu'il était jaloux que la seule femme, soeur et mère qu'il n'aie jamais connue ne lui sois pas réservée. Mais là... il appuyait là où ça faisait mal, c'est-à-dire les enfants.

"Je ne materne pas Glenn. C'est le peuple que je guide, parce qu'il en a besoin. Tous les peuples en ont besoin. Mais ça tu le sais déjà. Pour le reste... je sais... Cette putain de malédiction n'améliore pas les choses !"

Je me ressaisis, venant de comprendre à la tête inquiète de mes deux chérubins que j'avais parlé à voix haute. Je prenais Aldarian dans mes bras et l'embrassais, puis fit de même avec Ehleria.

*Si seulement Tari avait juste maudit Altiom... nous n'en serions pas là.*

Si elle avait gardé Glenn au sein de son royaume aussi, dans le fond. C'était étrange à penser mais je n'aurais pas conduit Naelis dans la même direction. Je ne l'aurais sous aucun prétexte rapprochée de thaar et de Sol'Dorn, surtout. Par contre j'aurais peut-être trouvé moyen d'établir un lien avec l'Anaëh. Ou ailleurs, mais surtout pas Thaar. Les Naelisiens avaient suffisamment souffert des Sombres, Glenn comme moi aussi. De même pour beaucoup de personnes venues de loin qui ont fini par trouver refuge ici. Ils fuyaient quelque chose et ils ont trouvé sûreté ici. Ce n'était pas pour la leur faire perdre...

*Et tu penses à quoi, comme lieu, où personne ne nous jugerait ? Aucun de nous quatre ?*

Et voilà. Elle se voilait encore la face. Elle ne se rendait même pas compte que plus elle essayait de défendre Glenn pour rien, plus il me sortait par les trous de nez ! C'était elle et toute sa fichue passion qui me le rendait insupportable. Elle qui lui passait tout, le parait de toutes les vertus et se cachait derrière son petit doigt. Elle qui ne lui avait jamais parlé de mon existence et me gardait enfermer comme un animal dont elle aurait honte, même aux yeux de son mari. S'il n'y avait pas les enfants, j'aurai arrêté d'essayer de la raisonné depuis longtemps. Je me contenterais de me faire plaisir au moment et de la manière qui me convenait.

Mais voilà, il y avait les enfants. Et elle utilisait son fichu royaume pour ne pas faire le bon choix.

* Si seulement Altiom avait su resté à sa place. *

Je n'avais pas pu retenir ma pensé. C'est qu'une pensé, ça va foutrement vite quand ça vient du coeur... Autant qu'on puisse penser avec son cœur, mais enfin comme je ne suis pas dépendant d'organe, je peux bien filer les métaphores qui me font plaisir.

* Fait attention. Ehleria a dégrafé ta broche. * glissais-je nonchalamment avant de poursuivre sur les lieux potentiels de notre exil volontaire.

En réalité, j'avais déjà fait bien des fois le tour de toutes les cartes de Miradelphia de ma connaissance. Il me fallait un lieu pour rêver, m'établir, me prélasser. Moi. Je savais que mon premier choix ne conviendrait pas à l'Autre, mais la franchise ne m'étouffais pas plus que l'hypocrisie ne l'étouffait elle.

* J'aimerai assez Thaar. Des demi-elfes seraient accepter sans problèmes. Je pourrais avoir n'importe quel corps et travailler dans ce que je sais faire de mieux pour leur offrir la meilleure éducation, la sécurité et la liberté dont ils ont besoin. * Inutile de préciser qu'il s'agissait d'assassinat, de torture et de mercenariat en tout genre. * C'est suffisamment peuplé pour qu'on nous foute la paix qu'on soit elfe, demi sang ou autre chose. *

Sous mes yeux fantomatiques se forment les bâtiments aux façades blanches, les tentures colorées et les coupoles splendides issus d'un mélange entre des souvenirs et des rêves d'ailleurs. Je ramassais une poignée de sable et la laissait partir sous l'effet d'un vent qui n'existait pas.

* Geresh ou même Qiryah serait tout aussi appréciable, mais je sais que tu as une aversion pour les villes d'Ithri'Vaan. Je suppose que tu refuserais de vivre parmi le peuple des chemins ou les caravaniers. La Dross est trop dangereuse pour les enfants. Du coup il ne reste qu'une possibilité. *

Ma main se referme brusquement sur du vide, les couleurs du paysage qui m'entourent se joignent et se mélange. La luminosité change, tamisée par une canopée verdoyante. D'immenses troncs m'entourent et je me retrouve dans une forêt luxuriante à espérer bêtement que l'Autre me rejoigne une fois pour discuter de tout cela sérieusement. Je sais qu'elle a du mal à surveiller les enfants et à se plonger dans notre monde en même temps. ça m'agace mais à quoi bon le répéter aujourd'hui ?

* Ardamir. * soupirais-je * La femme qui tu a rencontré la dernière fois que tu y est allé, elle aimait les humains. Elle nous trouverait une place là-bas. Contrairement à Thaar, les enfants n'y seraient jamais totalement accepté, je sais, surtout Ehleria. Mais ils retrouveraient des racines. Leurs grands-parents. Et si le corps que tu as promis de me trouver doit être elfe, c'est un moindre mal que j'accepterai sans problème. *

Je retenais un soupire. Hors de question de m'abaisser à une telle faiblesse, même avec le cœur gros. Mais mes pensées flottaient une fois encore...

* J'ai l'habitude de mentir et de cacher ce que je suis, tu... *

Je rattrapais la suite, réussissant à garder le fil dans ma seule conscience.

* Tu sais, les gouverneurs croient tous qu'ils sont irremplaçables, à tord. Mon père en a payé le prix de sa vie. Ni toi ni Glenn n'avez été formé pour gouverner. N'importe qui peut faire ce que vous faites avec un peu de bonne volonté. Il peut y avoir plusieurs reines de Naelis, mais Ehleria et Aldarian ne connaissent qu'une mère. *

*Si seulement...*

Cette réponse n'avait été qu'un soupir mais tellement sincère qu'il s'était tranformé en pensée. Oui, si seulement Altiom avait laissé le cycle de la vie se dérouler comme il le devait au lieu d'utiliser la magie zurthane... Je me rappellerai toujours de ce ressenti glacial m'envahissant la nuit où il était revenu. De la crainte qui l'avait accompagné... pour, au final, apprendre que mon mari était maudit par Tari elle-même voire même les Cinq. Je voulais l'aider, je voulais que ça s'arrête. J'avais eu peur que nos enfants soient également maudits mais, finalement, c'était la fille d'une autre qui voyait sa peau changer de couleur. Elle dont la mère avait tellement désiré tout faire pour la protéger et lui assurer une vie confortable... Quand je repensais à ces deux personnes, mon coeur se révulsait : elles n'avaient rien fait pour mériter cela. Encore moins la petite.

*Fait attention. Ehleria a dégrafé ta broche.
- Ah, merci.*

Tout en écoutant et regardant intérieurement ce que désirait me montrer Ust'kor, je m'occupais de reprendre la broche que la petite avait dégraphée et de la remettre à sa place. A la simple idée d'aller vivre dans une ville tenue par des drows, ma réponse était un non clair et net. C'était sûr que lui s'y retrouverait. Pour une elfe de sang pur, ce serait bien plus compliqué voire même ça amènerait à ma mort prématurée - beaucoup trop rapide pour être acceptable. Par contre, l'idée de revenir en Anaëh... de retrouver Ardamir, mes parents, ces racines qui me manquaient et des personnes que j'apprécie volontiers comme Halyalindë... Un endroit de repos suffisamment proche de l'Aduram pour que nous trouvions une utilité ou nous permettions de partir quelques temps si Ust en ressentait le besoin...

Une larme coula le long de ma joue. Une deuxième imita sa comparse de l'autre côté et, à cause de toute cette tension qui s'exerçait en moi, je me mis à pleurer. Je ne voulais pas pleurer devant Ust'kor ; ni devant mes enfants ; ni devant personne. Mais ce sujet me touchait bien plus que je ne le laissais paraître. J'aimais mon mari. Mais je désirais tout autant protéger le peuple de Naelis et mes enfants. Aussi étais-je déchirée entre cette volonté de continuer à être celle qui faisait ce qu'elle pouvait pour protéger les siens de l'extérieur et celle de mettre mes enfants à l'abris de toute cette affliction politique.

*J'ai l'habitude de mentir et de cacher ce que je suis, tu... Tu sais, les gouverneurs croient tous qu'ils sont irremplaçables, à tord. Mon père en a payé le prix de sa vie. Ni toi ni Glenn n'avez été formé pour gouverner. N'importe qui peut faire ce que vous faites avec un peu de bonne volonté. Il peut y avoir plusieurs reines de Naelis, mais Ehleria et Aldarian ne connaissent qu'une mère.*

Je restais un moment silencieuse, tenant Aldarian contre moi afin qu'il n'aille pas jusqu'à tomber de la table. Ehleria était toujours attachée à sa chaise donc tout allait bien de ce côté-là. Au bout d'un long moment je finis par m'asseoir sur la table et prendre mon petit monstre mangeur de carottes contre moi. Je devais me retrouver dans ce monde que nous partagions tous les deux, ce monde éthéré qu'Ust avait à l'occasion teinté de couleurs forestière. Ce serait mieux pour parler.

Dans cet univers que nous seuls connaissions, j'apparus habillée de la même manière qu'à l'époque où je vivais simplement dans un village en bordure de l'Aduram. Ce n'était pas une tenue très elfique mais elle n'en restait pas moins forestière. A croire que cette époque me manquait, ce qui avait une part de véritait : j'étais libre malgré mon travail. De même lorsque j'étais lieutenant au sein de la Garde. A cette pensée les vêtements changèrent légèrement, reflètant la simplicité de ceux que je portais à l'époque lorsque je n'étais pas en service. Etrangement, les couleurs dominantes restaient le brun, le blanc et le vert. Au moins cela me fit sourire.

*Je sais que tu te caches continuellement. Tout comme moi je cache ce que nous sommes pour que nous n'ayons pas d'ennuis. J'aurais préféré que tu n'aies pas à le faire, crois-moi. Enfin... je ne sais pas pourquoi Nakor ne donne pas de nouvelles, je lui enverrai une lettre tout à l'heure. Il faudra bien que tu aies ton propre corps un jour, non ?*

Je souris. Notre relation était tout aussi compliquée que complexe, entre la jalousie, l'incompréhension, la compréhension, l'attirance et le rejet. Nous aurions vouer l'un pour l'autre une haine comme aurait aimé l'autre prêtre de Kiel mais ce n'était pas le cas. Peut-être même que je considérais plus mon alter-ego que ce qu'il ne l'avait imaginé, ou que le concerné ne l'imaginait, d'ailleurs. Bref. Avec lui, toujours être la femme forte. Je calmais mon esprit pour ne pas laisser de brèche béante comme quelques minutes auparavant.

*Nous n'avons peut-être pas été formés pour gouverner, bien que le seigneur-protecteur Timérion m'a appris bien des choses, mais nous sommes des rares à avoir fait en sorte de faire d'un royaume, si petit soit-il, une terre où l'on pouvait se reposer et ne plus subir des Humains comme des Drows. Un idéal qui a encore à être travaillé mais qui a au moins le mérite d'exister. Et c'est cet idéal que j'aurais aimé garder pour nos enfants. Un endroit où ils seraient acceptés tels qu'ils sont.*

Elle se matérialisa devant moi, me prêtant enfin sa concentration pleine et entière tandis que je gardais un vague coin de ma conscience sur le bien être des marmots. L'omniscience au sein d'un corps à ses avantages.

Je n'avais rien dit, pas le moindre commentaire quand elle s'était mise à pleurer. Une grande part de ma conscience était fébrile, heureuse et même ravie de sentir son mal-être, mais ce n'était pas le moment de pousser les choses plus loin. Cette part de sadisme et de colère que mon créateur avait placé au centre de mon être, j'avais décidé de la contrôler à ma convenance du jour où j'avais tourné le dos à la raison qu'un autre avait donné à mon existence. Pour l'heure, tout en jouissant intérieurement de ce malheur, je la laissais se raccrocher aux dernières branches qu'elle trouvait pour refuser mes propositions.

En la voyant de nouveau dans ce monde commun, je prenais soudain conscience que mon propre corps continuait de gagner en netteté. Toujours un peu flou et nébuleux, dépourvu de vêtements autant que d'une musculature précise, j'arrivais pourtant à définir certains de mes propre traits avec une grande finesses. A bien y réfléchir, mes mains et mon visage étaient toujours les mêmes depuis plusieurs mois. Certes, je n'avais aucune fatigue physique, je ne bougeais pas plus que nécessaire et il devait y avoir quelque chose de dérangeant et profondément inhumains dans l'image je projetais ici, mais je me demandais un court instant si c'était une question de qualité d'imagination ou si c'était du à autre chose. A l'origine, je n'étais qu'une colère dévastatrice, puis l'ombre indistincte d'une bête qui ne connait que la survie. Bientôt peut-être aurais-je une vision de moi si précise que je ne pourrais plus modifié mon apparence à l'envie ? Voilà une perspective bien étrange.

* Je suis ce que coute la poursuite du devoir et des idéaux. * laissais-je plutôt tomber, blasé, tandis que le premier de mes souvenirs, la tentative de viol qu'avait subit l'elfette en voulant traquer un criminel avec un peu trop de zèle, ne se dépeigne autour de nous. Cela ne dura que quelques secondes avant que la forêt ne se dessine à nouveau, jusque dans les odeurs qui ornaient notre mémoire commune. * Tu as fait beaucoup de promesses dans ta vie et tu essaie d'agir avec bienveillance, mais tu caches l'image globale derrière les mensonges dont tu as besoin pour continuer à avancer dans le sens que tu as choisis, quitte à faire les mauvais choix. * Je croisais les bras. Bien que râlant à beaucoup de ses décisions, je ne m'étais jamais opposé de façon réellement violente aux décisions de vie de l'Autre. Elle avait épousé qui elle voulait, s'était installé et gouvernais selon ses propres idées. Mais par moi-même ! Ce qu'elle pouvait être obtus. * Au sein de ce royaume que tu vois encore comme un havre de tolérance, tu ne me laisses interagir avec personne. Personne ne sait pour moi parce que vous êtes simplement unis par une haine plus forte que vos différences : une haine envers les drows. Ton idéal de Naelis a été bafoué par ton propre mari. Des gens que tu as juré de protéger sont morts pour qu'il se réveille. Des soldats sont allés mourir pour une lubie sans que tu ne fasses rien. Thaar, la Péninsule et même l'Anaëh considèrent cette ville comme un ramassis d'inconscients, d'imbéciles et de traites recourant à des magies immondes dès qu'ils en ont besoin. *

Je m'approchais légèrement sans agressivité, restant à bonne distance par habitude depuis la cérémonie d'Arcam.

* Je t'ai laissée tout le temps dont tu avais besoin pour t'occuper de Glenn et de cette guerre, cela n'a rien donné. C'est un fait que tu ne peux réfuter. Tu m'as donné ta paroles de m'aider à trouver un corps et tu t'embourbes dans des problèmes administratifs quotidiens. Ma patience arrive à son terme. * Je bouillais intérieurement mais il n'y avait pas la moindre trace de menace dans ma voix. J'étais moi-même étonnée de voir que j'arrivais à lui exprimer ce point sans lui hurler dessus et lui sauter à la gorge. * Tu sais que j'ai un bon instinct de survie. J'ai été créé pour ça. Et je te jure que cette ville sera de nouveau un champ de bataille dans une poignée d'années tout au plus. Alors je te conjure d'écouter ce que je te dis. *

* Vas-y, je t'écoute. *

* Profite du fait que Glenn soit éveillé pour prendre du recule. Prenons les enfants et partons quelque temps, ailleurs. A Thaar pour voir si ce serait vraiment si horrible ou en Anaëh si tu préfères. Mais partons. Même un mois. Un seul mois. Peut-être que cela te donnera des idées pour éviter que Naelis ne périclite ou peut-être que tu accepteras de passer à autre chose, je n'en sais rien. Mais ni toi, ni moi, ni les enfants ne pouvons continuer comme ça. *

Je le savais. Bien sûr que je savais ! Il croyait quoi, que j'étais aveugle ? Que je n'avais jamais fait de sacrifices pour me battre en ce en quoi je croyais ? C'est comme ça que ça marche, la vie ! Si on veut vraiment faire avancer quelque chose, on se bat pour quitte à oublier une partie de soi-même voire tout son être. C'est ce que j'avais fait et qu'Ust'kor avait du mal à comprendre, lui qui n'avait pas vécu plus de quelques années. Il n'avait pas vécu toutes mes peurs, mes douleurs et mes espoirs... il n'avait tout simplement jamais connu ce que j'avais vécu ; juste des souvenirs, atténués après un siècle de vie. J'écoutais donc mon alter-ego, retenant sa mise en garde et ne la sous-estimant aucunement. C'était déjà beau qu'il se montre si calme et ne soit pas une boule d'agressivité et de sadisme. Au moins étais-je plus prédisposée à l'écouter et à prendre en considération ce qu'il disait. En cela il avait fini par apprendre, depuis le temps ; ce qui me fit sourire intérieurement.

*Profite du fait que Glenn soit éveillé pour prendre du recule. Prenons les enfants et partons quelque temps, ailleurs. A Thaar pour voir si ce serait vraiment si horrible ou en Anaëh si tu préfères. Mais partons. Même un mois. Un seul mois. Peut-être que cela te donnera des idées pour éviter que Naelis ne périclite ou peut-être que tu accepteras de passer à autre chose, je n'en sais rien. Mais ni toi, ni moi, ni les enfants ne pouvons continuer comme ça.*

Je le regardais, droit dans les yeux, le plus sérieusement du monde. Dans ma tête j'analysais toutes les possibilités qu'offrait la proposition d'Ust, en bien comme en mal. Il devait certainement avoir une idée à l'esprit, sa volonté était trop forte pour qu'il en soit autrement. D'un autre côté, vivre pendant un mois complet sans être au devant de la scène permettrait un nombre incalculable de choses, que ce soit en allant en Anaëh retrouver mes parents comme en allant dans les autres villes d'Ithri'Vaan espionner... ce que je n'avais pas fait depuis que j'étais tombée enceinte. D'ailleurs, pour faire la casse-cou, il était hors de question que j'ai les enfants en charge à ce moment-là. Après m'être turlupiné les méninges, j'en venais à considérer que ce n'était pas forcément une mauvaise idée.

*Tu as raison. On ne peut pas continuer comme ça et se prendre un mois loin d'ici nous changera. A deux conditions, cependant : déjà, nous ne mettrons jamais en danger les enfants et donc interdiction de les amener à Thaar ou une autre cité d'Ithri'Vaan. Ensuite, d'abord en parler avec ton "babouin" histoire qu'il soit au courant. Ca nous permettra de voir sa réaction et moi ça me permettra d'essayer de le raisonner une dernière fois. Ah et on chargera des gens de confiance pour rester au courant de ce qui se déroule ici pendant notre absence. Ca te va ?*

Ust risquait d'être déçu pour les enfants mais il devrait comprendre que c'était pour la sécurité des enfants ; de nos enfants. En parler à Glenn... il risquait de ne pas être d'accord. Par contre, le surveiller, il allait certainement aimer.

* Les enfants ne risquent rien tant que je suis là, à Thaar ou ailleurs. Je pensais que nous aurions enfin du temps pour nous en occuper vraiment. Et tu sais aussi que je ne ferai jamais rien qui puisse leur nuire. *

Je soupirais intérieurement. Elle avait l'air de vouloir utiliser cette pause pour faire encore plus de choses pour les autres au lieu de s'occuper des enfants. Je me voyais déjà lui faire oublié ce foutu pays et son roi à la manque en lui montrant qu'on pouvait vivre ailleurs et bien mieux avec les enfants. Je ne voulais pas qu'elle profite de cette occasion pour nous séparer d'eux...

Et en même temps je ne pouvais nier que mon sang bouillait de tout cet enfermement. Tout ce que je réprimais depuis la naissance des enfants me hurlait de dire oui, de sauter sans hésiter sur la possibilité d'un voyage sauvage et dangereux... La sale garce. Elle provoquait mes pires instincts. Avait-elle seulement conscience que seuls les enfants me poussaient à être aussi doux ?

* Je suppose que tu voudras lui parler toi même au babouin ? * crachais-je sur un ton mi méprisant mi risible. * Fait le si ça te chante et met des gens de confiance, de toute façon ils sauront pas ou envoyer les messages alors ils se débrouilleront sans toi. * Une brusque idée me traversa l'esprit et un sourire fuit scintiller les orbes rouges qui me servaient d'yeux. * Mais je veux la moitié de nos jours. *

*Je sais très bien que tu ne feras rien qui leur ferait du mal. Mais il vaut mieux garder à l'esprit l'idée que si on doit se battre, ce sera nettement plus difficile et dangereux pour eux en les ayant dans les bras que s'ils sont en sûreté. Et je n'ai aucune envie qu'on menace de mettre à mort nos enfants dans le but de nous faire du mal à nous deux. Au moins chez mes grands-parents je suis sûre que ça n'arrivera pas.*

Il fallait qu'il comprenne que c'était bien plus du fait des autres que de le sien. Je savais qu'il tenait énormément aux enfants, même qu'il était encore plus protecteur que moi envers eux. Ce que je comprenais complètement : lui aussi avait vu (même plus que moi) les enfants grandir en mon sein, il avait permis aux jumeaux de naître puis les avait vu grandir. Tout comme moi j'étais leur mère, lui était l'un de leurs deux pères. Donc si nous voulions profiter de ce temps pour voyager avec les enfants, il faudrait aller dans des endroits plus sûrs.

*Je suppose que tu voudras lui parler toi même au babouin ?
- J'essairai, oui. Il vaut mieux qu'il ne trouve pas sa femme suspecte dans son comportement. On verra bien comment Glenn réagira.
- Fait le si ça te chante et met des gens de confiance, de toute façon ils sauront pas ou envoyer les messages alors ils se débrouilleront sans toi. Mais je veux la moitié de nos jours.*

Oh le con ! Fallait-il qu'il ajoute cette ligne dans le contrat... Je le regardais droit dans les yeux avec autant de froideur que de suspicion. Il se passa un long moment avant que je ne finisse par articuler quelques mots. Cela me déchirait de le dire mais...

*Soit. Nous sommes deux Souffles dans un même corps et c'est toi qui as eu l'idée. Donc c'est normal qu'on se partage les jours. Par contre, pour les décisions qui nous impactent tous deux je veux pouvoir donner mon accord avant que les actes soient faits. Bien sûr ce sera également le cas lorsque ce sera toi qui sera en repos. Ca te va ?*

La forêt autour de nous se précisa sans que je n'y pense réellement, prenant les traits de l'endroit précis ou la Blanche m'avait écouté pour la première fois. La première personne a m'avoir considéré comme quelqu'un et non quelque chose à abattre. J'avais beau m'en défendre, ce lui et ce moment restaient vifs dans ma mémoire.

L'équivalent d'un rire de joie pure et sauvage secoua tout mon être. Elle avait accepté. J'allais vivre de jour. J'allais faire des choix. Parler à des gens autrement que sous le couvert de la nuit, les rares fois ou je m'esquivais du palais à la nuit tombée, juste pour une heure ou deux avant que l'Autre ne se réveil. Et j'allais pouvoir le faire sans qu'elle essaie sans cesse de reprendre le dessus comme elle le faisait jadis dans les situations dangereuses.

* Marché conclu. *

Je du réprimer un instinct qui me poussait impérieusement à la prendre dans mes bras. La peur de disparaitre fut tout ce qui me sépara de ce geste malheureux.

* Je te laisse jusqu'à la prochaine ennéade pour mettre nos affaires en ordres et en parler à ton babouin.  * souriais-je de toutes mes dents. * On va s'amuser... *