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 Maudits – La naïade du Garnaad

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: Maudits – La naïade du Garnaad   Maudits – La naïade du Garnaad I_icon_minitimeSam 5 Jan 2019 - 17:02

Alix

Panahos 13 Barkios de l’An 11:XI, sur une rive du Garnaad.

Quand elle posa son regard sur elle, Alix comprit que l’inconnue était soit une sainte, soit une folle.

Elle l’avait vu s’arracher aux courants capricieux du Garnaad comme d’autres aux caresses de leurs amants ; avec lenteur et regrets. À sa place, l’adolescente doutait parvenir seulement à demeurer debout. Elle savait le fleuve pernicieux et avait plus souvent qu’à son tour souffert de ses farces du temps où elle y jouait avec son petit frère. Elle s’était arrêtée avant d’avoir rejoint la terre ferme et avait de l’eau qui lui arrivait jusqu’aux genoux. Les haillons dont elle était couverte donnaient l’impression d’avoir été une robe magnifique un jour, mais le tissu était trempé et déchiré de part en part. C’était même un miracle qu’elle ne se fût pas retrouvée nue ! Ce n’était cependant pas tant sa triste mise qui attirait en premier lieu le regard, mais ses cheveux. Ils étaient si longs qu’ils disparaissaient dans les eaux boueuses du Garnaad et noirs comme une nuit sans lune. Quand elle s’était approchée, Alix avait pu distinguer ses traits ; elle avait été belle un jour, avant que les offenses du temps ne la marquassent avec cette cruauté dont elles avaient le secret.

« Ma dame ? » l’appela finalement la Diantraise avec un respect qu’elle ne pouvait pas expliquer. Si l’inconnue l’entendit, elle n’en montra rien. Alix vit qu’elle tremblait. De froid certainement, songea-t-elle en faisant un pas supplémentaire. L’hiver vient. Elle hésita quelques secondes, défit les lacets de ses chausses, s’en débarrassa à la hâte, rassembla les tissus de sa robe dans ses mains et prit son courage à deux mains. Elle retint un petit cri de déplaisir quand le Garnaad commença à lui chatouiller les mollets. Hiver ou pas, il pourrait être un peu plus chaud, maugréa-t-elle en silence en progressant lentement. L’inconnue ne lui donnait pas le sentiment de vouloir bouger, de toute façon, et elle n’avait pour sa part aucune envie de tomber.

Une fois assez proche, elle remarqua ses yeux morts et la découvert de sa cécité rajouta à la confusion de l’adolescente. Comment une aveugle avait-elle pu se fourrer dans pareille situation ? Une folle ou une sainte, se remémora-t-elle en franchissant les derniers mètres qui la séparaient de sa cible. Une sainte ou une folle. Néera, fais qu’elle ne soit pas folle. La fugace vision de l’étrangère l’attaquant et l’entraînant au fond du Garnaad la fit frissonner. Elle s’interdit pourtant de faire demi-tour.

« Vous devez venir avec moi, énonça-t-elle fermement après qu’elle se fut postée juste devant elle. Vous pouvez marcher ?

Je le puis, acquiesça l’inconnue au grand soulagement de sa sauveuse. Je le dois

Alors accrochez-vous à moi, » lui intima Alix en voulant se saisir de son bras gauche. Le droit était déjà occupé à tenir un bien étrange bâton de marche. L’adolescente ne put retenir un petit glapissement de surprise quand ses doigts se refermèrent sur une manche vide. Parce qu’elle est manchote, en plus ?

Les lèvres bleuies de l’inconnue s’étirèrent en un mince et pauvre sourire. Elle secoua doucement son chef, puis tendit son bâton devant elle. Suivant son ordre muet, le Garnaad s’écarta pour leur libérer un passage, ce qui rajouta d’autant à la confusion d’Alix dont la première pensée cohérente fut de regretter qu’elle ne l’eût pas fait plus tôt. Ça m’aurait évité de tremper ma robe.

« Je suis désolée, » lui murmura la femme à l’oreille.

Alix ne répondit rien, mais se referma encore un peu plus. Elle ne savait plus si elle devait être curieuse ou émerveillée ou suspicieuse ou effrayée ; déjà, un nouveau détail attirait son attention. « Vous sentez le sel ! » L’adolescente avait vu une fois la mer, quand son père avait dû se rendre au Port-Royal et l’avait emmenée avec lui. Elle s’était juré de ne jamais oublier ce parfum si particulier, qu’elle retrouvait accrochée aux cheveux et aux vêtements de l’aveugle. « Qui êtes-vous ? » Ou plutôt, qu’êtes-vous ?

« Je suis Son Vaisseau et Son Instrument, » s’entendit-elle répondre en toute simplicité. L’instant d’après, l’inconnue se mettait lentement en marche et Alix passa son bras droit sous le sien pour mieux la supporter. « Je dois aller à Diantra.

Tout le monde doit aller à Diantra, » répondit doctement Alix avec chauvinisme. Elle poussa un discret soupir de soulagement quand elles eurent atteint la rive et que le Garnaad se refermait derrière elles. Elle éloigna encore un peu l’inconnue du fleuve et la fit ensuite s’asseoir sur un carré d’herbe relativement sèche. « La ville est toute proche, on peut l’apercevoir d’ici… » expliqua-t-elle en joignant le geste à la parole pour lui indiquer la direction adéquate. Elle se rendit compte après avec un temps de retard qu’elle parlait à une aveugle et bafouilla quelques excuses maladroites. « C’est à même pas une demi-lieue, conclut-elle son pauvre laïus. Je… peux vous y emmener si vous voulez. »

La femme, qui gardait son regard mort rivé sur le Garnaad, opina lentement du chef. « Merci, souffla-t-elle avant d’ajouter moins pour l’adolescente que pour elle-même : Je dois rencontrer le roi. »



Dernière édition par Katalina le Jeu 10 Jan 2019 - 21:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Maudits – La naïade du Garnaad   Maudits – La naïade du Garnaad I_icon_minitimeDim 6 Jan 2019 - 23:40

Alix

Oglicos 16 Barkios de l’An 11:XI, dans les faubourgs de Diantra.

« Parle-moi de maman, » demanda Alix après que la nuit fut tombée sur Diantra et ses faubourgs.

Cela faisait trois jours qu’elle avait fait la rencontre de la femme sortie du Garnaad. La ramener à Diantra lui avait pris beaucoup plus de temps qu’elle l’avait imaginé de prime abord. Katalina — c’était le nom qu’elle lui avait donné — était terriblement affaiblie et elle ne pouvait pas marcher plus de quelques minutes consécutives. Alix avait bien essayé de la porter, mais avec un succès mitigé. Lorsqu’elles avaient finalement poussé la porte de la chaumière de la Diantraise, la nuit était tombée sur Diantra depuis deux bonnes heures et le père de l’adolescente lui avait passé le savon de sa vie pour être rentrée si tard. Son humeur ne s’était pas améliorée quand il avait compris qu’elle n’était pas seule, mais il n’avait pas eu le cœur de refuser le gîte et le couvert à Katalina. « Katalina, insista Alix en fronçant les sourcils. Tu n’as pas le droit de garder tes souvenirs d’elle pour toi. C’est injuste. Les miens sont si flous, mais toi, on dirait que tu l’as quittée hier.

C’est parce que je n’oublie pas, Alix, s’entendit-elle répondre dans un soupir. C’est ma malédiction et tu aurais tort de me la jalouser. »

Cela ne satisfit guère l’adolescente, dont le visage trahissait la frustration. Alors quoi, est-ce que je ne l’ai pas mérité ? avait-elle envie d’arguer. Après avoir bataillé pour la ramener chez elle, Alix l’avait installée dans son lit et tandis Katalina dormait à poings fermés, elle avait dû redoubler d’efforts pour convaincre de ne pas simplement la chasser à son réveil. Tout ce qu’elle demandait en échange de sa gentillesse, c’était des histoires sur l’enfance de sa mère, morte trois ans plus tôt, dans le terrible incendie qui avait précipité le départ du chancelier d’alors pour le duché de Soltariel. Ce jour-là, Alix avait treize ans et depuis, elle vivait dans les faubourgs de la ville avec son petit frère, de deux ans son cadet, et leur père.

« Pourquoi refuser ce soir ? essaya-t-elle encore et dans sa voix poignait déjà un soupçon de reproche. Où étaient tes états d’âme hier ?

Muselés par ma fatigue.

Je ne te comprends pas. »

La femme soupira, puis fit basculer ses jambes dans le vide et se releva. Elle tâtonna quelques secondes à la recherche de son bâton, sous le regard inquisiteur d’Alix, qui finit par la prendre en pitié, s’en saisir pour elle et lui tendre. « Là, lui souffla-t-elle avec ce qu’il fallait d’impatience dans la voix

Merci. » Avec lenteur, Katalina se releva. La Diantraise se tenait prête à intervenir, tant elle était certaine que l’aînée ne manquerait pas de s’effondrer après quelques pas. « Suis-moi, » lui ordonna-t-elle en faisant fi de ses craintes.

Et Alix de s’exécuter, sans plus se plaindre. Elle ne savait pas ce qu’avait Katalina en tête, mais elle espérait bien que ce revirement d’attitude annonçait un changement d’avis pour sa requête. Elle jeta juste un coup d’œil par la fenêtre de sa chambre pour essayer d’estimer l’heure. La nuit était déjà tombée, mais elle n’avait aucune idée de quand. « Et où allons-nous ? demanda-t-elle seulement quand elles furent dehors.

Nulle part. Quelque part. Marcher, répondit Katalina. J’en ai besoin

Tu as besoin de manger, objecta Alix. Tu n’as pratiquement rien avalé depuis ton arrivée… Je crois que papa a peur que tu meures de faim avant longtemps.

Beaucoup partagent sa crainte. » Alix pouvait comprendre pourquoi. Katalina offrait de feu un bien piètre spectacle. Elle n’a que la peau sur les os. « Cependant, vous m’accueillez sous votre toit ; il ne sera pas dit que je vous en remercie en inquiétudes à mon égard. Je mangerai demain.

Pourquoi pas ce soir ? »

Cette fois, Katalina pouffa faiblement et tourna son regard aveugle en direction de sa jeune protectrice. Alix lui rendit son sourire, oubliant l’espace de quelques instants combien elle était frustrée et lui en voulait pour son silence. « Va pour ce soir, abonda finalement l’éclopée.

Surtout si tu dois voir le Roi, la taquina la Diantraise. De ça aussi, tu ne parles plus. Pourtant, je suis certaine que c’est ce que tu as dit.

Je dois voir le Roi, acquiesça Katalina. Ou plutôt, puisque tu tiens tant à m’arracher des vérités qui ne te feront aucun bien, je dois rencontrer un de ses otages.

Pourquoi ?

Cela, je ne puis te le dire encore, mais si vraiment tu le souhaites, je peux te promettre de te réveler ce secret-là avant la fin du mois.

Je le souhaite.

Alors, je te le promets. »

La suite de leur promenade improvisée se fit dans un bien étrange silence. Alix avait bien compris que Katalina ne dirait rien qu’elle désirait garder par-devers elle ; Katalina devait bien se douter que cela emplissait Alix de frustration. « Je me souviens de ta mère, quand elle était encore une enfant, » finit-elle par céder. Et pendant l’heure qui suivit, l’étrange rescapée du Garnaad livra à une orpheline plusieurs anecdotes des jeunes années de sa mère. Comment Katalina avait rencontré sa mère et connaissait autant de détails sur elle, Alix ne voulait surtout pas le savoir ; pas plus qu’elle ne désirait en parler à son père ou même — et elle ne pouvait s’empêcher de nourrir une certaine culpabilité à ce sujet — à son frère. C’était son secret à elle. Son mystère. Tenant parole, Katalina accepta ensuite de manger un petit peu de gruau, puis demanda à retourner se coucher.

Quand Alix se réveilla, le lendemain matin, Katalina avait disparu ; l’adolescente savait pourtant qu’elle la reverrait avant la fin du mois. En l’attendant, elle chercherait à deviner ce que cette étrange femme pouvait bien avoir à faire avec un roi et l’un de ses otages.

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