[An 12] Politique, commerce, les aléas d'un Duché

Voilà quatre mois que Renaud était marié, et il n'avait pas chaumé durant ce temps. Il avait tout d'abord instauré un échange épistolaire avec les deux Baronnes de Hautval et Ancenis, ainsi bien évidemment qu'avec Philippe de Montvif, qui était ses yeux et ses oreilles à Velteroc. Dans le même temps, il avait renoué avec son cousin, Griffon de Langehack, qu'il avait revu le jour de ses épousailles. Il avait également commencé à échanger avec lui, l'homme ayant l'ambition, mais pas les moyens, de récupérer ce qui était dû à sa famille. La fierté d'avoir réunifié le Duché avait diminué une certaine rancœur concernant son mariage qui lui avait été imposé, d'autant qu'il lui permît d'avoir une alliance avec le Régent, rien que ça. Neyrelles était toujours une énigme, et le Duc ne savait pas sur quel pied danser avec elle. D'ordinaire, elle était une épouse attentionnée, et elle avait des traits d'humours faisant sourire son époux, à sa grande surprise, ce qui l'amenait à vouloir lui faire confiance. Il lui demandait par ailleurs, son avis, pour des questions mineures pour l'instant, afin de voir si elle était instruite dans les affaires politiques. Il fallait dire que la manière dont elle avait menée l'affaire d'Aymeric pour conclure leur fiançailles, et un mariage éclair, l'avait laissé pantois. Malheureusement, cette confiance était douchée lorsque l'on parlait du Régent, ou de Serramire. Dans ces conversations, elle devenait bien plus distante et froide, et une ardente protectrice de son frère, et de ses terres. Renaud l'honorait comme son titre le devait, et il pensait la combler, lui offrant des petites "choses" qu'il avait apprises lors de son séjour à Thaar. Neyrelles semblait être fertile puisqu'elle était déjà tombée enceinte. Cette nouvelle réjouit le Duc qui rêvait déjà à un héritier, priant pour que ce soit un fils. Pourtant, cela l'assombrit un petit peu, quand il pensait au fils qu'il avait déjà, bien que gardé secret, avec la Princesse-Marchande Maralina Irohivrah. Il avait envoyé un nombre très restreint d'espions, des hommes de confiance naturellement, afin de surveiller l'enfant, et implicitement, pour veiller dessus. Bien que ne l'ayant pas reconnu, l'enfant restait le sien.

Peu après son mariage, Renaud s'était activé pour trouver un endroit sur les cotes d'Erac, un lieu qui pourrait voir la construction d'un port, idée farfelue, ou ambitieuse de la part du Duc. Il avait espéré avoir l'aide de Soltariel, mais tout ce qu'il s'était passé avait mis à bas les accords qu'il avait passé avec Franco di Célini, reconnu traître à la couronne, et déchu de tous ses titres, tout comme l'épouse qu'il avait entraîné dans sa chute, la malheureuse Tibéria, avec qui il était parvenu à faire valoir sa demande. Finalement douché par le Sud, il avait décidé de voir à beaucoup plus long terme, allant bien moins vite, mais le réalisant seul. Une partit de l'argent qui lui parvenait d'Estrevent était investit dans ce projet. Le lieu avait été compliqué, et facile en même temps, à trouver. Il fallait dire que les hautes falaises sur les cotes eraçonnes limitaient grandement les endroits pouvant voir une construction de cet acabit. Ce fut finalement au nord-ouest du Duché que l'on trouva un village de pécheur avec des prédispositions. Les travaux avaient rapidement débuté, mais ils avançaient lentement, surtout au début.

Ensuite, dans l'idée de restaurer le faste d'Erac, voir de l'amener plus loin qu'aucun Duc avant lui, Renaud avait envoyé des hommes parcourir ses terres, et au-delà. Il avait encore deux autres projets qui avaient germé dans son esprit, et il avait besoin d'hommes, des érudits dans divers domaines. Il avait aussi cherché deux lieux pour accueillir ceux qui accepteraient son offre. Le premier, au sein de la Capitale, afin d'accueillir des stratèges, et des tacticiens, pour discuter de ces deux univers de la guerre, art si cher aux éraçons. Le but étant, à terme, de former la jeunesse noble. Pour le second site, il le préféra vaste, mais éloigné de la Capitale, tout en restant à une distance permettant d'y aller rapidement. Dans celui-ci, c'était pour réunir les meilleurs artisans, toutes professions confondues, leur permettant d’interagir entre eux, et de permettre à Erac d'être toujours à la pointe des nouvelles trouvailles.

Tout était lancé, il restait maintenant à voir si ces projets se concrétiseraient, ou si ce serait un échec. Renaud espérait que cela fonctionne, d'autant plus que depuis son retour d'Estrevent, il était allé de réussite en réussite, devenu l'enfant salvateur, puis prodigue, du Duché. Il profitait de la notoriété qu'il avait acquise, payant ménestrels, et troubadours pour intensifier cette aura autour de lui.