Elles sont parties [PV Elghinn]

Après avoir laissé Ciriyë aux bons soins de ses compatriotes, Zaahrian erra pendant plus d’une heure dans les rues de Thaar. Il lui fallut du temps pour se remettre les idées en place ce qu’il trouvait ridicule, car il devrait être content pour elle. Il l’était, mais sa déception était aussi très réelle. Il aurait voulu réunir tout le monde autour d’une table pour partager un repas en famille avant les séparations. En gros, créer un souvenir heureux auquel il aurait pu penser de temps à autre jusqu’au moment de leurs retrouvailles en sachant très bien que plusieurs années pouvaient passer avant qu’elles arrivent. Il avait une famille… Cette pensée fit naître un sourire sur ses lèvres. Une famille hautement dysfonctionnelle, mais une famille dont il était fier et qu’il allait protéger à tout prix. Finalement, ses pensées dévièrent vers son frère qui l’attendait à la maison. Lui aussi devait s’attendre à ce qu’il ramène tout le monde au bercail. Du coup, lui aussi n’aurait pas l’occasion de faire des au revoir en bonne et due forme. Après une multitude de détours, l’assassin se dirigea vers sa demeure.

En ouvrant la porte, il trouva un esclave en train de somnoler dans le portique. L’apparition soudaine de Zaahrian le fit sursauter. Il s’attendait peut-être à des remontrances, mais l’assassin ne dit rien et se dirigea plutôt vers le cœur de la maison. Aucun signe de son frère, mais Elghinn n’était peut-être simplement dans sa chambre en train de lire ou à s’occuper comme le font les jeunes hommes lorsqu’il n’y a personne pour les surprendre. N’ayant pas tellement envie de vérifier, Zaahrian lança d’une voix forte.

« Je suis rentré! »

Sans attendre une réponse, il se dirigea ensuite vers la pièce où il avait l’habitude de s’entraîner. Plongé dans le noir, il distinguait à peine les armes rangées le long des murs et les mannequins d’entraînement n’étaient que des ombres inquiétantes à la forme vaguement humanoïde. Zaahrian s’arrêta en plein centre, regarda autour de lui avant de s’étendre à même le sol en pierre, les bras en croix. Il aurait pu monter à sa chambre et se cacher sous ses draps pour bouder autant qu’il le voulait, mais non. Cette habitude remontait à son enfance. Lorsqu’il était indiscipliné, pour le punir, Daeron le faisait dormir à même le sol. Encore aujourd’hui, s’étendre sur le plancher l’aidait à réfléchir. Cela dit, il avait toujours du mal à expliquer pourquoi lorsque quelqu’un le surprenait dans cette position…