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| Une histoire de seins [Ascanio] | |
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Auteur | Message |
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Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Une histoire de seins [Ascanio] Lun 7 Oct 2019 - 23:37 | |
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Favrius, premier mois d'automne, Deuxième ennéade 1er jour
Caley Aldaron Vossula, Princesse Marchande… Non! Ridicule! Elle est l’épouse du Prince Marchand, ça ne lui donne pas de titre, juste un statut particulier, la permission implicite de diriger la maison et de faire des crises sur l’incompétence de son personnel. Caley ne le faisait pas, mais ça n’empêchait pas son entourage de la traiter comme si elle était une bouteille sous pression menaçant d’exploser au moindre choc. Ça l’agaçait, mais elle n’y pouvait rien. Elle devait jouer le jeu afin de préserver son image et surtout celle de son époux. Ainsi, ce statut venait avec son lot d’obligations, de règles non écrites qu’elle devait connaître, mais aussi des curiosités, ces petites choses auxquelles Caley devait se plier à l’occasion et qui faisaient systématiquement naître en elle cette pensée : jamais je ne pensais faire ça dans ma vie. La plus récente en date : la création d’un portrait officiel du couple. Mieux encore, pourquoi se contenter d’une peinture quand on peut faire une sculpture? Apparemment, c’était la norme dans la famille, car bon nombre des ancêtres Vossula prenaient encore aujourd’hui la pose dans les jardins entre deux massifs de fleurs. Ils affichaient tous un air des plus solennel tout à fait approprié. La place de choix était, bien sûr, au cœur même du grand jardin, espace jusqu’à tout récemment occupé par la statue de Tibério. Le corps du paternel n’était pas encore officiellement froid qu’Ascanio la faisait déplacer dans une partie oubliée du jardin pour pouvoir y placer l’œuvre commandée. Caley entretenait certains doutes quant au trépas ou plutôt la date du trépas en question, mais ça c’est une autre histoire. La jeune femme dut se soumettre à des séances de pose pour que l’artiste chargé de cette tâche hautement délicate réalise toutes les esquisses nécessaires et après une longue attente, le jour du dévoilement vint enfin.
Sous un soleil radieux, Caley se tenait aux côtés d’Ascanio dans les jardins. Des esclaves les accompagnaient pour leur faire de l’ombre alors que ce n’était pas une journée particulièrement chaude. Pour marquer l’événement, il n’y avait aucun invité officiel, une précaution pour éviter l’embarras si la sculpture se révélait être une catastrophe. Pour l’instant, rien ne laissait présager un tel dénouement même si le grand drap blanc qui la cachait toujours avait une étrange protubérance à sa base. Vahram se tenait aux côtés de son père, mais les deux plus jeunes étaient absents. Une heure plus tôt, Mikayel avait fait une crise parce que ses petits pois étaient verts. À cet âge, Vahram lui avait déjà fait une scène parce qu’elle lui avait interdit de dormir sur le sol, alors Caley ne s’en faisait pas trop. À cet âge, un rien pouvait les rendre furieux. Quant à la petite dernière, elle était juste trop jeune pour vraiment comprendre ce qui se passait. Évidemment, l’artiste était aussi présent. À moitié chauve, son crâne luisait sous les rayons du soleil. Une barbe broussailleuse et grisonnante cachait la moitié d’un visage rougeaud et lorsqu’il souriait, il lui manquait quelques dents. Il était plus grand qu’elle et portait une toge qui dissimulait un corps noueux. Même si ses mains portaient des marques évidentes d’usure, si on ne lui avait pas assuré que se tenait devant elle l’un des plus grands artistes de Thaar, Caley ne l’aurait jamais cru.
« Inutile de vous faire attendre plus longtemps. » Dit-il en tendant la main pour prendre un bout du drap. « La voici! » Il tira un bon coup et l’étoffe tomba sur le sol, laissant tout le monde sans voix.
En fait, si on s’arrêtait seulement à la partie supérieure, c’était effectivement une œuvre d’une grande qualité. Ascanio, debout, regardait droit devant lui le visage figé dans la même solennité que les autres sculptures du jardin. Les détails et la ressemblance étaient incroyables. Même les vêtements avec leurs motifs et leurs plis semblaient plus vrais que nature. Jusque là, rien de choquant, mais c’est là que s’arrêtait la ressemblance avec le reste. Ascanio tenait à sa main une épée, la lame pointée vers le bas, posture du héros qui venait de livrer un dur combat. L’aura d’héroïsme était renforcée par la présence d’une jeune femme agenouillée à ses pieds, c’est-à-dire, elle. Pour une raison qu’elle ne comprenait pas encore, la Caley de la sculpture avait le visage levé vers Ascanio, transi d’admiration devant son héros. Encore une fois, la ressemblance était frappante. La méprise était impossible, c’était bien l’épouse du Prince. Elle avait les deux bras tendus vers lui, implorants et l’étrange protubérance de tantôt était en fait ses pieds. Enfin, les pieds de la Caley statufiée. C’est alors que l’évidence la frappa. Cette œuvre était en fait une représentation du moment où Ascanio l’aurait prétendument sauvé lors de leur première rencontre. En réalité, c’était plutôt elle qui avait sauvé Ascanio, mais son époux n’avait pas hésité à se donner le bon rôle pour entretenir sa gloire. Voilà que cette fable était immortalisée en statue grandeur nature. Pour couronner le tout, Caley avait été représentée presque entièrement nue par l’artiste alors qu’elle n’avait jamais posé nue. Elle portait bien une sorte de voilage, mais c’était sans doute le bout de vêtement le plus inutile du monde vu que ses seins étaient dévoilés au regard de tous ainsi qu’une bonne partie de son fessier. Un connaisseur serait certainement charmé par la grâce du mouvement et par l’impression de vie que dégageaient les sujets, mais Caley pensait plutôt à son fils qui voyait sa mère nue.
Elle tourna la tête vers son époux.
« Dis-moi, c’est de toi que vient cette idée? »
Elle parlait calmement presque en souriant, mais quelque chose dans son regard laissait deviner la tempête qui se préparait...
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mar 8 Oct 2019 - 10:22 | |
| « Notre idée », corrigea Ascanio sans quitter des yeux la sculpture, n'ayant pas compris à quoi Caley faisait vraiment allusion. Il ne voyait guère, du reste, ce qui pouvait choquer son épouse ; de tous ses prédecesseurs, il était le premier à se faire immortaliser ainsi en compagnie de sa dame. C'était clairement un grand honneur qu'il faisait là à l'élue de son coeur ; c'était pratiquement faire d'elle son égale. Qu'on ne vienne pas dire que je ne suis pas un partisan de la cause des femmes, songea fièrement Ascanio en scrutant d'un regard expert la statue qui le représentait en guerrier avec son épouse agenouillée à ses pieds.
Il y avait, malgré tout, quelque chose qui le chagrinait. Alors que chacun observait sa réaction, et tout particulièrement l'artiste, on devinait, à ses sourcils froncés, qu'il n'était pas entièrement satisfait par le rendu de l'oeuvre. Lui-même mit un moment à mettre le doigt dessus. Le front plissé, quelques tics nerveux agitant la commissure de ses lèvres, Ascanio réfléchissait. Puis il se tourna vers l'artiste.
« Tu n'as pas ménagé tes efforts, Diodore le Mycosien, je le reconnais ; la tâche était ardue pour n'importe quel sculpteur, y compris pour un de ta trempe. »
Soulagé par le compliment, Diodore le Mycosien poussa un profond soupir de contentement. Mais Ascanio poursuivait déjà :
« Toutefois... s'il était un homme qui puisse rendre grâce à la beauté et la magnificience des deux sujets de cette oeuvre, je pensais que ce serait toi. Mais tu ne fais là qu'en esquisser les contours. Malgré toute ta science du marteau et du stylet, malgré ton savoir-faire légendaire, l'honnêteté me pousse à te le dire, Diodore, je suis quelque peu déçu. - Seigneur Prince, murmura Diodore, visiblement outré par l'offense faite à son travail, je vous assure que tout le monde va adorer cette... - Je ne veux pas que le public la diodore, Adore. Je veux que le public l'adule. - Si ce n'est que l'affaire de quelques détails, je peux peut-être encore l'adapter à votre convenance... - Quelques détails ? Allons ! Crois-tu que je ferais la comédie pour quelques traits manquants ou quelques contours mal affinés ? Me crois-tu si terre à terre ? Mais c'est l'âme même de l'oeuvre qui est touchée ! Regarde donc, Diodore ! Regarde ! Regarde ce que tu as fait ! Deux êtres figés dans la pierre, deux êtres si normaux, si insipides... tu as négligé le plus important ! - Mais... que voudriez-vous, Seigneur Vossula ? - L'épée n'est pas assez grande. Mes pectoraux manquent de volume aussi. Ah, et, bien sûr, les seins de ma femme ; ils devraient être bien plus gros que ça. »
Et le Prince de se tourner vers son épouse, tandis que Diodore le Mycosien ravalait sa fierté.
« Qu'est-ce que tu en penses, ma colombe en sucre d'orge ? Nous devrions peut-être passer commande auprès d'un artiste qui connaît mieux son sujet. » Il avisa également Vahram, leur rejeton qui suivait la scène d'un air ahuri. « Et toi, mon fils, dis-moi ; reconnais-tu vraiment ta mère ? »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mar 8 Oct 2019 - 23:56 | |
| « Plus gros? » Caley baissa sans réfléchir son regard sur sa propre poitrine puis sur celle de la statue. Le mot sein à cette faculté de provoquer une réaction chez tous ceux qui l’entendent. En général, le regard se retrouve attiré vers l’objet en question, qu’il soit à découvert ou pas. Ascanio avait une connaissance très approfondie de son anatomie et elle fut forcée d’admettre qu’il n’avait pas tord, mais voilà une liberté artistique qu’elle était prête à laisser passer sans protester. Il est triste de constater qu’Ascanio pouvait juger de la taille de ses seins sans difficulté, mais était incapable de comprendre que de se voir ainsi représenté aux yeux de tous pouvait être très vexant pour elle. Non, Caley n’avait pas du tout acquiescé à ça. Elle avait osé croire qu’ils seraient posés debout côte à côte, mais c’était mal connaître son époux et ses idées grandiloquentes. Il n’y avait aucune malice derrière tout ça, mais elle était déçue et surtout terriblement gênée. Elle pouvait aisément imaginer les nombreux invités de la maison examiner cette statue pour ensuite la dévisager avec encore plus d’insistance. Déjà, ils ne se privaient pas pour le faire.
« En réalité, je croyais que nous serions debout tous les deux… Ou toi debout et moi assis, ça ne m’aurait pas dérangée... »
En fait, le choc de l’idée initiale passé, elle s’était surprise à imaginer de quoi aurait l’air cette œuvre. Quelque chose de solennel à l’image des autres, mais avec un petit quelque chose qui démontre la tendresse qui existait entre eux… Une main tenant celle de l’autre ou posée sur l’épaule… Ou encore dans la façon dont les corps sont placés, Ascanio légèrement tourné vers elle… Si Caley avait présentement envie de l’étrangler, il y avait beaucoup d’amour entre eux. Pour chaque occasion où Caley voulait le frapper, il y en avait d’autres où elle voulait l’embrasser. S’il y avait plus de mauvais moments que de bons, elle serait partie depuis longtemps.
« Mais ça n’aurait pas du tout eu le même effet! » Protesta l’artiste, pas habitué que l’on critique ses œuvres pour des détails aussi puérils. « Ça n’aurait raconté aucune histoire alors que cette œuvre immortalise la vôtre... » Caley lui jeta un regard qui suffit à le faire taire. Visiblement, elle n’approuvait pas l’histoire qui était racontée. Vahram, quant à lui, regardait toujours ladite sculpture. Il reconnaissait le visage de sa mère, mais ce n’était pas sa maman. Il ne pouvait pas l’imaginer implorer quelqu’un de cette manière.
« Elle est toute nue. » Fit-il remarquer d’une petite voix. « Comme les dames qui viennent quand tu reçois des invités papa. » Caley se pencha vers l’avant pour regarder son fils qui se tenait de l’autre côté de son père. Elle savait pour ces femmes, mais elle ne savait pas que son jeune fils savait. Vahram traînait souvent avec Ascanio qui l’impliquait dans certaines de ses affaires. Il faisait ça pour le préparer à sa vie future, selon lui. Elle lui avait pourtant dit qu’il était trop jeune pour ça encore. « Et puis... » Il fronça les sourcils. Quelque chose le tracassait. Lui, il connaissait la vraie histoire de ses parents. « Ce n’est pas maman qui devrait tenir l’épée? »
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mer 9 Oct 2019 - 9:26 | |
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Ascanio soupira, comme chaque fois que Vahram ouvrait la bouche. A neuf ans, Vahram continuait de parler comme un garçonnet timide et simple d'esprit, malgré tous les efforts déployés par Ascanio pour lui forger le caractère. Le Prince Marchand oubliait parfois que cela faisait seulement deux ans que son fils vivait à ses côtés ; avant cela, Vahram n'avait connu qu'une existence modeste et paisible, passée dans la ville barbare de Diantra à l'ouest. L'opulence, le pouvoir, la noblesse marchande, tout ça était nouveau pour lui. Caley avait sans doute fait de son mieux, mais Ascanio s'inquiétait parfois ; à neuf ans, Vahram préférait courir après les papillons et caresser des petits chats plutôt que de s'intéresser aux armes et reluquer les femmes. C'était à s'en arracher les cheveux.
Machinalement, Ascanio commençait peu à peu à reporter ses espoirs sur son second fils, Mikayel, dont l'éducation semblait prometteuse. Lequel des deux serait le plus digne à lui succéder un jour ? Il était encore un peu tôt pour se poser la question, mais elle se poserait immanquablement, et alors ce serait un beau bordel ; un bordel qui se réglerait dans un bain de sang fratricide. Sauf bien sûr si la bonne fortune voulait que l'un des rejetons - le plus faible de préférence - calanche d'une maladie grave avant. Enfin bon, d'ici là, on a quand même le temps de voir venir, songea Ascanio, chassant ces idées de ses pensées.
« Mon fils », soupira le Prince Marchand, « ce que tu vois là est de l'art, et l'art est parfois difficile à expliquer aux enfants, et même aux grandes personnes. » Il s'avança vers Vahram et lui ébouriffa les cheveux. « De quoi aurait l'air ta mère, toute nue avec une épée ? Ca n'aurait pas de sens. L'autre jour, quand tu as ouvert la porte et que j'étais d... avec Niusha, est-ce qu'elle avait une épée ? Bien sûr que non. »
Ses yeux se tournèrent vers Caley et il comprit en un clin d'oeil, à l'expression de son adorable visage où cuisait déjà une lente colère, qu'elle-même n'était pas convaincue.
« Conseil de famille », décréta Ascanio. « Foutez le camp, tout le monde. » Les esclaves se regardèrent, Diodore hésita aussi, surpris par le ton employé. « Ouste, du vent. Bzzzzz ! » s'exclama le Prince avec impatience en mimant le geste de chasser une mouche.
Les esclaves et l'artiste regagnèrent l'intérieur du palais, laissant seuls Ascanio, Caley et Vahram. Le Prince sourit, tout en comparant distraitement la Caley de pierre à la Caley de chair. C'était amusant d'en avoir deux.
« Caley », dit-il à sa femme d'un ton posé. « A ton avis, pour quelle raison ai-je commandé cette sculpture de merde ? Dans quel but mes aïeux se sont-ils fait immortaliser dans la peinture et dans le marbre ? La raison est toute simple : pour rendre nos voisins jaloux. Or, si je me faisais représenter à côté de mon épouse qui porte la culotte, au sens propre comme au figuré, qui manie l'épée mieux que moi et qui commande dans la chambre à coucher, je ferais peut-être honneur à la vérité ; mais personne ne serait jaloux. Ils me prennent déjà pour un demeuré, ils me prendraient en plus pour un faiblard, un soumis. Tu sais bien que je suis le plus heureux des hommes ; mais les gens ne sont pas obligés de tout savoir. »
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mer 9 Oct 2019 - 23:25 | |
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« Je commande dans la chambre à coucher? Tu dis ça seulement, car j’ai osé dire qu’après deux grossesses rapprochées je souhaitais une pause pour ne pas finir par ressembler à une baleine échouée sur une plage et que ça impliquait qu’on prenne nos distances. Ce n’est pas de ma faute s’il suffit presque que tu éternues pour que je tombe enceinte… Dis-toi que personne ne peut remettre en doute ta virilité, mais bon, tu as raison… Ta réputation n’est pas nécessairement très enviable. »
La colère de Caley s’était apaisée, mais cela n’avait rien de vraiment surprenant. Il était rare qu’elle s’énerve réellement au point de se mettre à tempêter même quand Ascanio poussait ses frasques un peu trop loin. Il en fallait bien un avec un peu de sang-froid pour compenser les excès de l’autre.
« Le fait est, Ascanio, que tous nos voisins sans exception ont les moyens de se payer une sculpture comme celle-ci. »
Elle se détourna pour aller examiner les figures figées dans le marbre. De près, les détails étaient encore plus impressionnants et impossible de voir les coups de ciseaux. En vérité, le prix pour une telle œuvre devait être exorbitant et l’idée qu’Ascanio en veuille un autre pour remplacer celle-ci qu’il trouvait insatisfaisante était choquante. Naturellement, c’était du point de vue d’une femme ayant vécu dans la misère une bonne partie de sa vie.
« Tu sais, ce n’est pas tant la façon que je suis représenté qui me dérange, mais le fait qu’il y a des gens qui n’hésitent pas à me reluquer ouvertement et qui, en voyant ça, voudront encore plus le faire. Lors de la dernière fête que nous avons donné, il y avait ce vieux monsieur… J’oublie son nom, mais il est vieux et tout desséché, mais en vrai il n’est pas si desséché que ça. Donc si tu acceptes que ta femme soit l’objet de propositions toutes plus indécentes les unes que les autres… » Elle haussa les épaules.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 10 Oct 2019 - 0:45 | |
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« Aaah, c'est donc ça qui te dérange ! » s'exclama Ascanio, un grand sourire aux lèvres ; il était à la fois soulagé de comprendre ce qui gênait son épouse et amusé de voir combien elle restait fidèle à elle-même. « Caley, ma Caley, tu es si... si... » Il s'interrompit car il n'était pas certain de pouvoir finir cette phrase d'une manière qui ne la mettrait pas en colère.
Leurs années de mariage n'avaient pas réussi à vaincre chez Caley cette pudibonderie si caractéristique des pentiens de péninsule. Elle rougissait chaque fois qu'Ascanio évoquait lors de soirées entre amis des détails croustillants sur leur vie intime. Elle persistait à vouloir s'habiller seule et prendre son bain sans l'aide de personne, ce qu'Ascanio n'avait jamais compris. Elle refusait même qu'ils s'adonnent à leurs ébats intimes lorsque des esclaves pouvaient les voir. Et on n'avait jamais rapporté au Prince la moindre rumeur de flirt entre son épouse et le moindre de ses esclaves. C'était comme si Caley avait honte d'être belle et désirable.
« Les hommes te regardent, Caley, et ils continueront à le faire, qu'ils y soient incités ou non par ton double de pierre. Tu as raison, la plupart de nos voisins ont les moyens de se payer les services d'un maître comme Diodore le Mycosien ; mais aucun d'eux n'a la chance de vivre aux côtés d'une créature de rêve telle que toi. Car tu es ce que j'ai de plus précieux, et c'est cela que j'ai voulu faire immortaliser dans le marbre. »
Il coula un regard tendre à son épouse et, s'avancant vers elle, la saisit cavalièrement par les hanches. Vahram, déjà gêné par le sens de la conversation, préféra détourner les yeux en grimaçant. Aujourd'hui encore, le garçon avait du mal à s'habituer à la proximité particulière qui existait entre sa mère et cet autre homme, quand bien même ce dernier était son père. Caley l'avait élevé seule pendant une grande partie de sa jeune existence ; cette relation fusionnelle et exclusive souffrait aujourd'hui de l'immixtion d'un père particulièrement peu discret. Un père étrange, d'ailleurs, très différent du portrait qu'on avait dressé de lui avant qu'il le connaisse, et qui faisait avec sa mère des choses qu'on n'avait normalement pas le droit de faire...
« D'ailleurs, les propositions indécentes ont parfois du bon, ajouta Ascanio sur le ton de la conversation. Si tu n'avais pas partagé la couche de Salougan, Vahram ne serait jamais venu au monde. - Hein, de quoi ? » s'exclama Vahram en ouvrant des yeux ronds.
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 10 Oct 2019 - 1:54 | |
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La claque vint si vite que Caley n’eut même pas le temps de réaliser ce qu’elle faisait avant que sa main ne s’abatte sur la joue d’Ascanio. L’instant d’avant, il avait réussi à la faire sourire par le plus doux des compliments. Il suffisait de la phrase de trop pour tout gâcher. Il en avait dit des bêtises depuis le début de leur mariage, mais jamais il n’était allé aussi loin.
« Comment oses-tu? » Caley recula d’un pas. Rare sont les moments où elle peinait à se contrôler. Cette fois, l’outrage était tel qu’elle en ressentait encore l’écho dans sa main. Elle avait frappé durement. Caley se tourna vers son fils. « Vahram… Vahram, écoute-moi. »
« De quoi il parle? »
Caley semblait sur le point de perdre complètement ses moyens. Elle s’agenouilla au sol pour être au même niveau que le garçon, mais il avait grandi et maintenant il regardait sa mère de haut. Pendant un bref instant, elle crut le voir dans les traits de son visage, le vrai père de Vahram. Ça n’éveillait pas de bons souvenirs. Ascanio croyait qu’elle lui avait accordé ses faveurs, mais il était loin de la vérité.
« Vahram… Il… Il y a des choses qui arrivent parfois… Je... » Elle cherchait les bons mots, mais y’avait-il seulement une bonne façon de dire ce genre de chose. « Je voulais attendre que tu sois plus vieux pour t’expliquer, que tu comprennes vraiment ce qui s’est passé... »
« C’est vrai ce qu’ils disent!? Que je suis un bâtard? »
Le regard de Caley se durcit.
« Peu importe qui dit ça, ils n’ont pas le droit. Vahram, tu es mon fils et je t’aime. Ça ne change rien, d’accord? Et Ascanio… Ton père, quand il m’a retrouvé à Diantra et que j’étais enceinte de toi… Il t’a immédiatement reconnu comme étant son enfant. Il n’a jamais douté, il n’a jamais remis à question son choix. Il a même fâché les Dieux pour nous retrouver et nous ramener à la maison... » Même après ce qu’il venait de faire, elle trouvait le moyen d’avoir de bons mots pour Ascanio. « Je suis désolée Vahram... »
Elle vit le visage de son garçon se froisser. Il tourna les talons et partis en courant.
« Vahram! »
Caley se releva pour le suivre, mais après deux pas, elle se retourna pour regarder Ascanio.
« Je ne lui ai pas accordé mes faveurs. J’avais été capturé et traîné de force dans un de ses bordels. Il tenait les clefs de ma liberté… Si je n’avais pas écouté… si je ne l’avais pas fait, j’y serais encore… ou je serais morte, je ne sais pas. Peut-être m’aurais-tu trouvé un jour, une chaîne au cou, plus que l’ombre de moi-même… Maintenant. » Elle pointa dans la direction où venait de disparaître leur fils. « Tu vas aller retrouver ton fils, tu vas lui dire que tu l’aimes, tu vas lui raconter tout ce que tu as fait pour nous retrouver et tu vas lui promettre du même souffle d’épingler aux murs de la salle de bal tous ceux qui ont osé le traiter de bâtard. Tu as compris? »
Juste comme ça, elle venait d'expliquer toutes ces petites choses qu'Ascanio trouvait étrange. Pourquoi elle n'aimait pas que les esclaves s'occupent d'elle, pourquoi elle insistait pour se préparer seule... C'est parce que des esclaves l'avaient préparés juste avant d'être présenté à Azhar. Mais ça, Ascanio n'allait probablement pas le comprendre...
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| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 10 Oct 2019 - 21:43 | |
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La claque l'avait pris de court. Oh, ce n'était pas la première fois que Caley le giflait ; depuis le temps qu'ils étaient mariés, il s'en était déjà mangé quelques unes, et des salées. Et comme à chaque fois, il était bien en peine d'expliquer ce qu'il avait pu faire pour mettre en rogne sa dulcinée. Il se massa la joue d'un air hébété tandis que Caley tentait de calmer leur fils ; il regarda Vahram s'enfuir en courant, et il dut subir, impuissant et honteux, le sermon de son épouse.
Dire qu'il avait cru qu'à la mort de son père, plus personne ne lui dicterait sa conduite... c'était comme si rien n'avait changé, comme s'il était ce même gosse qu'on réprimandait pour avoir commis une vilaine bêtise, comme la fois où, à l'âge de treize ans, il avait empoisonné sans faire exprès toute la garde de son père en voulant faire une blague. Ses oreilles sifflaient encore des hurlements de Tiberio Vossula, et son postérieur conservait le souvenir cuisant du fouet. Cette fois, c'était la marque écarlate de la main de Caley qui ornait sa joue, une marque bien nette, qu'on distinguait sans peine sur son visage pourtant rouge de honte.
« Je le sais, tout ça, protesta-t-il d'un ton presque infantile. T'ai-je jamais reproché quoi que ce soit ? J'étriperais ce porc de mes mains s'il n'était pas déjà mort. » Il lui vint à l'esprit qu'ils auraient pu reporter leur vengeance sur le fils de Salougan, mais ça signifiait tuer Vahram ; Caley risquait de ne pas être d'accord. « Vahram s'en remettra. Tu protèges trop ce garçon pour son propre bien ; il doit s'endurcir. Et puis, à quoi lui servirait l'amour de son père ? Il a déjà le tien. Regarde-moi : j'ai grandi sans connaître ma mère, avec un père tyrannique qui me méprisait ; cela ne m'empêche pas d'être un homme aujourd'hui, parfaitement équilibré qui plus est. »
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Ven 11 Oct 2019 - 1:22 | |
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Ascanio ne réalisait pas à quel point sa vie fut un bordel et qu’aucun homme ne pouvait avoir vécu ce qu’il a vécu sans en garder des marques. Et Caley le voyait, chaque jour. Il se plaignait de son père, mais il répétait exactement les mêmes gestes que lui, car c’est tout ce qu’il connaissait. À bien des égards, il agissait encore comme un gamin et peut-être qu’il en était un… Un enfant coincé dans le corps d’un adulte, désespéré d’avoir la tendresse et la reconnaissance qu’il désire tant, mais que personne ne lui a jamais données. Il multipliait les frasques et les coups d’éclat pour avoir de l’attention, mais récoltait la plupart du temps des claques et la désapprobation. Caley ne voulait pas avoir pitié de lui, car c’était sans doute la dernière chose qu’il souhaitait susciter chez les gens, mais le voir ainsi la rendait triste. Elle tourna la tête vers l’endroit où leur fils avait disparu avant de revenir vers Ascanio. Elle tendit la main et effleura la joue qu’elle venait de frapper. Elle regrettait son geste. Elle le regrettait à chaque fois, mais Caley aussi portait les marques de son passé. Même si elle faisait tout son possible pour les ignorer, elles faisaient partie d’elle.
« Ascanio… Ton père était un monstre. Il était égoïste et cruel. Tu ne cesses de répéter à quel point tu le détestais, mais regarde-toi aujourd’hui… Tu fais la même chose que lui. Tu protèges trop Vahram, il doit s’endurcir! Combien de fois Tibério t’a dit la même chose? Vahram fait tellement d’effort pour que tu sois fier de lui. Combien de fois as-tu souhaité que ton père soit fier de toi et qu’il t’accorde son attention autrement que par les injures et les coups? »
Elle pencha la tête légèrement de côté.
« Je suis sa mère… Je suis une femme. Vahram grandit et bientôt il sera un homme. Il y a des choses que je ne pourrai jamais comprendre. Désolée, mais je ne sais pas ce que c’est qu’être un homme. Dans ce rôle, je ne peux pas te remplacer. Il a besoin de toi pour l’épauler dans cette périlleuse étape où il va découvrir les choses de la vie. C’est vers toi qu’il va se tourner lorsqu’il y aura une fille qui lui plaira, mais qu’il ne saura pas trop comment l’approcher. Il ne va pas se tourner vers sa mère! Quelle honte! Je suis certaine que tu te feras un plaisir de tout lui montrer, je ne suis pas inquiète… Ou peut-être que je le suis un peu, pour être honnête. »
Elle réprima un rire. Il y avait certes de quoi s'inquiéter.
« Je ne peux qu’imaginer comment il se sent présentement. Il a appris une vérité que j’aurais préféré lui épargner, mais la paternité, c’est bien plus qu’un lien de sang. Je sais que ce n’est pas facile, mais soit le père que tu as toujours voulu avoir. Ne soit pas comme Tibério, laissons-le dans sa tombe, d’accord? »
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Sam 12 Oct 2019 - 13:45 | |
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Le plaidoyer de Caley arracha un soupir au Prince Marchand. Oukilâm'i sak'ekêth en soit témoin, Ascanio ne demandait qu'à faire le bonheur de son épouse ; mais ses aspirations concernant leur progéniture étaient si différentes des siennes...
« Ma licorne féconde au cœur de miel, murmura-t-il avec douceur, je désire tout comme toi le meilleur pour nos enfants. Mais je suis le chef de famille désormais ; et il y a tant de choses qui m'échappaient autrefois qui me semblent évidentes aujourd'hui. Mon père n'était ni un monstre, ni un égoïste ; il se souciait au contraire du devenir de son nom. » Ce qu'il avait pu le barber toutes ces années, avec ses discours interminables sur le leg de leurs aïeux, et la responsabilité qui lui incombait de préserver l'héritage, de le faire grandir... à l'époque, Ascanio ne pensait qu'à faire la fête et à baiser tout ce qui bouge. Maintenant il pensait toujours à la même chose, mais pas que. « Oui, j'ai souffert de ne jamais recevoir son approbation, mais aurait-il dû me la donner ? J'étais un être si faible, si pathétique, Caley... si mon père s'était contenté de ça, s'il ne m'avait pas témoigné autant de mépris, je n'aurais jamais trouvé la force de m'élever et de devenir l'homme que je suis désormais. Je serais devenu une espèce de gros lard, un couard incapable de lui tenir tête. Et cette sculpture, ajouta-t-il en désignant son double de pierre, cette sculpture me ressemblerait encore moins, car il faudrait me tailler un ventre si large qu'on en croirait que c'est moi qui porte les mômes. Je n'aurais jamais été ce prince flamboyant qui a trouvé le courage de braver les dieux pour vous retrouver, Vahram et toi. »
Il fit une pause, plantant son regard dans celui de Caley. Il parlait lentement ; il était essentiel, à ce stade, de bien choisir ses mots.
« Nous ne pouvons pas les élever comme si nous étions de simples éleveurs de chevaux, Caley. Ce n'est pas parce que nous sommes riches que cela nous protège, bien au contraire. Vahram sera scruté toute sa vie ; on surveillera le moindre de ses faits et gestes, on exploitera ses désirs et ses peurs pour lui arracher des faveurs, et ses rivaux se frotteront les mains au premier signe de faiblesse. Autant qu'il s'y prépare dès maintenant. Il a appris qu'il n'était pas issu de ma semence ? La belle affaire ! Ici, les gens y prêtent moins d'importance que là d'où tu viens. Et si une bande de morveux se moque de lui, il doit apprendre à gérer ça tout seul. Ou alors il deviendra un lâche qui ne sait que compter sur les autres pour régler ses problèmes, et il se laissera gouverner par ses serviteurs jusqu'à ce que l'un d'eux se sente assez fort pour prendre sa place. »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Lun 14 Oct 2019 - 13:02 | |
| Caley soupira, signe qu’elle reconnaissait sa défaite. Ce discours, ce n’était pas la première fois qu’elle l’entendait. Ce n’était pas non plus la première fois qu’elle comprenait, mais il y avait toujours quelque chose qui lui faisait momentanément oublier sa situation actuelle et qui la ramenait à l’époque où elle élevait son fils seule dans des conditions très différentes d’aujourd’hui.
« Tu as raison... » Dit-elle enfin en baissant les yeux. « Désolée de toujours remettre ça en question, d’oublier à quel point c’est différent maintenant et que je ne sais pas grand-chose en fait. » Caley fit la moue. « Je t’en prie, pardonne à ton épouse d’avoir un cœur trop tendre. Je veux juste pas que Vahram me déteste, nous déteste. » À la recherche de réconfort, elle trouva les bras d’Ascanio et appuya sa tête contre son épaule. Elle n’était toujours pas contente de la façon dont ça s’était passé, mais impossible de revenir en arrière maintenant. Elle allait laisser le temps à Vahram d’assimiler les choses et de se calmer. Ensuite, elle irait lui parler. Caley devait effectivement cesser de vouloir le surprotéger, mais elle ne voulait pas le laisser aller dans cette jungle, sans défense. Comment trouver le juste milieu, celui qui lui permettrait d’être outillé pour sa vie d’adulte, sans faire naître en lui du ressentiment envers sa famille? Élever des enfants ce n’est jamais facile, mais élever les enfants d’un Prince Marchand ajoutait un tout autre niveau de difficulté à la tâche.
« S’il vient te voir, prends au moins le temps de lui parler et de répondre à ses questions. Vahram, contrairement à Mikayel, a connu une vie très différente de celle-ci avant. N’oublie pas que je ne pensais jamais te revoir... » Elle lui vola un rapide baiser. Caley ne se privait pas d’être affectueuse avec Ascanio, peu importe ce que les autres pouvaient penser. Elle voyait tellement de couples de Prince Marchand qui pouvaient à peine se voir en peinture qu’elle se trouvait très chanceuse dans sa relation même si tout n’était pas parfait.
« Donc… On a dit de plus gros seins, c’est ça? » Elle se tourna vers la sculpture. « Et une plus grosse épée et un torse plus large… Tu sais, l’épée est bien. Elle est très réaliste. Plus grosse, ça pourrait devenir plus ridicule qu’impressionnant. Après, le torse… Bombe le torse pour voir? Hum… Oui, ça peut le faire. Quant aux seins… Ils ne sont pas si gros que ça en vrai et ça va coûter très cher juste pour faire ajouter un peu de volume, tu ne trouves pas? Oui oui, je sais, impressionner le voisin, montrer que tu es le plus fort et tout ça, mais je dis simplement que c’est à y réfléchir. »
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mar 15 Oct 2019 - 0:01 | |
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« Ne te fais pas de mouron pour la sculpture, délice sucré de mes nuits. Diodore le Mycosien inventera tout un tas de boniments pour ne pas retoucher son travail. » Il prit une voix de fausset pour singer de façon grotesque le vieux maître sculpteur, en agitant les bras dans tous les sens : « blablabla, je suis un artiste, j'ai mis toute mon âme dans cette œuvre, j'y ai passé des centaines d'heures ! »
Il éclata d'un grand rire franc.
« Mais quelle tâche ! » repartit-il de sa voix normale. « Il va prétendre qu'il est impossible de rajouter du volume et qu'il lui faudrait tout recommencer à zéro, et il va me demander de payer le double, en pensant que cela me ferait fléchir. Seulement voilà, ma jolie panthère lascive, ton mari n'est pas homme à baisser les bras, encore moins quand il est question de seins - a fortiori les tiens. S'il ne veut pas, je trouverais quelqu'un d'autre. » La main sur le menton, un pli barrant son front, Ascanio se fit songeur. « Il doit bien exister à Thaar un homme dont le doigté n'a d'égale que la finesse du regard, l'acuité des sens et la fibre du connaisseur... un homme de goût, un homme qui connaît et qui maîtrise son sujet, un... »
Son regard s'illumina soudain. Mais oui. C'est évident. Par Gourdinax le Primordial, comment n'y ai-je pas songé plus tôt ?
« Un jour, Caley, mon défunt Père a tenu à me donner le fouet de sa propre main. Ça devait être la fois où j'avais mis le feu au dortoir des esclaves dans notre atelier de Feldorn - sans faire exprès. Il disait que dans certains cas, un homme doit faire les choses par lui-même s'il veut s'assurer qu'elles soient bien faites. C'est pourquoi je vais réaliser cette sculpture de mes propres mains. » Il esquissa un sourire de satisfaction. « Je peux t'assurer qu'une fois qu'elle sera terminée, on en entendra longtemps parler. »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mer 16 Oct 2019 - 22:20 | |
| « Dis-moi Ascanio, loin de moi l’idée de douter de tes talents, je sais qu’ils sont nombreux, mais as-tu déjà tenu un maillet et un ciseau à pierre? » Pour éviter qu’Ascanio ne se tourne en ridicule — et se blesse dans le processus — elle devait lui sortir cette idée de la tête au plus vite et la remplacer par quelque chose de beaucoup plus raisonnable qui risquait moins d’attirer la honte sur cette famille. « Diodore n’a pas réussi à se montrer à la hauteur de tes attentes, mais je crois avoir une idée pour réparer les torts et ajouter un peu de lustre à la famille Vossula. Il y a de nombreux ateliers en ville et tout autant d’apprentis qui rêvent de sortir de l’ombre des grands maîtres. Sous la forme d’un concours, nous pourrions les inviter à présenter leur travail et celui que nous jugerons le plus talentueux pourra créer la sculpture qui ornera le jardin assorti à une somme d’argent qui l’aidera à s’établir en tant qu’artiste accompli. Un apprenti désireux d’impressionner sera certainement plus sensible à tes exigences. En plus, comme elle sera d’un jeune artiste encore peu connu, tu auras la primeur, celui qui aura découvert ce nouveau talent. Ascanio Vossula, protecteur des arts… Ça sonne plutôt bien, tu ne trouves pas? »
Les hommes aiment avoir des titres, Caley l’a compris depuis longtemps. Rien de mieux pour flatter l’égo de son époux et lui faire oublier ses pulsions artistiques. En fait, elle faisait ça pour son bien. Elle ne l’avait jamais vu tenir une plume pour autre chose que d’écrire et encore, s’il pouvait confier la tâche à un scribe, il le faisait. Elle n’osait imaginer le résultat s’il décidait de s’y mettre.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 17 Oct 2019 - 9:11 | |
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Ascanio Vossula, Protecteur des Arts... une étincelle s'était mise à briller dans le regard du Prince Marchand, preuve que la flatterie de Caley avait fait mouche. Il voyait déjà le tableau : un jeune apprenti sculpteur, encore prépubère, imberbe et puceau, récupérant une commande que le fameux Diodore le Mycosien en personne n'avait su honorer. L'histoire ne manquait pas d'attrait, et si le gamin parvenait à la mener à bien, il se taillerait en un rien de temps une sacrée réputation. Tout Thaar se presserait pour admirer l'oeuvre ; en ville, les commandes se multiplieraient auprès du jeune prodige, car tous les notables chercheraient à s'approprier l'artiste. Mais nul n'oublierait qui en aurait été le premier mécène.
« Oui, c'est très bien. Faisons ça. »
La suggestion de Caley avait su calmer la fougue d'Ascanio. Phénomène suffisamment rare pour que son épouse puisse vouloir en profiter un peu, le Prince s'était fait silencieux. Sous les rayons d'un soleil pâle, il arborait un air de contentement. Son regard se perdait distraitement dans les jardins, tandis qu'une brise légère venue de l'Olienne soulevait les feuilles des oliviers. A dire vrai, la satisfaction qu'on lisait sur son visage cachait des pensées plus profondes.
Ils étaient mariés depuis de nombreuses années à présent, et la présence de Caley lui était si familière qu'Ascanio prenait rarement conscience de l'influence grandissante de son mariage sur ses propres décisions. Lorsqu'il l'avait épousée, il avait cru que Thaar la métamorphoserait, et que leur existence fastueuse gommerait au fil du temps leurs différences culturelles. Mais elle avait su demeurer la même, tout en parvenant à s'adapter bien mieux qu'il ne l'aurait imaginé, opérant là un grand écart qu'on aurait cru impossible. Lorsqu'il réfléchissait à la question, Ascanio n'allait jamais très loin dans ses réflexions. Ce jour-ci, pourtant, une idée lui traversa l'esprit : si Caley était restée la même, se pouvait-il que ce soit lui qui ait changé ? Par les trois verges de Triphallicus, songea-t-il, subitement inquiet face à une telle perspective. Et derrière le masque aimant du mari comblé naquit un vague et discret malaise. Ils ne parlaient jamais de politique ensemble, et en-dehors de considérations domestiques, il ne l'avait guère associée à ses décisions jusque-là ; mais peut-être, d'une certaine manière, le contrôlait-elle déjà. Peut-être avait-elle trouvé le moyen subtil de le manipuler, en toute discrétion, afin de faire de lui sa chose. Et il ne savait s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter.
Allons donc ! C'était Caley. C'était sa sucrette d'amour, sa lune de vanille, son cœur de miel, sa rose des sables blancs. S'il ne pouvait avoir foi en elle, il ne pourrait avoir foi en personne. Elle m'aime pour mon esprit, mon intelligence et ma beauté, et peut-être aussi mon humour, se rasséréna-t-il. Ni pour l'or, ni pour le pouvoir.
Il garda pour lui ses pensées, et ils firent ce qu'ils avaient décidé ensemble. Diodore le Mycosien prit extrêmement mal le fait d'être congédié, et quitta le Palais en jurant que cet acte jetterait l'opprobre sur la famille. C'est ta carrière qui est terminée, vieux fou, songea Ascanio, amusé, alors qu'on lui racontait comment le vieux maître sculpteur avait uriné sur la statue de Tiberio Vossula avant de partir. Le reste de la journée se passa bien ; on lui rapporta qu'un des navires marchands de sa flotte, dont on restait sans nouvelles depuis quelque temps, avait en fait été mis en quarantaine à Solon de Trys. La crainte d'une épidémie ayant depuis été levée, il était enfin libre de repartir. Un retard valait mieux qu'un naufrage.
La nuit tombante trouva les deux époux dans une petite pièce exiguë du palais tenant office de fumoir. Il y régnait une atmosphère lourde, chargée de brume, qui vous émoussait les sens et consumait ce qui vous restait d'énergie à cette heure tardive. Avachi dans un fauteuil moelleux, Ascanio tira une longue bouffée de sa pipe, avant de proposer celle-ci à son épouse.
« J'aimerais te poser une question délicate, ma délicieuse nymphe d'ambre et de cinabre. Si d'aventure le sort s'abattait sur nous, et qu'en dépit de ma vaillance je ne puisse échapper à un destin funeste... préférerais-tu sauver ta peau et celle de nos enfants, ou partageriez-vous mon sort tous les trois ? » Il réfléchit brièvement avant de rectifier : « Tous les quatre. » Il avait oublié de compter leur fille.
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Sam 19 Oct 2019 - 11:46 | |
| Après l’épisode de la statue, le couple se sépara pour vaquer l’un et l’autre à leurs affaires. Caley, en bonne mère, se lança aussitôt sur les traces de son fils dans l’espoir de pouvoir parler avec lui. Elle trouva un Vahram fâché et peu enclin à la discussion, mais Caley connaissait son garçon et avec une douce insistance, elle réussit à le faire céder. Elle lui raconta dans des mots simples ce qui s’était passé tout en répétant que ça ne changeait rien à la situation. Naturellement, il demanda si son vrai père savait qu’il existait et s’il pourrait le voir un jour, mais Caley lui dit que c’était impossible. Il était mort dans des circonstances nébuleuses comme ça arrive souvent de nos jours. Elle tenta du mieux qu’elle put d’expliquer l’attitude d’Ascanio envers lui, que ce n’était pas parce qu’il ne l’aimait pas, mais qu’il voulait le rendre plus fort. Il devait garder ça en tête même si ce n’était pas facile. Elle laissa son fils rassuré, mais elle voyait bien qu’il était encore confus et qu’il se demandait si sa mère lui cachait autre chose qu’il devrait savoir…
En soirée, elle alla rejoindre Ascanio au fumoir. Là-bas, ils pouvaient discuter librement même s’ils ne se privaient pas de le faire quand la situation le demandait. La fumée alourdissait l’ambiance et faisait somnoler Caley. Ce n’était peut-être pas le moment idéal pour avoir une discussion très profonde, mais ça n’empêcha pas Ascanio de le faire. Elle le connaissait assez pour savoir que ça devait lui trotter dans la tête depuis un moment et qu’il devait maintenant cracher le morceau. La question étonna Caley et la pris un peu au dépourvu. Elle se redressa dans son fauteuil où elle s’était complètement avachie sans vraiment s’en rendre compte.
« Ce sont de bien sombres pensées que tu as là, Ascanio. Quelque chose est-il arrivé qui te fait craindre pour ta sécurité? »
Caley ne se mêlait pas aux affaires d’Ascanio, alors elle ne saurait le dire elle-même, mais il n’était pas rare d’entendre des disputes sur des arrangements qui ne se sont pas passés comme prévu. Elle n’en connaissait pas toujours l’issue, mais si son mari était encore sur ses pieds et en mesure d’entretenir cette demeure, c’est que les choses devaient se passer sans trop de difficulté.
« Tu sais très bien que j’ai juré devant les Dieux d’être à tes côtés et de veiller sur toi. Si quelque chose devait t’arriver, c’est que j’aurai moi-même échoué dans ma promesse. Dans l’éventualité que tu sois tué sans que j’aie pu l’en empêcher… Si les enfants sont assez vieux, souhaitent défendre leurs intérêts et que je sois encore assez forte pour tenir une épée, alors je les supporterais. S’ils sont encore petits... »
Elle s’arrêta, à la recherche des bons mots.
« Je crois que je les amènerais le plus loin possible. Si tu es pris pour cible, nous le serons aussi et je ne pourrai pas prendre ta place en attendant que Vahram soit assez vieux pour remplir son rôle… Je ne peux pas, je n’ai pas le talent pour ça. Nous l’avons vu plus tôt, il me manque la vue d’ensemble et… Les enfants, c’est tout ce qu’il me resterait de toi et c’est peut-être la seule chose de bien qui restera de moi quand je ne serai plus là. Alors je vais les protéger comme je peux, avec ma vie s’il le faut. Si je dois prendre un coup pour vous donner une chance, je vais le faire sans hésiter. Mais je ne veux pas penser à ça. Je ne veux même pas envisager le fait que tu ne seras plus là un jour… Aujourd’hui, maintenant, c’est tout ce qui compte. »
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Lun 21 Oct 2019 - 9:22 | |
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Ascanio l'avait écouté sans mot dire. Caley avait très certainement répondu ce qu'un palefrenier aurait aimé entendre ; mais le Prince, lui, s'offusqua. Elle est gonflée, pensa-t-il en fronçant les sourcils. Il avait imaginé qu'elle préférerait mourir plutôt que vivre sans lui, et qu'elle emporterait aussi leurs enfants dans la mort, comme le ferait n'importe quelle famille soudée. Vivre ensemble et ne pas mourir seul, telle était la vision d'Ascanio. Déçu. Il était déçu, mais il ne dit rien de tout cela à son épouse. Cela étant, l'expression de son visage était éloquente. Il avait la mine basse, le regard éteint ; à moins que ce soit l'effet combiné du sommeil et de la fumée de pipe. Il en reprit une longue bouffée, tout en considérant sa femme de ses yeux inexpressifs.
« On vit une drôle d'époque », dit-il enfin. « Une drôle d'époque », répéta-t-il, toujours énigmatique.
Que fallait-il qu'elle sache ? Que la Confédération de Thaar n'avait jamais été aussi menacée ? Au fond, elle l'avait toujours été. On oubliait trop souvent, et lui le premier, à quel point cette institution était jeune. Lui-même, un mortel à l'existence éphémère, avait connu son avènement ; la domination des Princes-Marchands sur Thaar n'était qu'un grain de poussière très lumineux dans le désert du temps. Il ne le réalisait qu'aujourd'hui, à l'heure où de vieilles puissances millénaires dont il avait toujours moqué la décadence émergeaient de leur long sommeil et dressaient leurs plans.
« Le présent... j'ai passé ma vie à ne me soucier que du présent, et à ne pas penser à l'avenir. Or, le Conseil de Thaar est à mon image, Caley. " Le présent, toujours le présent ; qu'importe l'avenir ! On s'en souciera quand il viendra. Comptons les sous plutôt que les soucis. " Et la vérité, ma dryade callipyge, c'est qu'une gigantesque vague de merde s'achemine vers nous depuis des années et que nous n'avons pas voulu la voir. Et maintenant qu'elle arrive, et que nous sommes bien forcés de la regarder en face, elle est déjà sur le point de nous noyer. Il est trop tard pour l'éviter ; notre seul espoir, désormais, est d'apprendre à nager. »
Il prit une nouvelle bouffée, et sa main qui tenait la pipe s'était légèrement mise à trembler. C'était connu, le tabagisme déliait les langues ; et derrière le masque d'éternelle insouciance qu'il présentait ordinairement à son épouse, le Prince se livrait peu à peu. La vie idyllique qu'il avait promise à Caley, son serment que leurs enfants grandiraient à l'abri du besoin, toutes ces certitudes se délitaient doucement.
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mar 22 Oct 2019 - 0:56 | |
| Pendant un moment, Caley eut envie de lui retourner la question. Continuerait-il à vivre si elle devait rendre son dernier souffle? Elle espérait que oui, car la vie est toujours préférable à la mort et les vivants ne devraient jamais se sentir coupables de l’être. Elle vit clairement la déception dans le regard de son époux. Elle n’avait pas dit ce qu’il souhaitait entendre, pourtant elle venait de dire qu’elle était prête à donner sa vie si cela pouvait le sauver. Mais il y avait autre chose. Ce n’était pas seulement la réponse de Caley qui le dérangeait. Son esprit était troublé. Elle savait que peu de choses sur ce qui se passait en arrière-plan, mais certains commérages se rendaient jusqu’à elle. Sans la vue d’ensemble, difficile de se faire une idée réelle de la situation, mais devant la mine déconfite de son époux et ses propos défaitistes, l’avenir s’annonçait sombre.
« Je ne sais pas ce qui se passe, mais si notre avenir est menacé, je ne peux pas t’aider si tu ne me dis rien. Je me suis toujours tenu à distance de tes affaires, pas par manque d’intérêt, mais parce que je ne voulais pas te nuire, mais si les choses vont mal… je t’en pris, ne garde pas ça pour toi. À deux, nous pourrons peut-être trouver une solution ou, au moins, nous préparer au pire. »
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| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 24 Oct 2019 - 8:38 | |
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Il porta la pipe à sa bouche, prêt à aspirer une nouvelle bouffée, mais il interrompit son geste. Les volutes de fumées s'élevaient autour de lui et dans l'atmosphère suffocante de la pièce, tandis que résonnaient en lui les paroles de Caley.
« Tu m'aides déjà de la meilleure des façons, ma souris des bois. Deux bras de plus n'y feront rien ; il m'en faudrait des milliers, de paires de bras. » Voyant dans ces mots un double sens qu'il était sans doute le seul à avoir vu, il s'empressa de préciser : « et là, ma délicieuse ménade, je ne te parle pas d'une orgie géante, non. Je parle d'une armée. »
Devait-il en dire davantage ? Caley avait forcément dû entendre des rumeurs. Et si les craintes d'Ascanio se révélaient justifiées, elle méritait bien de savoir pourquoi elle risquait de perdre sa tête et de voir toute sa famille être mise à mort. Oui, ce serait la moindre des choses.
« Ton peuple hait les drows depuis la nuit des temps. A vos yeux, ils sont tous de la même trempe ; mais en venant vivre ici, tu as dû t'habituer à leur présence. Je commerce avec bon nombre d'entre eux. Je m'en suis fait des amis. Certaines de leurs femelles ont été mes amantes. »
Nullement gêné d'évoquer ce fait devant son épouse, il laissa vagabonder ses pensées au souvenir de May'Inil Baenrahel, la Haute-Prêtresse d'Isten et Gardienne d'Arcam, qui avait joué un grand rôle dans la politique de Sol'Dorn. Il ignorait ce qu'elle était devenue, mais les événements qui frappaient sa cité ne l'avaient probablement pas épargnée. Ascanio le déplorait : elle était l'une des plus gracieuses créatures qu'il ait jamais montées. Parfois, quand il prenait son plaisir avec une esclave, il se remémorait cette étreinte fiévreuse contre le corps nu, tout en rondeurs et luisant de sueur, de la Haute-Prêtresse d'Isten. Oh, bien sûr, il aimait toujours autant coucher avec Caley ; mais Caley, il pouvait l'avoir tout le temps, alors que May'Inil n'était plus qu'un souvenir impalpable qu'il aurait bien aimé pouvoir encore palper.
« Mais les drows du Puy sont d'une autre trempe. Ce sont des barbares sanguinaires qui violent les animaux et mangent les enfants. Ce sont eux qui s'en sont pris à ton peuple il y a vingt ans. Et ce sont eux qui faisaient la loi en Ithri'Vaan, avant que leurs dissensions ne les dispersent et ne renvoient les plus farouches se terrer dans leur volcan, au-delà du désert. Or, aujourd'hui ils reviennent, Caley. Tu as forcément entendu parler de ce qu'ils font à Sol'Dorn. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne lorgnent Thaar, mais le Conseil est divisé sur ce sujet. Et nous sommes incapables de nous mettre d'accord, parce que mes chers collègues ne sont qu'un ramassis de pleutres pour la plupart, et que certains sont eux-mêmes Eldéens. » Il frotta ses yeux fatigués, tout en ajoutant d'un ton égal : « je dois tout tenter pour rallier les soutiens nécessaires. Il va falloir marier les enfants. »
Dernière édition par Ascanio Vossula le Lun 28 Oct 2019 - 13:17, édité 1 fois (Raison : Correction d'une répétition) |
| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Sam 26 Oct 2019 - 12:13 | |
| Oui, Caley avait bien entendue ces rumeurs. Après-tout, elle ne vivait pas au fond d’une caverne. Elle sentait la population inquiète, car la menace était très réelle et Caley l’était aussi. Elle sait très bien ce que les drows sont capables de faire. Elle avait vu Amblère. Elle avait vu les corps et sentie l’odeur de viande brûlée des bûchers. Elle n’osait imaginer ce qui arriverait si ses craintes se réalisaient. Toute sa famille serait en danger, peut-être sacrifiée, car ils n’étaient que de simples humains et aucunement assez docile pour devenir un esclave. Ça, Caley ne se laisserait pas faire.
Heureusement, ils n’en étaient pas encore arrivé là. Certes, les choses n’auguraient pas très bien, mais il y a toujours une solution à un problème ou, au moins, un échappatoire. Ascanio n’allait pas baisser les bras sans se battre et Caley allait l’aider. Une paire de bras n’allait peut-être pas faire une grande différence, mais elle sera là quand même, ne serait-ce que pour chasser les doutes de l’esprit de son mari et le supporter dans ses décisions. C’est le moins qu’elle puisse faire. Toutefois, sa résolution se trouva immédiatement ébranlée lorsqu’il parla du mariage de leurs enfants. Elle ne prit même pas la peine de cacher sa surprise. Oui, c’était quelque chose de commun. Elle ne devrait pas être aussi étonnée. Que ce soit en Péninsule ou en Ithri’Vaan, les alliances se formaient à travers les liens du mariage. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Tibério n’avait jamais approuvé leur union, car elle n’apportait aucun soutien à la famille. Cela dit, maintenant que ça touchait ses propres enfants, ça jouait tout de suite sur une corde un peu plus sensible. Même si elle essayait très fort de rester logique dans son raisonnement, les émotions prirent rapidement le dessus.
« Ils ont 9 ans, 2 ans et tout juste 2 mois! Tu ne peux pas... » Caley s’arrêta. Évidemment qu’il pouvait. C’était même nécessaire. Cela dit, s’imaginer négocier le futur mariage de sa fille de 2 mois qui n’avait même pas commencé à faire ses dents encore était un peu absurde dans son esprit. Caley devait se faire une raison. L’élan de protestation passé, elle soupira. « As-tu déjà des idées? »
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Lun 28 Oct 2019 - 13:31 | |
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« Je n'ai encore rien décidé », confia Ascanio, avant de se laisser aller à quelques conjectures : « il me faudrait nouer des liens avec d'éminents membres du Conseil, bien sûr. Mais je regarde aussi à l'extérieur. Nous avons des établissements en péninsule, et, ma foi, les armées du royaume humain formeraient un beau renfort d'épées. Le roi Bohémond n'est pas marié, et il est encore jeune ; des fiançailles avec notre petite Nayiri assureraient aussi bien la sécurité de Thaar que ma propre position au Conseil. »
En bonne péninsulaire qu'elle était, Caley nourrirait probablement des doutes sur l'éventualité qu'une telle union puisse arriver. Les grandes maisons de l'Ouest tenaient trop à la pureté de leur sang noble pour s'acoquiner avec les Thaaris, qu'ils tenaient pour un ramassis d'hybrides aux mœurs débridées. De telles alliances avaient pourtant déjà eu lieu. Quelques dix ans plus tôt, Kahina d'Ys, une amie d'enfance d'Ascanio, avait épousé un duc péninsulaire. L'histoire, cependant, ne s'était pas très bien terminée.
Las. Ascanio était las. Tous ces problèmes émoussaient bien rapidement sa patience. Il les remettrait à demain.
« Il y a tant à faire et tant d'alliés à chercher, ma jolie louve du désert ! Trois enfants, c'est bien peu. Allons au lit, veux-tu, que nous concevions le quatrième. »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Jeu 31 Oct 2019 - 23:17 | |
| On ne pouvait pas reprocher à Ascanio de manquer d’ambition ni d’imagination. Il en fallait beaucoup pour penser marier sa fille au roi de la Péninsule. Ça n’arrivera jamais, mais ça, il le comprendra bien assez vite. Dans l’immédiat, il avait l’idée de marier les enfants, mais ne pouvait pas encore donner de candidats sérieux. Caley espérait pouvoir participer à la sélection d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce que pour s’assurer que sa fille de 2 mois ne soit pas promise à un homme qui en aura déjà 40 lorsqu’elle sera en âge de se marier.
« Les Péninsulaires viendront… Avec ou sans mariage. » Dis Caley avec confiance. « Ils détestent les drows. Ils gardent un vif souvenir du siège d’Amblère… Ils ne les laisseront pas ces créatures prendre plus de pouvoir... »
Ils viendront… Quand ils sentiront leurs intérêts menacés. Ça signifiait que les drows auraient probablement le temps de faire pas mal de dégâts avant. Ils devaient donc s’organiser de leur côté et espérer pouvoir leur tenir tête. Dans l’immédiat, il se faisait tard et la proposition d’Ascanio d’aller au lit était tentante.
« Tu as l’intention de te monter une petite armée avec ta progéniture? »
Caley laissa le confort des coussins pour se lever. Elle se sentait étouffer, un peu d’air frais lui fera le plus grand bien. Dès qu’Ascanio fut debout, elle se blottit contre lui, passant ses bras autour de sa taille. Il sentait un mélange de parfum, de tabac et de sueur. Elle avait besoin de sentir sa présence. Parfois, elle n’était pas toujours d’accord avec ses idées grandiloquentes. Leurs points de vue pouvaient s’opposer farouchement, mais malgré les hauts et les bas, elle aimait cet homme peut-être plus que la raison le voudrait.
« Fais attention à toi, d’accord? Peu importe ce que tu feras, assure-toi simplement de me revenir en un seul morceau. »
Elle recula d’un pas tout en lui prenant la main.
« Bon, si on veut cette petite armée, faudra y mettre un peu d’entrain... »
Un doux sourire sur les lèvres, elle entraîna son mari jusqu’à leur chambre à coucher.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Ven 1 Nov 2019 - 16:12 | |
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Je vais t'en donner, de l'entrain, ma belle, songeait le Prince alors que son épouse l'entraînait par la main vers la chambre à coucher. Dans ces moments-là, il lui semblait revivre la fougue de leurs premiers moments, quand ils n'avaient qu'à se laisser porter par leur insouciance et leur bonheur d'être ensemble.
Pour les esclaves de la maison Vossula, la gestion du coucher du Prince et de son épouse était une mécanique bien rodée. L'un d'eux se postait en faction dans le couloir donnant sur la chambre, et avertissait les autres sitôt qu'il voyait les maîtres approcher. Dès lors, la maisonnée se mettait en branle ; les domestiques pénétraient dans la pièce par une porte dérobée et y allumaient des chandelles et des brûle-parfums, s'assuraient que le large lit en baldaquin soit fait, et que rien ne puisse troubler la quiétude des amants. Le temps qu'Ascanio et sa femme atteignent la chambre, tout le monde avait rempli son rôle - ne lui restait plus qu'à accomplir le sien.
Ascanio ouvrit la porte à la volée, poussant Caley dans la vaste pièce. Il s'avança vers elle, les yeux enfiévrés de désir, et la saisit fougueusement par la taille. Sa main droite lui caressa le dos, avant de se resserrer sur le ferme fessier de son épouse. La force avec laquelle il la désirait ! Il avait tant hâte de la trousser, de la voir gémir et se cambrer sous ses assauts ; on verrait bien, alors, qui était le véritable maître de la chambre à coucher. Une toux discrète les interrompit alors.
« Mille excuses, Seigneur Prince », dit Ultuant, l'esclave lettré dont Ascanio avait fait son principal administrateur. « J'ai là le rapport de mission de la Compagnie Vermeille, ainsi que les premiers retours de votre nouvelle politique d'acquisitions à Eofel. Vous m'aviez demandé de venir vous trouver sans attendre, et... »
Ascanio ne parut pas se formaliser de la présence de l'esclave. Ultuant, il est vrai, avait ses passe-droit dans le domestique de la maison Vossula ; voilà bien quinze ans qu'il accompagnait, conseillait et influençait Ascanio. S'il ne daigna pas quitter les lèvres de sa belle, Ascanio prit tout de même la peine de répliquer :
« Résume-moi tout ça à voix haute pendant que j'honore ma femme, Ultuant. Et que Niusha vienne m'aider à me dévêtir. »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mer 6 Nov 2019 - 0:06 | |
| Un raclement de gorge suffit à ramener Caley sur le plancher des vaches et à la faire bondir comme si on venait de la surprendre dans une position embarrassante. Ce fut presque le cas. Bon sang! Cet esclave lui donnait froid dans le dos avec cette manie d’apparaître comme ça sans qu’on s’y attende. Il suivait Ascanio partout, comme une ombre, aussi fidèle qu’on puisse l’espérer d’un esclave. Son époux ne sembla pas du tout étonné de le trouver là et sa vigueur ne s’en trouva point affectée, bien déterminé qu’il était à honorer son épouse même devant témoin. La pudeur de Caley l’en empêchait. Ascanio devait le savoir pourtant, au nombre de fois où il a demandé si quelqu’un pouvait se joindre à eux pour leurs petits jeux. L’idée la rendait inconfortable. Peut-être une fois saoul, mais le vin du repas était déjà loin.
« Tu sais, Ascanio, peut-être qu’il vaut mieux que tu règles ce dernier détail avant d’aller au lit. Je te laisse avec Ultuant le temps qu’il te fasse son rapport et que je puisse me changer. Ce devait être très important pour que tu lui demandes de venir sans attendre et je suppose que ça te demandera toute ton attention. Je vais être juste là. On reprendra lorsqu’il sera parti. »
Avec un sourire, Caley disparut derrière l’un des écrans de soie qui décoraient la chambre. Disparaître est un bien grand mot et sans doute qu’elle n’aurait pas choisi cet endroit si elle avait réalisé qu’à cause des lampes qui se trouvaient derrière, sa silhouette s’y retrouvait projetée comme dans un spectacle d’ombre. Ils purent la voir essayer de se défaire de sa robe jusqu’à ce qu’une esclave — ils sont définitivement cachés dans tous les coins de cette demeure — vienne à son aide. Les couches de tissus tombèrent une à une et Caley se retrouva entièrement dénudée. L’espace d’un instant seulement, sa silhouette nue se dessinait sur le paravent, ne laissant que peu de place à l’imagination. C’était d’autant plus près que le voyeur un peu curieux n’avait qu’à s’approcher de plus près pour se rendre compte que l’écran était suffisamment transparent pour voir au travers. On enfin lui passa une robe de chambre sur les épaules avant de la débarrasser de ses derniers artifices. Elle était prête à aller au lit, il ne manquait plus qu’Ascanio...
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Mer 6 Nov 2019 - 11:35 | |
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« Donc... hum, euh... la Compagnie Vermeille... - Elle est, euh... stationnée près d'Eofel, Seigneur Prince. - Oui... c'est, euh, un peu tôt. - Oui. En effet. - Par rapport à l'autre truc qu'on a à faire avant. - Oui. Peut-être, euh, qu'on pourrait les envoyer ramasser les taxes à Feldorn. - Ça laisserait le temps à cet idiot de semi-elfe de faire le travail. Bonne idée. »
Alors qu'ils discutaient d'affaires sensibles, le Prince et son éminence grise éprouvaient un mal fou à se concentrer sur autre chose que ce fameux paravent de soie. Les yeux rivés sur la silhouette dénudée de l'épouse de son maître, même le sage Ultuant, qui d'ordinaire savait cacher ses émotions, avait le visage cramoisi. C'est qu'il avait vu plus d'une fois Ascanio en compagnie de damoiselles impudiques ; mais son épouse, jamais. Caley était la friandise réservée au Prince, ce qui rendait la vision de sa nudité encore plus troublante. Et elle était des plus agréables à observer.
Pendant ce temps, Niusha s'affairait à ôter la chemise du Prince. Ce faisant, la jolie esclave zurthane lorgnait également le paravent, mais son regard était plus méprisant qu'admiratif. Si elle se montrait toujours aimable et polie en apparence devant la maîtresse de maison, Niusha lui vouait en fait une inimitié tenace. Elle n'avait jamais compris comment cette femme, guère mieux née qu'elle, était parvenue à obtenir du Prince qu'il l'épouse. De toutes les servantes du palais, elle était celle qui partageait le plus souvent la couche princière ; cette position de favorite, au fil du temps, lui était montée à la tête. Quand Caley était revenue vivre à Thaar aux côtés d'Ascanio, Niusha l'avait vécu comme un affront.
« Le mieux serait, sans doute, que nous allions sur place, suggéra Ultuant, avant de se mordre la lèvre à la vue des mouvements gracieux de la silhouette nue de Caley. - Tu crois vraiment ? répondit Ascanio, qui ne quittait pas non plus des yeux le spectacle. - Ce serait préférable, oui. - On ira, alors. Tu peux t'en aller, Ultuant. D'autres affaires pressantes requièrent toute mon attention. »
La moue d'Ultuant était éloquente : il aurait probablement aimé rester un peu plus longtemps. Il lorgna une dernière fois le rideau de soie, contemplant les délicieux seins qui se mouvaient avec tant de délicatesse. Puis il se retira, à regret. Caley quitta alors le paravent, uniquement revêtue de sa robe de chambre. Lorsqu'elle posa les yeux sur son mari, Niusha achevait de dénuder celui-ci. La jeune esclave laissa alors glisser sa main fine le long du torse du Prince. Faux mouvement, ou provocation ? Quoiqu'il en soit, le regard fiévreux d'Ascanio ne laissait guère de doute : en cet instant, ses yeux brillants ne lorgnaient que son épouse, tant cette impudique séance de déshabillage l'avait enflammé.
« Viens là, ma délicieuse Lamie, murmura-t-il alors qu'il avançait vers elle, entièrement nu. Derrière ce paravent, tu étais magnifique. »
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] Ven 8 Nov 2019 - 23:15 | |
| Caley ne comprit pas immédiatement à quoi faisait référence Ascanio. Elle tourna la tête en direction du paravent et réalisa aussitôt son erreur. À cause de la lampe, ils avaient tout vu! Ce n’était certainement pas volontaire de sa part et Caley ne pourra plus jamais regarder le pauvre Ultuant en face, mais l’éclat dans les yeux d’Ascanio lui fit rapidement oublier toute gêne. Quelle femme n’aime pas se sentir désirée? L’ancienne rôdeuse n’était certainement pas une exception. C’est quand il la regardait comme ça que Caley savait que peu importe le nombre de faux-pas qu’il pouvait faire, il revenait toujours à elle. Ce n’était toujours pas facile et il serait faux de dire qu’elle ne ressentait jamais de la tristesse ou de la jalousie. Niusha, entre autres, était la favorite d’Ascanio et, par conséquent, souvent dans les parages. Elle était jolie, il fallait le reconnaître et savoir que son époux passait beaucoup de temps avec elle amenait Caley à se questionner sur ce que pouvait avoir cette femme qu’elle n’avait pas. C’est probablement à cause de cette jalousie qu’elle remarqua le geste de l’esclave, mais Caley était assez sage pour se taire. Elle avait suffisamment confiance en ces propres attributs. Ce ne fut pas toujours le cas, mais c’est elle qu’Ascanio regardait en ce moment et son désir pouvait difficilement être plus évident. Elle balaya du revers de la main ses inquiétudes et ses doutes et ignorant royalement l’esclave, elle sourit à son époux.
« Tu es fort séduisant aussi. »
Elle tendit la main et caressa son torse au même endroit où la main de Niusha s’était trouvée un instant plus tôt. Caley regarda alors l’esclave et lui dit. « Tu peux nous laisser maintenant. » Elle était toujours aussi polie qu’à son habitude, rien ne paraissait dans sa voix, mais dans son regard brillait un éclat particulier qui n’y était pas avant lorsqu’elle regardait l’esclave. Il y avait certaines choses que Caley n’allait pas accepter. Peut-être qu’elle se méprenait et que ce n’était que sa jalousie qui lui embrouillait l’esprit et lui faisait voir des choses qui n’étaient pas, mais si ce n’était pas le cas que ça lui sers d’avertissement. Caley s’était résigné à ce qu’ils passent du temps ensemble tant qu’ils n’en faisaient pas l’étalage devant elle, mais si madame commençait à vouloir réclamer sa part du lion, Caley mettrait rapidement un frein à ses ambitions.
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| Sujet: Re: Une histoire de seins [Ascanio] | |
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