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 Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie]

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Baphragore de Merval
Humain
Baphragore de Merval


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Date d'inscription : 30/11/2019

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  48 ans
Taille
: ~1m90
Niveau Magique : Arcaniste.
Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie] Empty
MessageSujet: Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie]   Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie] I_icon_minitimeSam 30 Nov 2019 - 21:32

Identité
Nom/Prénom : Baphragore Cathusne de Merval (Cathusne, dans une antique langue vernaculaire des marais, signifierait « qui est doté de richesses »)
Âge/Date de naissance : 48 ans (Tariho de la seconde ennéade de Barkios de l’an 970 du Xème Cycle)
Sexe : Masculin
Race : Humain
Faction : Péninsule
Alignement : Neutre strict
Liens notables : Griffon de Langehack (suzerain)

Particularité : Il boîte de la jambe gauche et a un œil artificiel.


Métier : Baron de Merval
Classe d'arme : Corps à corps / Magie



Possessions & Equipements :


Outre son emprise sur la baronnie de Merval, Baphragore est aussi seigneur d’un château en bordure des marais pharétans (qui était bien plus grand à l’origine, avant que les marécages ne lui confisquent une tour et un four banal). La Ferté-l’Anguille est un ancien bastion érigé par les hommes du Médian lors de la Conquête pour affirmer leur contrôle sur la population locale. Il fut maintes fois reconstruit, notamment suite à certaines fondations douteuses qui furent englouties. Le château n’a pas été pris d’assaut depuis la fameuse révolte des Tronches-en-Miettes, et les villages l’avoisinant, bien que pauvrets, n’ont pas eu à craindre la truandaille depuis des siècles. Les Cathusne détestent les maraudeurs bien plus que les gens de la côte.

Baphragore possède beaucoup d’animaux. Fauconnier aguerri, il entretient quelques beaux faucons qu’il fait voler sur ses terres. Il a également deux chevaux, un vieil eraçon aux lettres de pedigree douteuses, et un jeune roncin à la robe pie, vigoureux mais agressif avec les palefreniers. Ses molosses de compagnie, qu’il utilise souvent pour aller à la chasse, lui sont entièrement dévoués. D’aucuns jaseraient volontiers qu’il a plus de confiance envers ses chiens qu’envers tous les membres de sa famille réunis. Et à y penser, ils auraient sans doute raison.

Son père lui a transmis une vieille épée, Péthusne, qui l’avait lui-même tenue de son paternel, qui lui-même l’avait volée à un chevalier olysséan lors d’une bagarre de taverne. Elle est devenue malgré elle le symbole de la lignée de Baphragore, et sera donnée à celui de ses fils qui sera le plus méritant.

Bien qu’il ne soit plus entré dedans depuis des lustres, théoriquement, son armure lui sied toujours.

Apparence :

  • Taille : Près d’un mètre quatre-vingt-dix.
  • Couleur des yeux : Céruléen



Comme son père, son grand-père, et la plupart de ses ancêtres, Baphragore est grand et massif. Même au sein de son château, il doit souvent baisser la tête pour éviter de se manger un linteau en plein museau. Cependant, il est loin d’être la bête de guerre que sont ses demi-frères Gougniaphe et Roquemont. Il est avant tout homme de château, astreint aux plaisirs d’une vie de chasse dans le marais et de banquets où jouent les ménestrels. Ses années de guerre sont loin derrière lui, et son corps s’encroûte dans sa forteresse, après avoir connu l’ivresse de la victoire et la force de la jeunesse. Ses muscles encore vigoureux sont à l’automne de leur vie, et dans quelques années sûrement, ils seront recouverts d’une belle couche de gras. Pour l’instant, seul son entraînement rigoureux aux arcanes le maintient dans une forme acceptable. Le jour où il sera trop épuisé pour cela marquera son entrée dans la sénilité…

Ses cheveux aussi guettent son âge. Il les a fournis, huileux et bruns, avec quelques fils d’argent. Il lui descendent jusqu’aux épaules. Il n’a plus vu un rasoir depuis la dernière tentative d’assassinat à son encontre impliquant un barbier. En conséquence, sa barbe est aussi prolifique que sa tignasse, et lui donne des airs d’ermite pentien éloigné du monde. Son visage est marqué par la vieillesse naissante et les années passées à déjouer des complots familiaux. Ses yeux céruléens, inflexibles, fixent le monde comme s’il jugeait chaque action qui s’y produisait. L’un d’eux ne fixe d’ailleurs plus rien, car il est factice. Extrêmement bien réalisé, il s’agit de l’œuvre d’un orfèvre dawi que Baphragore cacha dans son château, le protégeant d’une congrégation de marchands mervalois avides de l’or que pourrait transporter un tel voyageur. La pièce fut exécutée de main de maître, une preuve renouvelée du dicton : « Qui a Nain pour ami, de trésors est béni ».

Comparé aux criards bourgeois de la Côte, Baphragore s’habille de vêtements qui pourraient paraître austères. Il n’aime pas les couleurs trop riches, et s’habille tantôt de noir, tantôt de brun, parfois de bleu ou de rouge, mais jamais de manière trop ostentatoire. Sa seule coquetterie : les énormes bagues et chevalières qui garnissent ses doigts. A son flanc repose souvent son épée, Péthusne, et lorsqu’il se déplace, son boitement est souvent compensé par une canne au bout de laquelle se trouve une espèce de sphère en argent. Cette sphère est également le Focaliseur de Baphragore, qu’il a monté sur son soutien une fois qu’il en eut besoin.

Personnalité :


Baphragore a toujours eu une dent contre les gens vivant sur la côte, les Côtards comme il les appelle. Cette rancœur traditionnelle est ancrée dans les vieilles querelles du passé qui opposèrent les gens des marais aux riches bourgeois du sud, et au baron de Merval lui-même. La tristement célèbre révolte des Tronches-en-Miettes contre l’autorité baronnale, prélude au « temps des Os en Bouillie », aura tant frappé les seigneurs des marécages qu’ils ne purent retrouver une place prépondérante au sein de Merval que très tardivement.

L’opulence des seigneurs côtiers exaspère Baphragore. Il les sait riches, méprisants et pingres, en bons marchands suderons qu’ils sont. Paradoxalement, il partage énormément de ces traits avec ceux qu’il déteste, bien qu’il ne soit devenu véritablement riche qu’une fois établi baron par le marquis du Langecin. Il n’estime ni ne hait ce dernier, et sait qu’il lui doit sa place sans pour autant lui être excessivement reconnaissant. Après tout, ce n’était qu’une question de temps avant que les gens du nord de la baronnie ne prennent enfin leur revanche sur les ignobles bourgeois évoluant sur le littoral. Vous l’aurez compris, Baphragore est un homme rancunier, à la mémoire longue et vivace, capable de prendre son mal en patience jusqu’à ce que son ennemi se dévoile pour prendre sa revanche.

Il ne voue pas non plus d’amour excessif envers les membres de sa famille. Il se méfie de ses fils, de ses demi-frères, et même de sa femme. L’âge et les différents complots attentés contre lui l’ont rendu très soupçonneux. Il a dû batailler ferme pour asseoir son autorité sur tout ce beau monde, car tous ont au moins une fois conspiré contre lui. Il n’a aucun véritable ami sur lequel compter, car il se défie d’eux tous. Les seules véritables âmes auxquelles il accorde un tant soit peu de confiance sont les membres du Cénacle, sa cabale secrète, et ce parce qu’ils sont tous liés par quelque chose de plus grand et de bien plus dangereux que le sang…

Capacités magiques :


Lorsqu’il était petit, Baphragore rêvait d’être magicien. Les contes pour enfants que lui racontait sa nourrice avaient rempli sa tête de merveilles, et c’est de lui-même qu’il chercha à devenir un maître de l’Art. Pour lui, l’apprentissage fut ardu. Mais avec sa patience habituelle, et sa persévérance, il réussit à se hisser à un rang plus qu’honorable, et ce en partie grâce à l’aide du Cénacle. Auparavant, cette cabale secrète comptait huit membres, qui profitaient mutuellement des connaissances qu’autrui avait de la magie, de son utilisation, et de sa nature. Aujourd’hui, il ne reste plus que cinq membres, ou plutôt quatre et demi. Sans le Cénacle, Baphragore n’aurait pu atteindre le niveau qui est aujourd’hui le sien, et serait resté toute sa vie durant un piètre arcaniste.

Baphragore est un sorcier dont le domaine de compétences s’étend sur la maîtrise de l’eau sous toutes ses formes. Petit à petit, il en est venu à se verser également dans l’éomancie, la discipline de l’air, mais sa véritable prédilection reste l’hydromancie et ses dérivés. Il a appris à manipuler son élément primordial auprès d’une sorcière des marais, alors qu’il était enfant, et peu après la mort de sa maîtresse, il s’instruisit de lui-même et avec le Cénacle.

Son Focaliseur est une énigmatique sphère en argent, qu’il avait trouvée dans un coffre rempli de colifichets. Petite, ronde, et apparemment creuse, elle est tout à fait banale. Pourtant, lorsqu’il se concentre pour s’ouvrir à la magie, Baphragore se sent obligé de tripoter d’une façon ou d’une autre cette boule de métal. Une fois que son pouce se met à caresser la sphère, un sentiment de sérénité et de calme gagne le mage. Il peut alors se connecter à son palais de mémoire, un endroit rien qu’à lui, une dimension de poche qui n’existe qu’à l’intérieur de son esprit tortueux. C’est à l’intérieur qu’il peut se consacrer à toutes les fantaisies que peuvent lui procurer son Art. C’est à l’intérieur que son imagination insoupçonnée prend forme, et manipule la matière à son gré.

Dans cet état de semi-conscience, une partie de son esprit est tournée vers l’extérieur, une autre tournée vers l’intérieur. L’Introspection lui permet de définir comment il souhaite façonner son élément fétiche selon ses envies, et l’Expansion permet à la partie de son esprit tournée vers l’extérieur de retranscrire ses désirs dans le monde tangible. Cet exercice est comparable à une espèce de transe durant laquelle Baphragore est à moitié présent et à moitié absent, un moment durant lequel il est plus vulnérable.

Lorsqu’il a tenté d’expliquer au Cénacle comment il percevait la magie et quels genres de rituels s’articulaient autour de sa maîtrise, l’un des membres, Scabron le semi-elfe, affirma que s’il n’avait pas choisi la voie élémentaire, Baphragore aurait pu être un brillant mage de l’Immatériel. Ceci n’était qu’une supposition, il n’y accorda pas beaucoup d’importance. Mais parfois, alors qu’il parle avec ses confrères du Cénacle, le sujet revient sur la table, et il se met à douter.

La voie qu’il a choisie est-elle réellement la sienne ? Son affinité à la magie est-elle dirigée uniquement vers les éléments ? Trop tard, de toute manière. Car c’est dans cette branche que s’est développée son Art, et c’est avec une arrogance crasse qu’il se considère l’un des plus brillants arcanistes de tout le Sud.







Histoire


Alors qu'il était encore jeune et plein de vie, Baphragore aimait écouter parler sa vieille nourrice. La vénérable gouvernante s'était occupé de bien des enfants, et elle connaissait maintes histoires et maintes comptines qui savaient atteindre le cœur des enfants. A l'époque, l'un des contes préférés de Baphragore, outre les légendes sur les sorciers du marais, était celui de Sire Lapin.

Cette histoire narrait l'épopée de Sire Lapin, qui était amené à régner sur la terre entière avec ses nombreux fils et son peuple. Il trouvait injuste que les autres animaux soient plus forts et plus dangereux que lui, aussi se plaignit-il auprès des Cinq Dieux du monde. Tous avaient doté les loups de crocs, les chats de griffes, les aigles d'ailes et d'un bec... Sire Lapin et les siens, eux, n'avaient rien de tout cela. Devant les caprices du Lapin, les Cinq décidèrent de chacun lui octroyer un cadeau.

Othar lui accorda des pattes avant vigoureuses, capables de creuser le sol afin de s'y cacher. Mais Sire Lapin n'y trouva guère de grâce.

Néera lui offrit alors de longues oreilles, afin qu'il puisse entendre venir tous ceux qui s'approchaient de lui. Mais Sire Lapin n'y trouva guère de grâce.

Kyria le dota ensuite d'une paire de pattes arrières puissantes, capables d'effectuer les bonds les plus vifs, et de battre n'importe quel animal à la course. Mais Sire Lapin n'y trouva guère de grâce.

Tyra lui octroya de belles dents, pour qu'il ronge sa nourriture, mais aussi les pièges dans lesquels il pourrait tomber. Mais Sire Lapin n'y trouva guère de grâce.

Il rabroua alors les dieux, car ils ne lui offraient rien d'utile, rien de menaçant. Il les maudit et les rejeta. Mais Arcam n'avait pas encore donné son cadeau.

Arcam accorda à Sire Lapin la ruse, le plus beau de tous les cadeaux. Puis, les dieux retournèrent les animaux contre Sire Lapin, qui avait osé les rejeter.

La gouvernante racontait bien mieux cette histoire, et Baphragore était bien trop petit pour se souvenir avec exactitude des mots que sa vieille nourrice employait dans sa comptine. Mais il lui resta toujours quelques bribes ancrées dans sa mémoire.

« Tous les animaux seront tes ennemis, Prince aux Mille Ennemis. Et quand ils t'attraperont, ils te tueront. Mais d'abord, ils devront t'attraper. Creuse, écoute, cours, sois prompt et alerte. Sois ruse et malice, et jamais tu ne mourras. »

Petit déjà, Baphragore avait pressenti que dans ce monde, il ne serait ni le loup, ni l'aigle, ni l'ours.

Il serait le Prince aux Mille Ennemis. **
Spoiler:


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Le jour où Démétrégore lui avait crevé un œil, il s'était fait son premier ennemi. Il n'avait encore que dix ans, mais son propre demi-frère l'avait déjà éborgné avec un bâton. Démétrégore avait presque le même âge, d'un an plus jeune. Lorsque la mère de Baphragore était morte en couche, son père n'avait pas entamé son deuil. Il s'était remarié quelques semaines plus tard à une femme bien plus jeune et bien mieux portante que la précédente. Une vipère assoiffée de pouvoir, qui n'avait eu de cesse de monter ses fils contre leur demi-frère, seul obstacle pour qu'ils héritent du domaine de leur père.

La main de Démétrégore avait crevé l’œil de Baphragore, mais c'était sans conteste la voix d'Alcmène qui avait ordonné pareille abomination. Il n'y avait jamais eu nulle preuve, et pourtant, il était impossible que cela n'ait pas été son dessein. L'horrible sorcière connaissait les histoires de jadis, celles des empereurs nisétiens aveuglés pour renoncer au trône. Démétrégore était un demeuré, solide mais influençable. Les murmures de sa mère était un traître poison, enrobé de miel et de sucre pour en cacher les infâmes effluves arcaménites.

La famille Cathusne avait toujours donné naissance à des ambitieux. Etait-ce une mauvaise blague divine ? Car il n'y avait pire mouroir en Péninsule que leur terre, pour les ambitions et les rêves. Sur ce fief perdu en bordure des marécages, la vie était à l'image de son château à moitié enfoncé dans la fange : sans espoir. Les Cathusne avaient bâti leur forteresse du temps des grands héros pentiens, lors de la Grande Conquête, de la soumission aux Cinq et de la création du Royaume. A l'aube de ses dix ans, Baphragore voyait la Ferté-l'Anguille tomber en ruine, et les membres de sa maison se déchirer pour asseoir leur propre autorité sur un lopin de terre que même Kyria n'eut jamais béni.

Perdre un œil était une chose. Sentir le poids de la solitude en avait été une autre. Ni son père, ni personne n'avait cherché à lui rendre justice. Il s'agissait d'un accident malheureux, que Démétrégore regrettait profondément. Pourtant, il avait lu dans ses yeux, qu'il avait lui intacts, l'ombre de la fierté et de l'arrogance. Baphragore n'avait jamais oublié cette lueur infime, cette invitation à la vengeance. Avec lui, aucun talion ne serait assez juste. Il avait appris à la dure qu'il n'existait aucune justice que l'on ne devait effectuer par soi-même.

Ce qu'il avait reçu, il le donnerait. Et plus encore.

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Quatre ans de sa vie, sacrifiés à sa vengeance. Quatre années à surveiller ses arrières, à repousser les tentatives de Démétrégore, et à éviter les pièges sournois tendus par sa belle-mère maléfique. Durant toutes ces années, il avait appris bon nombre de choses. Il s'était enfermé dans la maigre bibliothèque du château, ou voyageait même jusqu'au prieuré néerite pour lire sur la vie d'hommes plus grands que lui. Il s'était entraîné à manier les armes, à l'ombre de la muraille et sous la supervision d'Anselme, son cousin et maître des passes. Mais la plus terrible de toutes les armes, il dut la dompter à l'extérieur.

Dans les profondeurs du marais, il existait de petits hameaux de paludiers, des endroits mal famés et abandonnés des dieux. Il y régnait souvent une odeur pestilentielle, une odeur de décomposition et de désespoir. Baphragore s'y était pourtant rendu seul, à la recherche d'un être aux pouvoirs particuliers. Morcadès était dotée d'une sinistre réputation dans tout le marécage. Sorcière d'eau, noyeuse de maris infidèles, empoisonneuse de menteurs... Les hommes la craignaient comme le visage de la mort. Les femmes, quant à elle, la tenaient en très haute estime.

Baphragore la supplia de lui apprendre les arcanes de son art. Il ne sut jamais si ce fut son état lamentable, ou le sang coulant dans ses veines, mais quelle qu'en ait été la raison, Morcadès accepta de lui enseigner les sombres secrets entourant sa maîtrise de l'eau. Plus que pour se venger, l'apprentissage de l'Art le faisait rêver depuis sa plus tendre enfance. Et durant quatre ans, ses progrès s'accumulaient, à un rythme désespérément lent, mais qui n'avait fait que forger la patience et la affiner la rancœur du jeune néophyte. Sa revanche aurait une autre saveur, plus exquise, plus enivrante.

Et elle le fut, au-delà même de ce que put imaginer Baphragore.

Il avait réussi à entraîner ses autres demi-frères dans sa conjuration. Gougniaphe, Roquemont, et même le très jeune Balthunagare, qui n'avait alors que huit ans, avaient réussi à assommer Démétrégore et à le traîner dans un recoin sombre des marais. Ils n'avaient pas été difficile à persuader. Gougniaphe était une brute, Roquemont s'y vengeait du vol d'un jouet, et Balthunagare était encore bien trop impressionnable.

Démétrégore n'avait pas compris ce qu'il se passait, quand il s'était réveillé entouré de sphaignes et de terre spongieuse, éloigné des caillebotis. Sur ceux-ci trônaient Baphragore et ses premiers alliés de circonstance. Comme un corbeau, l'aîné s'était régalé d'abord des yeux : ceux de son frère ennemi étaient gorgés de terreur, d'angoisse. Puis il s'enivra de ses tremblements de peur, s'abreuva de ses suppliques, se délecta de le voir ramper à travers le terrain engorgé. Puis il avait sorti cette petite sphère qu'il avait trouvée chez Morcadès. Et il fit comme elle le lui avait appris...

Le marais prit du temps à engloutir Démétrégore. Il était presque arrivé aux planches du caillebotis, quand il ne resta plus que la tête terrifiée et ruisselante de larmes de la pauvre victime. Baphragore exultait. Les autres enfants étaient fascinés. La sorcellerie qu'avait employé l'aîné des fils Cathusne lui avait demandé toute sa concentration, et un temps considérable. Mais finalement, son ennemi était pris au piège, impuissant. Seul son immonde faciès dépassait encore de la bourbe fangeuse.

Personne ne revit plus jamais Démétrégore. Alcmène en fut presque anéantie, refusant plusieurs jours de s'alimenter ou de quitter sa chambrée. Les fouilles dans le marais ne donnèrent rien, et le vieux seigneur Cathusne arrêta bien vite les recherches. Tous les enfants ayant participé à l'odieuse vengeance avaient tenu le secret, de peur des conséquences. Même Gougniaphe, qui d'habitude se vantait de tous ses méfaits, était resté muet comme une tombe. Baphragore, cependant, n'était pas dupe. Il avait tué sa Némésis, mais d'autres fourmillaient encore au sein du château, avec une immonde mégère pour leur susurrer d'horribles idées.

Lorsque l'infortunée se rompit le cou en sautant depuis la fenêtre de sa chambre, le vieux seigneur se sentit défaillir. Il devint amorphe, véritable légume au regard vitreux. Les demi-frères de Baphragore, que ce dernier appelait encore en secret les bâtards, s'étaient emmurés dans leur honte, celle d'être coupable de la mort de leur propre mère.

Nul ne savait que ce fameux soir de tempête, durant laquelle elle s'était jetée de désespoir dans le vide, c'était un jeune garçon qui avait été son guide.

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Plus Baphragore grandissait, plus il commençait à comprendre qu’un allié pouvait aussi s’avérer le pire de tous les ennemis. Il avait pris l’obédience de ses demi-frères comme un fait avéré, une soumission logique et gravée dans le marbre. Après tout, il était plus grand et plus puissant. Ils avaient vu de quoi il était capable dans les marais, et s’étaient tous rangés derrière lui quand était venu le temps de punir Démétrégore.

Mais les margoulins s’étaient montrés habiles et sournois. Ils auraient pu duper Baphragore, s’ils n’avaient pas été si prompts à se révéler aussi tôt. Feignant leur loyauté, ils avaient pris le parti de leur aîné sur tous les sujets, lui offraient parfois leurs jouets, ou s’extasiaient devant ses tours de passe-passe avec lesquels il s’exerçait à maîtriser l’Art. Tout cela pour endormir sa méfiance, pour acheter sa confiance.

Gougniaphe avait toujours eu le sang chaud et un don rare pour la violence. Depuis tout jeune, il voulait devenir cataphractaire, ces guerriers en armure qui remplaçaient les chevaliers au sein de la baronnie. Il fut donc le premier à se dévoiler. Le jeune garçon avait emmené Baphragore dans les marais, soi-disant pour lui montrer un nid de bagrons, mais ce n’était pas ce qui l’y attendait. Lorsqu’ils s’étaient arrêtés devant un trou creusé dans la fange, à moitié couvert d’eau, Gougniaphe avait tenté d’assommer son frère. Mais ce dernier, en voyant la tombe de fortune, avait réagir promptement, et s’était dérobé à son agresseur, qui avait lui-même glissé dans le trou. Couvert de mélasse, le jeune Gougniaphe avait manqué s’étouffer. Et Baphragore n’y avait pas été de main morte…

Il avait fait s’introduire l’eau boueuse dans ses sinus et sa gorge. Quand Gougniaphe s’était relevé dans un spasme de panique, il avait montré à son aîné un visage tordu de douleur, son corps gesticulant dans une danse folle et macabre. Il frappait de rage et d’angoisse les murs suintants de sa prison tourbeuse, et s’enfonçait un peu plus à chaque mouvement dans la sphaigne. Néophyte dans l’Art, Baphragore avait été fasciné par ce qu’il était parvenu à faire, même si ce n’était pas grand-chose pour un hydromancien. Il aurait pu le laisser mourir, là, comme ça, à s’étrangler dans la boue, les narines brunies.

Cependant, il le laissa vivre.

En le libérant de son emprise, Baphragore s’était fabriqué un nouveau type d’allié. Le malheureux Gougniaphe était à présent sa créature, liée à lui par la peur et l’horreur de ce qu’il avait vécu. Le jeune enfant avait beau ne pas être très malin, même un imbécile comprenait la terreur. C’était un sentiment primal, façonnable pour l’artisan qui savait s’y prendre. Baphragore débutait encore sur cette voie, mais cette leçon lui avait appris qu’aucune loyauté n’était jamais acquise. L’obéissance se méritait, d’une manière ou d’une autre. Gougniaphe avait été son premier disciple, et deviendrait par la suite l’un de ses plus grands collaborateurs, et ce malgré cette haine viscérale grondant encore dans ses tripes fermentant sa peur…

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C’est à l’aune de ses vingt-deux ans que le Prince aux Mille Ennemis devint seigneur de son trou à rat familial. Son père, Thrasybule, avait finalement succombé à ses fréquentes maladies et à son état précaire qui ne s’était guère amélioré après la mort de sa femme. Baphragore dut essuyer à cette époque une nouvelle tentative de meurtre, de la part de son frère Balthunagare cette fois. Ce dernier était venu lui annoncer la nouvelle de la mort du paternel, et en avait profité pour lui sauter dessus arme à la main. Son surin ne rencontra malheureusement que peu de succès, et la lame ne put se loger nulle part ; ce fut Roquemont qui l’en empêcha.

Une fois la menace fraternelle écartée, et le jeune garçon menacé proprement, il prit toute la mesure du pouvoir qui venait de lui tomber sur les épaules. Car il n’était plus le lapin blanc pourchassé sans relâche par tous les animaux du monde. A présent, il avait droit de vie et de mort sur ses frères, et ce sans avoir besoin de s’en cacher. Peut-être est-ce pour cela que Balthunagare accepta si facilement l’alternative qui lui fut proposée. Pour son manque de respect envers son nouveau seigneur, il fut banni de la Ferté et envoyé rejoindre les ordres dans la ville de Merval. Si la perspective de quitter enfin cette terre maudite avait dû enchanter l’adolescent, celle de rejoindre la côte et ses marchands cruels et véreux l’avait sans doute bien plus refroidi.

Affermissant sa domination sur le château, il prit d’abord le temps de rappeler à chacun où se trouvait sa place, et qui était aux commandes. Gougniaphe, naguère son ennemi, était à présent l’un de ses bras armés. Il fut plus facile à amadouer lorsqu’il reçut l’armure paternelle en héritage. Roquemont devint l’un des hérauts de son demi-frère, tandis que les cadets Yphriote, Eustaphe et Pentathéon apprenaient à le craindre ou à le respecter. Ses demi-sœurs restèrent plus discrètes, bien qu’Asinande souhaita ardemment le séduire pour devenir la nouvelle dame du château dans les marais, sans succès. La concurrence était rude, car son demi-frère était déjà marié.

Baphragore s’était uni à Gentiane à l’âge de dix-sept ans. C’était une noble petite et trapue, aux cuisses larges et au visage pas si laid. Un petit bout de femme qui enfanterait la plupart des enfants officiels de son mari, sans compter les morts-nés : Baphragore le Jeune, Petit-Gougniaphe, Anselme, Gorman et Glaucosme… Mais qui ne saurait endiguer la venue au château des nombreux bâtards que Baphragore s’autorisait à semer dans la campagne et partout ailleurs. Elle prit en jalousie bon nombre des autres mères, surtout celles ayant donné naissance à des filles, et chercha bien souvent à les éliminer. Baphragore ne l’en empêcha jamais…

C’est aussi lorsqu’il devint seigneur de la Ferté-l’Anguille que le jeune et prometteur hydromancien eut accès aux salles les plus secrètes du château. Dans l’une d’elles, cachée sous l’une des tours, une pièce ronde et large allait devenir le lieu le plus important de sa vie. Après le décès de Morcadès l’hiver dernier, il s’était retrouvé orphelin de maître. Et au lieu d’en chercher un seul, il s’était décidé à créer un endroit où d’autres praticiens pourraient venir l’aider à se perfectionner. C’est ainsi que naquit le Cénacle, qui fut rejoint secrètement dans les années à venir par quelques mages du sud et du centre de la Péninsule. Au cours de la décennie, pas moins de huit arcanistes vinrent se réfugier au sein de cette cabale pour des raisons diverses et variées. Ils étaient ici à l’abri du monde, dans l’endroit le plus perdu et isolé des terres fangeuses. Beaucoup furent des maîtres avisés pour Baphragore, qui apprit aussi bien de l’hydromancien Estoval qu’il but aux paroles érudites de Scabron le semi-elfe. Le Cénacle allait devenir sa nouvelle ambition, loin des coups fumeux de ses crétins de demi-frères, loin des intrigues quotidiennes auxquelles il devait faire face.

Cette cabale était le lieu où il pouvait exprimer celui qu’il était. Mais ce fut aussi dans cette salle circulaire aux odeurs rances que Baphragore aurait un avant-goût de sa chute…

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Aucun homme n’est éternel. C’est cette sinistre vérité que le clergé de Néera apprend à chaque bambin en âge de réfléchir. La majorité s’y résignait avec flegme et dépit, acceptant le sort qui l’attendait à entrer dans les flots glacés et sans fonds de la Voilée lorsque s’abattrait sur eux son couperet. Cependant, certains cherchaient éperdument un moyen de se sortir de cette condition. Une échappatoire, une solution à cette malédiction divine. Leur quête était souvent vaine, peine perdue à laquelle ils abandonnaient leur vie. Ironique.

Baphragore ne l’entendait pas de cette oreille. Influencé par les membres du Cénacle, il avait pris une décision qui allait radicalement changer sa vie et celle des autres praticiens de son cercle privé : trouver le secret de l’immortalité. Chacun au sein de la cabale possédait sa particularité propre. Scabron était le plus versé dans l’Immatériel, tandis qu’Antonio Ginaldi se targuait d’être le mage de la Vie le plus expérimenté de toute la Péninsule. Tant de superlatifs gonflaient l’arrogance, et c’est avec un toupet d’égale mesure qu’ils se lancèrent dans leur quête pour tromper la Mort elle-même.

Ils avaient appris que lors d’un voile, de puissantes énergies convergeaient sur le monde, mais durant un temps limité seulement. D’après les traités qu’ils avaient consultés, ces énergies incommensurables étaient d’essence divine. Le plan était donc simple : se servir de la venue du nouveau voile pour s’approprier de grandes quantités de pouvoir, et s’abroger le droit à l’éternité. Tous mortels qu’ils étaient, la perspective de voir la fin des Temps enchanta tout le Cénacle, même Scabron dont le sang elfique permettait à sa propre vie de s’allonger.

Le rituel avait été préparé des semaines durant, répété et même perfectionné. Rien ne devait être laissé au hasard avant le jour du voile. Un astronome avait calculé le jour exact au cours duquel ce phénomène millénaire s’accomplirait, et toute la semaine précédent sa venue, le Cénacle prépara ce qui serait pour eux le Grand Office, ou comme aimait l’appeler Scabron, la Cérémonie du Voile. Baignés dans l’arrogance, les mages y mirent tout leur cœur à l’ouvrage, s’épuisant à faire converger les énergies magiques au sein du cercle qu’ils avaient gravé à-même le sol de la salle circulaire dans laquelle ils se réunissaient. Leur ambition était exubérante, et pourtant, leur idée était loin d’être sotte : car lorsque l’éclipse se déclencha, ils purent sentir le changement dans la trame magique qu’ils avaient réunie.

Au cours des heures suivant leurs fatigantes invocations, l’impossible sabbat dans lequel ils s’étaient lancés atteint son zénith. Ils purent observer de leurs yeux éberlués le tissu-même de la Mort, le voile de Tyra onduler devant eux, comme un drapeau sombrant dans les flots. Les énergies présentes dans la salle baignaient de puissance brute. L’émerveillement passé, Durus, mage de l’Immatériel au passé frisant avec la nécromancie, s’avança pour percer le drapé de la Voilée. C’est lorsqu’il le toucha de sa main que le rituel passa de son zénith à son nadir.

La main pourrit instantanément, son bras devint cadavérique, et le mage fut propulsé hors du cercle en beuglant de douleur. Les arcanistes tressaillirent, et observèrent se former dans le tissu de pure énergie la forme d’un visage. Ce n’était qu’une silhouette, dont les traits énigmatiques étaient cachés. Scabron hurla, et se désolidarisa lui aussi du rituel. Les autres praticiens se tordaient à présent de douleur, coincés dans la trame, soumis à cette nouvelle présence qui les avait pris en otage. Baphragore ne pouvait plus bouger, son œil encore valide rivé sur ce visage voilé qui le regardait intensément. Une voix perçante et insidieuse lui vrilla les tympans et déforma ses traits.

« Le Prince ne vit qu’en l’attente de l’autre Prince... »

Baphragore était à genoux devant la forme noire qui se déchaînait à l’intérieur de la salle. Il n’avait plus prise sur les événements, et ne pouvait qu’écouter cette entité suprême lui dicter une nouvelle énigme :

« Tu mourras, Prince aux Mille Ennemis. Quand le Prince attendu se révélera. »

La forme éthérée avala l’un des membres du Cénacle, dont les cris porcins hantèrent des nuits durant les cauchemars de toute l’assemblée, avant de se recroqueviller et de disparaître, plongeant la salle dans la nuit, la stupeur, et la terreur. D’abord, le silence. Ensuite, les gémissements des mourants. Enfin, la prise de conscience.

Ils avaient parlé à la Mort elle-même.

Nul n’en sortit indemne. Des huit participants à ce délire cauchemardesque, seuls cinq en sortirent vivants. De ces cinq âmes tourmentées, Estoval en sortit le plus marqué : son teint avait la couleur d’un cadavre et ses jambes avaient disparu. Scabron semblait avoir vieilli d’un siècle, et Baphragore avait une lancinante douleur à la hanche droite, sur laquelle une marque noire était apparue. Ils apprirent plus tard que chacun avait vécu le nadir du rituel différemment, bien qu’aucun n’ait souhaité parler en détail de ce que le visage voilé leur avait fait, ou leur avait dit. Cependant, lorsqu’ils purent enfin sortir au grand jour pour trouver la nuit éternelle dans le ciel, ils crurent tous ensemble que la prolongation de l’éclipse était entièrement de leur faute.

Durant ce mois de noir presqu’absolu, Baphragore crut voir venir la fin. Il avait dérangé Tyra elle-même, qui l’avait puni pour son arrogance. Pourtant, le Voile prit fin, et la Ferté se réveilla comme après une immense gueule de bois. Le soleil se leva à nouveau sur le monde, posant de nouvelles questions aux survivants du Cénacle.

Pourquoi la Mort les avait-elle laissés vivre ? Pourquoi avait-elle emporté Durus et pas un autre ? Pourquoi le voile de ce cycle avait duré si longtemps ?

Plus jamais Baphragore ne toucherait à la nécromancie.

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Les années suivant le Voile passèrent avec une morne lenteur pour le seigneur de l’Anguille. Depuis l’incident, sa maîtrise de l’Art s’était affinée, mais les cabalistes avec lesquels il passait encore de nombreuses heures sous le château évitaient régulièrement le sujet fâcheux que tous portaient encore en eux comme un insigne de honte. Les jours dans les marais étaient longs et paisibles. Le temps n’avait pas de prise ici, et les événements troublants du Royaume ne se faisaient que pâles échos susurrés par le vent.

Baphragore ne réagit pas lorsqu’il entendit parler de la concurrence entre les Côtards de Merval et les pingres Scylléens pour la domination de Nelen, bien qu’il se gaussa de la défaite des premiers. Que lui importait aussi que les Drows frappent à nouveau le Nord, ou que la guerre gagne le Médian ? Dans ses marécages perdus, le sort du monde pouvait bien changer, il n’en ressentirait pas même une once de l’effet. La seule nouvelle préoccupante de ces années d’ennui mortel et d’oisiveté négligente lui parvint de son frère Balthunagare, alors toujours en la ville de Merval.

Le seigneur de la Ferté avait crié sa colère et son angoisse plus que de raison lorsqu’il avait appris le destin de Cléophas d’Angleroy. Naguère baron, ce coquebert s’était arrogé un titre oublié et perdu, mais qui terrifiait encore les esgourdes de Baphragore : Prince de Merval. Un effroi sans nom lui vrillait à nouveau l’estomac, alors qu’il repensait à la Malenuit et à la sibylline prophétie qui lui avait été dictée. La paranoïa lui était tant montée à la tête qu’il avait fait enfermer sa femme dans un donjon, après que celle-ci ait levé une fourchette en sa direction. La considérant comme morte, il avait même épousé une nouvelle femme, Ariana de Gardeflot. La jouvencelle était encore jeunette, mais avait déjà été déshonorée par un chevalier errant, diminuant sa valeur et le nombre de ses prétendants. C’est elle quiengendra le dernier enfant officiel de la lignée de Baphragore : Frigida.

La période de peur panique engendrée par l’avènement du Prince de Merval finit doucement par s’estomper, à mesure qu’il se rendait compte que nulle calamité ne venait l’affliger, et que la Mort ne lui était pas encore réapparue. Néanmoins, très méfiant envers son nouveau lige, il envoya l’un de ses cousins, Périphe l’Escalpé, espionner la cour du Serafein autoproclamé. Ce dernier ressuscitait les cultes draconiques, et s’éloignait autant du Royaume qu’il prétendait pourtant en être le Gardien. Au sein de ces sectes draconiennes, Balthunagare refit surface. Depuis quelques années déjà, il avait abandonné le clergé de Tyra pour rejoindre les hordes d’adorateurs pharétans. Il fonda lui-même l’une de ces loges poussant un peu partout dans la capitale : les Fils de Pharet. La réapparition des dragons avait provoqué un engouement certain pour ce genre de culte, que les clergés pentiens avaient du mal à endiguer, sapés par l’autorité du Prince.

C’est par l’entremise de Périphe et de Balthunagare que le seigneur de la Ferté apprit que Cléophas était mourant, et que dès lors que le Royaume serait de nouveau uni, Merval serait à nouveau conquise comme en les temps de jadis. Depuis son vieux château en ruines, Baphragore étudiait ses possibilités. Valait-il mieux suivre un lépreux dans la tombe, ou soutenir les droits d’un enfant-roi aux origines plus que douteuses ? Le choix fut vite fait. Le Prince allait mourir ; le Roy, lui, allait vivre.

Aussi, lorsque les Missédois passèrent par l’enfer des marais pharétans et de la populace locale passant sa colère sur les envahisseurs, Baphragore n’envoya pas ses maigres troupes harceler le jeune et impétueux Gaël de Missède. Pis encore, il lui offrit de passer la nuit en son castel, offre poliment refusée par le jeune baron, qui soupçonnait sans doute un piège. Mais le Cathusne ne s’arrêta pas là. Contactant une nouvelle fois le vaillant Périphe et l’insidieux Balthunagare, il leur ordonna de saper le moral de la cité, et de convaincre les dignitaires d’abandonner Cléophas à son sort. Malheureusement, le reste appartient à l’histoire : Merval fut prise, et nombreuses furent les exactions commises par les hommes du Roy. Qu’importe. Merval était sur la côte, et Baphragore détestait ces gens. Avide de prendre la revanche de son peuple sur une rancune vieille de plusieurs siècles, il enfourcha son cheval, et quitta son château.

Beaucoup de partisans du Roy Bohémond étaient convaincus que la côte mervaloise était truffée d’hommes loyaux au Prince et à sa vision de la cité. Or, lorsqu’un seigneur venu du nord de la baronnie s’en vint négocier avec eux, ce dernier les convainquit qu’il était sans doute plus sage que ce soit un Mervalois, pentien et acquis à la cause de Sa Majesté, qui s’occupe de nettoyer les rivages de ses mauvais disciples. Les tractations que Baphragore entretint avec les vassaux de Bohémond débouchèrent sur une note inattendue : ce serait le Langecin, suzerain de jure, qui reprendrait le serment du futur baron. Il donna le baiser de paix à Griffon de Langehack, et devint vassal de celui-ci, lorsqu’il fut proclamé par la grâce des Cinq le nouveau baron de Merval.

Les Tronches-en-Miettes étaient finalement vengées du Baron à roulettes après des siècles, et la revanche offrit à Baphragore un fin sourire, et une mi-molle qui dura toute la cérémonie d’intronisation.

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Merval ne fut pas si coriace à soumettre. L’ost royal s’était déjà occupé de couper les têtes indésirables des années plus tôt, et les cultes draconiens étaient doucement mais sûrement purgés lors d’exécutions spectaculaires, durant lesquelles le baron sortait quelques barillets de son si précieux feu de Pharet. Seul le Collège des Alchymistes n’avait pas été ciblé par les proscriptions et les jugements de Baphragore, car ces derniers n’avaient d’autre politique que celle des flammes. Les cités du littoral furent apprivoisées au moyen des Cataphractaires, menés par Gougniaphe, qui roulèrent des mécaniques sous les remparts de Port-Bax, Yanon, Corvall et Morriana afin que les seigneurs et échevins reconnaissent l’autorité vassalique de leur nouveau maître incontestable.

Le titre d’Eparque des Trois-Ports fut donné de bonne grâce par Baphragore à Yphriote, qu’il tenait en laisse depuis qu’il avait appris ses petits secrets honteux. Il donna ses premiers fils en bon mariage à certaines filles de marchands riches et de nobles de la cité. Ses nombreux bâtards vinrent s’installer avec lui dans la ville, tandis que le jeune Pentathéon avait à charge la Ferté-l’Anguille, dont les murs recelaient toujours le cadavre ambulant de Gentiane, la première femme de Baphragore, oubliée dans un cachot.

Balthunagare, malgré ses connections et ses rapports avec les cultes draconiens, fut amnistié. En secret, il continue d’adorer ses idoles reptiliennes, sous l’œil vigilant de son aîné à qui il doit la vie. Avec Gougniaphe à la tête des Cataphractaires, Roquemont au conseil municipal, et Yphriote comme Eparque, le pouvoir des Cathusne sur Merval est incontesté. Les Côtards sont muselés, et l’opulente cité portuaire pourvoit en richesses incommensurables les coffres avides de Baphragore et de sa clique.

Avec cet or, le baron a d’ailleurs créé une nouvelle annexe au Porphyrion, discrète comme une poterne. C’est dans cette nouvelle salle circulaire que le Cénacle a l’habitude de se réunir, loin des marécages fangeux dans lesquels ils étaient obligés de se terrer. Leur coterie développe en ces jours bénis des liens nouveaux, et le faste du palais mervalois leur octroie comme une seconde jeunesse. Une renaissance.

Mais Baphragore n’est pas dupe. Prince qu’il est, il en a vu mourir un autre. Et dans le fond de son œil terni par l’âge et la mélancolie, une sombre vérité a refait surface depuis quelques années : Tout comme il s’est levé pour mettre fin à la vie d’un Prince, un autre Prince se lèvera à son tour pour le priver de son titre, et de sa vie.

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie]   Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie] I_icon_minitimeSam 14 Déc 2019 - 16:16

Rien à redire.
Au vue de ton histoire, je t'accorde le rang d'Arcaniste. Fais-en bon usage.
C'était vraiment un plaisir de te lire Fillot, et j'espère que ce nouveau corps t'inspirera des centaines d'aventures !
Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie] Tampon13


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[Métier] : Baron de Merval

[Sexe] : Masculin

[Classe d'arme] : Corps à corps / Magie

[Alignement] : Neutre strict

Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur !
Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}.
Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
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Baphragore Cathusne, baron de Merval [Finie]
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