Deux Royaumes [Gli, Hendrick, Céleste]

Hendrick n’aimait guère la salle du trône du palais. Toute cette grandeur, tout ce faste l’oppressait peut-être plus encore que les regards inquisiteurs de tous ces nobles réunis en masse pour étudier l’ambassade de Naelis comme on étudie une proie du haut d’un clocher. Voilà des jours que les représentants du royaume oriental échangeaient des salutations, des éloges et des vœux d’amitié avec ceux du royaume occidental, dans une espèce de parade nuptiale hautement muselée par la bienséance et l’étiquette, deux choses dans lesquelles Hendrick n’avait jamais excellé.

Les flagorneries des puissants étaient hors de sa portée, et l’attente en résultant rendait leurs séances de diplomatie encore plus insupportables. Pourtant, derrière tous ces ronds de jambes et ces politesses, le capitaine de la Garde avait fini par comprendre une chose : l’ambassade piétinait. Il avait essayé de se mettre au courant auprès du chef de file de la délégation, un petit noble à calvitie qu’il avait vu lors de la réunion avec la Reine : Imrân Lesrod. Ce dernier lui avait alors confié s’être secrètement entretenu avec l’un des actuels régents du Royaume, un suderon au nom trop complexe pour que Hendrick le prononce correctement de sa bouche de Nordien.

Le fameux co-régent avait expliqué à l’ambassadeur naelisien que le corps diplomatique tombait fort peu à propos, car en conflit avec un autre événement de taille : l’élection parmi les Pairs du nouveau régent de la Péninsule. Hendrick n’avait pas compris tout de suite où était le problème, jusqu’à ce qu’Imrân lui précise que le Suderon actuellement en poste pouvait fort bien ne pas être maintenu. Ils devraient composer avec le nouveau régent, qui tiendrait les rênes du Royaume pendant la minorité de Sa Majesté Bohémond.

Or, comme aucune réelle décision ne pouvait être prise en attendant, l’ambassade était coincée à la cour, tentant de s’attirer la sympathie du Roy qui était quant à lui une figure constante. Les diplomates attendaient avec la même impatience que les Pairs se réunissent pour leur concile, tandis que Hendrick, militaire d’origine modeste, devait supporter les longues séances stériles infligées par le protocole et l’étiquette de cour.

Et tandis que les ducs et marquis de haut-rang investissaient les murs de la ville pour prendre part au destin du Royaume tout entier, le capitaine prenait son mal en patience. Une pensée positive lui était venue : plus de temps passé à Diantra, c’était aussi plus de temps pour recoller les morceaux avec Diane.

L’attente serait longue, mais une question plus cruciale encore se posait : le nouveau régent, une fois intronisé, serait-il aussi intéressé par les demandes de Naelis que le précédent ?

Imrân Lesrod

Fonction : Conseiller politique de Naelis, membre du Conseil restreint.

Age : 38 ans

Description :
Imrân n'a rien d'extraordinaire physiquement parlant. Il n'est pas et n'a jamais été un beau garçon, l'âge lui ayant de plus dégarni le crâne d'une bonne partie de sa chevelure brune. Pas très grand (environ 1m70) et un peu rustaud en apparence, ses nombreuses rides démontrent un lourd vécu laissant croire qu'il est plus vieux que ce qu'il ne l'est déjà. Ses yeux gris regardent avec douceur et humilité ceux avec qui il parle. Là où il se distingue de nombre de personnes est de par sa volonté de comprendre voire d'agir sur le monde qui l'entoure : les monstres ne s'installent que là où on les laisse prospérer.

Histoire :
Le politique naquit en l'an 978 du dernier Cycle au sein de la cité de Naelis, à une époque où le IV° Ost noirelfe sévissait en Ithri'Vaan. Premier et unique fils de la fratrie, ses parents, des bourgeois, l'élevèrent pour succéder à son paternel. Du moins les premières années, puisque la vie devint trop dangereuse pour la famille par la suite. Imrân apprit à lire et à compter, vit sa famille se faire décimer, vécut la pauvreté et la bonté d'une poissonnière le cachant et l'interdisant de lire pour que quiconque évite de deviner quel était son milieu social originel, puis après quelques années l'exode vers le royaume péninsulaire où l'attendait un lointain cousin paternel. Agé alors d'une dizaine d'années, le jeune garçon ouvrit un nouvel oeil sur le monde, se demandant comment les vies pouvaient être aussi similaires que différentes juste à cause de quelques personnes. Il passa nombre d'heures à essayer de comprendre l'essence-même de ce constat, que ce soit via des livres ou des conversations. A l'âge de 30 ans, il apprit que sa ville natale avait été récupérée par des humains et défaite de l'emprise drow. Les souvenirs de l'enfance le prirent alors et il finit par retourner dans cette ville, à la fois à la recherche de traces de son passé que de la compréhension de la nouvelle politique qui se mettait en place là-bas. Il y resta finalement et au fil des années rencontra certaines personnes bien placées, montra une grande loyauté pour la ville et finit par devenir le conseiller politique de Naelis il y a environ deux ans.

Les nobliaus, grands parleurs aux beaux atours tels des coqs dans un poulailler, caquetèrent encore sans considération aucune pour ceux qu'ils étaient venus voir par la plus pure des curiosités. Mais qu'au coeur de cette vulgaire tourmente, Silence ! calme et attention enfin revinrent. Alors la délégation s'inclina face au jeune roi puis ce dernier entama les premiers mots d'une longue discussion à venir. Curiosité, peur ou gêne, l'éternité se fit à ce moment entendre alors qu'avec humilité le conseillé s'avançait. D'une voix forte mais posée, de sorte à ce que les curieux l'entendent, en de courtois mots il répondit.

"Votre Majesté Bohémond Fiiram, il est un honneur pour nous de pouvoir vous rencontrer, bien entendu en-dehors de nos querelles passées. Je me nomme Imrân Lesrod, Conseiller de Sa Majesté Glinaina Hereon, Reine de Naelis, et la représenterai le temps que notre délégation reste en vos terres. Soyez remercié pour votre hospitalité et vos prières, grâce à la Mère notre voyage s'est bien déroulé."

Il se tourna alors vers le capitaine qui l'accompagnait, lui tendant la main dans un geste que le militaire n'eut pas de mal à comprendre. Ce dernier sortit un objet de la taille d'une épée enrobé d'un long tissu blanc de son manteau et le donna à l'érudit. Ce dernier prit l'objet avec grande délicatesse et s'avança de quelques pas sans pour autant monter les marches menant au trône.

"Sa Majesté Glinaina ne pouvant malheureusement être des nôtres, elle m'a confié le soin de vous adresser ses excuses ainsi que son plus grand respect. Elle vous offre à ce sujet ce présent, puisse-t-il être porteur de sa volonté à établir des rapports amicaux entre nos deux royaumes."

Sur ce il s'inclinat bien bas, mains tendant le cadeau à l'horizontal, attendant qu'un proche du roi ne vienne le lui amener. Une fois l'objet dans d'autres mains il se redressa, faisant attention à ne pas porter d'yeux trop insistants sur l'enfant-roi, et recula de sorte à retourner auprès de sa délégation sans tourner le dos à leur hôte. Le fameux présent n'était autre qu'une épée ayant été forgée pour l'occasion ; un symbole de Naelis mais, pour autant, l'aspect militaire n'était pas celui vraiment mis à l'avant. Bien que la lame droite soit d'un bel acier, pommeau et garde étaient sculptés en des symboles forestiers et marins - ne disait-on pas que cette reine était une elfe ? - dont des sortes de lianes caressaient la base de la lame en dardant leurs pointes vers le bout de l'arme. Le fourreau, puisqu'il y en avait un, avait été créé pour que l'épée puisse être rengainée et stabilisée malgré la particularité esthétique. Au centre de la garde se trouvait enchâssé un cristal ovale taillé traversant toute l'épaisseur de l'arme. Une arme à une main d'apparat, clairement, mais qui pouvait toujours servir. Pour qui inspectait un peu plus le travail, l'équilibre était bon et sur le fourreau était gravé dans la langue des Hommes "Puissent les étoiles éclairer les ténèbres sans jamais briller de jour".

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Les jours passaient, la politique péninsulaire voyait un potentiel grand changement arriver. Imrân se fit un devoir et un bonheur d'expliquer en attendant les dessous de la politique à Hendrick, lui faisant bien comprendre que si le roi avait son mot à dire sur la relation entre la Péninsule et Naelis, ils auraient surtout affaire aux bons sentiments du Conseiller qui sera élu. Donc autant discuter avec tout le monde, rester dans les bons papiers du roi et essayer de comprendre où et comment la délégation allait devoir manœuvrer.