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 A l'ombre des remparts [Ouvert]

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Francesco di Castigliani
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MessageSujet: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeJeu 12 Déc 2019 - 14:03

Info:

Fin deuxième ennéade de Barkios, an XVII du XIe cycle

Les jardins de la Reine étaient un petit havre de paix à l’écart des jardins royaux plus grandiloquents et bien moins intimes.  Installés à la demande de la Reine Lilianna - défunte épouse du Roy Trystan -  il n’était point rare d’y voir quelques tourtereaux se faire la cour.  Ces petits jardins, que l’ombre des remparts de la haute-ville recouvrait dès les premières matines, n’avaient pourtant rien d’extraordinaires à première vue. Quelques bosquets ici et là, fort bien entretenus, donnaient l’impression d'une nature sauvage en plein cœur de la cité royale. De vieux chênes, centenaires vue leur taille, agrémentaient eux aussi le parcours de visite ; fermant également le lieu pour en faire un endroit clos à l’abri des regards. Des plantes aux couleurs chatoyantes devaient enivrer l’espace à la belle saison. Mais en cette phase automnale, bien plus proches des premières gelées que des dernières chaleurs, celles-ci s’étaient à présent recroquevillées sur elles-mêmes. Les buissons finement tailladés par une petite armée de jardiniers dédiés, formaient de petits enclos de diverses tailles. Parfois, ils protégeaient de petits bancs sculptés en pierre sur lesquels il était facilement possible de céder à l’oisiveté. Qu’on était loin de la bruyante et insomniaque ville qui s’étendait à perte de vue en contre-bas. En ce lieu, reclus du monde, il suffisait d’y voir quelques hommes de la cour pour s’imaginer les pires intrigues. Il suffisait de tendre l’oreille à quelque moment de la journée pour y entendre de douces et voluptueuses symphonies s’émanant d’harpes de gentils ménestrels.

   Passer du temps en ces jardins qui lui rappelaient Soltariel était l’un de ses petits plaisirs du quotidien. Il aimait s’y rendre seul de préférence et éprouvait un certain réconfort à se tenir loin des turpitudes incessantes du Palais. Cette accalmie salutaire dédiée à la réflexion et aux rêveries fugaces était ce jour d’huis partagé avec son aîné duc du Soltaar. Ce dernier était arrivé depuis quelques jours et avait pris résidence dans l’un des hôtels particuliers déjà emprunté lors du procès royal de l’ancienne duchesse. Sa présence n’était point due au hasard, pour sûr. Le conseil des Pairs devait se tenir les jours prochains. L’on avait vu poindre les autres grandes pontes du Royaume dans les mêmes moments. Certains, comme le serramirois, était même là depuis près d’un mois.

   Félipé l’inquiétait avec sa mine des mauvais jours. Il le savait en proie à une fâcheuse et sournoise maladie qui le rendait nauséeux et semblablement fatigué. Son état n’était point sans lui provoquer quelques préoccupations bien normales pour un frère. Conscient de sa triste allure, son aîné n’y faisait rien pour la calfeutrer. Il était habillé d’une tunique matelassée que l’on ne voyait pourtant sorti que l’hiver. Une fourrure d’hermine venait lui recouvrir les épaules pour le maintenir au chaud.
   – Ne te fais guère de soucis pour moi, Francesco, je vais bien.
   – Ce n’est pas l’impression que j’ai, avoua-t-il. Quel genre de mal t’afflige pour rendre ton teint aussi blême ?
   – La vieillesse, sûrement. Mais ne parlons point de ces vilains maux qui m’accablent, mon frère. Parlons plutôt de toi et de ta vie au côté de notre Roy ? Je regrette de ne pas avoir pris la plume plus régulièrement pour te donner des nouvelles de notre pays, mais ton épouse y a bien remédié en me délivrant tes états d'âme et en te délivrant les nouvelles.
   – Elle y  a veillé, oui. J’ai appris pour les naissances de tes petits enfants. Puisse l’avenir leur donner bonne et riche vie. Quant à moi, Félipé, je n’ai guère à dire que tu ne sais ou te doutes déjà. Diantra n’est pas Soltariel… Diantra n’est pas l’océan sur lequel j’aspire à passer ma vie. Je suis arrivé ici par un concours de circonstance sans que je ne parvienne à y comprendre quoique ce soit.
   – Le hasard fait bien les choses, mon frère, lui murmura Félipé bien plus enclin aux ambitions que lui. Mais dis-moi, comment est notre jeune Roy ?
   – Bohémond… notre Roy, souffla-t-il. Il n’est pas encore un homme mais n’a jamais été un enfant. Sa curiosité est son principal atout, mais il ne saurait encore souffrir de frustration.
   – Cela s’apprend.
   – Le ballet incessant de courtisans se succédant les uns aux autres ne tend pas à lui assurer la stabilité dont il lui faudrait bénéficier. Le Régent de Brochant a pu lui apporter cela, nous y avons veillé, lui, Dame Constance et moi-même.
   – Tu crains qu’un nouveau régent ne vienne perturber ce que vous avez essayé de lui apporter ; cette stabilité ?
   Il ne répondit pas. Félipé n’avait pas besoin de l’entendre parler pour connaître la réponse.
   – Pourquoi ne deviendrais-tu pas ce futur Régent dont notre Roy a besoin ?
   Dire qu’il n’y avait jamais songé eut été faux. Mais c’était en cela que résidait son principal défaut. Francesco n’avait jamais eu le goût au pouvoir ni aux folles ambitions. Il connaissait son rang et savait où résidait sa place. La navigation était son élément, point la gestion d’un royaume. A chacun sa tâche. Lui n’avait jamais reçu l’éducation adéquat pour tenir une telle responsabilité et son frère le savait aussi bien lui.
   – Je comptais t’apporter mon soutien lors du Conseil, mais si tu n’y consens pas, je ne t’exposerai pas à un tel désaveu devant d’autres aux prétentions bien plus longues.
   – Tu n’aurais su imposer un soltaari de la sorte, sourit-il. Alors il te faudra en choisir un autre que moi.
   – Les as-tu déjà rencontrés ces "autres" dont tu me parles. Qu'ai-je à savoir d'eux avant d'entendre leurs discours ?
   – Et bien... il y a l’aîné du Régent, Arnaud de Brochant. Un jeune homme charmant, plein de promesses assurément, mais dont la jeunesse et son manque d'expérience constituent ses principaux défauts. Quant aux autres, je ne les connais que de réputation comme le berthildois avec qui tu as consenti à une union entre nos familles. Le sire d’Erac, lui, n’a retenu mon attention que lors du procès. Mais on dit qu’il s’est assagi après avoir épousé la sœur du défunt Régent. Le dernier, marquis de Langehack, ne m’est connu que par les dires de Dame Constance qui s’en était allée à Langehack lors de son accession. Je ne puis t’en faire meilleur récit malheureusement, car son arrivée est aussi intrigante qu'étonnante. Et toi, Félipé, n’as-tu pas songé à soumettre ta candidature ?
   Son frère esquissa un sourire. A son tour de ne point recevoir de réponse. Depuis tout ce temps, ils ne se connaissaient que trop bien malgré l’éloignement. L'un et l'autre s'échangèrent un énième regard empli de tendresse fraternelle, se sachant tous deux en train de vivre un moment bientôt propice au souvenir.



Dernière édition par Francesco di Castigliani le Lun 6 Jan 2020 - 14:54, édité 2 fois
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeVen 13 Déc 2019 - 20:44

L’hiver guettait et bien que la Capitale se trouva dans de meilleures hospices que le Berthildois, il faisait froid ce jour-là. Peut-être était-ce le manque de clémence de la Marquise qui lui laissait un goût amer en bouche, alors que ses yeux, aussi mornes que le ciel, épiaient avec dédain la foule qui se massait. Non pas qu’elle rechignait devant le petit peuple ; plutôt c’était l’air du Sud qui lui filait une étrange nausée. Comme une implacable fatalité, les souvenirs lui revenaient à la croisée de bâtisses que le temps avait su reconstruire. A sa dernière venue le Joyau avait perdu de sa superbe : les incendies, la famine et les jeux de pouvoir successif avaient laissé une belle entaille qui peinait à se refermer. Pire encore, certains aimaient à dire que la gangrène se propageaient lentement dans les basses fosses. A cela rien d’étonnant car malgré les années d’accalmies, rien n’avait vraiment été fait ici-bas. Du moins, elle entretenait l’irascible sentiment qui l’étreignait ; on eut beau l’accueillir avec moult déférence, elle ne voyait là que des chiens avides de leur os.

Ah ! Quelle était ironique cette pensée, car n’était-ce point elle qui se baladait sous les épais nuages ? Louis aurait bien râlé une fois de plus s’il avait eu accès à ses pensées les plus profondes. C’est que le Cerf avait bougonné tout le trajet, rechignant même à décrocher deux mots dans le coche. Fort heureusement la marmaille les avait tenus en haleine tout du long, si bien qu’ils étaient arrivés plus rompus qu’à leur départ. L’Arachnide serra les pans de son mantel par habitude, jetant une œillade au ventripotent bonhomme qui la talonnait. Car non contente d’avoir pris ses quartiers pour l’hiver, elle avait également emmené dans sa valise le brave Hugues qui se faisait une joie d’accompagner sa maîtresse en promenade. Nul ne s’y trompa pourtant ; le curieux intendant la fréquentait assez à présent pour savoir que jamais la Tarentule ne sortait de son trou dépourvue de raison. Les choses des dames lui filaient volontiers de l’urticaire.

« As-tu fait parvenir les invitations ? »
Remuant la graisse de son cou, elle eut peur un instant que le bouton de son col ne s’échappe. « Oui-da Madame, tous l’ont reçu de notre plus fidèle coursier »
« Bien, bien. Il sera à ta charge d’assurer la soirée ». Ses mots, quoique dit sur l’air d’une causerie, le firent déglutir. Par-là elle s’assurait de l’entière dévotion du subalterne, menaçant à mi-mot qu’elle ne tolèrerai aucune fausse note. Voilà qui déplairait une fois encore à Louis, mais la vie de cour était ainsi faite : la représentation avait commencé à l’instant où on les avait annoncés dans leur demeure.
« Dois-je disposer céans ? »

Ils arrivaient enfin dans les jardins de la Reine. Le coquet endroit avait perdu de sa superbe lorsque les feuilles avaient quitté les branches pour plutôt s’étendre, mortes, sur le sol humide. Il régnait là un peu de paix, loin de l’exubérance des grandes rues. Et bien que l’air y était plus austère que dans les autres espaces verdoyants, il était également le plus intime. C’était bien pour cela que Madame de Sillé lui avait assuré que le Régent s’en venait ici se ressourcer loin des tracas mondains. Et la même dame lui avait certainement tenue la jambe deux heures de temps, à se goinfrer de pâtisseries devant la Saint-Aimé. Mais deux heures valaient bien la peine ; il y avait fort à faire, et la Marquise préférait d’autant rencontrer les suderons avant son époux. Il avait ces manières du Nord qui l’inquiétait, aussi à tout risquer s’était-elle dévouée à la tâche. Elle serait cette fois sûrement plus habile que lui. Lorsque deux silhouettes richement habillées – bien que sobres – se dessinèrent elle ne douta plus de la parole de son informatrice. Invitant le gros bonhomme à déguerpir, Alanya s’avançait prudemment pour ne point gêner la conversation – dont malheureusement elle n’entendit que quelques brides. L’accent ne laissa plus de place à la moindre hésitation ; et lui tira même un frisson désagréable. Il lui rappelait par beaucoup le phrasé du Dragon.

« Veuillez me pardonner Messieurs mais votre accent… ». Un sourire radieux accroché à ses lèvres, Alanya s’attela à avaler les quelques mètres qui les séparaient encore. « Il me rappelle d’agréables souvenirs ». Loin de l’exubérance de la bourgeoisie, la Nordienne aborda ses pairs avec calme et sympathie. C’était là son jour de chance, aussi usa-t-elle de toute la candeur qui lui restait encore. Ils ne mettraient pas bien long à deviner son identité ; Louis avait tenu à ce qu’elle se fasse accompagner de trois Egides qui lui collaient aux basques plus que le gruau de Francette. En cela il n’avait pas tort : les ennemis étaient nombreux, même ici.
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeSam 14 Déc 2019 - 13:19

Leur entrevue privée prit fin au moment même où ils entendirent du monde s’approcher dans leur direction. Les hommes de la Guardia Soltaari, restés jusque-là à bonne distance de leur duc, revinrent doucement vers eux pour prévenir un quelconque danger sans non plus se montrer trop envahissants. Ces gardes voués à la protection de son frère avaient bonne réputation et n’avaient, pour ainsi dire, jamais  faillis  à leur mission première.
   Ils portaient des harnois aux couleurs d’ébène clairsemés de liserés dorés dont les détails semblaient avoir  été le fruit d’un long et fastidieux travail d’orfèvre. Ils étaient aussi reconnaissables à leurs capes et cimiers cramoisis qui les faisaient paraître plus  grands qu’ils ne l’étaient forcément. Il lui était bien impossible de pouvoir  les distinguer à tel point leurs similarités étaient grandes ; ce qui n’était pas le cas de son frère qui  sembla assez vite retrouver leur capitaine répondant au  nom d’Antenore Ciguiello. Félipé n’eut qu’à lui adresser un simple signe de la main pour lui  demander de ne pas s’approcher plus. Adoncques ces loyaux hommes de la Guardia se contentèrent-ils seulement de lorgner attentivement la nouvelle arrivante et son escorte sans être trahis par le ventail de leur bassinet constamment rabattu.
   – Altezza, prononcèrent-ils tous deux après s’être relevés du banc.
   Ils s’inclinèrent l’un après l’autre avec une déférence bien connue des méridionaux. Ils ne purent s’empêcher, suite à cela, de regarder cette nouvelle venue qu’ils connaissaient pour l’avoir déjà rencontré à Diantra quelques années auparavant. Elle était la marquise de Sainte-Berthilde et avait été anciennement la baronne d’Alonna. Sa vie  et son histoire étaient connues des suderons qui avaient eu connaissance de l’attachement de la dame à l’une des familles patricienne du pays ydriain, aujourd’hui déchue. De toutes les nordiennes, cette Alanya  de Saint-Aimé, était sans-doute celle qui se rapprochait le plus des suderonnes dont la réputation n’était même plus à faire.
   – C’est un plaisir de vous voir, signora Alanya. Un plaisir aussi d’entendre que nos accents vous procurent de si agréables souvenirs, dit Félipé en faisant de son mieux pour ne point paraître amoindri par sa maladie. Désirez-vous partager un peu  de votre temps en notre présence ? Nous étions ici, mais  nous pourrions très bien vous laisser l’endroit pour  que vous en jouissiez à votre convenance.
   Francesco, rendu muet par l’aplomb naturel de son frère, invita la dame à s’asseoir là où ils s’étaient entretenus par pure galanterie.
   – Comment allez-vous, Signora ? s’enquit-il avec sympathie.
   Il avait eu connaissance des déboires du couple berthildois. Nuls d’ailleurs dans la capitale n’étaient pas sans le savoir. Ils avaient aussi appris de quelle manière l’histoire s’était terminée. A n’en point douter, les bardes s’en feraient des chansons pour  terrifier les plus jeunes et les serviteurs bien trop zélés. Il savait aussi son frère au courant de la chose, car il  avait été impossible de ne point y voir comme un relent douloureux de leur  propre passé. Soltariel, tout comme le Berthildois, avait elle aussi connue  des temps difficiles. A cette dernière question, donc, il se douta bien que la signora leur  faisant face comprendrait sans nullement y prendre ombrage. En aucun cas se serait-il  permis  de la juger.

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeSam 14 Déc 2019 - 16:42

« N’en faites rien je vous en prie Messieurs ». La Marquise les avait salués avec plus de plaisir qu’elle ne l’aurait cru. Peut-être finalement que l’exercice lui était moins pénible que ce qu’elle ne pensa premièrement. Alors le cœur allégé, elle accorda à chacun un regard bienveillant. Ces hommes-là, loin des profils du Nord, était bien plus enclin à sa compagnie – et sûrement la considérée davantage aussi. Non pas qu’elle n’eut été mis de côté par son époux, loin de là, mais au Sud les choses étaient plus simples pour faire reconnaitre sa valeur. D’ailleurs son cœur se serra un peu à l’évocation des côtes méridionales : elle avait abandonné sa cadette là-bas, et elle espérait que l’iode ne lui en coûtait pas de trop. L’Angélique était à présent mère, et chacun de ses lettres lui assurait son bonheur mais elle connaissait assez la petite pour sentir à travers ses historiettes le manque de son pays natal. Quoi de plus normal ? Elle-même souffrait de ne pas revenir plus souvent en Alonnan.

« Je vais bien ». Cette phrase, à l’instar des autres, avait été dites afin aplomb afin qu’aucun d’eux ne doute de la santé morale du Berthildois. Sûr que les choses n’avaient pas été simples récemment ; la tentative d’assassinat et l’enfermement d’Henri avait affecté le cœur de leur foyer. Pour autant la Broissieux se montrait sous meilleur jour, droite et digne. Que mille hommes tentent encore de la poignarder, elle les aurait tous un à un. Telle était la promesse qu’elle avait faite aux seigneurs de sa cour, et elle était somme toute prête à réitérer le serment. La Flamme du Nord ne vacillerait pas ; pas plus ici qu’ailleurs. Plutôt elle s’enquit des visages aimables qui lui faisait face. Francesco n’avait guère changé depuis le procès de la Tibéria, mais Félipé, lui, sembla plus blême et émacié. Il n’était pas de bon ton de lui faire remarquer, aussi feinta-t-elle de n’avoir rien vu.

« Mais je dois avouer que je me serais bien épargné le voyage ; Diantra m’est toujours apparue comme un magnifique joyau dans une fosse à purin ». Si elle s’installa sur le banc, elle veilla à laisser assez de place pour au moins l’un des frères. Lissant un pli de sa robe, elle reprit sur un ton égal : « Et vous Messieurs, l’air sec ne vous a-t-il pas encore incommodé ? ».
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeDim 15 Déc 2019 - 11:45


A peine eut-il le temps de sourire à la diatribe lancée par la dame qu’un valet du Roy déboula du Palais, tout essoufflé. Ils le virent tous peiner à recouvrer une respiration normale et l’on crut même qu’il finirait par en mourir. La garçonnet était pourtant bien jeune et frêle. Sans nul doute, icelui avait dû dévaler les marches aussi vite qu’il  l’avait pu pour transmettre son message.
   – Et bien,  parlez ! gronda-t-il avec une patience arrivant bientôt  à terme. Qu’y a-t-il  donc pour que vous vous soyez mis  dans un si grave état ?
   – Me…Mess… Messire Hubert vous réclame, mon seigneur.
   Que pouvait bien lui vouloir le vieux bouc de scyléen pour nécessiter pareille mesure ? Rien de grave assurément. L’Argentier ne faisait que  radoter et pester dès lors qu’un écu sortait de son coffre. Pour  sûr que  ces derniers s’en étaient rapidement allés avec l’annonce du Concile et les frais qui en avaient découlé. Francesco, resté debout depuis l’arrivée de la Dame, s’inclina de nouveau devant elle et son frère.
   – Je vous prie  de m’excuser, le devoir m’appelle.
   Il  les laissa tous deux, se doutant déjà du sujet qu’ils aborderaient. Ne pas y prendre part ne fut pas non plus sans lui  déplaire. Ce monde d’alliances, de commérages et d’intrigues n’était point le sien. Il l’exécrait même et le faisait sûrement paraître pour un homme bien naïf et idéaliste dans les couloirs du Palais. Il n’en était nullement blessé et l’assumait avec toute la solennité qui était sienne. Quant à Félipé, son frère, cet univers lui  était bien plus familier. Le duche s’était même assis au côté de la Bella à la sulfureuse réputation. Il l’avait observé depuis son arrivée impromptue, et ce qu’il  y  avait vu lui  avait rappelé sa propre défunte épouse. Mais alors, dans ces circonstances, ce genre de femme au minois poli et séducteur ne l’étaient jamais par innocence et incrédulité. Ces femmes de pouvoir, comme il les aimait, œuvraient aussi bien si ce n’est même mieux  que leurs amants ou maris. Chaque mot avait un but et devait, lorsqu’ils finissaient par former des phrases, être souventefois décortiqués pour pouvoir  être décemment compris. C’était là, ni plus ni moins, la façon dont disposaient les gens du  sud pour s’exprimer. Adoncques n’aurait-il su être piégé sur ce terrain-là qu’il pratiquait depuis des décennies.
   – Pour répondre à votre dernière question, signora, bien sûr  que la douceur de mes contrées me manque, sinon quoi je ne serai certainement pas emmitouflé dans ses habits que je ne sors qu’aux plus fraîches et rares journées que nous subissons dans le soltaar. Bien moins nombreuses, j’imagine, que dans votre pays.
   Il lui sourit tout à la gratifiant d’un regard aussi complice que prudent.
   – Il est vrai  que  Diantra possède quelques relents néfastes dès lors qu’on y pénètre, reprit-il doucement. Mais en tant que  capitale de notre Royaume, ne pensez-vous pas qu’elle est  à l’image de toutes les terres qu’elle gouverne ? Car je crois bien que  nul d’entre nous ne fut ou n’est exempt de ces odeurs incommodantes en ses propres terres et cités.
   Il repensa un bref instant aux vrais-soltaaris restés chez lui sûrement en train d’ourdir de piètres complots qui finiraient sûrement par se retourner contre eux. En ce point donc, Diantra n'était certainement pas la seule à sentir le purin au sens littéral comme au figuré.

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeDim 15 Déc 2019 - 17:34


Elle prêta volontiers un petit rire moqueur au Duc, lui accordant par la même occasion le point. Las quelle tristesse que Francesco n’ait pu rester avec eux ! Sûr que l’homme, plus austère que son aîné, aurait eu fort à dire sur la question ; voilà pas mal de temps qu’il traînait dans la grande ville, et d’aucun ne douterait que l’ancien Amiral prendrait les voiles plus tôt que tard. C’est qu’il y avait de quoi fuir, ici plus qu’ailleurs. Au moins ailleurs ressemblait un peu plus à chez soi – et quitte à crever quelque part, il était toujours plus agréable de le faire en ses propres murs. Et puis ici-bas l’on ignorait d’où viendrait l’assaillant. Tout semblait propice à la duperie, si bien que l’on en venait même à douter de ses plus fidèles amis.

« Il est vrai votre Altesse, vous parlez juste ». Elle posa ses mains délicatement sur ses genoux après avoir replacé une mèche sauvage derrière son esgourde. Nul doute à présent : le Soltarii se faisait une joie de la mesurer, et au-delà de l’enjeu, la Marquise se sentait flattée d’être – pour une fois – considérée. « Et je crains mon ami que nous ne soyons nous-même responsables des vicissitudes de Diantra. N’est-ce point de notre devoir de ne pas admettre la fange en ces murs ? ».

Pour sûr, elle entrait vivement dans le sujet. L’homme mûr n’était pas un freluquet qu’elle duperait aisément alors préféra-t-elle jouer franc jeu. Là, les langues habiles se déliaient dans un ballet de mi-mots, où chaque anecdote s’apprêtait à cacher une vérité et un non-dit. Ah ! Que les hommes du Sud lui avaient manqué pour cela ; on accorderait volontiers bien moins de finesses aux fiers Nordiens. Tout de même, elle s’assura d’un regard que personne n’était trop près. Ce qu’ils s’apprêtaient à se confier ne saurait soufrir d’une mauvaise publicité. Et les chiens, appâtés par l’afflux grandissant des pairs, s’en montraient plus affamés de ces choses que jamais.
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeMar 17 Déc 2019 - 9:40


   Que la Bella était pleine de surprise et loin des idées reçues qu'il s'était faites de ces froides femmes du septentrion. On les disait bien plus enclines à l'obéissance qu'à la réflexion. Certaines pourtant avaient eu des réputations de femmes guerrières. Du moins, c'était là les récits et légendes rapportés par les ménestrels et autres grands voyageurs. Il comprit néanmoins que l'intelligence ne disparaissait peut-être finalement pas une fois la traversée du Médian faite. Félipé ne put donc qu'acquiescer à ces dernières paroles aux senteurs de souffre. Qu'escomptait-elle néanmoins de lui en lui assénant ceci ? Telle serait la question à creuser dans les prochains instants, car il se doutait bien que la Bella berthildoise s'affairait dans l'ombre à une délicate besogne à quelques jours du Concile.
   – Il y en a et en aura toujours, Signora, c'est là une réalité que nous devrons accepter, lui confia-t-il plein de faux-semblants. Il ne serait donc point question de dire qu'il ne faut l'admettre et la jeter hors de ces murs, je le crains. Permettez-moi plutôt de dire qu'il vaudrait surtout ne point en admettre plus qu'il n'y en a déjà.
   Rendre Diantra propre était une peine perdue d'avance. Celui ou celle prétendant le contraire n'aurait pu passer que pour un bonimenteur ou un fol. Les stolti* diantrais, comme il les appelait, constituaient l'une des quatre roues du carrosse. Malgré leur odeur pestilentielle, leur existence était vitale pour la vie de la cité, et paradoxalement, pour celle du Roy lui-même. Mais cela n'avait pas l'air d'être aussi évident pour la dolce du nord.
   – C'est lorsque l'odeur de la fange s'estompe pour être supplantée par celle de la rose qu'il est vraiment temps de s'inquiéter, la corrigea-t-il avec un sourire malicieux. Dites moi alors, donna Alanya, ce que vous feriez pour conserver l'équilibre des senteurs ? Du moins, le feriez-vous vraiment ; ou préféreriez-vous plutôt obtenir seulement l'odeur la plus exquise que notre nez puisse apprécier ? Car je dois vous avouer que certains en d'autres temps s'y sont essayés et ne sont parvenus qu'à obtenir une malencontreuse émanation mortelle.
   Pour sûr, les désirs de perfection n'étaient généralement pas partagés de tous. L'explication était assez évidente. Nul n'appréciait qu'on le sermonne plus qu'on ne l’honore.  L'équilibre, à la mode suderonne, consistait alors généralement à caresser dans le sens du poil tout en laissant agir le venin  dilué dans la friandise pour obtenir ce que l'on désirait.
   L'empoisonné comme l'empoisonneur y trouvaient leur compte et finissaient par œuvrer finalement dans un but commun, ce que les nordiens ne semblaient réellement pouvoir concevoir.

*Stolti = Imbéciles  

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeJeu 26 Déc 2019 - 21:15

La voix du suderon était doucereuse, autant que ces paroles. Il aurait bien pu tromper le monde entier avec le miel qui sortait de sa bouche, et pourtant il était difficile de ne point souligner la gravité de ces mots. Car là, devant l’étrange banalité et les sourires audacieux du Duc se cachait un jeu qu’elle avait initié sûrement trop vite ; l’Arachnide avait oublié la malice de ces gens-là, et quoi qu’elle en fût un instant un brin étonnée, elle se rassura bien vite en lui répondant par une aimable grimace ; les lèvres étirées, ses yeux ne formaient plus qu’un petit croissant brillant.

« Je vous entends mon ami – et je vous l’accorde bien volontiers : l’on ne peut prétendre à une telle entreprise ; mais vous le savez aussi bien que moi, il y a des choix de moindre mal ».

Et elle en connaissait quelque chose la Marquise ! Malmenée par ses détracteurs depuis son accession au pouvoir, elle avait su choisir ses batailles et ses alliés de circonstance. Ce jourd’hui elle était fière de son époux, et bien qu’elle l’aima profondément, elle ne pouvait nier qu’il l’avait approché un peu plus de son ambition. Elle ne le considérait certes pas comme un vecteur, mais il était pragmatique de considérer les faits comme tel – et Félipé était bien assez intelligent pour s’en rendre compte par lui-même. Dès lors, il traitait avec elle comme il aurait certainement traité avec n’importe quel autre, à cela près qu’il usait de la même langue que l’on prêtait aux femmes.

« Si nous venions à aseptiser l’endroit, nul doute que le terrain serait d’autant plus propice aux maladies. Et croyez-moi bien que l’odeur m’incommode bien moins que la gangrène. Il est moins coûteux d’user de parfum que de remèdes, et l’on se retrouve bien mieux lotit avec nos deux membres qu’amputé ». Là, son sourire trouva une saveur bien différente. Ces allégories à peine masquées ne laissait guère de doute sur l’avis de la Saint-Aimé. « Mais tout cela, vous le saviez Messire ».
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Francesco di Castigliani
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeLun 30 Déc 2019 - 9:21

Le jeu initié par la donna nordienne eut  de quoi confirmer bon nombre de choses rapportées jusqu’à ses oreilles depuis quelques années. On la disait implacable et impitoyable envers ses ennemis, prête même à les excommunier pour satisfaire ses désirs  de vengeance. De là où il s’était  trouvé, Félipé avait  eu  du mal à ne pas y voir une quelconque machination dans l’espoir  de faire passer la bella pour une araignée aussi  mortelle qu’une vipère soltarii. Et puis, lorsqu’il apprit que la berthildoise n’était  point si étrangère aux mœurs du  sud  pour  y avoir  passé elle-même quelques temps de sa vie, il comprit que l’image dépeinte n’était peut-être finalement pas si éloignée de la réalité. Il scruta pourtant le joli minois de cette jeune mère plus louve que  biche, et n’aperçut pas la moindre trace de fausseté. Malgré les chemins dérobés empruntés par ses paroles, elle lui  parlait avec  une sincérité somme toute assez troublante pour  éveiller en lui quelques signaux d’alerte.
   – Vos paroles sont sans nulle-doute pourvues de raison, répondit-il calmement avec un faux-semblant typique soltaar. Je ne vois hélas nul besoin de parfum pour ces jours-ci où le nord et le sud de notre beau Royaume semblent être tous deux réunis grâce au  travail conjoint de l’Amiral et de la cousine de notre défunt régent. N’est-ce point-là l’équilibre parfait des senteurs que  nous  devrions conserver, plus tôt que  de léser de nouveau l’un des deux côtés ?
   Il était le seul à connaître les véritables motivations de son cadet. Quant à la nordienne du Valois, rares étaient ceux  à la connaître et à pouvoir s’en faire  une idée à tel point la femme avait toujours agi dans l’ombre de son parent. Cette régence intérimaire avait  néanmoins eu  de quoi satisfaire Soltariel et ses vassaux puisque l’on se rappelait encore la troublante période durant laquelle la cité des canaux s’était transformée en capitale du Royaume.
   – Ne pensez-vous pas, donna Alanya ? s’enquit-il de nouveau en la gratifiant d'un énième sourire courtois.

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeSam 4 Jan 2020 - 21:59


Sagement, la Marquise lissa les plis de sa robe. C’était devenu une habitude étrange lorsqu’elle réfléchissait – ou lorsqu’elle écouta attentivement son interlocuteur ; et il était impossible de nier qu’elle mettait dans cet échange toute la concentration indue. Si bien que même quelque peu émacié, le Duc ne dérogeait guère de ses attributs. Car, sa sœur – qui l’avait rencontré quelques fois -, lui avait vanté un homme intelligent et bien plus juste que ce que les Soltariis avaient pu connaître ces dernières années. Loin de l’intrigante d’Ys, de l’Anoszia et de l’incompétente Tibéria, lui s’était illustré par la sagesse de ses décisions et de son effacement. Puisque là ! C’était sûrement la première fois qu’un suzerain suderon n’agissait guère que pour lui. En cela peut-être il s’attirait la sympathie et la douceur de la Saint-Aimé qui voyait au travers de ses mires le reflet de son époux.

« Las, non je le crains. Votre frère, tout aussi bon gestionnaire qu’on le prêtant, ne parle guère notre langue. Quant à la Constance, et bien si elle est faite du même bois que les Brochant, elle ne la pratique que de trop. Combien de temps encore avant qu’un d’eux ne plie ? ».

Elle sourit doucement, plantant son regard gris sur le minois pâle de son Altesse. Elle usait de ce même calme, quoiqu’il ne lui en fallut guère trop pour s’y faire ; il lui inspirait une tranquillité certaine. Bien que vigilante, elle le croyait assez honnête pour ne point trop s’agiter. « Dès lors, le conflit ne mettra pas bien long non plus à prendre des proportions terribles, nous impliquant tous volontairement ou non ».

Le Soltaar s’en irait défendre les intérêts de Francesco, tandis que le Nord serait sûrement plus enclin à poursuivre les ambitions de la Vallois. Inlassablement, les choses se répétaient sans cesse. « Alors non, mon ami, je ne crois guère à cet équilibre ». Une lueur traversa ses prunelles alors que ses petites mains vinrent quérir les siennes lentement. Là, la perche tendue était parfaite. « Et si je me dois d'être sincère avec vous cejourd'hui, ce ne serait que pour vous dire que la meilleure chose serait un prétendant attaché au Nord comme au Sud. N’y a-t-il rien de plus important que la famille ? ».
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeMar 7 Jan 2020 - 9:27

Ce fut de manière bien abrupte et cavalière que la Saint-Aimé balaya d'un revers de main la Régence de son cadet et celle de la Vallois. Félipé ne manqua pas d'y éprouver une certaine gêne qu'il fit de son mieux pour contenir. La Bella ne l'avait guère encore habitué à la rudesse nordienne, directe et sincère. A son tour, donc, de jouer en terre étrangère et de se montrer digne de la suite. Toujours est-il que les propos de la berthildoise n'étaient pas dénués d'âpres vérités. Car ni l'Amiral, ni la parente du défunt Brochant ne réussiraient à porter ad vitam eternam le poids du Royaume sur leurs épaules. C'était là même ce que son frère lui avait explicitement avoué avant que la Donna ne s'en vienne les rejoindre. Adoncques n'avait-elle point tort en affirmant que la vicieuse porte des conflits serait de nouveau ouverte.
   Durent-ils dès lors sacrifier de nouveau des années de paix pour avoir confié le gouvernail du Royaume à un faible exécutif ? N'importe quel suzerain avisé n'y aurait vu et anticipé qu'une mort assurée ou pis, préméditée. Il n'était plus l'heure des complots, ni même des projets fumeux visant à faire passer les profits personnels au lieu et place d'une paix commune bien plus profitable qu'une guerre, pécuniairement parlant. Cette même raison l'avait poussé à évincer la Berontii du duché de Soltariel pour rectifier la longue liste de bavures et d'autres monumentales erreurs ayant plongé sa terre natale dans une tragi-comédie plus tragique que comique.
   La proposition qui suivit apaisa ses soudaines craintes. L'idée d'un Régent affilié à la fois au sud comme au nord ne lui était aucunement étrangère. Elle lui plaisait, pour sûr. Fallait-il encore que la Donna joue carte sur table pour révéler le fond de ses pensées, car jusqu'à preuve du contraire, nuls pairs nordiens n'étaient encore mariés au sud. Pensait-elle au jeune Arnaud de Brochant, potentiel candidat ? Bien évidemment que non; elle n'aurait su prêcher pour une autre paroisse que la sienne.  
   – Famiglia... lâcha-t-il finalement après un long silence. C'est là un sujet qui me tient grandement à cœur, savez-vous ?
   Comment y rester insensible après tout ? N'était-ce point pour l'honneur de sa famille qu'il s'était battu pour faire reconnaître le meurtre de son propre père et la mise à mort de son aîné ? N'était-ce point pour elle qu'il se battait encore ce jour d'hui afin de léguer un héritage pérenne à ses enfants ?
   – Dites-moi, donna Alanya, comment pourrions-nous obtenir un tel prétendant ? Votre époux est déjà pris, sourit-il, et je ne saurai épouser une autre que ma défunte Catarina. A moins, bien sûr, que vous n'envisagiez une tierce solution ?!

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeMar 7 Jan 2020 - 15:11

« Ne faites pas l’étonné, mon ami ».

L’Arachnide lui offrit un charmant sourire, se redressant quelque peu sur son assise. Bien sûr que son ton était faussement intrigué ; il n’était point assez crédule pour avoir pensé à un seul instant qu’il en serait autrement. Mais ces jeux de langue avaient cela de plaisant. Au moins pouvaient-ils tous deux feindre la consternation, ou même prêcher pour moitié leur propre avis sans qu’aucun n’en soit plus offusqué que cela. La politique usait de ces systèmes retors, et elle se pliait volontiers aux affres de son emploi. C’était ainsi que l’on élevait les gens de son temps, et ainsi qu’on les élèverait encore bien après eux. Glissant une œillade pétillante de malice, elle poursuivit :

« Nous ne sommes guère plus en âge de nous intéresser à nos seuls intérêts. Et sachez que tout comme vous, j’attache une grande importance aux liens du sang. N’est-ce pas là tout ce qu’il nous reste quand les temps sont durs ? ».

Et plutôt, elle continua à presser doucement ses mains dans les siennes. Ainsi installés, face à face, rien ne pouvait indiquer aux passants qu’il s’écrivait sur ce banc, du Jardin de la Reine, une part de leur histoire. Ce petit enclos privé, à l’ombre des épais remparts et dont personne ne se souciait était le parfait écho de ce qu’il s’y tramait. Loin des pompeuses cérémonies, dans le couvert d’une discussion presque badine, les deux nobles gens s’assuraient de la prospérité du Royaume. Sûrement, c’était un bien ironique spectacle. Avec le flegme de ces dames, elle leva le nez pour perdre ses yeux un instant dans l’immensité du ciel.

« Qu’adviendra-t-il lorsque nous ne serons plus ? La régence, Monsieur, n’est qu’un premier pas à notre prospérité à tous. Le reste ne se jouera qu’après ; nous aurons beau donner à notre Roy bien-aimé nos plus sages conseils, lorsqu’il sera adulte, ce sont d’amis dont il aura besoin. D’amis avec la même vigoureuse jeunesse qui nous fait défaut, je le crains ».
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeMer 8 Jan 2020 - 10:44


Comment ne point voir clair dans le jeu de la sulfureuse nordienne lorsqu'icelle lui envoya des signaux fort bien luminescents ? Elle ne jouait guère au jour le jour comme de nombreuses âmes ô combien trop accaparées par leur simple et courte existence. Elle vint seulement lui révéler qu'elle souhaitait plutôt miser sur l'avenir plutôt que sur le présent. Félipé sourit une énième fois ; cela commençait à devenir une habitude à chaque fois que la Donna lui susurrait à l'oreille quelques mots tout en lui prêtant ses douces mains. Sous ses faux airs de sainte-mère se cachait donc d'étonnantes ruses et autres stratagèmes qui vinrent le conforter dans le portrait qu'il s'était peu à peu imaginé depuis leur rencontre.
   – Je partage ici votre point de vue, répondit-il avec douceur. J'ose assurément fort bien espérer que nos héritiers sauront conseiller et aider notre Roi lorsque nous ne serons plus en mesure de le faire ; vous avez entièrement raison.
   Au delà de cette banalité se calfeutrait pourtant une idée qui semblait bouillonner dans la jolie tête de sa voisine. Il lui restait néanmoins à savoir si ce qu'il pensait s'avérerait vrai.
   – Je ne manque guère de petits enfants, reprit-il. Quand bien même ceux-ci sont les prunelles de mes yeux, je ne saurai parler au nom de mon aîné et de son épouse. Je puis néanmoins me faire le fervent défenseur d'une idée qui n'aura d'autre but que de nous rendre amis, soyez en assurée. Il la regarda avec un faux air innocent, attendant patiemment qu'elle fasse un nouveau pas dans la direction qu'il escomptait. Quid maintenant des prochains jours ? Cela ne vous aura sans nul doute guère échappé que le Concile aura bientôt lieu et que j'y siégerai tout comme votre époux. Dois-je alors y voir une corrélation ?

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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeMer 8 Jan 2020 - 17:07


Ainsi confortablement installée dans sa toile tendue, la vilaine Araignée aux prunelles brillantes offrait son plus beau sourire. Là, il aurait été bien triste que de lui répondre tout-de-go ce qu’il voulait entendre. Non, le suderon bien emmitouflé sous ses pelisses la jaugeait à coup sûr ! Aussi ne devait-elle faillir à ses attentes. Poussant un petit soupir, les paupières mi-closes, elle retira délicatement ses doigts. Félipé était habile politicien, et la ruse escamotée sous quelques babillages ne l’inquiétait point de trop. D’apparence détendu et avenant, la Marquise se méfiait tout de même ; le miel attirait volontiers les insectes les plus intrépides pour mieux les piéger.

« Là non ! Comment l’ignorer ?! A croire que toute la capitale s’est arrêtée de vivre jusqu’à l’annonce du prochain Protecteur du Roy ». Elle laissa échapper un petit rire ironique de ses lippes. « Et puisque nous sommes amis, alors je ne saurais vous mentir tout à fait en vous disant que ces choses sont parfaitement décorrélées ». Elle se tourna encore un peu vers le Soltaari, plongeant ses mires dans les siennes. « Vous êtes un homme sage Messire. A la lumière de ces choses que nous nous sommes dîtes, alors sûrement nos intérêts vous apparaîtront plus conjointement liées que jamais ».
« Et puisque le temps presse nos décisions, alors devrons nous œuvrer nous-même avant nos enfants pour leur offrir le terrain le plus propice ».
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MessageSujet: Re: A l'ombre des remparts [Ouvert]   A l'ombre des remparts [Ouvert] I_icon_minitimeVen 10 Jan 2020 - 9:59

Hrp pour Alanya:

Enfin la messe fut dite. Il n'en éprouva qu'un temporaire réconfort venu s'assombrir par toutes les craintes et suppositions qu'il s'était faites en amont de ce Concile. La bella donna s'était donc mise en tête de se faire porte-parole d'un époux briguant la succession du sieur de Brochant. Il ne douta pas un seul instant qu'il n'avait point été le seul à venir se faire visiter durant sa promenade matinale. La femme qui lui faisait face était bien trop habile pour ne pas y avoir veillé. Conscient de ce qui se jouait à présent, Félipé n'en resta pas moins le plus impassible possible tout en continuant –  de temps en temps –  à gratifier la belle d'un sourire à demi-franc.
   Louis de Saint-Aimé... Que dire de cet homme qu'il ne connaissait pratiquement pas ? Sans-doute une rencontre en amont eut été la meilleure des choses à faire. Mais il commença doucement à comprendre pour qu'elle raison l'épouse y fut sans nul doute missionnée à sa place. Le sire de Berthilde, tout comme lui, ignorait sûrement tout à son sujet. Ils s'étaient pourtant vaguement rencontrés le jour du Procès marquant la fin de la malheureuse duchesse Tibéria. Ils avaient œuvré ensemble, sans le vouloir, pour dénoncer la trahison du fâcheux couple ducal. Il ne l'avait point oublié et ne l'oublierait sans-doute jamais. Pourquoi alors ne point revenir évoquer de vieux souvenirs avec lui-même ? Ne partageaient-ils point la même langue à quelques accents près ?! On disait le Saint-Aimé pieux et juste. Le Soltaar tout entier le disait lui-même comme tel, quitte à l'avoir affublé du gentillet sobriquet de Père-Soltaar pour toutes les œuvres qu'il avait mises en place, comprenant la construction du Duomo Santa-Catarina et des multiples hospices dédiés aux souffreteux et autres ladres.
   Cette soudaine absence de celui qui souhaitait tout autant protéger le Roi que de régenter le royaume tout entier le chagrina suffisamment pour appréhender la candidature du nordien. Il lui fallut pourtant ne rien en montrer et conserver une attitude innocente ; quoique troublé par la venue soudaine d'une vilaine quinte de toux.
   – Pardonnez-moi, donna bella, exprima-t-il une fois la crise passée. Je crains que ma venue à Diantra m'ait offerte quelques désagréables surprises. J'ose à peine imaginer ce qu'il adviendrait de moi si j'allais visiter votre pays.
   Son sourire marqué par l'irritation qui lui contaminait la gorge lui donna des airs d'épuisement.
   – J'ai bien entendu vos paroles, reprit-il avec plus de facilité. Et j'y réfléchirai de nouveau lorsque j'aurai regagné le confort et la chaleur de ma demeure.
   Le capitaine de la Guardia, Antenore Ciguiello, arriva près de lui pour l'aider à se relever du petit banc. Il lui prêta son bras sur lequel il put s'appuyer pour mieux se relever.
   – J'aimerais vous inviter un jour prochain, vous et votre époux, à venir découvrir les terres qui m'ont vu naître. Le climat y est doux et paisible, tout comme la nourriture y est bonne et souventefois gorgée de sucre comme vous le savez sans-doute. Je gage néanmoins, donna Alanya, que votre homme saura y prendre goût et parfaire ses connaissances des terres et des gens habitant le sud de ce Royaume, sourit-il. Vous et moi seront ses guides, assurément. J'ai aimé en tout cas converser avec vous. Vous m'avez rappelé mon épouse dont l'absence m'est aujourd'hui un fardeau dur à porter, glissa-t-il, le regard empli d'amertume. Transmettez mes salutations à votre famille, signora Alanya.  
   Il la salua du mieux possible avant de s'en retourner avec ses hommes à la lisière du Jardin de la Reine. Sa dernière pique envoyée ne manquerait certainement point de faire comprendre à la belle qu'il n'était en réalité guère encore décidé. Pour une telle chose, seul le temps et la réflexion lui permettraient de faire son choix.

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