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 Un retour triomphal dans la fange.

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Kerath
Drow
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MessageSujet: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:19

Il n’avait pas attendu bien longtemps, quelques heures à peine pour déposer sa fidèle armure rouge sur un mannequin qui n’attendait que ça dans ses nouveaux quartiers dans l’Etat-Major. En réalité si ç’avait prit des heures c’était aussi parce que, par habitude, il avait rejoint le quartier général du second ost dans les Profondeurs au lieu de rejoindre directement la Chambre Magmatique. Être salué par tous les drows en arme qu’il avait passé lui avait fait bizarre, il ne s’y était pas encore habitué. Il ne s’était pas non plus fait à l’idée que désormais il vivrait dans le plus beau palais du Puy. Il aurait dû ressentir une fierté particulière en se disant qu’un fils d’esclave avait atteint l’un des rangs les plus importants de la société daedhelle. Pourtant il gardait son regard baissé sur le sol, les épaules voutées sous le poids de la responsabilité qui était maintenant sienne et il maudissait Krish.

Il avait attendu des siècles, s’interdisant de la regarder avant d’être devenu Karliik Glenn, pour poser les yeux sur la fresque de l’Eda Vengeur et maintenant il n’y arrivait pas. Finalement il aurait préféré que sa reine ne lui révèle rien de ce que le Père avait pu lui dire. Il aurait préféré la douceur de l’ignorance à la peur écrasante de l’échec. Et puis il se demanda si Uriz n’avait pas déjà condamnés des générations entières aux P’leiks parce qu’ils avaient échoués. Peut-être que non, peut-être que ce serait la première à tomber entre les mains expertes de Kiel en cas d’échec parce que la patience du Créateur approchait dangereusement de ses limites. Mais si c’était le cas alors pourquoi maintenant ? Ne pouvait-il pas attendre davantage ?

« Qu’est-ce que le passage du temps pour un dieu ? » Murmura le grand drow en déglutissant. Peut-être était-ce une simple tromperie pour pousser Ses enfants à combattre mieux. Combattre plus. Mais si c’était le cas alors pourquoi Son avatar s’était-elle montrée pusillanime ? Et pourquoi Uriz essaierait-il de tromper les drows, après tout c’était là le domaine de Tesso. Mais la déclaration que Kerath avait entendu lui avait été rapportée par Krish… il secoua lentement la tête, elle n’aurait pas osé contrefaire les paroles du Père et puis si elle avait osé ce dernier l’aurait sans doute puni.

« Alors pourquoi ? » Murmura à nouveau le soldat dans le vide en s’arrêtant finalement de faire les cents pas devant la fresque pour oser poser les yeux dessus avec un regard brillant d’une colère contenue. La tête levée, se tenant bien droit, comme s’il saluait un supérieur, les bras dans le dos, se tenant le poignet droit avec la main gauche, les pieds écartés, il ne regardait pas la fresque dans son ensemble mais fixait une représentation d’Uriz triomphal qu’il avait trouvé au premier coup d’œil.

Sans adversité, l'être s'affaiblit et déchoit.

Il n’avait jamais oublié ce verset des Révélations d’Elda, c’était le premier qui lui avait vraiment parlé, c’était celui qu’il avait élevé au rang de vérité universelle dès qu’il l’avait entendu pour la première fois. Lui qui s’était battu depuis ses premières années pour survivre c’était ce verset qui l’avait transformé si tôt en fanatique sans que les prêtres n’aient à faire grand-chose. Son opinion sur le sujet n’avait toujours pas changé, elle s’en était presque vu renforcé au fil des années mais est-ce qu’Uriz en était venu à penser que l’adversité n’était plus un moteur suffisant ? Et si oui qu’est-ce qui avait bien pu le motiver dans cette réflexion ? Qu’est-ce qui avait bien pu confirmer ces pensées ? Se poser des questions sur les pensées et motivations d’une divinité étaient futiles, vaines, il le savait très bien mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Pas en étant menacé d’une éternité dans une geôle gelée alors qu’il avait passé sa vie à tout faire pour ne jamais faire preuve de lâcheté et à toujours se battre. Il ne prétendait pas mériter une place au Nahali, après tout seul Uriz pouvait en décider, mais il n’arrivait pas à voir ce qu’il avait bien pu faire pour recevoir une place dans les P’leiks. Il ne voyait pas mais le Père avait-il besoin d’une raison ? Après tout il était mercuriel, chaotique et pouvait se montrer aussi arbitraire qu’il le souhaitait. Il n’était pas Meingal.

Sans bouger, Kerath laissa son regard vagabonder.

Il ne sut combien de temps il resta devant la fresque, à la contempler la fresque, à méditer et à prier mais ça n’avait pas d’importance. Il alla finalement aux cuisines de l’Etat-Major pour engloutir tout ce qui lui passait sous la main et finalement il en sortit pour rejoindre les Profondeurs. Il refusa tous les soldats qui voulaient se joindre à lui et si quelqu’un voulait lui parler sur le chemin, le quelqu’un en question eut une mauvaise surprise. Le général muet et sans patience se dirigea ensuite vers le labyrinthe où il passa devant une académie militaire. Son académie militaire. Vu qu’il était partie pour raviver des souvenirs, autant commencer par ça. Il monta les marches avant de se faire arrêter par les hallebardes de soldats qui montaient la garde et qui le regardaient depuis qu’il s’était arrêté devant le bâtiment. Toutefois il n’eut qu’à sortir son anneau d’onyx pour que les armes se lèvent et qu’un salut retentissant ne lui accorde l’accès à l’académie. Arpentant les couloirs au son des combats dans les cours intérieures, Kerath ne faisait pas attention au gens qui le saluaient sur son passage. Il se dirigea vers l’une des cours d’entraînement où les instructeurs lui jetèrent d’abord un œil circonspect avant de se le saluer à leur tour en voyant l’anneau qu’il avait laissé se balancer librement sur sa poitrine. Les cadets s’arrêtèrent en voyant la scène mais ils n’eurent pas le temps d’imiter leurs aînés que le Karliik Glenn s’en allait déjà.
Il avait connu cette partie du Puy comme sa poche et pourtant il avait tant changé qu’il devait le redécouvrir aujourd’hui. Ce qui n’avait rien d’étonnant en soit, les Basses-Fausses changeaient souvent et même ceux qui y habitaient pouvaient se rendre compte des changements qui s’opéraient autour d’eux alors pour quelqu’un qui n’y était pas revenu depuis plus de trois siècles, forcément, il se sentait perdu. Il avait rangé son anneau d’onyx sous sa tunique noire, il marchait lentement dans les ruelles en regardant du coin de l’œil les gamins le zyeuter avant de disparaître dans les ombres, ne laissant pour seules traces que des murmures pour les plus discrets, des rires pour les autres. Plus il pénétrait profondément dans le quartier et moins les gens se faisaient distants sans pour autant perdre leur agressivité, il pouvait voir sans mal des rayons de lumière se refléter sur une lame qui passait furtivement dans une main. Mais il ne s’arrêta pas pour autant, il fallait dire qu’après s’être battu sur des champs de bataille les quelques brigands de la Basse-Fausse pouvaient toujours essayer de l’intimider. Il erra encore un moment dans le même quartier avant de finalement abandonner. C’était peut-être stupide de s’attendre à ce que la maison dans laquelle il logeait, avant de rejoindre le temple de Natha, soit encore debout. Il retourna alors sur ses pas pour retrouver le temple de Natha en quesiton.

Le général fut finalement arrêté dans une ruelle étriquée par une poignée d’adolescents avec des armes improvisées en main. L’un d’eux, aux cheveux relativement courts et qui semblait être le chef fit un pas en avant.

«T’es perdu, tu cherches quelque chose ? » Croisant les bras sur son torse Kerath regarda le chefaillon en haussant un sourcil.

« Pas quelque chose. Quelqu’un. Tu connais le Veld’ ? »
« Pourquoi, t’es de la Doth’ka ? »
« Non mais s’il te faut un truc je peux demander au Barra. » La réplique fit rire les adolescents, les bravades dans le style étaient courantes dans ce quartier-là, un quartier particulièrement pauvre, même pour les Basses-Fausses, surenchérir était presque un signe d’appartenance au quartier en question. Même si, pour le coup, il était en mesure de réellement parler au Barra au besoin ce qui n’en était pas réellement une bravade mais ça le jeune en face de lui ne le savait probablement pas vu que son anneau d’onyx était repartis aux côtés de son amulette, sous sa tunique.
« Pas la peine, je demanderais à la reine, elle ne refusera rien à son témoin. » Ajouta-t-il avec un grand sourire qui dévoilait toutes ses dents. « Mais en vrai qu’est-ce que tu lui veux au Veld’ ? »

« Je suis un ami. » L’adolescent lui lança un regard empli de suspicion. « Un ami d’enfance. » La précision ne sembla pas le satisfaire. « Je t’attends là avec tes potes, va lui dire que Sagar est revenu et qu’il a intérêt à avoir tenu sa promesse. »

L’adolescent hésita un instant avant d’hocher rapidement la tête et de partir au pas de course alors Kerath tournait en rond en regardant tour à tour ceux qui étaient restés là jusqu’à ce que finalement le chef de la bande revienne en haletant.

« Il veut vous voir. » Lâcha-t-il avant de faire signe au colosse de le suivre. Ce dernier obtempéra, il fut mené dans un dédale de ruelles jusqu’à une taverne miteuse devant lequel se tenait un drow d’arme qui, sans pour autant être aussi imposant que Kerath, n’avait pas à se plaindre ; ce qui en impressionna plus d’un en voyant le Karliik Glenn arriver car nombre d’entre eux pensaient que le garde à l’entrée était le daedhel le plus imposant qui existait. L’intérieur était éclairé par une ou deux bougies réparties dans la pièce ce qui, même pour des drows, rendait l’endroit très sombre. Les flammèches ondulaient à peine sur les courbes d'une catin médiocre du côté de la salle vide le plus éloigné de la porte. A genoux sur une table de bois qui n'aurait pas pu supporter beaucoup plus que son poids, la jeune femme couverte de tatouages se cambrait et se caressait suggestivement au rythme d'un joueur de kora aux mains particulièrement pesantes sur des accords soi-disant érotiques.

Le claquement caractéristique d'une paume sur une peau ferme et charnue retentit suivit d'un rire assez peu amène.

- T'entend ? Il est mou ! Allez remue ça un peu mieux si tu veux qu'on te garde, chérie.

Au tour de la table, un banc et quelques chaises formaient le seul point d'activité de la pièce. Même l'homme derrière le bar avait discrètement quitté l'endroit en voyant le nouveau venu franchir le seuil. Un tonnelet était posé près des quatre convives et ils plongeaient directement leurs chopes en étain dans le liquide qui n'avait aucune chance d'être de la bière tout en se passant une grossière pipe en bois.

Deux hommes assez jeunes, aux visages et aux bras aussi couturés que tatoués partageaient leur danseuse avec une femme portant un nombre impressionnant de piercings et une gamine qui ne devait pas avoir plus de cent ou cent-vingt ans. La plus jeune avait la moitié du visage recouvert de tatouages à la gloire de Valas mais leur piètre qualité laissait voir les cicatrices que les dessins étaient sensés camouflés. Elle retenait avec grandes difficultés un fou rire que semblait partager son voisin de droite depuis que la plus âgé avait rappelé à l'ordre le bout de viande qui se trémoussait devant eux.
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MessageSujet: Re: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:20

Les quatre paires d'yeux se posèrent sur le nouveau venu dès qu'il fit deux pas à l'intérieur. Des molosses n'auraient pas eu l'air moins avenant. La plus âgée des deux femmes ravala un rictus et gratta le côté d'un pic de métal qui suivait la ligne de son nez avant de saluer le grand drow d'un vague signe du menton.

- Alors c'est toi Sagar... " Elle le détailla de la tête aux pieds, le menton toujours levé en une bravade silencieuse. C'était bien lui mais il ne répondit pas, à la place il laissa son regard embrasser la pièce, il nota d'ailleurs que le guide qui l'avait amené jusqu'ici ne l'avait pas suivi, dans l'espoir d'y trouver son amie d'enfance mais sans succès. Après avoir superbement ignoré celle qui semblait être la chef il se tourna finalement vers elle.

« C'est moi. Où est Elg? » Il fit un pas en avant et s'apprêta à en faire un second.
- Y'a plus d'Elg. ça fait soixante-quinze putains d'années qu'il y a plus d'Elg et qu'on me casse les couilles avec la mère de Sagar. Hein, chouinard.
- Ça va. Fout la paix. " gronda le moins hilare de la bande en tirant un bon coup sur leur pipe commune avant de la passer à la gamine. " J'avais une dette. " L'homme gratta l'une des imposantes cicatrices de griffe qu'il avait au menton et hocha la tête en direction de leur hôte. " Qu'est-ce que tu veux au Veld' ? "
« La libérer de son serment. Si elle est encore en vie. » Cette fois il parlait au groupe et non pas à une personne en particulier avant de se focaliser sur la grande gueule de l'assemblée. « Si t'as un problème avec moi on peut aller régler ça dehors. »
- Oh mais avec plaisir mon chou. T'as besoin d'une arme ou tu as assez de gueule pour y aller comme ça ? " La question fit sourire Sagar qui se mit de profil pour la laisser passer afin de la suivre dans la ruelle de son choix, lui indiquant la sortie du bras, au cas où elle voulait se débiner.
- Mais tu vas la fermer ta gueule, Kryn' ?! " En se levant pour attraper sa compagne par le bras, l'endetté avait bousculé la danseuse qui avait manqué s’étaler au pied de la table, provoquant l'amusement de la plus jeune des quatre criminels. " Oh ! Casse toi, grognasse ! "

La jeune femme ne demanda pas son reste et glissa sur ses pieds pour s'éloigner sur la pointe des pieds, la gamine au visage à moitié déchiré lui criant de l'attendre dans sa chambre. Voyant qu'il n'allait pas se battre tout de suite, le Karliik Glenn se remit de face une fois que la grognasse en question s'en était allé mais c'était sans compter la fougue guerrière de Kryn. Les deux combattants allaient recommencer à monter la situation en épingle quand le dernier de la mange croisa les jambes en se renfonçant sur le dossier du banc pour lâcher quelques mots sans hausser le ton le moins du monde.

- Et si on se détendait, hein ? On a un invité aujourd'hui. Et de ce que je sais, il a passé ces derniers siècles dans l'armée. Vous voulez pas plutôt qu'on prenne un verre ? T'en dit quoi, toi ? " ajouta-t-il en prenant la plus jeune à parti.

Pour toute réponse, la toute jeune femme s'étendit sur la banquette pour poser la tête sur les genoux de l'homme dont la joue était ornée d'un magnifique dragon en vol qui lui redescendait dans le cou.

- Elg' est morte. " lâcha finalement le taciturne juste après que la dénommée Kryn' ait dégagé son bras pour se rasseoir, non sans avoir jeter un regard volcanique à leur visiteur. Elle eut droit à un nouveau sourire, carnassier cette fois-ci, un sourire porteur d'un défi qui ne resta pas longtemps, il redevint sérieux bien vite.

« Je peux savoir comment? Et si tu as fait tient son serment? »
- Elle est morte de la gangrène. Une blessure mal soignée ne fait pas bon ménage avec notre cher foyer. " continua l'homme au dragon en se décalant pour inviter son compagnon taciturne à s'asseoir près de lui, dégageant un chaise à l'intention de Sagar qu'il accepta d'un hochement de tête avant d'aller s'asseoir dessus. " Et honnêtement je m'en porte pas plus mal. Je me fous des serments qu'elle a pu faire. En ce qui me concerne, elle les a emporter dans la tombe. " Il tira sur la pipe que la gamine venait de lui glisser entre les lèvres et souffla un nuage de fumée grise avant de poursuivre. " Mais vois-tu, ce n'est pas le cas d'Ek'Vor.
- Mais c'est entre elle et moi. C'est pas une chose dont tu peux me libérer. " Il haussa un sourcil mais ne répondit rien.

Le taciturne grommela avant de plonger résolument le nez dans sa chopine sous le rire horripilant de Kryn'.
- Soixante-quinze ans, putain... " crachota-t-elle, tirant sur la corde qui était déjà sur le point de rompre a voir les phalanges blanchies de sa cible.
- Il a repris les serments de ta chère amie à son compte et nous nous sommes arrangés pour qu'il ait une chance de les tenir quelques années de plus. " Un sourire entendu fleurit sur ses lèvres. " Alors pourquoi tu ne poses pas la question qui te brûle les lèvres à notre cher ami ? "
« Parce qu'il a pas l'air de vouloir y répondre et s'il ne veut pas, tant pis, je ne veux pas le forcer. Par contre si tu veux vider ton sac je t'écoutes. Je peux vous aider, vous récompenser... si tu as bel et bien tenu le serment qu'a fait Elg. Demandez moi quelque chose et si je peux c'est à vous, une fois que je serais certain que ma mère est bel et bien en vie. J'ai des plans pour "notre cher foyer" comme vous l'appelez si bien mais je vous en ferais part plus tard.»
Un léger rire secoua l'homme au dragon.

- Alors ça c'est pas très sympathique de ta part. Désamorcer mes effets dramatiques comme ça, sur un simple coup de tête ! Moi qui comptait mettre des conditions à cette touchante réunion de famille. " Il repoussa la gamine qui dut se rasseoir correctement tout en continuant à fumer, les yeux braqué sur Sagar. " Ta mère est en vie. Et je ne sais pas exactement quel grade tu as mais je suis sûr que tu connais quelques personnes biens placées dans l'armée."
« Je suis le Karliik Glenn. » L'homme marqua un petit temps d'arrêt mais ne se dégonfla pas.
"Alors c'est simple. Tu te débrouilles pour qu'une descente de l'armée ait lieu le premier jour de l'ennéade prochaine. Peu importe le motif, j'ai besoin d'une pagaille monstrueuse au deuxième étage des Basse-Fausse dans le quartier qui borde les thermes à l'abandon. J'ai quelques soucis avec un forte tête qui braille qu'elle est de la famille du Grand Architecte, alors arrête, tue ou embarque qui tu veux dans ce quartier. Je veux qu'elle m'oublie totalement durant une après-midi. Est-ce que cela te semble être dans tes cordes ? "
« Accordé mais tu auras ta diversion qu'une fois que j'aurai ma mère. » Il regarda finalement les autres un par un. « Et vous, qu'est-ce que vous voulez? »
- Très bien. Tu verras ta mère. Mais seul et ne t'attend pas à pouvoir l'embarquer facilement. Elle sera déplacer et tu pourras la revoir une fois que tu auras tenu ta part du marché. Oh. Et inutile d'envoyer la Doth'Ka pour le faire à ta place, ce quartier est un tombeau. Nous le savons tous les deux... Nous avons un accord ?"
« Tu ne verra pas l'ombre d'une ombre mais si tu tentes un truc je te pourchasserais jusqu'en Anaëh. Si on est d'accord alors on a marché. »
Il avait parlé sans se préoccuper des volontés des autres, mais Kryn', la gamine et le taciturne s'entre-regardaient, circonspects. Karliik Glenn... Le Karliik Glenn... Kryn' et la gamine en avaient des étoiles dans les yeux, quoi que ce fut pour des raison très différentes. Loin de cette excitation, et loin des accords attendu par l'homme au dragon, le taciturne s'était lancé avant que le principal intéressé ne puisse répondre à son compère.

- Trouve à Elg' une sépulture descente et fait un sacrifice pour elle. " Il chercha volontairement le regard de Sagar, ignorant le soupire sonore de la guerrière. " Que des véritables prêtres veillent sur elle et prient pour sa Flamme. Peut-être que l'attention d'un Karliik Glenn lui évitera de passer l'éternité dans un endroit pire que celui-ci. "
« Accordé mais je ne peux pas décider du sort de sa Flamme à la place des dieux. Et vous deux? » Demanda-t-il à la gamine et à la soupirante.
- Un combat. Si je gagne, je veux une maison dans les profondeurs et ma réintégration dans l'armée à mon grade de Kyorl.
- Kryn'... " cracha le plus taciturne, son visage déformé par le dégoût.
- Hey. On vit pas tous de drame en se roulant dans un coin pendant sept décennies. Sans rancune " ajouta-t-elle à l'intention de l'homme au dragon avant de se retourner vers leur invité. " Alors Sagar ?
« Je pense pas que tu aura de quoi entretenir une maison dans les profondeurs mais d'accord, je peux t'avoir ça. Quant à ta réintégration, j'ai besoin de savoir pourquoi tu as été viré pour déterminer si c'est possible ou non.»
- Indiscipline. " Elle lui servit son sourire le plus carnassier en ajoutant " J'ai cassé le nez de petits merdeux primas et j'ai tué un autre Kyorl qui ne comprenait pas que je préférais me taper son cheval que lui. "
« Les prêtres de Meingal s'en sont mêlés? »
- Ouais et alors ? " Son ton bravache était instantanément devenu agressif. " Qu'est-ce que t'en a à foutre de qui s'est penché sur mon cas ? T'es Karliik ou pas ? "
« C'est bien pour ça que tu vas baisser d'un ton. » Gronda-t-il, prêt à se lever pour lui donner dès maintenant son combat.
- Alors là, t'es pas tombé sur la bonne cliente. " Gronda-t-elle plus fort que lui en se levant à nouveau, rapidement imité par Sagar qui profita du mouvement pour donner de l'élan à son coup de poing visant le ventre de la guerrière qui projeta la table d'un coup de genou. La table branlante ne résista pas au coup de Sagar et elle vola en éclat dans la direction de ses propriétaires alors que le Karliik Glenn, son coup désormais avorté, se jeta sur Kryn, la plaquant au sol pour lui asséner le coup qu'il lui réservait deux secondes plus tôt mais cette fois à la tête.
« T'es une meilleure cliente maintenant? » Demanda-t-il en relevant son poing pour frapper à nouveau.
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MessageSujet: Re: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:21

Kryn rouvrit les yeux après le coup violent qu'elle reçu dans le nez pour, au lieu de répondre, tenter de crever les yeux du colosse au-dessus d'elle ce qui fit office de réponse pour Sagar qui abattit à nouveau son poing avant de relever une fois de plus son bras. Voyant que la daedhelle ne voulait pas abandonner il allait frapper mais il sentit quelque chose tenter de retenir son bras ce qui ne suffit pas à l'arrêter et la guerrière eut droit à un troisième coup en plein visage qui la sonna suffisamment longtemps pour que le Karliik Glenn se relève et qu'elle soit tirée en arrière par le taciturne ; aussi bien pour qu'elle ne se fasse pas à nouveau frapper que pour qu'elle ne continue pas le combat. Quant au colosse il retourna s'asseoir sur la chaise qui lui avait été si gentiment proposé plus tôt.

« Si les prêtres t'ont viré alors laisse tomber, demande autre chose. »
- Je veux rien d'autre de ta part, déserteur. " Kryn' cracha littéralement ses derniers mots accompagnés d'un glaviot sanglant. D'une main, le taciturne la força à mettre la tête en arrière le temps qu'il l'examine et sortit un pan de tissus dont les lavages successifs ne permettait plus d'enlever entièrement les tâches de sang visiblement.
« Si t'en veux encore on peut toujours aller dehors. » Il la fusilla du regard lorsqu'une voix lui fit tourner la tête.
- Mais moi je peux encore demander quelque chose ? " La plus jeune s'était levée pour contourner les deux guerriers qi continuaient à s'écharper à voix basse.
« Je t'écoute. »
La jeune femme s'approcha et proposa la grossière pipe en bois au colosse qu'il déclina, faisant attention de ne pas glisser sur les éclats de la table brisée. Puis elle se glissa jusqu'à son oreille.

- Est-ce que vous pourriez m'obtenir le droit de consulter n'importe quel ouvrage de l'étude noire et de l'étude de l'inconnu ?
« Je ne peux rien te promettre mais je vais voir avec le Prime Sorcier, dans le doute, réfléchis à un autre souhait. »
- Dans ce cas, je voudrais une mèche de cheveux du Prime Sorcier. " répondit-elle du tac au tac, les yeux luisants d'une lueur extatique.
« Pourquoi faire exactement? » Les demandes étaient suffisamment étranges pour qu'il plisse les yeux en regardant la jeune drow.
- Je suis obligé de le dire ?
« Valsrik va sûrement me demander pourquoi. »
Au son du diminutif, la jeune femme frémit et elle regarda un peu plus intensément leur étrange hôte.
- Vous pourrez lui dire que c'est pour Mith'sin et qu'elle est très admirative de l'élu de la Chimère. C'est un gage. Un souvenir. Une preuve qu'il existe et que j'ai eu la chance d'approcher une parcelle infime de sa glorieuse imperfection.
« Et pour les livres, je dois lui dire quelque chose? »
- Non. " sourit-elle seulement en se redressant, reprenant un volume normal. " Enfin peut m'importe. Tout ce qui peux vous aider, Tesso vous inspire. J'aime les livres et on a pas vraiment l'occasion de pousser nos études par ici. "

La mention du menteur lui arracha une moue dépréciative mais il se contenta d'hocher la tête. Les mains sur les hanches, elle sourit de plus belle au grand homme à la trogne de vétéran. Une voix toujours aussi calme se glissa à nouveau dans la bataille, juste derrière le dos de la jeune femme qu'un bras vint enlacer en traitre.
- Fait attention, je vais finir par croire que ta générosité cache quelque chose... Ou alors c'est qu'un noble général se souviendrait vraiment de ses origines ?
« Est-ce que j’ai une gueule de prima ? » Grogna-t-il en levant la tête pour regarder le drow au tatouage. « On est pas moins valeureux parce qu’on est pas né dans le Prime Quartier, j’en suis la preuve vivante mais c’est pas une excuse pour que les basses-fausses restent comme ça. Je vais offrir à chaque habitant de notre cher foyer une occasion de rentrer dans les osts pour servir les dieux, pour aider la réalisation de l’Eda Vengeur. Faites passer le mot, des soldats vont venir, que ceux qui sont intéressés s’adressent à eux, ils resteront jusqu’au départ pour la prochaine campagne. » Cette fois, l'homme au dragon perdit de sa superbe. Une présence militaire permanente pendant quoi ? une ennéade ? Un mois ? Combien de soldats se feraient étripés dans les coupes gorges ? Oh parce qu'il y en aurait, ça il n'en doutait pas. Chaque eldéen avait une chance d'entrer dans les osts ou de faire ses preuves. Ceux qui se trouvaient relégués dans la Basse-Fausse étaient soient ceux qui ne l'avaient jamais saisie, soient ceux qui avaient démérité par la suite... Et parmis ceux-là il aurait été stupide de ne pas se souvenir que les plus incontrôlables des bons éléments n'étaient pas toujours tués ou soumis... Hélas pour les grosses huiles.

Si les quartiers alentours étaient des zones crasses ou règnaient un non droit encore plus aviliçant qu'ailleurs, ce n'était pas pour rien. Les habitants étaient aussi ingérables que les bâtiments étaient délabrés. Pourtant, l'homme ne dessera pas les lèvres. Son regard se fit seulement plus pensive. Il réfléchissait, serrant tranquilement sa poupée au visage mutilée contre lui. Au moins ils avaient un sacré avantage : ils le savaient avant tous les autres groupes du quartier.

Sagar, lui se tourna vers Kryn, un léger sourire flottant sur ses lèvres. « Si tu arrives à convaincre la prêtrise de Meingal de t’absoudre de tes crimes tu es la bienvenue. »
- Va te faire foutre. " gronda-t-elle en lui adressant un signe particulièrement grossier pendant que son comparse tamponnait encore son arcade sourcilière avec le fond d'alcool récupéré dans sa chope.
« Plus sérieusement il y a peut-être un moyen, si tu es certaine de ton innocence demande une ordalie, si tu veux toujours te battre contre moi je me proposerais comme champion. Si tu gagnes tu sera réintégrée. »
Un oeil rouge à la paupière enflé se posa sur lui. Un faible acquiessement d'une nuque raide. Ô oui, elle leur ferait cracher leur ordalie... Et ce même si l'homme qui s'esquintait à la soigner lui remettait violement la tête droite pour continuer son oeuvre tout en l'insultant une fois de plus.
- Demain matin. Vient seul à la boutique de l’apothicaire sur la rue qui passe juste devant. La devanture est à moitié cachée par des planches peintes avec des motifs d'animaux. Tu pourras pas la manquer. Ta mère y sera vers l'heure ou les gamins commencent leurs classes. " reprit l'homme au dragon.
« Je n’amènerais aucun drow mais tu peux toujours rêver pour que je vienne seul. »
- A quoi tu penses ?
« Il n'y a pas de raison que tu sois le seul à faire des surprises. »
- Comme tu veux. C'est la vie de ta mère qui est en jeu. Pas de la mienne. Et inutile de me menacer. Je sais ce que tu pourrais me faire, mon Karliik Glenn.
« Je sais que je n'en ai pas besoin et c'est pour ça que je ne l'ai pas fait. Si c'est tout ce tu as à me dire je vais m'en aller mais avant... » Sagar se tourna vers le compagnon de Kryn avant de poursuivre. « Faut que je te parle, en privé, raccompagnes moi dehors. » Sans attendre de réponse il se leva et partit en direction de la sortie avant de finalement se retourner. « J'oubliais, je compte sur vous pour que les soldats des osts reçoivent un accueil digne de ce nom. Si ce n'est pas le cas vous verrez d'où me vient mon surnom. » Lançant un dernier regard au drow au tatouage draconnique, un sourire aux lèvres, il ajouta quelques mots. « Là je t'ai menacé. »
- Les hauts gradés ont peut-être besoin des sous-titres, mais ce n'est pas mon cas. " répondit-il simplement avec un sourire. Le taciturne de la bande sortait déjà après le colosse, laissant son mouchoire dans la main de Kryn' qui gromela quelque chose d'intelligible en le voyant sortir.

- Alors ? Qu'est-ce que tu m'veux ?
« Comment Elg' est morte? »
- Elle a essayé de récupérer le coin près des vieilles thermes pour y installer un nouvel entrepôts pour nos marchandises. Mon frère nous a trahi. Une fuite. Quelques mauvais renseignements. Kryn' l'a tué avant qu'il ne parvienne à en finir mais la blessure qu'Elg a reçu était trop grave. Elle est morte trois jours plus tard, emportée par la fièvre. " Il s'appuya sur le façade durant une seconde, cherchant une posture agréable qu'il ne semblait vraiment pas pouvoir trouver. " Je me suis occupé d'elle jusqu'à la fin et j'ai repris plusieurs de ses serments à mon compte, mais c'était pas la première fois qu'elle me parlait de toi. Et si tu veux tout savoir, Mith' est sa dernière fille même si elle en a rien à foutre. "
« Pourquoi Kryn est jalouse? »
- Jalouse de qui ? " demanda-t-il en levant un sourcil, revenant gratter les cicatrices de son menton.
« D'Elg ou du moins de l'attention que tu lui portes même après sa mort. »

L'homme parut hautement surpris et fini par hocher la tête à plusieurs reprises en marmonnant.

- Jalouse... Je n'avais pas vu ça comme ça...
« J’ai une autre amie d’enfance qui lui ressemble, sauf qu’elle est prêtresse de Zhak’Bar. C’est plus difficile de lui dire non… mais peu importe. Pourquoi tu as repris ses serments ? »
- Je lui dois la vie. Le coup qui l'a tué, elle l'a pris à ma place. " Un éclat de rire nostalgique lui échappa ce qui fit sourire Sagar, il la reconnaissait bien là. " On était une tapée à risquer notre peau sur un simple ordre de sa part, mais elle en faisait autant et c'est une des rares choses sur laquelle elle mentait jamais. Ca et sur le fait que quiconque s'attaquerait à ta mère s'attaquait à elle. Vous deviez être sacrément proche pour qu'elle continue à honorer sa parole même après des siècles sans te voir. "
« Quand on étaient jeunes j’étais le chef d’une petite bande du coin, dans ce groupe on avait une sorte de règle: si t’es pas prêt à prendre pour les autres alors dégage. Elg’ en faisait partie et elle est toujours restée. Par les dieux ce qu’on a pu prendre… » son sourire revenait au galop alors que ses souvenirs de cette époque pourrie remontaient à la surface. « Tu vois celle-là ? » Il désigna une cicatrice qui descendait de sa pommette jusque sous sa tunique, c’était une des plus anciennes qui couturaient le visage du vétéran et même si ce n’était pas forcément la plus impressionnante, c’était celle qu’il affectionnait le plus. « C’est son père qui me l’a faite quand j’ai voulu m’interposer. J’ai douillé pendant des ennéades avant de guérir, Kiran en soit louée, mais on l’a eu ce connard, enfin elle l’a eu, j’espère qu’il pourrie dans les P’leiks, c’te raclure. Celle-là aussi c’était pour elle. » Il en montra une autre, puis une autre qui étaient barrées par des marques plus récentes sur le patchwork qu’était son visage. « T’as sûrement vu celles qui lui zébraient le dos, c’est moi qui auraient dû les avoir... je vais pas te faire toute la liste, elle m’en devait une et lorsque j’ai dû fuir pour rentrer dans les osts j’ai pas pu mettre ma mère en sécurité alors je lui ai demandé de s’en occuper et elle me l’a juré sur les onze. C’est aussi parce qu’elle me l’a juré que je ne suis pas repassé souvent, quand elle dit un truc elle le fait alors si elle le jure… » le sourire de Sagar devint triste alors qu’il secouait lentement la tête ne la baissant. « Faut croire que le code que j’ai instauré dans notre bande n’a servi à personne. » Il releva finalement les yeux pour parler à son interlocuteur qui venait de relever sa manche.
- Je serais pas si catégorique vu que l'un d'eux est devenu Karliik Glenn et qu'une autre a grimpé jusqu'à la tête d'un beau morceau du Quartier. "
« Mais ça nous a pas empêché de nous faire trahir, ça a même aidé. »

Sur le bras de l'homme figuraient deux marques parallèles qui semblaient suffisamment profondes pour avoir touché l'os. Dans le prolongement s'il le relevait en garde, les mêmes cicatrices venaient mourir des profondeurs de sa chemise jusqu'à sa clavicule. Une ou deux autres venaient avec quelques anecdotes assez similaires à celle de Sagar.

« En tout cas merci pour tout, si vous n’avez nulle part où aller vous aurez une place dans les osts. Je te garantis pas que ce sera marrant tous les jours mais j’y ai trouvé une famille et, ironiquement, ça m’a sauvé la vie. Sans l'armée je sais pas ce que je serais devenu alors je me dis que ça peut en aider d’autres, qui sait ? Si jamais t’as besoin de quelque chose va au quartier général du second ost et dit leur que tu me connais en leur présentant ça. » Il sortit son amulette en bois représentant un soleil pour lui la tendre. « Par contre ça fait tellement longtemps qu’on utilise plus mon nom dans l’armée que je sais même pas si des gens de mon ost s’en souviennent encore. Dans le doute dis leur que tu connais Kerath. »
- Je m'en souviendrai. " Un hochement de tête. Il se souviendrait de bien plus que d'un surnom et sa main avait précautionneusement rangé l'amulette sous sa propre chemise. Sur des salutations d'usages, il tourna les talons pour rentrer à l'intérieur, mais s'immobilisa une seconde avant de poser la main sur la porte pour prêter un dernier sourire à un souvenir qui le suivait partout.

- Tu sais... C'est marrant. Elg' disait souvent qu'elle avait fondé une famille, elle. Je parie que je dors beaucoup mieux que la plupart des drows des Profondeurs en sachant que j'ai quelques camarades pour protéger mon dos.
« C'est à ça que sert une famille. Prends soins de l'amulette, c'est Elg' qui l'a faite, j'espère qu'elle attirera le regard d'Uriz sur vous. Bonne chance. »
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MessageSujet: Re: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:22

Dans son dos il entendit la porte se refermer et il s’arrêta pour se retourner et regarder le bâtiment branlant dans lequel il s’était tenu avec un certain amusement. En réalité il savait plus ou moins ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas rejoint les osts ; soit il serait mort, peu importait comment, soit il serait devenu comme Kryn, peut-être aurait-il pu sauver Elg’ d’ailleurs. Kerath poussa un soupir avant de reprendre sa route, il devait retourner à la Chambre Magmatique. Il avait du travail, des ordres à donner, une campagne à planifier et, surtout, un tournois rituel à organiser pour que la Garde d’Ebène et Draconnique puissent s’affronter pour la plus grande gloire des dieux. Alors il ne s’attarda pas dans les Basses-Fausses plus longtemps, il traina un peu, regardant quelques temps le temple de Natha de sa jeunesse mais n’y entra pas, il le ferait un autre jour, peut-être demain. Personne ne vint lui couper la route sur le chemin du retour, peut-être était-ce à cause de sa carrure mais ça ne l’avait pas empêché d’être intercepté par des habitants à l’allé alors il se disait que c’était l’entrevue avec le Veld’ qui produisait cet effet-là. Effet dont le daedhel n’allait pas se plaindre. La première chose qu’il fit en rentrant fut d’ordonner à une escouade d’aller demander où se trouvaient les restes d’Elg’ au taciturne du groupe qu’il avait eu le loisir de rencontrer pour les lui ramener.

Le reste de soirée fut passée à s’acquitter de ses devoirs, à prier et à se battre avec la première personne qui le désirait. Avec son échauffourée avec Kryn, il était resté sur sa faim mais il n’avait pas eu à arpenter longtemps les couloirs pour trouver quelqu’un prêt à l’affronter, c’était l’un des intérêts d’être entouré de soldats. En tout cas le lendemain arriva finalement bien vite et à la première heure, Kerath, dans son armure rouge, mit un pied à l’étrier et monta sur le dos de Murrpau, son épée bâtarde dans le dos, il ne comptait pas s’en servir mais voilà : en cas de piège elle goûterait directement au sang de traitres et c’était bien ce pourquoi elle fut faite. Conformément aux instructions du drow au tatouage il était venu sans escorte et son entrée dans la Basse-Fausse fut, évidemment, bien plus remarquée cette fois-ci vu qu’il était en arme et avec un félin à pointe, créature que les gens du coin ne devaient pas voir tous les jours. La démarche du félin à pointe en question était accompagnée du cliquetis de l’anneau d’onyx qu’il portait cette fois directement par-dessus son armure au lieu de le cacher en dessous comme d’ordinaire. Cette fois les regards haineux se firent plus nombreux mais personne n’essaya de lui bloquer le passage et il mit pied à terre devant la boutique d’apothicaire, endroit délabré s’il en était, qui lui avait été désignée, attendant un signe ou la venue de quelqu’un.

Après quelques secondes, un vieux drow aux manières obséquieuses pointa son nez depuis l'intérieur et l'invita à entrer avec mille courbette. Il parvint même à placer son nom, celui de sa fille et le fait qu'il vendait toutes sortes de remède mais que sa spécialité restait les animaux comme les félins à pointe, les ferns et les morgals.

L'intérieur de la boutique était aussi miteux que l'extérieur. C'est que l'homme avait du mal à joindre les deux bout dans un quartier pareil, vous comprenez ? Alors il précéda respectueusement son hôte pour passer derrière le comptoir, puis derrière le rideau qui délimitait l'arrière boutique. Les odeurs de plantes et de remèdes en tout genre saturaient l'air. La pénombre adaptée aux yeux drow laissait quelques coins d'ombre ça et là, profitant seulement de la présence de végétaux phosphorescents au plafond. Et là, assis à une petite table, Kryn' et le vétéran taciturne jouaient aux cartes avec une haute silhouette aux épaules larges mais au dos courbé. La femme avait les traits un peu vieillis d'une vie de difficultés et la musculature sèche que supportaient la majeure partie des crèves la faim qu'on trouvait dans les Basses-Fausses. Ses cheveux blancs, coupés courts, mettaient en valeur un visage à la mâchoire proéminente et aux rides visibles qui se tournait naturellement vers le bas.

- Je suis désolée... " souffla la voix de la matrone vêtue d'une simple tunique gris cendré serrée d'une ceinture.
- Pfff... Arrête avec ça t'es chiante, hein !
- Joli coup. Inutile de vous excuser. " appuya le taciturne à l'exclamation de Kryn'.

Un raclement de gorge attira l'attention des trois joueurs un peu avant que le Karliik Glenn ne franchisse le rideau, marchant sur une planche qui grinça horriblement. L’apothicaire se débina bien vite pour retourner à ses affaires, mais au moins il avait fait tout ce que Veld' attendait de lui.

- Et voilà la plus belle. " ricana Kryn' en voyant apparaître le mastodonte.
« A ta place je fermerais ma grande gueule, Kryn, cette fois j’ai des gantelets. » Gronda-t-il en rentrant, son heaume sous le bras, Murrpau sur les talons. Ce dernier fit quelques pas à l'intérieur avant de faire le tour de la pièce, diminuant radicalement l'espace disponible pour les autres créatures qui y résidaient tandis que son maître approchait de la table.

L'inconnue se tourna à son tour, laissant apparaître la marque d'esclave au milieux de son front. Incertaine, elle hésitait à regarder l'homme qui venait d'arriver, ou à seulement fixer le sol comme l'exigeait son rang. L'anneau noir la décida finalement pour le sol. A un pas de la table, le regard de Kerath passa d'une personne à l'autre jusqu'à se poser sur l'esclave.

« Regardez-moi. »

Immédiatement la femme s'exécuta, tendue... Puis tétanisée. L'une de ses mains remonta malgré elle jusqu'à son ventre, saisissant sa propre tunique. Son visage pâli sensiblement. Elle ouvrit la bouche mais la referma sans avoir dit un mot, jetant un coup d’œil plein d'appréhension aux deux autres guerriers présents. Alors elle revint observer le visage du colosse qui venait d'entrer, les yeux brillants.

« Où est votre maître? »
- Il est chez lui." répondit-elle tout de suite, docile, sans lâcher les yeux de son vis à vis. "Après m'être occupée du repas du matin, de son bain et du ménage dans sa boutique, il m'a ordonné de suivre ces deux personnes.
« Je comprends que vous ne me reconnaissiez pas... donnez-moi l'adresse de votre maître que j'aille lui demander votre liberté, Mère. »


Kryn' ouvrit la bouche mais la grosse main de son comparse l'empêcha de dire le moindre mot en lui foutant une bourrade dans le dos. L’esclave jetait à nouveau un regard vers les deux guerriers. Ainsi il n'avait pas peur qu'ils l'entendent ? Pas honte qu'ils le sachent ? Alors, mue d'une extraordinaire audace, elle fit un pas, rien qu'un, pour se dégager de la chaise et de la table. Rien qu'un pas pour se rapprocher de son fils.

- Ne pas te reconnaître ? " Certes, il avait changé. Vieilli et buriné, son visage déformé portait l'empreinte de ses nombreux combats, mais comment aurait-elle pu oublier ? " Comment ne pas reconnaître d'aussi beaux yeux, Sagar ?
« Je suis désolé d'être partis sans rien dire... mais comme vous pouvez le voir je n'ai pas trop mal tourné. Je ne sais pas si vous en avez quelque chose à faire mais il faut que vous sachiez que vous êtes grand-mère. Qu'en est-il de vous, qu'est-ce qui s'est passé après mon départ?» Il tendit sa main gantelée pour l'inviter à approcher. « Nous allons en discuter dans un endroit plus approprié, j'ai quelque chose à vous montrer. » Finalement il se tourna vers Kryn et son compagnon. « Dites au Veld' que je n'ai pas oublié notre marché et que je ramènerais ma mère avant ce soir. »
- Et dirg! " Un violent coup de coude venait de vider les poumons de Kryn. Le taciturne acquiesça, laissant l'esclave saisir le gantelet du Karliik Glenn en tremblant un peu. Tenant sa main il sortit dehors et, une fois Murrpau dans la rue, Kerath attrapa sa mère par la taille pour la faire monter sur le dos du félin à pointe avant de prendre les rênes pour le guider et sortir de la Basse-Fausse. Ils ne s'arrêtèrent pas dans les Profondeurs. En voyant son habituelle armure rouge, son compagnon et son anneau d'onyx, les soldats de la Chambre Magmatique le laissèrent passer sans poser de question, malgré l'esclave qui se trouvait avec lui. Il entra dans l'Etat-Major et déambula dans les couloirs, sa mère trottinant sur ses talons, pour finalement trouver la fresque complète de l'Eda Vengeur.

« La voilà. »

Une fierté non dissimulée était audible alors qu'il mettait ses deux poings sur ses hanches en bombant la poitrine, il avait promis à sa mère qu'il lui la montrerait un jour. C'était une promesse qu'il avait fait lorsqu'il avait à peine une dizaine d'années, un peu avant que les prêtresses de Natha ne viennent l'emporter dans leurs temples. C'était une promesse qu'à l'époque il n'avait jamais imaginé pouvoir tenir, c'était une fanfaronnade, une fanfaronnade du genre de celles que les gens issus de leur quartier de la Basse-Fausse appréciaient tant. Mais désormais il était Karliik Glenn et ses fanfaronnades, il pouvait les exaucer, ce n'étaient plus de vaines paroles en l'air.
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MessageSujet: Re: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:22

La femme qui le suivait s'était peu à peu arrêtée à quelques pas derrière lui. Son cœur battait à tout rompre depuis qu'ils étaient entrés dans la Chambre Magmatique. Ses cristaux, ses sculptures gigantesques, ses écoulements d'eau, ses plantes et ses mousses de toutes sortes. Un espace immense, si loin des cloaques de la Basse-Fausse. Dans la largeur de ce couloir du palais d'Elda, sa chambre serait rentrée en totalité. L'air circulait. La lumière était constante et agréable à l’œil. Et face à elle... La mosaïque complète de l'histoire de leur monde, de la première étincelle aux derniers brasiers. La fresque dont chaque demeure eldéenne possédait une fraction. La fresque qu'on ne trouvait en sa totalité qu'à un endroit au monde...

- Celle du roi... " souffla la gorge serrée de l'esclave. " Tu te souviens... " Ses yeux si semblables à ceux de son fils embrassaient la scène et suivait chaque dessin, chaque carreau de couleur. Elle devait rêver... Il n'y avait qu'en rêve qu'on pouvait voir une telle chose. Il n'y avait qu'en rêve qu'elle voyait son fils couvert de gloire, d'or et d'argent quelque part loin d'elle et non dans une fosse commune après une bataille sanglante. Alors pourquoi... ?

Les larmes aux yeux, elle se tourna face à l'homme fier de sa promesse. Toutes les mères drows n'éprouvent pas autant d'attachement pour leur progéniture parait-il. Mais de toutes les vies données à Elda, elle s'était battue pour que celle-ci soit confier à Natha et non asservie comme tant d'autre rejeton de la Basse-Fausse. Et il y revenait...

- Pourquoi es-tu revenu Sagar ? Pourquoi ... Pourquoi ces gens m'ont mené à toi ?

Il ne se tourna pas vers la daedhelle derrière lui, ses poings tombèrent de ses hanches.

« C’est tout ce que vous avez à dire ? J’ai pensé que vous seriez… peu importe. » Il se tourna enfin vers elle en commençant une phrase. « Je suis revenu par... » il s’arrêta en la voyant avant de reprendre avec un ton plus doux. « Je suis revenu parce que maintenant je peux tenir mes promesses. Parce que vous vous êtes battu pour moi et qu’avant de vous quitter je ne savais pas que c’était loin d’être la norme, je ne savais pas à quel point c’était rare. Ces gens vous ont mené à moi parce que c’est à mon tour de me battre pour vous. Je vais obtenir votre liberté, Mère, et vous pourrez habiter où bon vous semble, que ce soit ici ou dans les Profondeurs. A moins que vous ne préfériez rester dans les Basses-Fausses. »
- Par les dieux... Sagar... Mon petit... Mon enfant... " Elle tremblait à présent de façon visible, les larmes lui montant aux yeux. Ces mots... tous ces mots... tant de mots... Si peu de sens... " Je rêve c'est ça ? Teiweon m'a prise et elle m'autorise à te voir une dernière fois ? "

Et puisqu'elle rêvait, elle pouvait bien s'approcher une fois de plus. Tout en parlant elle s'était approchée et s'était hissée sur la pointe des pieds pour prendre doucement le visage buriné entre ses mains déformées par le travail. Le général la laissa faire et un sourire apparut sur ses lèvres en l’entendant.

« Je crains que vous allez devoir attendre encore un peu pour rejoindre le Nahali, Mère. Mais en parlant de Teiweon, vous rappelez-vous lorsque je faisais des cauchemars toutes les nuits et que vous me disiez que je ne devais pas avoir peur parce que ça voulait sûrement dire que la Gardienne avait une mission pour moi ? »

Elle sourit à l'évocation de ce souvenir. Son premier véritable souvenir depuis qu'il était apparu dans l'arrière-boutique de l'apothicaire. Après l’avoir réconforté elle lui faisait à manger, n’hésitant pas à faire un raid sur le cellier de leur maître pour lui préparer son plat préféré. S’il y avait bien une raison pour Sagar de retrouver ses papilles c’était pour pouvoir à nouveau goûter à la cuisine de sa mère. Cette mère qui acquiesça simplement, le laissant poursuivre

« J’en viens à penser que c’était le Père qui m’envoyait un message via Sa sœur. J’ai l’impression qu’il me veut au poste que j’occupe maintenant pour accomplir Sa volonté. Récemment l’avatar m’a révélé des paroles d’Uriz ; je n’ai jamais perdu d’ordalie alors que j’en ai fait un bon paquet ; depuis toujours j’applique strictement la méritocratie qui régit notre société. J’ai l’impression que cette fois nous avons toutes les chances d’accomplir enfin l’Eda Vengeur et je veux que vous soyez là pour le voir, Mère. »
- Puisse les dieux t'entendre et constater le chemin que tu as parcouru... Mais je t'en conjure ne devient pas vaniteux. Pas maintenant que je te retrouve enfin. La vanité cause la mort de bien plus des nôtres que toutes les guerres réunies. " Elle lui avait toujours dit. Elle lui dirait toujours. Car pour elle, il y avait encore dans ce grand corps pétri de blessure le petit garçon de dix ans qui lui avait juré qu'il lui montrerait la fresque du roi car il serait un jour au palais. Il hocha la tête avec un air grave, il n'avait pas l'impression de l'être devenu mais c'était le souci avec la vanité : une fois qu'on s'en rend compte c'est généralement trop tard.

Elle ne parvenait pas à s'éloigner de son visage, regardant l'œuvre d'une vie avec un sourire de plus en plus large. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus que se hisser à l'extrême pointe de ses orteils pour le serrer contre elle, malgré l'armure, malgré le lieu, malgré l'anneau qui appuyait sur sa maigre clavicule. Elle le serrait de toutes ses forces et de toute sa Flamme.

- Que l'Eda Vengeur arrive à son terme ou non, je suis si fière de toi Sagar. Tellement fière de toi...

Il lui rendit son étreinte en faisant attention à ne pas la faire souffrir. Tant pis si quelqu'un les voyait, il s'en moquait, des rumeurs allaient peut-être circuler mais il se doutait que personne n'allait en rire devant lui, ceux qui osaient étaient rares car ceux qui ne craignaient pas un combat avec le colosse n'étaient pas si nombreux que ça. Après tout c'était en partie ce qui l'avait maintenu en vie si longtemps, ça et, visiblement, la protection des dieux. Mais sa réflexion d'hier devant la fresque lui rappela que les divinités étaient capricieuses et, comme Shyn’tae venait de lui dire, il ne devait pas devenir vaniteux au point de croire que cette bénédiction lui était acquise.

« Merci, Mère, c'est grâce à vous. » Une fois leur étreinte finie il recula d'un pas. « Je dois vous prévenir qu'avant de devenir réellement libre je dois faire une dernière chose pour le Veld', vous pourrez me rejoindre demain soir mais en attendant vous allez devoir rentrer dans les Basses-Fausses pour un dernier jour. Toutefois je vous y raccompagnerais et j'obtiendrais votre liberté avant de vous laisser. Venez, vous devez avoir faim. »
- Mais... " puis elle se ravisa. Tout ce qu'elle avait à dire, elle pouvait le dire devant un morceau de pain. " Il faudra que nous parlions de tout cela, mais tu as raison, j'ai faim. " Ce qui n'était pas si inhabituel - esclave ou non - dans la Basse-Fausse. Alors il emprunta un nouveau couloir dans l'espoir de trouver les cuisines, il ne connaissait pas encore le palais comme le quartier général du second ost alors peut-être qu'il aurait besoin de demander son chemin.

« Mère, comment votre maître vous traite-t-il? »

Sa voix s'était refroidie, il ne pouvait imaginer que des réponses les plus horribles les unes que les autres alors qu'il avançait à ses côtés, les mains dans le dos, l'une attrapant le poignet opposé tandis que les soldats devant lesquels ils passaient les saluaient. C'était sûrement le Karliik Glenn qu'ils saluaient mais est-ce que ça changeait quelque chose? Ce dernier décida que non.

- Celui-ci me traite bien. Ton amie m'y a trouvé une place il y a un peu plus d'un siècle, quand c'est vraiment devenu impossible avec l'ancien. "

Elle aurait pu étayer, détailler, mais elle ne voulait pas attirer de problème à son maître, et encore moins à elle-même. De toute façon Sagar n'avait pas vraiment le temps de s'occuper des maîtres précédents de sa mère, il prenait du temps sur ses obligations, pour l'instant cette discussion était purement théorique, à moins que l'un d'eux se soit montré tout particulièrement détestable. Il lui laissait un temps de liberté chaque jour pendant l'après-midi, ne la prenait jamais dans sa couche lorsqu'elle était blessée et lui faisait assez confiance pour qu'elle s'occupe seule des courses courantes et de la nourriture. Dans la Basse-Fausse, un homme qui ait à la fois l'argent pour entretenir un esclave et qui ne le saigne pas aux quatre veines était une rareté.

" Tu sais Sagar, je te suis reconnaissante, vraiment. Mais que voudrais-tu que je fasse d'une maison ? je n'ai rien pour l'entretenir et je ne saurais pas quoi faire de mes dix doigts... "

« Mais qui vous dit que vous allez devoir l'entretenir? J'ai accumulé une certaine somme au fil des années et être haut gradé permet d'obtenir une part de butin non négligeable. Quant aux appartements du Karliik Glenn, disons que je n'ai pas besoin de tout cet or, de toutes ces pierres précieuses et encore moins de tous ces esclaves. » Finalement il demanda son chemin à un garde d'Ebène et ils se mirent en route vers les cuisines, cette fois en prenant le bon chemin, sans faire de détours. « Quant à vos dix doigts, Mère, vous pourrez en faire ce que bon vous semble, tout ce que vous avez toujours voulu faire. »
- J'ai déjà tout ce que je pouvais souhaiter, Sagar. " elle saisir doucement son bras pour le pousser à la regarder un instant " J'ai un bon maître et mon fils est libre. Il a pu faire ce qu'il voulait de sa vie. La liberté... Moi je ne saurais pas quoi en faire. Je n'ai jamais essayé de la racheter. Tu m'imagines, moi, dans une grande maison, avec des esclaves à mon service ?

« Je vous imagine très bien Mère. Vous ne sauriez pas quoi faire de la liberté maintenant mais une fois que vous aurez votre demeure et tout le temps du monde devant vous je suis certain que des idées vous viendront. »
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MessageSujet: Re: Un retour triomphal dans la fange.   Un retour triomphal dans la fange. I_icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 19:23

La vielle femme acquiesça par la force des choses. Se ranger à des avis contraires n'était pas vraiment un effort pour elle. Les cuisines se trouvaient juste devant eux et Sagar poursuivit son chemin, poussant les portes gardées. Il demanda le même gruau qu'il mangeait depuis qu'il était soldat à la grande surprise du nouveau cuisinier en chef de voir un haut gradé demander quelque chose d'aussi basique. C'était un esclave, un humain, auparavant au service du Grand Architecte il avait désormais la charge des cuisines royales. Richement vêtu, bedonnant, chauve si on omettait les quelques cheveux courts qui se dressaient fièrement sur son crâne glabre, il prit ses lorgnons, qu'il avait placé dans une poche pectorale faite pour, et les plaça directement sur son nez. Sagar se tourna ensuite vers sa génitrice pour lui demander ce qu'elle désirait.

« Que désirez-vous manger? »
- Et bien... Je n'sais pas." Après une courte réflexion devant son indécision, Kerath se retourna vers le cuisinier.
« Fais une Chasse Sauvage. »

Le cuisinier hocha rapidement la tête avant de partir à reculons, il avait appris durant son service aux ordres de Myr'Hennis qu'il ne fallait pas tourner le dos avant que son maître n'ait détaché son regard de lui. Maintenant qu'il était dans le palais royal et qu'il voyait régulièrement les grands du Vatna, il devait souvent appliquer cette règle ce qui ralentissait considérablement son travail ; malheureusement ses maîtres n'avaient pas gagné en patience et étaient toujours aussi exigeants, le Grand Architecte encore plus maintenant. Toutefois il fut à nouveau interrompu par le Karliik Glenn.

« Ne met pas de piments. »

La commande somme toute singulière provoqua à nouveau la surprise du cuisinier qui se garda bien de poser des questions. Le général guida ensuite sa mère dans une des nombreuses petites salles à manger du palais ou des esclaves dressaient une table. S'asseyant d'un côté, un esclave invita d'un geste de la main, les yeux baissés, la daedhelle qui suivait le colosse à s'asseoir de l'autre. Après un moment d'hésitation, elle avait pris place. Ne sachant que dire, elle gardait les yeux baissés sur le bout de table. Elle n'était même pas sûre de savoir ce qu'il y avait dans le plat que son fils avait demandé pour elle... Et elle n'osait croiser le regard des esclaves marqués de l'emblème d'Elda. Après tout, elle aurait dû leur obéir avec respect et déférence en d'autres circonstances. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle avait honte de la marque qui occupait toute la surface de son front. Elle ne jetait que quelques coups d’œil du côté de l'homme en armure qui s'était installé loin d'elle.

« Mère, comme je vous l'ai dit plus tôt, vous êtes désormais grand-mère. J'ai une fille que j'ai nommé Shyn'tae dans l'espoir qu'elle vous ressemble un peu, en vain malheureusement, et un fils que j'ai nommé Tewyn, dans l'espoir que ce nom illustre déteigne sur lui. Si j'ai plus d'enfants je n'en ai pas connaissance. »
- Je... suis contente que tu sois dans les bonnes grâces de Natha. " s'efforça-t-elle de sourire.
« Et vous, Mère, ai-je eu un demi-frère ou une demi-sœur depuis mon départ? »
- Deux demi-soeurs et un demi-frère. Mais je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Mes maîtres les ont toujours pris avant qu'ils ne disent leur premier mot." Il grogna quelque chose avant de se racler la gorge.
« Vous n'avez pas la faveur de La Mère mais bien sa bénédiction. » Il ne se força pas à sourire, ses sourire étant devenus davantage des moyens de faire peur, malgré lui, que pour rassurer, ce qui n'aurait en rien aidé à faire passer la prochaine question pour une question innocente.
« Qui sont les maîtres en question? »

Shyn'tae déglutit.

- C'est vraiment important ?
« Oui. »

L'esclave baissa à nouveau la tête, le ton et la superbe de son propre fils ramenant à son corps les réflexes de tout une vie de labeur. Un moment de silence s'étira, avant qu'elle n'ose articuler avec difficulté :

- S'il te plait, oublie-les.

Sagar allait parler mais d'autres esclaves débarquèrent avec le plat demandé par le général qu'ils déposèrent directement au centre de la table et déposèrent dans ledit plat les couverts nécessaires. La Chasse Sauvage devait être partagée ainsi il n'était pas question d'avoir des assiettes séparées, il fallait piocher dans le plat en question comme il était présenté. Une fois que les esclaves s'en étaient allé il reprit.

« Non. Meingal m'a accordé plusieurs fois la victoire, je ne compte pas le décevoir maintenant. »
- Le plus ancien s'appelle Ged'Hyr. " commença-t-elle sans réussir à redresser la tête. " Et je ne te donnerai pas le nom de l'autre. Je t'ai sauvé toi, c'est tout ce qui compte.
« Mère regardez-moi. » Elle s'exécuta à nouveau, sans résistance.
« Donnez-moi son nom. »

Les yeux de l'esclave restèrent vaillamment dans ceux du Karliik Glenn, bien qu'ils vacillent à plusieurs reprise, manquant de redescendre. Les mains agrippées au rebord de la table, elle garda les lèvres scellées. Il n'allait pas baisser les yeux, c'était hors de question, alors il garda ses yeux plongés dans ceux de Shyn'tae malgré un visage qui n'avait aucune marque de colère. Il se contenta de froncer les sourcils.

« Son. Nom. » Il prit une pause d'une seconde entre les deux mots. Un frisson fit trembler les épaules de l'esclave. Le silence s'étira encore. Si servir était une seconde nature, Shyn'tae n'avait pas sauvé ses premiers enfants par hasard et sa résilience, ainsi que sa santé avaient été mis plus d'une fois à rude épreuve... Et les souvenirs que faisaient remonter ce ton autoritaire lui serraient le ventre à lui en faire mal. Un goût de bile lui vint aux lèvres sans qu'elle ne les ouvre pour autant.
« Pourquoi refusez-vous de me le dire? » Demanda-t-il toujours de sa voix neutre et autoritaire sans quitter sa mère des yeux.
- Je ne peux pas te répondre. " se contenta-t-elle de dire d'un filet de voix mal assuré.
« Pourquoi? »
- Je n'ai pas le droit de te répondre.
« Pourquoi? »
Seul le silence lui répond une nouvelle fois, un long silence devant le plat de viande qui refroidit progressivement.
« Qui vous l'a interdit? »

Elle déglutit et respira calmement. Qu'aurait-elle pu dire ? Qu'aurait-elle pu faire pour qu'il lâche prise ?

- Des vies en dépendent. S'il te plait, oublie ça.
« Mère, j'avais un ost sous mes ordres, maintenant j'en ai quatre. Des vies dépendent toujours de mes décisions. Donnez-moi son nom. »

Elle déglutit à nouveau, serrant les bras autour de son ventre.

- Cette fois, ce n'est pas ta décision qui est en cause. "
« Je vous écoute. »
- Je te l'ai dit. Je ne peux pas.
« Pourquoi? »

Les sourcils de l'esclave s’étaient froncés au fur à mesure des derniers échanges de plus en plus rapides. Jusqu'à ce qu'un vieux réflexe revienne à la charge face à ces grands yeux rouges cerclés de jaune.

- Sagar Ni’Styx, ça suffit. Arrête de me questionner. Ça ne te regarde pas. "

Cela faisait bien des siècles qu'on ne l'avait pas appelé par son nom complet, et encore moins avec un air autoritaire, il fut pris d'un léger mouvement de recul avant d'attraper de la viande dans le plat pour en manger une tranche, laissant la seconde empalée sur une griffe de son gantelet.

« Je pense que si, Mère. »
- Pense ce que tu veux, mais tu n'auras ni le nom, ni le lieu, ni la raison, Fils.
« Pourquoi? »
- Parce que je te le dis ! " Son ton était brusquement monté. Ses mains s'appuyaient franchement sur la table au lieu d'en attraper le rebord. Cette fois il se leva brusquement en plaquant ses gantelets sur la table, tant pis pour la tranche de viande plantée sur une griffe.
« Pourquoi vous protégez votre ancien maître!? »
- Ce n'est pas mon maître que je protège ce sont mes enfants. Et je ne veux plus en parler !" Un sourire se dessina progressivement sur les lèvres de Sagar après une seconde flottement à la fin duquel il se rassit.
« Très bien, nous n'en parlerons plus. Vous voyez que vous savez quoi faire de votre liberté, Mère, maintenant mangez, dans mes souvenirs c'est mauvais froid. »

Shyn'tae resta immobile quelques instants, regardant son fils oublier son emportement aussi vite qu'il était venu. L'idée qu'elle ne venait pas seulement de crier sur son fils mais également sur le Karliik Glenn la troubla un peu avant qu'elle ne la chasse. Il était son fils avant tout et il venait de le prouver... Et peut-être qu'il avait raison pour sa liberté ?

Elle piocha un morceau de viande dans le plat pour le porter à ses lèvres. Habituée aux champignons, le goût lui arracha à soupire de contentement et elle profita de chaque bouchée comme si elle avait du être la dernière avant de reprendre le fil de ses pensées. Peut-être que la liberté lui permettrait de faire ce qu'elle n'avait jamais pu ? Mais c'était tellement utopique, tellement improbable... Elle se lécha copieusement les doigts avant de regarder Sagar avec une pointe de tendresse dans le regard, ce dernier récupérait la tranche infortunée qui avait souffert du coup sur la table pour la dévorer. Oui... C'était bien possible. Un léger sourire lui vint aux lèvres, mais elle ne trouvait pas les mots. Alors elle attrapa un autre morceau de viande, rapidement imitée par sa progéniture. Le plat disparu assez lentement, entre deux discussions assez banale d'une mère et son fils qui rattrapaient comme ils pouvaient le temps perdu. Toutefois, bien vite, le temps pour Shyn'tae de rentrer dans les Basses-Fausses pour retrouver ce qui fut son maître. Ce qui l'était toujours cela dit mais c'était là l'objectif de Sagar: obtenir la liberté de sa mère. Alors, toujours dans son armure rouge, l'anneau d'onyx sur son plastron, marchant à côté de Murrpau qui portait la vieille daedhelle, le Karliik Glenn frappa à la porte de la demeure dans laquelle cette dernière habitait. Ils discutèrent brièvement pour se mettre d'accord: Sagar dédommagerais d'un esclave pour remplacer sa mère, cette dernière restait chez lui jusqu'à demain mais en tant que daedhelle libre.
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