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Sujet: Ys la Calcinée Mer 1 Jan 2020 - 21:32
Première ennéade de Bàrkios de l'an 17 / XI
Loin de l’activité effrénée de la Perle Blanche de l’Olya se dressaient les ruines d’Ys-la-Vieille, la Calcinée. L’ancienne cité nisétienne se tenait autrefois sur la rive est de l’Olya et se déployait aussi sur plusieurs ilots qui venaient constituer l’embouchure du port. Il s’agissait, avant sa destruction, d’une cité immense et prospère, capable de contrôler le débouché du fleuve et d’offrir un havre sûr aux navires nisétiens voguant vers Nelen et la Péninsule.
Ys-la-Vieille était à l’époque un des fleurons de l’architecture nisétienne, bien avant que les Péninsulaires n’investissent le territoire et que les armées du Puy n’imposent leur culture dans la région. Les tours de pierre blanche à l’architecture recherchée se mêlaient aux colonnades et aux arches dans un enchevêtrement de courbes et de formes qui témoignaient de la finesse de la culture nisétienne en matière de construction, même après la disparition de l’empire.
Ys-la-Vieille était devenue au fil du temps un territoire où se nouaient chaque jour de nouvelles histoires. Loin d’être abandonnées, les ruines attiraient toujours des gens pour des raisons diverses et variées. Après tout, il s’agissait d’une cité splendide avant son urbicide … et une réserve infinie de matériaux et d’inspirations. Au milieu de ces carcasses de pierre silencieuses, le flâneur ne pouvait que se demander comment un peuple autrefois si prospère avait pu sombrer dans la décadence et se faire damer le pion par les Sombres.
Mais à ces questions, la Calcinée demeurait silencieuse. Les plaies de l’urbicide étaient désormais cicatrisées, mais la cité demeurait toujours aussi mystérieuse. Et pourtant, malgré le silence qui régnait entre les arches de pierre et les escaliers démolis envahis par la nature, des silhouettes continuaient à s’agiter à l’ombre des colonnes.
Depuis la destruction d’Ys-la-Vieille par les Ost eldéens, le territoire de la cité séculaire avait été frappé par l’une des pires punitions que l’on puisse imaginer : les Yssois avaient interdiction de construire la moindre habitation à l’emplacement de l’ancienne cité. Déportés de l’autre côté de l’Olya, sur un territoire presque vierge où se dressaient quelques bâtiments dont l’actuelle Agora, les survivants avaient dû reconstruire petit à petit une nouvelle cité avec les moyens du bord.
Il en avait résulté que les habitants de la Nouvelle-Ys étaient devenus d’excellents bâtisseurs malgré eux, mais aussi d’excellents recycleurs. L’interdiction de construire dans La Calcinée était certes une décision humiliante mais les habitants avaient appris à en jouer. Après tout … l’interdiction n’empêchait pas les citoyens de venir piller les ruines et de récupérer les pierres et autres matériaux de construction pour leurs propres besoins.
De frêles esquifs traversaient chaque jour l’Olya pour y récupérer les matériaux et piller les ruines d’Ys-la-Vieille. S’il était facile d’y trouver de la pierre même vieillie, les bâtiments les plus emblématiques de la vieille cité avaient été dépouillés de leurs matériaux les plus précieux si bien qu’il ne restait que de la cité qu’une carcasse blanche et noire balayée par les vents marins et le silence pesant du passé. Il n’était pas rare que la construction d’un nouveau bâtiment à Ys soit doublée de la création d’un chantier de récupération temporaire dans la vieille cité. Une pierre en remplace une autre et La Calcinée était très vite devenue la Recyclée. Tout ce qui n’était pas fixé fermement dans le sol finissait de l’autre côté de la rive et malgré des années de pillage, de récupération et de fouilles diverses et variées, l’ancienne cité résistait fermement au passage du temps.
La nature avait repris ses droits sur La Calcinée. L’humidité de l’Olya, alliée à la fertilité des sols et à la résistance des édifices avait permis à la forêt de prospérer en milieu urbain. Certaines parties de la ville en ruine avaient désormais les pieds dans l’eau, tandis que les arbres poussaient telles des mangroves sur les anciens bâtiments, tentant de puiser de l’eau douce dans les bras de l’Olya. Il en résultait que des quartiers entiers étaient désormais prisonniers d’une jeune forêt prospérant depuis le départ des humains. Les explorateurs les plus chevronnés restaient frappés de mélancolie quant au détour d’un bosquet d’arbres agrippés à une corniche de pierre taillée ils découvraient les restes d’une ancienne maison de maître où est cariatides attendaient sous la mousse le jour où l’eau des aqueducs reviendrait dans cette cité oubliée.
Sa taille faisait qu’il était facile de s’y perdre et bien vite, elle devint le repaire d’une faune locale plus ou moins amicale, qui n’hésitait pas à ajouter à son ordinaire de l’Yssois cueilli dans un moment d’inattention. Il n’était pas rare que des chasseurs et des citoyens en manque de sensations fortes posent leurs tentes dans la cité fantôme et passent plusieurs jours à traquer du gibier plus ou moins agressif. Les scènes de chasses urbaines restaient dangereuses, mais prisées par la jeunesse yssoise : chasser en milieu urbain était grisant et avait une saveur incomparable.
La vieille cité était une curiosité en Ithri’Vaan, notamment pour les lettrés et les artistes, qui s’émerveillaient tels des explorateurs aguerris devant la beauté tragique de ces ruines. De nombreux croquis et récits avaient permis de redonner aux ruines l’aura de leur splendeur passée. Les peintres venaient de tous les horizons pour se poster sur les tours à moitié effondrées et peindre des panoramas fantastiques des ruines et de leurs lentes transformations. En un sens … ces lettrés et ces artistes entretenaient la mémoire du lieu et tentaient d’imaginer comment était la vie à l’époque.
Des archéologues se penchaient régulièrement sur l’histoire d’Ys-la-Vieille. Croiser ces messieurs avec leurs balayettes et leurs outils de précision, affairés près de tentes colorées, était commun, même si cela faisait longtemps que les pilleurs de trésors avaient débarrassé les lieux des objets précieux. Mais les archéologues s’intéressaient avant tout aux vieilles poteries, aux lieux de vie, … bref … tout ce qu’il était impossible de monnayer sur les marchés d’Ys et qui n’avait de valeurs que pour les historiens. De temps à autre, l’un d’entre eux finissait dans la gueule d’un prédateur et était aussitôt remplacé par deux assistants fraichement débarqués de Qiryah. Plus on en tuait, plus il en venait.
Si l’on rajoutait à tout ce petit monde quelques bandits en maraude, quelques promeneurs voulant profiter des berges de l’Olya, les activités occultes de quelques sectes draconiques et la présence de contrebandiers, il était clair que La Recyclée était bel et bien un endroit vivant. A un rythme différent, certes, mais sous la pierre vieillie, la vie quand même.
Cet ancien territoire, aujourd’hui encore, continuait de vivre et d’attirer les convoitises. La Nouvelle Ys avait la rancune tenace. Les édiles souhaitaient ardemment reprendre leurs droits sur les anciennes terres de leurs ancêtres. Malheureusement pour eux, la menace des éventuelles représailles de l’Elda ainsi que le manque de répondant du Conseil de Thaar avait fait que leurs demandes pour récupérer les terres de l’ancienne cité étaient restées sans réponses … Peut être que plus personne ne se sentait responsable de la mise en œuvre de l’édit d’interdiction … Peut être que tout le monde s’en fichait … mais en tout état de cause, il restait impossible pour les Yssois de revenir s’installer sur les terres de leurs ancêtres.
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Sam 4 Avr 2020 - 12:30, édité 2 fois
Cassiopée Meldyrin
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Sujet: Re: Ys la Calcinée Jeu 2 Jan 2020 - 0:51
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Fin de la première ennéade de Bàrkios de l'an 17 / XI
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Ces dernières années, l’activité au sein des ruines s’était intensifiée. Il se murmurait sous les arcades du palais d’Ys que des vestiges d’une valeur inestimable avaient été retrouvés dans certains secteurs de la ville. Des équipes d’excavateurs avaient été dépêchées pour fouiller de vieilles ruines, fracturer d’anciennes caches et mettre à jour les cartes d’Ys-la-Vieille. On racontait que dans le cœur de l’ancienne cité, qui avait été envahi par la nature et la faune sauvage au point d’être devenu le territoire de chasse de prédateurs d’hommes, des explorateurs avaient retrouvé les traces d’anciennes tombes silencieuses qui n’attendaient que d’être ouvertes.
Un petit camp avait été installé aux abords du cœur de ville. Semi-permanent, mais lourdement équipé, ce campement servait de base avancée dans l’exploration de ce qui restait de l’ancienne cité. Les équipes se succédaient et tenaient les égarés à l’écart. Il n’était pas question que quiconque s’amuse à gêner le travail en cours … L’exploration des souterrains du temple de l’Unique.
L’endroit avait été oublié depuis longtemps … Il y avait longtemps que les gens n’avaient prononcé Son nom. Les gens avaient oublié jusqu’à son existence, mais certains de ses temples étaient toujours ensevelis sous les décombres des anciennes cités nisétiennes. Le temple de l’Unique d’Ys-la-Vieille n’avait pas été facile à retrouver au milieu des ruines, mais après plusieurs mois de fouilles, les équipes yssoises avaient réussi à mettre la main sur le site où se dressait l’ancien temple.
S’il ne restait plus grand-chose du site sacré, le temps avait remarquablement bien préservé ses sous-sols. La nature échappée des anciens bassins des jardins avait complètement absorbé les ruines du temps et dévorait lentement mais sûrement les anciens tabliers de pierre des ponts et des aqueducs de l’ancien quartier du temple.
Il n’avait pas été facile de chasser les nids de prédateurs installés sur les lieux et il ne restait dans les environs que de petits oiseaux et des tentapattes curieux. Néanmoins, la tâche, qui s’était révélée particulièrement ingrate, avait permis de mettre à jour l’entrée d’un tunnel située au-dessus niveau des anciens jardins du temple. Si du temple il ne restait rien, les sous-sols devaient être accessibles depuis ces tunnels de maintenance. Des équipes de sapeurs œuvraient jour et nuit pour trouver un passage menant aux sous-sols à partir de ce tunnel. Il avait fallu pour cela déblayer les squelettes blanchis des malheureux qui avaient eu le malheur de ne pas fuir la cité à temps il y a quelques siècles lors de sa destruction, mais aussi étayer les sections du tunnel qui semblaient peu stables.
Déblayer les tunnels était une tâche de longue haleine. La nature était traîtresse et les édifices pouvaient s’effondrer à tout moment. Mais les sapeurs d’Ys étaient des gens compétents et vaillants, qui ne rechignaient pas à la tâche, pour peu qu’elle soit correctement rémunérée. Après tout, ils restaient bougrement vaanis dans l’âme.
C’est à l’aube de la première ennéade de Bàrkios que les hommes touchèrent au but. Cela faisait des mois qu’ils creusaient comme des forcenés et ne voyaient pas le bout de ce tunnel de maintenance. Quelle ne fut pas leur joie quand ils finirent par ouvrir à coups de pioche les murs des sous-sols du temple de l’Unique. Le jour de la découverte des sous-sols oubliés fut correctement fêté. L’absence d’air dans les chambres souterraines rendait nécessaire des travaux supplémentaires pour élargir les brèches et faire entrer le maximum d’air. Sans cela, impossible de pénétrer dans le temple sans suffoquer.
Il fallut une bonne ennéade pour que les excavateurs puissent pénétrer dans les antichambres du temple de l’Unique. Dans le plus grand secret, la Protectrice d’Ys avait été prévenue des avancées des équipes de fouille et donné son accord pour débuter la prochaine étape. Sur les tables dressées dans l’avant-poste, de larges rouleaux de cartes représentant les plans de l’ancien temple avaient été déroulés. Des cartographes et des bâtisseurs s’agitaient jour et nuit avec les chefs des sapeurs pour déterminer où le tunnel de maintenance avait débouché. Dans le bruissement des plumes et des murmures, les plans étaient rapidement mis à jour. Comme d’habitude, ils n’étaient pas assez précis. Il fallait constamment refaire les mesures, vérifier, relever, redessiner … un véritable travail de fourmi, indispensable au travail des ouvriers et à leur coordination.
A la lueur des lanternes disposées à l’entrée de la brèche, le dédale du temple se dessinait entre ombre et lumière. Les ouvriers avaient débouché dans le niveau médian de l’infrastructure du temple. La présence d’un mage de l’air suffisamment capable de générer une bulle d’air frais autour de lui avait permis de faire l’état des lieux sommaire. Le niveau supérieur des sous-sols était inaccessible pour l’instant. Les escaliers principaux étaient inutilisables et malgré la présence attestée sur les plans d’un escalier de service, il faudrait plusieurs ennéades pour déblayer et conforter cet accès. Néanmoins, un rapide coup d’œil au niveau médian permis de constater qu’il existait toujours des accès possibles aux niveaux inférieurs.
La première équipe de reconnaissance fut envoyée le huitième jour de la première ennéade de Bàrkios pour explorer le complexe souterrain. Le premier repérage effectué par l’élémentaliste quelques jours auparavant avait confirmé les intuitions des chercheurs. Les cartes étaient partiellement bonnes. Le complexe souterrain s’étendait bien au-delà de ce qui avait été dessiné sur les cartes. Seule l’envoi d’une équipe de reconnaissance permettrait de s’assurer de ce qui restait dans les zones d’ombre des cartes. Chargés de vivres et de matériel, ils s’apprêtèrent à descendre dans les profondeurs d’Ys la Calcinée pour en exhumer l’histoire.
Cassiopée Meldyrin
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Sujet: Re: Ys la Calcinée Sam 4 Jan 2020 - 11:45
Le niveau rendu accessible par le tunnel de maintenance avait été complètement sécurisé. Les chercheurs avaient trouvé lovés dans des alcôves des corps décharnés appartenant aux prêtres nisétiens et aux fidèles qui s’étaient réfugiés dans les entrailles du temple pendant la mise à sac de la cité. Les malheureux avaient certainement eu l’espoir que les niveaux supérieurs du temple ne s’effondrent pas sur eux. Bloqués dans les sous-sols, incapables de sortir, ils étaient morts de faim et de soif, seuls dans le noir, espérant vainement que l’on vienne les secourir. Leurs corps transportés puis brûlés à l’extérieur avec les hommages qui s’imposaient. Une vieille superstition voulait que l’on traite les corps trouvés sans sépulture avec égards et qu’on les brûle ou les enterrent hors du lieu où on les avait trouvés. C’était une forme de libération pour les malheureux qui avaient perdu leur Souffle et l’espoir de revoir la lumière du jour.
Les fouilles du niveau furent fructueuses. Aux bijoux nisétiens glanés sur les corps sans vie furent ajoutés diverses tablettes écrites en ancien nisétien entreposées dans une salle aux alcôves taillées dans la pierre même. Ces réserves, au nombre de quatre, contenaient d’après les plans, les écrits du temple de l’Unique. Malheureusement, toutes les tablettes n’avaient pas survécu aux affres du temps et nombre de celles qui avaient échappé à la destruction étaient dans un état déplorable. Des travaux de restauration s’imposaient avant même d’être capable de les traduire … Le Nisétien étant une langue morte voire interdite à certains endroits, seules quelques personnes pouvaient le traduire en un rien de temps sans se tromper.
Les tablettes furent emballées dans des caisses et expédiées immédiatement au palais d’Ys le jour de leur découverte. Il était hors de question de laisser pareil trésor dans Ys la Calcinée. Le plus tôt elles seraient en sécurité, le mieux cela serait. Le reste des réserves était constitué d’éléments qui n’avaient pas survécu au passage du temps : vieilles jarres décorées, toiles élimées ou pourries, morceaux de poteries, quelques calices … Tout ce que les fuyards avaient pu emporter à bout de bras lors de leur échappée dans les profondeurs.
Une fois ce sous-sol fouillé, la suite s’annonçait plus compliquée pour les explorateurs. Après plusieurs jours à déblayer les débris, un passage dérobé vers les profondeurs du temple fut découvert. Il était toujours utilisable, malgré les années, et laissait entrevoir la possibilité d’un complexe souterrain bien plus vaste que ce qui avait été dessiné.
Il ne fallut pas longtemps pour que la visite de ces souterrains soit lancée. Armée de lanternes à capote, les excavateurs descendirent le long d’un escalier aux marches raides et étroites s’enfonçant dans les ténèbres. L’air était de plus en plus humide et n’importe qui aurait pu distinguer de loin se réverbérant sur les parois de pierre mal dégrossie le clapotis de l’eau tombant dans les flaques. C’est là qu’ils découvrirent les Halls de Jade.
Les Halls de Jade étaient un des secrets les mieux gardés de La Calcinée. Créés par les premiers colons il y a de cela quelques cycles dans des cavernes riches en jade, ces halls gravés aux multiples arches et modénatures étaient le résultat de centaines d’années de travail patient. Véritable merveille d’architecture antique, ces cavernes cyclopéennes s’étendaient sous la surface du temple de l’Unique et n’étaient utilisées que par les plus hauts gradés du temple.
Les parois de ces cavernes étaient taillées dans d’épaisses couches de pierre et de jade, qui donnaient, à la lumière des champignons fluorescents, une ambiance bleue-verte unique. Là, au milieu des ruines cyclopéennes d’une civilisation disparue, des siècles d’histoire somnolaient patiemment, attendant que des explorateurs finissent par en exhumer les secrets.
Désormais à moitié engloutis par l’eau claire coulant lentement des anciens bassins des jardins du temple depuis les impressionnantes bouches circulaires gravées, les cavernes étaient illuminées par des champignons fluorescents dont le chatoiement venait créer de délicats reflets sur les parois de jade. Le temps avait fait son office et le sol autrefois dallé avait cédé la place à d’immenses flaques aux reflets vert et de petits éboulements de pierre, qui rendaient la marche difficile. Certaines mares s’étaient mélangées avec des éclats de jade et de sable, créant d’épaisses mixtures colorées aux reflets hypnotiques.
Les Halls de Jade avaient pour fonction d’accueillir les anciennes reliques de l’empire nisétien. Dans ces grandes cavernes gravées, de grands piliers comportaient des inscriptions à moitié effacées par l’érosion indiquant à ceux qui sauraient les déchiffrer les chroniques de l’empire disparu. Des alcôves aux allures de petites chapelles illuminées par la lumière des champignons accueillaient des piédestaux où se tenaient diverses reliques entreposées par les prêtres. Vase en bronze gravé, coffret de jade contenant des cendres, tube d’acier rouillé gravé et serti de pierreries, … De nombreux objets anciens restaient à la vue de tous, n’attendant que d’être récupérés.
L’ordre fut donné de ne rien toucher en attendant une plus ample expertise. La découverte de ces cavernes rebattait les cartes de l’expédition, d’autant que les Halls de Jade semblaient s’étendre bien plus loin. Les chercheurs furent déployés en premier. Il convenait de déchiffrer avec exactitude l’histoire de ces halls.
Cassiopée Meldyrin
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Sujet: Re: Ys la Calcinée Jeu 9 Jan 2020 - 1:08
Ils atteignirent les confins des souterrains après quelques heures. L’air était de plus en plus frais à mesure que le groupe de chercheurs progressait dans les cavernes de jade. Ils atteignirent bien vite les boyaux ouvragés d’un long couloir avançant dans les ténèbres. Eclairés de leurs torches, les explorateurs arrivèrent bien vite dans les tréfonds des cavernes et découvrirent le trésor caché de ce temple oublié.
Il s’agissait d’une salle circulaire d’une trentaine de mètres de rayon, dont le centre était légèrement surélevé par une plateforme de plusieurs marches en pierre taillée. Ici, pas de jade, seulement de la pierre nue, la plus dépouillée qui soit, dont le plafond se terminait en une voûte en ogive surmontée d’une clef de voûte sans symbole.
Le fait d’amener un peu de lumière dans le sanctuaire révélait parfaitement la vocation de ce lieu. Il s’agissait d’une chapelle de l’Unique antérieure à la construction du temple supérieur. Les haut-prêtres les plus influents d’Ys devaient certainement se recueillir ici, mais pas le commun des mortels.
Au milieu de cette salle se tenait un tabernacle surmonté d’une immense statue de pierre. Cette statue représentait une forme humanoïde drapée dans de longs haillons lui couvrant le visage et le corps. La statue s’appuyait sur une grande canne représentant un bois noueux terminé au bout par une pointe en fer. Les traits de la silhouette étaient cachés dans la pénombre et par le voile de pierre qui lui tombait sur le visage. La pierre sculptée était une véritable prouesse d’artisan. On ressentait parfaitement la légèreté du vêtement au travers de la finesse de la pierre taillée. Des mains expertes avaient œuvré sur cette statue … c’était indéniable.
Cette statue représentait sans aucun doute l’Unique ou une de ses manifestations. A la lumière des torches et de braseros allumés par les chercheurs, la silhouette enténébrée était impressionnante et dégageait une aura inquiétante. Le culte de l’Unique n’était plus, mais ses temples, encore cachés en Ithri’Vaan, gardaient cette aura intimidante.
Le tabernacle était clos par une très légère grille en fer forgé comportant de splendides modénatures. L’apparente simplicité du lieu recelait en réalité des trésors de savoir-faire artisanal. Qui que furent les artisans de ce sanctuaire, ils devaient compter parmi les artistes les plus doués de leur génération, ou être les plus perfectionnistes. Les bougies posées sur les réceptacles latéraux étaient depuis longtemps fondues. Plus personne n’avait mis les pieds dans ce temple depuis des siècles et les toiles d’araignées s’étaient amoncelées dans les recoins.
Derrière la petite grille en fer forgé se tenaient deux objets qui retirent immédiatement l’attention des explorateurs. Ouvrir la grille ne fut pas chose aisée, mais après quelques minutes de travail, ils parvinrent à la forcer et à en extraire les deux objets. D'aucuns auraient pu considérer qu’il s’agissait d’une profanation pure et simple d’un temple … mais le site était désacralisé depuis longtemps. Un dieu sans fidèles n’a plus son mot à dire.
Le premier objet extrait était une véritable curiosité. Il s’agissait d’une perle noir mat de la taille d’un gros poing. Cette perle était enveloppée dans un linge rouge, qui avait mal résisté aux affres du temps. La taille anormale de cette perle était complétée par le fait qu’à la lumière des flammes des braseros et des torches, de délicates inscriptions en nisétien étaient gravées. S’il était évidemment impossible de les traduire en l’état, le fait que cette perle soit placée dans le tabernacle du sanctuaire avait certainement une importance cruciale. Elle était lourde et sa noirceur semblait aspirer la lumière du lieu. La perle fut placée dans un petit coffre et envoyée directement à Ys.
Le deuxième objet était tout aussi intriguant. Il s’agissait d’un demi-masque de verre noir, portant de fines inscriptions sur le pourtour. Cette pièce était d’une délicatesse incroyable et d’une légèreté sans pareille. C’était un véritable travail d’orfèvre, d’autant que le verre noir était assez transparent pour que l’on puisse voir au travers. Ce masque devait visiblement servir à rendre les offices du culte tandis que la perle devait probablement orner un sceptre ou servir de focaliseur pour un arcaniste de l’Unique. C’était l’une des explications possibles … en tout cas, celle qui semblait la plus probable.
Le masque fut placé lui-aussi dans un coffre scellé direction la surface. Il importait que ces objets soient le plus vite extraits des profondeurs. Le pillage d’une cache nisétienne n’était pas de tout repos et se concluait souvent par des déceptions, mais avec les sous-sols du temple, les explorateurs avaient touché le gros lot.
Quand ils furent certains de ne rien avoir oublié, les chercheurs reprirent le chemin de la surface. Le temple avait été vidé de tous ses objets précieux … C’était la dure loi du pillage de tombes … ou de l’archéologie, selon la manière dont on appréhendait la chose.
La Protectrice d’Ys serait contente de ces découvertes. Après tout, c’était elle qui finançait cette expédition …
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Jeu 9 Jan 2020 - 1:10, édité 1 fois
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