Missive odélianne (Louis)

Citation :

Calimehtarus, 8e ennéade de Bàrkios
An 17, Cycle XI

Lettre à Louis de Saint-Aimé, Marquis de Sainte-Berthilde et Protecteur du Royaume au nom du Roy Bohémond Ier

Votre Excellence,

C'est, je l'espère, en bonne santé et sous la bénédiction des Cinq que vous parviendra ce courrier. Si je prends la plume, ce jour, c'est porteur d'à la fois grandes et terribles nouvelles.
J'aimerais, tout d'abord, porter à votre connaissance le traitement que j'ai subi aux mains de votre vassal, le Seigneur Magnus de Terresang, Comte d'Arétria, en son château. Me rendant en ses terres à la suite de son invitation, pour lui rendre des trésors arétans trouvés lors d'une expédition au coeur de la forêt d'Hedda, j'eus tout d'abord, la désagréable surprise de n'être accueilli par personne, bafouant ainsi toutes les règles de l'étiquette et de la politesse qui sied à la noblesse. Non content d'être reçu comme un moins que rien, le seigneur des lieux m'a tout d'abord traîté et parlé comme le dernier des paysans, avant de défourailler face à moi, de m'insulter (je cite ici les mots "vieille putain mal dégrossie" afin de vous donner une idée de la teneur des propos qui me furent adressés), de me menacer ouvertement puis de m'enfermer dans ses geôles puis, enfin, de tirer à l'arbalète sur moi, accompagnant cette agression de nouvelles bordées d'injures et de menaces.
Sans l'intervention salutaire de Maître Cauchie, je suis prêt à jurer qu'il aurait commis le meurtre dont il m'a menacé dès les premiers instants. De tels actes, d'affront, d'insulte et de menace, ne peuvent rester impuni, et par cette missive, je tenais à vous avertir de la levée imminente de mes bans ainsi que du courrier similaire que recevra le duc de Serramire, Son Altesse Arnaud de Brochant, afin de l'avertir du comportement de votre vassal. La guerre couve dans le Nord, aussi meurtrissante que soit cette nouvelle, mais je ne vois pas d'autre solution possible à l'issue de cette affaire.

Cependant, malgré la gravité de cet incident, une autre nouvelle, bien plus heureuse, me fait prendre le soin de vous écrire. J'ai en ma possession, une lettre de Sa Majesté Artiön Laergül, Roi de l'Anaëh, adressé au Seigneur Protecteur du Royaume. Ayant plusieurs affaires en cours, à Diantra comme à Langehack, j'aimerai, si vous m'y autorisez, venir vous remettre ce pli en main propre, ce qui permettrait à Odélian de renouveler ses hommages à notre bon Roy, Sa Majesté Bohémond, ainsi que de vous féliciter en personne pour votre nouvelle fonction, que, je n'en doute pas, vous accomplirez avec la droiture et l'honneur qui précède votre nom à travers tout le Royaume.

Que la Damedieu veille sur vous et votre glorieuse maison.

Gaubert de Prademont, Comte d'Odélian et Seigneur de Prademont

9^ieme jour de la 8^ieme ennéade de l’an dix-sept de ce cycle

Bon Seigneur,

La lecture de votre épître m’étrenne à outrance ; j’eus souhaité que nos premiers échanges furent baignés d’auspices moins funestes. Par deux fois je me surpris à la relecture de votre missive, tant l’espoir de saisir de vos mots un tout autre sens subsistait. Sachez que ces lignes, si elles ont qualité d’être aussi véridicités que malheureuses, ne sauraient être prises autrement qu’avec le plus grand des sérieux.

Arétria, hélas, traîne en son sillage une renommée bien peu luisante ; ce pays est revêche, indomptable et prompt aux réactions les plus inattendues. Ce ne guère fruit du hasard si ce jourd’hui d’un bout à l’autre du Royaume l’on affuble la malelande d’une telle réputation. Cela pour autant n’excuse en rien l’honneur de votre maison frelaté par les nasardes du Terresang. Quant à la manière dont vous désirez retrouver le lustre de votre maison bafouée, je ne peux qu’en faire appel à votre tempérance. En effet, l’hiver vient et avec lui, une froideur dont nous deux, Nordiens de souche, connaissons les tenants et aboutissants qu'elle peut causer à une entreprise telle que la guerre. Quant à savoir si la justification de vos envies vindicatives mérite que vos bans en soient appelés, en cela je ne saurai me montrer favorable que s’il m’en venait de voir Magnus se sortir de cette histoire indemne.

Nous n’avons tous deux certes jamais devisés ensembles, mais sachez une chose : il n’est de valeur qui saurait me caractériser d’avantage que celle de la justice. Si faute a bien été commise, je saurai à titre de Marquis de Sainte-Berthilde, me montrer comme votre débiteur et veillerai personnellement à ce que l’avanie qui vous pèse soit dûment ragréée. Si je ne puis, au-delà de ce solennel vélin mettre baume aux maux qui vous pèsent, j’embrasse l’espoir que ma parole suffira à attiédir vos envies de dissensions.

Permettez à vos hommes, à vos familles et vos gens de garder leurs chaumière en préparation de la venue de la neige et accordez moi l’aubaine de faire le retrait de cette épine qui, depuis trop longtemps, me harasse le pied.

Quant à cette épistole Royale venue des grands boisés, votre venue au sein du Palais ne saurait être accueillie autrement qu’avec moult agréments.

D’ici l’arrivée de ce jour promis à l’heur et au bon temps, je vous recommande, bon Seigneur, à la dextre de la Damedieu.  

Louis de Saint-Aimé, Régent et protecteur du Royaume des humains, Marquis de Sainte-Berthilde, Seigneur de Saint-Aimé, de la Toranne et d’Erignacc.

Citation :

Julas de la 9e ennéade de Bàrkios,
An 17, Cycle XI

Lettre à Louis de Saint-Aimé, Marquis de Sainte-Berthilde et Protecteur du Royaume au nom du Roy, Bohémond Ier

Votre Excellence,

C'est avec un immense honneur et une profonde gratitude que j'ai lu vos mots. Sachez que c'est le coeur meurtri que j'ai couché les mots de ma première missive sur le vélin, sachant très bien que j'annonçais la mise en péril de la paix du Roy, ainsi que la précieuse vie de mes gens, à l'orée de l'hiver.
Je m'en remets à votre sagesse et à votre sens de la justice pour régler cette sombre affaire et vous remercie encore de la promptitude de votre réponse et de vos conseils. Je ne doute pas un seul instant que vous saurez traiter avec votre vassal pour lui faire payer son attitude outrageante et menaçante face à un invité.

Je souhaite, en revanche et puisque la dette ne pourra être éponger dans le sang, obtenir réparation de la part d'Arétria, à hauteur du préjudice physique et moral que mes gens et mon auguste personne ont reçus. Je laisse à votre discrétion et discernement la nature de la compensation, mais je ne doute pas que votre sens des valeurs de la Justice saura en définir le dédommagement idoine. Je salue une nouvelle fois votre retenue et appel à la raison, pour régler ce confilt sans qu'une goutte de sang nordien ne vienne souiller la terre.

Quand à la seconde nouvelle, c'est avec un immense honneur que je me rendrais en terres diantraises, porteur des nouvelles de l'Anaëh, une fois le litige arétan oublié. J'ai bon espoir de profiter des premiers souffles de l'hiver pour accomplir ma tâche d'émissaire aux Palais des Dômes.

Je reste votre dévoué serviteur et prie les Cinq qu'ils veillent sur vous et toute votre glorieuse maison.

Gaubert de Prademont, comte d'Odélian et Seigneur de Prademont.