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| D'un régent à un autre [Louis] | |
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Milynéa Lythandas Sang-mêlé
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| Sujet: D'un régent à un autre [Louis] Lun 17 Fév 2020 - 17:50 | |
| Second jour de la sixième ennéade de Bàrkios, an 17:XI
Plusieurs ennéades que durent son séjour quand finalement un moment se libère et que se présente l’opportunité tant désirée par l’entremise et avec l’aide de l’ancien régent, Francesco.
Durant ce séjour aux airs de vacances, la Dame Blanche n’a toutefois pas chômé, à sa manière, introduite à maintes reprises au sein de riches soirées organisées par quelques maisonnées bourgeoises et aisées, petites noblesses courtisanes ou marchands, elle tisse quelques liens, offre à ses hôtes la ravissement de ses artistes et l’exotisme de leurs allures et parures. Un échantillon des prestations qu’elle peut offrir ou inspiration qu’elle fait naître en suggérant qu’elle peut offrir à la fille de l’un ou de l’autre un tuteur en matière d’art, pour l’apprentissage de la musique, d’un instrument ou du chant ainsi qu’une culture des arts de l’estrévent. Elle offrit également de semblables services, de semblables promesses même au sein du palais royal, avant que ne se tienne le Concile, glissant à quelques oreilles qu’elle pourrait même offrir le meilleur des professeurs à sa Majesté en personne en la matière, ainsi qu’à un petit nombre d’élèves de hautes naissances. Plus concrètement, c’est un présent soigneusement préparé pour le jeune roi qu’elle apportait avec elle… Un recueil de contes et légendes de l’est, traduit mais surtout adapté à la culture pentienne, écartant la plus petite évocation des dragons pour y faire paraître en fonction du récit tel ou tel dieu, travesti ou paraissant sous une forme ou une autre aux héros et personnages. Un travail exigeant pour ouvrir l’appétit tout en s’assurant que nulle censure ne puisse le condamner aux flammes. A cela, évidemment, les chants et les prestations de ses bardes à l’occasion de quelques repas, et la promesse faite au jeune roi que tout morceau qu’il apprécie sera enseigné à ses propres bardes pour qu’il puisse les faire jouer à loisir lorsqu’elle serait repartie dans son pays. Une opération séduction, en somme, dont elle espérait cueillir les fruits dans les années à venir, car au sein de la cour, elle ne suggérait aucun marché, aucune transaction...
Se présente donc l’occasion de rencontrer le nouveau régent, Louis de Saint-Aimé, l’actuel Marquis de Sainte Berthilde, un jeune homme dont on lui dresse un bref portrait avant ce rendez-vous, sans toutefois pouvoir trop s’avancer sur la posture qui pourrait être la sienne. Bien qu’il soit un homme du nord, région où existe plus naturellement une méfiance à l’égard des peuples étrangers, c’est dans une tenue finalement simple quoi qu’élégante et riche qui affirme ses origines de l’est, mettant tout particulièrement en valeur ses traits elfiques particulièrement marqués - pour ne pas dire confondant - qu’elle se présente, conduite par un valet jusqu’au jardin de la Reine où l’attend déjà son hôte, le régent.
Le valet s’incline bien bas, tout en introduisant “Son Altesse Milynéa Lythandas, Princesse-Marchande de Thaar”, et elle-même lui fait une révérence, à la manière des femmes péninsulaires toutefois, dans un geste calculé, suffisamment pour témoigner de son respect sincère, pas suffisamment pour souligner une subordination éventuelle.
“Monseigneur de Saint-Aimé, je n’ai jusqu’à lors pas eu le plaisir de vous rencontrer, aussi je vous présente mes félicitations un peu tardive pour votre nomination récente. J’espère que nous aurons l’occasion de travailler ensemble, à de plus plaisants sujets que ceux qui m’ont amené par le passé à oeuvrer de concert avec votre estimé prédécesseur. Évidemment qu’il y a de la flatterie, mais également de la sincérité, tout particulièrement à l’évocation de Francesco. Il s’est avéré être un interlocuteur tout à fait satisfaisant pour elle, elle considérait devoir le souligner - tout en rappelant son propre rôle dans ces affaires, que ce soit la pacification de l’Olienne et de l’Archipel après les errements de l’armateur Savarius aussi bien, peut-être, que les recommandations qu’elle porta après l’apparition des dragons dans cette même archipel - avant toute chose. Je vous remercie par ailleurs d’avoir accepté cette rencontre, je ne doute pas que nombreux sont les sujets dont vous avez encore a prendre connaissance concernant votre propre royaume mais il me fallait m’entretenir avec vous de ce qui s’agite à l’Est.”
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Ven 21 Fév 2020 - 5:44 | |
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« - Ce jour d’hui, je tue, Gaulthier!, prononça un Louis tout guilleret, à mesure qu’il épiait envieusement son impressionnant présentoir à framées. - Euh, occire … Vous ne faites certes pas référence à un homme, je l'espère ? - Palsambleu, nenni! La rigolote idée, tiens! Quoi qu’il s’y trouve quelques sangs austraux en abord du palais que je ne saurais pleurer s’ils venaient à claboter. - Je me disais aussi, se rassura le laquais avant de poursuivre d’un ton ressauteur : Et puis de toute façon, ce n’est pas comme si son Excellence disposait de temps en suffisance pour de telles frivolités. Vous omettez peut-être votre rendez-vous avec la Princesse Marchande. - Je ne saurais l’oublier, Gaulthier, grommela l’ogre, un iota ronchon. J’épousai le souhait de me m’aérer l’esprit devant cet auguste entretient. Je n’affectionne en rien qui possède de racines Estréventines et n’a d’intérêt aux pourparlers avec ceux-là que pour le bien du Royaume. Eut été de moi, c’est à grands élans de flamberge que je leur donnerais congé, à ces faquins de mes couillons. - D’accord …, trouva à redire l’auxillière, un peu ébêté face à cette déclaration. Enfin, elle vous retrouvera aux abords des jardins de la Reine dans près d’une heure et une demie. Désirez-vous que je fasse mander le maître tisserand ? - Quoi ? Qu'a-t-il, mon attifement ?, rétorqua sèchement et dare-dare le Régent, une javeline fermement enserrée dans sa sénestre. - Une toilette prodigieuse, votre Excellence. Avec votre accord, je prendrais congé céans, termina le valet dans une langue un peu pétocharde. »
Las, Louis délaissa à regret le doux bois de sa pique, puis inspecta sa toilette dans une glace : il arborait un pourpoint cèdre aux boutons d’ébène et ornementé de plusieurs reliures dorées. Un large ceinturon bouclé d’un cervidé aux majestueux bois lui cintrait la taille. En somme, un accoûtrement à la juste mesure de l’homme qui l’arborait : humble et intègre. S’en suivant son examen concis, il rapatria une outre de vin qu’il appauvrie d’une généreuse goulée, puis chemina au travers les dédales du Palais afin de rejoindre le portail qui menait aux jardins de la Reine. Loin d’avoir le pouce vert, Louis aimât à tenir ses entretiens à l’extérieur ; là où le vent et la fraîcheur automnale emportaient sa mélancolie. Ici, sis dans le faste des doux velours et de la richesse Royale, le confort d’un homme de guerre tel que Louis ne pouvait être assuré. Aussi trouvait-il ces endroits prompt aux confidences ; les hauts arbres centenaires et quelques bosquets brillamment taillés, offraient intimité requise à quiconque en requérait.
Lorsqu’il vit au loin poindre une flopée de silhouettes, il odit l’écho des prochains palabres venir lui harasser les esgourdes. Faites que les mots de l’Amiral furent teintés de justesse ; je ne saurai lui gracier que la Princesse soit à l’image de l’ordurière d’Uldal’Rhiz. Ainsi, la voyant cheminer jusqu’à lui et lorsqu’elle fût tout à fait arrivée à son niveau, présentée par son héraut, puis qu’elle se soit inclinée en bon et dûe forme à la manière des humains, Louis dût avouer apprécier la manœuvre. Ainsi à son tour, l’une de ses pattes vint se nicher contre son rachis afin de ployer l’échine en une révérence solenelle.
« Mon cœur s’emballe à l’écho de ces remerciements qui ont sût s’y frayer un chemin, votre Altesse, assura l’auguste Marquis, la senestre s’en allant couver son tambour de chair. Voilà un désir que j’embrasse mêmement : je mettrai genoux en terre que pareil souhait se produise, assura un Louis avenant comme à l’habituelle. S’il n’allait certes point conjurer sa Déesse-Mère à ce qu’ils aient à se revoir, il irait quand même l’enquérir que la situation de Milynéa ne s’envenime d’avantage. Tant il est vrai que le Royaume de notre très bon et très Pentien Roi ne soit dégarni de toute adversité ; la grièveté des remous qui oppressent vos landes de l’est mérite notre entière sollicitude. Aussi vous inviterais-je à parler sans gaucherie ni ambages ; vous avez, votre Altesse, ma pleine attention. »
D’une de ses immenses paluche, il l’invita à marcher à sa dextre, où ils pourraient conjointement contempler cet unique paysage. Jusqu’à maintenant, certes seules les présentations furent lancées, mais l’envie de l’étriller proprement s’estompa peu à peu. Il ne sut dire s’il devait son pacifisme aux mots préalablement soufflés par son amiral en son égard, ou au charisme qu’elle brandissait volontairement ou non.
- Spoiler:
Cité du BG de Diantra :
"Les jardins de la Reine étaient un petit havre de paix à l’écart des jardins royaux plus grandiloquents et bien moins intimes. Installés à la demande de la Reine Lilianna - défunte épouse du Roy Trystan - il n’était point rare d’y voir quelques tourtereaux se faire la cour. Ces petits jardins, que l’ombre des remparts de la haute-ville recouvrait dès les premières matines, n’avaient pourtant rien d’extraordinaires à première vue. Quelques bosquets ici et là, fort bien entretenus, donnaient l’impression d'une nature sauvage en plein cœur de la cité royale. De vieux chênes, centenaires vue leur taille, agrémentaient eux aussi le parcours de visite ; fermant également le lieu pour en faire un endroit clos à l’abri des regards. Des plantes aux couleurs chatoyantes devaient enivrer l’espace à la belle saison. Mais en cette phase automnale, bien plus proches des premières gelées que des dernières chaleurs, celles-ci s’étaient à présent recroquevillées sur elles-mêmes. Les buissons finement tailladés par une petite armée de jardiniers dédiés, formaient de petits enclos de diverses tailles. Parfois, ils protégeaient de petits bancs sculptés en pierre sur lesquels il était facilement possible de céder à l’oisiveté. Qu’on était loin de la bruyante et insomniaque ville qui s’étendait à perte de vue en contre-bas. En ce lieu, reclus du monde, il suffisait d’y voir quelques hommes de la cour pour s’imaginer les pires intrigues. Il suffisait de tendre l’oreille à quelque moment de la journée pour y entendre de douces et voluptueuses symphonies s’émanant d’harpes de gentils ménestrels."]
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| | | Milynéa Lythandas Sang-mêlé
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Ven 21 Fév 2020 - 8:55 | |
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Pour une première impression, la Dame Blanche était plus que satisfaite, à sa manière. Le « jeune » homme possède certainement un certain charme et des manières qui peuvent plaire aux dames, quoiqu’elle-même ne soit guère intéressée… trop humain à son goût. Mais ça n’est pas pour cela qu’elle est là, et le plus réjouissant est qu’il est un homme direct et par certains aspects certainement plein d’une franchise brute. Ce peut avoir quelques inconvénients, surtout si on l’imagine peu enclin à apprécier les étrangers de l’est, mais au moins, les choses seront claires. Et elle n’allait, sur ce point, pas le décevoir, pour sûr.
« C’est entendu, mais il me faut avant toute chose vous introduire à certaines subtilités, afin qu’il n’y ait, ni malentendu, ni embarras et que nous soyons, l’un et l’autre, tout à fait conscient de ce qui ressortira de notre conversation. »
Un préambule absolument nécessaire pour obtenir un résultat que l’un et l’autre puisse apprécier sans se tromper. Un préambule qu’elle le sait, certains de ses pairs n’ont pas la transparence d’énoncer aussi clairement qu’elle s’apprête à le faire.
« Je ne représente devant vous et ce jour que moi-même et mes opinions, et ne peut en aucun cas engager le Conseil. Il en sera peut-être autrement dans un proche avenir, mais à ce jour, nul représentant n’a été désigné à cette fin et sur ce sujet particulier. Elle cache à peine ce que lui inspire ces derniers mots, mais elle aurait l’occasion de s’en expliquer. Cela ne signifie pas que notre conversation est vaine, bien au contraire, il est très probable qu’elle soit rapportée à mes pairs afin qu’ils puissent considérer la situation avec toutes les informations nécessaires à une décision éclairée. Ce qui n’était assurément pas le cas, mais elle se contente de suggérer ce que Louis peut déduire de l’opportunité qu’elle lui présente. Mais cela signifie que nul accord contraignant pour l’ensemble du Conseil ne peut découler de cette conversation informelle. »
Il y avait naturellement un manque de chaleur dans ces mots, comme si elle les répétait mécaniquement, des lignes systématiques d’un contrat qu’elle passe avec ses interlocuteurs. Elle pouvait s’y prendre autrement, elle aurait pu le lui cacher, le manipuler contre le conseil, mais ça n’était ni dans son intérêt, ni dans l’intérêt de la principauté. Celui qui veut bâtir une maison solide attache un soin tout particulier au fondation. A l’hostilité et à la méfiance qu’elle devine et qui peuvent représenter des faiblesses, sachant l’image que certains humains, particulièrement au nord, ont des estréventins et de leurs marchands, elle décide d’offrir l’honnêteté et la transparence.
« Ces bases étant ainsi posées, nous allons pouvoir travailler convenablement ! »
Quelques pas plus tard, elle s’arrête en regardant autour d’elle, alors qu’elle prend quelques instants de réflexion mais aussi et surtout de contemplation de ce lieu en cette saison sur le déclin et artificiellement travaillé, malheureusement. Mais à la belle saison, lorsque la nature s’éveille d’un long et rude hiver, ce devait être un spectacle ravissant.
« Il faudra que je vous rende une nouvelle visite au printemps accompagné de l’un de mes peintres, avec votre permission… Je suis curieuse. Ça, ça n’engage qu’elle, c’est certain. Elle se veut toutefois optimiste dans une telle période, se refuse à sombrer complètement dans l’inquiétude et le manque de perspective. Il fallait savoir embrasser aussi sûrement les belles promesses que de garder à l’œil les sombres présages, s’accorder pour elle-même une représentation de ces jardins au printemps, et pourquoi pas offrir à l’occasion au jeune roi ou au régent de se prêter au jeu de l’artiste ? Mais je m’égare, mes excuses. »
Elle reprend la marche, revient au niveau du régent, et la rêveuse et artiste qu’elle était encore quelques instants plus tôt cède de nouveau la place à la princesse-marchande.
« Bien… Je ne vais pas vous faire l’affront de vous révéler que le Puy d’Elda est repassé dans une phase d’activité – volcan, activité, ‘ncule un mouton, humour -, mais comme je l’ai apprise à votre prédécesseur, pour ce qui concerne la Principauté, l’implication de l’une des nôtres change la donne. La Princesse-Marchande Al’Serat, de la Compagnie d’Argent, a été récemment proclamé Reine d’Elda et depuis plusieurs années déjà, elle conduit une campagne de séduction auprès de mes pairs, de belles et juteuses promesses, un rapprochement savamment orchestré pour amoindrir notre vigilance et jouer sur le manque de clairvoyance de certains en présence d’un profit facile et immédiat. C’est ainsi que, malgré mon opposition, certains collaborèrent à la chute de Sol’Dorn en commerçant avec le camp des assiégeant et ravitaillèrent les eldéens qui n’aurait pas si facilement pu tenir le siège autrement. » Le regret face à cette bêtise des siens était manifeste et bien présent, dans la voix autant que dans les traits qui s’endurcissent momentanément. Tout le mépris que Louis pourrait ressentir pour ceux-là, à une telle idée ne saurait faire d’ombre à celui de la Dame Blanche.
« Il vous faut comprendre que la relation que nous entretenons avec les drows, et pour certains, avec les eldéens, n’est pas aussi évidente que la vôtre. Pour certains, ce sont, au même titre que les péninsulaires, des partenaires commerciaux et une partie de leurs affaires reposent sur cette relation, quand d’autres ont une vue et une mémoire bien trop courte pour mesurer le danger.
Cela conduit à la situation actuelle, concernant le Puy d’Elda et ses avancées, la Principauté ne se prépare pas à la guerre car son Conseil est divisé et que ce sont des indécis et des opportunistes qui tiennent la majorité, considérant l’intérêt et l’opportunité des temps actuels pour s’enrichir pour les uns, redoutant de s’attirer l’ire des eldéens sans pour autant en être de fervents partisans, pour les autres. Ils sont inconscients du piège qui se referme doucement sur nous, ou bien ont-ils d’autres plans, je l’ignore… Mais il en est ainsi, pour le moment. »
Elle suspend quelques instants ses mots pour laisser au régent le temps de prendre tout cela en considération, ce qui ne fait figure que de mise en contexte, quelque part, avant de reprendre pour lui présenter l’avenir mais surtout, le motif de sa visite.
« Mais rien n’est gravé dans le marbre, la plupart sont dans une posture d’équilibre pour le moins précaire, un rien pourrait les souffler et faire basculer le Conseil. Il y a de la conviction dans sa voix, et même un soupçon de détermination… sait-elle quelque chose ? Mais si nous perdons du temps, il sera trop tard le moment venu… C’est la raison de ma présence ici, car si le Conseil ne s’y prépare pas, ça n’est pas mon cas, ainsi que d’autres, bien que, comme je vous l’ai dit, ma démarche est officieuse, indépendante des volontés du Conseil. Nous ne pourrons pas vaincre seuls les eldéens quand nous devrons les affronter, point de « si » dans la bouche de la Dame Blanche, à ses yeux, cette issue est inévitable et n’est qu’une question de temps, c’est pourquoi je dois connaître la position de nos partenaires les plus à même de nous aider à stopper leurs avancées. »
Il avait désiré qu’elle soit directe, c’était ainsi chose faite.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Lun 24 Fév 2020 - 22:02 | |
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Les pattes jointes contre la chute de ses reins, Louis cornaquait la princesse de sorte à ce que leur vadrouille les emmène au-devant des plus inspirants paysages. Son pas lent et continuel au travers les jardins fût assortit d’un bien pieux mutisme. C’est que dans la lancée, le Régent cru à son avantage de se carencer de toute opinion quant à la description de l’actuelle situation Estréventine. Du moins se priva-t-il de les exprimer à voix haute, car en son for intérieur, il invectivait à outrance ces peaux noires qui sévissait d’un bout à l’autre du continent. Même terrés dans le cul du monde, ces sales trognes confites dans du jus de pisse nous mènent la vie dure, pensa-t-il aigrement, alors qu’il ancra son pied pour ne plus bouger aux abords d’une bancelle de roc. Il y avait dans leur entourage quelques bosquets ciselés méticuleusement au couteau, de diverses vivaces tous aussi colorées les unes que les autres ainsi qu’une banquette, dont l’avers donnait sur la Capitale en contre-bas, vaste et à perte de vue. Ce panorama avait toujours plut au Saint-Aimé. Si haut juchés sur ce roc duquel dominait en Roi le Palais des Dômes, il n’importait plus de la grièveté des mots ni même de leur portée : cette échappée offrait à coup certain l’accoisement et lui avait évité à maintes reprises la venue d’attrapades inopportunes.
« En ce qui me concerne, la bonne fortune ne m’octroya guère occasion d’en admirer les couleurs ; c’est que cette saison m’est inconnue en Diantra. J’y piétai pour une prime occasion alors que l’efflorescence des rameaux était déjà histoire du passé, que les fleurs prospéraient mais abordait leur déchéance avec amertume. Alors, je ne puis dire si votre périple saurait en valoir la peine, mais s’il est une chose que je puis vous affirmer sans doutances, c’est que votre venue nouvelle ne saurait nous ennuyer. » L’art était à Louis ce qu’était les femmes aux pédérastes, une bien dégueulasse idée. Ce nonobstant, il était en mesure de comprendre que d’autres en apprécie la discipline, malgré tout le dégoût qu’il pouvait ressentir à la vue d’une toile ou d’une esquisse quelconque.
Sa large patte se tendit et invita la Princesse à prendre place sur l’assise avant de venir l’y rejoindre. À la fin, alors qu’elle acheva son discours sur une fatalité des plus déprimantes, il s’octroya un menu silence, le temps de bien évaluer dans quelle direction allait-il orienter la conversation. Enfin, il abrégea l’étude du regard qu’il avait d’emblée réservé à la capitale, pour mieux la déporter sur Milynéa.
« C’est d’une tristesse à en faire se trucider les plus cafardeux et je me désole d’avance à ce que pourrait engendrer l’ambition d’un peuple aussi râblé face à un autre dont la discorde scinde les forces. À la lumière des informations que vous me narrez, une question me taraude et je crois qu’elle est légitime : qu’attendez-vous de nous, Princesse ? N’auriez-vous point intérêt à rallier vos homologues sous l’égide d’une même position, plutôt qu'à espérer l'appui de lointains alliés ?, questionna Louis sans une once d’animosité, ses larges épaules détournées en sa direction. »
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| | | Milynéa Lythandas Sang-mêlé
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Mar 25 Fév 2020 - 7:29 | |
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Lointains alliés… Si son expression ne varie pas d’un iota, si elle ne permet pas à un seul instant qui put permettre à de l’hésitation d'exister, elle n’en prend pas moins note et ce qu’elle en déduit, c’est qu’elle doit éviter pour le moment d’évoquer une aide militaire… Ce qui n’est pas gênant du tout pour l’instant, soit dit en passant ! C’est pourquoi elle n’hésite pas, qu’elle garde son assurance et qu’en même temps brille dans ses yeux vairons l’éclat d’une intelligence qu’accompagne une gestuelle subtile, le timbre de sa voix qui se veut complice. Elle entend bien la partager et convier le régent, d’une certaine manière, dans son prochain tour.
« C’est bien là mon but, messire, et la raison de ma présence. »
Elle prend quelques instants, comme pour récupérer certains souvenirs récents, et poursuit.
« Mais il est une chose que m’a dite votre prédécesseur et qui me laisse songeuse… Le Puy s’agite à l’est et s’avance vers l’ouest tandis que Naelis tressaille, s’apprête à la guerre qui couve, mais pas Thaar… Pas Thaar dont il est connu que certains de ses princes possèdent quelques accointances avec les eldéens. Si ces derniers poursuivent leurs avancées vers l’ouest, il devient tout à fait légitime que Diantra devienne méfiant quant à notre posture ambiguë dans ce jeu trouble, n’est-ce pas ? »
Purement rhétorique, elle ne paraît pas s’en inquiéter, non pas qu’une telle issue soit dénué d’impact, au contraire, mais c’est bien là-dessus que repose tout un pan de son approche, c’est cette réflexion qui a provoqué cette rencontre.
« Comme je vous l’ai dit, la majorité est tenue par des indécis et des opportunistes dont la position peut évoluer… si leurs affaires s’en trouvaient menacer, par exemple. C’était une marchande… Nulle armée pour porter ses couleurs ou pour fondre sur une autre en son nom. C’est en marchande qu’elle parle et en marchande qu’elle entend convaincre. Oh, je vous rassure, je ne vous demande pas d’aide contre mes concurrents ! Nous sommes encore l’un pour l’autre de parfaits inconnus et ça ne serait ni sain, ni très rentable à moyen et long terme… Elle ne souhaite surtout pas l’ingérence dans les affaires vaanies, en tout cas, entre vaanies… C’était la raison pour laquelle, lorsqu’elle avait répondu favorablement à une prétendante pour Soltariel contre Kahina, elle avait bien précisé que les possessions de cette dernière en Ithri’Vaan ne pourraient faire l’objet d’aucune convoitise ni être l’objet d’aucune bataille. Mais si je rapporte à mes pairs l’expression de défiance et l’inquiétude de Diantra, exprimé par le régent en personne, par la Couronne, concernant notre posture supposé neutre… Cela pourrait ne pas les laisser insensible, cela pourrait en faire basculer suffisamment pour changer la donne. »
Un tel basculement était un préambule nécessaire pour la suite, contre les eldéens d’une part, dans les rapports qu’entretiendraient la Principauté avec la Couronne, d’autre part. Aux yeux de la marchande, l’appuie militaire probablement nécessaire pour porter un coup suffisamment significatif pour s’offrir des années de paix nécessitait que le Conseil présente de tels gages à la Couronne, qu’elle exprime son choix entre l’est et l’ouest pour le futur.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Mar 25 Fév 2020 - 23:57 | |
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Louis la laissa une fois seconde jacter sans discontinuer. C’est qu’icelle faisait montre d’une clairvoyance certaine qui faisait raccord avec les présages du Marquis ; il était ainsi tout justifié qu’il n’en vienne à la couper d’aucune façon. Et à mesure qu’elle détaillait l’horrible fresque que représentaient les ambitions prochaines des noirelfes, le regard de Louis s’égarait à l’horizon, où il y trouvât le réconfort qu’il convoitait. Beau merdier que tout ça, Francesco, pensa-t-il à mesure qu’il décrivait de ses mires les maisonnées en contre-bas. Fort de sa généreuse charpente, sa robustesse ne lui était d’aucune utilité face à cette funeste situation, quoi qu’embryonnaire. Et cela l’emmouscaillait à outrance, car des milliers de paires d’yeux étaient braqués contre lui : l’épiant sans cesse, à s’assurer qu’icelui fasse perdurer la pérennité de l’éclat de la Couronne, icelle entretenue par nul autre que l’Amiral et sa consœur Constance, et avant eux par l’auguste Brochant! Et quelle défaite se serait, si l’on venait à l’affubler de la déchéance du Royaume aux vilénies des Eldéens!
« De ces terres où l’on me vit naître plane à l’encontre de vos gens une réputation entachée de charlatanisme. Et encore, Princesse, j’en pèse les mots. Si j’en venais à me fier à ce que l'on m’enseigna tout petit, quand bien même que l'on teinta ces leçons de demi-vérités, onques n’avez-vous été tentée par cette rodomontade ? Car mon amie, dit-il en se retournant vers la Princesse, ses mires déportées cette fois directement dans les siennes, il va de soi que Diantra est inquiète : vous auriez été sauf d'un voyage. Si ce n’est guère par la prise de Thaar, Naelis est en revanche pour nous une barrière qui fait office de frontière avec la menace qui gronde et, nous serions bien à mal de la voir passer sous le giron de ces adorateurs de simulacres Dieux, s’exprima le Régent dans un ton qui ne laissait place à aucune hésitation. Qui plus est … Nombres des vassaux de notre très Pentien et bon Roi possèdent routes et ententes commerciales avec l’Estrévent ; une raison de surcroît, qui laisse sous-entendre que notre Royaume aurait lourd à essuyer d'une invasion à l'est. Si cela ne peut suffire à convaincre vos commensaux de la légitimité de notre crainte ; rien ne le pourra. »
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| | | Milynéa Lythandas Sang-mêlé
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| Sujet: Re: D'un régent à un autre [Louis] Jeu 5 Mar 2020 - 19:07 | |
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La Dame Blanche est surprise, réellement, et compte tenu de la situation, elle serait incapable de dire si elle l’est agréablement ou non. Comme un écho aux premiers mots du régent, de la part d’un nordien à l’attention d’une vaanie, elle s’était imaginée un jugement bien plus lourd, une position bien plus rude que l’inquiétude finalement exprimée. C’est à dire que d’une manière réciproque, nordien, tout particulier ceux de l’ouest et des terres et vaanie portent sur l’autre un regard peu amène, deux cultures très opposés, et il lui faut reconnaître elle-même se méfier des manières barbares qu’on prête parfois à tort, bien souvent à raison, à ces populations. Alors voir le régent seulement inquiet - ou tout au moins se retenant d’être davantage - elle ne l’imaginait pas.
“ Êtes-vous déçu ? Je suis pour ma part surprise, car je dois vous avouer avoir de prime abord imaginer de votre part bien plus d’hostilité, les hommes du nord ne sont pas particulièrement reconnus pour leur tolérance aux étrangers. “
Momentanément, elle est presque plus déçue que surprise, même. Elle avait, depuis son entretien avec Francesco, imaginé transmettre un jugement sévère et teintée de menace au Conseil, pour placer les silencieux et les opportunistes en bien mauvaises postures… mais elle saurait s’en contenter, elle ne manquait pas de savoir faire pour tirer le meilleur de ce qu’on lui offre. D’autant que c’était, pour le plus long terme, une perspective bien plus réjouissante : ils peuvent s’entendre, l’un et l’autre.
“ Aurais-je obtenu un meilleur résultat en vous manquant de respect de prime abord ? En vous prenant de haut ? En suggérant de quelques façons la supériorité de ma culture ou de mes manières sur les vôtres ? J’en doute fort… Et ce d’autant plus que vous vous êtes depuis le début montré très courtois à mon égard, alors même qu’il aurait été tout à fait légitime de ne pas l’être. “ Pas nécessairement parce qu’une telle posture reposerait sur une vérité mais parce qu’elle découle d’une influence, d’une éducation qu’elle ne peut ou ne veut contester. Mais admettre la légitimité ne signifie pas pour la Dame Blanche qu’il faut s’y ranger, mais seulement qu’il faut la combattre, la faire changer… Il faut commencer par admettre l’existence et la force de l’ennemi pour être certain de le vaincre, non ?
Elle décide de s’ouvrir un peu au régent, sans toutefois réclamer dans son attitude ou son ton le moindre apitoiement, mais simplement pour lui offrir une autre perspective, une autre vérité que celle qu’on lui avait accordé jusqu’à présent. Pas universelle, ça non, mais que l’oisiveté ou l’insolence - à défaut de pouvoir également balayer du revers de la main l’indécence - ne sont pas une règle absolue.
“ Je ne suis pas de ces puissants qui estiment que tout va de soi, que c’est dans l’ordre des choses, messire, sachez le. Lorsque je suis née, mon grand-père et mon père après lui avaient oeuvré pour couler les fondations de ma position actuelle, ont gagné une fortune et s’en sont servi pour acquérir les moyens et l’influence d’obtenir un siège au sein du conseil et bâti un palais, pour signifier à tout un chacun leurs réussites… Mais ni ce statut, ni cette fortune, ni ce palais ne m’ont tout d’abord permit de gagner le respect de mes pairs et même de notables et de marchands qui m’étaient en la matière inférieure, car à leurs yeux, j’étais une gamine… Et comment leur en vouloir, j’en étais une, en apparence tout du moins. Une marchande d’un demi-siècle, aussi bien éduqué et avec une expérience comparable sinon supérieure à de jeunes héritiers de trente ou quarante ans, mais avec le corps d’une enfant de dix ans à peine, vous imaginez ? Ça n’est pas très sérieux, n’est-ce pas ? Ainsi, tout ne va pas de soi, même lorsqu’on est aussi fortuné que peuvent l’être les Prince-Marchands, il faut parfois le mériter ou se battre pour l’obtenir, et la vie m’offrit le temps de l'apprendre, ça et la patience, mais également d'enseigner durement à ceux qui me prenaient de haut ce qu'il en coûte de mésestimer l'autre. "
Elle sourit. Mais ça n’est pas là-dessus qu’elle veut conclure, mais sur un engagement presque solennel.
“ Aussi, que nous soyons des partenaires cordiaux, œuvrant en bonne intelligence à notre prospérité et notre réussite mutuelle ou bien des adversaires mortels qui n’auront de cesse de chercher le moyen d’écraser ou de dominer l’autre, je vous respecterai toujours, vous avez ma parole. Mais à choisir, je préfère l’entente à la confrontation.”
Elle conclut sur un sourire, mais l’intégralité de ses mots sont empreint d’une sincérité pure, sans enjoliver ou menacer. C’est un contrat, un engagement qu’elle soumet au régent, d’une certaine façon, pour le meilleur ou pour le pire d’ailleurs… C’était une vérité connue de l’autre côté de l’Olienne. La Dame Blanche est une honnête marchande qui privilégie toujours la négociation et l’arrangement mutuel, respectueuse de la parole donnée, il en va de sa réputation et de son intégrité, après tout ! Mais elle attend de ses partenaires la même rigueur, et aussi sûrement qu’elle peut être une excellente partenaire, elle est connue pour être intraitable et sévère, voir impitoyable lorsqu’il s’agit de châtier un parjure… Et pour l’un comme pour l’autre, elle n’était pas connue pour sous-estimer les moyens et les forces à mettre à pied d’oeuvre pour obtenir le résultat escompté.
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