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Sujet: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Mer 19 Fév 2020 - 23:01
Dernière édition par Louis de Saint-Aimé le Jeu 20 Fév 2020 - 14:54, édité 1 fois
Thibaud de Kelbourg
Humain
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Jeu 20 Fév 2020 - 13:27
Il n'éprouva point de sarcastique inflexion ou bien de satirique réflexion une fois lu le vélin apporté par le roquet du cervidé berthildois. Mensonge ! Adoncques le cerf s’était enfin souvenu de son pays depuis que son derche s'était retrouvé sur le séant royal. Voilà en plus que son si bon ami daignait enfin le faire sortir de sa vacance en le missionnant pour une tâche qui semblait être taillée sur mesure. Et quelle besogne ! Sa découverte lui avait fait sortir un petit gloussement aussitôt recouvert par le petit pet de son valet Casimir. Une telle réaction ne put être expliquée que par l’ironie de la situation voyant deux hommes sur le point de mettre un terme à la paix pour un ténébreux grief diplomatique. Aretria et Odélian ! Deux territoires ne possédant point de frontière commune ni même d’un passé commun tumultueux. Deux terres anciennement meurtries et ce jour d’hui dirigés par de récents sires aux âges bien avancés à défaut d'être sages. Il y eut de quoi être interpellé par cette affaire s’apparentant de près et de loin à une vaste fumisterie. Et pourtant, les mots du Saint-Aimé lui semblèrent être foutrement sérieux pour lui faire penser à une vilaine plaisanterie. Cerise sur le gâteau ! Pompon sur l’Argonne ! Endémique suffocation ! Son rire recouvrit in fine les pets et rots de son fidèle Casimir lorsqu’il découvrit que la Saint-Aimé serait aussi du voyage. Quel crime avait-elle commis pour être châtiée de la sorte ? L’avait-il consciemment envoyé quérir le vassal d’Arétria avec sa drôlesse en connaissant leur amour passionné ? Avait-il réellement voulu éloigner son épouse de ses petits faons pour s’en aller mater l’affreux vassal sur ses terres désolées deux enneades seulement avant l’hiver ? Icelle avait dû commettre un crime de lèse-majesté bien assez sale pour se voir gratifiée d’un si beau voyage. La chose fut en tout cas assez risible pour lui donner quelques précieuses minutes en plus d’espérance de vie. Oncques mais comprit-il aussi que la grognasse ne lui serait certainement d’aucune utilité pour enquêter sur l’encrotté de Tartesang. A cela la raison était évidente, la politique n’était point l’affaire des femmes ; fut-elle reine, impératrice ou simple ménagère. D’autant plus lorsqu’on savait la propension qu’avait la mignonne à corriger ses vassaux tempétueux comme l’on écrasait des cafards.    Le Boucher ne put que se délecter à l’avance de participer à un si beau voyage. Le soir même, ses affaires, armes et limiers étaient fins prêts pour l’Odyssée qui l’attendait. Ne resta plus qu’à attendre l’arrivée de la belle, de ses servantes et autres laquais pour gagner la fange arétanne où les attendait un homme que l'on disait ici autant attiré par les chèvres que par les femmes. Scénique réputation assurément.
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Sam 22 Fév 2020 - 12:54
3ème jour de la 1ère énnéade de Verimios, de l’an 17 du XIème cycle.
La mélancolie fut courte alors que battait à bon rythme les sabots berthildois. Sitôt la capitale hors de sa vue, et malgré quelques nuits agitées, l’on eut dit la Marquise toute dévouée à sa tâche. Quelques cloques abimaient ses mains, et les cuisses douloureuses lui rappelaient amèrement la rudesse de leur course. Et quoi qu’un peu plus légère qu’à son départ, on ne lui trouva pourtant aucune amélioration d’humeur ; à l’orée de la sinistre châtellerie, elle tirait une tronche à faire pâlir un mort. Maudite parmi toutes les femmes, elle s’en allait rejoindre certainement le pire de tous les hommes. Bien mécontente de devoir composer avec lui, elle savait d’ores et déjà que jamais la chose ne serait bien faite. Le Boucher – comme chacun aimât à le surnommer – n’avait en outre aucune qualité politique ; et si elle osait tirer le trait, aucune qualité tout court. Ce chien renvoyé à la niche, s’en était vite retrouvé à remuer la queue à l’appel de son maître. Et comme tout limier fidèle et consanguin, il n’obéissait qu’au seul Saint-Aimé qu’il considérait un peu. Aussi l’aurait-elle bien laissé moisir dans les miasmes de son bourg, avec ses créatures toutes plus immondes les unes que les autres ! Car là, le prenant avec elle dans leur cabale, nul doute que l’effronté s’amuserait à lui tenir tête.
Ah ça ! Elle le voyait déjà avec sa vilaine trogne souriante, ses yeux macabres et sa langue aiguisée. A n’en point douté il s’agissait là d’avantage de problèmes qu’elle ne pouvait gérer céans. Le Terresang était un idiot, et elle semblait prête à parier que le Kelbourg, lui, détestait les idiots. Combien faudrait-il de minutes pour que ces deux-là ne se fracasse le crâne mutuellement ? Et quoique ravie de s’imaginer octroyer une double peine, elle douta que le Cerf apprécie l’humour. Il avait trop de confiance dans son Roquet, et qu’importe la teneur de son pli : Thibaud possédait ce qu’il voulait posséder, ni plus ni moins. La terre n’avait porté de plus grande Plaie que le Boucher. Et se couvrant le museau, elle était prête à parier que la suppuration de ses terres était la seule chose qui lui filait encore la trique. Pénique inflexion que celle de la Marquise, qu’icelle tenta d’oublier dans un regard vers un goitreux.
Oncque mais ! C’était là son fardeau. Alors, nauséeuse de la puanteur, elle s’avançait, droite sur son destrier, vers l’Antre que même Tyra n’aurait su franchir. Les mâchoires lui furent douloureuse à force de les serrer, et la compagnie des Egides d’un maigre réconfort. La citadelle lui remuait de bien mauvais souvenirs, qu’elle aurait aimé effacer promptement ; mais c’était sûrement là encore une sadique punition de son hôte. Rah ! Même pas encore dans son champ de vision que déjà elle imaginait sans peine la perfidie de sa frimousse. Et face à pareille obsession, l’on eut pu presque croire que Thibaud de Kelbourg lui avait manqué.
Thibaud de Kelbourg
Humain
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Sam 22 Fév 2020 - 13:29
Ah là ! Ah ! Que sa joie fut grande lorsqu’il revit le beau minois de la si belle Saint-Aimé. Il se rappela de sa sympathique érection à la nuit des morts ; cette même nuit où il l’avait pénétré comme une putain et manqué de l'étouffer sous la pression de ses doigts afin d’attendre la jouissance absolue. Se ravisant au dernier moment, il avait permis que la belle demeure et rencontre même son futur époux. Que de doux souvenirs qui venaient encore et toujours agrémenter ses songes et autres funestes rêveries. On le vit ainsi accueillir la Dame et sa coterie du haut des marches de son lugubre Palais. C’est avec les bras grands ouverts et le visage radieux qu’il les accueillit alors comme s’il avait reçu le plus beau des présents. Son bon, son noble, son merveilleux Casimir s’en alla même rejoindre les nouveaux-venus dans la cour, boitillant comme ces petits hommes velus aux visages humains que l'on avait tôt fait d'apercevoir dans les foires. Un spectacle saisissant assurément !    – Très chère et aimée suzeraine, s’écria-t-il en s’avançant vers elle. Vous ici, je savais que mon château vous avez manqué ! Avez-vous donc fait bon voyage, ma Dame ? Avez-vous faim ? Il doit me rester quelques beaux morceaux de chair encore en état, pour sûr. Mon bon Casimir saura très certainement vous trouver ça. Hein, brave Casimir ?!    Ce dernier acquiesça nerveusement de haut en bas en omettant point de laisser s’échapper quelques filets de bave. Faut-il rappeler encore que le bon Casimir avait un visage difforme et qu’il était bien incapable de fermer sa bouche ?    – Je me réjouis de vous voir, Alanya. Votre sourire et vos petites rides m’avaient manqués. Votre époux ne s'est point trompé en tout cas. Je saurai vous être de bonne compagnie, soyez en certaine !
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Sam 22 Fév 2020 - 14:02
Là, démontant aidée par l’homme le plus proche, elle laissa aux soins des palefreniers sa monture. Plutôt, elle se déganta sans prêter plus d’attention à la bête de foire que se trimballait encore son immoral hôte. L’on eut vu sur la frimousse des Egides quelques notes de dégoût ; et pour cause ! La vilaine chose était simplement si hideuse que sa simple vue causait la nausée. Là, la marquise s’y était habituée malgré elle, et éprouva pour la créature plus de compassion qu’autre chose. Elle espérait pour la petite chose que la mort vienne la libérer un jour de ce donjon infâme. Mais ce n’est que lorsqu’elle daigna adresser un regard au Boucher qu’elle se força de la plus rude des façons à lui accorder un sourire. La grandiloquence de son accueil ne faisait point de doute : il se délectait. Et bien qu’il rit donc l’Affreux ! Elle lui donnerait le change. Après tout, ils auraient à faire assez longtemps pour se lasser de cette mascarade plus tôt que tard. Ne se démontant guère, elle s’approcha avec la familiarité, grimpant sans hâte les quelques marches du parvis.
« Ah ! Comme il me plait de vous revoir Thibaud ! J’eus peur que notre absence ne vous ai froissé. Là oui, le charme de vos terres manquait à mon cœur et la route a été bonne. Je crois que l’on peut sans mal affirmer qu’il s’agit d’une bénédiction des Cinq ».
Elle se tourna vers le Casimir qui clopinait à sa suite, sous le regard pas même empathique de son escorte. « Ne te trouble pas mon bon, et fait moi plutôt quérir une salade tu veux ? Je crains que le voyage m’ait un peu indisposée ». Sans attendre la moindre réponse, elle serra le Connétable dans ses bras, comme l’on embrassait un ami de longue date. La pièce qui se jouait-là était un sans-faute, et, dans le comique de la situation, elle s’imagina un instant dramaturge. L’étreinte était propice aux confidences, aussi elle en profita pour ajouter à voix basse, à son oreille : « Ne vas-tu donc jamais crever, Chien ? Je suis las de t’avoir sur mon chemin ».
Puis se reculant d’un pas, elle affichait son regard le plus mauvais et son sourire torve : « Puissions-nous prendre la route au plus tôt ! Et pour cela, j’aimerai m’entretenir avec vous de l’affaire ».
Thibaud de Kelbourg
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Sam 22 Fév 2020 - 14:35
Ces quelques mots susurrés à son oreille ranimèrent en son cœur un désir ardent : celui de continuer à la faire chier jusqu’à ce que Tyra les sépare en y prenant le plus délectable des plaisirs. Mais trêve de plaisanterie, ils étaient tous deux réunis en ce jour pour travailler et non flâner comme deux jouvenceaux se faisant la cour. A plus tard les frénétiques allocutions, il emmena la belle fleur bientôt fânée jusqu’à l’endroit qui lui servait de bureau pour y régler ses affaires courantes. C’était là une petite pièce bien cossue dont les quelques murs étaient recouverts de peintures d’ancêtres et de bibliothèques aux étagères pourvues de livres et de curiosités malsaines. Une cheminée venait agrémenter et chauffer le lieu dont le plafond formait une clé de voûte. Le bougre s’installa dès lors sur un fauteuil bien confortable et laissa une chaise à son invitée. Sur le bureau, une pile de paperasse attendait patiemment et autre chose plus intéressant, un crâne humain servait de bougeoir. La moitié était d’ailleurs recouvert de cire.    – Ah ! Le reconnaissez-vous donc ? s’enquit-il en martelant le crâne de trois coups. C’est notre bon ami Philippe, celui-là même qui nous avait suivis depuis Cantharel jusqu’ici ! Je ne pouvais me résigner à m’en séparer, sa compagnie m’était devenue trop vitale.    Il se redressa dans son si confortable fauteuil avant de porter toute son attention à l’alonnaise.    – J’ai d’abord cru à une mauvaise plaisanterie, je dois avouer. Mais connaissant votre époux et l’épée qui lui permet de tenir debout, je ne pus qu’entrevoir un semblant de vrai dans tout cela… il chercha sa pipe dans son tiroir, mais ne trouva que du vide. L’herbe attendrait… Le petit porcelet arétan que Louis a proclamé aurait donc fait montre d’une pitoyable hospitalité à l’égard du suzerain d’Odélian. C’est bien à cause de cela que nous avons à craindre une guerre ?    Il eut du mal à se retenir, mais la Saint-Aimé dû probablement se rendre compte de la cynique expression qui avait gagné son faciès.    – Je dois avouer que cet arétan m’a surpris. Je l’avais tout juste senti capable de mourir noyé dans une flaque. Et voilà qu'il nous amène un insoupçonnable raz-de-marée.
Alanya de Saint-Aimé
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Dim 23 Fév 2020 - 17:16
Il y avait bien cinq portraits dans la pièce. Et d’aucun n’aurait su dire lequel paraissait le plus sinistre ; ils avaient presque tous la même bouille sérieuse et ces yeux récusateurs qui semblaient tout droit se poser sur les visiteurs un peu trop curieux. La peinture s’écaillait et la poussière jetait sur ces visages d’illustres inconnus un voile blâfard. Semblable à des fantômes, des âmes perdues, ils hantaient les lieux juste assez pour mettre la Marquise bien malaise. Elle avait, là, sur sa chaise, la terrible impression d’être observée. Quoiqu’elle partagea l’amour d’une décoration épurée avec le Boucher, cette pièce dérogeait à la règle qu’elle connaissait dans le reste du château. A croire qu’il avait sciemment entreposé dans ce petit salon tout un enchevêtrement de bizarrerie et d’occultes objets. Elle n’osa même pas se risquer à interpréter les quelques livres qui trônaient fièrement, bien entretenu, comme s’il s’amusa à les feuilleter à ses heures perdues. Plutôt, finissant de lui monter les tripes aux lèvres, il s’était saisit du macabre candélabre qu’il observait avec une passion morbide. La Saint-Aimé ne cacha guère plus son dégoût – de cet homme et de ce lieu. Ici, elle était prisonnière de ses pulsions perverses, et plutôt que s’enfuir, elle était assez sotte pour ne point bouger.
Et quoiqu’elle trouva un charme nouveau à ce Philippe, qu’elle trouva bien plus agréable mort que vivant, elle ne pouvait s’empêcher de contempler toute la folie qui se dégageait du Kelbourg. A travers ses mires, il n’y avait qu’un abime de ténèbres, salissant chaque chose qu’il osa convoiter. Pire encore, il puait. Pas de cette odeur désagréable des gens de peu d’hygiène, non, le seigneur du bourg sentait la mort et l’horreur. Comme si, par quelques imbrications qu’elle ne comprenait pas, Tyra elle-même se refusait de le prendre. Pas plus homme que Bête, le Chien Berthildois ne lui inspirait que de mauvais maux. L’Arachnide pris dans la toile d’un plus vil animal, ne pris pas même la peine de se débattre ; il valait mieux accepter son sort, quoi qu’elle ait fait pour renverser la balance de l’Equilibre. Là, s’obligeant à écouter ses quelques allocutions, elle resta parfaitement immobile. Gardant la contenance que lui obligeait son titre et son devoir, elle lui adressa un sourire poli mais faux.
« Devait-on en attendre moins d’un homme tout juste sorti de la merde ? ». Elle parla sans détour, croisant même ses doigts sur ses genoux. « Et outre le mauvais accueil, c’est que ce fol l’aurait presque tué après la séquestration. Enfin, de qui a raison de qui a tort, les deux lettres reçues par Louis sont bien trop antinomiques pour en juger sur parole ». « Nous avons bien été aveugles en croyant mettre un fétu de paille à la tête d’Arétria ; je crois que même vous feriez meilleur politique, c’est dire ». Et le sourire se mua en une mimique narquoise, appuyant savamment le fiel de ses derniers mots.
Thibaud de Kelbourg
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Mar 25 Fév 2020 - 12:11
Les diatribes de la belle alonnaise n'étaient pour lui que de doux et délicats murmures glissés à son oreille. Voir et entendre une femme user si vilainement de sa langue pour tenter de se dresser à l'égale des hommes était un spectacle somme toute suffisamment intrigant pour mériter d'être apprécié. Ce n'était hélas point le cas d'autres femmes, pour ne pas dire la majorité, bridées par une société patriarcale qui n'espérait d'elle qu'un amour fidèle et de hanches bien faites afin de supporter les portées successives. C'eut été aussi bien ce que l'on aurait pu espérer d'une chienne. Ce pourquoi femme et chienne étaient dans leur monde de parfaits synonymes que l'Alonnaise semblait vouloir mettre à mal, quand bien même était elle assurément une louve féroce et tempétueuse.    – Oui, je le crois, sourit-il. Avec vous à mes côtés en plus, nos lacunes mutuelles auraient été savamment compensées, à n'en pas douter. Mais je dois dire qu'ici, l'attitude de l'arétan ne m'a pas réellement surpris. C'eut été tout ce que l'on aurait pu attendre d'un homme possédant bien plus les atours d'un reître fini à la pisse que d'un gentilhomme comme l'est votre Louis. Ses mauvaises manières sont connues, tout autant que son incapacité à unifier un comté ne comprenant plus que deux grands vassaux ; dont le premier lui fait la guerre et le second l'ignore allégrement comme s'il n'avait jamais été fait comte.    Il n'était une nouvelle pour personne que le seigneur Radbod de Ruy-aux-vierges résistait à son seigneur des bouses sans qu'icelui ne parvienne à mettre une fin correcte à sa rébellion. Il n'était point non plus nouveau que l'archi vieux bouc de Stern vouait à son seigneur une amitié aussi grande qu'avec ses anciens voisins débarrassés et tués durant ses faides comme l’ignare sire de Leuze.    – Le comte d'Odélian qui se déplace en personne jusque si loin pour apporter je ne sais quelle relique... Lorsque l'on connaît nos déboires passés avec ces canailles d'Odélian, du temps où le vieux Charles fit envoyer un corps expéditionnaire entretenir le feu de la rébellion ethernienne... laissez-moi être sceptique en voyant là le début d'un enfumage dont notre cher Magnus aurait été le dindon de la farce.    Son sourire narquois l'avait enfin quitté. Ce qu'il annonçait là était loin d'être dénué de sens, car la rengaine odélianne ne pouvait être une possibilité que l'on aurait pu décemment mettre à l'écart.    – Le discours de l'incapable arétan ne saura sans-doute nous éclairer intégralement sur cette affaire ; ce pourquoi celui de l'Odélian nous sera indispensable, tout comme ceux ayant été présents durant l'épisode. Un travail colossale en outre, qui aura tôt fait de nous réchauffer tout l'hiver, suzeraine adorée.
Alanya de Saint-Aimé
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Mar 25 Fév 2020 - 16:36
« Oui-da, Boucher, je dois admettre que l’on s’accorde pour une fois. Et quoi que sa réputation eut été un avertissement suffisant pour mon époux et moi-même, il faut croire que nous avons tous deux l’habitude des vilains tout aussi capable que des gentilhommes. Car là, croyez-moi bien, je me fiche plus que mon mari des moyens, tant que demeure les résultats ».
A cela, elle ne se déparaissait pas de son petit sourire. Il était inutile de cacher au Connétable sa nature profonde ; elle était bien moins douce et mesurée que ne l’était le Cerf, et à n’en point douter que c’était en partie pour cela qu’il l’avait envoyé elle. Elle n’avait jamais fait montre de demi-mesure. C’était là l’apanage des hommes qui n’avaient guère à prouver leur médiocrité. Plutôt, née dans le sexe faible, elle se devait d’incarner celle qui un jour avait hérité du titre de Flamme du Nord. Et quoiqu’il lui en coûta, elle appréciait bien mieux la désagréable compagnie du Kelbourg que celle des nobliaux bien fardés.
« Peu importe Monsieur, qu’il s’agisse ou non de la vérité ». Sans un mot, elle se leva pour saisir le triste bougeoir, à quelques souffles à peine de son hôte. Regardant Philippe, dont la mine maladive sentait encore la mort, elle perdit un peu de sa jovialité. « Il est grand temps que nous réglions nous-même ce que cet imbécile n’a pas su faire. J’ai fort peu de patience pour les enfants terribles ». Et sans d’autre procès, laissa choir le crâne avant de s’en retourner observer les illustres Kelbourgeois suspendus au mur.
« Quant à Odélian… Son appétit n’a d’égal que celle du Corbac – maudit soit-il ! Pour sûr que nous aurions été bien en peine de garder l’Ethernan pris entre deux feux. Dans notre malchance peut-être avons-nous échappé de justesse à l’avanie du Comte. Cette affaire risque de durer plus d’un hiver si nous n’y prêtons pas plus d’attention ; c’est pourquoi il me semble indispensable de rencontrer ce Prademont plus tôt que tard ». Elle s’arrêta en fronçant les sourcils, examinant un visage rondelet à la barbe rousse mais aux poils bruns. Un étrange personnage que celui-là, dont la peinture devait embellir quelque peu la frimousse. La Marquise se retourna vers la face dégoutante du seigneur. « Epargnez-nous d’un jour devoir vous supporter en tableau. Une vie sera déjà bien assez ».
Thibaud de Kelbourg
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ] Mer 4 Mar 2020 - 9:41
Le sourire adressé à la marquise eut l’air de la laisser de marbre. Le sel d’icelle glissait encore sur lui comme une douce pommade qu’il se serait mis sur le cul pour apaiser une pustule sur le point d’éclater. Comprendrait-elle un jour que ses mots, ses insultes et même ses coups portés à sa personne ne feraient qu’alimenter un peu plus sa fascination à son égard ? Et quoi de plus dangereux que d’être l’objet d’étude d’un fol tel que lui ? Il savait déjà précisément avec quelle gestuelle méthodique il pratiquerait son art sur la belle. En la voyant ainsi parader en face de lui et devant les tableaux de ses ancêtres, il s’imagina tout bonnement qu’il prendrait un soin tout particulier à ne pas s’attaquer au visage. Le meilleur pour la fin pardi ! Non, ses mains, ses pieds et ses jambes, feraient de parfaits trophées et ustensiles de choix pour chasser les mouches ou même se grattouiller le dos. Qu’adviendrait-elle de la belle alonnaise dès lors ? Une femme tronc pour sûr ! Grâce au savoir-faire et à la pratique accumulée depuis des années, la belle vivrait encore assez longtemps pour contempler sa déchéance. Pour sûr également qu’il lui fabriquerait une petite chaise pourvue de roues afin de la déplacer sur les remparts de sa forteresse. La belle image ! Ternie assurément par la véhémence de la Saint-Aimé qu’il finirait par rendre muette à coup de fil de couture pour museler ses belles lèvres charnues. Que ferait-il ensuite ? Le fol continuerait de se repaître du spectacle en continuant d’observer son invitée sombrer dans les limbes.    Le nouveau regard insistant de la marquise le fit doucement sortir de ses rêveries.    – Allez vous reposer, ma dame. La route sera longue demain et nous vous avons préparé les appartements de mon épouse que vous connaissez déjà. Je me suis dit qu’il vous ferait du bien de vous sentir en terrain familier.    Ce moment d’absence eut probablement le mérite de le faire passer pour un ahuri. Ces derniers étaient pourtant de plus en plus fréquents depuis qu’il s’était mis à l’herbe d’estrevent et passait ainsi une grande partie de ses journées à divaguer.    – Quant à l’arétan, à l’odélian et aux autres furoncles de ce royaume, nous aurons bien tout le temps d’en converser durant le voyage qui nous attend, je jure.
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Sujet: Re: Un goût de déjà vu [ Thibaud ]
Un goût de déjà vu [ Thibaud ]
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