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 Le banquet de Merval

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Baphragore de Merval
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MessageSujet: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeDim 23 Fév 2020 - 7:58


Fin de la sixième ennéade de Barkios,
An 17 du XIème Cycle,
Palais du Porphyrion



Merval, aux portes de l’hiver, était plus capricieuse encore qu’une rosière.

Les épisodes oliens frappaient durement la côte durant l’automne, mais c’était vers la fin de celui-ci qu’ils étaient, selon les anciens, les plus violents. Peu de marins étaient assez téméraires pour braver la mer au risque de se retrouver coincés sous une soudaine tempête. Ils ne duraient guère, et un orage impitoyable pouvait aussi bien durer une heure qu’une simple minute. L’hiver s’annonçait bruyamment et pourtant, derrière les murs épais du Porphyrion, c’était un tout autre raffut qui envahissait les lieux.

La musique des troubadours battait son plein dans une ambiance festive, la consigne étant aux rythmes entraînants et aux chants connus. Sur l’estrade, cornes, vièles, luths et tambourins régalaient les esgourdes de toute la noblesse venue fêter ce grand jour. Dans un coin, les montreurs d’ours, qui avaient drogué leurs bêtes à l’alcool, faisaient danser leurs animaux se trémoussant de manière lente et pataude. De chaise en chaise, d’un convive à l’autre, saltimbanques et farceurs amusaient la galerie de leurs tours de passe-passe et de leurs commentaires grossiers. Enfin, derrière une estrade à laquelle pendait mollement une bannière aux armoiries ésotériques, un petit groupe d’hommes se faisait discret, enveloppés dans des capes sombres et sibyllines.

Les tables des invités à cette somptueuse réception étaient arrangées de sorte que celle de Baphragore et des invités de marque soit la plus centrale, les autres courant perpendiculairement aux extrémités de celle-ci. A droite, c’était les vassaux ayant pu se dérober à leurs castels le temps d’une bonne grillade dans la cité pharétane, notamment les seigneurs de Termer. A gauche, c’était la table des gens de moindre importance, bien que Baphragore ne se priva pas de l’énoncer comme la table « des bâtards », tant elle était remplie par sa mesnie d’enfants illégitimes.

Le baron de Merval, trônant au centre de la table, levait un verre de vin coupé à l’eau à son hôte le plus proche, et le plus prestigieux : Griffon de Langehack, son suzerain. Ce dernier était à sa droite. A sa gauche, là où aurait dû se trouver sa femme, indisposée, un autre grand ponte du Langecin, récemment retrouvé, était confortablement installé sur le velours de sa chaise : Ernest de Missède. A côté-même du baron-surprise, Gaël de Laval avait été invité à se joindre à la table des gens importants, car le plan de table le considérait alors encore comme le régent du Missédois. Sur la table, d’autres hommes d’importance : Yphriote Cathusne, en sa qualité d’Eparque des Trois-Ports, avait daigné sortir de son arsenal pour s’afficher avec son frère. Roquemont, conseiller municipal, avait également pris un siège et s’empiffrait déjà de côtelettes chaudes avec toute la grâce d’un homme affamé. Et à cette table, d’ailleurs, rien n’avait été laissé au hasard : carafes de vin, hypocras plus ou moins frelaté, eau claire du puits secret du palais, cidre brut, et même un fût de bière importé d’Oësgard, jonchaient la tablée remplie à ras-bord de plats différents : huîtres des cultures, aigrettes farcies, perdreaux au vinaigre, tétines de truie, homard aux truffes, et autres délices culinaires tout droit sortis des cuisines fumantes du Porphyrion.

Baphragore, en sa qualité d’hôte, lâcha cordialement à son suzerain :

« Seigneur, voici que débute la véritable soirée. Le festin est ouvert, les musiciens chantent, et je tiens à vous remercier de m’honorer ainsi de votre présence. A Langehack ! »

Suite à son toast, il prit une légère gorgée de son vin coupé d’eau. Puis, se tournant vers Ernest de Missède, il glissa avec un sourire sibyllin :

« Messire Ernest, vous devriez essayer le homard à la truffe. Paraît-il qu’un homme ne saurait s’en passer, une fois goûté. C’est à se damner la croupe ! »

Déjà les saltimbanques approchaient bruyamment de la table des grands convives, une perspective que Baphragore n’appréciait qu’à moitié, tant ces voués d’Arcam pouvaient se montrer imprévisibles.


Dernière édition par Baphragore de Merval le Ven 28 Fév 2020 - 10:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeDim 23 Fév 2020 - 12:01

Le voyage de retour jusqu’à Langehack fut lent. Les affres de l’automne avaient rendu le périple pénible. La procession langecine, composée de divers nobles, de calèches autant que de cavaliers, eut donc du mal à cause de la boue ; les gens qui entretenaient la route d’Or furent remerciés et leurs noms glissés dans les prières des voyageurs tant ils aidèrent ces derniers. Ce fut donc un marquis de mauvaise humeur qui entra dans la capitale de son marquisat pour se préparer. Heureusement que Baphragore eut la présence d’esprit de lui envoyer une lettre pour l’inviter avec suffisamment d’avance sinon il n’aurait peut-être pas pu se joindre à ses vassaux pour les célébrations ; mieux valait éviter de se prononcer sur ce que pouvaient tramer lesdits vassaux lorsqu’ils excluaient leur suzerain. Cependant il n’avait pas vraiment de raisons de se montrer suspicieux et c’était toujours une bonne chose.

Les seigneurs missédois qui l’avaient accompagné à la capitale étaient rentrés dans leurs fiefs, beaucoup ayant décidés de rejoindre Ernest à Missède même. Après tout si ce dernier avait juré fidélité à Griffon, ce ne fut pas le cas de ses vassaux à lui et s’il voulait être décemment reconnus comme le baron il lui fallait bien l’allégeance des divers nobles qui occupaient ces terres. Cela dit le marquis n’était pas inquiet, maintenant que Maël se trouvait à la cour de son père il y avait peu de chances pour que quelqu’un se serve de l’enfant pour causer du tort au nouveau, ou l’ancien, baron.

Après un bain bien chaud, l’humeur du marquis s’était améliorée et il décida de ne rester que le temps d’attendre ses châtelains, après tout ce grand banquet avait pour objectif de réunir missédois, mervalois et langecins. Ainsi ce fut un nombre somme toute impressionnant de nobles qui suivirent leur suzerain jusqu’au Porphyrion, parmi ceux-là il y avait : Uthar de Brevisse, Raoth de Lancrais, Guilhem de Tall et Alcion d’Amderran ; à ce beau monde il fallait ajouter Galyn de Langehack, prêtre d’Othar et frère du marquis ; Théodoric de Langehack, le fils de Griffon ; Gabriel de Bone, seigneur de Bone, son ancien beau-frère ; Ashal d’Amderran, le commandant des Aigles de Sang ; le seigneur de Lanvall, de Reolansor, de Reveux, d’Aigueroyale, de Brillagne, de Castelbrave, d’Ausal, d’Ollile, d’Arosque, de Monnal, d’Olside, de Cavrour, de Cerulyse et d’Ernolss ainsi que leurs familles et une suite composé d’hommes et de femmes de confiance. Si Griffon ne savait pas combien de personnes allaient se joindre à Ernest pour cet évènement, il y avait fort à parier que ce dernier ne viendrait pas seul non plus et il se demanda si Baphragore avait prévu des vivres en conséquence.

Alors une fois que le maître des lieux eut trouvé une place pour tous ces princes, une fois que le reste des invités furent arrivés et installés, une fois que le banquet commença finalement, le marquis fronça les sourcils. Il manquait quelque chose. Quelque chose d’important. Griffon lança un regard au baron à ses côtés sans lui répondre, puis à l’autre baron un peu plus loin.

« C’est bien normal, comment refuser ? Toutefois votre Honneur, il me semble ne pas avoir vu les prêtres bénir cet impressionnant festin. »

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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeLun 24 Fév 2020 - 23:16




« Légère, la suite ! » avait requis le baron de Missède quelques jours plus tôt. René Choderlos, l'intendant du palais en charge des préparatifs, s'était alors fendu d'une approbation mielleuse qui ne rassura en rien Ernest. Ce poussa barbouillé de poudre, dont le gros orteil étalait une goutte inquiétante depuis une décennie, avait pris ses aises en l'absence des suzerains missèdois et, nonobstant son sourire bonasse, voyait d'un œil torve les astreintes du baron revenu. Ainsi, le matin du départ, avant le levé du soleil, Ernest fut pour le moins surpris de voir que ses directives avaient été respectées à la lettre : une dizaine de noble missèdois tout au plus, tous montés sur des palefrois particulièrement bien harnachés aux couleurs de la baronnie, l'attendaient aux abords du palais. En prenant la direction de la porte sud de la ville, ils passèrent près du bastion de la Couillure, siège des Vertueux de Missède. Là, Elmure de Champant l'attendait avec une vingtaine de Gardes de la Bibliothèque. Ernest eut à peine le temps de contester la nécessité d'un tel convoi qu'Elmure s'en offusqua : « Merval ! MERVAL !! » La capitaine de la garde personnelle du baron faisait bien sûr référence au lieu de l'enlèvement de ce suzerain sept ans plus tôt. Et si la pertinacité du Vertueux ne suffît à convaincre Ernest, l'entendre dire qu'il avait renoncé à convoquer les balistes et scorpions à roue suffit à le faire céder. La suite, quelque peu grossie, gagna donc les portes de la ville au petit trop. Le temps était doux, propice au voyage, comme l'était souvent le climat missèdois.



« Ahi ! Culvert souduiant ! Mauvais homme de putain ! Fils de pendu ! » Ernest se répandait en invectives furibardes dès que les missèdois passèrent les portes de la ville. Choderlos l'y attendait, en palanquin. Derrière lui, en ordre rangé et attifés des plus belles couleurs de Missède, se tenaient les représentants des seigneuries de Roch, d'Ybaen, et de Champant ; les ambassadeurs des corporations marchandes de la région ; Maël de Missède et valets, dans une calèche somptueusement apprêtée ; cinq chevaliers de l'Ordre du Gerfaut et leurs oiseaux ; les officiers de cuisine et de logement du palais ; deux prêtres ; des courtisans à la pelle ; et à eux venaient de se joindre la sœur d'Ernest, Irène d'Amderran, venue d'Ethin accompagnée de vassaux et des chœurs de Brimbalroc au grand complet. Ernest continuait de s'époumoner : « Mauvais champi ! Canaille ! » Lorsqu'il commença de cracher ses poumons, Choderlos crut bon de lui signaler que Maître Obélias, le guérisseur personnel du baron, devait également se trouver là, quelque part, dans la foule. Ernest démonta aussitôt. À grandes enjambées, le teint virulent, il se dirigea vers l'intendant, l'agrippa et le mit à terre. Elmure s'interposa alors que son suzerain avait entrepris de botter le cul au goutteux. Il fut finalement renvoyé au palais, seul, à pied, et le baron lui conseilla d'avoir quitté Missède avant son retour de Merval.



Ernest prit la tête d'un convoi... d'une soixantaine de têtes missèdoises. En silence, il chevaucha seul, bien en avant de tout le monde, pendant plusieurs heures pour reprendre main sur ses émotions. Ils longèrent bientôt le magnifique Lac Afayel et purent admirer les derniers essaims d'éphémères avant la venue de l'hiver. Irène s'avança aux côtés de son frère et lui conseilla de saisir l'opportunité de ce voyage pour prendre le temps de parler avec Maël, ce fils qu'il ne connaissait guère. Ernest l'avait relevé de la cour du marquis de Langehack quelques jours plus tôt mais n'avait eu guère le temps de le côtoyer. Laissant Elmure diriger le convoi, il alla donc faire marcher sa monture au plus près de la calèche dans laquelle se trouvait le jeune garçon et son entourage. Le détaillant du regard, il ne put nier qu'il lui ressemblait grandement ; lui aussi avait arboré cet aspect pâle et chétif dans ses jeunes années. Mais ces yeux lui rappelaient sa mère et mettaient Ernest mal à l'aise. De toute évidence, l'enfant lui aussi semblait appréhensif et n'osait porter que des regards furtifs vers celui qu'on lui avait présenté comme étant son père. Ernest avait fait rédiger de longs rapports sur l'enfance du garçon, ses relations, les traits de sa personnalité ; et il les avait tous lus avec assiduité. Néanmoins, il n'avait pu encore se résoudre à lui adresser parole et, là encore, il hésitait. Lorsqu'il ouvrit finalement la bouche, l'entourage de Maël se figea d'anticipation. Mais les seules paroles qui survinrent alors émergèrent de l'arrière du convoi. On signalait que les nuées d'éphémères venaient de bifurquer sous l'impulsion d'une légère brise et, sitôt que l'information remonta, Ernest et sa suite s'étaient retrouvés des insectes plein la bouche. Il ne lui en fallut pas moins pour y voir un signe et retourner prendre se place en tête de convoi.



XXX

Dès leur arrivée à Merval, les missèdois se firent saucer. Les intempéries ralentirent leur marche ; au grand dam d'Elmure qui s'était efforcé de faire maintenir un train de marche soutenu au groupe engrossé. « À cette allure, on risque d'arriver au banquet pour y faire la vaisselle ! » s'était-il écrié à leur départ. Pour pallier la fatiguer et donner de l'entrain, on avait demandé aux fameux chœurs du château d'Ethin de chanter. Mais ils avaient eu beau s'égosiller, la tempête couvrait à présent leurs cantilènes. Ils arrivèrent moins d'une heure avant le début annoncé du banquet, trempés mais en fanfare. Ernest s'était immédiatement retiré dans la chambre qu'on lui avait attribuée et s'y apprêta pour l'occasion. Il s'agissait de faire bonne impression et, s'il n'avait jamais porté grand intérêt aux formalités dues à ce genre de rassemblement, il en comprenait néanmoins l'intérêt politique. Ajustant son accoutrement, il se retourna lorsque quelqu'un fit irruption sans aucune annonce. Irène se tenait dans l'embrasure de la porte. Souriant à Ernest mais sans dire mot, elle fit entrer Maël dans la pièce puis se retira en fermant la porte derrière elle. Ernest se raidit de tout son long. Le père et le fils se faisaient face, seuls, sans qu'on eût pu dire lequel des deux étaient le plus indisposé.
« Aimes-tu les fruits de mer ? lâcha Ernest, presque de panique. Le jeune rouquin fit timidement oui de la tête. Tu vas être servi. »



Assis à la table du banquet, Ernest échangea des signes de tête avec les nobles qu'ils reconnaissaient bien. À commencer par Ashal d'Amderran, son beau-frère, qui était assis à côté d'Irène. Alcion, le frère aîné d'Ashal, semblait avoir moins bonne mine que lorsqu'il l'avait vu deux ennéades auparavant. Guilhem de Tall, cousin d'Alceste de Gwydir, l'oncle d'Ernest, semblait bien se porter malgré son âge avancé. Tout comme Uthar de Brevise qui était encore plus gros que dans les souvenirs d'Ernest. Tous ses hommes portaient en eux un secret qui les unissait et qu'ils avaient bien gardé durant toutes ces années. Un secret qu'Ernest avait prévu de partager avec son nouveau suzerain, mais la présence de Raoth de Lancrais rendait les choses plus incongrues. Non plus que la présence d'un autre : Gaël de Laval avait été placé à ses côtés. Le frère de Cécilie avait assuré la régence de Missède pendant l'absence d'Ernest et de celle-ci mais lui et le baron ne s'étaient pas encore trouvés dans la même pièce depuis le retour de ce dernier. Ernest concentrait son attention sur l'homme à sa droite. Baphragore, l'hôte de ces lieux et baron de Merval, invita le missèdois à se déguster le homard. Ernest comptait plutôt puiser dans la poulaille ; les années passées captif sur une île lui avaient largement passé le goût de tout produit de la mer. Lorsque le marquis s'enquit de la bénédiction du dîner, les saltimbanques, de plus en plus bruyant, s'approchaient de la table. Ernest se leva alors, coupe pleine dans une main, l'autre, d'un geste, invitant les guignols à patienter un instant. Il s'éclaircit la gorge. « Étant bien piètre orateur, je ferai court, dit le baron de Missède, balayant la salle du regard et cherchant par quel bout commencer. Le Langecin est un pays compliqué. Il m'a toujours été difficile de me dire fier de son histoire. Assurément, plus d'intrigues ont vu le jour sur nos terres que dans tout le reste de la péninsule réunie. Et j'y ai moi-même été mêlé bien au-delà de mon gré. Ainsi, je vous regarde, vous qui représentez ces terres au plus haut, et je me dis que si nous avons quelque chose en commun, par-delà nos différences les plus éclatantes, ce serait peut-être une culture. Celle de la connaissance et de l'érudition, celle du commerce, celle des arts et celle de la doctrine. Et si cette culture peut faire force d'union, alors nous avancerons chemins de la prospérité ; pour notre propre bien et plus grande fierté, et pour ceux-là mêmes de notre Roy, Sa Majesté Bohémond Ier. Je tiens à remercier Messire Baphragore pour son hospitalité et je prie pour que le marquis, sous la guidance de la DameDieu, nous amène plus avant et plus proche encore. Puisse cette nuit donner jour à un Langecin nouveau. Au Langecin ! »
Le Griffon leva sa coupe.




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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeMer 26 Fév 2020 - 10:12

_ Êtes-vous vraiment obligé de nous quitter mon oncle ?
_ Ce ne sera que pour mieux te retrouver Maël, il ne s’agit que d’un périple de quelques jours tout au plus, de quoi préparer notre invitation dans le Mervalois.
_ C’est que… J’appréhende…
_ C’est bien normal cher neveu, mais nécessaire.


Tu venais de le couper et par la même, de lui faire perdre la langue. A quelques lieues de Missède, là où le convoi missédois devait se séparer en deux, tu devais abandonner pour quelques jours celui qui à tous les égards fut élevé comme ton propre fils. Mais la Vie étant ce qu’elle est, Maël devait apprendre à connaître et à grandir aux côtés de son vrai père. Alors que tout le missédois était en liesse, ton cœur lui est perturbé. Le retour incongru du baron disparu laisse place à de nombreuses interrogations. Maël et Linaëlle en sont au cœur. Tu souffres de voir le garçonnet loin de toi. Tu imagines la joie du père découvrant son fils mais tu ressens aussi la tristesse du tuteur libérant son protégé.

Avec un sourire forcé, tu te mis à hauteur de l’enfant pour lui poser une main lourde sur la tête afin de lui frotter le crâne chevelu.

_ Nous avons toujours pris soin de toi et avons fait de notre mieux pour que tu ais une enfance merveilleuse. Il y a encore beaucoup de choses que tu ignores sur tes parents, aujourd’hui tu as la chance de rencontrer ton père pour lui demander tout ce que nous n’avons jamais pu te raconter. Quoi qu’il se passe, nous ne serons jamais loin et tu pourras toujours venir nous voir sur la côte. Je t’ai toujours considéré comme mon propre fils Maël et tu auras toujours mon soutien, quoi qu’il arrive.

L’enfant hocha la tête et engouffra son visage grimaçant dans ton col. Vous vous câlinez ainsi de longues minutes avant de vous quitter, dignes. L’héritier remonta sur son équidé avec ton aide et te regarda faire de même et t’éloigner vers Chiard tandis que la suite du désormais ex-baron pénétra Missède.

La nouvelle du retour du baron nouveau te fut parvenue dès lors qu’il posé le séant sur son trône. Les affaires étant ce qu’elles sont, tu ne daignas ni lui écrire, ni le rencontrer car tu eus fort à faire à la capitale et qu’une épouse attendait impatiemment ta venue. Tu pensas que vous auriez grands choses à dire sur la route de Merval et qu’un serment de vassalité devait être prononcé. Toutefois avant que ces honneurs soient donnés il te sembla important de discutailler de sujets pressants et de l’état de la baronnie.

Renoncer à la régence n’était en soi pas un problème. De toute façon, ce retour tombe à point nommé pour tes nouvelles ambitions. Ce n’est qu’une nouvelle façon de penser la politique. Quel dommage néanmoins de retrouver son état de simple seigneur lors de négociations… Que voulez-vous, c’est ainsi.

Sur la route de Chiard, tu chevauchais au cœur du cortège, discutant avec un chevalier désireux de se retirer pour finir ses jours paisiblement. Vous parliez de son avenir, de sa rente et de ses quelques terres tandis qu’à l’arrière, Edgard et un de ses proches parlaient. Ils évoquèrent l’avenir de Missède, leur retour dans la seigneurie, leurs revenus qui baisseraient forcément. Derrière eux, un vieux religieux haussa le ton, provoquant la surprise et attirant les regards des deux protagonistes.

_ Je vois que l’individualisme est au cœur de votre inquiétude mes seigneurs.
_ Je… euh… que nenni ! Nous nous inquiétons pour notre avenir à tous une fois Missède quittée.
_ Oh ça, vous avez bien raison… Mais avez-vous remarquer que le Seigneur de Chiard n’est aucunement torturé par cette idée ?
_ Mais enfin ! Bien-sûr que si ! Tout le monde a noté son changement d’humeur, ne voyez-vous pas qu’il est pensif ?
_ Pour lui ? Pour vous ? Ou pour quelqu’un d’autre ?
_ Que voulez-vous dire ?
_ Je ne souhaite pas disséminer des rumeurs mais vous ignorez peut-être que le bienheureux baron a un… passif avec notre très chère Dame.
_ Vous voulez dire que…
_ Non pas ce genre de passif enfin ! Effacez ces idées peu pieuses de votre esprit par Néera !
_ Alors quoi, expliquez-vous mon père ?


Le vieil homme leur détailla en quelques mots la séquestration de l’enfant qu’elle fut et ses tentatives d’en finir avec la vie. Les hommes en perdirent leur langue et aucune réponse ne fusa. Le prêtre fut durant de longs mois une aide précieuse pour l’adolescente brisée. Ensemble, lui et toi, vous firent votre possible pour permettre à Linaëlle de prendre un nouveau départ, ce qu’elle fit une fois le marquisat délaissé. Un lourd silence s’imposa et le convoi s’arrêta. Tu fis pivoter ton cheval et posa un regard compréhensif sur les hommes à quelques dizaines de mètres de toi.

_ Maniez cette information avec prudence. Je ne permettrais aucune autre fuite mon père.


Tu n’entendis point toutes les phrases mais les quelques mots attrapés au vol suffirent à te faire comprendre le sujet. Tu n’en pris pas ombrage et la troupe se remit en marche.

~~~xxx~~~

Si l’Olienne pouvait être agitée par endroit, la côte rivegeoise était pour le moins protégée en cette période de l’année, les vagues arrivants plus tardivement. L’air était frais, la mer calme et en ville, les derniers greniers fermèrent leurs portes. A peine arrivé, tu délaissas tes conseillers pour rejoindre ton épouse dans les jardins. Elle était couverte de tissus blancs, de sorte qu’elle n’eût froid. Le bruit de tes pas ne passèrent pas inaperçus et elle se retourna pour t’accueillir avec un sourire de façade. Tu l’embrasses, elle répond. Vous échangez quelques banalités puis elle se lance, te coupe et prononce le nom du baron. Elle sait qu’un banquet est organisé. Tu lui dis ce que tu comptes faire pour Maël, la seigneurie et le missédois, elle répond qu’il lui doit des explications. Tu la tempères, elle s’offusque, liste ses malheurs et s’impose. Vous en concluez qu’il y a beaucoup à dire et à faire.

Désormais tu en as la certitude. Les ennéades qui suivront ne seront pas les plus faciles.

~~~xx~~~

De Chiard à Missède, le ciel fut clément. La délégation rivegeoise était composée de quelques nobles, d’un soupçon de chevaliers et d’une pincée de religieux. Tu choisis de délaisser ta monture pour rejoindre ton épouse dans un fiacre couvert et richement orné, tiré par quatre chevaux. Linaëlle hésita longuement à participer à ce voyage, comme d’habitude tout compte fait. Mais après moult efforts, tu es parvenu à la faire céder et à l’entraîner dans cette aventure qui s’annonçait… singulière.

La troupe se joint alors à celle du baron et tout le monde avança de bon cœur tandis que le susnommé semblait loin. Cette traversée fut l’opportunité rêvée pour Linaëlle de retrouver le jeune Maël qui ne tarda point à lui raconter ses aventures avec le marquis, de Langehack à Diantra sans oublier les péripéties missédoises et la tension palpable régnant entre son père et lui. Il lui raconta notamment ses combats à l’épée face au fils de Griffon, ses charges effrénées pour venir à bout du gaillard mais aussi ces longs moments passés seul à lire des ouvrages de toutes sortes. Linaëlle lui raconta ensuite son séjour à Ys, puis son souhait de se reposer à Grandcoeur en compagnie des prêtresses de la seigneurie. Un peu avant d’arriver sur les bords du lac de l’Afayel, le petit rouquin dû rejoindre ses tuteurs pour un briefing ô combien nécessaire avant d’entrer sur le territoire mervallois. L’enfant savait que son oncle batailla sur ces terres il y a quelques années et ne saisissais pas encore tout à fait comment il était possible de construire une amitié si vite, car après tout, c’est ainsi que ses tuteurs lui comptaient l’union de Langehack, Missède et Merval : une amitié.

S’en suit une bonne grosse flotte à l’approche de la frontière. La berline fit à merveille son office et protégea le couple qui pestait contre le bruit occasionné. Et cette foutre pluie suivit le convoi tout du long, vous empêchant de dormir, jusqu’à ce que tous arrivèrent à la capitale du mervallois. Celle-là même qui fut prise, quelques années plus tôt.

Là encore, il fut presque impossible d’apercevoir le baron qui se terra dans ses appartements tandis que Linaëlle et toi tardèrent à quitter vos hôtes pour vous changer, vous faisant, par défaut, arriver un brin en retard au commencement de la cérémonie. Linaëlle avait délaissé ses tissus religieux, ne gardant qu’un signe distinctif que tu avais appris à reconnaître mais qui était quasiment invisible aux yeux des profanes. Le plan de table fut pour le moins cocasse puisque le régent et le baron sont côte à côte et donc, logiquement, Linaëlle prit place à tes côtés, ne croisant point le regard d’Ernest. Tu prononces les banalités exigées par l’Etiquette à la noblesse présente et remercie chaleureusement le Mervallois pour son invitation.

Le tableau pouvait faire sourire. Des quatre hommes, un seul était en compagnie de sa compagne et tous semblaient plus ou moins étrangers les uns aux autres à l’exception du marquis et du Gerfaut. Tu n’as croisé le baron mervallois qu’à une reprise à Diantra et tu n’as jamais véritablement eut de grande discussion avec le Griffon du Rocher. Mais ce dîner était également là pour cela. Le Langecin est de nouveau réuni et en paix qui plus est. Le moment est parfait pour recréer du lien entre ces noblesses autrefois rivales.

Déjà on élève nos verres à la gloire d ce pays et de ses seigneurs. A côté de toi, s’élève la voix du nouveau baron qui s’était levé. Il parla bien, il parla fort. Une fois qu’il eut terminé son tour de table visuel et acheva sa tirade, tous levèrent leur verre en honneur du Langecin. Tu fis de même, Linaëlle également, dressant un verre d’eau à hauteur de ses lèvres.

_ Étant bien piètre orateur, je ferai court. Le Langecin est un pays compliqué. Il m'a toujours été difficile de me dire fier de son histoire. Assurément, plus d'intrigues ont vu le jour sur nos terres que dans tout le reste de la péninsule réunie. Et j'y ai moi-même été mêlé bien au-delà de mon gré. Ainsi, je vous regarde, vous qui représentez ces terres au plus haut, et je me dis que si nous avons quelque chose en commun, par-delà nos différences les plus éclatantes, ce serait peut-être une culture. Celle de la connaissance et de l'érudition, celle du commerce, celle des arts et celle de la doctrine. Et si cette culture peut faire force d'union, alors nous avancerons chemins de la prospérité ; pour notre propre bien et plus grande fierté, et pour ceux-là mêmes de notre Roy, Sa Majesté Bohémond Ier. Je tiens à remercier Messire Baphragore pour son hospitalité et je prie pour que le marquis, sous la guidance de la DameDieu, nous amène plus avant et plus proche encore. Puisse cette nuit donner jour à un Langecin nouveau. Au Langecin !

Tous semblaient avoir parlé pour honorer quelque chose. Le moment semblait parfait pour délier les langues, aussi, une fois qu’Ernest eut regagné son siege, tu quittas le tiens et regarda l’assemblée.

_ Mes Seigneurs, Son Honneur dit bien vrai. Il y eut grand mal sur nos terres mais également grand bien. Aujourd’hui, nous sommes tous frères et partageons la même destinée, celle de ce pays. Je souhaiterais trinquer à deux choses en ce jour. L’une, étant le retour de mon beau-frère disparu. J’ose croire que si Néera rendit le baron à sa terre, elle envisagera, un jour, de rendre la baronne à son frère et à son fils.

Un silence vînt envelopper la pièce. Depuis cette soirée durant laquelle tu revis Cécilie, tu avais préféré la faire passer pour morte afin de mettre fin aux infâmes rumeurs qui s’étaient mises à circuler. Tu pensais sincèrement que la vie de ton neveu serait plus simple sans cet amas de “on dit”, égoïstement tu fis cela pour ne plus avoir à subir ces abominations et affectueusement, tu espérais que Cécilie se sentes advantage libre maintenant. Quelques seconds s’écoule et tu reprends en hissant ton verre.

_ L’autre, mes Seigneurs, me comble d’une joie folle. Durant maintes années, mon épouse et moi même avons oeuvré à la stabilité de Missède et Langehack. Aujourd’hui, nous laissons cette tâche ardue à d’autres et avons l’immense plaisir de vous annoncer que nous attendons un enfant. Puisse-t-il naître et grandir dans ce beau pays sans jamais connaître la guerre. Je lève cette coupe à nous tous, à Ses Honneurs, à Son Excellence et à ma tendre épouse.

Ton regard suivit les mots prononcés jusqu’à se poser sur Linaëlle et lui offrir un sourire débordant d’affection.
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Baphragore de Merval
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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeMar 3 Mar 2020 - 8:30

Baphragore eut tout le mal du monde à empêcher l’un de ses sourcils de se lever. Son visage resta figé sur son air sympathique, avec ce fameux sourire diplomate qu’il servait à retours de bras aux personnes que le protocole jugeait bon de ne pas froisser. Pourtant, à l’intérieur, il avait bien envie de rire de tout ce qu’il venait de se passer.

D’abord une grenouille de bénitier, maintenant deux grands sévères dramatiques. Ces gens ne s’amusent-ils jamais ?

Au moins, les interventions des Missédois avait pu détourner de la demande saugrenue du marquis. Un banquet béni par des prêtres, voilà une idée qu’elle en était drôle. Baphragore avait en cet instant imaginé un petit bonhomme encapuchonné, agitant un encensoir pour enfumer les poissons. Au moins, cette pensée avait pour effet de maintenir le sourire du baron.

Un peu plus loin, devant la situation et la bouille de son frère, qu’il connaissait bien plus que toute autre personne à cette table, Yphriote étouffa un rire dans l’os de son pilon, le transformant en bruit de mastication. Cela n’empêcha pas Roquemont, en revanche, de prendre sa coupe et de suivre machinalement le toast, qui remettait l’ambiance sur les rails de la ripaille.

Baphragore but une gorgée de son rouge coupé à la flotte, puis fit un signe de tête au sieur Ernest.

« Joli discours s’il en est, messire. »

Il adressa le même signe de tête à Gaël de Laval, appuyé par un regard compatissant pour le frère éploré, avant de se tourner à nouveau vers Griffon de Langehack.

« Monseigneur, pour cette soirée de fête et de réjouissances, que diriez-vous donc d’abandonner tous ces prédicats, hm ? L’humeur est ici aux festivités, non au protocole. Profitez donc de ce que Merval peut pourvoir à ses augustes invités ! »

Il frappa dans ses mains et indiqua à un loufiat le montreur d’ours. Ce dernier posa fiévreusement une main sur son torse en ouvrant la bouche, avant de la refermer à toute vitesse et d’aller s’emparer de la chaîne retenant son gagne-pain. La bête tangua en direction du centre du U formé par les tables, faisant fuir les saltimbanques et les jongleurs, sous les rires gras de l’assemblée. L’ours arriva au centre de la salle, le regard vague, couvert de cicatrices et empestant l’alcool bon marché. Puis, lorsque la flûte d’un troubadour se mit à jouer un air entraînant, quelque chose s’empara de l’animal et le fit se trémousser. Cette danse n’avait rien de gracieux. Pourtant, les nobles alentours étaient hilares pour une autre raison : enivré, l’ours était pataud et manquait souvent trébucher. Certains convives lui lançaient des morceaux de viande en s’esclaffant devant un animal aussi stupide, et pourtant assez savant pour apprendre à danser. L’une des dames assises à la table des vassaux fit remarquer à son mari que la grosse bête dansait mieux que lui, et une nouvelle rasade de ricanements envahit ce côté de la salle.

Baphragore, pendant ce temps, montrait tour à tour les troubadours, l’ours dansant et la quantité astronomique de plats réunis sur la tablée.

« Allons, messeigneurs… Point n’est le temps de parler politique locale céans ! Il est des sujets bien plus importants ce soir à discuter : combien de ces plats arriverez-vous à goûter avant de ne plus en avoir la capacité anatomique ? Quel rouge est le plus goûteux, celui du Clos de l’Erubore, ou celui des coteaux locaux ? »

Il leur offrit cette fois un sourire qui se voulait plus sincère, cherchant à détendre l’atmosphère et à relâcher les esprits. Le baron eut soudain une idée, et indiqua les hommes drapés dans des capes sur une estrade, plus loin. Sur ce piédestal en bois avait été déplié une banderole au sigle ésotérique : Mi-lune, mi-soleil, un serpent se mordant la queue entourait l’union des astres pour l’isoler du reste de la bannière.

« Faisons un jeu. Je vous parie vingt souverains d’or qu’aucun d’entre vous ne saura deviner qui sont ces hommes mystérieux. »

Le sourire de Baphragore s’agrandit, et il vida le contenu d’une pince de homard dans son assiette, dégustant la chair blanchie de l’énorme crustacé.
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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeMer 4 Mar 2020 - 0:26


Le marquis ne put qu’hocher la tête alors que le nouveau baron de Missède commençait son discours. Les intrigues étaient bien un souci qu’il comptait combattre mais pour cela il fallait trouver un moyen d’empêcher tous ces nobles avec bien trop d’argent et de temps libres de se planter des couteaux dans le dos, ou dans le sien d’ailleurs, afin de les unir. C’était d’ailleurs l’un des objectifs de ce banquet mais bien qu’il vînt à peine de commencer, il pouvait déjà voir des groupes se former, des factions, comme il y en avait toujours eu et, il le craignait, il y en aurait toujours. Toutefois que tous s’étaient déplacés, bien que Griffon ait dû insister, pour comploter entre les murs du Porphyrion au lieu du palais ducal était toujours ça de pris. Une victoire qu’il arrosa d’une gorgée de vin coupée d’eau. Vin coupé qui se vit porter bien plus haut que d’ordinaire à la fin du discours d’Ernest et alors que le marquis hésitait à prendre une nouvelle lampée ce fut à Gaël de prendre la parole. Il fallait croire qu’aujourd’hui les missédois étaient d’humeur bavarde. Peut-être allaient-ils tous y mettre du leur, il attendait avec impatience le discours de Maël.

Le souhait de Gaël, Griffon ne pouvait pas assurer qu’il le partageait. Surtout si ce qu’on disait sur Cécilie était fondé, ce qu’il était enclin à croire ou du moins une partie. Si le maître de Langehack ne connaissait pas tant que ça le maître de Chiard, il était cependant certain que ce dernier n’était pas débauché au point de s’adonner à une abomination telle que l’inceste. Pour ce qui était des autres rumeurs, le marquis était plus mitigé mais dans tous les cas il ne comptait pas laisser le spectre d’une baronne disparue s’attarder et alourdir l’ambiance qui pourtant s’annonçait plaisante. Même s’il fallait faire sans intervention cléricale.

Griffon allait se lever pour changer de sujet avec une annonce de son cru mais, heureusement, Gaël enchaîna sur une nouvelle bien plus heureuse et le marquis montra l’exemple en levant sa coupe à nouveau pour célébrer la nouvelle. Il avala une autre gorgée. Il hésita à nouveau à prendre la parole mais se ravisa, il ne voulait pas prendre le risque d’éclipser les discours de ses vassaux, de toute façon il y tant et plus de raisons de festoyer, il aurait sans doute l’occasion d’en rajouter une autre plus tard.

« Son honneur dit vrai, c’était un beau discours. »

Seconder le maître des lieux n’était peut-être pas nécessaire mais ça n’était jamais mal quoi que cela pouvait l’être se disait Griffon après une rapide réflexion. Mais la suite des paroles du baron lui fit hausser un sourcil. Il avait pensé que les mervalois auraient profité de l’occasion pour montrer à tous qu’ils étaient de bon pentiens. Après tout la guerre qui s’était abattue sur leur contrés quelques années auparavant avait aussi pour motivation le paganisme qui s’y était développé. Toutefois durant ces festivités il était préférable d’éviter de tels sujets qui risquaient de fâcher. De toute façon si jamais cela devenait nécessaire sans doute Baphragore rassurerait tout le monde en assurant que les sectes draconniques n’étaient plus. Quoi qu’en y réfléchissant leurs connaissances auraient peut-être pu être utiles. Cependant le marquis n’était pas certain de vouloir se baser sur des enseignements de païens pour trouver une solution aux soucis épineux des dragons.

« Soit, vous avez raison, et le moins qu’on puisse dire c’est que vous avez mis le paquet. » Chose qu’il lui reprochait un peu en réalité, faire un tel étalage de nourriture aux portes de l’hiver, était-ce bien sage ? Il avala une nouvelle lampée de vin coupé à l’eau pour éviter de se lancer sur un autre terrain pentu et à la place il regarda l’ours danseur. La créature n’était pas sans lui rappeler la bête qu’il avait chassé avec le comte d’Odélian même si ce spécimen était plus petit et surtout bien moins adroit et rapide. Comment le lui reprocher d’ailleurs ? Sans doute Griffon aussi était moins adroit et rapide après avoir ingurgité autant d’alcool que l’animal. Toutefois ça ne l’empêcha pas de se moquer de l’ours, ricanant plus qu’il ne riait. Il fit signe à un serviteur qui lui servit une tranche de viande et avant que le marquis ne put identifier la créature à qui elle avait été prise, l’assiette, et la tranche de pain, fut noyée sous une épaisse sauce claire au poivre. Il se mit alors à manger, mordant à pleine dent.

Le goût était plus que plaisant mais la quantité extravagante de plats disponibles, surtout lorsque Baphragore le pointa du doigt, rendait le marquis mal à l’aise. Il prit une nouvelle gorgée avant de répondre à la question sans même savoir ce qu’il buvait depuis le début ni avoir pu gouter tout le reste des vins mis à disposition.

« Le Clos a ma preference! » Il ponctua sa phrase en reposant sa coupe sur la table. Il était là pour s’amuser et il ne doutait pas des capacités administratives du baron, si ce dernier avait jugé bon de tels dépenses alors sans doute Merval n’avait rien à craindre de l’hiver. Pour la seconde question il se frotta le menton rasé de frais. « Je paris trente souverains que ce sont des... des cracheurs de votre feu si particulier. » Se risqua-t-il avec un sourire aux lèvres.

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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeDim 8 Mar 2020 - 23:25




Ernest s'était à peine rassis au fond de son siège qu'il sentit son échine se roidir à l'écoute des mots de son beau-frère. Le regard droit, fixé à l'horizon du plancher de l'estrade où des hommes encapuchonnés commençaient de prendre place, le missèdois se garda scrupuleusement de toute manifestation de visage lorsqu'une certaine attention se porta sur lui à la mention de son épouse. Depuis son retour d'Estrevent, nul n'avait réussi à lui soutirer mot en public au sujet de la baronne disparue. Tour à tour, on avait attribué ce mutisme à un sentiment de tristesse indicible, à une colère paralytique, ou encore à une perte de mémoire traînée des séquelles de sa captivité. Les supputations de chacun avaient déjà engendré maintes rumeurs et rendu le sujet tabou à la cour du Missède. Quant à savoir si le baron se trouvait affecté d'une quelconque manière par les remarques de son vassal, rien n'aurait été plus difficile à dire à présent qu'il avait le nez dans sa coupe et en siphonnait le contenu à longues et lentes gorgées.

 

Le mervalois reprit finalement les rênes du dîner et s'appliqua à faire parader divertissements et mets avec une hospitalité des plus ostentatoires. Ernest en profita que les regards soient tournés vers l'ours et ses pas de danse grisés pour observer l'assemblée de nobles en pleine réjouissance. Il fut néanmoins rapidement ramené au goût des festivités par Baphragore qui semblait s'être donné pour sublime mission d'amener un esprit de convivialité à leur tablée. Tant d'effort poussa Ernest à considérer l'homme à sa droite de manière à la fois attentive et circonspecte. Ainsi, lorsque le jeu de devinette fut lancé, le Griffon vit là l'opportunité de se dégourdir les jambes. Coupe en main, il se leva et se dirigea à travers les tables vers l'estrade. Son examen de la banderole et des hommes en capes fut bientôt interrompu par Irène, sa sœur, qui venait de le rejoindre.
Quelque chose te démange ? demanda-t-elle, une once de gouaille dans la question.
Me démange ? Me mange, me ronge, plutôt, répondit Ernest d'une voix blanche. Passé du brouet au homard aux truffes, de l'exiguïté inhumaine d'une cage aux étendues du royaume des hommes, de la froideur des carcans à la touffeur du pouvoir... Les mots de son frère laissèrent Irène pour le moins interdite, elle ne savait quoi y répondre, elle qui, comme tant d'autres ici présents, ne saurait s'imaginer ce qu'il avait pu endurer toutes ces années durant. Réalisant qu'il avait mis sa sœur mal à l'aise, Ernest reprit la parole et changea de sujet en tendant sa coupe vers ceux qui se tenaient sur l'estrade. Le mervalois nous a mis au défi de deviner l'identité de ces hommes.
Des mages ?
Si l'on s'en tient à l'histoire de ce pays, ce ne saurait être n'importe lesquels.
Tous deux détaillaient du regard le serpent, la mi-lune, et le mi-soleil lorsque Maître Obélias fit irruption derrière eux.
Le serpent plié en rond maintenant l'ordre du jour et de la nuit, le début et la fin, la naissance et la mort. Un conseil, Ernest, tiens-toi éloigné du Dieu-Serpent, de son éternel retour, et de ses aberrations purificatoires, murmura le vieil homme avant de regagner un coin de la pièce dans les entrelacs de fumée violacée qui émanaient de sa pipe.

 

Obélias déployait cette aura de vieil homme ténébreux, un charisme presque menaçant largement renchéri par les on-dit qu’il trainait dans son sillage. Vertueux de Missède dans sa jeunesse, seul héritier d’une noble famille éthinienne aujourd’hui éteinte et oubliée, les talents de bretteur du jeune Obélias furent tel qu’à peine adoubé on chantait déjà ses exploits dans toutes les cours de la région. Et ce fut ainsi, alors que la gloire lui était assurée et qu’une vie de triomphes et d’honneurs semblaient s’ouvrir à lui, qu’il disparut, sans laisser de trace. Personne ne sut dire ce qu’il était advenu de lui. Ses frères d’arme partirent à sa recherche, le baron lui-même à l'époque déploya des ressources considérables pour le retrouver, en vain. Ce ne fut que trente ans plus tard qu’un homme se présentant sous la dénomination de Maître Obélias réapparut aux abords du port de Beaurivages. Le visage lézardé de balafres, le pas claudiquant et le bras gauche réduit en moignon au niveau du coude. Il rejoignit alors la Couillure en tant que guérisseur mais de nombreuses rumeurs étendaient son savoir au-delà des seules limites de cette discipline. On spéculait alors autant sur les raisons de son absence que celles de son retour. Le peu qui osèrent lui poser des questions rencontrèrent un mur de silence qu’aucun ne sut dépasser. Il vécut reclus dans le bastion des Vertueux, s’acquittant de sa tâche de guérisseur le plus efficacement et sobrement possible, ne sortant la nuit que pour se terrer dans les archives les plus obscures de la Grande Bibliothèque. La surprise fut grande lorsqu’Ernest, il y avait de cela sept ans, annonça sa nomination au rang de son guérisseur personnel, tant par le choix du suzerain que par l’assentiment du mystérieux vieillard. Néanmoins, très vite celui-ci se révéla d'une utilité inestimable. Il sauva son suzerain des effets mortifères d'une filtre de bandelage lors de sa nuit de noces. Il lui sauva une nouvelle fois la vie à Diantra lorsqu'il terrassa de quelques mots scandés un assassin envoyé pour le tuer. Mais plus encore peut-être, le vieil homme avait joué un rôle considérable dans les efforts qui avaient mené à retrouver Ernest après sa disparition. Et ce fut à cette occasion que le voile sur le passé d'Obélias, et ses connaissances de l'Estrevent, se leva un peu. Si bien que les conseils du Maître, fussent-ils aussi impénétrables, ne risquèrent guère de tomber dans l'oreille d'un sourd. Les missèdois échangèrent des regards confondus mais entendus et regagnèrent leur tablée respective. « Je dois bien avouer que je reviens bredouille, messire Baphragore, mais je suis certain que vous êtes sur le point de nous offrir un spectacle bien... mervalois. »




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MessageSujet: Re: Le banquet de Merval   Le banquet de Merval I_icon_minitimeJeu 26 Mar 2020 - 16:18

Les mots laissèrent désormais place à la boustifaille. Il y en avait pour tous les goûts ! Du gras, du sucré, du sale, de l’épicé, de la viande, du poisson et même quelques légumes. Les assiettes suivaient un bal millimétré, allaient et venaient tandis que les convives dévoraient ce qui leur passait sous la main. Tu ne fis pas exception, happant çà et là une carotte ou une huître pour l’ingurgiter comme si ta vie s’arrêtait dans l’heure. Linaëlle, qui pourtant avait perdu l’appétit, se mit à boulotter cailles et pigeons avec des précautions n’allant pas avec la situation des pauvres oiseaux. Entre deux assiettes, tes yeux se posèrent sur l’ours maladroit qui fit tant rire l’assemblée. Le spectacle te fit sourire et tu te surpris à les applaudir entre deux gorgées de vin. Tu entendis alors le baron, maître des lieux vous appeler, toi et tes semblables. Tu te retournes vers l’homme, une patte de grenouille sortant du coin de ta bouche.

_ Allons, messeigneurs… Point n’est le temps de parler politique locale céans ! Il est des sujets bien plus importants ce soir à discuter : combien de ces plats arriverez-vous à goûter avant de ne plus en avoir la capacité anatomique ? Quel rouge est le plus goûteux, celui du Clos de l’Erubore, ou celui des coteaux locaux ?

Rude question que voilà. Elle appelle une réponse objective et toute réponse objective sort de tests tout aussi objectifs. Tu termines d’avaler le batracien pour t’adresser à Baphragore.

_ Cette question est d’une importance capitale, aussi me faut-il goutter les trois, trois fois, afin d’être le plus juste possible.

Et c’est ce que tu fais. Tu gouttes chaque vin trois fois et par trois foist tu grimaces, surjouant chaque émotion, tu finis par déposer le godet vide devant toi. Tu hoches la tête et regarde le baron.

_ Ma foi… Le local a un caractère. Et je préfère le caractère au reste. Va pour celui-ci !


Nul doute qu’en d’autres circonstances, tu aurais eu un avis identique à celui du marquis mais aujourd’hui, il te fallait un alcool d’homme. Avec un goût prononcé qui appelle au défi. Chaque situation convient à un vin. Ou bien est-ce peut être l’inverse ?
Les hommes rirent et très vite, le Mervalois décidément en forme ce soir, enchaîna.

_ Faisons un jeu. Je vous parie vingt souverains d’or qu’aucun d’entre vous ne saura deviner qui sont ces hommes mystérieux.

Ernest s’était levé pour observer les silhouettes, Griffon lui, n’hésita pas un seul instant. Toi, tu n’oses rien dire. L’idée de ton marquis te séduis et tu serais tenté de répondre la même chose mais quel copieur ferais-tu. Le jeu en perdrait toute sa saveur. Tu réfléchis, questionnant Linaëlle qui n’en avait pas la moindre idée. Aucune piste donc. Désappointé, tu lèves ton verre remplit d’une liqueur aux arômes fruités.

_ Si le marquis dit vrai, je veux bien finir mon godet dans la seconde !
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