6e jour de la 9e ennéade de Barkios, an 17 du XI e cycle,
quartiers d'hivers des Barbe-Sangs, trois jours de marche au nord d'Almis
Venant du nord, de gros nuages s'amoncellent. Des nuages noirs, lourds et menaçants. annonciateurs de neige et de vent, l'hivers arrive et le clan est fin préparé. Le combustible est préparé pour l,hivers, les clôtures mobiles pour les chèvres sont bien installées pour qu'elles ne partent pas un peu partout. La hutte des berger est prête, et leur maison de neige est en voie de complétion. Les chiens-ours font bien leur boulot, ayant chopé déjà quelque prédateurs qui finissent dans leur ventre à eux.
Bref, comme nous pourrions dire, tout baigne. le passage va sûrement fermer dans pas longtemps à cause de la neige et la protection de leur petit coin de paradis va en être décuplée. Il faudrait être fou pour crapahuter dans cette zone à ce temps ci de l'année…
Fou ou habitué à pire, dans le Septentrion…
Dans l'ossuaire de Mogar, le nain prie et chantonne depuis deux trois jours au moins. Torse nu révélant les multiples blessures recues ces dernières années, sa Az-drengi posée sur le roc devant lui, il n'a ni bu ni mangé depuis qu'il s'est mis en prière.
Une idée le taraude sans relâche. Une idée obsédante qui lui chante à l'esprit tandis que les orbites vides des nains qui composent l'Autel le regardent et le juge sans pitié, la lumière mouvante des braseros leur conférant un relief quasi vivant, allumant des braises dans les ténèbres des regards morts. Des murmures lui monte aux oreilles, le confortant et raffermissant sa résolution.
Brand doit aller à Almis, il doit voir de lui-même ce que la cité est devenue. Nombre de ceux qui composent le clan en sont des exilés. Les histoires d'horreurs sur les prêtres emmurés vivants… Almis vénère t'elle encore le Père Créateur ou a t'elle sombrée dans l'hérésie?
Le nain sait qu'il a vécu longtemps là-bas. Pourtant, il ne se sent aucune appartenance à cette cité. Il ne se rappelle rien d'avant La Colère de Mogar en fait. Il pourrait laissé couler, mais si c'est vrai, l'hérésie ne doit pas rester impunie. Et pourtant, ils sont 53 Forge-Vies nées de sa Colère et de ses épreuves. Il n'y aurait pas de place pour lui aux Mogankordum s'il freine maintenant. Et il n'y a pas d'ancêtres claniques pour les guider. Juste les yeux de ceux qu'ils ont tués jadis, les jugeanr impotoyablement, tel le Père-Créateur.
-Brand...C'est la Louve qui arrive, porteuse des nouvelles qu'il attendait. Toujours de bon sens et efficace. Au fil des ans, ils ont fait une bonne équipe et il se sont mis à se considérer frère et sœur. Sous sa peau de loup, le cheveux brun en broussaille, l'oeil alerte et vif, elle a une de ces façon de bouger qui surprend toujours. D'ailleurs, elle a du succès auprès des mâles et est la fière mère de trois beaux gamins en bas âge. Tant que ca ne cause pas de soucis dans la dynamique du clan, il ne trouve rien à redire à cette cuisse légère. D'ailleurs, Brand sourit légèrement.
-Tout est prêt. Il y a quatre volontaires pour t'accompagner. Je vais veiller sur Ered'Zan pendant ton absence, voir à ce que tes neveux ne foutent pas tout sans dessus dessous. L'oeil gris du guerrier se hausse de curiosité. Ainsi le clan a choisi un nom, affirmant par le fait même son désir de rester plus qu'une saison. C'est logique, il y a tout ici ce qu'il faut pour arrêter leur errance sans fin. Reste juste à améliorer un peu. D'ailleurs, il entend les bruits de marteaux et de ciseaux des quelques dawis qui savent bâtir des choses… Ils sont en train d'agrandir le hall et de renforcer l'entrée et de faire une porte digne de ce nom… Quelque chose de solide qui les rendra inexpugnables. Brand n'a pas envie de leur dire de ne rien faire. Il prend des décisions difficile souvent, mais il écoute aussi. Si le reste du clan veut rester ici au printemps, il les écoutera. De plus, ca les occupera pendant l'hivers, comme ca, ca leur évitera de se cogner sur la gueule trop souvent par ennui.
Ered'Zan… Remarque que ce n'est pas fou et que ca rend hommage au sang nain qui fortifie et sacralise ces rochers et ce lieu. Un cadeau de Mogar, béni après sa colère. Sa Volonté les a ramenés ici… Et ils s'y trouvent bien. Mieux que depuis bien des années. Comme si tout convergeait. D'ailleurs, les quatre volontaires pour l'accompagner dans sa quête insensée de réponses s'avancent sans cérémonie pour prendre place de part et d'autre de lui.
Tout le monde, lui inclus, gardent un silence respectueux quelques instants avant de baisser la tête en signe d'humilité.
-Vas-y, c'est l'heure…Alors le prêtre Mogarite s'avance t'il pour le rituel.
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Le lendemain, à l'aube, cinq aventuriers habillés de pied en cap de chaudes fourrures, aux pied sanglés à d'étranges plate-formes leur empêchant de caler dans la neige fraichement tombée durant la nuit se mettent ils à voyager en direction d'Almis, espérant pouvoir revenir avant que le col ne soit comdamné par l'accumulation de neige. Dans leur paquetage, tout ce qu'il faut, de même plus qu'assez d'or et d'acier, prélevés lors des raids, pour payer le nécessaire rendu là-bas.
Ils sont des sauvageons, certes, mais pas des barbares tout de même.