Elles courent elles courent [Dante, Myosotis]

2ieme jour de la 3ieme enneade de Verimios

La nuit s'était couchée depuis longtemps sur la cathédrale Sainte Dièna de Diantra, mais la demeure de la Dame Dieu ne dormait jamais vraiment car le malheur n'avait pas d'heure. Celui que le sort aurait frappé pourrait toujours trouver un prêtre prêt à l'écouter et lui apporter aide et secours.

Par contre, le dortoir des novices résonnait seulement du ronflement d'Alice et de Béatrice, lesquelles faisaient chaque nuit compétition en la matière. Seulement? Dans un coin, une forme grise à peine éclairée par la lueur de la lune était penchée sur un lit

- Ama, réveilles-toi…
-Non! Le carrédelhypothénuseestegalàlasommedescar…. La jeune fille s'était redressée comme un diable sortant de sa boite, les pupilles dilatées, haletante. Sa sœur, penchée sur elle, espérait désespérément que personne ne l'ait entendue.Myo ? C'est l'heure ?
-Oui. Habille-toi. Tout est là.

***

Le garçon d'écurie avait été étonné de voir débarquer au beau milieu de la nuit les deux novices portant sacs, robes de voyage et pour l'une ce grand bâton empaqueté hautement suspect, mais il savait aussi qu'on ne s'opposait pas facilement aux volontés d'Amaryllis et de Myosotis. Alors il s'était rapidement esquivé pour aller chercher quelqu'un.

Lorsqu'il était revenu, avec un prêtre sur ses talons, les deux jeunes filles et leur monture avaient disparues.

***

Tout avait commencé quelques heures auparavant, lorsque Céleste, une des prêtresse, était venue les trouver pendant la pause du repas. Céleste faisait partie de ces personnes toujours enthousiastes qui parvenaient à trouver un coté positif à toute chose. Vous aviez perdu une jambe ? Il vous restait la seconde ! On s'attendait à voir des petits oiseaux se poser sur ses mains à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche.

"Mes petites ! C'est merveilleux! Quelqu'un vous connaissant s'est présenté, vous allez retrouver votre famille ! Vous avez tellement de chance !"

Myosotis avait cligné des yeux, Amaryllis avait commencé à demander pourquoi c'était merveilleux, avant que sa sœur ne l'arrête d'un discret signal sous la table. Car oui, c'était merveilleux, et surtout le signe qu'il fallait prendre la poudre d'escampette.

***

Les rues de Diantra n'étaient pas sûres la nuit, surtout pour deux jeunes filles suffisamment riches pour posséder un cheval, mais manifestement trop bêtes pour s'accompagner d'une garde. De toute manière, quelles filles de bonnes mœurs traînerait ainsi dehors à cette heure ? La réponse était évidente pour celui qui ne voulait pas réfléchir. Aucune.

Aussi, lorsqu'un individu sorti de l'ombre pour saisir la longe de l'animal, il s'estima dans son bon droit. L'homme portait une vilaine cicatrice à la joue droite, vestige d'une bagarre de taverne au cours de laquelle les bouteilles cassées avaient volées un peu trop bas.

- Bonsoirs, jolies memzelles... Vous voulez quelque chose, je crois ? Mes camrades et moi avons exact'ment c'que vous cherchez.

- Il est hautement improbable que vous ayez une chose pareille en votre possession. "

L'auteur de ces mots se tenait à cheval derrière la jeune rousse qui tenait les rênes de l'animal. Penchée sur le coté pour mieux voir son interlocuteur, elle le dévisageait étrangement. Lui se demanda un instant si la demoiselle à la blonde toison venait vraiment d'insulter sa virilité, mais assez peu longtemps en définitive. Le bâton que tenait la conductrice l'avait assez violemment frappé à la tempe pour qu'il bascule sur les pavés.

Quand on ne trouve pas ce qu'on cherche à la lueur du jour, alors il faut chercher dans le royaume des ombres, quand la personne honnête dort du sommeil du juste. pour qui sait comment et où chercher, le monde interlope est facilement trouvable.

Ainsi, Dante appris que les jeunes filles étaient bien à Diantra avec une prêtresse d'Othar. il apprit aussi que personne ne savait exactement où elles étaient. En soit, ça ne pose pas tant un si gros problème il est patient et adore la traque lente. Même s'il a un contrat sur la glace, il sait qu'il a le temps.

Ca ne l'empêche pas de joindre l'utile à l'agréable cependant, préparant le terrain pour plus tard, quand tout sera prêt. Ainsi la traque des Termers lui permet il de nouer des contacts Péninsulaires en son nom propre et nom au nom de El, pour la première fois de sa vie. La chance sourit aux préparés. Ce qui est moins marrant, c'est qu'il a appris qu'il n'est pas le seul à chercher les gamines, ce qui est moins plaisant pour sa prime à venir mais qui lui indique que la piste se réchauffe. Donc, il a intérêt à se grouiller le cul, Diantra étant une cité énorme.

Donc il faut éplucher, quartier par quartier, pour circonscrire là où elles auraient été vues le plus souvent, pour essayer de deviner où elles sont. Ce qui met leur patience à rude épreuve, compte tenu du fait qu'on se les caille en permanence en cette semaine de Verimios.  

Tout cela, cher lecteur n'a qu'un ultime but. Mettre en contexte la chance de pendu que ce connard a parfois. A cette heure, il n'y a que peu de gens dans les rues. Et si la scène qui se produit au bout de la rue ne l'interpelle que peu, un gus qui embête des jeunes filles à cheval ca arrive dans toutes les putains de villes de Miradelphia, le coup assené au boulet le fait sourire brièvement et il commente son appréciation en passant. Sa voix grave aux intonations chantantes d'outre-mer s'élevant de sous la capuche de sa lourde pèlerine doublée de fourrure, son souffle brûlant formant un nuage de vapeur dans l'air glacial pour lui.

Enfin des femmes Péninsulaires qui se défendent...

Continuant son chemin initial, il relève la tête et apercoit les deux jeunes filles. Leur soeur lui a tellement bien décrit celles-ci dans les moindres détails que si il ne les connait pas, l'homme a de sérieux doutes. Il ralentit alors et sort ses deux mains gantées de son manteau, les doigts en éventail en signe de paix. Elles sont à cheval, si c'est bien elles, il doit faire vite avant qu'elles ne décampent. avec sa prime et qu'il soit obligé de courir après. Sa voix basse est calme, comme quand il soigne quelqu'un.  

Amaryllis et Myosotis? C'est votre soeur Hesperis qui m'envoie. Où est votre Aiguille?

A peine que la bâton se soit abattu sur le crâne de l'un qu'un autre homme s'approchait déjà. Qu'avaient ils tous ce soir ? Quelle était dont la mouche qui les avait piqués ?
La rousse demoiselle était agacée. Alors elle pointa le bâton vers le nouveau venu. Le destrier, fit quelques pas en piaffant, reculant légèrement. Si avec sa demande sybiline, il voulait attirer l'attention des jeunes filles, c'était réussi. Par contre, la musique des ses mots, son accent était… pour le moins exotique.
"Dans ce cas, dites moi si c'est au nouvel écrin d'Epingle que vous compter nous envoyer ? "
Au pied du cheval, l'individu se releva péniblement. Ses camarades approchaient à leur tour.  L'étrange regard dépareillé de l'étranger se terni. Dante,  ayant une réserve de patience fort limitée pour les imbécillités et le cabotinage, ne répondit pas tout de suite. C'était quoi cette histoire d'écrin et d'épingle?

-Votre soeur ne ma parlé ni d'écrin ni d'épingle. Je peux vous inviter à prendre un verre dans un lieu public pour en discuter calmement?

Ama ? Tu crois que l'étranger travaille avec ces badauds ?

La jeune fille observa attentivement le nouvel arrivant, qui se retint de soupirer, se faire regarder ainsi lui déplaisant manifestement, puis se pencha, la main à la taille de sa sœur pour jeter un œil sur le coté de la monture. De l'autre sens, leur interlocuteur yeuta le voyou. Alors seulement, elle répondit.

- C'est improbable, Myo, sinon les camarades de cet homme ne pointeraient leurs armes que vers nous. Et en effet, surgissant de l'ombre, un groupe de solides gaillards à la mine patibulaire suivaient le premier. Ils avançaient vers elles autant que vers lui, le mystérieux autant qu'inconnu étranger à l'accent du sud. On sentait, à leur vitesse et à leur prudence respective, qu'ils ne prêtaient pas le même sérieux à toutes les menaces. Coutelas, couteaux et hachettes prêtes pour le mâle, baissées pour les femmes. C'était une erreur commune et donc d'autant plus étonnante, remarqua intérieurement Amaryllis.

- He! Toi! L'tranger! Qu'est-ce tu fous ici? C'est not territoire, tu dégages, ou on t'fait un nouveau sourire.

Fixées sur les demoiselles, Dante fit un pas de côté, se rapprochant mine de rien de celui qu'elles avaient tabassé. La grande main se porta à son propre cou et remonta sa cagoule tandis que la deuxième disparut dans les replis de son lourd vêtement. Les prunelles d'épareillées balayèrent la scène du regard.

-Il fait froid messieurs ne trouvez vous pas? Nul besoin de double sourire pour réchauffer un coeur voyons.
- A moins qu'tu veux partager?
-Je ne crois pas que ce menu en particulier ne soit ni de mon goût ni du vôtre, je ne le crains. Répondit la voix d'outre-mer. Il aurait bien débité des vulgarités, mais El lui avait enseigné le langage châtié des nobles et il ne maitrisait pas le péninsulaire comme l'Eldéen.

Un rire gras franchit la gorge des malfrats, dont deux d'entre eux s'approchaient rapidement du cheval, à l'opposée de l'étranger qui n'eut qu'un léger hochement de la tête, s'approchant sans en avoir l'air de la croupe de la jument, pivotant pour voir tout le "beau" monde qui venaient, telles des hyènes, tâter de la chair fraiche.  

- Ouais, on est généreux, y'en a assez pour tous. Allez chaton, donne c'baton ou tu vas't'faire mal, y'a une meilleure place pour toi." Celui là était clairement un grand prince jugea la blonde. "J'adore les rousses." Ajouta-t-il en lui adressant un clin d'œil. "Elles ont du caractère."

- Je doute que vous en ayez rencontré un échantillon suffisant pour vous permettre pareille hypothèse, sire.
Cette réplique amusa l'étranger même s'il n'en laissa rien paraitre.
Non, mais non Ama... Ne les attise pas en plus. "

La voix de Dante s'éleva alors de nouveau, de calme elle était passé à glaciale. Il aurait bien laissé croire aux voyous qu'il leur laissait les filles, mais elles fuiraient alors et pourraient être blessées dans le processus, sans compter la perte de la prime pour de la marchandise abîmée. Il y avait un plan risqué certes, il se pourrait qu'elles fillassent comme le vent et qu'il soit pris pour les chasser de nouveau, ce qui, compte tenu de son emploi du temps fort chargé, serait très préjudiciable...  Il ne pourrait pas non plus s'occuper de tout le monde en même temps. Elles étaient un facteur de risque supplémentaire, qu'elles partent ou qu'elles restent.

Vous me trouverez A l'auberge du grand Bourgeois ventru, demandez Rutsi... murmura t'il, audibles d'elles seules.... Vous, dit il en ne haussant la voix que très légèrement, un regard pâle posé sur le meneur de la bande. vous avez très mal choisi votre menu...

La jument commençe à s'énerver, ce n'est pas bon signe.  Myosotis regarde un instant l'étrange étranger. Elle a bien envie de filer au galop, c'est visible, mais cela voudrait dire qu'elle laisserait cet homme contre le petit groupe. Si elles restaient, ils seraient toujours en infériorité numérique, mais au moins, elle pourrait toujours se regarder dans la glace. Las de tout ses salamalecs, Dante prend la décision à sa place. La main aux grands doigts donne une baffe retentissante sur la croupe de la jument  pour la faire détaler. Profitant de la diversion  et du chaos s'ensuivant, l'individu le plus près se ramasse une sphère de spores en pleine gueule.

De surprise la jument hennit et se cabre, battant l'air de ses sabots. A crû, les desmoiselles glissent. Elles n'avaient pas pris le temps dans leur fuite de sceller leur monture et depuis, l'achat d'une selle avait été inenvisageable. Elles avait eu assez pour s'offrir quelques fripes, pour faire des dons aux cultes, mais surtout elles avaient mis de côté. Dante peste silencieusement en lui même,pourquoi monter à cru si on est pas capable de tenir sa bête? La monture détale, bousculant les agresseurs qui, désorganisés, donnent quelques précieuses secondes à l'assassin qui se met en mouvement.  

" Ama, va chercher Isabelle, je te prie ! " L'homme étrange vient de faire enfuir leur seul propriété. Elle n'en n'est pas heureuse. Pour autant, elle n'était pas heureuse d'avoir rencontrer les pavés alors que des sagouins avaient le couteau qui les démangeaient. Prestement, elle se remet sur ses jambes. A trois pas derrière Dante, Myosotis se plaçe, le baton devant elle, en défensive. Tant qu'à l'homme,rapidement, il se porte à l'attaque, ses deux dagues de combat au clair. A la dernière seconde cependant, il fait un écart pour éviter de tomber au milieu du groupe, attaquant plutôt par le côté. .

Putain... Il espère que les filles ne se fassent pas choper. Remarque, les voir saigner pourrait être intéressant... La disparition de sa prime moins. Tout ce travail pour rien, ca serait du gaspillage.  Une Jumelle étincelle et celui qui semble être le chef du groupe tombe, la gorge tranchée net.

Amaryllis ne s'était pas faite prier. Il y avait eu d'abord un "hein?" Lorsque le cheval s'était cabré. Ces bêtes étaient étonnantes, et la scène devait donner matière à un dessin saisissant jugea-t-elle. Puis un "ouch" lorsqu'elle s'était retrouvée les fesses douloureuses sur le sol alors que la monture partait dans une direction et sa soeur dans l'autre. La jeune blonde avait manqué les détails des événements qui s'étaient produits entre les deux. Des idées de règles fondamentales à l'univers déductibles des dits événements traversent fugacement son esprit comme des intuitions fugitives, mais disparaissent avant qu'elle ne parvienne à les saisir. Aussi, elle met quelques longues secondes, l'air rêveuse, perdue et certainement un peu idiote avant de se rendre compte que Myosotis lui a confié une mission.

On lui confie si rarement des missions, et c'était dommage. Amaryllis sentit son coeur se gonfler de bonheur à cette preuve de confiance. Chercher Isabelle. Elle suppose que la mission inclue également ramener Isabelle. Qui était Isabelle déjà ? Probablement la monture, car elles ne connait que deux autres Isabelles : L'une d'elle est une paysanne de Termer qu'elle avait entendu être qualifiée de "pleine de bon sens". L'autre est soeur Isabelle de Sainte Diena. Amaryllis peine à trouver une raison pour laquelle Myosotis souhaiterait qu'elle cherche l'une d'entre elles. Par contre, la monture est clairement visible.

- Oui! Elle est là bas. Il y eut un bref silence. C'est trop facile, il y a sans aucun doute un sens additionnel caché derrière la demande initiale, et c'est là que toute l'expérience qu'elle a acquis au fil des années est mise à profit. "Je vais la ramener, grande sœur!" Et, grimpant sur ses jambes, elle s'en va à la poursuite de la bête au milieu de la nuit.
- Isabelle!! S'il te plaît! La monture, nerveuse, décide de s'éloigner en lançant de temps à autre un regard à sa poursuivante.

Dante, de son côté, se propulse à la poursuite des brutes sur quelques mètres, avant de revenir d'un bon pas en rengainant, sans regarder sa victime qui gargouille lamentablement au sol

-Si nous ne voulons pas nous faire arrêter par la patrouille, je suggère que nous nous mettions en mouvement. Puis je réitérer mon invitation à en discuter ?  

Myosotis n'a pas du tout compris le combat qui s'est déroulé visiblement. L'homme a une technique étrange. Terriblement efficace.

" Excusez moi... mais.. cet homme... va-t-il ? Mourir. Seulement elle n'arrivait toujours pas à dire le mot. Pourtant, il faut que l'inconnu comprenne. " Va-t-il passer l'arme à gauche ? "

C'est une option envisageable. C'est un risque à prendre quand on manie les armes... Mais si le sang ne la rebute pas, la mort si. Maintenant, elle commence un peu à comprendre son maître. Elle ne l'acceptait toujours pas. Mais elle comprend que les hommes ne veulent voir le sang sur les mains des dames que s'il avait pour origine son bas ventre.

A présent, elle tient son bâton dans son dos, à la verticale, le long de son bras. Pas à pas, souples et pressés, elle suit l'homme qui les avait invitées à parler. Un homme qui s'immobilise et se retourne pour la regarder d'un air étrange de ses yeux dépareillés. En lui même, Dante se demande ce qui lui permettrait d'en douter. Sous ses dehors imperturbables, il hésite. Dire la vérité pourrait faire fuir ses cibles et leur mentir, pareillement.  Ils élèvent leur femmes dans des tours d'ivoire ou quoi? C'est pas permis de les garder aussi connes par ignorance.  Se penchant, l'Estreventin essuie sa lame sur le moribond avant de la rengainer. La voix grave s'élève de nouveau, plein de cet exotisme d'outre mer. Posée et calme, comme quand il donne des soins.


-Oui, sachez cependant qu'il vous serait arrivé bien pire s'ils étaient parvenus à leur fin. Si vous aviez eu votre Aiguille, ils ne se seraient pas approchés...

Il se tourne subitement vers la rouquine, qu'il toise de toute sa taille... La fixant de ce regard dérangeant. Encore... Encore un de ces adulte bouffit de son savoir qui disait quoi dire, quoi faire. Les ongles lisses de la demoiselle marquent la paume de sa main tant elle serrait son poing.

-Dame Myosotis je présume? Laissez moi me présenter. Halewyn Redinem.

Termine t'il en faisant une profonde révérence.

-Et sérieusement, nous devrions filer.

" Je ne suis point une Dame. Et c'est vous qui vous êtes arrêté, Messire Redinem."

Sans attendre d'autres invitations de la part de cet homme trop étrange pour vraiment lui faire confiance, la farouche demoiselle court dans les ténèbres qui avaient avalé sa soeur quelque minute plus tôt.  Cependant, la silhouette de l'inconnu la dépasse sans mal, pour lui couper le chemin. Mains bien visibles, Halewyn n'a pas envie d'avoir à leur courir après plus avant... bon c'est faux. l'envie est bien là, mais le temps non. La demoiselle après avoir faillit percuter l'homme, le contourne et poursuit sa marche alors qu'il lui emboîte le pas..

-" Vous ne me laisserez pas vous remettre au moins la missive de votre soeur ? je ne suis pas là pour vous faire du mal mademoiselle... Mais pour vous porter assistance et soutien.

Dit il du même ton calme et posé, retirant la lettre d'Hespéris de sa poche et la tendant lentement vers l'animal effarouché qu'est la rouquine. A l'évocation de la lettre, Myosotis ralentit et se retourne. Décidément, elle n'a aucune sympathie pour lui, mais il a des éléments qui l'intéresse terriblement. Hespéris. Comment allait elle ? Etait elle aimée ? Etait elle heureuse ? Pensant très fort à sa prime. Et une idée lui vint à l'esprit en même temps que le souvenir d'une unique porte défoncée de l'intérieur.

- Je ne sais pas qui vous avez fui cette nuit là... Ni pourquoi vous n'êtes pas rentrées. Il est hors de question cependant de vous y ramener contre votre gré. Je sais je ne suis guère engageant, Mais vous avez ma parole.

" Suffit !" Le ton de la demoiselle était cassant. Il n'était que contradiction. Il disait être pressé, mais l'arrêtait au moindre prétexte. Il disait ne pas vouloir faire de mal et pourtant il avait tué. Sous ses dehors calmes, posés et patients, l'Estreventin combattait une furieuse envie de lui assener une torgnole de tout les diables. Il en avait tué pour moins que ça.

" Notre cheval s'est enfuit grâce à vous, je ne veux perdre en plus ma petite sœur. La lettre, les discussions, ce sera pour plus tard car j'ai le sentiment que vous êtes une tête de bardane accroché à mon jupon. "

A cette phrase, la figure balafrée du mercenaire s'épanouit, un large sourire soulevant fugacement les coins de la grande bouche mobile, manifestement, la pique de la jeune De Termer l'amusait. A moins que ca ne soit l'accord tacite sous la phrase piquante. Alors baissa t'il les yeux, analysant les empreintes au sol rapidement, cherchant celles qui l'intéressait. Des petites, fines et légères dans la neige, superposées aux autres, qui partaient exactement dans la même direction que les fers. Il leva alors une main gantée de noir et pointa vers par où Amaryllis avait disparu.

-Par là... je vous suis.

Amaryllis n'était pas douée avec les bêtes, à moins que ce ne soient les bêtes qui n'étaient pas douées avec Amaryllis. Quoique, pensa-t-elle. Ce n'était pas entièrement vrai. Il y avait les chats. La jeune fille aimait les chats, et les chats n'avaient rien de particulier contre elle. Il fallait dire qu'ils étaient faciles à comprendre. Ils faisaient ce qu'ils voulaient, quand ils voulaient, et c'était tout. Les chevaux eux, étaient différents.

"Isabelle, reviens tout de suite, sinon Myo sera probablement fâchée." Myo parvenait à se faire obéir, alors dans l'esprit d'Amaryllis, il y avait une logique certaine à l'invoquer pour faire céder l'animal. Et d'ailleurs, la monture sembla hésiter. Se demandait-elle si la jeune blonde bluffait ? Or Amaryllis avait un avantage: elle ne connaissait pas le bluff.

Lorsque le drôle de couple se lança à sa recherche, emmitouflée dans sa cape, elle revenait vers eux, son visage innocent arborant un sourire plein de fierté. Elle avait réussi!

" Oh. Finalement ces gens ont encore changé d'avis."
C'était classique chez les hommes, en général ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient, ou s'avéraient incapables de se donner les moyens d'y parvenir. Mais il en restait un. Celui qui avait l'air différent des autres. Elle avait bien révisé les salutations avec sa nouvelle amie experte en féminité. Bien droite, légèrement cambrée. Elle réfléchit à un intéressant problème mathématique, car elle avait découvert que c'était la meilleure façon de prendre l'attitude idéale: lèvres entrouvertes, regard lointain, quelques mèches s'échappant de sa capuche.

Ce qui n'amena, chez l'individu concerné, qu'un affect plat comme une plaine balayée par le vent. Ce n'est pas comme si on ne l'avait pas averti de cette particularité chez la blonde, d'avoir occasionnellement l'air d'une truite fraîchement pêchée.

"Bonsoir messire... C'est étonnant que Myo ne vous ait pas assommé. Vous ne devez pas être d'ici."

Si Myosotis n'avait pas répondu à sa question, Amarillys le faisait pour elle. Donc elles étaient bien ses cibles. Un coup de vent plus mordant qu'un autre souleva la cape de bonne facture doublée de fourrure.

"Bonsoir mademoiselle Amarillys, je suis Halewyn Redinem... Puis je prendre les rênes d'Isabelle et vous conduire toutes les deux dans un endroit public et chaud pour que nous puissions parler ?  
- Je vous remercie mais les rênes resterons dans mes mains. Comme seule bride, je n'accepterai que d'évoluer à pieds à vos côtés. Allons donc à l'arène choisi par vos soins. Et puisque vous y voulez parler et palabrer, ne comptez pas sur nos deniers. Ce sera à vous de payer." Si la rousse demoiselle acceptait de suivre cet inconnu étrange, ce n'était pas en étant prisonnière de son bon vouloir. Des mains de sa sœur qui la laissa faire, Myosotis récupéra la longe.
" - Je vous prie Messire, ouvrez le chemin, je suis impatiente d'avoir des nouvelles de Dame Arsinoé.

- Allons-y !"
La jolie blonde semblait étonnamment calme et suivit le mouvement avec une certaine grâce éthérée, un peu comme si elle avait été ailleurs. Pour qui la connaissait, il était clair que les rouages de son esprit s'activaient à cet instant, traitant quelqu'inspiration soudaine et mystérieuse.

" ... "

D'un geste de la main, Halewyn donna le signal du départ avant de se mettre en mouvement, ouvrant le chemin en pensant très très... mais très fort à sa prime.

L'étranger mena les jeunes filles dans une auberge à la fois pittoresques et haute en couleur. Avec l'heure tardive, mais surtout grâce aux vapeurs d'alcool, ses clients étaient tous gris. Il y avait là, pêle mêle des hommes de peine et des juristes. Les filles de joie allaient de bras en bras, montrant leur charme aux plus offrant dans cette nuit qui commençait à s'étirer. Quand le trio entra dans la salle commune, ils furent suivit par quelques paires d'yeux. Mais la plus retorce était celle du chat, aussi gras qu'une loche et rivalisant sans peine avec les caïds du quartier sur le nombre de cicatrices. Pour des nez délicats et assez peu habitués à ses recoins, l'odeur y était irrespirable. Les gorges blanches et fermes furent assaillies par les odeurs de sueur, les parfums bon marché et le mauvais tabac. La musique comme les conversations étaient en sourdine. Il y avait bien quelques rires aigus et le claquement des dés qui roulaient sur le bois des tables. Dans un coin, un homme d'arme blessé tentait de monter sur sa table pour gueuler une chanson paillarde qu'il dédiait à une fille, aussi belle que grise. Ses collègues, las de l'entendre massacrer la mélodie, le tirèrent enfin vers le bas et le firent taire en commandant de nouvelles chopes. Des chambres en hauteurs, on pouvait deviner des ronflements, à moins que c'était des râles d'activités que les demoiselles étaient sensées ignorer.

Oui, parce que leur guide était très prévenant en les emmenant dans un endroit tel que celui-ci. Mais bon, les tavernes se valent toutes et il ne voulait pas les emmener là où il créchait. Indifférent à l'atmosphère non convenable pour des femmes de leur âge et de leur éducation,  Halewyn avisa la table du fond et fit dégager sans cérémonie le locataire titubant de la place, avant d'indiquer aux jeunes filles de s'asseoir sur la banquette du fond.

Bien à regret, Myosotis s'assit. A présent qu'il les regardait de ses yeux dépareillés. La rousse demoiselle avait l'impression que le matou s'était trouvé une réincarnation et eut soudain la désagréable impresssion de n'être qu'une souris.

La voix grave de l'étranger couvrit le bruit de fond sans mal, sans forcer.

-Alors, mesdemoiselles si vous me racontiez ce qui vous est arrivé ?
- Vous nous avez fait venir pour nous donner des nouvelles de notre ainée..."
Elle avait de la suite dans les idées, il ne pouvait pas lui enlever ca. Soudain, la truite à côté de Myosotis parut revenir à la vie, empêchant Halewyn de pousser sa réflexion plus loin, remarque c'était tout aussi bien, la moutarde n'avait pas encore eu le temps de lui monter au nez.

- Myo... La blonde se pencha vers sa soeur pour murmurer à son attention. ... Il est probable que ce monsieur soit un professionnel. Etant donné son accent... Je dirais qu'il n'est pas d'ici. Il est également improbable qu'Hesperis ait payé quelqu'un comme lui pour donner des nouvelles... ou qu'elle ait payé quiconque pour cela, d'ailleurs. Tout cela me pousse à privilégier l'hypothèse qu'il n'est pas ici pour seulement nous remettre une lettre.

Elle se tut un instant, pensive, et donc un peu niaise.

- C'est fascinant

Putain, ca pas de sens avoir l'air si cruche pour sortir de ces réflexions dignes d'un grimoire....

Il se contente de fermer sa grande putain de gueule. Et de continuer à penser très fort à sa prime tout en gardant un air impassible, ignorant les dernières paroles de la blondinette.

- Merci Ama... Mais il disait avoir une lettre d'Hespéris. Messir, si cette missive est bien celle de notre soeur comme vous le prétendez, nous répondrons à votre question."


Ama hausse les épaules, attendant que la lettre fasse son apparition. Sans sourciller, Halewyn abat fermement la missive d'Hesperis sur la table en même temps que son ordre de mission. Il avait prévu le cas de figure. Et si elles ne veulent toujours pas suivre, il va les attacher et les envoyer en morceaux, poste restante. Ca commence à faire.

- Je vous laisse lire. Tavernier ! Trois bières !

La rousse demoiselle se saisit de la lettre. Bien qu'elle fait attention à ne pas arracher le papier tendu, ses gestes trahissent son impatience. Avec précaution, elle évite de l'étaler sur la table gluante des précédentes consommations et fait attention à ce qu'Amarillys puisse la lire en même temps qu'elle. L'écriture est bien celle de sa grande soeur. Force étant de constater que la belle brune avait su décrire avec tant de mots sa peine de savoir ses soeurs entre des mains étrangères et potentiellement malveillantes. Mais il y avait également toute sa joie que l'étranger les avaient retrouvées puisqu'elles étaient en train de lire ces lignes... Hespéris souhaitait avec ardeur que rien ni personne n'avait atteint leur pureté pour qu'elles puissent connaitre le bonheur d'un mariage heureux. Les dernières lignes étant pour les inviter dès que le ventre s'arrondirait d'un bonheur nouveau.

Myosotis relève le nez bien après la fin de sa lecture. C'est d'ailleurs une hôtesse toute en poitrine qui la sort de sa rêverie en déposant ses trois pintes de bières, ou de piquette selon les palais. Celle ci ne fait aucun commentaires sur l'étrangeté du tableau.

" - Messir Redinem, ou que sais-je, à partir de quand voulez vous que l'on commence l'histoire ? " Aussi perspicace peut être sa petite soeur, elle peut avoir tort. Pas sur tout, mais Myosotis avait passé un accord et elle n'a nullement envie de le trahir en premier.

Dante se penche un peu par en avant, leur offrant toute l'acuité de son étrange regard.

- Je ne suis pas un ignare mesdemoiselles. J'ai lu tout les rapports circonstantiels, et il y a maintes zones d'ombres. Et si vous commenciez par le tout début, quand le ou les agresseurs a ouvert la porte de votre chambre?

Il renifle sa bière, avant de froncer du nez et de ramasser celle des deux jeunes filles, les redonnant à la serveuse à la poitrine bien arrogante.

- J'ai dit trois bières, pas de l'eau de vaisselle! Moi et mes invitées, nous sommes encore trop à jeun pour boire ça, diantre! Et tant qu'à y être, pain et fromage aussi.

"Y'a qu'ça à cette heure. Et maintenant qu'elle est tirée, elle est dûe. Mais v'la pour de la mangeaille." La serveuse repose les pintes sur la table et s'en va en cuisine pour chercher de quoi remplir la panse des nouveaux.

" Je ne connais pas le contenu des rapports. Les avez vous pour qu'Amaryllis puisse les lire ? " Reculer... reculer avant de devoir tout dire. Etrangement, c'est un inconnu, un étranger qui leur a posé des questions, qui veut savoir. Vraiment. C'est la première fois. Que va t'il faire alors ? Un sourcil noir se hausse. Halewyn attendit la suite.

" Messir ? Et s'il s'avérait qu'au cours de l'histoire nous changeons de statut ? et si de victimes nous, je... je suis l'agresseur ? Que ferez vous ? " Oui, elle avait peur. Encore.

Ne buvez pas cela. Ca ne me dit rien qui vaille. Dit il une fois la serveuse de nouveau partie en leur enlevant les chopes. Amaryllis analysait la sienne depuis quelque temps et tend la main, l'air déçue, lorsque l'homme la lui retire. Il me parait évident que si vous avez agressé votre agresseur, c'est de la légitime défense. Les traces de rapt que les autres ont décelés, je les ai interprétées comme des traces de fuites. Qui fuyiez vous qui vous empêche de retourner chez vous? Parce que vous ne me semblez pas enlevées du tout.

- Je voulais seulement qu'il lâche Myo... Sinon j'aurais pas percé là finit par répondre la jeune blonde d'un ton extrémement géné, le regard posé sur la choppe vers laquelle sa main se dirigeait "discrétement". "Il n'y a que des muscles à cet endroit vous savez. Et..." Amaryllis oublia un instant sa choppe pour se tourner vers Myo. "Zut, c'est laquelle que j'ai mis dans papa, Myo ? "
Le visage légèrement hâlé avait dangeureusement palit. Myosotis s'était rendue compte que depuis leur fuite, elles n'avait jamais reparlé des évènements... et la présentation de sa soeur était assez peu... réglementaire. Qui aurait été capable de croire les deux soeurs ? Qui si ce n'est cet homme... étrange et étranger.
" Epingle, la dague. " répondit enfin la jeune femme d'une voix blanche.

L'homme fronca les sourcils, ce qui donna une lueur étrange à son regard.

Epingle a une soeur? Demanda t'il subitement de but en blanc. Ou est t'elle unique? Il se doute de la réponse, si l'Amaryllis ne savait pas laquelle elle avait planté dans le corps de l'agresseur. Le père était parti avec une dague avec un blason que personne n'avait vu... Il avait été agressé au couteau... Puis assommé avec une bassine, ca il le tient des serviteurs, les rapport ayant été, édulcorés à ce niveau...  Il s'interrompit net, se penchant subitement vers l'avant, la voix grave devenant grondante.

Laissez moi deviner. C'est votre père l'agresseur...

S'il lui avait été possible, Myosotis aurait encore blémit. " J'ai, ou plutôt, j'avais deux armes. Une dague, Epingle et une pertuisane, Aiguille. Nom que vous connaissez déjà. Toutes deux provenaient d'un stock d'armes du chateau. Mais, faute de gardes, les autres ont été vendues avec le reste. " Elle n'avait nullement envie de parler de son géniteur. Alors elle approuva en baissant légèrement son visage. " Comprenez vous maintenant ? Nous ne retournerons pas chez nous. "

Chez nous... Elles n'en avaient plus. C'était la première fois que Myosotis se rendit compte à quel point elle avait perdu des choses. Parce qu'elle avait été protégée par sa soeur. Parce qu'elle voulait protéger sa soeur. Mais en fuyant, elles avaient perdu un toit qui, malgré ses fuites, les avaient maintenues à l'abris du bon comme du mauvais temps. Elles avaient perdu la compagnie de l'Intendant et de sa femme qui les avaient vu grandir et pas encore vu femme. Elles avaient perdu leurs amis, leurs petites habitudes. Elles avaient perdu leur terre et Termer.

L'Estreventin posa un coude sur la table avant d'y poser un menton pensif. Elles étaient terrorisées et elles ne voulaient pas rentrer chez elles. Ce qui complexifiait énormément la chose. Il restait quand même une énorme zone floue. Et il n'avait pas le temps de se faire chier. Pense à ta prime mec.

Donc vous avez tranché dans le muscle pour que votre père lâche damoiselle Myosotis dans votre chambre. Vous ne me dites pas tout, mais néammoins, j'en sais assez...  Vous l'avez fuit et, ce qui m'importe le plus c'est que vous ne voulez pas rentrer. Malheureusement, je manque de temps pour éclaircir ce mystère ainsi que je ne veux pas que vous vous retrouviez en plus mauvaise posture  que vous ne l'êtes. N'y a t'il nulle part où vous désireriez trouver refuge? Il est stipulé dans mon contrat que je dois vous mettre en sûreté. Peut-être qu'un jour vous me direz tout. N'oubliez pas,je suis là pour vous porter assistance.

Si Myosotis avait pu paraitre terrorisée à l'étranger, il n'était pas certain que l'adjectif s'applique aussi à sa soeur. Cette dernière avait observé l'échange avec un mélange de curiosité et de fascination. Son regard profond et lointain,ses lévres entrouvertes ne projetaient certes pas grande intelligence, mais, droite et subtilement cambrée, la demoiselle dégagaient quelque chose de difficile à définir.

- Non, je ne veux pas rentrer. Il y a bien plus de choses à apprendre ailleurs qu'à la maison. Ca m'ennuie légèrement, Myo. Si lui et les gens dont on a entendu parler nous ont retrouvées ici, il est probable que cela se reproduise. Elle s'était tournée un instant vers sa soeur et se concentra à nouveau sur Dante. - Qu'entendez-vous par "nous mettre en sûreté ?" Vous sauriez nous aider à partir d'ici ?
" Messir, contrairement à notre grande soeur, nous n'avons suffissement pas d'argent pour nous permettre de nous offrir vos services. Même si, je dois vous admettre que nous en aurions grandement besoin."

L'étranger hocha la tête.

Mesdemoiselles. Mon salaire est le moindre de vos soucis. Dites moi plutôt quels sont vos talents respectifs ? Et si vous preniez cela plutôt comme un partenariat ? Je vous aide et vous m'aidez.

Il y avait surement quelque chose de louche dans cette proposition, mais qu'importe. Elle était fortement alléchante. Myosotis prit la parole en cherchant à mettre en valeur leurs connaissances dont elle était certaine qu'elles étaient en mesure d'y parvenir.

" Nous avons reçu l'éducation dû aux demoiselles de notre rang : écriture, lecture, calcul, étiquette, histoire, equitation, religion et tenir une maison. Nous avons été éveillées à l'art, dans la mesure du respectable. Amarylis se plait avec les fusains et les pinceaux, tandis que je me complais dans les entrechats et les passepieds. " Durant sa pause, elle se remémora ses cours de rétoriques, mais ils avaient été bien trop peu nombreux pour vraiment se permettre d'avoir autre chose que des notions. " Pour le non académique, il y a bien les travaux des champs, le maniment de la faux, la pelle et la bêche. Et pour nous défendre, celui de la dague et de la pertuisane. "

Et vous désirez apprendre quoi au juste? Demanda leur interlocuteur sans se démonter. Il avait une petite idée de à quoi elles pourraient lui servir autre qu'à être payé. .[/color]

Amaryllis haussa un sourcil, son index passa un instant contre ses lévres délicates et entrouvertes dans une moue aussi niaise qu'adorable.

- C'est une question difficile... Je dirais tout, mais bien que cela paraisse paradoxal, j'ai remarqué que plus mon savoir s'étendait, plus se révélait en même temps l'étendue de mon ignorance. Dîtes-moi ce que vous voulez, je vous dirai si je peux vous aider.
La demoiselle lui adressa un sourire charmeur, du genre de ceux qu'elle avait appris auprès de Blandine.

L'estreventin la fixa, indéchiffrable, avant de porter son attention sur Myosotis.

Et vous?.

Quelle étrange question... Mysosotis réfléchit un instant. C'était la première fois qu'on lui demandait ce qu'elle voulait faire. Elle. En tant que rosière, on lui avait toujours dit de faire des choses pour qu'elle soit une épouse convenable, une chatelaine convenable, un payasan menu mais correcte, une combattante potable. Elle avait fait toutes ces choses. Elles les avaient apprise. Et jamais on lui avait demandé d'apprendre.
Que voulait elle connaitre ? Elle n'en avait aucune idée. C'était grisant, c'était un précipice sans fond.
" De quelles compétences avez vous besoin ? Mais si possible quelque chose qui me permette de rester avec ma soeur..."

mentalement, il soupira. Un soupir bien profond.

Bon, et si je vous proposais un stage en immersion Estreventine je pourrais dire de deux mois, en attendant que je puisse éclaircir tout cela, avec option de renouvellement? Il se trouve que j'ai des gamins à qui il serait utile d'apprendre le péninsulaire oral. Ecrit aussi. En échange ils pourraient vous apprendre ma langue natale. Nous pourrions commencer par là. Pendant le voyage, j'apprendrai a vous connaitre et nous pourrons alors envisager quelque chose de plus spécifique. pour dame Myosotis, si vous aimez vous battre à la pertuisane, je devrais être capable de dénicher un maitre d'arme convenable pour que vous progressiez. Cela vous convient?

" Bien. " C'était clair et limité dans le temps. La rousse demoiselle ne pouvait réprouver même si elle en avait envie.

Ensuite il reporta son attention sur Amaryllis.

Mademoiselle, ne faites pas ces moues quand vous me parlez. L'insipidité de votre expression contredit l'intelligence de vos parole. .
- Myo me dit souvent d'arrêter de penser, que j'ai l'air cruche quand je réfléchis. Mais c'est beaucoup plus difficile que ça en a l'air. Sinon... J'ai quelques bases en architecture, astronomie, chimie, mathématiques, ingénièrie, anato...
- Explosion de trucs oui...
- Cette grange a donné sa vie à la science. Elle m'a beaucoup appris.
Les yeux bleus tendres se levèrent au plafond. C'était oublier que la grange avait manqué aux deux oies qui avaient dû finir rôties après avoir été tuées par le froid.

Dante se fit, quand à lui, la remarque qu'Amaryllis devait réfléchir beaucoup.