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 Les Clodrows

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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Les Clodrows   Les Clodrows - Page 2 I_icon_minitimeJeu 20 Aoû 2020 - 21:10

Elle énuméra certainement trop de choses pour que tu les comprennes toutes. La langue battait son palais avec une dextérité qui surpassait celle de ton oreille. Tu tiltas à la fois sur le mot « amante » et « mage de guerre ». Pas le temps de les prendre en considération que déjà la suite arrivait et l’Elfe sombre se mit à jouer. Tu te serais cru au théâtre alors que normalement c’était toi qui t’amusais à surjouer tes gestes pour souligner tes mots. C’est d’ailleurs ce que tu fis en avançant d’un pas afin de l’obliger à lever les yeux pour ne pas lâcher les tiens.

_ Il y a vos sentiments, votre histoire, vos actes et vos souhaits. Tout cela est véritablement ce que vous êtes. Et puis il y a les rêves, les rumeurs, les interprétations, les jeux et les devoirs, tout cela c’est ce que vous êtes pour autrui. Dans ce monde, nous ne sommes jamais nous même car si nous l’étions, nous perdrions tout ou presque.


Tu levas délicatement la main pour caresser de tes doigts le coin inférieur droit de ta mâchoire frottant une barbe blonde rasée la veille mais déjà en pleine reconquête. Le geste ne fit que meuble l’instant de silence et ci-tôt la main retirée qu’il te fallait déjà reprendre.

_ Je ne le crois pas répondais-tu à la première question. Je ne suis pas responsable des mœurs de mes semblables, simplement des miens et je m’efforce de les rendre les plus justes possibles. Dans mon Royaume, les nobles ne se marient pas par amour. Ni la bourgeoisie d’ailleurs. Et je doute que tous les paysans aient ce privilège. En fait, le mariage n’est hélas qu’un contrat comme un autre pour s’élever. En revanche l’amour, le vrai, est à la fois beau et cruel, on trouve son âme sœur au plus vite, on se marie dans la foulée pour concevoir cinq ou six enfants avant que la fièvre ou la guerre ne vous emporte à l’orée de vos quarante ans. Une vie éphémère que l’on croque à pleines dents ou que l’on sacrifie à la tâche pour rendre celle de ses enfants meilleure.

Une vie humaine dans toute sa splendeur mais quelle vie ! Si les autres races y goûtaient ne serait-ce qu’une ennéade, nul doute qu’ils reprendraient leur corps à reculons. A quoi bon vivre un millénaire ? Tout apprendre, tout connaître, tout faire et tout voir ? Pour faire quoi ? Que se passe-t-il une fois que l’on a parcouru le monde ? La saveur de l’inconnu disparaît, tout devient si simple. Et puis.. s’il faut un siècle pour apprendre ce qu’un humain met vingt ans, que gagnons-nous à la fin ? Des années de réflexion, d’entraînements, de cours et d’ambitions en tout genre. A quoi bon vivre mille ans si c’est pour mourir d’une flèche après avoir tout réalisé ? Ou pire, absolument rien ?

_ Vous savez, je dirai que… véritablement… je suis un père. Le père d’un garçon curieux de tout et un peu gauche et celui d’un tout petit qui ne demande qu’à voir la lumière de l’astre. Un mari béni des Dieux et surtout de notre Mère pour la bonté dont fait preuve mon épouse. Un frère maladroit et parfois idiot qui s’évertue de rendre ses sœurs fières et heureuses. Un fils également ; qui s’efforce -malgré les crimes de son père- de poursuivre l’œuvre de ses aïeux. Un homme simple finalement.

Tu terminas ta tirade en glissant ton index dans une mèche de cheveux de Shyn’tae afin de l’enrouler, puis de la dérouler en suivant le geste du regard. Le dernier mot raisonna et ton regard se posa instinctivement sur Cécilie pour lui proposer un sourire. Il était fin, de ceux que l’ont fait par émotion et qui ne durent que quelques secondes avant que les larmes ne montent. Tu parvins à les retenir, bien heureusement, cependant même une étrangère pouvait deviner l’émotion qui se cachait dans ta voix. Ta main quitte la crinière pour se poser sur le comptoir et tes yeux la retrouvent, d’abord ses rubis, puis son nez retroussé, ses oreilles si vivantes, ses lèvres rebelles et sa peau à la fois pure et parsemée d’avertissements.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Les Clodrows   Les Clodrows - Page 2 I_icon_minitimeSam 22 Aoû 2020 - 19:22


Je me suis tue.

Comme je le faisais il y a bien longtemps

Il me tue.

Moi qui pensais ne plus avoir de cœur, il parvient à le fouler au pied. Pathétique.

" Dans ce monde, nous ne sommes jamais nous même car si nous l’étions, nous perdrions tout ou presque. " Cela seul aurait suffit à me faire comprendre ce que je fuyais du regard depuis des années, mais il ne s'était pas arrêter là.

Il se tenait là. Debout. Droit. Si proche de Shyn'tae que même du haut de sa silhouette d'eldéenne, elle devait lever la tête pour le regarder dans les yeux. Les miens observaient ce visage inconnu. Ses expressions, ses mouvements n'éveillaient rien en moi. Mais à chaque fois que ses lèvres laissaient passer un son, je retrouvais mon frère. Mon cher petit frère. Innocent et pur. Celui que j'avais protégé de mes querelles avec père en partant pour le Nord. Il avait treize ans à peine. Celui que j'avais bercé de mes histoires de chevaliers et amusé de mes chansons. Celui qui voulait nous suivre dehors, Lyanna, Maélyne et moi, soit disant trop petit pour la vindicative lourmelloise qui voulait rester entre filles. Celui que j'avais protégé du pouvoir, aussi longtemps que je le pouvais, en portant les titres et les charges que mon père lui destinait. Celui auquel j'avais permis un mariage d'amour en sacrifiant le mien. Celui qui malgré toutes les rumeurs était venu retrouvé sa sœur de l'autre côté de la mer. Celui qui avait été là pour m'annoncer le pire et assister au meilleur.

Gaël. Le garçon heureux et pur au cœur rayonnant de bonté. Mon trésor le plus cher veillant sur la prunelle de mes yeux.

Celui qui avait vieillit en mon absence.

Depuis qu'il s'était assit au comptoir, il m'avait déjà prouvé avoir oublié le serment de chevalerie qui jadis comptait tant pour lui. " Par les choix et non la condition je jugerai et prodiguerai mes bienfaits. " Je me souvenais de la lettre dans laquelle il m'avait annoncé son haut fait, la survie de Théobald, sa veillée d'arme et son serment.

"En fait, le mariage n’est hélas qu’un contrat comme un autre pour s’élever." Je déglutis, le visage figé en une froideur glaciale. Tu places ces mots dans la bouche des autres semble-t-il, mais le reste de ton discours semble si personnel. Que dis-tu, idiot ? Te rends-tu seulement compte de ce que tu oses lancer en l'air, toi que j'ai laissé se marier par amour ? Toi qui jamais n'a subit la vérité abjecte qui se cache derrière ces syllabes anodines. " En revanche l’amour, le vrai, est à la fois beau et cruel, on trouve son âme sœur au plus vite, on se marie dans la foulée pour concevoir cinq ou six enfants avant que la fièvre ou la guerre ne vous emporte à l’orée de vos quarante ans. " Que connais-tu de la cruauté, petit homme ? Qu'est-ce que cela est sensé vouloir dire sur Linaëlle ? Ne vois-tu en elle qu'un ventre à ta convenance ? Ne vois-tu en l'amour qu'un nouveau sacrifice ? Ne vois-tu en l'enfant qu'un mince fil de sens à ajouter à une existence trop courte ? Te rends-tu seulement compte des vomissures dont tu t'enorgueillis ? Ta fin annoncée dans deux décennies. Le regard cynique d'un homme aigri. Désabusé. La certitude d'avoir compris de quoi est faite la vie, ce qu'elle donne et ce qu'elle exige.

Toi qui a laissé ton aimée enceinte jusqu'aux yeux et me demandait de t'aider à t'enfuir hier à peine. C'est toi qui voulait oublier. Ce n'était pas qu'une peur passagère ? Ce n'était pas que les mots maladroits de nos retrouvailles ? Ce que j'entends de toi me fait comprendre que non.

Tu n'es plus un enfant.

" Une vie éphémère que l’on croque à pleines dents ou que l’on sacrifie à la tâche pour rendre celle de ses enfants meilleure. "

...

Une douleur aiguë me vrille le cœur.

Une femme. Pondre des enfants. Se sacrifier pour eux. Pour qu'ils aient une femme. Des enfants... Et ce reproche que tu me fais sans en avoir conscience. Cette vie éphémère à plonger dans les plaisirs d'Arcam ou à s'élever aux lumières de Néera pour le bien du futur. Aujourd'hui, en parlant franchement à celle qui tu penses être ton ennemis, c'est le fard de ton affection qui tombe et me met à nu. Sans l'amour idiot que tu me portes, je ne trouverais grâce à tes yeux.

Ainsi va le choix tel que le pensent les gens de notre pays. Marcher droit ou déchoir. Suivre la règle ou fauter. Partir ou rester.

Jadis je me sacrifiais, tu croquais la vie.
Aujourd'hui je croque la vie. Tu te sacrifies.
Tu es resté. Je suis partie.

Félicitation, cher petit frère, tu as grandi.

Ce n'est plus un garçon qui me parle aujourd'hui. C'est un homme. Un homme qui as accepté le monde tel qu'on lui a montré. Un homme qui a préféré oublier les choses telles qu'elles devraient être pour les voir telles qu'elle sont et se mettre à leur diapason. Oublié le cœur pur que je connaissais. Oublié l'insouciance rayonnante et fière du chevalier prêt à changer le monde pour qu'il ressemble un peu plus aux contes d'honneur et de courtoisie.

Ton cœur chevaleresque est devenu celui d'un seigneur. Conscient des conséquences de tes actes et de tes responsabilités tu as préféré te ranger à la tradition.

Tu es un homme mon frère.

Un humain qui fait ce qu'il peut. Ni meilleur, ni pire. Ni mauvais, ni bon. Cela fait des années que ma lumière s'est éteinte, mais la tienne devait être intacte. Tu étais sensé être la preuve que le bien avait encore une place. Tu étais celui que je ne voulais pas salir de ma réalité... Sans pouvoir m'empêcher te te vouloir près de moi. Mais ce que je pensais t'avoir permis de conserver à la sueur de mon front, tu n'as su qu'en faire. Cet échos joyeux de mon ancienne vie est tombé dans l'oubli. Aujourd'hui je peux véritablement dire que tout ce pourquoi j'avais œuvré à l'époque a été vain.

Sous le sourire fin dont tu me gratifies, je blêmi davantage. Comment peut-on être à la fois si monstrueux et si tendre ? Dans les yeux bleus que nous tenons de nos parents je retrouve la candeur de mère et de notre père la certitude de ce qu'est le bien. Tu incarne si bien le descendant de nos aïeux.

Tu es un père, mon frère.

Un seigneur au sang reconnu par les dieux qui détient le savoir du bien et du mal. Père de tous ceux qui ont besoin de sa tendre protection. Père de mon fils. Père de mes sœurs. Mari de ma fille. Descendant de Sainte Aliénor. Se réclamant du bon droit. Du bon Choix. De l'honneur et de la morale des bons patriarches de ma patrie. Berger des foules qui se débattent dans la pénombre. La concubine d'Arcam qu'est devenue ta sœur te fait horreur, mais tu m'aimes malgré tout.

Tu es mon frère, jeune homme.

Ce que tu es devenu me pétrifie. Comme a chaque fois que nous baissons la garde, nous nous blessons l'un l'autre. Malgré toute la mauvaise foi dont j'aimerais faire preuve, je sais que je ne peux te demander plus que de tolérer ce que je suis devenue. Je sais que je ne peux t'en vouloir d'être fatigué, imparfait, désabusé. Je ne peux t'en vouloir d'essayer de faire le bien tel qu'on te l'a appris. Je ne peux t'en vouloir parce que... Juste parce que.

Mais je t'en veux.

Car ta sœur est une mère.

Les mots que les prêtres crient se retrouvent dans ta bouche aujourd'hui. Toi. Toi parmi tous. Toi, tu me dis que la belle vie est si simple. Amour, famille, honneur. Toi qui m'a vu les perdre tour à tour. Pour toi. Pour d'autres. Toi, qui ose me dire qu'une vie n'a de sens que par la vie qu'elle donne. Tu te complais dans ta droiture, toi qui te revendique comme un père. Tu m'agites sous le nez ce souvenir déchirant.

Cet enfant...

Gloire à toi. Tu es le père du fruit d'un viol au nom de nos aïeux. Et cette œuvre dont tu te réclames m'a forcée à le mettre au monde puis à l'abandonner. Mon fils... J'espérais que tu puisses lui donner la lumière dont tu rayonnais à l'époque mais aujourd'hui tu voudrais fuir avant l'arrivée de ton propre petit.

Alors oui, je t'en veux.

Car je suis une femme, mon frère.

Je suis ce que je suis. Forte de ce que j'étais et de ce que j'ai appris, je ne souhaites pas faire marche arrière. Toi, tu l'espères. Par tous les pores de ta peau. Par tous les espoirs de ton Souffle. Dans tes yeux je suis une version gauchie de celle que j'étais et tu voudrais tant me soigner. Tu n'es pas Père, mais le temps t'en rapproche. T'entendre, toi et tes certitudes si simples me rabaissent.

Dans leurs deux reflets bleus, j'affronte enfin la réalité. Tu n'es plus l'astre pur que j'imaginais. Tu ne l'a surement jamais été. Et pourtant je finis toujours par me sentir si sale à ton côté...

La voix de Shyn'tae s'élève, glaciale. Je ne l'avais jamais entendue ainsi et ce simple fait m'arrache à la tempête qui gronde en moi pour regarder plus attentivement son profile. Droite. Tendue.

- Ah. Un père. J'en ai un aussi. Vous avez pensé à demander à tous ceux que vous protégez si c'est ce qu'ils désirent? "

Une sincère surprise me fit frissonner.

... Merci.

Le brasier de la colère nourrie de culpabilité s’apaisa. Il était fier de son bon droit, père de ses gens, apôtre de la bien-pensance. Il me crachait au visage le bonheur d'une famille qui avait jadis été la mienne. Elle me rappelait le prix de tout cela. Vouloir avoir le Choix ne faisait pas de moi un monstre... Je n'étais pas un monstre... Et même après les évènements du mois dernier, même après avoir perdu une fois de plus, je n'étais pas seule.

Si tu savais, Gaël. J'ai appris à aimer sur ces terres, bien mieux que dans les plus belles gestes de chez nous. Librement. Simplement. J'ai appris l'horreur, la jalousie, le désir, la passion. Contrairement à toi, certains m'aiment pour ce que je suis. Certains s'aiment et se respectent tels qu'ils sont. Certains sont eux sans perdre quoi que ce soit. Certains cherchent comment venir à bout de cette absurde injustice que nous infligent les dieux. Certains ont la foi.

Et toi... ?

Moins raide, moins glaciale, plus orgueilleuse. Je m'étais redressée sur mon siège pour toiser durement le jeune homme blond. Un peu de l'émotion déchainée qui souffrait en mon cœur luisait malgré moi au coin de mes yeux.

- Tu as l'air d'aimer ta vie, mon frère. En tout cas, tu dresses le portrait édifiant de la sainte vie d'un seigneur acceptant avec une grande noblesse les choses telles qu'elles sont. " soufflais-je sans savoir moi même quel ton employer, mais sans lâcher son regard. " Mais si un jour la question se pose, préfèreras-tu que l'enfant que Linaëlle porte soit un bon pentien ou un homme heureux ? ... S'il y avais une chance infime pour que nous puissions transcender le destin, vivre aussi longtemps que nous le désirons, libre et heureux, sans faux-semblant, la saisirais-tu ? "
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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Les Clodrows   Les Clodrows - Page 2 I_icon_minitimeSam 5 Sep 2020 - 20:18

Tu usas du Verbe pour basculer entre deux rôles, celui que tu imaginas pour l’Eldéenne et celui que tu fus pour l’Humaine. Jamais tu n’aurais pensé que Cécilie prendrait autant à cœur les paroles qui quittèrent tes lèvres pour s’évaporer dans l’air. Car c’est bien là tout le mal du rôle que l’on joue, il ne nous ressemble pas ou peu mais il se base sur notre caractère, nos choix et nos actes passés.

_ Ah. Un père. J'en ai un aussi. Vous avez pensé à demander à tous ceux que vous protégez si c'est ce qu'ils désirent ?

Voilà bien une question de néophyte. Se poser la question de savoir si c’est ce qu’ils désirent c’est nier le sacrifice de générations d’hommes en armes, remettre en question l’ordre des choses dans la société et mettre à bas le pragmatisme de la réponse. Est-ce que le choix de tous est éclairé ? Est-ce qu’un choix non éclairé a la même valeur qu’un choix non éclairé ?

_ Je pense, ma Dame, qu’un tavernier est heureux de savoir qu’en cas de rixe, les fauteurs de trouble seront arrêtés avant que son établissement ne parte en fumée. De même, c’est mon rôle en tant que chef de famille, de la protéger et de faire mon possible pour qu’elle ne sombre jamais dans le besoin.

La terre appartient à la Maison et tout ce qui se trouve sur cette terre assume donc des devoirs et se voit remercié par des droits. La réponse à la question de savoir si le commun des mortels souhaite être protégé ne t’es d’aucune utilité. Tant que la plèbe vit sur tes terres, celle-ci accepte cet état de fait. Quant à ta famille, il y a eu trop de cicatrices dans le passé pour que chacun soit libre de vivre sa vie sans aucune « surveillance » extérieure. Mais c’est alors que Cécilie parla et qu’un frisson s’empara de toi.

_ Tu as l'air d'aimer ta vie, mon frère. En tout cas, tu dresses le portrait édifiant de la sainte vie d'un seigneur acceptant avec une grande noblesse les choses telles qu'elles sont. Mais si un jour la question se pose, préfèreras-tu que l'enfant que Linaëlle porte soit un bon pentien ou un homme heureux ? ... S'il y avait une chance infime pour que nous puissions transcender le destin, vivre aussi longtemps que nous le désirons, libres et heureux, sans faux-semblant, la saisirais-tu ?

En un claquement de doigt, elle mit à bas ta situation bancale qui serait de toutes façons partie en fumée tôt ou tard. Le plus tard aurait été le mieux. Un pas en arrière, tu déglutis et pose ton regard tour à tour sur les deux femmes. Tu craignais peut-être davantage la réaction de ta sœur que celle de la Noiraude. Après quelques secondes de surprise, tu entrouvris les lèvres, la gorge serrée.

_ La synthèse des deux n’est pas impossible et tu le sais très bien. J’entends et je connais ton sentiment envers les Cinq et tu sais à quel point il est différent du mien.

Tu avais deviné que la Foi de Cécilie n’est plus ce qu’elle fut. Si elle avait été n’importe qui, nul doute que ta fureur se serait abattue sur elle. Nul n’ignore dans le Langecin que les de Laval sont pieux et ne ratent jamais une occasion de prier Néera et leur sainte patronne. Les épousailles entre leur seigneur et une ancienne duchesse désormais prêtresse, galvanisa l’opinion qui y vit une union entre la Terre et les Cieux sans aucune intrigue de cour, ni aucune prétention terrestre ou financière qui avait le don de dégouter bien des gueux.

_ « Libres et heureux »… Je suis heureux et c’est grâce à toi. Maël et Linaëlle me comblent de bonheur, je m’efforce de laisser autant de libertés que possible à nos sœurs et je me lève chaque jour avec la ferme intention de rendre Missède meilleur que la veille. Il est des vérités que j’ai appris à accepter sans pour autant toutes les soutenir. Je ne pourrais pas changer les mœurs et l’état de chaque sujet de notre royaume mais je peux m’efforcer d’offrir aux sujets de notre Maison une vie meilleure.

Tu répondis d’une voix au début déçue mais qui devînt de plus en plus solaire jusqu’à ce qu’un sourire sincère comme seule ta famille en reçût vînt éclairer ton visage. Tu t’approchas de la musicienne pour ne pas perdre son regard, pour ne pas perdre ses perles bleutées que tu connaissais si bien.

_ Si un jour tu arrivais à trouver le moyen de vaincre la Mort, je ne saurais dire si je le saisirais. J’espère et je veux le meilleur pour toi, j’espère et je veux que tu trouves enfin une voie qui te conviendra dans ce pays ou dans un autre… J’ai trouvé la mienne et c’est toi qui la rendue possible. Je ne sais pas si j’aspirerai à transcender le destin vers l’inconnu, c’est peut-être un chemin sur lequel je ne pourrais te suivre, mais tant que tu es heureuse de l’emprunter, c’est bien tout ce qui m’importe.

Tu avais bien tenté de lever la main droite pour saisir celle de ta sœur mais la présence de l’Eldéenne empêcha le geste de se poursuivre et ta main resta simplement entrouverte, paume vers ton cœur, les doigts se refermant lentement.

_ J’ai appris à être pragmatique pour régner mais jamais je ne renoncerai aux idéaux qui m’habitaient il n’y a pas dix ans. Nous avons tous les deux beaucoup changé ces huit dernières années mais rien ne pourra jamais briser l’amour, le respect et l'immense reconnaissance que je te porte grande soeur.
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: Les Clodrows   Les Clodrows - Page 2 I_icon_minitimeJeu 10 Sep 2020 - 1:32



Lovée contre Cécilie, vêtue du sari qui laissait visible ses fameuses chevilles nues, lesquelles semblaient incapable de rester tranquilles, l'obscure demoiselle observait le frére de son amie avec méfiance et circonspection.

Y avait-il un problème avec les frères? Le sien était différent, et pourtant en certains points étrangement similaire.  En certain points seulement, s'empressa-t-elle de corriger. Autour d'eux, le bon peuple de l'Ithri'vaan faisait ce qu'il faisait de mieux, la fête et les affaires, indifférent à leur étrange débat. A une table non loin, un groupe de jeune gens, couleurs de peau mêlées, déshabillait du regard le couple qu'elle et l'altière humaine formaient.

Il y avait dans les mots, les postures et même le ton calme et maitrisé du péninsulaire quelque chose qui agaçait prodigieusement la sorcière. Un instant, elle s'était imaginée s'approcher puis lui donner un coup de genoux bien placé. L'idée était charmante.

C'était un peu injuste, car en réalité, il aurait alors surtout payé pour d'autres pères et frères.

C'était un peu dommage aussi, car elle n'avait eu aucune envie de se laisser agacer ce soir, Char'rath faisait très bien cela tout seul sans qu'il faille faire appel au frére de la belle Irulan. Frère qu'elle n'avait de plus pas le droit de toucher.

Pour quelle raison d'ailleurs? Ce n'était pas très clair, Irulan était une femme de mystère. Pour ce qu'elle en voyait, que quelqu'un le chevauche longuement ne pourrait que lui faire du bien en l'aidant à évacuer un surplus d'hormones paternelles.

Tant de raisons de s'agacer.

Dans ces cas là, chaque drow réagissait différemment. Les plus fougueux dégainaient un couteau, hurlaient un bon coup puis égorgeaient les passants en espérant que cela ferait plaisir aux dieux. Les plus sages tenaient leur tête entre leurs mains en attendant que ca passe. D'autres gambadaient jusqu'au temple d'Isten le plus proche, ou à défaut, frappaient à la porte de tous leurs voisins.

L'approche de Shyn'tae dépendait de ses envies du moment. Sa silhouette fine se redressa, son regard perçant et malicieux ne quittait pas le jeune mâle plein de désirs paternels.


- Je ne doute pas qu'on puisse être à la fois heureux et un digne représentant de votre... foi. Mais que vous répondiez cela à sa question.. C'est exactement le problème.

Elle s'était relevée, et ses pieds nus arpentaient le plancher poli par des générations de poivraux, faisant valser l'étoffe autour d'elle à chacun de ses mots.

- Comme si le fait qu'on puisse être heureux d'une manière donner le droit de négliger les autres.  Je connais des humains, des drows mêmes, qui ne voudraient être libre sous aucun prétexte. Ils sont esclaves et heureux. Cela justifierait-il que je vous force à les rejoindre?

Elle avait penché la tête de coté, son sourire carnassier. Les mèches de sa chevelure blanche caressèrent son épaule.
- Non je suppose, même si vous en avez très envie, vos devoirs vous retiennent. Le résultat ? Vous donnez à ses soeurs… Qu'avez vous dit? La sorcière découpa chacun des mots qui suivirent.  "Autant de liberté que possible ?"

Elle fit la moue. Ses yeux brillaient comme des braises. Manifestement il s'agissait d'un sujet personnel.

- Autant de liberté que vous en avez envie donc. Autant dire aucune donc. Il leur faut un père qu'elles n'ont même pas choisi pour s'assurer qu'il ne leur arrive rien et qu'elles aient un avenir qui convienne à ses ambitions à lui. Et si elles préféraient qu'il en soit autrement? Et si elles voulaient être libre justement ? changer le monde, le rendre... meilleur ?  Ou seulement tracer leur propre voie sans devoir supporter le fardeau de choix faits par des ancêtre depuis longtemps disparus ?

L'Eldéenne s'était penchée en avant, altière. Dressé vers lui, son bras fin et noir comme la nuit échappait à l'étoffe bleue.

- Un père ne devrait être fier que lorsqu'il fait assez confiance à ses enfants pour leur offrir la liberté.


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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Les Clodrows   Les Clodrows - Page 2 I_icon_minitimeSam 12 Sep 2020 - 0:16


- Calme-toi, s'il te plait. "

Je m'étais levée à mon tour, posant une main qui se voulait apaisante sur l'épaule de mon amie. J'aurai tellement aimé être capable de sourire sincèrement à mon frère à cet instant précis, mais je cherchais surtout le regard de l'eldéenne pour l'assurer d'un soutien silencieux.

La rancœur que j'avais pour le jeune homme assombrissait un peu mon visage.

Mais qu'attendais-je de toi en définitif ? Je ne voulais pas écorner cette lumière que je lui avais fantasmée. Je ne voulais pas qu'il explore le monde, trop consciente de la façon dont ça pourrait le changer. Je ne supportais pas l'idée de le voir entrer pleinement dans les jeux de cour que je lui avais laissés sur les bras. Je ne supportais pas l'idée qu'il haïsses par principe mais ne voulais pas le laisser découvrir de lui-même qu'il avait tord. J'étais déçue, mais comment en aurait-il pu être autrement avec de telles attentes. Tu n'aurais pu trouver grâce à mes yeux qu'en étant ce que tu n'es pas.

Hélas, c'était bel et bien pour des hommes comme lui que j'avais souffert. Des hommes pas foncièrement mauvais, mais qui espéraient que rien ne bouge. Des hommes qui se gargarisaient des bienfaits d'un monde dont ils ne payaient pas les contre-parties. Des hommes et même parfois des femmes qui tiraient leur épingle du jeu et qui défendaient leur petit pré carré. Des personnes qui savaient toujours ce qui était bon ou non car ils se contentaient de répéter les doctrines biens établies de la religion, de la morale et du devoir. Car ils respectaient les limites d'un système qu'il ne fallait surtout pas remettre en question. Surtout ne pas penser, ne pas changer, garder ses privilèges et laisser faire une morale qui mettait en pièce tant de gens de bonne volonté à coup de respect, d'obéissance et de devoir. Tout justifier, quitte à tordre le tissus de la réalité.

Le dernier sur-homme venait de s'éteindre devant mes yeux. Mieux valait tard que jamais sans doute.

J'aurais aimé être capable de m'en moquer. J'aurais aimé être capable d'entendre qu'il faisait de son mieux qu'il était heureux et que c'était tout ce qui importait. J'aurais aimé le traiter comme n'importe qui d'autre.

Je me moquais de la vie ou de la mort des gens autour de moi. J'avais tué plus qu'à mon tour et infligé de la douleur par simple plaisir. Alors pourquoi se préoccuper de ce qu'il faisait ou des largesses qu'il prenait sur ses terres ? Il était heureux. C'était le principal. Alors pourquoi cela faisait aussi mal ? Parce qu'il s'agissait de mon fils ? De mes soeurs ? De ma pupille ? Ils n'avaient qu'à se battre pour leur propre bonheur eux-aussi au lieu de demander à d'autres d'assumer les conséquences de leurs désirs. Sa désinvolture faisait mal. Celle qu'il avait envers tous les sacrifices que j'avais fait et qu'ils s'appropriaient pour me lancer au visage que mon fils le rendait ivre de bonheur et qu'il savait mieux que les autres comment faire face aux dures réalités de la vie.

- En tant que dépositaire du sang des élus de Néera, sa conception du bien et son bon vouloir sont plus justes que ceux des autres. C'est ainsi que pensent les gens là-bas. " expliquais-je à Shyn'tae avant de me tourner à nouveau vers Gaël pour m'efforcer de lui sourire malgré la raideur de mon dos. " Tu sais ce qui est bon et tu agis en ton Souffle et conscience. Ce discours de chef de famille est exactement ce qui a couté la vie à Maélyne, à Aline, à Lyanna, Aliénor ou Méliane, qui permettait à père de justifier mon meurtre ou à Ernest la captivité de Linaël. Eclairé ou non, ta volonté fait loi. " Ma voix était restée basse et douce mais je n'arrivais toujours pas à lui démontrer une tendresse sincère. " Et la plupart seront d'accord avec toi. Alors c'est une approche qui en vaut une autre pour continuer à être heureux et à vivre tel que tu le désires. A chacun de se battre pour mener sa propre vie comme il l'entend. "

L'odeur d'une peau nouvelle et la sensation de sa toute petite main sur mon bras... Ma gorge se serrait.

Il n'avait pas pu répondre à ma question, il n'en avait même pas compris le fondement, alors il était clair que les autres passaient bien après ses principes. L'image qu'il avait de la paternité plutôt que sa réalité. Si Maël avait un jour besoin que quelqu'un lui permette de vivre comme il l'entendait... Serais-je là ? Mon frère n'avait au final que bien peu d'ouverture d'esprit, bien peu de jugeote, mais un coeur aussi grand qu'aveugle. Un fanatisme sélectif en somme. Malgré ses mots trop dur pour sa réalité, peut-être qu'il arriverai à l'aimer et à le soutenir malgré ses choix comme il refusait de me tenir rigueur de quoi que ce soit aujourd'hui ?

- Je suis désolée. J'en attendais de toi plus qu'il n'est humainement possible. " Cette fois, mon sourire fut plus sincère. Forte de ma posture très convenable dans cette robe de soie noire tout sauf convenable, je venais lui prendre la main et posais un baiser sur ses doigts, insensibles aux regards du groupe de jeune gens un peu plus loin. " Je t'aime, mon frère. Je te souhaites d'être heureux et de vivre aussi longtemps que possible. " soufflais-je en caressant sa joue rugueuse, toujours un peu raide et scrutant le fond de ses yeux. " Mais je hais tout ce que tu représentes. Cette morale du bon droit, je l’abhorre. Je renie la supériorité des hommes sur les femmes et celle d'un sang sur un autre. J'exècre les enseignements des religieux qui confondent  le rejet et la haine avec la droiture et la lâcheté avec l'obéissance. Avoir la conviction d'agir pour le bien ne suffis pas. " Je ne m'étais pas départi de mon sourire comme si j’explique quelque chose de sérieux à un enfant. Il était hors de question que je me renie à nouveau pour ce qui n'était au final qu'un homme comme les autres. Le besoin irrépressible de l'épargner avait cédé comme une digue. La suite, je la prononçais en péninsulaire. " J'ai vu ceux qui se pensaient d'une morale supérieure répandre plus de haine et de douleur que les plus violents chefs de guerre. Je les ai vu en arriver au pire sous prétexte de faire le bien ou de simplement protéger les leurs. Exile. Massacre. Assassinat. Espionnage. Infanticide. Accusations fallacieuses. Parricide. Adultère. Viole. Séquestration. Des gens de haute moralité m'ont pris mon amour, trois maris, mon honneur, ma réputation, nos parents, nos cousines, deux amies, tout ça en à peine plus d'un an. Et même après ça, lorsque j'ai risqué ma vie pour soulever le Voile de Tyra aux confins du monde et implorer la clémence des Dieux, ils ont dit que j'étais une sorcière et m'ont lancé des pierres. Ils m'ont privé de ce fils qui te rend si fier et si heureux. Et, toi, tu oses venir te pavaner devant moi et t'enorgueillir de ton état de père tout puissant. Tu oses venir brandir cette vie si simple devant moi et prendre mon amie de haut pour lui expliquer - sans même t'en rendre compte - que tous les choix que j'ai fait sont ceux d'une trainée, mais que tu m'aimes malgré tout. " Sans reculer, je baissais encore d'un ton, si proche de lui que nous pouvions à peine soutenir le regard l'un de l'autre. " Alors, oui, je t'aime. Mais j'ai appris récemment que ça ne suffisait pas toujours pour qu'une relation perdure. Aujourd'hui, lorsque je rencontre des personnes prêtes à imposer leur vision du monde, à rabaisser et à disposer des autres au nom de leur moralité et de l'ordre des choses, il n'est pas rare que je les tue sans plus de considération pour eux qu'ils n'en ont pour moi. Je ne sais pas à quel point tu penses réellement les mots que tu as prononcés aujourd'hui, mais il va me falloir du temps pour accepter cette conversation."

Je serrais doucement sa main avant de la laisser glisser. J'avais tellement envie de le serrer dans mes bras que je cédais à cette pulsion pendant un cours instant avant de m'éloigner franchement. Si je continuais à l'écouter j'avais l'impression de pouvoir commettre quelque chose d'irréparable.

- Je vais m'étendre un peu, et je pense qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi au plus tôt. "

Régalienne, je me détournais pour prendre le chemin de ma chambre. J'avais un goût de sang dans la bouche. Déçue. Enragée. Haineuse. Heureuse. Étrangement légère et à la fois vidée. Là, tout de suite, je ne voulais plus jamais entendre parler de lui. Ni de ses grandes idées. Ni de son bon droit. Ni de son racisme. Ni de son amour. Je voulais redevenir Irulan, celle qui n'avait ni famille ni attache et qui avançait dans son Art en faisant ce qu'elle avait envie quand elle en avait envie.
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