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| De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] | |
| | Auteur | Message |
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Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Dim 7 Juin 2020 - 15:25 | |
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Le soleil se couchait pour la troisième fois sur le Guenaude Sanglante. Seul un liseret brunatre apparaissait à tribord pour rappeler que quelque part, la terre arride du désert Zurthan existait toujours. Après deux jours d'intense réflexion et d'observation au moins aussi intense, Elghinn avait fini par se décider à passer à l'action. Alors que les feux du soleil rougeoyaient sur l'horizon, il s'approcha de l'eldéenne qui avait trouvé ses habitudes au milieu du pont.
- Emissaire... Auriez-vous quelques instants à m'accorder ?
L'émissaire en question, incapable de s'habituer aux accélérations permanentes que les mouvements de la mer infligeaient à ses perceptions saturées, se tenait au milieu du pont, les yeux figés sur l'horizon fait de vagues et d'écume. Elle avait choisi cet emplacement central car c'était ici que cet engin infernal qu'on appelait navire était le plus stable. C'était un peu injuste, Shyn'tae savait que la Guenaude Sanglante faisait de son mieux. Ses yeux quittèrent l'horizon pour se poser sur Elghinn, qu'elle dévisagea quelques instants sans lui donner l'impression de le voir, comme si son regard était perdu dans une réalité autre.
Finalement, ses yeux se focalisèrent sur le jeune drow. Sa voix était étrangement vide.
- Oui? Qu'y-a-t-ii, Elghinn?
- Vous avez essayé la cale côté poupe ? "demanda-t-il d'un air ennuyé, comme si cela avait le moindre sens. " J'ai demandé au capitaine où le bateau bougeait le moins et il m'a dit que c'était au niveau de la ligne de flottaison à deux tiers de longueur vers l'arrière." Shyn'tae haussa une oreille, étonnée qu'il se soucie d'elle ainsi. Il la vit secouer la tête, clairement dépitée.
- J'ai déjà essayé. C'est en interieur... C'est pire. Voir l'horizon aide un peu je trouve. Et ... Elle s'interrompit, soufflant profondément. Je préfère savoir le bastinguage pas loin. C'est comme si... l'univers entier bougeait... dans les trois dimensions... ca oscille... sur tous les axes.. en permanence. J'ai en permanence ce rappel que rien n'est normal à l'arrière du crane. C'est difficile à décrire... Peut-être est-il possible de s'habituer?" La fin de sa phrase avait pris l'allure d'une question. Voulait-elle vraiment découvrir si c'était vrai? Combien de temps faudrait-il? Des jours, des semaines, des mois... des années?
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| | | Elghinn
Drow
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| Sujet: Re: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Dim 7 Juin 2020 - 21:43 | |
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Elle déglutit, le goût de la bile dans sa bouche, ses oreilles applaties semblaient vouloir rester à l'horizontale malgré les oscillations du navire.
- Tu as l'air de bien supporter toi... L'envie trainait dans la voix douce de la sorcière. Et le jeune homme qui, pour une fois, l'avait remarqué passa une main gênée dans sa crinière blanche... Et oublia une bonne partie de son attitude formelle.
- Ouais... Les vagues à perte de vue, ça me rappelle mon enfance. Puis ça fait des petits guilis dans le ventre quand ça tangue. J'aimerai bien aller tout à l'avant, mais l'autre tordu prétentieux y a élu domicile. Enfin... " Il se racla la gorge. " Si je peux faire quelque chose, hésite pas. Mais je venais surtout savoir si t'étais en état pour répondre à une ou deux questions qui me travaillent. - Des petits guilis dans le ventre? Shyn'tae l'observa un instant comme interloquée, puis un franc sourire s'épanouit sur son visage pali." C'est vrai ! C'est la partie agréable... Le navire profita de cet instant pour descendre brusquement une vague. La sorcière se tut, son regard un instant perdu dans les motifs insensés, avant qu'elle ne parvienne à reprendre sa concentration. - Pas de problème, tout va bien. Oui? - Voilà... J'ai entendu les gardes parler entre eux et... ça va te sembler étrange mais... " Il se trouvait tellement stupide de demander ça... Et même plus que stupide, assez impertinents. Aussi, quand il parvint à prendre son courage à deux mains, la question fusa avec une vitesse de diction largement hors norme. " Tuèvrèmenléludkiel ? "
Les oreilles de sa vis à vis se tendirent, ses yeux grands ouverts s'étaient instantanément concentrés sur le beau jeune daedhel. Elle cligna des yeux. Avait-elle bien entendu la question d'Elghinn. Si elle avait compris de travers, elle passerait non seulement pour une imbécile, mais pour une imbécile particulièrement arrogante.
Et pourtant, elle était presque certaine d'avoir compris. Et la question, mine de rien, était effrayante, parce qu'en dehors de la réponse négative qui lui était venue instantannément sous la forme d'un cri du coeur emplit d'espoir, elle en amenait une autre, que la drow ne put s'empêcher de vocaliser avec inquiétude..
- Si c'était vrai... Est-ce que je m'en rendrais necessairement compte ? Et... est-ce que ca changerait quoique ce soit? Krish était avatar d'Uriz... Dans l'esprit de la sorcière s'imprima l'image de l'avatar, habité par le dieu, déchainant le chaos. Elle n'était pas parvenue à en parler à la triumvir d'alors, ni à la reine. A cet instant, mis à part le corps, Shyn'tae n'avait rien vu de la personne. Il cligna deux fois des yeux avant d'ouvrir grands les bras en signe d'ignorance.
- Et c'est à moi que tu demandes ça ? " Regardant alentour, il s'avança d'un pas et remonta soudainement sa chemise pour découvrir une grande tâche de peau noire sur sa hanche blafarde.
Seule une partie était visible au-dessus de sa ceinture. Une tâche d'une régularité quasi symétrique prenant la forme d'un soleil. Il le laissa à la vue de la mage quelques secondes avant de rabattre le tissus, s'assurant au passage que personne n'y avait prêter attention. Proche de la jeune femme, il soupira avant d'expliquer.
- Vu que les gardes disent que tu es à la fois bénie d'Isten et élue de Kiel, j'espérais que tu pourrais me dire comment on sait si on est ou non un porte-flamme. "
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| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
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| Sujet: Re: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Dim 12 Juil 2020 - 16:12 | |
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Shyn'tae se rapprocha de lui, le regard perçant. Le bateau tangua, elle s'immoblisa un long instant, ses oreilles baissées comme un chat sur le point de subir une attaque. Lorsqu'elle parut rassurée, elle reprit comme si de rien n'était.
- Les gens... les gardes... même les hauts gradés... Les trois quarts du temps, il ne savent même pas de quoi ils parlent. Ils parlent entre eux, se font des idées, croient des choses. Et ils n'ont raison que tant qu'ils sont écoutés. Je pense que...si les dieux ne te mettent pas au défi, si ta vie se passe sans qu'ils ne viennent se jouer de toi, c'est qu'ils pensent que tu n'en vaux pas la peine. - Et si tu dois constamment te battre pour survivre dans les situations les plus improbables, poursuivi par tes ennemis autant que par ceux qui devraient être tes alliés. Si on te demande de sacrifier sur l'autel une livre faite de tes propres entrailles qui ne pourra jamais te revenir. Si une fois au fond du trou, il y a toujours quelqu'un ou quelque chose pour te ramener à la civilisation juste assez longtemps pour que tu puisses entrevoir la paix avant de sombrer à nouveau, encore et encore...? " souffla-t-il d'une voix plus sombre et étrangement tendue. Espoir ou réprobation ? Difficile à dire... La drow tenta de rester impassible, alors qu'elle était prise d'un haut le coeur. Comment pouvait-il savoir? Chaque mot était comme un couteau dans son esprit, reveillant des souvenirs, évoquant des réalités incontestables et un desespoir qu'elle aurait préféré garder enfoui.
- Comment as-tu vu tout ca... Souffla Shyn'tae en secouant la tête, un instant désemparée. Enfin elle avait une idée... Leurs regards se croisèrent, il semblait sur le point de répondre quelque chose, mais se retint. "Désolée... la vie n'est facile pour personne. Une lueur de colère grandissait dans son regard, son poing, serré à en blanchir. "Les drows ont-ils droit à la paix ? Ou est-on condamnés à vivre ca? C'est ce que nous vivons.. collectivement... Depuis des siècles et des siècles ! Est-on plus forts? Est-on plus grands? J'aimais Krish... Elle pensait différemment... La voix de la drow s'était adoucie, plus mélancolique, et c'était au tour du jeune homme d'avoir l'impression qu'on lui enfonçait un couteau chauffer à blanc à l'arrière du crâne avant de réussir à en détourner son attention. La paix ca a l'air facile... il suffit de renoncer... Si seulement je savais comment me battre pour l'avoir en même temps que la liberté."
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| | | Elghinn
Drow
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| Sujet: Re: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Dim 12 Juil 2020 - 17:44 | |
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En réalité, il ne s'attendait pas à une réponse pareille. Il n'était même pas certain de s'attendre à une réponse particulière d'ailleurs... Tout préoccupé qu'il avait été par l'hybris que sous-entendait sa question, il se serait contenter d'un oui ou d'un non. D'une crise de colère et d'un doigt accusateur à la limite. Mais ça... Il s'était décrit, tout simplement pour la pousser à lui répondre vraiment au lieu d'éluder sa question avec de faux encouragements. Il ne cherchait pas à changer la nature de cette vie faites de haut et de bas, just a savoir s'il était seul maître à bord ou si ses pas étaient déjà tracés. Et soudain, il avait vu dans la surprise douloureuse qu'elle avait affiché qu'elle l'avait pris pour elle d'une façon plus qu'intime... Une colère latente qu'il ne lui avait connu que face à l'autre imbécile de prima. Etait-ce si difficile pour elle ? Il avait peut-être manqué de tact ?
Ce n'était pas la réponse qu'il espérait et ça ne l'avançait pas le moins du monde.
Mais tout bien considérer, c'était une réponse. Elle ne savait pas. Ni si elle était une porte-flamme, ni comment on pouvait en être sûr. Elle cherchait du sens. Elle cherchait une raison de continuer. Une pointe de douleur remonta dans la poitrine du jeune homme qui s'en détourna aussitôt et saisit doucement le poing serré de l'eldéenne entre ses doigts blancs. Il la sentit se détendre, très légèrement.
- Je ne suis pas certain de comprendre... " avoua-t-il sincèrement. " Je ne donne peut-être pas le même sens aux mots remarque. Je ne sais pas ce que tu appelles 'paix', mais s'il faut renoncer pour l'avoir, alors ça n'a rien d'enviable. La paix dont je parlais, c'est la vie. Pouvoir essayer pleins de nouvelles choses, parler à des gens, pleurer, regarder les choses changer, rire et échouer sans mourir pour retenter plus tard. Je voulais savoir si tu connaissais un moyen d'être sûr d'être libre justement. S'Ils me mettent au défi, je suis libre. Mais s'Ils guident mes pas, que ce soient la paix ou la douleur, je ne le suis plus... Et après avoir entendu certains des gardes et certains militaires, je savais pas trop quoi en penser. " Un sourire léger fleurit sur son visage tandis que sa main libre passait dans ses cheveux. Les mots d'une toute autre personne le poussaient aussi à s'interroger, mais elle restait pour l'instant bien au chaud dans sa mémoire, au plus loin de ses lèvres.
La sorcière l'observa un instant, puis, desserrant peu à peu sa main, méla ses doigts noirs aux siens, si blancs. Elle comprenait... Mais avait-elle envie de lui dire la vérité? Un noeud s'était logé dans sa gorge. Qu'il y avait tant de façons d'être guidé, d'être privé de liberté, et que la plus grande était celle dont on ne pouvait se rendre compte. - J'ai vu..." Le souvenir de cette redoutable nuit de flammes et de fumées, à l'ombre des murailles de Sol'dorn, lui revenait sans peine. ... Ta mère... je l'ai vue resister à Uriz. J'ai vu notre père lui imposer sa volonté... Je n'ai pas l'impression qu'Il était... subtile. Mais elle s'est toujours battue pour être libre." Il y avait de l'admiration dans la voix de l'ainée d'Elghinn mais s'il n'y avait la main qui le retenait, son visage neutre aurait tourné les talons. Resister à un dieu, jusqu'à la fin. Certains appelaient cela de l'hérésie. Shyn'tae trouvait cela magnifique. "Uriz incarne aussi la liberté et la lutte. J'ai du mal à l'imaginer nous guider comme Kerhel guide les elfes. Peut-être même aime-t-il voir son porte flamme lui resister." Après tout, Tebirahc lui-même avait renoncé à être son Feu peu avant la fin. Elle aurait pu reconnaitre qu'elle n'était pas prêtresse, qu'elle n'en savait rien. Mais si elle était vraiment honnête, elle aurait aussi dit qu'elle n'était pas certaine que les prêtres en sachent vraiment plus. - Alors... je crois que tu n'as pas à craindre tout ca... Telle que tu l'as décrite, la paix... ca fait envie. Elle sourit, et sur un coup de tête, ajouta quelques mots."On commence quand ? Ou a-t-on déjà commencé?"
Un sourire aussi rayonnant que charmeur illumina les traits du jeune homme. Une expression théâtrale qui en faisait trop, mais avec un petit quelque chose d'insolent et de carnassie qui se reproduisit en quelques instants sur le visage de sa vis à vis.
- ça dépend des jours. On peut commencer et recommencer. Peut-être avez-vous des idées... " serrant un peu plus les doigts sombres entre les siens, les réponses les plus sérieuses disparurent en un murmure enjoleur. " Je suis, comme d'habitude, à votre entière disposition, Du'ased Syn. "
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| | | Shyn'tae Vaen're
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| Sujet: Re: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Dim 12 Juil 2020 - 18:09 | |
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Le sourire félin de l'émissaire s'élargit, son regard plein de malice. Ses doigts fins caressaient les siens. - A mon entière disposition ? J'ai besoin d'oublier que je suis sur un navire... Elle s'approcha lentement du parfait jeune mâle, prédatrice...
... Et soudainement fondit sur ses lèvres.
Le jeune homme aurait pu prétendre être surpris, mais le mensonge n'avait pas de raison d'être alors qu'entre deux baisers pionniers, un sourire appréciateur faisait briller ses yeux rubicons. Son bras libre attrapa brusquement la noire elfe au creux des reins pour la serrer contre son corps. Elle se cambra et plaqua son ventre contre le sien. Oublier n'était pas pour lui déplaire. Au contraire, c'est pour cela qu'il aimait discuter avec elle depuis le début de leur périple.
Mettant en pratique la légendaire pudeur eldéenne autant que la proverbiale fougue de la jeunesse, leurs baisers devenaient plus féroces. La longue main blanche jouait les aventurière en lançant une expédition vers le sud quand une masse compacte heurta le dos du jeune homme. Ses jambes mêlées à celles de sa compagne, ils trébuchèrent tous deux. Shyn'tae passa le bras contre sa taille pour le retenir, et ils se rattrapèrent l'un à l'autre que de justesse, tel deux danseurs. Au dessus d'eux, une ombre de mauvaise augure bouchait le soleil. Une goutte tomba du ciel. Au même moment, ils levèrent les yeux.
Le museau reptilien de Ssinjin Ssin était au dessus d'eux, le regard dirigé vers l'horizon, droit devant elle:
De l'eau, à perte de vue.
La morgale tourna la tête vivement à gauche comme seuls les oiseaux savent le faire :
De l'eau, à perte de vue.
La morgale tourna la tête vivement à droite, les yeux grands ouverts :
La terre!
... Et beaucoup d'eau entre elle et ladite terre.
Il s'écoula un instant de silence alors que le cerveau de la pauvre monture traitait l'information. Fort soudainement et sans que rien ne l'annonce, la créature dressa la tête et se mit à hululer à tue tête.
- Félinë!! Fais quelque chose au lieu d'honorer Isten au milieu du pont ! Ne vois-tu pas que ma belle Ssinjin Ssin souffre !" Depuis la proue du navire, la voix puissante de Char'rath Tael'chath leur parvenait un peu trop aisément.
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| | | Elghinn
Drow
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| Sujet: Re: De la vie, des dieux et des Morgaux [Elghinn] Mer 15 Juil 2020 - 22:57 | |
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Le sourire félin de l'émissaire s'élargit, son regard plein de malice. Ses doigts fins caressaient les siens. - A mon entière disposition ? J'ai besoin d'oublier que je suis sur un navire... Elle s'approcha lentement du parfait jeune mâle, prédatrice...
... Et soudainement fondit sur ses lèvres.
Le jeune homme aurait pu prétendre être surpris, mais le mensonge n'avait pas de raison d'être alors qu'entre deux baisers pionniers, un sourire appréciateur faisait briller ses yeux rubicons. Son bras libre attrapa brusquement la noire elfe au creux des reins pour la serrer contre son corps. Elle se cambra et plaqua son ventre contre le sien. Oublier n'était pas pour lui déplaire. Au contraire, c'est pour cela qu'il aimait discuter avec elle depuis le début de leur périple.
Mettant en pratique la légendaire pudeur eldéenne autant que la proverbiale fougue de la jeunesse, leurs baisers devenaient plus féroces. La longue main blanche jouait les aventurière en lançant une expédition vers le sud quand une masse compacte heurta le dos du jeune homme. Ses jambes mêlées à celles de sa compagne, ils trébuchèrent tous deux. Shyn'tae passa le bras contre sa taille pour le retenir, et ils se rattrapèrent l'un à l'autre que de justesse, tel deux danseurs. Au dessus d'eux, une ombre de mauvaise augure bouchait le soleil. Une goutte tomba du ciel. Au même moment, ils levèrent les yeux.
Le museau reptilien de Ssinjin Ssin était au dessus d'eux, le regard dirigé vers l'horizon, droit devant elle:
De l'eau, à perte de vue.
La morgale tourna la tête vivement à gauche comme seuls les oiseaux savent le faire :
De l'eau, à perte de vue.
La morgale tourna la tête vivement à droite, les yeux grands ouverts :
La terre! Et beaucoup d'eau entre elle et ladite terre.
Il s'écoula un instant de silence alors que le cerveau de la pauvre monture traitait l'information. Fort soudainement et sans que rien ne l'annonce, la créature dressa la tête et se mit à hululer à tue tête.
- Félinë!! Fais quelque chose au lieu d'honorer Isten au milieu du pont ! Ne vois-tu pas que ma belle Ssinjin Ssin souffre !" Depuis la proue du navire, la voix de Char'rath Tael'chath leur parvint aisément.
Aidant Shyn'tae à reprendre correctement pied, Elghinn regarda alentours sans trop savoir ce qu'il espérait trouvé... Et tomba nez à nez avec un gros sac fait d'une épaise toile de jute. Aussitôt, sous les cris paniqués et incessant du Morgal, il se précipita pour en retirer les derniers outils.
Sa partenaire saisit un coin de la toile et, à deux, ils la soulevèrent. La tête dressée ainsi vers le ciel à s'époumoner, la monture paraissait immense. Si seulement Eveil était à sa ceinture, cela serait tellement plus simple.
Peut-être un peu traumatisant pour Ssinjin Ssin, mais tellement plus simple.
- Va falloir escalader.
Résistant in extremis à l'envie de faire définitivement taire cette grosse bête stupide - car Driz'na s'en était amourachée - Elghinn lâcha son bord de la toile et mis un genou à terre pour servir de marche pied.
- Monte.
Ca serait plus facile depuis le dos de l'animal. Shyn'tae n'eut pas besoin de se faire prier, et, parce que les drows n'étaient pas du genre à se laisser intimider par un lezard géant aux crocs acérés et aux griffes redoutable, elle s'élanca sur le dos de l'animal, la toile entre les dents. Ssinjin Ssin se raidit, et se mit à sauter sur place sans cesser d'hululer, la queue tendue en balancier pour s'équilibrer. Un "Oupf!" sonore retentit juste derrière l'animal. La sorcière aggripée à son cou rebondissait avec lui sous les remarques fermement désapprobatrices du Prima, quand la bête poussa un cri plus strident encore en s'affalant sur le flanc.
Le remou des flots et le drow accroché à sa queue avaient eu raison de son équilibre. Sa comparse, vive comme l'éclair, s'aggripa ses deux jambes au cou de la bête pour éviter d'être ecrasée. Une griffe effilée comme un rasoir fendit l'air un peu trop prês de sa cuisse à son goût. L'instant d'après, elle passait le sac sur la tête de Ssinjin Ssin et se coucha à moitié dessus.
En un instant, les hululements cessèrent. Après quelques instants Shyn'tae jeta un oeil à Elghinn, toujours accroché des deux mains à la queue du lézard.
- Elle est morte ? - Ca respire... Je crois ? Une pointe de deception se mélait clairement à l'interrogation dans la voix de la jeune Eldéenne, qui ne put s'étendre longtemps sur ses emotions. Char'rath et ses gardes approchaient. - Enfin! Laissez la respirer. Felinë!" Shyn'tae lâcha la bête avant qu'un garde ne decide de l'y forcer. - Que lui as-tu fait! Ma belle Ssinjin Ssin... Le grand Char'rath Tael'Chath s'était accroupi pour flatter le cou à la morgal, avec tendresse. La sorcière en profita pour reculersous le regard accusateur des serviteurs, du moins jusqu'à ce que Myar ne lui bloque la retraite.
Elle se tendit, comme un chat prêt à bondir. Leurs regards se croisèrent. Leurs oreilles se dressèrent.
Au dessus des craquements du navires, le bruit des vagues frappant la coque et le vent soufflant dans les voiles, seuls les mots rassurants du Prima rompaient le silence.
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