Calimehtarus de la quatrième ennéade de verimios, 17 : XI
Comme promis à Sordrin, Kerath partit de Sol’Dorn peu de temps après leur réunion, le temps de terminer une affaire ou deux, de rassembler une petite garde rapprochée et de préparer Murrpau pour le voyage. Dans son armure noire et armé d’Elrie, le Karliik Glenn partit de la cité sur son félin à pointe et entouré d’une poignée de gardes draconniques. Si l’un d’eux avait gardé son félin à pointe en entrant dans les rangs de la garde d’élite, les autres n’avaient pas eu la chance de chevaucher un tel animal et devaient donc se contenter de chevaux pour descendre la Route Capitale. Une fois arrivé à Frontière le colosse se demanda s’il ne pourrait pas commencer le recrutement du quatrième ost ici en plus des basses-fausses avant d’arrêter, se disant qu’avant de se poser cette question il faudrait d’abord être certain de pouvoir le réaliser.
Longeant l’Oliya sur sa rive ouest, ils purent observer le trafic fluvial et Essalia, les soldats regardaient les caravanes passer avec un regard curieux, se demandant si celle qu’ils voyaient était celle qui les intéressait. Ce qui devait rendre les marchands qui avaient opté pour la route terrestre un peu nerveux, les gardes des caravanes en question se demandant s’ils étaient assez payés pour affronter quelques eldéens montés et deux félins à pointe. La réponse étant souvent négative, les commerçants devaient suer d’autant plus. Toutefois la caravane qu’ils cherchaient se porta bien vite à leur rencontre, peu après Uldal’Rhiz. Mettant pied à terre, le général demanda à voir la personne qui dirigeait la caravane en question.
Les étranges negociations que le prima Char'rath Tael'chath avait conduit avec le conseil des princes marchand d'Ithri'vaan avaient débuté deux ennéades plus tôt lorsqu'il avait conclu qu'il était temps de rentrer à Sol'dorn, puis de là au Puy. Il était resté aussi longtemps qu'il l'avait estimé necessaire pour conclure les détails des accords, puis avait laissé la main. Il avait hâte, parce que le refuge que leur avait offert les dieux lui manquait. Devant sa beauté et sa complexité, ces paysages peu vallonnés, ce ciel bien vide ne méritaient que le mépris des sombres et le sien plus encore.
Et la neige s'était mise à tomber. Ssinjin Sin, sa fidèle Morgal, n'aimait pas la neige. Il était vrai que cela l'avait amusé quelques minutes, mais le froid l'avait assez rapidement lassé.
- Ma pauvre Ssinjin Sin... nous sommes bientôt arrivés. La créature vicieuse avait émis une treille aigue en gage d'appréciation lorsqu'il lui avait flatté le cou.
Ces contrées sont maudites.C'était un de ses gardes monté qui avait remarqué en premier le discret attroupement de soldats au devant d'eux. Deux félins à pointe, des soldats montés, une imposante armure noire, laquelle renfermait probablement un Karliik Glenn, si l'émissaire en croyait ses informations.
Un sourire carnassier avait illuminé le visage de l'émissaire. Il aimait qu'on vienne l'accueillir. Du moins tant que c'était pour de bonnes nouvelles. De longues minutes s'écoulèrent, car presser le pas aurait été montré de l'empressement, et donc peut-être de la faiblesse. Lorsqu'ils furent assez prêt, le prima salua le général en faisant preuve d'un respect calculé. Ni trop, ni pas assez.
Murrpau suivait son maître, regardant d’un œil curieux le morgal, baissant légèrement la tête pour regarder sa gueule harnachée. Quant au général, il expédia les salutations de circonstances, ne faisant guère attention aux manières de l’eldéen et ne s’en formalisant encore moins. Il retira son heaume qu’il plaça sous son bras.Il tourna ensuite la tête vers son félin à pointe qui s’assit une seconde avant de retourner vers son interlocuteur.
« Alors, qu’est-ce que Tesso t’as accordé au Conseil de Thaar ? »